Etude comparative de patients tuberculeux débutant un traitement
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Etude comparative de patients tuberculeux débutant un traitement
INT J TUBERC LUNG DIS 17(12):1558–1563 © 2013 The Union Etude comparative de patients tuberculeux débutant un traitement antirétroviral et bénéficiant de différents protocoles de soins intégrés TB-VIH S. A. Schulz,* H. R. Draper,† P. Naidoo† * Hôpital Brewelskloof, Worcester, Western Cape, † Centre antituberculeux Desmond Tutu, Service de pédiatrie et de santé de l’enfant, Faculté de médecine et de sciences de la santé, Université Stellenbosch, Le Cap, Afrique du Sud RÉSUMÉ C O N T E X T E : La politique de santé en Afrique du Sud appelle à l’intégration des services, mais l’efficience des différents modèles d’intégration sur les résultats chez les patients n’a pas été correctement démontrée. O B J E C T I F : Evaluer les résultats des patients co-infectés qui ont commencé le traitement antirétroviral (TAR) dans un hôpital de tuberculose (TB) et ont bénéficié des différents modèles de soins actuels. S C H É M A : Cette étude de cohorte a comparé les résultats de 271 patients co-infectés ayant commencé le TAR dans un hôpital TB du Western Cape. Après la sortie, un groupe de patients a reçu le traitement TB et le TAR en provenance de différents pourvoyeurs, soit dans le même dispensaire soit dans des dispensaires différents (soins verticaux). L’autre groupe a reçu le traitement TB et le TAR lors de la même visite par le même pourvoyeur de soins (soins intégrés). On a comparé les données démographiques et cliniques ainsi que les résultats TB et TAR. R É S U LTAT S : Le modèle de soins verticaux a des résultats plus défavorables que le modèle de soins intégrés en ce qui concerne le traitement de la TB (28,7% par comparaison avec 5,9%), P < 0,001 et celui du TAR (30,1% par comparaison avec 7,4% ; P < 0,001). Dans le modèle de soins verticaux, on n’a pas observé de différence lorsque les services étaient fournis par deux pourvoyeurs de service dans le même dispensaire ou dans des dispensaires de soins de santé primaires (PHC) géographiquement séparés. C O N C L U S I O N : Chez les patients, les résultats sont meilleurs lorsque les soins TB et VIH sont administrés par le même pourvoyeur de service lors de la même visite. M O T S C L E S : soins intégrés TB-VIH ; soins verticaux TB-VIH ; résultats EN DÉPIT de progrès encourageants, le fardeau mondial de la tuberculose (TB) reste énorme et elle reste une des causes principales de décès parmi les personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).1 Dans des pays comme l’Afrique du Sud qui a une incidence élevée de tuberculose (993 par 100 000 habitants en 2011) et où 65% des patients ont une coïnfection, cette double épidémie a un impact significatif sur les services de santé publique.1 L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande des activités destinées à établir et à renforcer des mécanismes de collaboration et de gestion conjointe entre les programmes de lutte contre le VIH et la TB.2 L’interprétation de cette demande varie : une revue systématique a identifié cinq modèles différents de prestation de services intégrés TB et VIH.3 Seules quelques études ont fait état d’un impact pertinent pour les patients, comme les résultats du traitement, ce qui rend difficile les comparaisons directes des différents modèles. Un modèle « à guichet unique » décrit les services TB et VIH offerts dans un seul centre par le même agent de santé formé à cet effet et au même moment. Ce modèle a été considéré comme particulièrement efficace dans des contextes de prévalence élevée de VIH où la majorité des patients tuberculeux sont également infectés par le VIH,2,3 comme par exemple en Afrique du Sud. Cependant, malgré la demande de la politique nationale de santé pour une intégration des services, les programmes verticaux historiques existent toujours en Afrique du Sud.4 Le traitement antirétroviral (TAR) peut réduire la mortalité de 50% chez les patients co-infectés.5 Plusieurs essais récents ont montré que la mise en œuvre du traitement antirétroviral dans les 2 premières semaines du traitement antituberculeux améliorait significativement la survie des patients ayant un taux faible de CD4.6–8 Ceci est particulièrement pertinent dans les hôpitaux antituberculeux qui ont un taux de coinfection élevé et où une mise en œuvre précoce de le TAR est essentielle. Cependant, pour des patients co infectés, l’adhésion au TAR et antituberculeux constitue un réel problème après la sortie de l’hôpital quand les patients doivent se rendre à différents endroits pour poursuivre le traitement conjoint TB et TAR. Auteur pour correspondance : Sigrid A Schulz, Brewelskloof Hospital, Private Bag X3044, Worcester 6849, South Africa. Tel: (+27) 233 481 328. Fax: (+27) 233 481 359. e-mail: [email protected] [Traduction de l’article : « A comparative study of tuberculosis patients initiated on ART and receiving different models of TB-HIV care » Int J Tuberc Lung Dis 2013; 17(12): 1558–1563. http://dx.doi.org/10.5588/ijtld.13.0247] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Il n’y a pas de modèle unique et universellement accepté d’intégration du TAR dans les centres antituberculeux et l’efficacité, la rentabilité et le caractère abordables des différents modèles ne sont pas encore bien établis.9 Friedland et al. ont examiné des modèles de collaboration TB-VIH qui allaient de rendezvous synchronisés dans deux services différents le même jour au Malawi jusqu’à l’administration combinée du traitement TAR et TB sous forme de DOTS communautaire dans des zones rurales et urbaines du Kwazulu Natal, en Afrique du Sud, avec un bon résultat pour la TB et le VIH.10 D’autres études ont montré l’effet positif de intégration du TAR dans le traitement antituberculeux ; >85% des patients co-infectés qui ont reçu en même temps leur traitement antituberculeux directement observé et le TAR ont eu une charge virale indétectable après 8–24 semaines.11,12 La Ubuntu Clinic de Khayelitsha, au Cap, a un service unique de traitement TB et VIH avec des dossiers médicaux, un counselling et des soins communs. La recherche a montré que ce modèle amenait une mise en œuvre plus précoce du TAR pour les patients co-infectés mais n’améliorait pas le résultat du traitement antituberculeux.13,14 Une étude réalisée au Lesotho a cependant montré une meilleure continuité des soins et une diminution des décès après l’introduction de ce modèle « à guichet unique » dans les centres.15 Lawn et al. ont rapporté que le manque de services intégrés TB-VIH retardait la mise en œuvre du TAR et que ce délai était trois fois plus important que dans les centres intégrés.16,17 Une étude comparative réalisée au Cap n’a cependant pas trouvé de différence dans le délai de mise en œuvre du TAR que les services soient géographiquement distincts ou situé dans le même centre de soins de santé primaires (SSP).18 Des modèles efficaces d’intégration qui améliorent les résultats sont particulièrement importants dans un contexte comme en Afrique du Sud où les résultats actuels en termes de TB et de TAR restent sub optimaux. Devant les préoccupations croissantes de transmission nosocomiale potentielle de la TB dans les services intégrés, ces modèles de soins intégrés TBVIH pourraient ne pas être mis en œuvre sans preuve tangible de leur efficacité.10 La recherche opérationnelle démontrant l’efficacité des différents modèles de traitement TB et VIH est nécessaire pour initier correctement cette stratégie. Le but de cette étude était de comparer les résultats du traitement antituberculeux et du TAR chez des patients co-infectés démarrant le TAR dans un hôpital antituberculeux et recevant différents modèles de soins de suite dans un centre de santé. CONTEXTE Cette étude a été réalisée dans les municipalités des districts de Cape Winelands East et Overberg, une région rurale de la province du Cap Ouest en Afrique du Sud comprenant sept sous districts. Les soins de santé y sont fournis par des hôpitaux et des centres de santé en ville ainsi que des services mobiles dans les zones agricoles. Les centres de santé sont gérés par des infirmiers, avec le soutien des médecins du district. L’infrastructure est similaire dans tous les sous districts : tous les centres de santé offrent des services antituberculeux et des soins généraux liés au VIH ; un nombre limité d’entre eux offre également le TAR. La TB et le VIH/SIDA (syndrome d’immunodéficience acquise) sont les principales pathologies dans la région et contribuent à 22% des décès prématurés dans la population.19 L’hôpital antituberculeux de Brewelskloof (BKH), qui compte 199 lits, admet les patients des sept sous districts quand ils sont en phase aigue, souffrent d’effets secondaires du traitement, ont une TB pharmaco résistante ou des problèmes d’adhérence au traitement. Les taux de co-infection TB-VIH parmi les patients adultes hospitalisés sont de 60% pour les hommes et de 75% pour les femmes. Le TAR est initié à l’hôpital conformément aux directives nationales :20 les patients bénéficient d’un counselling et de réunions de famille. Lors de leur sortie, on leur remet des médicaments pour plusieurs jours et on les réfère au centre antituberculeux et au centre antirétroviral les plus proches de leur domicile. Un courrier de référence est envoyé à chacune des deux structures. Lorsque les services de TAR ont été introduits dans le district en 2005, des médecins, des infirmiers, des conseillers et du personnel administratif supplémentaire ont été engagés ; ce personnel nouveau a été formé et de nouveaux registres et dossiers ont été introduits. Les services de TAR ont été initialement fournis à partir des hôpitaux et ultérieurement décentralisés vers un nombre limité de centres de santé. Le personnel prodiguant le TAR dans ces centres se limitait à ce service tandis que d’autres infirmiers et médecins fournissaient les soins relatifs à la TB. Les médecins du BKH offrent des services avancés dans les centres de santé les plus importants des sept sous districts à travers des visites mensuelles, chaque médecin étant responsable d’un sous district différent. En juin 2009, le BKH a initié une approche pilote dans les centres bénéficiant de stratégies avancées dans le sous district de la Breede Valley : un médecin du BKH (SAS) a offert un traitement conjoint de la TB et du VIH lors d’une même consultation dans le centre où elle prodiguait déjà des stratégies avancées. Cette étude appelle ce modèle « soins intégrés ». Une formation a été offerte et les dossiers et registres utilisés en routine dans les services de TAR ont été adoptés ; cependant, aucun personnel supplémentaire n’a été engagé pour cette approche pilote et le soutien des médecins de BKH s’est poursuivi comme par le passé, sur une base mensuelle mais avec la prise en charge de la tuberculose en plus. Dans les centres soutenus par le BKH des autres Impact de l’intégration de la TB et du VIH sur les résultats sous districts, les patients co-infectés ont continué à recevoir leur traitement antituberculeux et le TAR de prestataires différents (dans le même centre ou plus souvent dans un site différent). Cette étude appelle ce modèle « soins verticaux ». Méthodes Cette étude de cohorte a comparé les résultats du traitement antituberculeux et du TAR pour les patients co infectés qui ont démarré le TAR dans un hôpital antituberculeux et poursuivi leur traitement de façon intégrée ou verticale dans des centres de santé. Tous les patients adultes co-infectés ayant débuté le TAR au BKH entre juin 2009 et juillet 2011 ont été identifiés à partir du registre TAR du BKH. On a exclu les patients qui avaient déjà reçu des TAR, ceux résistants à la rifampicine ou à de multiples médicaments, ceux qui sont décédés pendant l’hospitalisation ou ceux chez qui le TAR a été arrêté à l’hôpital. Les données de routine des patients ont été recueillies à partir des registres de TAR et des dossiers de l’hôpital et des centres de santé sur un formulaire électronique (base de données Microsoft SQL, Microsoft, Redmond, WA, USA), ont bénéficié d’un contrôle de qualité et ont été analysés grâce au logiciel Stata™12.1 Special Edition (Stata Corp, College Station, TX, USA, 2011). Les données démographiques comme l’âge à l’admission, le sexe, le niveau d’instruction, les conditions de logement, la source des revenus, la consommation déclarée d’alcool et de drogues illicites ont été recueillies. On a également recueilli des données relatives à la catégorie et au type de TB, aux résultats du traitement de la TB et du VIH avec des indicateurs cliniques comme les stades cliniques de l’OMS, l’hémoglobine de référence, les CD4 au départ et à 6 mois ainsi que la charge virale et le poids. Les résultats du traitement de la TB ont été évalués à la fin du traitement— à 6–12 mois de façon à intégrer les patients bénéficiant d’un traitement prolongé. Les résultats du TAR ont été évalués 6 mois après sa mise en route. Ces résultats ont été définis comme « défavorable » ou « non défavorable ». Un résultat « défavorable » pour le traitement antituberculeux était défini comme le décès, l’abandon ou l’échec du traitement et pour le TAR comme le décès, l’abandon ou l’arrêt du traitement. Un résultat « non défavorable » pour la TB incluait la guérison, l’achèvement du traitement ou le transfert ou le déménagement d’un patient et pour le TAR, la poursuite du traitement ou le transfert/déménagement du patient. Les résultats en termes de TB et de TAR ont été analysés séparément et également rapportés sous forme combinée TB/TAR. La classification de la TB a été définie de manière dichotomique comme pulmonaire ou extra pulmonaire ou les deux et la catégorie comme nouvelle ou retraitement. Une TB grave a été définie comme une méningite tuberculeuse ou une forme disséminée. 3 Les résultats secondaires incluaient la proportion de patients à charge virale indétectable à 6 mois, l’évolution moyenne du taux des CD4 et la prise de poids moyenne en 6 mois. La proportion de mesures de taux de CD4 et de charge virale et de vérification du poids enregistrés pour les patients toujours en traitement à 6 mois ont été utilisés pour évaluer la qualité des soins. L’échantillon comprenait 134 patients pour chaque modèle de prise en charge. La puissance était de 80%, un niveau de signification statistique bilatéral (α) de 0,05 a été choisi et on a estimé que 70% des patients auraient un résultat « non défavorable » dans le groupe vertical comparé à 85% dans le groupe intégré. Les caractéristiques de départ et les données démographiques ont été analysées grâce à un t-test pour les résultats continus à distribution normale, au test de Mann-Whitney pour les résultats continus à distribution non normale et au χ2 ou au test exact de Fisher pour les résultats catégoriels. Les résultats principaux en termes de traitement ont été analysés grâce au χ2. Une analyse de régression logistique binaire a permis de déterminer les facteurs associés à un résultat défavorable du traitement de la TB et/ou du TAR et de contrôler les variables associées au modèle de soins. Le service de santé gouvernemental du Cap Ouest et les autorités sanitaires du district ont autorisé l’utilisation des données de routine. L’étude a reçu l’approbation du Comité d’Ethique en recherche humaine de l’université Stellenbosch et de celui de l’Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires. RESULTATS Un ensemble de 459 patients adultes co infectés ont commencé le TAR au BKH pendant la période d’étude ; 188 ont été exclus (Figure) et les 271 patients restants ont été inclus, 135 patients dans le modèle de soins intégrés et 136 patients dans le modèle vertical. Les données démographiques et les caractéristiques cliniques de référence par modèle de soins sont représentées dans le Tableau 1. L’âge moyen était similaire dans les deux groupes. Il y avait significativement plus de femmes que d’hommes dans le groupe intégré par rapport au groupe vertical (67,4% contre 52,9%, P = 0,015). Le niveau d’instruction, la profession et le type de logement étaient similaires dans les deux groupes. Le niveau de consommation déclarée d’alcool était également similaire ; cependant, le niveau de consommation déclarée de drogues illicites était significativement plus élevé dans le groupe vertical (13,2% contre 3,0%, P = 0,007). La distribution par classification, catégorie et gravité de la TB ainsi que le poids moyen, l’index de masse corporelle (IMC), le stade clinique OMS et le compte de CD4 ne différaient pas significativement entre les deux groupes de patients. 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 1 Caractéristiques démographiques et cliniques de départ par modèle de soins TB-VIH Figure Diagramme de la population de l’étude incluse dans l’analyse. TAR = traitement antirétroviral ; BKH = hôpital Brewelskloof ; TB-MDR = tuberculose multi-résistante. Le modèle de soins verticaux a abouti à un nombre significativement plus élevé de patients ayant un résultat défavorable par rapport à au modèle de soins intégrés : 28,7% contre 5,9% ont eu un résultat défavorable en matière de TB (P < 0,001) et 30,1% contre 7,4% ont eu un résultat défavorable en termes de TAR (P < 0,001) (Tableau 2). Il y a eu significativement plus de résultats défavorables combinés TB et/ou TAR dans le modèle vertical par rapport au modèle intégré (36,0% contre 9.6%, P < 0,001). Le modèle vertical de soins a été associé à un résultat défavorable du traitement de la TB et/ou du TAR en régression logistique univariate. En contrôlant le sexe et l’utilisation déclarée de drogues illicites, le modèle de soins vertical gardait sa signification statistique (odds ratio ajusté [aOR] 5,47, intervalle de confiance à 95% [IC] 2,77 – 10,83, P < 0,001) (Tableau 3). Le sexe et l’usage de drogues illicites n’étaient pas associés à un résultat défavorable du traitement de la TB et/ou d le TAR. Les indicateurs utilisés comme mesure approximative de la qualité des soins pour les patients toujours sous TAR après 6 mois (Tableau 4) ont montré que moins de patients avaient bénéficié d’un comptage des CD4 (96% contre 100%, P = 0,042) et d’une mesure de la charge virale (84% contre 99%, P < 0,001) ainsi que d’un enregistrement du poids (74% contre 98%, P < 0,001) dans le modèle de soins vertical par rapport à au modèle intégré. Pour les patients restant en soins à 6 mois et ayant bénéficié de ces examens, les paramètres comme le taux médian de CD4 a 6 mois et la suppression de la charge virale étaient similaires dans les groupes de soins intégrés et verticaux (Tableau 4). Age, années, moyenne ± DS Femmes Instruction Primaire ou moins Secondaire Inconnu Statut professionnel Employé Chômeur Inconnu Type de logement En dur Informel Inconnu Consommation actuelle déclarée d’alcool Quotidienne Sporadique Nulle Non précisé Consommation actuelle déclarée de drogues illicites Oui Non Non précisé Classification TB TB pulmonaire Catégorie de TB Nouveau cas TB grave Poids, kg, moyenne ± DS IMC, kg/m2, moyenne ± DS Hémoglobine, g/l, moyenne ± DS Stade clinique OMS III IV Comptage CD4, cellules/mm3, médian [IQR] Modèle de soins intégrés (n = 135) n (%) Modèle de soins verticaux (n = 136) n (%) Valeur de P 35,4 ± 8,8 91 (67,4) 34,6 ± 8,9 72 (52,9) 0,471 0,015 49 (36,3) 51 (37,8) 35 (25,9) 49 (36,0) 42 (30,9) 45 (33,1) 0,347 69 (51,1) 51 (37,8) 15 (11,1) 64 (47,1) 62 (45,6) 10 (7,4) 0,324 71 (52,6) 51 (37,8) 13 (9,6) 79 (58,1) 41 (30,1) 16 (11,8) 0,402 16 (11,9) 35 (25,9) 82 (60,7) 2 (1,5) 19 (14,0) 27 (19,9) 83 (61,0) 7 (5,1) 0,268 4 (3,0) 125 (92,6) 6 (4,4) 18 (13,2) 111 (81,6) 7 (5,2) 0,007 42 (31,1) 52 (38,2) 0,218 97 (71,9) 77 (57,0) 46,5 ± 11,9 89 (65,4) 69 (50,7) 45,6 ± 11,7 0,255 0,298 0,537 17,9 ± 4,7 17,3 ± 4,0 0,266 9,1 ± 2,0 9,5 ± 2,1 0,097 22 (16,3) 113 (83,7) 72 [38–130] 20 (14,7) 116 (85,3) 70 [30–129] 0,718 0,468 TB = tuberculose ; VIH = virus de l’immunodéficience humaine ; DS = déviation standard ; IMC = index de masse corporelle ; OMS = Organisation Mondiale de la Santé ; IQR = interquartile range. Une sous-analyse de deux modèles différents de soins verticaux (Tableau 5) n’a pas mis en évidence de différences statistiquement significatives en termes de résultats du traitement antituberculeux, du TAR ou des deux quand les services étaient fournis par deux prestataires différents dans le même centre de santé par rapport aux services fournis dans deux structures géographiquement distinctes. Parmi ceux recevant des services au même endroit mais par deux prestataires différents, 27,5% ont eu un résultat défavorable du traitement de la TB, 21,6% ont eu un résultat défavorable du TAR et 27,5% un résultat défavorable Impact de l’intégration de la TB et du VIH sur les résultats Tableau 2 Résultats du traitement de la TB et du TAR par modèle de soins Résultats du traitement TB Décès Abandon du traitement Echec du traitement Transfert/déménagement Traitement complet Guérison Résultats défavorable pour la TB Résultats du TAR Décès Abandon du traitement Arrêt du traitement Transfert/déménagement TAR en cours Résultats défavorable Résultats défavorable pour la TB et/ou le TAR Modèle intégré de soins (n = 135) n (%) Modèle vertical de soins (n = 136) n (%) 2 (1,5) 6 (4,4) 0 11 (8,1) 34 (25,2) 82 (60,7) 11 (8,1) 24 (17,6) 4 (2,9) 5 (3,7) 42 (30,9) 50 (36,8) 8 (5,9) 39 (28,7) Tableau 4 Qualité des soins et résultats pour les patients toujours sous TAR à 6 mois Modèle intégré Modèle vertical de soins de soins (n = 109) (n = 92) n (%) or n (%) or median [IQR] median [IQR] Valeur de P <0,001 1 (0,7) 7 (5,2) 2 (1,5) 16 (11,9) 109 (80,7) 10 (7,4) 11 (8,1) 24 (17,6) 6 (4,4) 3 (2,2) 92 (67,6) 41 (30,1) <0,001 13 (9,6) 49 (36,0) <0,001 5 Comptage CD4 CD4 à 6 mois Evolution CD4 Mesure charge virale Charge virale indétectable à 6 mois Poids noté Poids à 6 mois, kg Modification du poids, kg Valeur de P 109 (100,0) 88 (95,7) 0,042 227 [159–392] 235 [155–383] 0,883 138 [94–285] 143 [83–240] 0,956 108 (99,1) 77 (83,7) <0,001 94 (87,0) 109 (100,0) 54 [48–62] 68 (88,3) 66 (71,7) 57 [48–64] 11 [6–15] 10 [6–16] 0,796 <0,001 0,214 0,824 TAR = antiretroviral treatment ; IQR = interquartile range. TB = tuberculose ; TAR = traitement antirétroviral. des deux traitements combinés comparés aux services offerts dans deux centres séparés qui ont eu respectivement 29,4% (P = 0,622), 35,3% (P = 0,091) et 41,2% (P = 0,107) de résultats défavorables. centre ou deux centres séparés. Le modèle de soins vertical a eu davantage de résultats défavorables pour le traitement antituberculeux (28,7% contre 5,9%, P < 0,001) et le TAR (30,1% contre 7,4%, P < 0,001) que le modèle intégré. La qualité des soins du modèle intégré a également été meilleure que dans le modèle vertical de soins comme le montrent les indicateurs approximatifs des mesures de CD4, de charge virale et d’enregistrement du poids. Plusieurs facteurs pourraient avoir contribué à des meilleurs résultats dans le modèle de soins intégré. Comme les patients avaient des caractéristiques de DISCUSSION L’intégration des services TB-VIH au niveau des soins de santé primaires est reconnue comme importante pour la bonne prise en charge des patients coinfectés. Il n’y a cependant aucune stratégie unique d’intégration et l’efficacité des différents modèles de soins intégrés TB et VIH n’a pas été prouvée par des études comparatives. Cette étude a comparé les résultats des traitements de la TB et du TAR chez les adultes traités dans un modèle « à guichet unique » de soins intégrés où les patients reçoivent leur traitement d’un prestataire unique lors d’une seule consultation et l’approche traditionnelle de services verticaux TB et VIH dans un Tableau 3 OR estimé grâce à une régression logistique binaire pour prédire les résultats défavorables des traitements antituberculeux et/ou du traitement antirétroviral Facteurs prédictifs Modèle vertical de soins Sexe féminin Consommation actuelle déclarée de drogues illicites OR non ajusté Valeur (IC95%) de P 5,29 (2,70–10,33) 0,89 (0,50–1,59) 1,29 (0,48–3,46) <0,001 OR ajusté (IC95%) Valeur de P <0,001 5,47 (2,77–10,83) 0,703 1,11 0,751 (0,59–2,07) 0,610 0,82 0,716 (0,29–2,34) OR = odds ratio ; IC = intervalle de confiance. Tableau 5 Résultats du traitement de la TB et du TAR selon les différent modèles verticaux de soins Même structures Deux structures de santé avec de santé deux services géographiquement séparés séparées (n = 51) (n = 85) Valeur n (%) n (%) de P Résultats du traitement TB Décès Abandon du traitement Echec du traitement Transfert/ déménagement Traitement complet Guérison Résultats défavorables pour la TB Résultats du TAR Décès Abandon du traitement Arrêt du traitement Transfert/ déménagement TAR en cours Résultats défavorables Résultats défavorables pour la TB et/ou le TAR 5 (9,8) 6 (7,1) 6 (11,8) 3 (5,9) 18 (21,2) 1 (1,2) 0 19 (37,3) 18 (35,3) 5 (5,9) 23 (27,1) 32 (37,6) 14 (27,5) 25 (29,4) 5 (9,8) 6 (7,1) 5 (9,8) 1 (2,0) 19 (22,4) 5 (5,9) 0 40 (78,4) 11 (21,6) 3 (3,5) 52 (61,2) 30 (35,3) 0,091 14 (27,5) 35 (41,2) 0,107 TB = tuberculose ; TAR = traitement antirétroviral. 0,807 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease départ similaires (et lorsqu’elles différaient, elles n’influençaient pas les résultats), il est possible que la moindre qualité des soins du modèle vertical de soins ait contribué à davantage de résultats défavorables comme les décès. Comme la qualité des soins a été évaluée de façon limitée, d’autres études sont requises pour confirmer ces faits. Une approche holistique est plus probable à partir d’un prestataire unique que lorsque plusieurs prestataires s’occupent chacun d’un aspect différent des soins du patient. Un prestataire unique réduit également la probabilité de dilution des responsabilités et de patients ‘passés à travers les gouttes’. Le caractère pratique pour les patients de n’avoir à se déplacer dans un centre de santé qu’une seule fois pour obtenir les deux services dans le modèle intégré comparé à l’obligation de se rendre dans deux lieux géographiques différents ou dans deux services, souvent un jour différent, a pu également contribuer à de meilleurs résultats. Cette étude a cependant quelques limites. Le fait que le chercheur ait été un des prestataires de soins du modèle de soins intégré pourrait biaiser les résultats. Cependant, l’attention portée au suivi des non adhérents et à la qualité des soins fournis dans cette étude est conforme aux normes et directives politiques actuelles et devrait être mise en œuvre pas tous les prestataires. Une autre source potentielle de biais est l’attribution des différents modèles de soins aux différentes structures. La sélection du sous district pilote a été déterminée pour des raisons opérationnelles et non au hasard. Cependant, le taux de succès du traitement antituberculeux dans le sous district pilote en 2008 a été de 78,4% comparé à un taux pondéré moyen de 83,9% (IC95% 80,1–87,7) dans les sous districts sans intervention, ce qui suggère que le sous district pilote n’avait pas d’avantage préalable. L’étude inclut seulement les résultats des patients préalablement hospitalisés qui sont susceptibles d’avoir un profil différent de celui des patients recevant tout leur traitement au niveau des soins de santé primaires. Ces patients sont souvent plus gravement malades et ont plus fréquemment des problèmes d’adhérence au traitement puisque ce sont là des critères d’hospitalisation. Les résultats à long terme n’ont également pas été évalués puisque les patients n’ont été suivis que pendant la durée de leur traitement antituberculeux et les 6 premiers mois de TAR. Comme pour la recherche opérationnelle, les résultats sont limités par la qualité du remplissage des dossiers. De plus, plusieurs modifications opérationnelles ont eu lieu au cours de la période d’étude : les soins de TAR ont été de plus en plus décentralisés vers les centres périphériques ; il y a également eu des modifications de la politique en matière de chronologie de la mesure de la charge virale, certains examens ayant été réalisés à 4 mois et d’autres à 6 mois. Quand les services de TAR sont introduits dans des centres de santé en Afrique du Sud, l’approche typique consiste à employer des équipes spécifiques (médecins, infirmiers, conseillers) afin de fournir ces services ; d’autres membres du personnel du centre fournissent la prise en charge de la TB et les autres services. Cette étude n’a pas mis en évidence de différence significative en termes de résultats entre ce modèle et celui où les services sont offerts dans différentes structures, les deux ayant été définis comme verticaux dans cette étude. D’autres études doivent être réalisées pour confirmer ce résultat en raison de la petite taille des échantillons inclus dans cette sousanalyse. Ceci pourrait cependant déjà suggérer de passer de l’approche actuelle de l’intégration TB-VIH en Afrique du Sud à celle d’un modèle « à guichet unique ». L’introduction de soins « intégrés » tels qu’ils sont définis dans cette étude pose plusieurs défis. L’idée que la fourniture de TAR requiert une intervention de « spécialistes» a été créée en partie par la façon dont ces services ont été introduits. Ceci est un problème clé à résoudre et s’ajoute au fait que les infirmiers TB sont réticents à endosser davantage de responsabilités liées au TAR. CONCLUSION Cette étude montre que les soins intégrés TB-TAR offerts par un prestataire unique améliorent les résultats du traitement et la qualité des soins par rapport à ceux reçus de plusieurs prestataires, que ce soit au même endroit ou dans des centres géographiquement distincts. En raison des limites de cette étude et des biais potentiels, d’autres études doivent être réalisées pour confirmer ces résultats car de multiples facteurs peuvent avoir contribué à l’amélioration des résultats. Cette étude montre que le modèle d’intégration influence le succès du traitement et elle pourrait être utilisée pour guider l’approche de l’intégration. Cependant, ceci a des implications significatives en matière de formation d’un personnel polyvalent, de délégation de tâches et de tenue intégrée des dossiers. Cette stratégie requiert donc une infrastructure appropriée, particulièrement en termes de lutte contre les infections nosocomiales.14 Aucun de ces aspects n’a été systématiquement étudié auparavant lors d’approches locales à l’intégration. De plus, les questions relatives à l’étendue des compétences des infirmiers sont particulièrement pertinentes en Afrique du Sud où les services de TB sont généralement fournis par des infirmiers et les services de TAR par des médecins —une situation qui a récemment commencé à changer. La faisabilité de ce modèle de prestataire de services unique pour un traitement conjoint de la tuberculose et du VIH lors d’une même consultation a été démontrée dans le contexte de cette étude. Au vu de l’amélioration des résultats, on devrait considérer comme possible cette approche de soins intégrés de la TB et du VIH. Impact de l’intégration de la TB et du VIH sur les résultats Remerciements Les auteurs remercient le service public de santé du Cap Ouest qui leur a permis d’utiliser les données de routine, tous les patients et le personnel de BKH et des centres de Cape Winelands et Overberg, ainsi que L Phillips, D Theron, R Dunbar et R Speelman. Sans l’assistance de N Beyers, D Enarson et B Smuts, cette étude n’aurait pas été possible. Cette recherche a été soutenue grâce à un accord de coopération avec l’Agence américaine de développement International (USAID) (TREAT TB – Agreement No. GHN-A-00800004-00). Le contenu est sous la responsabilité des auteurs et ne reflète pas forcément les opinions de l’USAID. Conflit d’intérêt : aucun conflit déclaré. Références 1 World Health Organization. Global tuberculosis report, 2012. WHO/HTM/TB/2012.6. 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