Troupes défendant l`île de Singapour
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Troupes défendant l`île de Singapour
Appendice 1 Troupes défendant l’île de Singapour (au 1er avril 1942) – 9e Division Indienne, Major-général A.E. Barstow : - 8e Brigade [Brigadier B.W. Key] (2/10e Baluch Rgt, 3/17e Dogra Rgt et 1/13e Frontier Force Rifles), - 21e Brigade [Brigadier C.J. Weld] (2/4e Gurkha Rifles, 4/13e Frontier Force Rifles et 1er Duke of Cornwall’s Light Infantry), - 22e Brigade [Brigadier G. Painter] (5/11e Sikh Rgt, 2/18e Royal Garwhal Rgt, 2/12e Frontier Force Rifles et 2e Loyal/North Lancashire Rgt) – 11e Division Indienne, Major-général D.M. Murray-Lyon : - 6e Brigade [Brigadier W.O. Lay] (2e/East Surrey Rgt, 2/8e et 2/16e Punjab Rgt), - 15e Brigade [Brigadier K.A. Garrett] (2/9e Jat Rgt, 1/8e Punjab Rgt, 5/14e Punjab Rgt et 1er Leicestershire Rgt), - 28e Brigade (Gurkha) [Brigadier W. St-John Carpendale] (2/1er, 2/2e et 2/9e Gurkha Rifles) – 17e Division Indienne - 44e Brigade (6/1er, 6/14e et 7/8e Punjab Rgt), - 45e Brigade (4/5e Jat Rgt, 5/18e Royal Garwhal Rifles et 7/6e Rajputana Rifles), - 46e Brigade (3/7e Gurkha Rifles, 7/10e Baluch Rgt et 5/17e Dogra Rgt) – Forteresse de Singapour, Major-général F.K. Simmons : - Straits Settlements Volunteer Force (SSVF), colonel R.G. Grimwood : diverses unités, dont la Dalforce (plusieurs compagnies d’éclaireurs), le Hong Kong and Singapore Infantry Regiment (HKSIR) et le North China Volunteers Rgt (NCVR) - Hong Kong and Singapore Royal Artillery (HKSRA) - Troupes d’appui, génie, artillerie de forteresse… – 1ère Division de Malaisie (formée à partir d’unités de la Forteresse de Singapour), acting Major-general Archibald Paris : - 12e Brigade d’Infanterie Indienne, Brigadier Archibald Paris (5/2e Punjab Rgt, 4/19e Hyderabad Rgt et 2e Argyll & Sutherland Highlanders) - 1ère Brigade d’Infanterie de Malaisie, Brigadier G.C.R. Williams (1er Malay Rgt, 2e Malay Rgt) - 2e Brigade d’Infanterie de Malaisie, Brigadier F.H. Fraser (1er/Manchester Rgt, 2e/Gordon Highlanders Rgt, 2/17e Dogra Rgt) – 2e Division de Malaisie, formée à partir de trois brigades d’infanterie britanniques : - 137e (Staffordshire) Brigade (1er et 2e/South and North Staffordshire Rgt et 1er et 2e/Prince of Wales’ Own Staffordshire Rgt) - 138e (Lincoln & Leicester) Brigade (1er et 2e/Lincoln Rgt et 1er et 2e/Leicester Rgt) - 55e Brigade [Brigadier JB Coates] (1er/Bedfordshire & Hertfordshire Rgt et 1er, 5e/Sherwood Foresters Rgt), venant de la 18e DI britannique. – 1ère Armoured Division australienne (AIF) [éléments], Major-général H.C.H. Robertson : trois bataillons, les 2/5e, 2/6e et 2/7e Armoured Regiments. – Les 53e et 54e Brigades de la 18e Division d’Infanterie britannique [Major-général Merton Beckville-Smith] forment à présent la garnison de l’île forteresse de Penang. - 53e Brigade, Brigadier CLB Duke (2/Cambridgeshire Rgt, 5 et 6/Royal Norfolk Rgt) - 54e Brigade, Brigadier EKW Backhouse (4/Royal Norfolk Rgt, 4 et 5/Suffolk Rgt) – La 8e Division d’Infanterie australienne (AIF) [Major-général Henry Gordon Bennett] a été évacuée vers Sumatra et l’île de Sabang, avant d’être évacuée vers l’Inde puis rapatriée pour reconstitution en Australie. – Les hommes du 7e Armoured (Queen’s Own) Hussars, “emprunté” à la 7e Armoured Brigade britannique, ont été évacués vers l’Inde. Ils ont laissé ce qui restait de leur matériel aux éléments de la 1ère Armoured AIF. Appendice 2 Rapport sur l’évolution de la situation élaboré à l’intention du G.O.C. de la Région Militaire de Malaisie par les EtatsMajors des Services lors d’une réunion commune tenue à Simme Road 9 avril 1942, 20h00 Ce rapport est basé sur ceux des autorités civiles et militaires, dont la précision varie en fonction des circonstances et de la charge de travail pesant sur les équipes de terrain. Présents Contre-amiral Spooner (R.N.), Amiral Malaisie Brigadier G.C. Eveleigh, Directeur délégué des Services du Matériel Brigadier R.G. Moir, Transmissions Brigadier T.K. Newbigging, Officier en chef de l’Administration Brigadier I. Simpson, Commandant des Royal Engineers de Malaisie Brigadier K.S. Torrance, Brigadier général, Etat-Major de la Région Militaire de Malaisie Brigadier A.W.G. Wildey, Défense anti-aérienne de la Royal Artillery Brigadier C.H. Stringer, Directeur délégué des Services de la Région Militaire de Malaisie Brigadier C.D.K. Seaver, Directeur délégué des Services médicaux du IIIe Corps Indien Squadron leader M.B. Bailey, Représentant du Bureau principal de la R.A.F. à Singapour Royal Navy Les réparations et le ravitaillement du petit nombre de bateaux civils et militaires restants se déroulent bien hors de Keppel Harbour. Sept petits vapeurs sont prêts à prendre la mer si une occasion se présente ou sur ordre. Toutes les opérations de démolition en dehors des toutes dernières ont été menées à bien (notamment celle de l’épave du HMS Hermes). Celles qui restent doivent être effectuées sur instructions du commandement de l’Armée, puisque la base navale est à présent un élément tactique du champ de bataille. Les réservoirs de mazout de la base sont préparés pour une destruction totale, comprenant celle des réservoirs de stockage eux-mêmes, des systèmes de pompage, des canalisations et des valves. Des charges explosives spéciales devront être utilisées pour enflammer le carburant et le mazout en feu se déversera dans le détroit de Johore, où le vent et les courants transformeront en un violent incendie liquide les eaux à l’est de la jetée, autour de l’extrémité nord de Pulau Ubin et dans l’embouchure du fleuve Johore, jusqu’à Kota Tinggi inclus. La quantité de carburant est si énorme que le feu devrait brûler pendant des semaines. La chaleur due à l’intensité de l’incendie provoquera des colonnes ou même un mur de fumée qui devrait s’élever à 2 000 pieds dans les airs, jusqu’à ce que cette fumée soit absorbée par les nuages de mousson ou dispersée vers l’est ou le nord-est. Une fois refroidies, des quantités de produits pétroliers non consumés retomberont sur le sol, en pluie ou même en blocs. Artillerie L’artillerie de campagne remplit actuellement en grande partie son rôle normal. Cependant, les Japonais utilisent apparemment des unités spécialisées de bombardiers en piqué. Comme l’ont montré les dernières actions en Malaisie, ces unités semblent être conservées pour faire pencher la balance à des moments décisifs en des points cruciaux du champ de bataille, pour emporter la décision. Leur cible principale est notre artillerie – principalement les unités de contre-batterie – et les retranchements les plus importants. Jusqu’ici, la seule réponse efficace est d’utiliser des pièces dispersées autour des positions de tir normales d’une batterie au combat et de tirer en brèves séries de coups rapides. Les seize unités de générateurs de fumée ont été d’une certaine utilité pour masquer les tirs de certaines batteries, ainsi que le fait de camoufler des canons dans des zones très soigneusement choisies, en donnant la priorité à la qualité de la cachette sur la portée et le champ de tir. Destruction de batteries fixes dans le Secteur Ouest et dans le Secteur de la Jetée La perte des batteries fixes dans les secteurs attaqués peut être attribuée au fait que ces batteries se sont découvertes en appuyant de façon soutenue les unités d’infanterie attaquées, permettant à l’artillerie ennemie de les repérer facilement, mais aussi au fait que la destruction par l’artillerie et l’aviation japonaises des filets de camouflages, des feuillages et des paravents en bois masquant nos canons les avait laissés à découvert, exposés aux attaques des bombardiers en piqué. De plus, les protections construites ces dernières semaines autour des nouveaux emplacements de batteries avec des sacs de sable, des planches, de la terre et du ciment avaient été très endommagées par le pilonnage subi par ces batteries. En effet, une seule des batteries détruites était permanente (celle de Pasir Laba). Malgré tout, les emplacements des canons eux-mêmes sont de très petites cibles, et leur destruction par les bombardiers en piqué exige beaucoup d’adresse de la part des pilotes. Il faut aussi se souvenir qu’aucune de nos batteries n’a encore été atteinte par un coup direct de l’artillerie ennemie ou d’une attaque aérienne conventionnelle. Le travail continue pour améliorer la résistance des batteries aux near misses, grâce à l’ajout de plaques de blindage récupérées dans la base navale. Transmissions Pendant tous les combats en Malaisie et maintenant sur l’île de Singapour, nous avons souffert des médiocres performances de nos équipements de télécommunication sans fil. Par exemple, les radios de type 108 fournies aux bataillons pour les communications du QG avec ses compagnies de fusiliers sont censées avoir une portée normale garantie de 3 miles, mais elles ne sont fiables, par moments, que jusqu’à 150 yards. Seuls les modèles très puissants, avec leur très longues antennes rétractables, embarqués dans les camions de transmission des divisions alloués aux QG de brigade (et à d’autres unités selon disponibilité), ont régulièrement démontré une efficacité à peu près correcte. Les vieux soldats, en particulier les vétérans des tranchées de la Première Guerre, sont maintenant très demandés, car des stocks d’équipement de cette époque ont été récupérés et sont en cours de livraison aux unités. Ce matériel ancien a prouvé sa fiabilité et son efficacité dans l’eau et la boue des Flandres et du nord de la France – Fullerphones, héliographes, lampes Lucas avec socles et batteries. Il en est de même de dispositifs du commerce destinés à l’utilisation dans les mines (comme les téléphones de mine de Western Electric). Munitions Dans les dernières vingt-quatre heures, plus de 5 000 tonnes de munitions ont été dépensées et au moins 250 tonnes perdues du fait de l’ennemi. Au fur et à mesure que davantage d’unités japonaises vont être déployées sur l’île de Singapour, dépenses et pertes vont croître en proportion, ce qui mettra certains types de pièces à court de munitions dans deux à trois semaines. En revanche, les stocks de munitions pour les armes navales servies par l’Armée dépassent à ce jour la vie opérationnelle de l’âme des canons. Il ne semble pas que nous soyons menacés de pénurie de munitions pour les armes de 0.303, mais il faut craindre une telle pénurie pour les armes de 0.45 (pistolets, revolvers et mitraillettes Thomson) et pour les fusils antichars de 0.55. Les stocks d’obus pour les mortiers de 2 pouces sont adéquats, mais il faut s’attendre à des difficultés pour les mortiers de 3 pouces. Cependant, on peut espérer une certaine amélioration de la situation, car nous continuons à découvrir des munitions dans les péniches et les entrepôts de Keppel Harbour. En effet, dans les dernières semaines où Singapour a pu recevoir des navires de transport, la priorité était de décharger ces navires le plus vite possible, et une grande partie des matériels et des approvisionnements ont été incorrectement répertoriés, étiquetés et rangés. Enfin, le déménagement des stocks de Kranji et de Nee Soon progresse ; leur proximité des combats en fait le point de délivrance de choix des munitions destinées aux unités sur le front. Collaboration avec les Autorités Civiles Nous fournissons actuellement 3 500 hommes à l’administration civile. De plus, 2 500 hommes sont employés à Keppel Harbour pour assurer la sécurité, trouver et déplacer les stocks de matériel, etc. La fourniture d’électricité est problématique, à cause des attaques japonaises répétées contre la centrale Saint James. L’immeuble est en ruines, mais les chaudières et les turbines marchent encore. Les principales difficultés touchent les transformateurs et les zones de répartition et de distribution, où les équipes d’entretien n’arrêtent pas de réparer et de régler le système. Le plus gros point noir est le manque d’isolateurs en verre et céramique, qui sont relativement peu coûteux mais très vulnérables aux chocs et aux dommages causés par le souffle et doivent continuellement être remplacés. Pour maintenir la fourniture d’électricité, des centaines de nos hommes et de nombreux générateurs ont été placés à des points clés, comme des hôpitaux et des chambres froides pour la nourriture. En plus des générateurs militaires normaux et de ceux d’unités de la base navale, un quart des camions générateurs destinés aux projecteurs anti-aériens ont été prélevés sur la dotation des unités de DCA et mis à la disposition des services civils. Services de Santé Les ressources des services de santé sont pour l’instant à la hauteur du nombre de blessés. Cependant, si le rythme actuel des opérations se maintient, une sérieuse surcharge est à prévoir d’ici la fin du mois. Il y a aussi un risque de baisse de l’efficacité des services de santé si nos équipes médicales et leurs aides travaillent de façon prolongée au maximum de leurs possibilités sans prendre de repos. Le système médical civil affronte déjà des problèmes majeurs en raison des attaques aériennes frappant la population. Depuis le mois de janvier, les pertes quotidiennes moyennes de la population civile du fait des bombardements sont de 20 morts et 60 blessés nécessitant une hospitalisation. Il est prévisible que ce chiffre augmentera de façon dramatique si la cité devait être la cible de violents tirs d’artillerie. Les conséquences ne sont pas allégées par les dommages infligés à l’infrastructure médicale civile et les pertes subies. A l’heure actuelle, les pertes civiles quotidiennes n’augmentent pas malgré l’intensification des attaques aériennes, car de nombreux civils se sont réfugiés dans des habitations improvisées aux limites de la ville. Néanmoins, si les Japonais se rapprochent, ces gens reflueront vers la ville elle-même. Si les Japonais n’autorisent pas l’utilisation de navires hôpitaux pour évacuer les malades et les blessés, nous aurons à faire face à une importante augmentation des blessés graves, absorbant des ressources médicales disproportionnées par rapport à nos possibilités et pouvant provoquer la désorganisation complète de nos services de santé. Bien entendu, les services civils s’effondreront aussi, car l’ennemi ne semble pas pour le moment tenter d’une façon quelconque d’épargner les civils. Lignes de Communication et Travaux Les problèmes normaux liés au séjour de troupes en zone civile ont virtuellement disparu, car les hommes ont bien trop à faire pour s’occuper d’autre chose que de leur mission. Le moral semble bon pour l’instant. Même dans les unités qui sont subi des pertes sévères, les problèmes de traînards et d’indiscipline à l’arrière du front sont relativement réduits. Cependant, les bombardements créent des problèmes de circulation, de sécurité et de maintien de l’ordre légal en zone urbaine. Des compagnies de Police Militaire supplémentaires sont nécessaires pour le contrôle et la sécurité de la circulation et quelques bataillons d’infanterie pour assurer la sécurité intérieure et sur le terrain. Les zones de rassemblement permettant de mettre les civils à l’abri, de les loger et de les nourrir ont jusqu’ici bien joué leur rôle, mais il est douteux que cela suffise si les Japonais parviennent jusqu’à la ville. Il est encore possible de compter sur les ouvriers civils dans la partie sud de l’île, mais ailleurs, on ne peut compter que sur des unités d’ouvriers enrégimentés pour travailler sous les obus et sous les bombes. (signé) Brigadier K.S. Torrance Brigadier Général, Etat-Major de la Région Militaire de Malaisie Appendice 3 Rapport sur la mission de l’Unité d’Exploration de la Flotte Combinée en Mer du Sud Kuching, le 24 avril 1942 (document établi par l’état-major de l’Unité Spéciale) Le 31 décembre 1941 dans la soirée, des ordres urgents furent reçus de la Flotte Combinée pour préparer et envoyer un navire convenablement équipé pour rechercher des documents et des systèmes techniques dans des épaves de vaisseaux ennemis après les victoires remportées par la Flotte dans les eaux méridionales. Il fut vite connu qu’il s’agissait d’un cuirassé anglais de classe King George V. La Flotte Combinée avait déjà choisi le mouilleur de mines moderne Yaeyama (1 380 t, 20 nœuds) pour cette tâche. Le chantier naval de Kure reçut la tâche de préparer le navire à appareiller dans les 36 heures. Le navire fut immédiatement mis en cale sèche pour rectifier tous les défauts éventuels. Ses canots normaux furent remplacés par des embarcations de transport de personnel du type emporté par les croiseurs et une grue de cinq tonnes (prélevée sur un bateau atelier pour hydravions en construction) fut ajoutée à la poupe. L’Ecole de Plongée reçut l’ordre de préparer six équipes de deux plongeurs qui iraient travailler avec les deux déjà installées à Kuching. Quatre plongeurs très expérimentés de la direction de l’Ecole se sont joints à eux. Une grande quantité de matériel a été embarquée, ainsi que des pièces détachées et du personnel de maintenance. Le 1er janvier 1942, à nouveau sur ordre exprès de la 2e Flotte, les îles Tambelan furent occupées. Dans l’après-midi de cette journée, couverte par la force de l’amiral Kondo, la 3e Force d’Attaque Surprise du contre-amiral Hirose (DD Yamagumo, TB Chidori, Hatsukari, Manazuru, Tomozuru, deux dragueurs de mines, neuf chasseurs de sous-marins) débarqua des groupes d’infanterie de la Marine Impériale dans les îles Natuna, Selatan et Tambelan. Ces débarquements ne rencontrèrent pratiquement pas d’opposition. Le 2 janvier, le Yaeyama put appareiller. Le 15 janvier, le Yaeyama arriva en baie de Kuching. Pendant ce temps, la 2e Flotte avait beaucoup fait. Une chaîne de postes de guet avait été établie, des hydravions montaient une garde constante contre les sous-marins ennemis et des avions de chasse surveillaient la région en permanence. Des champs de mines de couverture avaient été mouillés. Ils avaient été soigneusement positionnés pour qu’un sous-marin ne puisse tenter de torpiller le Yaeyama sans franchir auparavant un barrage de mines. Surtout, grâce à de nombreuses embarcations réquisitionnées sur place, le cuirassé ennemi avait été localisé avec précision, marqué par des bouées, surveillé, et un plan de l’épave avait été dressé. Il était évident que cette épave était d’une valeur incalculable, malgré le fait qu’elle fût couchée sur le côté et presque retournée. Des chasseurs de sous-marins, des torpilleurs et divers petits bâtiments furent mis à la disposition de l’Unité d’Exploration pour apporter à Kuching le matériel et les documents récupérés. Le 16 janvier, le Yaeyama arriva sur zone et les plongées commencèrent immédiatement. Dès ce moment, tous les objets récupérés furent au fur et à mesure envoyés à bord d’un torpilleur à Kuching. L’exploration permit de récupérer de très nombreux documents. Un grand nombre de manuels sur le directeur de tir antiaérien “Type 285” furent ainsi découverts à l’avant. A l’arrière, les équipes de plongeurs récupérèrent plusieurs lourds meubles à quatre tiroirs. Ce fut une opération longue et compliquée, car ils durent être déboulonnés de la paroi, passés par une porte puis par une écoutille malgré la situation presque sens dessus dessous du navire, avant d’être remontés. L’un de ces meubles contenait des journaux de transmissions (surtout administratifs), mais l’autre devait contenir des livres secrets (“Classified Books”). Hélas, il s’avéra qu’il était vide ou presque, l’essentiel de son contenu ayant probablement été détruit d’une façon ou d’une autre lorsque le navire parut condamné (sans doute dès le début de la journée du 31 décembre). Nous nous sommes aussi efforcés de récupérer tous les matériels ayant un rapport avec les radiodétecteurs et surtout les détecteurs eux-mêmes. A l’arrière, sept autres meubles à quatre tiroirs furent récupérés dans les bureaux d’état-major. Eux aussi étaient presque vides. L’un des plongeurs les plus expérimentés réussit à pénétrer en fin de journée dans les quartiers de l’Amiral. Il en revint avec la nouvelle fascinante qu’un lourd coffre d’acier fermé et peint en rouge s’y trouvait. Il récupéra dans le bureau un grand nombre de papiers et de documents, y compris ce qui semble être le journal personnel de l’amiral Phillips. Il estima la masse du coffre à une tonne environ. Vu la situation du navire, il était impossible de remoner le coffre lui-même. Il fut décidé de forcer ce coffre, après nettoyage des bureaux d’état-major, avec des charges de 1 kg. Le 20 janvier, les plongées continuèrent en dépit d’une mer formée et d’un temps venteux. Les plongeurs ne se laissèrent pas intimider par le danger (l’un d’eux eut une main écrasée), mais le Yaeyama mouilla deux crapauds d’amarrage supplémentaires. A l’arrière, dans les bureaux d’état-major, huit meubles à tiroirs furent récupérés, pour un total de 17. Ils avaient visiblement été vidés à la hâte, et il fut possible de récupérer quelques documents épars. Comme d’habitude, ce matériel fut immédiatement envoyé à Kuching par un torpilleur escorté. Dans l’après-midi du 20, un avion ennemi survola le Yaeyama lors d’une éclaircie. Aucun message radio ne put être capté, mais l’avion s’en alla en direction de Singapour. Il fut impossible de l’intercepter. On décida de continuer à travailler dans la nuit, uniquement sur les bureaux de l’Amiral et de l’état-major, en utilisant les dispositifs d’éclairage déjà installés. Tous les plongeurs exigèrent de participer à cette très dangereuse activité. Il fut interdit à quatre d’entre eux d’y participer, pour permettre de poursuivre le travail le lendemain avec des hommes fatigués, mais non épuisés. Tous les plongeurs étaient en effet proches de l’épuisement quand cette nuit de travail commença. Ils tinrent néanmoins à faire leur travail, malgré le risque élevé, car la signification de ce qu’ils récupéraient leur avait été expliquée. Le 21 janvier, peu après le lever du jour, le coffre rouge de l’Amiral fut forcé et son contenu récupéré. Deux plongeurs furent perdus, tous deux du fait d’erreurs élémentaires, provoquées par l’épuisement et le surcroît de travail. En fin de journée, le Yaeyama quitta le site pour les îles Tambelan. Le volume des documents livrés à Kuching ne fut pas loin de déborder les équipes chargées de s’en occuper. Les meubles et coffrets furent immergés dans des bacs à circulation d’eau douce jusqu’à ce que tout le sel eût été rincé, ce qui fut vérifié par un test au nitrate d’argent. Sortis des bacs, meubles et tiroirs furent numérotés et ouverts. Les livres secrets et autres documents importants avaient très bien supporté l’immersion, car ils étaient fermés et empilés. Leurs pages furent précautionneusement tournées une à une, chacune étant photographiée au fur et à mesure par procédé Kodak. Une feuille de buvard, une de celluloïd et une autre feuille de buvard furent glissées entre chaque page pour éliminer le gros de l’humidité. Les buvards furent ensuite enlevés (non la feuille de celluloïd) pour être séchés et réutilisés, chaque page étant séchée séparément à l’air chaud par un marin. Ce travail prenait normalement 24 heures. Les journaux de transmission étaient les plus fragiles et avaient commencé à se désintégrer. Leurs pages ont dû être péniblement détachées les unes des autres et traitées individuellement. Il est regrettable que tous ces efforts n’aient presque rien rapporté d’intéressant, la plupart des documents secrets ayant évidemment été détruits, en application de consignes de sécurité dont nous avons d’ailleurs retrouvé un exemplaire ! Le contenu du coffre rouge fut traité de la même façon, mais il ne fut manipulé que par des officiers au-dessus du rang de lieutenant. On en fit aussi des copies photographiques. Cette fois, les documents récupérés se révélèrent de la plus extrême importance, et souvent parfaitement inattendus. Les originaux furent envoyés directement à l’amiral Yamamoto, transportés par deux officiers armés. Le 22 janvier, le Yaeyama resta aux îles Tambelan pour reposer les plongeurs. Le 23 janvier, le Yaeyama revint sur zone, avec des plongeurs reposés. Du 24 au 27 janvier, le travail de récupération des documents reprit. De nombreux documents furent récupérés dans les bureaux de l’Amiral, dont ses documents personnels. Le 27, cette zone avait été nettoyée. A partir de ce moment, le travail continua à un rythme plus mesuré, de façon méticuleuse et systématique. Des ordres stricts furent reçus de l’amiral Yamamoto lui-même pour récompenser les plongeurs par des promotions au rang d’officier pour les sous-officiers, et par des grades supérieurs pour les officiers. L’amiral envoya à chacun des plongeurs une bouteille de saké de sa réserve personnelle, en reconnaissance pour les exploits accomplis, et affirma que le nom de chaque homme serait porté à la connaissance de Sa Majesté l’Empereur. Il envoya des instructions interdisant de risquer encore les vies des plongeurs, et demandant de dépouiller soigneusement le vaisseau amiral ennemi de tout le matériel accessible, ce qui fut fait. Le 3 février, le premier plongeur put accéder au principal poste de transmissions. Ce poste était situé au cœur du vaisseau ; son accès, et plus encore son entrée, étaient très dangereux. Les innombrables cadavres pourrissant dans cette zone étaient un réel danger, attirant des hordes de poissons et posant aux plongeurs de véritables problèmes physiques et psychologiques dans l’obscurité des couloirs du vaisseau. Certains plongeurs n’ont pu supporter ces conditions de travail et la plupart ont attrapé de graves infections cutanées, car la moindre égratignure s’infectait, l’eau étant souillée par les chairs en décomposition. Les efforts pour pénétrer dans cette pièce furent dès lors abandonnés provisoirement, jusqu’à ce que les zones plus accessibles aient été vidées de tout élément intéressant. Le 28 février, la récupération de la documentation de la plupart des salles de radiodétection était achevée, nous permettant de constater qu’une quantité surprenante de documents étaient disponibles en plusieurs exemplaires, mais leur exploitation, en l’absence des documents principaux, risque de s’avérer extrêmement difficile, sinon impossible. Du 1er au 28 mars, alors que le travail continuait par ailleurs, un puits d’accès fut ouvert audessus du poste de transmissions principal. Dans les deux dernières semaines du mois, ce poste fut exploré et vidé. La plus grande partie du papier s’était détérioré, mais les machines de codage, les manuels d’utilisation de ces machines et un important volume d’archives furent récupérés, ainsi qu’un autre coffre rouge qui contenait un grand nombre de codes. Malheureusement, tous ces documents étaient imprimés avec une encre se diluant très facilement au moindre contact avec l’eau de mer, et ils étaient pratiquement illisibles, en dehors des pages de titre, nous laissant d’autant plus de regrets. Du 29 mars au 22 avril, les opérations se poursuivirent. Finalement, le vaisseau ne renfermant plus guère de secrets, le Yaeyama retourna le 23 avril en baie de Kuching, où un camp de repos spécial luxueusement aménagé a été aménagé pour les plongeurs et leurs personnels de soutien. Ces équipes maintenant très expérimentées doivent en effet se reposer et leur équipement doit être entretenu, car leur intervention sera sous peu nécessaire à Singapour, dont la chute est prévue dans les prochains jours. ……… Note – Il est très heureux que les Britanniques aient conservé dans le bureau de l’Amiral une grande quantité de matériel qu’ils auraient dû détruire. Cela ne peut probablement s’expliquer que parce que l’amiral Phillips a été tué, que son état-major a été décimé et que personne n’a donné à temps l’ordre de détruire ses documents secrets. C’est une chance extraordinaire.