Lettre Ministre fermetures LC - UGSP-CGT
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Lettre Ministre fermetures LC - UGSP-CGT
Nantes, le 20 août 2010 Madame Michèle ALLIOT-MARIE Garde des sceaux, Ministre de la justice 13, Place Vendôme 75042 Paris cedex 01 Madame la Ministre, Par voie de communiqué, vous avez annoncé le 26 juillet dernier, la fermeture sèche, c'est-àdire sans ouverture de compensation, de 23 établissements pénitentiaires. Ce projet vient en complément de l’annonce du 8 mars 2010, faite par le directeur de l’administration pénitentiaire, de la fermeture de 24 sites compensés eux par des ouvertures « de proximité ». Si nous récapitulons pour la région de Rennes, les prisons d'Angers, Coutances et Cherbourg devraient bénéficier d’ouvertures nouvelles sur des sites « à proximité ». Par contre, vous annoncez la fermeture sans compensation des établissements de Caen, Saint Malo, Fontenay le Comte et Vannes. Enfin, vous informez qu’une expertise complémentaire sur le coût d’une mise aux normes devra être rendue dans un délai de 3 mois, pour la maison d’arrêt de Laval. Concernant cet établissement, une délégation conduite par l’un de vos conseillers s’est rendue sur place début août. Nous souhaitons vivement que le rapport d’expertise soit favorable au maintien de l'établissement puisque celui-ci est sain et que grâce à sa taille les personnels peuvent y effectuer un travail de qualité. Pour justifier votre annonce de juillet, vous affirmez vouloir « engager un plan sans précédent de restructuration du parc immobilier visant à assurer des conditions dignes de détention, à mettre notre pays en conformité avec les RPE -Règles Pénitentiaires Européennes- et à garantir la mise en oeuvre des prescriptions de la loi pénitentiaire adoptée en novembre 2009 par le Parlement ». La CGT est particulièrement attachée à la question des conditions de détention. Nous ne nous crispons pas sur le maintien coûte que coûte d’établissements qui, sans être pour autant sales ou vétustes, n’offrent pas les conditions d’accueil que nous sommes en droit d’attendre en 2010. Par contre, votre plan oublie des dimensions essentielles des RPE qui concernent le maintien des liens familiaux, la préparation à la sortie… Les sites voués à fermeture et leur non remplacement par d’autres structures de petites tailles vont entraîner de fait une lacune de service public pénitentiaire dans certains bassins. Nombreux sont pourtant les professionnels 62, Bd Albert Einstein - 44300 Nantes – Tel et Fax : 02.72 00 48 77 – Email : [email protected] et experts qui plaident pour des structures de proximité, de tailles modestes qui garantissent le maintien des liens familiaux et favorisent la réinsertion… Par ailleurs, c’est un élément également essentiel de notre point de vue, les personnels pénitentiaires de ces établissements vont être extrêmement pénalisés par les restructurations qui seront autant de « drames » familiaux que la CGT Pénitentiaire ne peut pas accepter. Pour entrer un peu plus dans le détail, je souhaite évoquer en premier la situation de Caen (118 personnels pénitentiaires - 465 écrous au 1er juillet 2010 dont 310 détenus) puisque la maison d’arrêt est programmée pour fermer en 2017, sans compensation avec probablement un reversement sur le centre pénitentiaire de La Manche à plus de 70 Km. Caen est la première ville de la Basse Normandie, elle accueille sur toute l’agglomération 401741 habitants. L’aire urbaine de Caen représente la deuxième concentration urbaine de Normandie après celle de Rouen, et occupe le 21e rang national. Caen se situe en nombre d’habitants, devant les villes d’Orléans, Angers, Le Mans ou Pau qui vont pourtant garder des établissements pénitentiaires de proximité. Il n’est pas très utile de vous écrire que cette démonstration plaide en faveur du maintien d’un site pénitentiaire dans cette agglomération importante. Les arguments (délinquance urbaine, transports, maintien des liens, préparation à la sortie…) qui ont prévalus à la conservation de sites pénitentiaires dans notre région administrative pour les villes citées mais aussi pour Rennes ou Nantes, doivent prévaloir pour Caen. Concernant la situation de Vannes et Saint Malo, ces deux villes accueillent plus de 50 000 habitants, en expansion constante. Cela ne suffit certes pas à justifier le maintien d’un site, d’autres villes françaises d'importance similaire n’ont pas de prison. Pour autant, je pense qu’il faut examiner la situation au cas par cas. Concernant Saint Malo (37 personnels pénitentiaires - 119 écrous au 1er juillet 2010 dont 93 détenus), cette fermeture va peser lourdement sur le centre pénitentiaire de Rennes-Vezin (la partie MA de Rennes-Vezin était déjà occupée à 91 % au 1er juillet 2010). Ce dernier, à peine ouvert, risque de se retrouver rapidement en surpopulation. Par ailleurs, la réforme territoriale des tribunaux sera achevée en 2011. Celle-ci annonce la perte des compétences du TGI de Dinan au profit du TGI de Saint Malo et condamne le SPIP de Dinan à la fermeture. Une partie de ses charges seront transférées sur Saint Malo. Je pense qu’au regard de cette situation, il est important de maintenir un établissement pénitentiaire de proximité qui pourrait être un QCP, voire un CPA. La situation de Vannes (35 personnels pénitentiaires - 91 écrous au 1er juillet 2010 dont 52 détenus) est somme toute assez identique à celle de Saint Malo puisque Vannes va récupérer les charges de travail de Ploërmel et qu’il ne restera sur le Morbihan qu'un seul établissement, celui de Lorient. Or celui-ci est déjà sous dimensionné. La ville de Vannes devrait demeurer le siège de la Cour d’Assises. Si nous ne contestons pas les difficultés structurelles de l’actuelle maison d’arrêt de Vannes, nous estimons que la construction d’un ERA de taille modeste serait nécessaire dans l’agglomération Vannetaise. Enfin, concernant La Vendée, le maintien de la maison d’arrêt de La Roche sur Yon est pour nous une décision positive. Nous y voyons là le résultat de la mobilisation des personnels de cet établissement depuis plusieurs mois, relayée par les élus locaux de gauche comme de droite. Nous plaidons pour le maintien d’une structure pénitentiaire sur Fontenay le Comte (34 personnels pénitentiaires - 88 écrous au 1er juillet 2010 dont 39 détenus). En effet, distant 62, Bd Albert Einstein - 44300 Nantes – Tel et Fax : 02.72 00 48 77 – Email : [email protected] de 60 Km de La Roche sur Yon, la fermeture de ce centre va peser lourdement sur les personnels et leurs familles, ainsi que sur les familles des PPSMJ. Ils vont devoir multiplier les allers et retours entre les deux villes, si ce n’est pas en Charente-Maritime puisque vous avez prévu que l’établissement pénitentiaire qui y sera construit, sera celui de rattachement de Fontenay le Comte. Vu du terrain, nous ne pouvons soutenir votre plan de fermeture. Et je le répète, nous ne contestons pas la vétusté de quelques établissements qui ont besoin d'être profondément modernisés (absence de gymnases, de terrains de sport, de salle de classe, de réunion….) et sont donc tout simplement dépassés. Certains doivent être effectivement fermés mais une construction nouvelle doit voit le jour dans la même ville ou agglomération. Cependant, notre analyse est que les restructurations des établissements pénitentiaires que vous préconisez sont dans la droite ligne du « moins de service public » voulu par le président de la république au travers de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Ce qui fait que nous nous interrogeons sur la cohérence du projet et sa volonté réelle de coller concrètement à la modernité que vous mettez en avant pour le justifier. Enfin, je souhaite insister sur le fait que dans ces établissements que vous souhaitez fermer sans compensation, il y a les personnels qui ont leurs intérêts familiaux. Ils seront très fortement pénalisés par ces restructurations. Et, cela concerne 224 de nos collègues de travail rattachés aux établissements, sans oublier l’ensemble des travailleurs sociaux qui interviennent. Mais également les intervenants extérieurs. A ceux-ci, j’y ajouterai les 70 collègues de Coutances et Cherbourg qui vont subir une restructuration pénalisante. Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l’expression de ma haute considération. Alexis GRANDHAIE Secrétaire général de l’UR CGT de Rennes Alexis GRANDHAIE Secrétaire régional CGT Pénitentiaire 62 Bd Albert Einstein 44300 Nantes 06 20 74 87 78 02 72 00 48 77 62, Bd Albert Einstein - 44300 Nantes – Tel et Fax : 02.72 00 48 77 – Email : [email protected]