Homélie du 5° dimanche de carême « Faire ses - Saint Jean
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Homélie du 5° dimanche de carême « Faire ses - Saint Jean
Homélie du 5° dimanche de carême « Faire ses Pâques » C'est une expression d'autrefois. Elle signifiait qu'on se sentait invité traditionnellement, dans les temps de Pâques, à se confesser et à communier, au moins une fois par an. La formule n'existe plus, mais la réalité reste. S'il y a une date où beaucoup d'hommes et de femmes habituellement éloignés de la pratique religieuse éprouvent la nostalgie d'un geste chrétien, c'est à cette date de Pâques qui approche...comme peut l'être la tradition de la messe de Noël. Alors, au fond, si, faire ses Pâques, c'était une des minutes de vérité de l’année ? Trop courte, trop fugitive, c'est certain ! Mais qui exprime finalement le meilleur de nous-mêmes, comme une petite voix intérieure qui nous parle d'amour. N'est-il pas vrai que l'humanité entière rêve d'aimer ? En écoutant la radio ou en regardant la télévision, du matin au soir, nous constatons que l'amour est chanté par toutes les voix, souvent travesti et déformé, mais que l'amour, sous toutes ses formes, est au cœur de la vie de tous ! Or en ce dernier dimanche de carême, juste avant la Passion que nous entendrons dimanche prochain au jour des Rameaux, l’Évangile nous rappelle quel est le secret de Jésus. Dans quel état d'esprit a-t-il abordé le temps de sa mort et comment il souhaite nous parler d'amour à sa manière ! « Si le grain ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul. Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » Le grain de blé qui meurt... pour vivre ! Ce matin, nous sommes devant une révélation importante ! Par sa Pâque, Jésus nous aide à comprendre : comprendre qui est Dieu et qui est l'homme. Qui est Dieu ! - Le Dieu que nous révèle Jésus n'est pas le Tout-Puissant dominateur, l'invulnérable... que les diverses religions ont imaginé. Pour nous, il est un Dieu qui se donne, un Dieu qui aime jusqu'à l'extrême. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime ! ». La Loi essentielle de Dieu, c'est la loi du grain de blé : Dieu va jusqu'à sacrifier totalement sa vie pour que l'homme vive ; Dieu ne garde rien pour lui-même, il renonce à Lui-même, il aime jusqu'à en mourir. Dans l'acte de la mort de Jésus en croix, nous découvrons l'infini, l'absolu de Dieu ; c'est l'absolu de l'amour. « Dieu ne s'est pas aimé Lui-même » dira saint Paul. La mort du grain de blé est une image de Dieu. Prenons le temps, dans le secret du cœur, de contempler, de regarder la croix, qui nous dit comment aimer en donnant de nous-même...Moi, je pense toujours au don de soi d'une maman et d'un papa vis à vis de leurs enfants, les parents ne sont-ils pas dans cette disposition de donner leur vie pour leurs enfants, par amour ? Par cet amour qui prend sa source dans l'amour infini de Dieu... Ce qui nous amène à se poser la question « Qui est l'homme ? » - Mais cette révélation de l'attitude fondamentale du cœur de Dieu est aussi une révélation de l'essentiel de l'homme. Nous sommes faits, nous aussi, pour le don total de nous-mêmes, par amour. Et Jésus, après avoir dit son propre secret, ajoute immédiatement, en parlant de nous : « S'aimer soi-même, c'est ce perdre ! » L'homme n'est pas fait pour lui-même : le but de l'homme, c'est d'aimer ! Et le comble de l'amour, c'est de tout donner pour un autre ! Pour nous aussi, il n'y a pas de plus grand amour que de donner notre vie pour ceux que nous aimons. La Loi du grain de blé qui meurt pour fructifier en moisson nouvelle, c'est notre Loi à nous aussi, qui avons été créés à l'image de Dieu. Refuser de donner par amour, c’est s'isoler dans la contemplation de soi-même. Jésus nous dit : « celui qui aime sa vie la perd ». Ce n'est pas facile à entendre comme parole, nous pouvons être déroutés par une telle affirmation ! Mais nous comprenons mieux lorsque nous considérons que la vraie mort n'est pas la mort physique, mais le refus d'aimer ! C'est le repli sur soi-même ! La satisfaction de ses petits instincts personnels est la route la plus sûre pour rater sa vie. Tel est le secret du grain de blé : c'est le secret même de Dieu et de l'homme. « L’heure est venue où nous reconnaissons que Dieu et les hommes, c'est une longue histoire semée de tant d'incompréhension, de recherche de pouvoir pour être plus fort que les autres, de faux dieu, et il est temps d'en finir et d'ouvrir les yeux sur le Dieu de Jésus-Christ : « Celui qui est le Père de l'humanité... ». Il est temps que les humains finissent par se reconnaître vraiment frères. Rares mais exaltants sont les moments où des hommes et des femmes de toutes couleurs ou de toutes confessions se reconnaissent frères. Ce fut le cas dans notre pays le 11 janvier dernier et ce jour restera gravé dans la mémoire de ceux qui l’ont vécu. Vive la République, bien sûr ! Mais, reconnaissons-le, aux yeux des chrétiens, la fraternité vient de Dieu. Et en ce jour réservé au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement -Terre solidaire, le CCFD-Terre solidaire, chacun est renvoyé à sa propre approche du don de soi, du don qui aide à vivre la fraternité. La situation internationale est connue malheureusement pour toutes les souffrances occasionnées de par le monde, et bien souvent avec notre responsabilité collective engagée... A chacun de mesurer le degré de réponse qu'il peut donner. Mais, il est évident que sans l'amour du prochain et cette fraternité qui en découle, la souffrance s'installe et a de beaux jours devant-elle ! Devant cette réalité importante de vivre un amour si fort où Dieu nous montre un chemin qui peut nous faire peur, « donner sa vie, d'accord, mais ce n'est pas rien !», mais comme c'est difficile de passer à l'acte, d'oser aller jusqu'au bout de nos convictions ! Pour nous y aider, le Christ nous a laissé un signe magnifique pour se souvenir de Lui et du don de sa vie pour la multitude. C'est encore un secret, le secret de l’Eucharistie, pour faire court, on pourrait dire que l'Eucharistie est une source d'amour. Il y eut un jour, à une certaine heure, une certaine Pâque, où un homme a pris du pain et a dit : « ceci est mon corps livré » Puis il a pris du vin et a dit : « Ceci est mon sang versé ». L'attitude fondamentale de Jésus en sa Pâque : un corps Livré, un sang Versé. Chaque messe est le signe de cet acte suprême d'amour de Dieu pour nous. Une grande question pour toute l''humanité : Pourquoi sommes-nous faits ? Qu'est-ce qui épanouit l'homme et le fait vivre vraiment ? Qu'est-ce-qui donne du sens à sa vie ? Si ce n'est un amour vécu jusqu'au bout... L'image du grain de blé, sans faire de grand discours, sans faire de grandes phrases théoriques, nous le rappelle. Pour bien comprendre le sens du don de l'amour... Faire ses Pâques c'est important ! Daniel Lacourt, diacre.