kochipan-osaka-monaurail - Concerts et Spectacles à PAU
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Interview : Osaka Monaurail Cela fait 20 ans qu'Osaka Monaurail a remis au goût du jour le funk au Japon mais aussi à l'étranger à travers des concerts lives démentiels et une discographie impressionnante tout en gardant une rythmique sans faille et une orchestration fabuleuse. Vous trouvez qu'on en rajoute ? Pourtant leur dernier album "State of the World" qui sort en Europe ne viendra pas dire le contraire ni son leader charismatique Ryo Nakata qui nous fait aujourd'hui l'honneur d'une interview exclusive pour Kochipan ! Comment a commencé l'histoire d'Osaka Monaurail ? Il y avait une pub à la télévision pour une maque de whisky en 1987 qui mettait en scène Ray Charles chantant une nouvelle version de « What'd I say » avec un arrangement Go-go. Cela ma tellement captivé. J'avais 16 ans. Je suis allé en ville pour aller dans un disquaire. J'y ai pris le CD. Ce fut une ressortie de l'album original de 1959 « What'd I say ». L'album présentait tous les styles de Ray Charles dans les années 50 : Boogie-woogie, le R&B comme Louis Jordan, le Jazz comme Lionnel Hampton ou Nat «King » Cole et bien sûr la soul, le truc le plus tendance à ce moment-là. En tout cas il y avait autre chose pour moi à ce moment-là. « CD of JB » une compilation britannique de James Brown. A cette période, j'écoutais des groupes japonais, américains de Jazz incluant le Be-bop et toutes sortes de style ainsi que le Hip-hop. Mais ces deux Cds m'ont montré la direction à suivre. J'ai commencé à réfléchir sur la formation de mon propre groupe pour jouer de la musique funky. Mais il ne s'est pas passé grand chose jusqu'à ce que j'aille à l'université en 1991 alors que j'avais essayé par tous les moyens de démarrer un groupe au lycée. Ce n'était pas facile de trouver des musiciens parce que je ne vivais pas dans une grande ville. Quand je suis devenu étudiant à l'université, j'ai commencé une association avec des gens du Jazz. J'étais trompettiste pendant quelques années et à cet instant je pensais sérieusement devenir un trompettiste de jazz professionnel. Ils avaient un grand groupe qui jouait toutes les chansons de Count Basie. Je voulais être un membre de ce groupe. Je pratiquais du cor pendant de longues heures, 6 ou 7 heures, mais ce n'est jamais venu et j'ai donc abandonné le cor. J'ai donc commencé à travailler sur un projet sur lequel je rêvais depuis des années, un combo Funk. Ce n'était pas très difficile car je connaissais déjà de nombreux musiciens à ce moment-là. J'avais 19 ans et le groupe a ensuite pris un nom assez amusant : Osaka Monaurail. Si vous deviez décrire l'univers d'Osaka Monaurail, comment le feriez-vous ? Le monde d'Osaka Monaurail est celui des années 60. Américain et Japonais. Pour être plus spécifique, de 1968 à 1972. C'est un show de musique funky, qui met en avant beaucoup de styles de cette période : Soul, Jazz, Funk etc...Au final c'est comme ça que j'aimerai désigner le groupe. Lors d'une interview que vous avez donnée vous dites considérer Londres comme ayant une grosse influence Funk sur le monde et Tokyo sur le Japon. Pouvez-vous nous expliquer de quelle façon ces deux villes peuvent être vues comme étant des lieux de Funk et leurs influences ? J'ai du faire référence aux clubs de musique à Tokyo au début des années 90 : Clubs de Jazz, groove et Acid-Hazz. Tous ces mouvements vinrent de Londres. Tous les Cds vinrent d'Amérique mais l'interprétation était originaire de Londres. Le Hip-Hop, qui fut une autre chose importante à ce moment là n'était pas Européen. Mais toutes les autres choses étaient d'Europe bien qu'ils furent à l'origine d'Amérique. Je n'étais pas à Tokyo au début des années 90. J'étais un adolescent de province, qui écoutait des Cds à la maison. Je vivais à Nara au Japon. Je n'avais pas même idée de comment les gens pouvaient danser sur la musique que j'écoutais. C'est ainsi que j'ai commencé à développé mon style. Pour vous quels sont les éléments essentiels afin de réaliser une bonne session funk ? Blues et Swing. Ce sont les deux concepts majeurs qui peuvent vous emmener aussi loin que vous voulez aller, je crois. Et pour répondre à votre question, également tous les musiciens doivent comprendre les styles des années 60 et 70. Ma pensée est qie si vous voulez être funky, cela signifie que vous essayez d'être quelqu'un d'autre. Vous essayez d'être comme James Brown, Isaac Hayes, Rufus Thomas, King Curtis, Bernard Purdie...ou en d'autres termes, vous essayez être l'un d'eux non ? Vous savez quand j'étais un petit garçon, comme n'importe qui d'autre, je rêvais d'être superman ou Ultraman ou n'importe qui d'autre de l'un des héros de la télévision de notre enfance. Il n'y aucune différence avec ce que je suis en train de faire maintenant. Je veux jouer du piano comme Ray Charles. Je veux chanter et danser comme James Brown. J'essaye d'expliquer comment vous pouvez laisser votre ego devant la porte. Je ne pense pas que cela juste d'entendre un musicien de mon groupe dire « cool ». Quand il dit ça il montre ses sentiments non ? En tant que leader de groupe je m'en fiche de comment il se sent. Je veux que cet incompétent de Superman reste tranquille. Vous voyez ce que je veux dire ? En voyant Osaka Monaurail sur scène on a justement l'impression que « Le Parrain de la Soul » n'est pas très loin. Quelle influence a pu avoir James Brown sur le groupe et que pensez-vous a-t-il apporté à la musique funk ? Je me considère plutôt comme un pianiste classique. S'il joue de la musique de Chopin pensez-vous que Chopin a eu une influence sur lui ? La réponse est « oui » mais la question en elle-même n'est pas appropriée. Ce n'est pas qu'il fut influencé par Chopin ; c'est juste qu'il aime Chopin. Pour répondre à votre seconde question, James Brown a démarré ce qu'on appelle Funk aujourd'hui. Mais il n'était pas le seul. Sly & The Family Stone, Jimi Hendrix, The Meters et beaucoup d'autres ont démarré le Funk entre les années 1967 et 1968. Vous ne jouez pas simplement de la musique Funk vous la vivez vraiment ! D'où puisez vous cette incroyable énergie et comment vous préparez-vous pour ces concerts ? C'est ce que j'appelle « Shugyo ». C'est un terme japonais bouddhiste qui signifie « Se faire mal à soi-même par un entrainement rugueux pour chercher la vérité éternelle ». Un Shugyo typique est de rester sous une chute d'eau pendant de nombreuses heures (rires). Vous méditez profondément tout en vous faisant mal. Je ne veux pas dire que je me fais aussi mal mais j'explique mes idées derrière la scène. Vous irez où vous voulez aller simplement si vous faites une totale dévotion de vous-même. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre collaboration avec Mara Whitney particulièrement sur la chanson « I am what I am » ? L'histoire avec Marva est longue. Mais je peux vous raconter comment la chanson fut développée entre Marva et moi...L'album « I am what I am » fut enregistré au Japon durant deux jours excepté deux chansons incluant la chanson titre. Marva met toujours « I am what I am » sous sa signature dans ses courriers. Son manager, Pari, a suggéré qu'elle devrait écrire une chanson intitulée « I am what I am ». Elle fait donc fait ainsi un titre avec cette dénomination. C'était avant que je la rencontre pour une tournée avec elle au Japon, en jouant derrière. Je lui ai offert un nouvel album de Marva Whitney après 35 ans. J'étais tellement heureux qu'elle décida de faire ça. Bien que j'étais en train d'enregistrer l'album au Japon, j'avais besoin d'un single avant la tournée. Je lui ai donc envoyé beaucoup de musiques. Elle en a pris un parmi de nombreuses et elle a enregistré la partie vocale à Kansas city. C'est ainsi que nous avons fait les choses ensemble. Le single est sorti au mois de mai 2006. La France et Osaka Monaurail semble avoir une sympathique histoire d'amour du fait notamment de vos nombreuses venues. Quels sont vos souvenirs les plus mémorables de ces concerts français et qu'est ce qui vous attire en France ? Une fois lorsque j'ai joué sur scène, j'ai vu un jeune garçon âgé environ de 6-7 ans. Il était en train de danser sur la musique. Il ne dansait pas simplement bien, mais il était en train de faire mes danses. Il était en train de copier mes mouvements. Je l'ai regarder durant le show entier. Il ne s'arrêtait pas. Il était tellement mignon et les gens autour de lui commençait à le regarder et lui ont dit d'aller sur scène. Je pense que c'est ce qu'ils étaient en train de dire en Français. Le garçon n'est pas allé sur scène. Il a juste continué à danser là où il était. Donc pour la dernière chanson du show, je suis venu vers lui et je lui ai pris par la main sur scène. Il a dansé devant le public. Il a également pris son chapeau. J'aimais ses mouvements. Quelqu'un a filmé la scène et l'a mise sur youtube. Je pense qu'elle y est toujours. Cette année Osaka Monaurail va célébrer son 20ème anniversaire. Ferez-vous quelque chose de spécial pour cet événement ? Oh oui, j'ai quelques projets spéciaux. Très spéciaux. Je ne peux pas vous en dire plus, désolé. Je pense que je pourrai en dire plus dans quelques mois. En regardant ces 20 années parcourues ensemble quel aura été votre meilleur souvenir et que souhaiteriez-vous changer ? Oh, ces 20 années ont été excellentes. Je suis reconnaissant d'être toujours là en représentation dans le même groupe. Beaucoup de musiciens sont rentrés et sont sortis, mais c'est ainsi. Grâce aux mecs dans le groupe mais aussi grâce aux fans. Il y a quelques choses que je regrette ici et là mais principalement je ne garde que de bons souvenirs. Les durs souvenirs se transforment en bons souvenirs. Tout le monde a été si gentil et je voudrai refaire cela encore. Toutefois, le plus important est que je ne l'ai pas fait encore ! Avez-vous un message pour les lecteurs de Kochipan ? Oui, c'est grandiose que les Français et les Japonais ont un lien très profond. Gardons le et continuons à le construire pour notre futur. Ce n'est pas une période facile pour tout le monde, mais nous devrions rester en bonne forme et regarder de l'avant. © Photo : Osaka Monaurail © Interview réalisée par E-mail - Kochipan (janvier 2012)