Sr Christine en direct de Port de Paix

Le 27 novembre 2014 : Sr Christine en direct de Port de Paix Haïti
Chers Internaute,
Qu’elle me semble loin la Vendée que j’ai quitté il y un peu plus d’un mois.
Passée la période d’adaptation, je peux maintenant commencer à goûter
pleinement à la vie d’une Fille de la Sagesse en terre Haïtienne.
Je suis envoyée en mission par ma Congrégation à Port de Paix au Nord Ouest
du Pays (l’un des diocèses les plus pauvres). N’étant jamais allée en Haïti,
c’est le cœur grand ouvert que j’accueille chaque jour ce qui m’est donné à
vivre. Dès mon arrivée, j’ai été frappé par la ferveur des Haïtiens qui affichent
clairement leur foi sur tout type de supports (voitures, camions, motos, teeshirt…). Je retrouve cette même ferveur au cours des messes quotidiennes et dominicales qui ont lieu à 6h du
matin. Oui, vous avez bien lu 6h !!! Pour le comprendre, il suffit de s’arrêter quelques instants sur la place
principale de Port de Paix. Dès 5h du matin, un parfum d’agitation se fait sentir, il fait déjà très chaud (25⁰ et
plus) et la ville commence à s’animer. Cela durera jusqu’à 22h30 sans interruption.
A présent, fermez les yeux et imaginez les motocyclettes par centaines, klaxonant sans discontinuer avec un
poste « crachant » de la musique tantôt religieuse, tantôt profane, les nombreux
travaux de construction ou déconstruction, les marchants ambulants, les camions,
les bus de l’école et les Port de Paisiens qui circulent ça et là. Si vous n’êtes pas
averti, vous vous direz comme-moi « Quelle cacophonie !!! » Mais à bien observer,
cela semble ne déranger personne.
Je partage la vie communautaire des Filles de la Sagesse qui logent au cœur même
de l’établissement scolaire où elles sont insérées. L’établissement compte 1200 élèves du pré-scolaire à
l’université. Ici, discipline, rigueur et uniforme font partie du quotidien des élèves.
Ma mission consiste à donner des cours de sciences administratives aux élèves de 4ème année de l’Université
Notre Dame d’Haïti. J’accompagne aussi les élèves de 1ère, 2ème et 3ème année à la
bibliothèque paroissiale pour leur donner le goût de la lecture par diverses activités
que je crée au fur et mesure des semaines. Tout est nouveau pour moi. Mais j’ai vite
compris que je ne pourrai avancer sans deux mots essentiels : patience et adaptation !
Pas d’électricité ? qu’à cela ne tienne, nous feront cours à l’extérieur. Pas de matériel
pour réaliser telle ou telle tâche ? vite, il me faut faire appel à ma créativité pour
dispenser le cours quoi qu’il arrive…et chaque fois c’est une réussite. Faire des
miracles avec très peu, voilà ce que le Seigneur me demande. Je réalise aussi combien
à travers l’être que je suis, la Sagesse m’a largement pourvue « d’instruments internes » pour effectuer mon
travail et ce, bien loin de toutes les nouvelles technologies que nous possédons en France…
Quand vient l’heure de passer à table, c’est toujours avec joie que je découvre les typicités du pays : calalou,
arbre véritable, chadèque, pisquette, arbre à pin, sirique, mangue, avocat, canne á sucre, riz, patates
douces…mes papilles apprécient et en redemandent. Certaines saveurs m’étaient jusque là inconnues.
Moi qui suis plutôt habituée à la fraîcheur de l’hiver français. J’ai peine à croire que nous entrons dans le temps
de l’Avent car le thermomètre affiche des températures particulièrement élevées à cette saison. Ici pas d’arbres
de Noël ou de lumières qui scintillent dans la devanture des magasins, pas non plus de supermarchés où
regorgent des milliers de jouets. En revanche, Noël gardera son sens premier : la venue de l’Emmanuel, le plus
beau des cadeaux que nous puissions recevoir. Les nombreuses chorales paroissiales répètent depuis quelques
temps déjà les chants qui nous guideront au cours de la messe de Noël qui j’en suis certaine apportera joie et
paix dans un pays qui en a tant besoin.
Sœur Christine Pichery (Fille de la Sagesse)