philippe mayaux le destin des fantômes

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philippe mayaux le destin des fantômes
6, rue Jacques Callot
75006 Paris
t +33 1 53 10 85 68
f +33 1 53 10 89 72
[email protected]
www.loevenbruck.com
PHILIPPE MAYAUX
LE DESTIN DES FANTÔMES
16.03.2012 - 28.04.2012
Vernissage le jeudi 15 mars 2012, à partir de 18h.
Lecteur du naturaliste Magritte dans sa jeunesse, Félix Archimède Mayaux entame des études de droit qui bifurquent, semble-t-il, en sciences anatomiques. Il faut savoir que la soupape
établie au col du trou de chute était de caoutchouc mince, ce qui n’exclut pas, pour lui, d’avoir à
cœur de résoudre audacieusement, à sa manière, un véritable problème de philosophie politique appliquée. En général, c’est en tronçonnant qu’on y arrive d’ailleurs. Le monde actuel est si
finement découpé qu’on peut aisément, outre se faufiler au travers avec plaisir, l’embrocher ici
ou là en lamelles et fibrilles, ce qui fait la joie des scientifiques que nous sommes, chacun dans
son labo et à notre échelle de recherche.
Ainsi, le jour idoine de la soutenance, ledit Félix Archimède en question trompeta, au mp3, en
effet dans une baudruche blanchie. Cette paraffine copieusement étalée sur divers organes
qui avaient eu la délicatesse de se laisser modeler/mouler, mus par leur élan physiognomonique, suscita d’abord le doute, reconnaissons-le, des divers membres réunis du jury, leurs visages légèrement crispés. Chacun soclé dans son attitude prédicative, dictatoriale, professorale
ou mercantile, s’écoutait sereinement parler en boucle tel un disque d’admiration sataniste.
Puis comprenant rapidement que manu militari intuitu ils risquaient fort, en tant que molécules
prébiotiques dans l’océan sans vie, de se retrouver recomposés aussi sec, ces idéaux-types
optèrent pour une métamorphose unicellulaire primitive, donnant raison à certaines prémisses du raisonnement maïeuticien. Philippe Mayaux apporte sa pierre de touche renouvelée,
mais en vrai silicone, à la vieillissime théorie obsolète - et par là bien utile - de la génération
spontanée.
En effet, les petits animaux artistiques, on le sait, naissent d’un tas de chiffons, de l’air ambiant
extérieur et les feuilles de l’arbre tombent au sol, se transforment en oiseaux, de même qu’elles
accouchent au fil de l’eau des poissons ou des idoles, lesquels sont amphibies et flottent aussi,
quand ce ne sont pas les asticots qui sortent joliment d’un morceau de viande appétissant,
d’un foie de veau trop rosé. Les microbes font levure et l’expérimentateur a plaisir à tripoter
ses hypothèses internes, conscientes et très conscientes, rendant bien pénible le travail de
qui voudra alors par la suite les reproduire avec l’esprit de sérieux nécessaire à la perpétuation
scientifique dans l’âme.
Les théories et pratiques s’agglutinent et, fatalitas, ces mêmes arts majeurs miniaturisés,
peinture d’histoire mais sculptée dans le gruyère, tutti frutti aux alentours et au format Voyage
Fantastique à la Richard Fleischer en pleine Guerre Froide réenactée par le Printemps arabe
s’inversent. C’est que statistiquement ces mêmes propriétés artistiques qui ne devraient plus y
être s’incrustent, font mémoire de l’eau (dont le boom médiatique à la fin des années 80 correspond à celle d’une génération fourbissant ses armes à la Villa Arson, autre source jaillissante).
Magnifique ou néfaste baliverne dont Félix Archimède extrait et injecte à la Jurassic Park de
sa petite personne l’ambre intime dont à coup de judicieuses piqûres de moustique il nous démontre. Ainsi en va-t-il de la disputatio du fossile en art qui perdure dans nos sociétés où l’air
raréfié heureusement ne manque jamais. Est-il une escroquerie, une controverse, la dernière
encore possible, un carottage insertif et réceptif à la fois qui ferait le bonheur assuré du regardeur et de sa légitime paresse ? Est-il inclus, exclu, résonnant ? Excavé, souterrain comme une
énergie, ressurgit-il alors quoi qu’on touche, assemble, colle, ajoute ?
Tout n’est-il que trace, contact, dent de civilisation, coque d’uréthane extrudé en souvenir ou de
blister à propension cancérigène et autre phtalate comme celui qui entoure le Nutella et finit
par creuser dans la nature sa roche sédimentée ? Ici le fossile mâle s’alliant comme il se doit au
faux-cil, à l’ombre martelée du symbole, nous oblige à réexaminer la calcite de nos techniques
toujours plus heureuses de compilation et intrusion. Le germe rance était bien là, mais ne fait-il
pas poison aussi ? Et Mayaux de nous contraindre à contempler le lombric priapulien dans la
pomme à générescence surréaliste tout en parvenant à dégager la pulpe de la peau de banane
sans en avaler le pépin. Ni problème ni scrupule, car l’art, quelle que soit la brièveté des liaisons
qu’il fricote, retient dans ses réseaux ordonnés de molécules une nanoseconde de fraction,
tandis que, merveilleusement étranges, ses objets durent, durent, durent (ou bien mous, mous,
mous).
JM. Ecrivain.
Contact presse :
Alexandra Schillinger, [email protected], t 01 82 28 38 22,
assistée de Clio Lavau, [email protected]
Horaires de la galerie : Mar - Sam, 11h-19h et sur rendez-vous
6, rue Jacques Callot
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PHILIPPE MAYAUX
LE DESTIN DES FANTÔMES
16.03.2012 - 28.04.2012
Private view Thursday 15 March 2012, 6-10 pm
A reader of the naturalist Magritte in his youth, Félix Archimède Mayaux took up the study of
law, which seems to have bifurcated into anatomical science. It is important to understand
that the valve installed “at the neck of the pit’s mouth” was made of thin rubber, which did not
prevent a desire on his part to audaciously and idiosyncratically solve a genuine problem of
applied political philosophy. Generally speaking, this is something people achieve by chopping things into segments. Today’s world is so thinly sliced that, not only can one slip through
it at will but one can also skewer it here or there in slivers and fibrils, much to the pleasure of
the scientists that we all are, each in our own laboratory and at our own level of research.
Thus, on the agreed day of the presentation the aforementioned Félix Archimède trumpeted,
MP3-wise, in a blanched balloon. This paraffin, spread copiously over various organs which
had had the delicacy to let themselves be modelled/moulded (moved as they were by their
physiognomic élan), at first met with doubt, it must be admitted, on the part of the various
jury members, wearing somewhat tense expressions. Pedestalled on his preachy, dictatorial,
professorial or mercantile position, each harked serenely to the loop of his spiel, like a Satanist hosanna-machine. Then, suddenly realising that, as pre-biotic molecules in the lifeless
ocean, they ran a serious risk of being abruptly recomposed, manu militari intuitu, these types/ideals opted for a primitive unicellular metamorphosis, thereby justifying certain premises of maieutic reasoning. Philippe Mayaux contributes his own renewed touchstone, but in
real silicone, to the obsolete and hoary – and therefore very useful – theory of spontaneous
generation.
Indeed, small artistic animals are, as we know, born from a pile of rags, from the ambient
air outside, and leaves fall to the ground from the trees, turning into birds, just as in water
they give birth to fish or idols, which are amphibians and also float, when they are not worms
wriggling prettily from an appetising piece of meat, an excessively pink calf’s liver. The microbes serve as the yeast and the experimenter enjoys fiddling with his internal hypotheses,
conscious and very conscious, making it a stiff task for anyone who may later want to reproduce them with the seriousness needed for dyed-in-the-wool perpetuation of the scientific.
Theories and practices accrete and adhere and, oh fatalitas, these same miniaturised major
arts – history painting sculpted from gruyere, nearby a tutti frutti in the format of the Richard
Fleischer’s Cold War opus Fantastic Voyage re-enacted by the Arab Spring – become all inverted. The point being that statistically these same artistic properties that should no longer
be there bed still themselves in, like the memory of water (whose media moment of fame in
the 1980s coincides with a new generation limbering up for battle at the Villa Arson – another
surging source). Félix Archimède extracts and injects the intimate amber of this magnificent
or ill-fated piece of twaddle in the Jurassic Park of his own little person, proving its point by
dint of judicious mosquito bites. This is how it goes with the disputatio of the artistic fossil
which soldiers on in our societies, where happily there is never any shortage of rarefied air. Is
it a swindle, a controversy, the last one still possible, an insertive and receptive deep sample
that would be sure to gladden the viewer and his legitimate laziness? Is it included, excluded,
resonant? Excavated, underground like an energy, does it well up again, whatever one touches, assembles, sticks or adds?
Is not everything mere trace, contact, tooth of civilisation – a shape-memory shell of extruded
urethane or a carcinogenic blister pack or some other phtalate like the one surrounding Nutella that in the end digs into nature’s sedimentary rock? Here, the male fossil in apt alliance
with the faux shill, with the hammered shadow of the symbol, forces us to re-examine the
calcite of our ever more felicitous technologies of compilation and intrusion. The rancid germ
was definitely there, but is it not also a poison? Mayaux forces us to contemplate the priapulid
worm in the apple of surrealist generescence while managing to slip the banana pulp from
the skin but not swallow the pip. No problems or scruples here, for art, however brief the links
it liaises with, holds within its molecule-ordered webs a nanosecond of a fraction, whereas,
marvellously strange, its objects are set hard, hard, hard (or soft, soft, soft).
JM. Writer.
Press contact :
Alexandra Schillinger, [email protected], t 01 82 28 38 22,
assisted by Clio Lavau, [email protected]
Opening hours : Tues-Sat, 11 a.m. - 7 p.m. and by appointment