l`insertion socioprofessionnelle

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L’INSERTION SOCIOPROFESSIONNELLE :
VERS UNE COMPRÉHENSION DYNAMIQUE
DE CE QU’EN PENSENT LES JEUNES1
Geneviève FOURNIER
Centre de recherche interuniversitaire sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT-Laval)
Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval
Le but du présent article est de présenter brièvement les fondements théoriques qui nous ont
amenés à privilégier l’exploration des croyances de contrôle comme outil d’aide à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes de 16 à 25 ans. Il est également de rendre compte sommairement des
résultats de la recherche effectuée auprès de 73 jeunes adultes en difficulté d’insertion socioprofessionnelle. Cette recherche visait à mieux comprendre le point de vue des jeunes en regard des
différents déterminants de leur insertion socioprofessionnelle. Pour procéder à l’analyse et au
regroupement de ces différents points de vue, nous avons utilisé le lieu de contrôle, concept qui
nous est apparu particulièrement signifiant pour l’analyse d’une situation dans laquelle plusieurs
jeunes adultes se sentent relativement impuissants. L’analyse des résultats a permis de découvrir
suffisamment de nuances pour permettre l’élaboration d’une typologie des croyances comprenant
cinq catégories distinctes du locus de contrôle.
Le but du présent article est de présenter brièvement les fondements théoriques qui nous ont
amenés à privilégier l’exploration des croyances de contrôle comme outil d'aide à l’insertion
socioprofessionnelle des jeunes de 16 à 25 ans. Il est également de rendre compte sommairement des résultats de la recherche2 effectuée auprès de 73 jeunes adultes en difficulté d'insertion socioprofessionnelle. Cette recherche, qui a servi de point de départ à l’élaboration du programme Interagir3 et au développement de l’échelle du locus de contrôle vocationnel4, visait à
mieux comprendre le point de vue des jeunes en regard des différents déterminants de leur
insertion socioprofessionnelle. Pour procéder à l’analyse et au regroupement de ces différents
points de vue, nous avons utilisé le lieu de contrôle, concept qui nous est apparu particulièrement signifiant pour l’analyse d’une situation dans laquelle plusieurs jeunes adultes se sentent
relativement impuissants. De fait, pour bon nombre de jeunes aujourd’hui, le contexte socioprofessionnel apparaît non seulement peu favorable mais de plus, ils ne se reconnaissent que
peu ou pas de pouvoir d’action dans leurs interactions avec ce contexte.
ENTRE 16 ET 25 ANS: UNE DOUBLE TRANSITION
L’insertion socioprofessionnelle des jeunes adultes de 16 à 25 ans est une préoccupation
majeure de nos jours parce qu’à cet âge en particulier, plusieurs éprouvent des difficultés de stabilisation sur le marché du travail. Or, ces difficultés et la façon dont elles sont résolues,
s’avèrent souvent lourdes de conséquence pour l’ensemble de leur vie professionnelle. (Fournier
et Croteau,1998; Bujold, 1989; Gauthier,1996; Osipow,1996). À ce sujet, Fournier et Careau
(1991) soulignent qu’entre 16 et 25 ans, le jeune adulte utilisera tout un éventail de stratégies
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dans le but d’acquérir une indépendance financière et se montrer autonome aussi bien dans
l’organisation de sa vie en général que dans l’organisation de sa vie professionnelle.
De façon plus spécifique, c’est durant la période de transition adolescence/âge adulte que
l’individu doit élaborer un projet de vie professionnelle. Havighurst (1982) et Levinson (1978)
affirment à ce propos que la construction de son avenir professionnel constitue la tâche centrale
et organisatrice de la vie du jeune adulte de 16 à 25 ans. Ce dernier doit effectuer une double
transition, soit celle du passage de l’adolescence à l’âge adulte et celle du passage de l’école
au marché du travail, afin d’acquérir une autonomie tant affective que professionnelle. Dans
cette double transition, la réussite de l’insertion au marché de l’emploi revêt une importance
particulière. En effet, d’abord source déterminante d’autonomie financière, le travail permet
également à l’individu de trouver les marges de liberté nécessaires pour faire ses choix et
délimiter lui-même les contours de son avenir. Dans cette même foulée, c’est en acquérant une
certaine stabilité sur le marché du travail qu’il atteint le statut d’adulte et devient un citoyen à part
entière, capable de participer au développement du bien-être de la collectivité et à la société de
consommation. Effectivement, la participation à l’économie formelle, du point de vue
conservateur, est une condition préalable à l’accès à une pleine citoyenneté (Tardif, 1998).
Comme le souligne à juste titre Perret (1995), «L’argent concrétise l’autonomie sociale des
personnes, mais seul le travail a vocation de la fonder. (...) Le travail ne fait pas que légitimer
l’autonomie de l’individu dans la sphère de l’échange monétaire, il contribue aussi à la qualité de
sa participation effective à la vie sociale.» (p.43). Que le passage de l’adolescence à l’âge adulte
se fasse aujourd’hui plus tardivement qu’il y a 20 ans (Galland, 1997, Nicole-Drancourt, 1997) a
en soi peu d’importance. Il n’en demeure pas moins que cette transition s’effectue par le
passage obligé de l’exercice d’un emploi économiquement viable et de l’acquisition du statut de
travailleur. Dans cette perspective, il est important, à une période aussi cruciale de la vie de la
personne, de mobiliser ses ressources personnelles de manière à ce qu’elle se sente capable
de s’engager et de prendre en charge la réalisation de ses objectifs professionnels tout en
tenant compte des réalités contextuelles à l’intérieur desquelles ses buts doivent se réaliser.
QUELQUES DÉTERMINANTS ENVIRONNEMENTAUX DE
L’INSER TION SOCIOPROFESSIONNELLE
L’insertion socioprofessionnelle est conditionnée par un marché de l’emploi où les déceptions,
le manque d’emploi et les remises en question sont choses courantes. Elle demande un
investissement de la part des jeunes sur une très longue période. Elle n’apparaît plus comme un
moment prévisible, sans discontinuité, durant lequel les jeunes passent de la formation
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professionnelle au plein emploi. Il s’agit plutôt d’un processus au cours duquel s’insèrent la
formation, la construction d’un projet professionnel, la recherche d’emploi et de nombreuses
entrées et sorties du marché du travail.
Les conditions qui règnent sur le marché du travail subissent fortement l’influence de facteurs
issus des structures sociales, politiques et culturelles d’une société. Ces dernières années,
plusieurs auteurs ont procédé à l’analyse des facteurs qui contraignent particulièrement
l’insertion socioprofessionnelle des jeunes (Rose, 1998, 2000; Fournier et Bourassa, 2000;
Baby, 1993, 2000; Jacot, 1994; Gauthier, 2000; Galland, 1995; De Bandt, Dejours et Dubar,
1995; Castel, 1996; Paugam, 1996, 2000; Gagnon, 1996, OCDE, 1996). Tous sont d’avis que
les conditions actuelles sont peu favorables à l’intégration des jeunes sur le marché de l’emploi.
Parmi les facteurs les plus souvent évoqués, on retrouve les facteurs démographiques, c’est-àdire le nombre élevé de jeunes qui sont actuellement disponibles à l’emploi et qui se font
concurrence. Les facteurs économiques, dans la mesure où la situation économique qui prévaut
actuellement nuit à la création d’emplois stables et génère de nouvelles formes d’emplois dites
atypiques. Plus précisément, il semble que la réduction de l’offre d’emploi et du temps de travail
sont parmi les observations qui émergent le plus fréquemment des analyses de la situation du
marché du travail des dernières années, dans les sociétés industrialisées (OCDE, 1996, Rose,
2000). Conséquemment, de plus en plus de jeunes travailleurs et de travailleuses se retrouvent
dans une situation de précarité professionnelle et, bien souvent aussi, personnelle (Gauthier,
2000 ; St-Onge, 2000 ; Tessier, 2000). Les facteurs éducatifs, c’est-à-dire l’allongement de la
période des études crée chez les diplômés des attentes plus élevées et plus nombreuses à
l’égard du marché du travail. Enfin, les facteurs technologiques, c’est-à-dire l’évolution des
moyens de production requièrent une main-d’œuvre capable d’exécuter des tâches diverses et
complexes, exigeant des qualifications spécialisées ou, à l’inverse, une main-d’œuvre disposée
à faire des tâches répétitives et qui nécessitent peu ou pas de qualifications.
Les facteurs précédemment mentionnés contribuent à décrire sommairement le contexte pour
le moins difficile dans lequel les jeunes de 16 à 25 ans évoluent aujourd’hui. À l’heure actuelle,
les perspectives d’emploi pour les jeunes de 16 à 25 ans sont tellement peu encourageantes
que plusieurs d’entre eux se sentent démunis et impuissants pour faire leur place sur le marché
du travail. Ils entrevoient difficilement le moment où ils pourront réaliser leurs objectifs
professionnels et s’affranchir, de manière plus ou moins définitive, des déterminismes liés aux
changements structurels en cours sur le marché de l’emploi. Pour une proportion de plus en plus
importante d’entre eux, l’insertion socioprofessionnelle s’effectue dans un contexte de précarité
et d’incertitude qui devient une réalité et un mode de vie « obligé » (Gauthier, 2000). Les jeunes
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doivent ainsi négocier avec les incertitudes et les imprévus comme ils doivent affronter la
précarisation et la transformation des formes du travail. Cependant, il existe des disparités dans
la manière dont les jeunes composent avec ces nouvelles réalités: certains s’en sortent mieux
que d’autres et on remarque des différences individuelles indéniables dans la façon de réagir au
manque d’emploi (Cascino et Le Blanc, 1993; Cairns, Woodward, et Hashizume, 1992).
LE RÔLE DE L’INDIVIDU DANS LE PROCESSUS
D’INSER TION SOCIOPROFESSIONNELLE
L’importance des variables individuelles a souvent été soulignée comme modulateur du
cheminement professionnel des individus et, par le fait même, de leur insertion
socioprofessionnelle. Plusieurs recherches ont établi des liens étroits entre le prolongement de
la fréquentation scolaire et la capacité à intégrer le marché du travail (OCDE, 1996; Laflamme,
1996; Trottier, Perron et Diabomba, 1995). La variable sexe semble aussi jouer un rôle
modérateur dans la démarche d’insertion socioprofessionnelle. Selon Bengle (1991), à
compétences égales, les hommes ont encore plus de chances de se trouver un emploi
permanent et à temps plein que les femmes. Dans un autre ordre d’idées, les auteurs
s’accordent pour dire que les champs d’intérêt de la personne, ses aptitudes, ses motivations,
ses aspirations et ses diverses expériences de travail sont autant de variables qui entrent en jeu
au moment de l’intégration au marché du travail et qui expliquent, partiellement du moins, les
différences dans la manière de vivre cette étape de vie (Bujold, 1989; O’Brien, 1986; Osipow,
1986;. Roy, 1988). De plus, Roy (1988) soutient que l’origine sociale est un autre déterminant
individuel important qui peut affecter le déroulement de l’insertion socioprofessionnelle. Il
rappelle à ce sujet que, selon de nombreuses recherches, les jeunes provenant de milieux
favorisés éprouvent moins de difficultés dans leur démarche d’insertion socioprofessionnelle
que les jeunes issus des milieux socioéconomiquement défavorisés. Pour expliquer cet écart
dans les possibilités d’insertion, plusieurs hypothèses sont possibles. Il semble d’abord que plus
les parents occupent une situation sociale élevée, plus les jeunes risquent d’avoir accès à un
bon réseau de soutien (Monette et Fournier, 2000) et de se rendre à l’université (OCDE, 1996).
Il est possible aussi que l’absence de soutien de la famille ébranle fortement une situation déjà
précaire. Ensuite, il est plausible que les jeunes qui sont en présence de parents vivant de
nombreuses difficultés en emploi aient tendance à envisager les mêmes frustrations et
insatisfactions pour eux-mêmes. Enfin, il importe de souligner l’influence des valeurs et des
croyances qui sont véhiculées dans l’environnement familial à l’égard de l’école et du travail et
qui affectent la manière dont les jeunes abordent leur entrée sur le marché du travail.
Mentionnons notamment l’importance accordée à la réussite sociale, à l’actualisation de soi et
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à l’éducation dans les milieux mieux nantis. Ces valeurs ont possiblement pour effet de motiver
les jeunes de ces milieux à se montrer plus actifs dans la réalisation de leurs projets
professionnels5.
En somme, l’insertion socioprofessionnelle n’est pas strictement conditionnée par les
contingences du marché du travail pas plus qu’elle n’est déterminée par certaines
caractéristiques individuelles. Le processus d’insertion socioprofessionnelle est plutôt issu du
jeu d’influence des caractéristiques de l’environnement et de celles de l’individu. Cependant, audelà de la situation du marché du travail et des ressources personnelles de chacun, le jeunes
adulte qui estime avoir des possibilités de choix et d’actions, si limitées soient-elles, sur son
avenir professionnel, se trouve en meilleure position pour se mobiliser et s’investir dans sa
démarche d’insertion socioprofessionnelle. De fait, les résultats de différentes recherches
montrent que les individus n’abordent pas les événements de manière neutre et univoque (Abric,
1993). En ce qui concerne les jeunes en difficulté d’insertion socioprofessionnelle, il semble que
la représentation que plusieurs se font de leur vie au travail et de leur capacité d’y trouver
satisfaction, les amènent à anticiper de manière paralysante leurs difficultés dans la recherche
d’emploi et à renforcer des croyances qui rendent pratiquement caduques leur investissement
dans une démarche d’insertion socioprofessionnelle. Dans une perspective d’intervention, il
nous est apparu important de connaître de manière nuancée les croyances des jeunes à propos
de leur insertion socioprofessionnelle et de leurs possibilités d’en influencer le cours.
Considérant l’insertion socioprofessionnelle comme une démarche résultant de l’interaction
individu/environnement, nous avons décidé d’utiliser et d’adapter le lieu de contrôle comme
concept de base pour analyser le discours des jeunes et en dégager leurs principales croyances.
LES CROYANCES DE CONTRÔLE ET
L’INSER TION SOCIOPROFESSIONNELLE
Les croyances de contrôle individuelles permettent de distinguer les attitudes actives et
passives de l’individu par rapport à son environnement et fournissent en quelque sorte des
indices sur sa perception du degré de contrôle qu’il peut exercer sur ce qui lui arrive, sur ce qui
constitue pour lui des sources de renforcements (Fournier et Jeanrie, à paraître; Rotter,1966,
1975, 1990). Plusieurs études dont celles de Lefcourt (1976), St-Louis (1981), Spector (1982),
Chevrier et Inostra (1987), Friedrich (1988), Cabral et Salomone (1990), Taylor et Popma (1990),
Holmes et Werbel (1992) Luzzo et Ward (1995) et Haworth, Jarman et Lee (1997) ont mis en
évidence la relation étroite existant entre le lieu de contrôle et certaines variables favorisant la
réussite professionnelle.
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Une remarque s’impose toutefois ici à propos du locus de contrôle. Depuis la fin des années
1970, ce concept a suscité de nombreux débats et controverses théoriques, tant en Europe
qu’en Amérique du Nord, depuis sa création par Julian Rotter en 1966.6 Globalement, ces
débats ont porté sur le caractère dichotomique du construit et sa conceptualisation en tant que
trait de personnalité, sa générabilité dans toutes les dimensions de la vie et sa vulnérabilité aux
normes sociales et culturelles.7
Concernant le caractère dichotomique du construit et sa conceptualisation en tant que trait de
personnalité, soulignons qu’à l’instar de nombreux auteurs (Rotter, 1975, 1990; Marks, 1998;
Shapiro, Schwartz et Astin, 1996; Lefcourt, 1991; Finch, Shanahan, Mortimer et Ryu,1991;
Strickland, 1989), nous supportons la thèse que le locus de contrôle n’est pas un trait stable de
la personnalité qui distingue les individus dans leur capacité d’ajustement. À ce propos, Rotter
(1975, 1990) rappelle l’importance de ne pas considérer le lieu de contrôle (LOC) des
renforcements comme un trait individuel stable ou un type et souligne l’importance de
comprendre et d’interpréter les résultats liés au LOC à partir de la perspective des théories plus
larges de l’apprentissage social. Rotter insiste sur les dangers d’une conceptualisation et d’une
interprétation sur simplifiées de l’internalité et de l’externalité qui laissent entendre que les
comportements d’une personne interne ne peuvent être liés qu’à des éléments positifs et
souhaitables (good guy) et ceux d’une personne externe, qu’à des éléments négatifs et non
désirables (bad guy). Cette manière d’opposer les deux groupes (perspective différentialiste),
sur la base de caractéristiques individuelles présumément bonnes ou mauvaises, a sans doute
été amplifiée par l’idéologie dominante américaine où les notions de pouvoir, d’autonomie et
d’indépendance sont nettement valorisées (Marks, 1998; Fink et Hjelle, 1973; Mirels et Garrett,
1971). Cette polarisation des groupes restreint la possibilité de croyances simultanées en des
sources internes et externes de renforcement de même qu’elle confère une valeur
intrinsèquement négative à toutes croyances en un contrôle externe. Cette conceptualisation,
croyons-nous, surestime l’internalité au détriment de l’externalité et accorde un poids excessif à
l’acteur dans l’explication de ses comportements par rapport aux circonstances et au contexte.
Dans cette foulée et à l’instar également d’un bon nombre d’auteurs, nous nous opposons à
l’idée que les croyances en un contrôle externe sont en soi négatives, inappropriées et encore
moins fausses (Wong et Spoule, 1984; Marks, 1998; Fournier et Jeanrie, 1999). Ainsi, toute
situation peut s’expliquer par le jeu d’influence de sources externes et internes dont l’effet
potentiel et conjugué varie d’une situation à l’autre. Sous cet angle, se reconnaître comme le
seul acteur causal de ce qui arrive est tout aussi inapproprié et renvoie à la notion d’omnipotence
tout comme se reconnaître comme entièrement dépendant du hasard ou des facteurs de
contingence s’associe à l’impuissance et à l’aliénation.
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Quant à la «générabilité» du construit dans toutes les sphères de vie, plusieurs chercheurs se
sont prononcés en faveur du développement d’échelles de croyances de contrôle liées à des
domaines plus spécifiques (domain-specific scales) et par le fait même au bien-fondé de
reconnaître le caractère situationnel du locus de contrôle (Lefcourt, 1991; Mischel and Mischel,
1979; Paulhus, 1983; Spector, 1992; Thompson et Spacapan, 1991). Comme l’a affirmé Marks
(1998), les croyances de contrôle chez un même individu peuvent différer selon le domaine de
vie, selon le contexte particulier dans lequel il se trouve tout comme elles peuvent se modifier
en fonction des expériences qu’il sera amené à vivre tout au long de son développement. Par
exemple, un individu peut entretenir des croyances de contrôle plutôt internes dans la gestion
de sa vie quotidienne tout en entretenant des croyances davantage externes dans sa vie
professionnelle. De la même manière, un individu de 16 ans peut entretenir des croyances de
contrôle externes en regard de sa réussite professionnelle et ce même individu, à 30 ans,
pourrait entretenir des croyances de contrôle internes vis-à-vis sa réussite dans ce domaine de
vie. Ainsi, à l’instar de ces auteurs, nous supportons la thèse que les croyances de contrôle
internes et externes varient très souvent chez un même individu selon les sphères de vie
spécifiques, selon ses diverses expériences et selon son contexte de vie. Elles commencent à
se développer très tôt dans l’enfance et elles sont influencées par les valeurs véhiculées dans
les milieux familial, social et culturel.
Finalement, la vulnérabilité du locus de contrôle aux normes sociales et culturelles a maintes fois
été rapportée dans les recherches empiriques. Plusieurs études ont mis en évidence que
l’internalité ou l’externalité étaient directement influencées par le contexte social, politique,
culturel et économique de l’individu. Selon Marks (1998), les croyances en un contrôle interne
et externe varient grandement selon les pays et ce sont principalement les facteurs culturels qui
expliquent cette diversité des résultats. Ainsi, dans les cultures où l’on favorise fortement la
réussite personnelle comme les États-Unis et plusieurs pays occidentaux, les individus
obtiennent généralement des scores élevés d’internalité (Smith, Trompenaars et Dugan ,1995).
Par exemple, Lefcourt (1982) a observé que les Afro-américains, les Latino-américains et les
Amérindiens obtenaient des scores d’externalité plus élevés que les Américains de souche. De
la même manière, Wenzel (1993) a mis en évidence que les noirs américains croyaient
significativement plus au rôle de la chance sur les événements de leur vie que les blancs
américains. Une autre étude, menée par Jensen, Olsen et Hughes (1990) dans neuf pays
d’Europe, a clairement mis en évidence que le pays d’origine a un impact plus grand sur les
résultats aux mesures du LOC que le sexe, la classe sociale ou le cycle de vie de la personne.
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D’autres auteurs rapportent des différences dans les scores d’internalité/externalité entre les
gens de culture dites individualistes et ceux des cultures dites collectivistes (Chia, Cheng et
Chuang, 1998; Markus et Kitayama, 1991 ; Weisz, Rothbaum et Blackburn, 1984). Par exemple,
on a observé des différences importantes de croyances de contrôle entre les individus
appartenant à la culture chinoise et américaine, les premiers obtenant des scores d’externalité
plus élevés (Wong, et Piran, 1995). Les auteurs font remarquer que, dans la culture traditionnelle
chinoise, le succès est notamment associé à la chance et une place importante est accordée à
la conformité aux traditions familiales, au groupe et aux rôles sociaux. De plus, l’affirmation de
soi est perçue négativement et est associée à la compétition et à l’agressivité, deux attitudes
proscrites dans la culture chinoise. Toutes ces valeurs sont à l’opposé de la culture occidentale
qui privilégie davantage l’unicité de l’individu, son indépendance, son affirmation personnelle et
sa confiance en soi.
On pourrait citer tout autant d’études nord-américaines qui ont permis d’établir des liens
significatifs entre l’externalité et l’appartenance à un groupe minoritaire ou
socioéconomiquement moins avantagé (Gurin, Gurin et Morrison, 1978; Levenson, 1981;
Wenzel, 1993; Fink et Hjelle (1973), Mirels et Garret (1971) Nowicki et Duke (1983) Young et
Shorr 1986; Lachman et Weaver, 1998). Toutes ces études arrivent aux mêmes conclusions:
plus la personne a un niveau d’éducation élevé et appartient à une classe socioéconomiquement
favorisée, plus elle obtient des scores élevés d’internalité. À l’inverse, moins elle est scolarisée
et plus elle appartient à une classe sociale socioéconomiquement défavorisée, plus elle
entretient des croyances de contrôle externes. Ces liens significatifs témoignent, comme le
proposent Gurin et coll. (1978), Lefcourt (1992), Marks (1998) et Lachman et Weaver (1998),
de l’influence des opportunités réellement accessibles ou non à l’individu sur le développement
de ses croyances de contrôle. Elles témoignent aussi de l’impact d’expériences d’exclusion ou
de discrimination sociale bien réelles sur le développement de ces croyances et traduisent bien
souvent une perception juste d’un environnement hostile sur lequel certains individus ont appris,
souvent dans l’enfance, à n’avoir que très peu de pouvoir.
Considérant le caractère prépondérant des croyances de contrôle sur la façon dont l’individu
appréhende les événements et y fait face, nous avons voulu préciser dans notre recherche
quelles sont les croyances des jeunes qui manifestent un lieu de contrôle plutôt externe vis-àvis leur insertion socioprofessionnelle et celles qui expriment davantage de possibilités
d’influencer le cours des événements et qui traduisent davantage un lieu de contrôle interne. De
fait, en matière d’intervention et en accord avec les théories de l’apprentissage social, pour que
l’individu se mobilise pour atteindre un renforcement, ici, l’insertion socioprofessionnelle, deux
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conditions sont essentielles. Il faut d’une part que l’insertion socioprofessionnelle ait une
signification positive pour la personne et, d’autre part, qu’elle estime qu’il existe un lien (plus ou
moins fort) entre les actions qu’elle entreprendra et l’atteinte de ce gain. Si l’insertion
socioprofessionnelle n’a pas de sens pour la personne et n’a pas en soi de valeur positive ou
encore si la personne juge que peu importe ce qu’elle fera, ses probabilités de s’insérer
demeurent les mêmes, l’intervention offerte risque de demeurer plus ou moins stérile. Elle
pourrait même amener la personne à adhérer à un système de croyances qui n’est pas le sien
ou encore à lui apprendre à exprimer, de manière désincarnée, des croyances socialement
désirables (ex. croyances de prescription). Ce type d’intervention serait en contradiction avec
les objectifs d’autonomie et de réappropriation d’un pouvoir d’action sur sa vie professionnelle
de même qu’il serait en contradiction avec les fondements mêmes du LOC.
La façon dont nous abordons l’étude du lieu de contrôle par le biais des croyances individuelles
supporte la thèse de l’existence d’une relation dynamique étroite entre les croyances d’une
personne, ses attitudes et ses comportements. Elle réfute du même coup l’hypothèse de
l’exclusivité de la dimension cognitive de la notion de croyance et renvoie davantage à la
définition tridimensionnelle que nous propose Rokeach (1980). Ce dernier reconnaît trois
composantes principales à la croyance, soit les composantes cognitive, affective et
comportementale.
Enfin, pour ajouter à notre propos, nous présentons ici cinq propriétés ou fonctions de la
croyance, clairement identifiées dans la documentation scientifique, qui mettent en évidence le
lien étroit existant entre les croyances d’une personne, ses attitudes et sa façon de réagir aux
événements. Premièrement, il existe chez l’individu des croyances centrales qui sont reliées
à d’autres ensembles de croyances et des croyances plus périphériques qui sont généralement
plus isolées c’est-à-dire peu reliées à d’autres croyances. Deuxièmement, plus une croyance
est centrale pour la personne plus cette croyance a tendance à résister au changement. En
contrepartie, une croyance centrale qui aura été modifiée générera des changements majeurs au
niveau des attitudes de la personne. Troisièmement, les croyances d’une personne semblent
devoir se fonder principalement soit sur la crédibilité que cette personne accorde à ses propres
expériences soit sur la crédibilité qu’elle accorde à une autorité externe (le discours social, par
exemple). Quatrièmement, un ensemble de croyances entretenues à l’égard d’un objet ou
d’une situation amène l’individu à adopter une attitude spécifique à l’égard de cet objet ou de
cette situation. Et cinquièmement, les croyances constituent un des aspects dynamiques de
la motivation humaine et, dans ce sens, jouent un rôle majeur dans l’expression des attitudes et
dans l’organisation des comportements.
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En somme, l’attitude d’un individu envers son orientation et son insertion socioprofessionnelle
est affectée par ses croyances personnelles à propos de cette orientation ou de cette insertion
socioprofessionnelle. Si les croyances associent l’objet à un attribut défavorable, l’attitude
risque alors d’être empreinte d’appréhensions et de sentiments d’impuissance; si elles associent
l’objet à un attribut favorable, l’attitude a plus de chances d’être confiante et assurée.
DÉMARCHE EXPÉRIMENTALE
Le cœur de la démarche expérimentale a consisté à analyser les principales croyances d’un
groupe de 73 jeunes en difficulté sur le plan de l’emploi concernant le processus d’insertion
socioprofessionnelle. Pour ce faire, nous avons construit et expérimenté un protocole
d’entrevues de questions semi-ouvertes. À la lumière des écrits théoriques pertinents portant
notamment sur l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, sur leurs tâches développementales,
sur le lieu de contrôle ainsi que sur les concepts de croyances et d’attitudes, nous avons identifié
sept thèmes les plus souvent associés à l’insertion socioprofessionnelle. Il s’agit de la
connaissance de soi, la prise de décision, la conception du travail, le projet professionnel,
l’environnement social, l’école et le marché du travail.
PROCÉDURE D’ANALYSE DU QUESTIONNAIRE
L’analyse de contenu s’inspire des propositions de Bardin (1986) et a suivi les étapes
suivantes:1) transcription en énoncés du matériel recueilli (codage); 2) classification des
énoncés; 3) interprétation des classes et élaboration d’une typologie et 4) validation de la
typologie. Nous présentons ici très succinctement les quatre étapes de l’analyse de contenu.
Étape 1: codage
La première étape a consisté en la transcription des données brutes, c’est-à-dire les réponses
fournies spontanément par les sujets lors de la cueillette de données en énoncés standardisés
afin de permettre leur comparaison et leur regroupement. La transcription des réponses a permis
de colliger quelques 2700 énoncés standardisés.
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Étape 2: Classification
Pour accomplir cette étape, trois tâches principales ont été effectuées
a) Analyse et regroupement par question:
Le but de cette tâche est d’identifier les phrases-clés, plus générales et plus abstraites, pouvant
remplacer plusieurs des énoncés standardisés. En moyenne, cinq énoncés standardisés par
question ont été rejetés du regroupement.
b) Analyse et regroupement par thème:
À partir des 180 énoncés génériques obtenus à la tâche précédente, nous avons constitué des
domaines sémantiques pouvant rendre compte de l’interdépendance entre les énoncés
génériques. Tout comme le suggère Bardin (1986), nous avons considéré comme ayant la même
signification sémantique les énoncés génériques qui sont paradigmatiquement proches les uns
des autres et qui partagent des dépendances fonctionnelles identiques. En tout, 94 énoncés
thématiques ont été formés, autant de domaines sémantiques qui reflètent l’ensemble de
croyances entretenues à l’égard des différents thèmes liés au processus d’insertion
socioprofessionnelle.
c) Analyse et classification des énoncés thématiques:
L’essentiel de cette tâche est d’ordonner les énoncés thématiques selon leur type. Cette tâche
a été réalisée à partir des critères suivants8: 1) niveau de conceptualisation: stratégies utilisées
pour organiser l’information disponible dans le milieu; 2) niveau d’individualisation: perspectives
à partir desquelles soi et les autres sont envisagées; 3) niveau d’activation: moyens envisagés
pour agir dans le milieu; 4) niveau de responsabilisation: capacité à assumer les conséquences
d’une action et; 5) temporalité: capacité à planifier et à anticiper des situations. Trois juges
indépendants ont eu pour tâche de classer l’ensemble des énoncés thématiques sur une échelle
Likert, allant de 1(plus externe) à 5 (plus interne), représentant le continuum du lieu de contrôle.
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Étape 3: Interprétation
Les deux premières étapes de l’analyse ont permis de classer l’ensemble des informations
recueillies en cinq classes de croyances. A l’étape d’interprétation, il a s’agi d’identifier les
caractéristiques de chacune d’entre elles, de définir un style de raisonnement qui leur est
typique, en d’autres mots, d’interpréter et de donner un sens aux résultats obtenus. L’analyse
des énoncés thématiques a permis à trois juges, par consensus, de délimiter la structure de
base et d’identifier les composantes essentielles des différents types de croyances observés.
Étape 4 : Validation
La corrélation de Pearson(r) a permis d’établir le taux de concordance entre l’évaluation réalisée
par les trois juges et les niveaux préalablement établis qui ont permis l’élaboration de la
typologie. Le taux moyen de cette relation égale 0,72.
Afin de permettre une certaine «objectivité» de la typologie, trois juges indépendants, n’ayant
jamais participé à la recherche, ont reçu la tâche de classer en fonction des cinq types de
croyances un échantillon de 20 énoncés thématiques choisis au hasard et placés aléatoirement
afin d’éviter toute systématisation. Le taux élevé d’accord inter/juge obtenu lors de cette
procédure permet de croire à la validité des interprétations réalisées et indique que la typologie
ainsi élaborée représente bien l’ensemble des croyances de contrôle des jeunes de notre
échantillon et qu’elle caractérise différents types d’appréhension de leur réalité
socioprofessionnelle.
TYPOLOGIE DES CROYANCES: VERSION PRÉLIMINAIRE
Nous présentons pour terminer une brève définition des cinq types de croyances que nous
suggèrent à cette étape-ci de notre travail nos résultats de recherche. Ces résultats sont
préliminaires et partiels et veulent surtout fournir un aperçu général de l’état actuel de nos
travaux. Il faut préciser que la plupart des jeunes entretiennent simultanément des croyances
appartenant aux 5 types présentés ci-dessous (croyances de contrôle externes et internes). Ces
types de croyances ne doivent pas être confondus avec des types d’individus.
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TYPE 1: Croyances défaitistes
Selon ce premier type de croyances, la réalité s’impose à soi et aliène toute liberté individuelle.
L’action paraît impossible et les buts fixés semblent irréalisables. En fait, l’environnement est
perçu comme étant hostile à l’individu. La responsabilité individuelle est ici occultée puisque seul
le destin dicte la route à suivre. En présence de difficultés d’insertion socioprofessionnelle, le
blâme est jeté exclusivement sur les structures sociales, les institutions et, bouc émissaire par
excellence, l’autorité. Aucune action pour se trouver un emploi n’est envisagée dans l’immédiat
et très peu ou pas d’espoir n’est entretenu pour l’avenir.
Exemple: « La réussite professionnelle est prédéterminée et dépend de facteurs innés. Elle
dépasse la volonté de la personne. »
TYPE 2: Croyances de dépendance
Pour ce type de croyances, les normes extérieures à l’individu servent à conceptualiser la
réalité. La relation de dépendance entretenue entre soi et le milieu structure et guide l’action et
enlève une grande part de responsabilité individuelle. L’autorité s’impose comme modèle dans
les démarches et dans les prises de décision. L’information disponible est perçue comme une
réalité absolue et n’est aucunement évaluée, contextualisée ou remise en question. Dans une
telle perspective, seule l’incertitude du marché de l’emploi permet d’expliquer les difficultés
d’insertion socioprofessionnelle. La connaissance de soi est accessoire dans la démarche
d’insertion socioprofessionnelle et l’investissement personnel, inutile. En d’autres termes, la
réussite personnelle est perçue comme dépendante de la chance et du hasard et dans ce
contexte, la construction d’un projet professionnel est vide de sens.
Exemple: « Me trouver un emploi dépend uniquement de la chance et du hasard. Il est inutile
de faire des choix . »
TYPE 3: Croyances de prescription
Avec ce troisième type de croyances, la conception du marché de l’emploi et du rôle qu’y joue
l’individu commence à se diversifier. Cependant, les référents demeurent instrumentaux et
extérieurs à soi. Bien qu’un éventail de possibilités d’action soit envisagé, l’individu se trouve
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plutôt démuni face un choix. Il est ambivalent quant à la responsabilité de ses actions et s’en
remet aux conventions et aux prescriptions sociales pour prendre une décision importante. En
somme, peu de pouvoir personnel encore est reconnu à l’individu.
Exemple: « Seules les opinions des personnes ayant un statut d’autorité sont importantes
lorsque vient le temps de prendre une décision. »
TYPE 4:
Croyances d’auto-responsabilisation
Avec le quatrième type de croyances, le travail et le marché de l’emploi sont envisagés dans une
perspective plus globale. Devant l’éventail de possibilités qu’offre le milieu, l’impact des efforts
personnels pour réussir son insertion socioprofessionnelle est reconnu. La personne envisage
la possibilité de retirer de la satisfaction de ses activités professionnelles si elle y consacre
suffisamment de temps et d’énergie. Elle se sent responsable de ce qui lui arrive (bon ou
mauvais) au risque parfois de ne pas reconnaître suffisamment les impacts possibles de la
chance ou du hasard dans le déroulement de sa vie. En fait, la plupart des événements sont
interprétés et jugés essentiellement en fonction de soi et ce, parfois au détriment de la
reconnaissance de l’effet de certains facteurs environnementaux ou de certains imprévus. Il
importe par ailleurs de souligner, tel que rapporté précédemment, qu’une adhésion trop univoque
à cette catégorie de croyances peut mener à des comportements de « sur-responsabilisation»
c’est-à-dire à la tendance à interpréter les événements essentiellement en fonction de soi et ce,
au détriment de la reconnaissance de l’effet de la chance, du hasard et/ou de certains facteurs
environnementaux sur le déroulement de sa vie.
Exemple: « Ma réussite en emploi dépend principalement des efforts que je fais pour compléter
ma formation et pour avoir une bonne expérience professionnelle»
TYPE 5:
Croyances pro-actives
Avec le cinquième type de croyances, le travail et le marché de l’emploi sont envisagés dans leur
contexte et de façon plus complexe. Les aspects individuels et les facteurs environnementaux
servent à interpréter les événements et à exprimer la réalité. L’individu considère l’impact de ses
efforts personnels non plus comme un absolu mais davantage en tant que possibilité d’action sur un
milieu toujours changeant et offrant diverses opportunités. En fait, le sujet se trouve en mesure de
mettre les faits en relation. Il est en mesure d’établir un projet professionnel à plus long terme,
accepte de différer les gratifications possibles et envisage des stratégies afin d’atteindre ses buts.
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Exemple: « Ma réussite professionnelle dépend de mes efforts et des réalités plus ou moins
contraignantes du marché du travail. »
CONCLUSION
Le but de la recherche était de mieux connaître les croyances de contrôle de jeunes en difficulté
d’insertion socioprofessionnelle et de développer une intervention qui colle à leur réalité et leur
permet de développer un certain pouvoir d’action dans cette situation. En procédant à l’analyse
du discours des jeunes, il est apparu évident, comme le proposent plusieurs auteurs, que la
diversité des croyances exprimées pouvait difficilement s’inscrire dans une perspective
purement dichotomique «d’internalité / externalité». Effectivement, l’analyse qualitative a permis
de découvrir suffisamment de nuances dans le discours des jeunes pour permettre l’élaboration
d’une typologie des croyances comprenant cinq catégories distinctes du LOC. Lorsque ces cinq
catégories de croyances sont comparées entre elles, la représentation de lieu de contrôle
marque une progression selon laquelle, au point de départ, la réalité qu’impose l’extérieur et qui
aliène l’action et la responsabilisation, se diversifie au fur et à mesure que la perception de
contrôle s’intériorise, offrant ainsi un plus grand nombre d’opportunités et une plus grande
temporalité d’action aux individus. Les croyances les plus externes, les croyances défaitistes
(l’individu est déterminé par le contexte ou les autres), se situent à une extrémité du continuum
et les croyances les plus internes, les croyances pro-actives (l’individu reconnaît à la fois l’impact
de ses efforts personnels et des contingences environnementales sur les événements de sa
vie), sont à l’autre extrémité. Trois autres catégories de croyances s’insèrent entre ces deux
pôles : les croyances de dépendance (l’individu est déterminé par la chance et le hasard), les
croyances de prescription (l’individu est déterminé par les prescriptions et les normes sociales)
et les croyances d’auto-responsabilisation (l’individu reconnaît une contingence étroite entre ses
actions et les résultats qu’il obtient). Toutefois, l’examen attentif de chacune des cinq catégories
de croyances amène à observer que la catégorie des croyances d’auto-responsabilisation pose
un certain problème d’ordre conceptuel. Globalement, ce niveau du LOC vocationnel implique
que l’individu croit qu’à la suite de ses efforts personnels, il aura davantage de probabilité de
s’insérer socioprofessionnellement. Or, si cette catégorie de croyances peut permettre
l’engagement de l’individu vis-à-vis son projet socioprofessionnel, le fait de n’entretenir que ce
type de croyances peut aussi l’amener à se culpabiliser et à se blâmer notamment dans la
mesure où il ne se perçoit pas capable d’une action efficace. En d’autres mots, on a beau se
sentir responsable de son avenir, encore faut-il reconnaître les limites de son seul pouvoir
personnel afin d’atteindre le but visé. Cette nuance apparaît d’autant plus pertinente qu’une des
critiques qui a longtemps été formulée à l’égard du LOC est à l’effet que la mise en valeur de la
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norme d’internalité, responsabilise à outrance le sujet en regard des événements qui lui arrivent.
C’est un peu comme si la «responsabilité» d’un événement - ici la difficulté de s’insérer
socioprofessionnellement - devait être attribuée soit au sujet (LOC interne), soit à
l’environnement (LOC externe). Cette façon de voir, de dépendre de soi ou de l’environnement,
laisse peu de place à une analyse qui privilégierait la notion de «co-responsabilité» pour
comprendre les événements qui surviennent dans la vie de l’individu. Cette notion de «coresponsabilité», suggérée ici par la cinquième catégorie de croyances, a servi de fondement à
l’élaboration du programme Interagir. De fait, comme il a déjà été souligné, il ne suffit pas aux
jeunes en quête d’un travail de connaître les conditions et les règles du marché de l’emploi; les
conditions actuelles ont vite fait de les décourager et de les rendre déficitaires au plan de la
motivation s’ils ne se reconnaissent aucun pouvoir d’action sur leur cheminement de vie, leur
orientation et leur démarche d’insertion socioprofessionnelle. Il ne suffit pas non plus de bien se
connaître ou de le vouloir vraiment pour s’intégrer au marché du travail. Le désir et la volonté
individuelle n’ont d’impact que s’ils se situent dans l’interaction avec le contexte plus large dans
lequel ils peuvent s’actualiser. En somme, la surdétermination individuelle conduit plus souvent
qu’autrement au dénigrement de soi, la surdétermination environnementale, à la disqualification
du sujet. Le pouvoir d’action de l’individu se situe plutôt dans l’interaction.
Geneviève Fournier est professeure titulaire au département des fondements et pratiques en éducation de l’université Laval et directrice du Centre de recherche interuniversitaire sur l’éducation et la vie au travail, section Laval. Ses
recherches actuelles portent principalement sur l’intégration sociale et professionnelle de groupes de travailleurs précaires, sur les effets de la précarité d’emploi sur les conditions de vie personnelle, familiale et sociale des individus de
même que sur les différentes formes que prend le rapport au travail aujourd’hui. Courriel :
[email protected]
NOTES
1
Article original soumis à la Revue Carriérologie, le 15 octobre 1991. Article révisé en septembre 2001.
2
Cette recherche a été subventionnée par la Fondation canadienne d’orientation et de consultation et Emploi et immigration Canada.
3
Fournier, G. (1995). Interagir. Une stratégie efficace d’orientation et d’insertion socioprofessionnelle. Québec: Les Éditions Septembre et les Presses de l’Université Laval.
4
Fournier, G. et Jeanrie, C. (1999). Validation of a Five-Level Locus of Control Scale. Journal
of Career Assessment. 7(1), 63-89.
5
Notons que pour plusieurs jeunes en difficulté d’insertion socioprofessionnelle, l’idée même
de construire un projet professionnel a peu de signification en soi tellement ils se trouvent
débordés par des problèmes de survie au quotidien. De fait, pour être en mesure d’anticiper
et de préparer l’avenir, encore faut-il que le présent se trouve assuré.
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6
Il y a près de 40 ans, Rotter définissait ainsi le locus de contrôle «...quand un sujet perçoit un
renforcement comme n’étant pas totalement déterminé par une certaine action de sa part, ce
renforcement est perçu comme le résultat de la chance, du hasard, du destin ou comme le fait
d’autres tout-puissants, ou bien encore totalement imprévisible en raison de la grande complexité des forces entourant l’individu. Quand l’individu perçoit l’événement de cette façon,
nous disons qu’il s’agit d’une croyance en un locus de contrôle externe. Si, au contraire, la
personne considère que l’événement dépend de son propre comportement ou de caractéristiques personnelles relativement stables, nous disons qu’il s’agit d’une croyance en un locus
de contrôle interne». (Rotter, 1966, p.1)
7
Le lecteur intéressé à une revue de la documentation scientifique sur cette question pourra
consulter la deuxième édition du programme Interagir dans laquelle une section complète est
consacrée au locus de contrôle.
8
Ces critères sont inspirés de critères déjà utilisés dans la documentation scientifique pour distinguer les lieux de contrôle interne et externe et ont été adaptés au contexte de la présente
étude.
The aim of this article is to briefly present the theorical basis that lead us to privilege the exploration
of control beliefs as an helping tool for young adults’s socioprofessional integration process. It is
also to put forward the results of a research done with 73 young adults experiencing professional
difficulties. The purpose of this research was to get a better understanding of young people’s point
of view regarding different issues about their socioprofessional integration. To conduct the analysis, we used the locus of control, concept that appears to us particularly significant for the analysis
of a situation in which several young adults feel relatively powerness. The analysis of results has
permitted to discover sufficiently slight differences to allow the elaboration of a typology including
five distinct categories of locus of control’s beliefs.
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