efficacité et tolérance de l`association artésunate

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efficacité et tolérance de l`association artésunate
J. sci. pharm. biol., Vol.10, n°1 - 2009, pp.50-57
© EDUCI 2007
YAVO W.1
MENAN EIH1
TOURÉ OA2
KIKI-BARRO P.C.1
VANGAH-BOSSON H.1
DJOHAN V.1
TRAORÉ F.1
KONÉ M.1,2
50
EFFICACITÉ ET TOLÉRANCE DE L’ASSOCIATION
ARTÉSUNATE-MÉFLOQUINE DANS LE TRAITEMENT
DU PALUDISME SIMPLE À ABIDJAN.
RESUME
Une étude de l’efficacité et de la tolérance
de l’association artésunate-méfloquine
a été menée chez 50 patients adultes
souffrant d’accès palustre non compliqué
à Plasmodium falciparum à Abidjan (Côte
d’Ivoire). Les malades sélectionnés ont
reçu 200 mg d’artésunate et 250 mg de
méfloquine co-administrés en une prise
par jour pendant 3 jours. Ils ont été suivis
pendant 28 jours ; des contrôles cliniques,
parasitologiques, hématologiques et
biochimiques ont été réalisés. Au plan
thérapeutique, les taux de guérison à J14
et J28 étaient de 100 %. Les temps moyens
de clairance thermique et parasitaire étaient
respectivement de 34,2 et 34,5 heures. La
tolérance globale a été estimée très bonne,
bonne et modérée dans les proportions
respectives de 44 %, 46 % et 10 %. Au total,
la co-administration artésunate-méfloquine
constitue un régime thérapeutique simple,
efficace et bien toléré.
Mots-clés : paludisme, artésunate,
méfloquine, Plasmodium falciparum, Côte
d’Ivoire.
SUMMARY
Efficacy and safety of a combination of
artesunate and mefloquine for the treatment
of uncomplicated Plasmodium falciparum
malaria in Abidjan (Côte d’Ivoire).
Efficacy and safety assessment of
artesunate and mefloquine was performed
among adults patients with uncomplicated
falciparum malaria in Abidjan (Côte
d’Ivoire). Enrolled patients have received
simultaneously 1 tablet of 200 mg artesunate
and 1 lactab mefloquine 250 mg once daily
for 3 consecutive days. They were followedup for 28 days. Clinical, parasitological,
haematological and biochemistry outcomes
were assessed. The 14-d and 28-d cure
rates were 100%. Mean times to fever and
parasite clearance were 34.2 and 34.5 hours
respectively. Tolerability was qualified very
good (44 %), good (46 %) and moderate
(10 %). The once daily co-administration
of artesunate and mefloquine over 3 days
offers a practical dosing regimen which is
highly effective and well tolerated in patient
with uncomplicated falciparum malaria.
Key words : malaria, artesunate,
mefloquine, Plasmodium falciparum, Côte
d’Ivoire.
1- Laboratoire de parasitologie – mycologie, UFR des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, Abidjan (Côte
d’Ivoire)
2- Laboratoire de parasitologie – mycologie, Institut Pasteur de Côte d’Ivoire.
*Correspondances : Yavo William, 01 BPV 34 UFR Pharmacie Abidjan. - Courriel: [email protected]
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INTRODUCTION
Le paludisme reste une cause majeure
de morbidité et de mortalité humaines
dans les pays tropicaux, en particulier
en Afrique au sud du Sahara. Sur 3,3
milliards de personnes à risque en 2006,
on estimait à 247 millions le nombre de
cas de paludisme, dont près d’un million
de cas mortels, pour la plupart chez les
enfants de moins de cinq ans. En 2008,
le paludisme était endémique dans 109
pays, dont 45 sont situés dans la Région
africaine de l’Organisation Mondiale de la
Santé [WHO 2008].
Cette importance du paludisme est en
partie due à l’extension de la résistance de
Plasmodium falciparum aux antipaludiques
et à l’absence d’une stratégie efficace pour
combattre ce phénomène [Bunnag 1991].
En Afrique, la résistance à la chloroquine
a atteint des niveaux élevés, ce qui a amené
plusieurs pays à la retirer comme traitement
de première ligne contre le paludisme
[Checchi 2005, Henry 2002, MSP 2003].
Aujourd’hui, cette résistance du parasite
est également rapportée avec l’amodiaquine,
la sulfadoxine-pyriméthamine, encore
récemment préconisées en première
intention en Côte d’Ivoire [Checchi 2005,
Djaman 2004, Yavob 2002].
Dans ce contexte, la découverte des
dérivés de l’artémisinine et leur grande
activité schizonticide voire gamétocytocide
ont suscité beaucoup d’espoir.
Cependant, l’efficacité de ces
médicaments reste limitée par leur
courte durée d’action d’où le risque de
réinfestations en zone d’endémie palustre.
Des essais cliniques visant à évaluer
l’efficacité et la tolérance des associations
de l’artésunate avec des molécules
antipaludiques efficaces et de longue durée
d’action sont donc importantes.
Une étude africaine, randomisée,
multicentrique de la combinaison
artésunate 600 mg - méfloquine 750 mg
a déjà été réalisée chez des sujets de 30
à 55 kg. Elle a permis de conclure que la
co-adminstration de 200 mg d’artésunate
et de 250 mg de méfloquine administrée
une fois par jour pendant trois jours
consécutifs est hautement efficace, bien
tolérée chez les patients compris dans cet
intervalle de poids [Massougbodji 2002].
Il importe donc de vérifier ces conclusions
chez les adultes pesant plus de 55 kg et
recevant cette même posologie.
PATIENTS ET METHODES
SITE DE L’ÉTUDE
PATIENTS DE L’ÉTUDE
Notre étude est une enquête
expérimentale réalisée chez des patients
reçus en consultation de mai à août 2003
à l’hôpital général et au centre de santé
communautaire d’Anonkoua-Kouté situés
dans la commune d’Abobo (Abidjan, Côte
d’Ivoire).
Cette étude a été autorisée par la
direction de la formation et de la recherche
du ministère de la santé publique de
Côte d’Ivoire. Les dispositions éthiques
conformément à la convention d’Helsinki
ont été prises.
Abobo est l’une des communes les plus
peuplées de la ville d’Abidjan. La précarité
du niveau d’assainissement de cette localité
se caractérise par la présence de nombreux
points d’eaux stagnantes favorables au
développement des anophèles d’où une
transmission permanente du paludisme.
Ainsi, nous avons inclus les patients
d’âge supérieur ou égal à 15 ans, pesant
plus de 55 kg et souffrant d’un accès
palustre non compliqué à P. falciparum.
La parasitémie devait être comprise entre
2000 et 400000 trophozoïtes/µl de sang.
Les patients devaient être également
capables de prendre des médicaments par
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voie orale et avoir donné leur consentement
éclairé. Ce consentement pouvait être retiré
à tout moment de l’étude sans que cela
n’entraîne un préjudice dans la prise en
charge du patient. Par ailleurs, un contrat
d’assurance a été également pris en vue
de la prise en charge des éventuels effets
indésirables graves (letaux, susceptibles
de mettre la vie en danger, entraînant
une invalidité ou incapacité importantes
ou durables, provoquant ou prolongeant
une hospitalisation, se manifestant par
une anomalie ou une malformation
congénitale. Source : article R. 5121-153
du code de santé publique française).
Nous n’avons pas inclus dans l’étude, les
sujets présentant : (i) une hypersensibilité
connue aux dérivés de l’artémisinine ou à
la méfloquine ou encore à des composés
chimiques apparentés (exemple : quinine),
(ii) une transaminémie (ASAT/ALAT)
supérieure à trois fois la limite supérieure
normale (valeurs normales : ASAT = 7-35
UI/l ; ALAT = 5-28 UI/l).
Les sujets ayant reçu un traitement
antipaludique (y compris tout antibiotique
susceptible d’être actif contre le Plasmodium)
dans les deux semaines précédant le jour
de la consultation ainsi que les femmes
enceintes (test de grossesse positif) et les
femmes allaitantes n’ont pas été également
inclus dans l’étude.
La violation du protocole (prise d’un autre
médicament à activité antiplasmodiale) et
l’apparition d’effets indésirables graves (y
compris le constat de données biologiques
inférieures ou supérieures à trois fois la
normale) constituaient des critères de
retrait de l’essai.
SUIVI DES PATIENTS
Le premier jour, chaque malade
sélectionné a fait l’objet d’un examen clinique
complet, d’un examen parasitologique du
sang (goutte épaisse / frottis sanguin), d’un
bilan biologique (biochimie et hématologie)
et d’un électrocardiogramme. Un test de
grossesse a été réalisé chez toutes les
patientes en âge de procréer.
Après ces tests préliminaires, chaque
sujet a été traité avec l’association
artésunate-méfloquine à raison de 1
comprimé d’artésunate 200 mg et 1
comprimé de méfloquine 250 mg coadministrés en une prise par jour pendant 3
jours. Les médicaments ont été administrés
par l’équipe de l’étude et les patients ont été
mis en observation pendant 1 heure.
En cas de vomissement dans les 30
mn suivant la prise, la dose entière a
été administrée de nouveau. Lorsque le
vomissement avait lieu entre 30 à 60 mn
après la prise, la moitié de la dose a été
ré-administrée.
Le suivi des patients a été réalisé sur
28 jours. Ainsi, des contrôles cliniques
et parasitologiques ont été effectués les
jours 2 à 7 puis 14, 21 et 28. La prise
de la température et la détermination
de la parasitémie étaient faites deux fois
par jour jusqu’à normalisation de ces
paramètres (température inférieure à 37°5
C et parasitémie nulle).
A J4, il a été également effectué un bilan
biologique (hémogramme, ASAT, ALAT,
bilirubine totale, phosphatases alcalines,
créatinine) et un électrocardiogramme de
contrôle. Pour toutes les patientes en âge
de procréer, nous avons réalisé un test de
grossesse de contrôle à J28. En cas d’échec
au traitement de l’étude, l’administration
de sels de quinine au malade devait être
réalisée.
ANALYSE DES DONNÉES
La saisie et l’analyse des données ont
été réalisées grâce au logiciel Epi Info 6.04
fr (CDC Atlanta).
Les critères de jugement de l’efficacité
du médicament étaient les suivants :
- le taux de guérison à J28 : proportion
de patients pour lesquels une élimination
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de la parasitémie est obtenue dans les 7
jours de l’étude sans recrudescence dans
les 28 jours suivant le début du traitement
de l’étude ;
- le taux de guérison à J14 : proportion
des patients pour lesquels une élimination
de la parasitémie est obtenue dans les
7 jours sans recrudescence dans les 14
jours suivant le début du traitement de
l’étude ;
- le temps de clairance parasitaire :
temps, en heures, écoulé entre la première
administration et la première disparition
totale et continue des formes asexuées du
parasite et persistant pendant au moins
24 heures supplémentaires ;
- le temps de clairance thermique :
temps, en heures, écoulé entre la première
dose et le premier abaissement de la
température en dessous de 37,5° C pendant
au moins 24 heures supplémentaires.
Il faut noter que la recrudescence est
définie comme une nouvelle manifestation
clinique de l’infection après élimination
initiale des parasites dans le sang
périphérique. Cependant, en cas de
réinfestation (prouvée par un test PCR),
la recrudescence parasitologique n’est pas
considérée comme un échec au traitement
antipaludique reçu.
La tolérance globale du traitement a été
déterminée par l’analyse des modifications
survenues au niveau des paramètres
cliniques et biologiques (hématologiques
et biochimiques) au cours du suivi du
patient.
Le seuil de signification des tests
statistiques a été fixé à 0,05.
RESULTATS
DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES ET
CLINIQUES À L’INCLUSION :
Sur 342 patients reçus en consultation
pour suspicion d’accès palustre 149
étaient porteurs de formes asexuées de
Plasmodium soit un indice plasmodique de
43,6%. P. falciparum a été la seule espèce
retrouvée (indice spécifique égal à 100%).
Dans le cadre de l’essai, 50 sujets
répondant aux critères d’inclusion ont été
suivis. Il n’y a eu aucun cas de perdu de
vue. Parmi ces malades, l’on notait une
prédominance des sujets de sexe féminin
(sex-ratio égal à 0,8). L’âge moyen des
patients était de 23,7 ans (IC95% = 21,4 26) avec, à l’inclusion, une parasitémie et
une température moyennes respectives
de 48526 trophozoïtes de P. falciparum /
µl de sang (IC95% = 32224 - 64828) et 38°C
(IC95%= 37,7 – 38,3).
EFFICACITÉ
Au plan thérapeutique, les taux de
guérison à J14 et J28 étaient de 100%.
Il n’y a eu aucun cas de recrudescence
ou de ré-infestation parasitologiques.
Nous n’avons pas observé la présence
de gamétocytes chez les patients durant
l’étude. Les temps moyens de clairance
thermique et parasitaire étaient de 34,2
et 34,5 heures respectivement.
TOLÉRANCE
Aucun effet indésirable grave n’a été
observé durant cette étude. La figure 1
rapporte les effets les plus fréquents. La
rémission des vertiges et insomnies a été
obtenue sans traitement spécifique. Il n’y
avait aucune perturbation significative de
l’électrocardiogramme et des signes vitaux
(pouls, tension artérielle) au cours du suivi.
L’évolution des paramètres biologiques est
résumée dans le tableau I.
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A l’exception des plaquettes et de la
bilirubine totale, les valeurs moyennes
des autres paramètres ne variaient pas de
façon significative de J1 à J4. D’ailleurs,
nous avons noté une évolution de ces
deux paramètres vers les valeurs normales
(valeurs normales : plaquettes = 150000 à
400000 / mm3 ; bilirubine totale = 5,1 à
22 µmol / l).
10%
En ce qui concerne l’électrocardiogramme
de contrôle, nous n’avons noté aucune
perturbation significative.
Au regard des données cliniques et
paracliniques, la tolérance globale du
médicament a été jugée très bonne, bonne
et modérée respectivement dans 44 %, 46
% et 10 % des cas.
28%
10%
Vertiges
Insomnie
Asthénie
Nausées
Vomissements
12%
14%
Figure 1 : Effets indésirables les plus fréquemment rencontrés
Tableau I : Evaluation de la tolérance biologique
Valeur moyenne (écart-type)
J1
J4
Hémogramme
Leucocytes (103/mm3)
Erythrocytes (106/ mm3)
Hémoglobine (g/dl)
Plaquettes (103/ mm3)
Biochimie
ASAT (UI/l)
ALAT (UI/l)
Bilirubine totale (µmol/l)
Phosphatases alcalines (UI/l)
Créatinine (µmol/l)
p
6,9 (2,1)
3,7 (0,5)
10,6 (1,8)
131,6 (67,7)
7,2 (2,0)
3,6 (0,5)
10,1 (1,8)
164,6 (71,0)
0,460
0,360
0,100
0,01
41,4 (30,5)
22,3 (18,0)
46,9 (42,7)
189,1 (89,9)
83,9 (13,1)
47,7 (46,3)
25,7 (21,8)
25,5 (30,6)
179,0 (70,2)
82,8 (15,9)
0,432
0,399
0,005
0,535
0,668
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DISCUSSION
Dans un même pays, l’indice
plasmodique reste un paramètre variable
en fonction de l’espace et du temps. Ainsi,
en 2001 à Abobo, il avait été rapporté un
indice relativement proche du nôtre et qui
était de 41,8% [Touré 2001]. Cependant,
ailleurs en Côte d’Ivoire, en zone forestière
dense, les indices variaient de 66,2 % à
96,5 % à Adzopé [Yavoa 2002, Adjetey,
1997] et 85 % à Taï [Nzeyimana 2002].
En ce qui concerne l’indice spécifique,
notre résultat confirme la responsabilité
de P. falciparum dans la survenue de la
quasi-totalité des accès palustres en Côte
d’Ivoire [Adjetey, 1997, Nzeyimana 2002,
Yavoa 2002, Yavob 2002].
Au plan thérapeutique, il avait déjà été
rapporté l’excellente efficacité clinique et
parasitologique de la co-administration
sur 3 jours de l’artésunate (200 mg) et
de la méfloquine (250 mg) chez les sujets
de 30 à 55 kg souffrant de paludisme non
compliqué à P. falciparum [Massougbodji,
2002]. Nos résultats permettent donc
d’étendre cette conclusion aux patients
de poids supérieurs. Les taux de guérison
obtenus sont également similaires à
ceux signalés en Asie du sud-est, zone
où existent des souches de P. falciparum
multichimiorésistantes [Looareesuwan
1996, Marquino 2003, Price 1997, Stohrer
2004]. Au Nigeria, un taux de clairance
parasitatire voisin du nôtre, à savoir 33,6
h, a été également observé chez des patients
ayant reçu l’association artésunateméfloquine [Sowunmi 2009]. Au Mali, il a
été rapporté un taux de guérison à J28 de
96,04% [Sagara 2008].
La co-administration d’antipaludiques
efficaces, l’un à effet rapide mais bref
comme l’artésunate avec un autre à effet
lent et de longue durée, notamment la
méfloquine, permet d’optimiser l’efficacité
du traitement antimalarique. Ce type de
combinaison contribue à réduire de façon
significative l’émergence et l’extension
des souches résistantes à chacune des
molécules [International Artemisinin Study
Group 2004, Nosten F 2000, Whitea 1999,
Whiteb 1999].
De plus, la simplicité du schéma
thérapeutique (1 prise par jour pendant
3 jours) pourrait favoriser une meilleure
observance, gage d’une lutte antipaludique
efficiente.
Il faut cependant noter qu’un suivi sur
une plus longue période, 63 jours avec
la méfloquine [OMS 2003], nous aurait
permis de mieux évaluer l’efficacité de cette
combinaison contenant un antimalarique
à demi-vie relativement longue notamment
dans une zone de transmission palustre
quasi-permanente. Toutefois, ce type de
suivi reste difficile à réaliser sur le terrain
du fait du risque d’avoir un nombre élevé
de perdus de vue. Il convient de signaler
ici qu’au cours des études d’efficacité
thérapeutique réalisées sur 42 jours avec
l’association artésunate-méfloquine, les
taux de guérison variaient de 99 à 100%
[Mayxay 2006, Smithuis, 2006].
En tout état de cause, la surveillance
régulière de l’efficacité des combinaisons
thérapeutiques à base de dérivés
d’artémisinine en général et de l’association
artésunate-méfloquine en particulier
s’impose. En effet, dans la région du nordouest de la Thailande où cette combinaison
est recommandée en première ligne pour
le traitement des accès palustres non
compliqué, il a été signalé une légère baisse
de son efficacité de 1995 à 2007; le taux
de guérison à J28 restant tout de même
dans les limites acceptables (96,5% en
2007) [Carrara 2009].
La tolérance du médicament a été
jugée au moins bonne dans 90 % des
cas. Aucun effet indésirable grave n’a
été notifié. Les troubles nerveux à type
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de vertiges et d’insomnies ont déjà été
signalés avec la méfloquine utilisée seule
ou en association [Massougbodji 2002;
OVP 2000]. Dans notre contexte, ces effets
ont été modérés dans la plupart des cas et
n’ont pas entraîné un arrêt du traitement
de l’étude.
CONCLUSION
En définitive, la co-administration de
artésunate (200 mg) et méfloquine (250
mg) en une prise par jour pendant 3 jours
constitue un régime thérapeutique simple,
efficace et bien toléré qui pourrait occuper
une place de choix dans le traitement de
l’accès palustre simple à P. falciparum chez
les patients de plus de 55 kg. Des efforts
restent cependant à faire pour la fabrication
de formes galéniques à doses fixes, ce qui
contribuera à améliorer l’acceptabilité et
l’observance du traitement.
REMERCIEMENTS
Aux laboratoires Mepha Ltd
particulièrement au Dr Nathalie Cambon
qui nous ont fourni l’association artésunateméfloquine (Artéquin®) ainsi qu’aux
personnels de l’hôpital général d’Abobo, du
centre de santé d’Anonkoua-Kouté pour le
recrutement et le suivi des patients et des
laboratoires de parasitologie-mycologie,
de biochimie de l’Institut Pasteur de Côte
d’Ivoire pour les analyses biologiques.
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