Une page de notre histoire (extrait de mon journal personnel)

Transcription

Une page de notre histoire (extrait de mon journal personnel)
Une page de notre histoire
(extrait de mon journal personnel)
Archives diocésaines
27 septembre 2014 : Samedi.
Au sanctoral : Saint-Vincent de Paul. Mentor du père Coindre. Une heure de travail aux
Archives : toujours dans le Récit manuscrit de la Mission de 1824. Puis à la cathédrale
pour aider à préparer la chapelle des fonts baptismaux. Je transfère mon matériel et les
fleurs des archives à la chapelle … J’époussette et cire… je voile la plaque avec le tissu
préparé par Mme Lajeunesse avec comme décoration l’icône américaine du père
Coindre que Nathalie Robert, la Directrice générale de Crudem m’avait imprimée sur
papier Kodak. C’est déjà priant. En moins d’une heure, tout était prêt sans oublier la
crosse de Mgr de Sausin, déposée près de son tombeau, à la suggestion de l’évêque de
Blois, Mgr de Germiny. Je retourne travailler aux archives.
Impossible de siester plus de dix minutes. À 13 heures, je suis à la cathédrale à relire
mes textes, relecture ponctuée de prières à la chapelle du Saint-Sacrement.
À 14h30, le frère Gilles Collin venu de Lambersart se pointe sur la Place Saint-Louis : on
se présente mutuellement : il me rassure me disant que tous les Frères et Sœurs sont à
l’Hôtel Saint-Jacques.
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Le deuxième à arriver est le frère Raymond Hêtu, Conseiller Général, accolade
chaleureuse. Sa joie a quelque chose de magnifique : un regard émerveillé d’enfant. M.
Jean-Paul l’archiviste participe à l’accueil. Mgr sera-t-il à l’heure?
À l’évêché pour les journées du patrimoine
Il devait rentrer de Paris. Il est 14h50. Je vais troquer mon jacket pour une veste. Au
retour, je jette un coup d’œil dans la cathédrale, Mgr s’amène accompagné du
Chancelier LeCoq, du Vicaire Général Boulay et de Mgr Verdier.
Nos invités sont regroupés sur le parvis de la cathédrale.
Mgr salue chacun. Je l’accompagne… Puis Mgr de Germiny nous invite à entrer…
Chacun prend place muni du scénario et du texte de la célébration préparée par le fr.
Conrad Pelletier.
Je prends la parole avec le texte suivant :
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Monseigneur,
chers invités, bonjour et bienvenue!
Le chanoine Boulliau écrivait dans La semaine Religieuse en septembre 1916 :
« Il ne nous est pas permis, à nous Blésois, d’ignorer que cet homme de
Dieu a, quelque temps, vécu et travaillé chez nous, et qu’il y est mort dans
la plénitude et la maturité de son admirable talent et de sa forte vertu. »
Ces mots, « Il ne nous est pas permis, à nous Blésois, d’ignorer que cet
homme de Dieu… » depuis que je les ai lus, ne m’ont pas quitté.
Ils sont devenus :
Il ne nous est pas permis à nous, Frères du Sacré-Cœur,
Il ne nous est pas permis à nous, Religieuses de Jésus-Marie,
Il ne t’est pas permis à toi, fr. Guy Brunelle,
Il ne vous est pas permis à vous, M. Jn-Paul, archiviste,
Il ne vous est pas permis à vous, Mgr, successeur des Sausin,
Il ne vous est pas permis à vous, chers invités qui avez répondu à l’appel,
ces mots, dis-je, se sont fait interpellation personnelle au point que nous sommes sur le
point de dévoiler dans le marbre cet homme de Dieu, ANDRÉ COINDRE qui a quelque
temps vécu et travaillé à Blois et qu’il y est mort,
« épuisé selon le corps mais glorieux du don de sa vie jusqu’à l’extrême à son
Seigneur, » (Cardinal de Villecourt) dans le service de la prédication et des jeunes …
Puis, je présente le père Coindre en un survol biographique. (voir annexe)
Et la célébration préparée par le fr. Conrad Pelletier se déroule sans anicroche.
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Le dévoilement de la plaque par Sœur Josiane Mornal et le F. Raymond Hêtu fut un
moment éblouissant.
Je demande à Monseigneur de proclamer le libellé, ce qu’il fait avec ardeur.
(Applaudissement)
Mgr, dans sa prise de parole, après la lecture de l’Évangile, est « cool » souriant,
exploitant le Il ne nous est pas permis avec bonhomie et malice…
Le Cardinal Fesch, nommé dans la biographie, lui permet de dire des choses importantes
pour l’Église de France dont le père André Coindre fut un artisan de réhabilitation avec
les Séminaires…
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Le frère Toupin, au nom du Conseil général, prend la parole juste avant la bénédiction
finale pour remercier. C’est concis, bien ciblé et bien senti.
Et on amorce le pèlerinage au tombeau de Mgr de Sausin, un moment intense et très
recueilli : procession animée par le fr. Joseph Court jusqu’à la crypte. Je dépose des
fleurs près de la plaque commémorative.
Près du tombeau, Mgr de Germiny fait le lien historique entre le père Coindre et Mgr de
Sausin. Nous récitons un Pater et un Ave. Nous chantons Animés de l’amour que je «
pointfinalise » avec un Ametur Cor Jésus. (Je glisse à l’oreille de Mgr que c’est du patrimoine de l’Institut. Il
approuve en disant que c’est très bien ainsi. ) Puis, j’invite les personnes présentes à saluer en silence, à
tour de rôle, Mgr de Sausin.
Au dire du journaliste Michel Lemay, ce fut un moment d’intériorité intense…
Puis nous sommes reçus comme de la grand’visite dans les Salons de l’évêché :
champagne et gâteaux. Et photo de famille dans le jardin. Sentiment d’appartenance à
une grande famille sans frontière. Climat de convivialité.
Et vers 16 heures, nous poursuivons notre pèlerinage à pied pour les moins âgés.
Direction Musée d’art Sacré dont M. Jean-Paul est le conservateur. À l’évidence, cet
extra, dans le pèlerinage, est très goûté.
Puis à partir de là, tous à pied, nous continuons jusqu’à l’église Saint-Nicolas. Où le père
Coindre a prêché le Carême de 1826 avec comme auditeur un jeune de 9 ans touché par
sa prédication, et qui par la suite est devenu lui-même vicaire général de Blois: il s’agit
de l’abbé Venot, décédé en 1894.
Nous déambulons le long de la Loire jusqu’au quai Abbé Grégoire. Là, devant l’HôtelDieu où le père Coindre est décédé, le frère Joseph anime un petit rituel. Hommage à
tous ceux qui, dans l’Institut, ont mis leur charisme à faire émerger la figure oubliée du
Fondateur. Nous avons prié avec une prière du fr. Ribault, gravement diminué, suite à
un AVC. On doit tant à ce chercheur passionné… Mon mentor par excellence.
« Ce n’est pas moi qui suis le premier ! »
« Père André Coindre, tu es notre père et notre fondateur. Jette un regard de
bienveillance sur tes frères, et particulièrement ceux qui souffrent. »
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Et c’est l’escalade des Degrés Saint-Nicolas jusqu’à l’avenue des Lices où était localisé le
Grand séminaire avec comme voisin une aile du Château de Blois.
Avec les yeux de l’imagination, nous avons fait disparaître le complexe résidentiel pour
laisser émerger le vieux séminaire où le père Coindre a accompagné la cohorte des 10
ordonnés de 1826.
Et courageusement, nous avons continué jusqu’à l’ancien cimetière des Capucins où
reposent à jamais les restes du père Coindre, restes intégrés à la terre blésoise. Ce
cimetière d’abord aliéné, puis acheté par le Chocolatier Poulain, abrite aujourd’hui deux
facultés universitaires.
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Le grain tombé en terre doit mourir pour renaître. Quelle belle image : les écoles de
campagne, sur le corps du père Coindre, renaissent en facultés universitaires ! Dixit Mgr !
Trois heures et demie de pèlerinage, dans les pas du père Coindre, à Blois, avec des
pèlerins, RJM et FSC de France, des États-Unis et du Canada.
Un frère de France me disait en catimini : « Frère Guy, on t’aime. »
Haut et fort, nous disons :
André Coindre, nous t’aimons et nous sommes fiers de toi !
Nuitamment, le 28 septembre 2014 /Chambre 23, Hôtel de la Renaissance, Blois
n.b. Je peux me rendre disponible pour une animation sur mes recherches et sur ce pèlerinage à Blois
avant les neiges…
[email protected]
Images sur le site web de la province bientôt
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Annexe : Survol biographique d’André Coindre*
André Coindre est né à Lyon le 26 février 1787. Il vit son enfance sous la Révolution, son
adolescence sous l’Empire et son ministère sacerdotal sous la Restauration.
Mu par l’Évangile : Être sel de la terre et lumière du monde,
André Coindre est ordonné prêtre des mains du cardinal Fesch, le 14 juin 1812 au titre
du diocèse de Lyon. Il est affecté à Bourg-en-Bresse comme premier vicaire, la paroisse
en comptait cinq, de mars 1813 à novembre 1815 où il se distingue par sa compassion
auprès d’une pension pour jeune fille orpheline et les jeunes en prison. Ensuite, il
revient à Lyon comme vicaire à Saint-Bruno de la Croix-Rousse tout en faisant partie de
la Société de la Croix de Jésus. À ce titre, il participe aux missions dans le diocèse. Son
talent est déjà reconnu : ne l’a-t-on pas fait venir de Bourg pour le panégyrique de
Napoléon un premier dimanche de l’Avent et pour prêcher le Carême à la Primatiale
Saint-Jean…
Attentif aux besoins des enfants du milieu, il accompagne Claudine Thévenet,
(aujourd’hui sainte Claudine) en 1818 dans la fondation de la Congrégation des
Religieuses Jésus-Marie, puis il fonde les Frères du Sacré-Cœur en 1821. Deux
congrégations dévouées aux « providences » pour orphelins ou enfants en difficulté: La
Providence Sacré-Cœur en 1816 et le Pieux-Secours en 1817
Interpellé par Mgr de Salamon, M. Coindre fonde en Haute-Loire la Société des
Missionnaires du Cœur de Jésus, dévouée aux Missions dans le diocèse du Puy. Le
mandement du 20 septembre 1822 annonce son établissement à Monistrol. Le père
Coindre limite son engagement à deux ans.
À l’automne de 1825 en effet, estimant son ministère achevé dans le diocèse du Puy et
avec l’accord de Mgr de Bonald, il répond à la demande de Mgr de Sausin, évêque de
Blois, qui le nomme le 17 novembre 1825, supérieur de son grand séminaire, vicaire
général et chanoine honoraire. Il rejoint son poste aux premiers jours de février 1826
ayant été requis au Puy pour prêter main forte aux Jésuites.
Tout donné au Grand Séminaire et à la prédication à Saint-Nicolas, « épuisé selon le
corps, mais riche des âmes gagnées à Dieu, le père Coindre, à 39 ans, décède à l’Hospice
civil de Blois (l’actuel Hôtel Dieu), le 30 mai 1826, suite à une maladie aussi soudaine
que fulgurante
*C’est la reprise de la biographie présentée lors de l’argumentaire. Toutefois, elle est légèrement
amplifiée compte tenu du public. Fr. Guy Brunelle s.c.
Blois, 27 septembre 2014
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