Point de situation sur l`enseignement de la lecture

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Point de situation sur l`enseignement de la lecture
BIEN ENSEIGNER LA LECTURE AU CP
Françoise de Lessan, institutrice pendant près de 20 ans, après une « formation » à la « pédagogie
IUFM », a choisi des postes de remplacement pour pouvoir visiter les écoles avant de prendre un
poste fixe. Elle observe de graves difficultés de lecture dans les classes où elle passe, elle décide
alors de prendre une classe de CP et d’utiliser la méthode syllabique (ou alphabétique). Elle s’inspire
des travaux du Docteur Wettstein-Badur pour élaborer une méthode simple et efficace pour sa classe.
Aujourd’hui, elle transmet cette méthode qu’elle a améliorée chaque année de CP et qu’elle a
retravaillée dernièrement.
Nathalie Hinic, professeur des écoles. Son intérêt pour les manuels lui a permis de beaucoup
réfléchir sur les différentes approches existantes en matière d’apprentissage de la lecture au CP. Elle
utilise aujourd’hui dans sa classe la méthode de Françoise de Lessan.
Ensembles, ces deux enseignantes ont animé le dernier atelier de SOS Éducation sur le thème « Bien
enseigner la lecture au CP ». Elles ont partagé, avec une vingtaine d’enseignants, leurs expériences,
livré leurs astuces, leurs pratiques et leur plaisir de transmettre !
Qu’est-ce que la méthode syllabique ?
Beaucoup d’enseignants croient employer une méthode syllabique dans leur classe parce qu’ils font
lire des syllabes à leurs élèves mais ces syllabes sont posées, sans cohérence, à côté d’un texte dont
les élèves essaient de reconnaître les mots, ce qui donne une méthode mixte ou semi-globale… Pour
reconnaître une méthode purement syllabique, Françoise et Nathalie proposent de recourir au tableau
du Docteur Wettstein-Badur, qui permet une identification rapide de la méthode syllabique
(alphabétique) :
Méthodes globales et apparentées
(globales, semi-globales, mixtes, naturelles,
Méthodes alphabétiques
(ou synthétiques ou phono-graphèmiques)
intégratives)
Apprentissage du code alphabétique par «deux
Apprentissage du code alphabétique à partir
approches complémentaires» : analyse de mots du lien qui unit chaque graphème (lettre ou
entiers en unités plus petites, synthèses de mots groupe de lettres) au phonème (son) qu’il
à partir de leurs constituants.
représente.
Présence de phrases dès les premières pages
Apprentissage débutant par les voyelles.
du livre de lecture.
Étude de graphèmes dans des associations de
lettres qui en modifient le sens phonologique
Apprentissage séparé de chaque graphème.
«Mots-outils» à mémoriser dans chaque leçon
Pas de mémorisation de mots. La progression
pour les «reconnaître» ensuite dans d’autres choisie permet de lire très vite des mots et des
phrases.
phrases.
Introduction de mots contenant des graphèmes
Mots et phrases contenant uniquement des
connus et inconnus.
graphèmes
connus
ou
en
cours
d’apprentissage.
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Présence de mots se terminant par des lettres
Pas de mots se terminant par des lettres
muettes.
muettes avant de pouvoir en expliquer la raison
d’être.
Découverte du sens par hypothèses formulées à
Lecture par compréhension du mot. Aucune
partir du contexte.
hypothèse de sens n’est tolérée.
La méthode globale a été développée au début du XXe siècle par Ovide Decroly, pour aider
l’apprentissage d’enfants sourds. Cette méthode fait appel à une approche idéo-visuelle. C’est la
raison pour laquelle, la méthode globale n’est pas adaptée à tous les enfants.
La méthode mixte utilise la méthode globale qui traite les mots comme des images. Les enfants
devinent le son des lettres non apprises, ils ont recours à des hypothèses pour comprendre le sens
d’un texte, ce qui entraîne des problèmes de décodage et d’encodage des sons ainsi que des
problèmes de compréhension.
Sortir du lot pour aider tous les enfants à apprendre à lire
L'expérience des deux institutrices que SOS Éducation a eu le plaisir d’accueillir est remarquable.
Elles ont mis à profit leur liberté pédagogique et ont choisi de ne pas s’aligner sur le choix « imposé »
d’en haut, elles ont voulu vraiment apprendre à lire à leurs élèves et elles ont choisi la méthode
syllabique pour sa logique et son efficacité. Françoise a constaté que des enfants venant de
l’étranger, qui ne parlaient que leur langue maternelle à la maison, pouvaient très bien apprendre à
lire malgré leur retard en vocabulaire. Nathalie, face à son premier CP, a refusé les méthodes mixtes
que l’école lui proposait et a employé la méthode syllabique avec succès et bonheur.
Quelques conseils pour bien apprendre à lire
- Travailler la discrimination visuelle : la capacité de percevoir ce que sont les choses en analysant les
propriétés des formes. Plus concrètement, elle permet de distinguer la lettre « b » de la lettre « d ». Un
mauvais fonctionnement de la discrimination visuelle se traduit par des difficultés à interpréter ce qui
est vu.
- Travailler la discrimination auditive : aptitude à percevoir la différence entre deux sons, à entendre
les différents sons dans la syllabe. En clair, c’est la capacité à isoler une syllabe à l’oral.
La leçon du “b” de Françoise :
Le « b » est une lettre qui pose souvent problème, car elle peut être confondue avec la lettre « d ».
Pour effacer toute confusion, il est nécessaire de passer par la discrimination auditive. Il faut bien faire
comprendre aux élèves que le « b » s’appelle « be », mais que quand on le lit, il se prononce « b ». Il
est important d’apprendre les sons des lettres en faisant beaucoup de bruit.
Ensuite, on passe à la discrimination visuelle. Il faut apprendre en mimant … alors le « b » devient une
femme qui a un grand ventre, ainsi que le « d » devient une femme avec un gros derrière… Il est
extrêmement important de théâtraliser les sons, de passer pas des images pour permettre une
meilleure compréhension des lettres.
D’autres outils peuvent être employés pour apprendre … par exemple il est intéressant de passer par
les jeux de société. Des jeux comme le memory ou le lynx, permettent de travailler la logique et la
déduction. Ou bien utiliser le jeu « mandala » pour travailler la concentration. Alors, le jeu devient un
« pont » utile pour passer à l’apprentissage.
Enfin, le plus important des conseils est de préférer la quantité à la quantité, surtout avec des élèves
en difficulté.
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