Condamner les discours haineux, lutter contre la violence et

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Condamner les discours haineux, lutter contre la violence et
Condamner les discours haineux, lutter contre la
violence et protéger la liberté d’expression
Une déclaration conjointe signée par Human Rights First et Muslim Public Affairs
Council
Les discours de haine contre les musulmans doivent être pris au sérieux.
Un discours de haine (ou discours haineux) qui vise à humilier, à intimider ou à inciter à la violence à l’encontre d’une
personne en raison de sa race, son ethnicité, son origine nationale, sa religion, son orientation sexuelle ou d’un
handicap, est fondamentalement nuisible. Dans de nombreuses régions du monde, les discours haineux contre les
musulmans sont de plus en plus nombreux. Souvent, les préjugés contre les musulmans sont précédés par l'intention
malveillante de déshumaniser les musulmans et de dénigrer le prophète Mahomet ou le Coran. Nous sommes
conscients que les mots haineux peuvent aisément conduire à des agressions physiques contre les musulmans et
déclencher un cycle de violence.
La haine ne doit pas être combattue par des moyens juridiques mais plutôt par des
discours responsables.
Aussi rude et désagréable que le marché des idées soit à certains moments, il est plus efficace de soutenir ses idées
en exerçant son droit à la liberté d'expression. La capacité de chacun à exprimer son propre point de vue ne doit pas
être menacée. La meilleure façon de contrer l’expression de la haine est de la défier par des arguments convaincants,
de bonnes actions et un débat libre. On peut initier de nombreuses actions pour lutter contre la haine sans pour autant
restreindre la liberté d’expression. D’abord, les gouvernements doivent condamner tout discours haineux et donner
l'exemple. Toute législation qui restreint la liberté d'expression, y compris les symboles religieux, peut servir à réprimer
la contestation politique et sociale.
Sanctionner la parole par la violence est inacceptable.
La violence en réponse à l’expression d’idées ou au discours haineux n'est jamais acceptable. Se sentir blessé par un
discours haineux ne pourra jamais justifier que quelqu’un s’arroge le droit de manifester des comportements violents ou
de provoquer des effusions de sang. Lorsque des gouvernements ou des mouvements religieux cherchent à
sanctionner la parole en réponse à l’intolérance religieuse, d'innombrables incidents montrent que la violence s'ensuit
et cela déclenche des violations des droits de l'homme contre des individus ciblés. Il est important de noter que les
premières victimes des extrémistes musulmans restent la majorité des musulmans eux-mêmes lorsque leurs
mosquées, maisons et écoles sont visées comme principales cibles de la violence.
“La diffamation des religions” ou les lois interdisant le blasphème ne protègent
pas les individus, mais les desservent.
Les droits de l’homme protègent les individus, pas les idées abstraites ou les normes sociales. Les symboles religieux
n’ont pas besoin que les gouvernements ou organisations internationales les défendent en mettant en place des
mécanismes pour assurer leur bonne application. Réagir à la haine peut parfois déclencher d’autres mesures
oppressives qui découlent des lois interdisant le blasphème, par exemple la violation des droits des minorités
religieuses et des éléments vulnérables de la société. Les gouvernements tout comme les individus abusent des lois
nationales anti-blasphème pour étouffer le débat et les discours contestataires, pour harceler les rivaux, légitimer la
violence collective et régler les différends personnels. Le langage imprécis et vague de ces lois permet à la majorité
d’agir contre les contestataires et permet aussi à l’état d’agir contre les individus. Les lois fournissent un cadre dans
lequel les gouvernements peuvent restreindre la liberté d'expression, de pensée et de religion et cela peut entraîner
des conséquences dévastatrices pour ceux qui ont des opinions qui diffèrent de la religion majoritaire ou pour toute
autre adepte d’une religion minoritaire.
Les Nations Unies doivent faire respecter le droit à la liberté d'expression
Les manifestations violentes en septembre 2012 qui ont conduit aux bains de sang au Moyen-Orient risquent
d’encourager l'idée d'adopter une législation internationale contre le blasphème et les insultes à la religion. Nous nous
opposons à cette voie. Au lieu de pénaliser la liberté d’expression, les membres des Nations Unies devraient intensifier
leurs engagements pour lutter contre la violence raciste et les discours de haine, et à s’opposer à la discrimination et
promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel. Les autorités publiques doivent tenir un discours sensé et
responsable comme alternative crédible au discours de haine. De plus, les gouvernements doivent proposer des
mesures concrètes pour lutter contre toutes les formes d'intolérance, y compris la haine contre les musulmans- mais
sans restreindre la liberté d’expression.