Comment participer à un essai clinique ?
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Comment participer à un essai clinique ?
par Jérôme Farina-Cussac, responsable juridique de SIS au quotidien Comment participer à un essai clinique ? Dans des conditions strictement encadrées par le droit français1, toute personne peut participer à un essai clinique de médicament. Une option intéressante pour les personnes vivant avec le VIH ou le VHC. Q ui peut participer à un essai ? Pour participer à un essai promu par une personne physique ou morale de l’Union européenne, que l’essai soit mené en France ou dans un autre pays européen, une des premières conditions à remplir est de bénéficier d’un régime de protection sociale, afin de garantir une prise en charge totale des soins à la personne volontaire. En principe, celle-ci doit être majeure et ne pas être sous tutelle. Chaque essai peut être réservé à une catégorie particulière de personnes (par exemple des patients VIH-1 en primo-infection) ou au contraire exclure certaines catégories de patients (comme les femmes enceintes). Le consentement doit être libre et éclairé, et donné par écrit, après que des informations fiables ont été délivrées au participant. Les responsables de l’essai doivent fournir des informations relatives à l’objectif visé, aux éventuelles alternatives médicales, aux modalités de prise en charge, etc. Ces informations sont transmises avec un protocole. Comment savoir si des essais sont en cours ou prévus ? Votre médecin peut vous informer qu’un essai qui pourrait vous concerner va débuter et vous donnera alors les coordonnées des équipes qui l’organisent. En outre, certaines instances publiques, comme l’ANRS, ou associatives, comme le TRT-5, publient régulièrement en ligne des appels à volontaires, souvent relayés sur les forums spécialisés. Que doit-on vérifier avant de participer à un essai ? Deux autorités différentes doivent donner leur autorisation afin qu’un essai clinique ait lieu : l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et le Comité de protection des personnes (CPP). L’Afssaps doit délivrer son autorisation pour tout essai de médicament. Les organisateurs de la recherche doivent fournir un dossier complet à cette autorité (éléments sur la recherche, les produits concernés, ainsi que date prévue du début de l’essai). Un CPP doit donner un avis favorable avant toute inclusion dans un essai clinique2. Ce comité peut limiter le cumul de plusieurs essais cliniques ou prévoir une période de carence après un essai (période pendant laquelle la personne ne pourra pas participer à un autre essai). Le CPP contrôle également le protocole de recherche, document qui doit décrire précisément l’ensemble des conditions de l’essai. Il est possible de vérifier sur le site de l’Afssaps l’autorisation et les conditions d’un essai en consultant le Répertoire public des essais cliniques de médicaments. Dans tous les cas, un essai ne peut jamais être payant. En revanche, une indemnisation peut être prévue pour la personne volontaire afin de compenser une éventuelle perte de revenus (dans des limites fixées par arrêté du ministre de la Santé). Le non-respect des conditions légales par le promoteur ou l’investigateur de l’essai est constitutif d’un délit puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende (art. L.1126-5 code de la santé publique [CSP]). Dans un tel cas, rare en France, il est possible d’adresser une plainte au procureur de la République du tribunal de grande instance. Pendant l’essai. Le protocole prévoit la durée et les modalités de l’essai. Cependant, le principe absolu étant le consentement du participant, celui-ci peut toujours retirer son consentement, à n’importe quel moment de l’essai, sans encourir ni responsabilité ni préjudice. En cas d’effets indésirables liés au traitement, les organisateurs ont l’obligation de les déclarer au CPP qui pourra vérifier si la personne consent à les supporter. En cas de danger pour les personnes, l’Afssaps et le CPP ont la possibilité d’interrompre immédiatement l’essai. Après l’essai. Les organisateurs rendent aux autorités compétentes un rapport dans un délai maximum d’un an à compter de la fin de l’essai. La loi prévoit également que la personne volontaire doit être informée des résultats globaux de la recherche (art. L.1122-1 CSP). Le participant peut continuer à bénéficier du traitement septembre/octobre 2011 n° 60 Transversal 33 au quotidien par Jérôme Farina-Cussac uniquement dans le cas où le médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché. Dans les autres cas, il ne pourra plus se voir prescrire un médicament en dehors de l’essai. Dans tous les cas, c’est le promoteur de l’essai et son assureur qui sont responsables des éventuelles conséquences dommageables sur les volontaires et qui les indemniseront en cas de préjudice (art. L.1121-10 CSP). En cas de litige, le tribunal de grande instance sera compétent. Le droit français s’inscrit en la matière dans le droit européen. Il existe une quarantaine de CPP nommés par le ministère de la Santé et composés de médecins, pharmaciens, infirmiers, juristes et représentants des associations agréées d’usagers. Contacts Sida Info Droit 0 810 636 636 (lundi et vendredi de 14 h à 18 h, mardi de 14 h à 20 h, mercredi et jeudi de 16 h à 20 h) 1 2 Ce que dit la loi La recherche biomédicale sur l’homme (incluant les essais cliniques de médicament) est encadrée par le code de la santé publique (art. L.1121-1 et suivants) et est définie comme « une recherche sur l’être humain en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales ». La loi distingue trois parties : le promoteur (par exemple un organisme public qui finance une recherche), l’investigateur (par exemple une équipe médicale de recherche) et la personne qui y participe volontairement (un patient sain ou malade). Un essai clinique de médicament consiste à suivre un traitement qui n’est pas encore utilisé ou répandu. Cette phase intervient après les essais menés sur les animaux et, généralement, avant une éventuelle autorisation de mise sur le marché (AMM). Les essais cliniques doivent notamment répondre aux conditions suivantes pour être conformes à la loi : – se fonder sur le dernier état des connaissances et donc avoir fait l’objet d’une recherche préclinique suffisante ; – le risque prévisible pour la personne doit être proportionné aux bénéfices pour elle-même ou à l’intérêt pour la recherche, mais en cas de risque avéré au cours de la recherche l’intérêt de la personne doit toujours prévaloir ; – la douleur et les désagréments ou tout autre inconvénient prévisible doit avoir été réduit au maximum. 34 Transversal n° 60 septembre/octobre 2011 TRT-5 www.trt-5.org Tour Essor 14, rue Scandicci 93508 Pantin Cedex Tél. : +33 (0)1 41 83 46 11 Fax : +33 (0)1 41 83 46 19 Actions Traitements www.actions-traitements.org 190, bd de Charonne 75020 Paris Tél. (standard) : +33 (0)1 43 67 66 00 Fax : +33 (0)1 43 67 37 00 Ligne d’écoute thérapeutique : +33 (0)1 43 67 00 00 (la ligne est ouverte du lundi au vendredi de 15 h à 18 h) Afssaps www.afssaps.fr 143 /147, bd Anatole-France 93285 Saint-Denis Cedex Tél. : +33 (0)1 55 87 30 00