PIGNON

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PIGNON
PIGNON
PIGNON (ou pingon, peu
usité): n.m., du latin pinna,
employé à partir du début du
XIIIe siècle.
Mur extérieur situé sur le
petit côté d’une construction opposé au mur goutterau, généralement terminé en triangle suivant la
pente d’un comble à deux
versants.
Les pignons sont construits soit en maçonnerie
de pierre ou de brique,
soit en pans de bois, soit
en panneaux de béton ou
encore en bardage métallique. Traités en façade, ils
peuvent l’être aussi en
murs mitoyens permettant
l’adossement de conduits
de fumée.
Dans les constructions
couvertes en terrasse, les
pignons sont carrés ou
rectangulaires.
L’évolution historique du
pignon fait apparaître des
changements profonds dans
sa destination et son traitement.
comme une défense contre
les rigueurs climatiques,
d’une grande valeur plastique
(10). Ce sont les ensembles
de maisons bretonnes avec
pignons en granit incorporant le conduit de fumée ;
plus proche de nous, on les
retrouve dans les cités
minières ou dans le sud de la
France en briques traitées
décor monumental comme la avec beaucoup d’élégance
fontaine Saint-Michel à (A, B, C, D).
Paris (3).
« On remarquera que le pignon de Vezelay est un masque de
comble, mais ne se combine guère avec sa forme. Dans nos
édifices gothiques du XIIIe siècle, ceux de l'Ile de France,
ceux auxquels il faut toujours recourir comme étant
l'expression classique de cet art, les pignons sont bien faits
pour fermer le comble, ils s'éclairent franchement et le
recouvrent. »
Viollet-Le-Duc, Dictionnaire Raisonné de l'Architecture
Française.
Les portails d’un transept de
cathédrale ogivale sont
intégrés à des murs pignons
(2).
Dans l’architecture civile
jusqu’à la Renaissance, les
maisons en bande ont très
souvent leur pignon en
bordure de voie, d’où
l’expression « avoir pignon
sur rue ». Réalisées en pans
de bois dans le Nord, l’Est et
le centre de la France, elles
présentent alors sur l’angle
des encorbellements très
marqués (4).
Dans les pays flamands ou
dans les villes hanséatiques,
les pignons sont de formes
diverses notamment découpés en redents (5) et de
couleurs vives comme dans
la ville de Gdansk, en
Pologne (6).
Les architectures grecques
puis romaines ont réservé le
pignon à la façade principale
des temples comme par
exemple le fronton du
Parthénon (1).
L’époque baroque les recouvrira de fresques en
trompe-l’œil et leur donnera
une silhouette contournée.
À l’époque romane, les
pignons étaient décorés
d’imbrications d’ornements
sculptés avec parfois des
incrustations d’éléments colorés.
L’architecture hausmannienne réduit le pignon à une
fonction de mitoyen intégrant ou supportant les
conduits de fumée tandis que
d’autres sont voués à un
Après les excès publicitaires
des murs peints de la fin du
XIXe siècle (7), le mouvement moderne a épuré le
pignon en lui donnant une
double fonction soit d’écran,
soit de façade ouverte.
L’exemple le plus célèbre
nous est donné par Le
Corbusier dans sa Cité
radieuse de Marseille ou dans
l’unité
d’habitation
de
Firminy (8), l’orientation
nord-sud jouant un rôle
essentiel, le sud réservé à une
façade ouverte aux logements, le nord à l’ombre en
pignon aveugle.
La création d’immeubles
angulaires fait disparaître le
pignon dans l’architecture
moderne, affirme l’autonomie du bâtiment et
l’éclatement de la composition urbaine. Toutefois, le cas
de la tour CBX à la Défense
(11) nous ramène au traitement de l'angle de deux
voies et s'inspire de « l'Ironflat » de New York, pour
tirer un effet plastique dans
une fenêtre urbaine.
Ainsi, les murs pignons
ont-ils autant d’importance
que les autres façades dans la
conception architecturale. Ils
peuvent être porteurs de
« l’art dans la rue » et faire
l'objet
d'un
traitement
plastique dans la composition urbaine.
Puis grâce au 1% de la
construction publique consacré aux arts plastiques, les
pignons se sont couverts de
figures comme par exemple à
Chanteloup - les - Vignes
(9); il s’agit de panneaux
décoratifs en céramique ou
de peintures murales. Parfois,
un seul ornement bien placé
suffit à donner du caractère à
cette paroi.
V. ALIGNEMENT, ANGLE
Plus modestement mais de
manière expressive des
villages se servent du pignon
Extrait du “Vocabulaire français de l'Art urbain”, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr
DE DEUX VOIES, ENCORBELLEMENT,
FENÊTRE
URBAINE,
FONTAINE,
FRONT BÂTI, GABARIT,
MUR PEINT,
PERSPECTIVE, SÉQUENCE VISUELLE.
Extrait du Vocabulaire français de l'Art urbain, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr