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Les Suisses raffolent des 4x4, les élus tirent le frein
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Publié par Tribune de Genève (http://www.tdg.ch)
AUTOMOBILE | Alors que l’engouement des Suisses pour les véhicules à quatre roues
motrices n’a jamais été aussi grand, les élus votent une loi pour les rendre plus chers
et moins accessibles.
© Keystone | Le Salon de l’auto de Genève réunit notamment les plus beaux 4x4...
Fabien Muhieddine | 08.03.2011 | 00:00
Le changement d’ambiance est frappant. A croire que les deux mondes ne se côtoient
jamais. D’un côté, les centaines de milliers de Suisses surexcités qui se rendent au Salon de
l’auto à Genève. De l’autre, les conseillers aux Etats qui débattent à Berne de l’initiative
anti-4x4 en rappelant la fonte des glaces et l’apparition des nouvelles espèces de
moustiques. Tous parlent pourtant carrosseries et grosses cylindrées…
Alors que les Suisses s’enflamment pour les 4x4 – les chiffres rendus publics la semaine
dernière révèlent que 28% des nouvelles voitures achetées en 2010 font partie de cette
catégorie – les élus, eux, cherchent par tous les moyens à éradiquer ce que beaucoup
d’entre eux qualifient désormais de calamité pour l’environnement et la sécurité routière.
C’est la thèse de l’initiative populaire anti-4x4. Elle demande l’interdiction pure et simple des
«chars de la route» qui émettent plus de 250 grammes de CO2 par km.
Paradoxe, paradoxe...
«J’avoue que c’est paradoxal, lâche Jean-René Fournier (PDC/VS), conseiller aux Etats.
Mais notre rôle est de préparer le futur. Je comprends l’engouement pour les belles voitures.
Elles flattent notre besoin de rêve. Mais lors de l’acte d’achat, il faudrait que l’environnement
soit autant pris en considération que la carrosserie ou la puissance.» Et cette Subaru 4x4
dans votre garage, Monsieur Fournier? «J’en ai besoin. Je vais souvent faire de la peau de
phoque ou marcher en montagne…»
Faites ce que je dis mais pas ce que je fais était le mot d’ordre hier au Parlement.
Jean-François Rime (UDC/FR) était parmi les rares à assumer. «Bien sûr que j’ai une voiture
verte, commence-t-il malicieusement. Enfin, de couleur verte. C’est une Range Rover.» Et
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d’ajouter: «La voiture, c’est la liberté, le plaisir. Je suis grand et gros, et j’aime être bien
assis.»
Robert Cramer s’énerve
Côté écologistes, Robert Cramer (Vert/GE) s’énerve: «Chaque nouveau 4x4 qui roule en ville
est une preuve de plus que nous devons agir. Je ne parle pas des paysans de montagne
mais de ceux qui amènent leurs enfants à l’école en risquant d’en massacrer d’autres.»
Justement, Luc Barthassat (PDC/GE) vient de raccrocher avec un ami genevois qui s’est
acheté un pick-up Dodge. «Ce n’est plus une voiture, mais un camion, commente-t-il.
J’admets que les gens achètent des gros trucs pour le travail. Moi, j’ai, par exemple, une
camionnette. Mais ce n’est pas fait pour un aller-retour au chalet une fois par année.»
Reste une question de fond: jusqu’où le Parlement est-il prêt à aller contre la volonté du
peuple? «Il n’y a qu’une minorité du peuple suisse qui roule en grosse cylindrée, rétorque
Roger Nordmann (PS/VD). Et ces gens ne nuisent pas seulement à leur porte-monnaie,
mais aussi à la collectivité, en polluant. Il est donc normal de légiférer: ce n’est pas parce
que des inconscients veulent rouler à 180 km/h qu’il faut les laisser faire.» Et la liberté
individuelle? «Je ne suis pas pour la limiter, répond son collègue de parti le Chauxde-Fonnier Didier Berberat. Les 4x4 se justifient dans certaines régions, comme la mienne,
mais pas au centre de Genève!»
Les mentalités changent
Au centre de ce débat, Bastien Girod, le père de l’initiative anti-4x4, brandit fièrement sa
carte Mobility et rappelle que la pollution, elle, n’est pas gratuite. «Je vois bien qu’il y a une
course à l’armement sur nos routes. C’est à celui qui aura la plus grosse voiture. Nous
devons freiner tout cela. Le comportement des gens est schizophrénique. Ils veulent une
voiture qui leur plaît mais ils veulent aussi protéger l’environnement.» Retirera-t-il son
initiative avec le projet de loi concocté par le Parlement? «La décision n’est pas encore prise.
Nous avons jusqu’à l’été. Mais il y a eu un grand progrès, un changement de paradigme. La
notion de sanction de l’importateur est désormais admise. Mais nous avons gagné à moitié
puisque l’aspect sécuritaire n’est pas encore pris en compte.» Une demi-victoire au
Parlement, peut-être… mais pas encore chez les concessionnaires.
Suisse
Source URL (Extrait le 08.03.2011 - 15:56): http://www.tdg.ch/actu/suisse/suisses-raffolent-4x4-elus-tirentfrein-2011-03-07
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