Saint Vincent de Paul
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Saint Vincent de Paul
Saint Vincent de Paul, patron des œuvres charitables. Sa devise : "Il faut se dépouiller de soi, pour se remplir de Dieu ; il faut se donner à Dieu, pour se dépouiller de soi" Saint Vincent de Paul est fêté le 27 septembre 1- Sa jeunesse Vincent Depaul ou de Paul naît à Pouy, près de Dax, le 24 avril 1581 sous le règne de Henri III. Son père, Jean Depaul, bon catholique, est laboureur. Sa mère est née Bertrande de Moras ou Demoras. Il est le troisième enfant d'une famille qui en comptera six. Très tôt, les fils sont employés aux cultures. Vincent aimera raconter plus tard qu'il gardait les moutons dans la lande. Le père fait instruire Vincent par un abbé versé dans le latin et le destine aux études. Il sait qu'un clerc peut avoir, dans le clergé, une situation qui le mette à l'abri du besoin. L'enfance de Vincent n'est pas celle d'une famille malheureuse. Cependant il va grandir durant les années les plus noires des guerres de Religion. De 1581 à 1598 le royaume connaîtra la plus dure période de la guerre civile. Il sera élevé dans le souvenir des jours de malheur qui se sont succédés depuis la Saint-Barthélémy et dans la peur des mercenaires. 1 Il entre au collège des Cordeliers de Dax mais y reçoit un enseignement très inférieur à celui que dispensent les pères de Toulouse ou de Bordeaux. Dans ce modeste établissement il apprend la grammaire et le latin pendant 3 ans. Néanmoins à 13 ans, il donnera ses premiers cours de latin. En 1597 il est à Toulouse pour y suivre des études de théologie. Il y est reçu au baccalauréat en théologie et est ordonné prêtre le 23 septembre 1600 à Château-l’Evêque par l'évêque de Périgueux, François de Bourdeille. 2- Vincent à Paris Il entre dans Paris en 1608 et ne connaît pas la capitale ce "comptoir des merveilles". Il se fixe au faubourg Saint-Germain, à proximité de la nouvelle Sorbonne, qui vient d'engager deux professeurs de grande réputation : André Du Val et Philippe de Gamaches, deux savants théologiens d'esprit très novateur. En suivant leurs cours Vincent est sûr d'être initié à la réflexion la plus pointue dans l'esprit du Concile de Trente. Il devient aumônier à la cour de la reine Marguerite de Valois, chargé de la distribution des secours. Il visite les hôpitaux, parcourt ces salles où s'entassent des malheureux. Comment ne pas être alors choqué par le scandale de la pauvreté, dans Paris, quand la plupart des parisiens s'entassent dans des quartiers sordides, dépourvus de la moindre hygiène. L'absence de soins réels et de consolation religieuse dans l'hôpital de la Charité, si proche de l'hôtel de la reine Margot, lui donne à réfléchir, même si Henri IV encourage déjà quelque peu les institutions charitables et finance des constructions comme celle du futur hôpital de Saint-Louis. L'Hôtel-Dieu s'avère insuffisant, et Saint-Anne n'est qu'en projet. En 1612, il est nommé dans la paroisse de Clichy et y fait un travail remarquable : il restaure l'église, monte en chaire, prêche et cherche à rendre la foi à ses 600 paroissiens très ruraux. En 1613, Bérulle, futur cardinal, le désigne pour une autre tâche : il sera précepteur des enfants de Philippe-Emmanuel de Gondi, général des galères du roi - nous dirions aujourd'hui amiral des escadres de la Méditerranée - originaire de Florence et installé dans la Somme et qui avait pour mission de poursuivre les pirates des mers. 2 3- Naissance d'une vocation Au cœur de l'hiver 1617 alors curé dans les Dombes (Ain) Dieu lui fait signe au chevet d'un pauvre malade de la campagne. Il organise bientôt, à Châtillon, la première Confrérie de Charité, groupe de femmes associées. Revenu près de la famille de Gondi, il s'émeut du sort des malheureux forçats destinés aux galères, entassés dans des cachots humides, abandonnés sans soins, maltraités à coups de fouet sur leurs épaules nues. Avec un dévouement que rien n'effraie, Vincent leur prodigue soins, consolations, les exhortant sans relâche à retrouver le chemin de Dieu. L'effet de cette mission fait grand bruit dans la capitale et bientôt le roi Louis XIII, admiratif, le nomme officiellement en 1619 aumônier général des Galères. En 1625 il fonde la Congrégation de la Mission appelé bientôt les Lazaristes afin d'évangéliser les pauvres dans les campagnes. "Les pauvres gens des champs sont à peu près abandonnés, tandis que les villes pour leurs nécessités religieuses ont quantité de docteurs" se plaint-il. 4- Vincent à Beauvais Augustin Potier, fils d'un président au Parlement de Paris est le frère de René Potier, évêque de Beauvais de 1595 à 1516. Il prend la succession de son frère à son décès. Il est grand aumônier de la reine Anne d'Autriche lorsque cette dernière l'appelle au ministère. Supplanté rapidement par Mazarin, il décide alors de revenir dans son diocèse dont il va s'occuper sans relâche jusqu'en 1650, année de sa mort au château de Bresles. A peine arrivé, il commence par s'intéresser à la formation des prêtres dans l'Eglise. Il s'était vite rendu compte que la majorité des prêtres étaient peu intéressés par leur apostolat et peu enclin à diffuser la bonne parole. Il cherchait des prêtres capables de rappeler au peuple non tant les pratiques de la religion mais de les faire persévérer dans la fidélité à leurs devoirs. La seule solution, pour Mgr Potier était de n'admettre à l'ordination que des prêtres dévoués et investis de leur importance. Connaissant bien Vincent Depaul il s'entretient souvent de ce problème avec lui. Un jour de juillet 1628, il lui confie de nouveau ses soucis et lui demande de prêcher la retraite des ordinands. Vincent accepte d'autant plus que c'est un plaisir pour lui de mettre sa personne et sa Congrégation au service d'un évêque qui entre si bien dans ses vues et dont il admire le zèle et la piété. Il se rend donc à Beauvais. Pendant dix jours il les instruit par des conférences de façon à "préparer leur conscience" à leur futur apostolat. La règle est rapidement établie ; avant l'ordination il y a obligatoirement une retraite spirituelle ; et cette règle devient bientôt générale dans l'Eglise de France car les autres évêques ne tardent pas à demander à Beauvais de leur communiquer sa méthode pour la mettre en pratique dans leur diocèse. 3 En 1629, Mgr Potier continue sur sa lancée. Depuis 1620 il règne à Beauvais une grande mendicité due à la pauvreté. Vincent est à nouveau appelé à l'aide pour trouver un remède. Il fait dresser la liste exacte de tous les indigents et constater leurs besoins ; établir une caisse des aumônes, jusqu'alors utilisées avec peu de discernement, qui centralise toutes les ressources disponibles de la ville en faveur des nécessiteux et les produits des quêtes viennent alimenter ces caisses ; instituer un bureau central pour recevoir et répartir ces secours. Le plan est présenté aux Trois Corps constitués de l'évêché, du chapitre et de la commune le 16 avril 1629. Mgr Potier plaide tant et si bien que le projet est adopté à l'unanimité et publié en chaire dans toutes les paroisses de la ville. L'exécution de la décision prise concernant l'institution des confréries de charité est confiée au zèle de Vincent. Il parcourt les paroisses de la ville. Le 11 novembre 1630 il prononce en l'église Saint Sauveur de Beauvais un sermon à l'issue duquel est fondée la confrérie de la Charité des pauvres malades. Bientôt chaque paroisse a sa confrérie dont les membres sont chargés d'un quartier déterminé pour y porter les secours alloués par le bureau central. Afin de bien former cette institution, de la pénétrer de l'esprit de dévouement, de zèle et de charité qui devaient la vivifier, Vincent envoie plusieurs fois à Beauvais Louise de Marillac qui forme des dames de charité. Elles travaillent tant et si bien de sorte qu'en peu de temps la ville de Beauvais a totalement changée. De Paris, Vincent les encourage, les corrige, redresse et entretient leur ferveur. L'évêque suivant Mgr Nicolas Choart de Buzenval sera également empli d'une grande sollicitude pour les malheureux dont le sort restait précaire. Ces efforts ne résolvent pas le problème de l'errance. Il faut offrir aux pauvres un abri, les relever de leur déchéance en leur donnant du travail ; ce projet ne se réalisera seulement qu'un quart de siècle plus tard. 5- Les Filles de la Charité Vincent de Paul a de plus en plus besoin des femmes pour développer ses œuvres de charité. Il confie à Louise de Marillac la mission d'organiser son œuvre en précisant quelles sont les conditions nécessaires à ses yeux : une foi profonde, l'amour de Jésus-Christ, l'oubli de soi. Mais on s'aperçoit vite que les jeunes filles recrutées remplissent mal leur emploi. Dès le premier moment de ferveur passé, elles deviennent indociles et négligent les pauvres aussi Louise de Marillac pense-elle les regrouper en compagnie. 4 Et bientôt se forme, autour d'elle, un noyau solide de ces femmes qui ne portent pas l'habit, des filles de paroisses, des laïques dirons-nous aujourd'hui. En 1633 Vincent de Paul peut fonder la Compagnie des Filles de la Charité puis en 1634 la confrérie de l'Hôtel-Dieu à Paris. (Les Dames de la Charité, sont devenues aujourd'hui : Equipes Saint-Vincent.) "C'est Dieu, mes filles, leur dit-il, que nous pouvons dire auteur de votre compagnie." 6- L’œuvre des Enfants Trouvés Celui qu'on n'appelle plus maintenant que Monsieur Vincent ne s'arrête pas en si bon chemin, il y a tellement à faire ! Suite à la famine qui règne dans maintes provinces il se préoccupe de tous ces enfants abandonnés et dont il supporte difficilement le malheur. Les enfants trouvés sont alors en 1638 quatre cents dans la seule ville de Paris. "On les vendait huit sols pièce à des gueux, qui leur rompaient bras et jambes pour exciter le monde à leur donner l'aumône, et les laissaient mourir de faim." Il demande à Louise de Marillac de nourrir ces enfants recueillis. Immense tâche pour ces Filles de la Charité ! Deux ans plus tard, l'œuvre piétine, Vincent réunit alors, en janvier 1640, les dames de charité. La princesse de Condé, la duchesse d'Aiguillon sont au premier rang, il réussit à mobiliser les gens. Le dévouement des dames ainsi que des dons, certes encore insuffisants, permettent de recueillir plus d'enfants. Louis XIII par lettre patente lui a fait donner une rente annuelle de 4 000 livres, à laquelle Anne d'Autriche ajoute 8 000 livres. En 1643 il dresse un premier bilan : il a secouru 1 200 nouveau-nés depuis 1638. Rappelons que l'Hospice des Enfants Trouvés est l'ancêtre de l'Assistance publique. 5 7- Sa mort Toute sa vie il a lutté, contre la misère, la fatigue, les maladies. En cette année 1660 il lutte encore d'arrache-pied, pour lui cette fois-ci, contre la maladie, la douleur. Quand la douleur cesse, le sommeil l'emporte ; "c'est le frère qui vient, dit-il alors, en attendant la sœur". Il meurt le 28 septembre 1660 sous le règne de Louis XIV. " En expirant, raconte un témoin, il rendit entre les mains de Notre-Seigneur sa belle âme et demeura assis, comme il était, beau, plus majestueux et vénérable à voir que jamais." Il estimait qu'il n'en faisait jamais assez. Il est pourtant aujourd'hui considéré comme le "grand saint du siècle". Quatre frères préparent le corps et l'étendent sur le lit funèbre, face au crucifix. Au matin commence le défilé du tout-Paris de la haute charité. On vient prier devant sa dépouille, dans un ballet ininterrompu de carrosses. Les pauvres, eux attendent à la porte de SaintLazare. La duchesse d'Aiguillon offrira une châsse en argent pour abriter le cœur, les entrailles et le foie du futur saint. Sa tombe recevra l'hommage de milliers de parisiens. Canonisé en 1737 il est déclaré patron de tous les instituts de charité ; il est représenté dans les vêtements d'un clerc du XVII° siècle occupé à une œuvre de charité portant un enfant ou entouré des Filles de la Charité. En 1885, le pape Léon XIII le déclare «patron de toutes les œuvres charitables»... Actuellement son corps est exposé dans la Chapelle des Lazaristes, 95 rue de Sèvres, 75006 Paris. 6 Il a dit "Je suis fils d'un laboureur qui ai gardé les pourceaux et les vaches et … Cela n'est rien au prix de mon ignorance." "Si j'avais su ce que c'était que le sacerdoce quand j'eus la témérité d'y entrer, j'aurais mieux aimé labourer la terre que de m'engager dans un état si redoutable." « Dieu est amour et veut que l’on aille par amour. » "La vérité et l'humilité s'accordent bien ensemble." "Il ne me suffit pas d'aimer Dieu, si mon prochain ne l'aime." « Qui que tu sois, dis-toi qu’aimer vraiment modifie l’attitude fondamentale à l’égard de l’autre personne, de l’autre groupe, de l’autre nation ... » « S’il s’en trouve parmi vous qui pensent qu’ils sont envoyés pour "évangéliser" les prisonniers et non pour les soulager, pour remédier à leurs besoins spirituels et non aux temporels, je réponds que nous devons les assister en toutes manières par nous et par autrui : faire cela, c’est évangéliser par paroles et par œuvres, et c’est cela le plus juste... » « Cherchons les plus pauvres et les plus abandonnés, reconnaissons devant Dieu que ce sont nos seigneurs et nos maîtres. Et que nous sommes indignes de leur rendre nos petits services. » « Servant les pauvres, on sert Jésus-Christ. O que cela est vrai ! Vous servez Jésus-Christ en la personne des pauvres. Et cela est aussi vrai que nous sommes ici. » « Lorsque quelqu’un a faim, qu’on lui donne à manger ... puis, qu’on lui donne un outil, et ensuite plus rien... selon cela les aumônes ne sont que pour ceux qui ne peuvent plus travailler. » "Commencer toujours par celui qui a quelqu'un avec lui, et finir par ceux qui sont seuls, afin de pouvoir être auprès d'eux plus longtemps." « L’amour est inventif jusqu’à l’infini. » « Quoi, être chrétien et voir son frère affligé sans pleurer avec lui, sans être malade avec lui ! ... C’est être sans charité, c’est être chrétien en peinture. » « Ceux qui ont la vraie charité au-dedans la montrent au-dehors. La charité doit passer dans les œuvres. Alors, elle est parfaite et devient féconde, en ce sens qu’elle engendre l’amour... » « Toute notre vie n'est qu'un moment qui s'envole et disparaît aussitôt. Hélas ! Les 76 ans que j'ai passé ne me paraissent à présent qu'un songe et qu'un moment. Il ne m'en reste rien ; sinon le regret d'avoir si mal employé ce temps." « Ce n’est pas le prêtre seul qui offre le saint sacrifice, mais ceux qui y participent... c’est le centre de la dévotion. » « Qu’est-ce qui fait que Dieu regarda la Vierge ? Elle le dit elle-même “c’est mon humilité”. » 7 O Dieu Sauveur, je vous en prie, donnez-nous l’humilité, vous qui avez toujours cherché la gloire de votre Père aux dépens de votre propre gloire, aidez-nous à renoncer une fois pour toutes à nous complaire en vain dans les succès. Délivrez-nous de l’orgueil caché et du désir que les autres nous estiment. Nous vous supplions, Seigneur miséricordieux, de nous donner l’esprit de pauvreté. Et si nous devons avoir des biens, faites que notre esprit n’en soit pas contaminé, ni la justice blessée, ni nos cœurs embarrassés. Saint Vincent de Paul Sources - Dix mille saints - Histoire de Beauvais et du Beauvaisis - R. Darricau et B. Peyrous : La spiritualité - Dico des églises de France éditions Robert Laffont - Pierre Miquel : Vincent de Paul - Saint Vincent de Paul correspondance, entretiens, documents - Chrétiens de l'Oise - les grandes heures des Eglises - Théo nouvelle encyclopédie catholique - Andre Dodin : St Vincent de Paul et la charité - Calvet J. : Saint Vincent de Paul - Pierre Coste : saint Vincent et les dames de la charité - Delettre : Histoire du diocèse de Beauvais - Chronique de la France et des français – Larousse - Emmanuel de Broglie : Saint Vincent de Paul Textes recueillis et mis en forme par Martine Mainguy, Diocèse de Beauvais, Noyon et Senlis - 15, rue Jeanne Hachette - BP 20636 - 60026 Beauvais complétés par Daniel Denis 8