Synthèse exécutive du rapport d`étude sur les éco

Transcription

Synthèse exécutive du rapport d`étude sur les éco
Synthèse exécutive du rapport d’étude
sur les éco-entreprises en Martinique
Introduction
Le secteur des éco-entreprises recouvre « toutes les activités qui produisent des biens et services visant
à mesurer, prévenir, limiter ou corriger les atteintes à l’environnement touchant l’eau, l’air ou le sol, et
les problèmes en rapport avec les déchets, le bruit et les écosystèmes », selon une définition de
l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE).
La protection de l’environnement est un véritable enjeu de société, mais également une source de
développement économique. Pour soutenir cette croissance verte, il est nécessaire de structurer ce
secteur et d’accompagner le développement des entreprises.
L’objet de l’étude est donc d’analyser le poids économique du secteur des éco-entreprises, d’en
évaluer la contribution dans l’économie de la Martinique et de mettre en lumière des perspectives de
développement. Les besoins en accompagnement de la filière sont ainsi identifiés.
La présente note est une synthèse d’un rapport réalisé par Victor-Emmanuel Vaugirard (V.E.V)
Consulting1 pour la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Martinique (CCIM) durant le premier
semestre 2011. L’étude dont les résultats sont présentés ici s’est appuyée sur une enquête réalisée
auprès d’un échantillon de 81 entreprises parmi les 142 éco-entreprises identifiées en Martinique, sur
une série d’entretiens avec 28 autres différents acteurs publics et privés concernés par les éco-activités
et sur une analyse du marché. Les travaux ont consisté à exploiter les données disponibles et celles
générées dans le cadre de l’étude, afin de proposer à la CCIM des actions visant à répondre aux
besoins non couverts identifiés.
1. ANALYSE ECONOMIQUE
1.1. Les éco-entreprises se caractérisent par
environnementaux; 48 codes APE en Martinique
Domaines
environnementaux
Nb d’entreprises
répertoriées
Eau
29
Déchets
45
Energie
42
Risques
14
Sols
Air
4
1
Ingénierie généraliste
7
Totaux
142
leur
diversité :
8
domaines
Principaux codes APE et libellés
3600Z : Captage, traitement et distribution d’eau
3700Z : Collecte et traitement des eaux usées
3811Z : Collecte des déchets non dangereux
3832Z : Récupération de déchets triés
4321A : Travaux d’installation électrique dans tous locaux
3511Z : Production d’électricité
7112B : Ingénierie, études techniques
7120B : Analyses, essais et inspections techniques
7112B : Ingénierie, études techniques
7120B : Analyses, essais et inspections techniques
7022Z : Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion
7112B : Ingénierie, études techniques
48
1
Contact : Victor E. Vaugirard ; Professeur Agrégé des Universités en Finance ; Université de Strasbourg ; 61,
Avenue de la Forêt-Noire, F-67085 Strasbourg; Tel : 0696-345061 ; email : [email protected]
1
1.2. Poids économique du secteur : 2100 salariés ; 175-195 M€ de chiffre d’affaires
L’effectif sectoriel global est de 2100. La gestion des déchets et de l’eau représente 1540 personnes,
soit 73% des effectifs du secteur. Cette prédominance des « filières historiques » est observable dans
toutes les régions françaises.
Répartition des effectifs par domaine environnemental
23 26
190
320
1100
440
Déchets
Eau
Energie
Risques
Sols et air
Etudes, ingénierie
Le chiffre d’affaires du secteur s’établit entre 175 et 195 M€ et est capté pour moitié par trois
groupes : Groupe SEEN, SME et SMDS.
Domaine
Déchets
Eau
Energie
Risques
Sols et air
Etudes,
Ingénierie
Total
CA (M€)
75-80
55-57
25-35
15-20
2,5-3
2-3
175-195
1.3. La variété des métiers exercés indiquent une stratégie d’intégration de la chaîne des
valeurs
Répartition par métier tous domaines confondus
Autres
9%
Traitement / dépollution
34%
Mesures et contrôle
Gestion de réseaux
Fabrication de matériels
51%
15%
20%
Distribution et installation de matériels
51%
Etudes et conseil
Collecte / récupération
66%
40%
2
En particulier, près de deux tiers des éco-entreprises interrogées déclarent exercer des activités dans le
domaine du conseil et de l’ingénierie. Les prestations citées sont principalement la réglementation,
l’éco-conception et l’urbanisme HQE. Ceci veut dire que de nombreuses entreprises faisant de la
distribution de matériels ou de la collecte de déchets exercent également des activités de conseil.
1.4. Des entreprises plus grandes que la moyenne martiniquaise, pour la plupart jeunes
et indépendantes
Le secteur des éco-entreprises martiniquaises est composé globalement d’entreprises de plus grande
taille que le reste du tissu économique local. Près de la moitié des entreprises ont été créées en 2005 ou
après. Près des deux tiers des entreprises interrogées ne font pas partie d’un groupe.
Répartition des entreprises par tranche d'effectifs
0
Tranches d'effectifs
50 et plus
20-49
10-19
6-9
0-5
6,9%
11%
3,4%
0,5%
5,0%
Energie
7,1%
3,4%
20%
5,1%
1,1%
12,1%
10,3%
4,4%
6,2%
2,4%
11,4%
Eau
Déchets
23,8%
Industrie
Ensemble
économie
Eco-entreprises
14,3%
17,2%
13,3%
8,1%
3,9%
16,4%
54,8%
62%
51,1%
55%
89%
92%
Nombre d'entreprises
1.5. La clientèle des éco-entreprises est diversifiée, avec une prédominance de l’industrie
et du BTP
Trois quarts des éco-entreprises interrogées comptent des entreprises parmi leurs clients principaux,
même si elles diversifient leur clientèle entre entreprises privées, particuliers et collectivités locales.
Ainsi, parmi celles qui comptent des entreprises privées parmi leurs principaux clients, 52% ont
également pour clients des collectivités locales et 43% des particuliers. Cette typologie de clientèle est
comparable à d’autres régions métropolitaines.
3
Les entreprises du secteur de l’industrie et du BTP, et, dans une moindre mesure, celles des domaines
de l’environnement et de l’agriculture, sont prédominantes comme clientes, comparativement à leur
poids respectif dans l’économie martiniquaise.
• L’importance absolue de la clientèle industrie peut être expliquée par l’impact de la
réglementation qui s’impose aux entreprises industrielles. Ces dernières sont donc
nécessairement demandeuses d’éco-prestations. De plus, la mobilisation d’aides publiques
est soumise à une éco-conditionnalité génératrice d’une demande en éco-prestations.
• De nombreuses entreprises du BTP / construction vivent de la commande publique. Or, les
maîtres d’ouvrage publics tendent de plus en plus à insérer des clauses d’éco-responsabilité
dans les cahiers des charges d’appels d’offres, incitant ainsi les entreprises candidates à avoir
une gestion environnementale. En outre, la prise en compte croissante du risque sismique
entraîne une demande de prestations de cette nature par le secteur de la construction.
"Parmi les différents cliens que je vais vous citer, quels sont
ceux qui contribuent le plus à votre chiffre d'affaires?" (3
réponses maximum) - Comparaison Martinique / MidiPyrénées
Entreprises industrielles
BTP / Construction
Commerce et services
Agriculture
Entreprises environnement
Associations et autres
Particuliers
Collect locales
Services Etat
46%
30%
26%
57%
41%
44%
20%
23%
9%
26%
13%
16%
49%
50%
45%
57%
23%27%
1.6. La stratégie de développement des éco-entreprises martiniquaises repose
principalement sur l’investissement
La dynamique de développement est tirée par les investissements, le marketing et les visites de salons.
L’importance des investissements peut être expliquée par le climat de la Martinique (qui accélère
l’usure des matériels et équipements), le choix délibéré d’un surdimensionnement de certains
équipements (pour disposer des technologies les plus récentes) ou le pari sur la poursuite de l’action
publique en faveur de la protection de l’environnement.
Plus des deux tiers des éco-entreprises n’ont pas de certifications (ISO 9001, ISO 14001), mais près de
la moitié disposent d’agréments, déclarations ou accréditations divers (ICPE, transport de déchet…).
Une grande majorité des éco-entreprises martiniquaises (83%) se disent prêtes à participer à un club
régional des éco-entreprises, même si la plupart font preuve d’autonomie : elles ne ressentent pas le
besoin d’être accompagnées et n’appartiennent pas à une association ou syndicat professionnel.
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2. PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT
2.1. Des perspectives de création d’emploi nourries par les évolutions réglementaires
Les politiques publiques environnementales au niveau européen, national (Grenelle de
l’environnement…) ainsi qu’au niveau régional (SDAGE, Contrats de baie, PRME, Plan Climat
Energie, SRCAE, PDMD, PRGD …) impulsent une demande pour les éco-activités.
Il en résulte que les éco-entreprises martiniquaises sont optimistes sur les perspectives de
développement de leurs activités, ce qui se traduit par des intentions d’embauches et d’investissements
positives. Ces anticipations positives tranchent avec le pessimisme, sinon l’attentisme des entreprises
martiniquaises dans la plupart des secteurs d’activités.
Tableau : Intentions de recrutement dans les 12 prochains mois
Ensembles d’entreprises concernées
Eco-entreprises martiniquaises
Pourcentage d’entreprises ayant
l’intention d’embaucher dans
l’année
42%
Secteur « Industries extractives, énergie et gestion des
déchets » (BMO 2010)
43,2%
Economie martiniquaise (BMO 2010)
18,9%
Eco-entreprises françaises : cas de la région MidiPyrénées
45%
2.2. Les freins à desserrer pour concrétiser ces perspectives sont le manque de personnel
qualifié, le manque de visibilité de l’action publique et le financement de
l’investissement
Outre l’obstacle que représente l’étroitesse du marché, les freins signalés sont :
• Le manque de visibilité de l’action publique :
- Une instabilité des mesures de défiscalisation portant sur les investissements en général,
et donc, en particulier, pour les investissements dans les domaines environnementaux;
- Un manque de visibilité, notamment pour l’énergie, vraisemblablement en raison de la
réduction des incitations fiscales et des conditions favorables d’achat pour les énergies
renouvelables;
- Pour l’eau, de lourds programmes d’investissement dans les domaines de la distribution
d’eau potable et de l’assainissement collectif annoncés depuis plusieurs années, mais non
matérialisés à ce jour.
• Le manque de personnel qualifié, à l’exception du domaine de déchets (où une grande partie du
personnel réalise des activités basiques);
5
• L’investissement et le financement, particulièrement dans les domaines de la gestion des
déchets et de l’eau (plus de 32% entreprises mentionnent l’investissement comme un frein pour
chaque domaine), car les activités concernées sont pour la plupart à forte intensité capitalistique
(équipements de collecte des déchets, notamment).
Les entreprises déclarent avoir des besoins d’accompagnement principalement en matière
d’informations sur les aides publiques et la réglementation ainsi que des besoins de contacts avec les
donneurs d’ordre.
2.3. Recommandations pour accompagner le développement du secteur
• Dynamiser la demande grâce à une meilleure communication et une plus large information
La CCIM pourrait contribuer à la promotion des éco-entreprises au moyen des actions suivantes : créer
un site Internet dédié; faciliter la participation à des salons nationaux ou internationaux ; communiquer
en finançant l’élaboration d’une plaquette sur les éco-entreprises. La CCIM pourrait également
informer plus largement sur les aides publiques, les marchés, la réglementation et les évolutions
technologiques.
• Renforcer l’offre par des actions d’accompagnement collectif
La plupart des actions recommandées ici peuvent être mises en œuvre par la CCIM : créer des
conditions aux échanges, en organisant des réunions thématiques ou des visites de sites, ainsi que des
réunions avec les donneurs d’ordre ou d’autres organismes régionaux ; poursuivre les incitations à
l’innovation, en partenariat avec Martinique Technopole (ex ITEC Technopole de la CACEM), la
DIECCTE et OSEO Innovation ; poursuivre les actions relatives au développement international, en
partenariat avec le Conseil Régional.
• Créer un club régional des éco-entreprises en Martinique
Un club régional d’entreprises ou cluster est une association d’entreprises permettant des échanges
entre entreprises d’un même secteur et pouvant mener des actions collectives comme celles évoquées
précédemment (informations sur les aides publiques, accès à l’évolution réglementaire…). Ce club
pourrait être généraliste, compte tenu de la petite taille du marché et de façon à mettre en place des
actions suffisamment larges pour intéresser des opérateurs qui sont souvent en concurrence frontale
sur tel ou tel segment du marché.
• Favoriser les réponses aux appels d’offres publics
Une piste consiste à encourager les entreprises à se structurer par l’aide à la mise en œuvre de
démarches qualité et des aides au recrutement, en incitant les entreprises à mettre en place des
démarches qualité, de type ISO 9001, ou en les aidant à recruter du personnel pour la conduite de
projet, notamment le montage et le suivi de dossiers, sur le modèle du dispositif Pépinière Jeunes
Cadres du Conseil Régional de Martinique.
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