Going, going, Gone,Standing in the doorway,Long ago, Far

Transcription

Going, going, Gone,Standing in the doorway,Long ago, Far
Going, going, Gone
Le dernier jour de notre séjour.
Nous rentrons en avion de Lalibela à Addis
Abeba via Gondar. C’est l’occasion de
survoler ce surprenant relief qui donne
l’impression que la montagne, ancienne, a
été labourée.
Des haut plateaux, vastes, sur lesquels sont perchés des villages et des champs
bien ordonnés. Entre ces plateaux de profondes crevasses de quelques centaines
de mètre parfois.
Partout, vus du ciel, ces étranges petits points jaunes,
dernières traces qui témoignent des zones de vannage de
l’orge, du blé ou du tef.
De retour à Addis, nous traversons en
voiture mercato. Le plus grand marché
populaire d’Afrique. Une ville dans la ville.
On y trouve de tout… par quartiers, les
différents produits nécessaires à la vie de
tout les jours, de la pièce de voiture au
sachet d’épice. Même un quartier
spécialisé dans le recyclage; car la petite
bouteille d’eau minérale vide s’avère
particulièrement utile aux nomades qui gardent le troupeau, le tonneau de 200
litres d’huile coupé en 2 devient une bassine pour laver le linge, le pneu abîmé
devient une sandalette, etc…. Pas de grosses théories sur le traitement des
déchets, c’est une évidence ici.
Tamrou nous invite à une cérémonie du café chez lui. L’occasion de faire
connaissance avec son épouse et son petit bébé. Une petite maison de location de
10m sur 10m qui lui coûte environ 40€/mois, lui qui n’en gagne que 120.
Notre dernière soirée avant le décollage nous la passerons avec lui dans un
restaurant traditionnel ou musiques et danses Ethiopiennes agrémentent les plats
traditionnels.
Et c’est le départ… Et il n’y aurait pas de départ, s’il n’y avait pas eu de
rencontres.
Et il me vient encore une chanson de Dylan :
« As I travel down life’s pathway,
Know not what the years may hold.
Precious memories flood my soul »
Standing in the doorway
Nous sommes presque à la fin de notre voyage, mais dans un lieu dont presque
tout le monde a déjà entendu parler, ne serait ce que par les reportages à la
télévision : Lalibela…
Bete Giyorgis
Le roi Lalibela (XII° siècle) de la dynastie des Zagoué a eu dans un rêve une
révélation du Christ lui demandant de construire une nouvelle Jérusalem. Il fit
alors creuser 11 églises directement dans la roche. Elles sont pour la plupart
monolithiques, creusées dans une roche volcanique qui ressemble au grès .
D’abord les contours ont été creusés, puis l’intérieur a été travaillé du plafond au
sol. Le site est magnifique, malheureusement la roche est friable et beaucoup
d’entre elles ont du être protégées par des toits grâce au financement de
l’UNESCO.
Les églises sont petites et les pèlerins sont dans, et autour, des églises.
L’approche de Noël a déplacé de nombreux fidèles. Des chrétiennes orthodoxes
d’Arabie Saoudite ont essayé d’engager la conversation. Elles sont venues exprès
pour le Noël orthodoxe ici.
C’est la Saint Georges dans le calendrier orthodoxe donc je profite des chants et
des danses traditionnelles chantées par les pèlerins.
Les chants sont en Guèze : On m’explique qu’il s’agit d’un chant d’unité, d’un
chant de paix et de louange pour les saints : Michel, Georges, Gabriel, etc….
Le Guèze est maîtrisé par les moines et prêtres mais les fidèles, pour la plupart,
ne le comprennent pas. Une explication est donc systématiquement donnée, ce
qui explique la durée des cérémonies.
Il y a 11 églises réparties en deux groupes géographiquement peu séparées. Elles
sont reliées entre elles par des failles, par des sentiers, des escaliers ou des
tunnels. L’un des tunnels fait 50m de long dans une totale obscurité.
Le guide m’explique que l’obscurité est volontaire. Une légende populaire dit que
les pèlerins optimistes qui passent ce tunnel pour aller à l’église suivante montent
au paradis. Les pessimistes vont en enfer. Les choses sont simples finalement si
on pense positivement
.
Prêtre expliquant l’histoire de St Georges
Long ago, Far away
Crêche de Bergheim (2014) : Clin
d’oeil à Marie-Christine et JeanNoël
Une autre histoire qui a bercé notre enfance, celle de ces trois rois mages
venus adorer Jésus dans la crèche…. Légende apparue au VI° siècle….
L’un était blanc et venait d’occident, l’autre venait d’Orient et le troisième,
Balthazar, était noir et venait d’Afrique. Ce point n’est pas très clair car certaines
sources disent que c’était Melchior qui venait d’Ethiopie. Un théologien pourra
clarifier cela :-).
Enfant, je ne me posais pas la question de savoir de quel pays d’Afrique mais je
me rappelle que Balthazar avait apporté avec lui encens, or et diamants.
Certaines églises que nous avons visité avaient des peintures murales qui
représentaient cela.
Certains textes Éthiopiens affirment que les trois rois venaient d’Éthiopie mais
c’est peut-être exagéré… Pas objectif…
C’était il y a longtemps, loin….
I cross the green montain
Nous partons de bonne heure de Mekele (capitale du Tigré) vers Lalibela,
deuxième capitale d’Ethiopie après Axoum et avant Gondar.
Tamrou annonce la couleur : « Chinese road », ce qui nous laisse sous entendre
que ce ne sera pas de la moquette. En effet, la route bitumée présente sur de
longues distances des ornières de goudron profondes de 10 à 20cm. La route à 2
ans… Sur le trajet nous rencontrons 3 camions renversés dans des virages… Des
freins défectueux, des camions trop chargés ou des virages mal négociés sont la
cause majeure des accidents ici. Un camion également à renversé un charrette
hippotractée.
Dromadaires sur la piste
Petit à petit les choses changent nous faisant comprendre que nous nous
rapprochons du Wollo.
Les vêtements d’abord, les hommes portent moins le pantalon et d’avantage la
toge blanche.
Les coiffures des femmes ensuite qui portent toujours des tresses plaquées sur le
haut de la tête, mais des cheveux non tressés sur les cotés.
Plus de mosquées aussi et de plus en plus de dromadaires.
On peut penser un moment qu’ils divaguent seuls dans les champs ou la brousse
mais il y a toujours, quelques centaines de mètres plus loin, un enfant ou un
adulte qui les surveille.
Leur pas est nonchalant, comme si le temps n’avait pas de sens… comme si rien
ne pressait… rien à voir avec les ânes peureux qui détalent parfois pour des
raisons inexpliquées.
Nous passons à coté d’une route de caravane qui permet aux populations afars de
transporter du sel, du désert du Danakil vers les centres commerciaux. Nous
avions croisé souvent les afars lors de notre dernier voyage. Grands marcheurs,
peuple fier, toujours armés de couteaux, de sabres ou de fusils. Tamrou nous
explique qu’ils traversent la route quand bon leur semble. Aux voitures de
s’adapter à ces nomades qui connaissent et occupent l’espace depuis des
millénaires.
Le paysage est changeant… Dans les zones frontalières avec le Tigré, le Wollo est
verdoyant, irrigué, cultivé.
L’aide internationale et les ONG ont fait un gros travail pour l’agriculture ici.
Nous pouvons observer les tiges de maïs assemblées en meule qui feront du
fourrage pour le bétail. Les paysans battent les grains, labourent ou plantent de
nouvelles graines. Difficile de croire que cette région a connu la plus grande
famine de tous les temps.
Et plus long, après avoir traversé cette
colline verdoyante, un paysage qui devient
lunaire. La terre semble composée de mini
rochers volcaniques. Seules les bêtes
errent par là… moins d’agriculture, plus
de pauvreté.
Les maisons sont construites encore en pierre, mais plus traditionnelles, même si
dans certains villages des maisons traditionnelles à deux étages laissent entrevoir
la présence de famille plus grande ou plus fortunées.
village wollo
Nous arrivons en fin de soirée à Lalibela.
Danses près du feu de bois
Notre fêtons notre réveillon, ici, dans un haut lieu religieux…. Dans ces montages
rocheuses. Notre hôtel donne une vue imprenable sur le plateau de Lalibela. Le
roi Lalibela n’a pas choisi ce lieu par hasard. Sur le plan militaire il offre des
garanties de sécurités certaines.
Notre année 2014 sera plus courte de 2h, 2015 sera peut-être plus longue.
Nous passons l’année aux rythme du tam-tam et du violon Ethiopien à regarder et
à danser des danses du Tigré et du Wollo.
Nous pensons à vous, qui buvez du champagne (merci
Nous buvons du Tedj, trop sûrement, en pensant à vous tous.
) ou autre chose.
Pour vous serrez dans nos bras, il faudra attendre encore un peu mais on y pense
fort.
Immense bonne année à tous.
Knockin’ on heavens door
Falaise vers Abuna Yemata
Nous sommes a Hozein aux pieds des Gheralda Montains. La matinée est
physique -du genre CAF (cuisses-abdos-fessiers)- car nous nous rendons dans une
des églises les plus inaccessibles d’Ethiopie. 450 m de dénivelé, mais les derniers
250m imposent d’escalader une falaise abrupte.
Cette église est particulièrement appréciée car proche du ciel, mais seules les
personnes habiles peuvent s’y rendre.
La vue est imprenable, mais il faut éviter de regarder vers le bas.
La récompense est au bout. Une magnifique église installée dans une grotte au
VI° siècle. Les peintures murales sont probablement du XV°.
Peintures murales d’Abuna Yemata
Au X° siècle; la reine axoumite Judith (Gudit), qui souhaitait se débarrasser de la
religion orthodoxe a détruit bon nombre d’églises mais pas Abuna Yemata car
celle ci était trop difficile d’accès.
Les représentations sacrées sont magnifiques et peintes directement sur la roche.
La porte en une seule pièce de bois, ancienne aussi, tient difficilement à un seul
gond.
La bible, écrite en guèze sur des peaux de chèvre, date du VI° siècle également.
Représentation de saint Gabriel et
de la vierge Marie
Notre guide se moque de moi parce que je n’arrive pas à retenir le nom de l’église
et me promet un interrogation orale… Angoisse de l’élève qui essaye de bien faire
mais qui a du mal
Finalement je lui demande de retenir le nom de mon village natal… ça rétabli un
certain équilibre Tout le monde comprendra….
Moins spirituel, moins sacré, Tamrou m’avait promis de me trouver de la bière
locale à base de millet (je crois)… Très bonne et avec pour avantage d’être très
complète : on boit et on mange en même temps
Et puis, pour se rapprocher encore du ciel (après la bière ), nous visitons
probablement la plus vieille église orthodoxe d’Éthiopie. Elle date du IV° siècle :
Abuna Gebre Mickaël.
Gudit l’a partiellement détruite juste avant de mourir mais l’entrée a été
reconstruite.
Lecture biblique
Une chance pour nous, nous pouvons assister à une messe… Le prête principal lit
la bible en guèze pendant que les croyants répètent certains mots. Les prêtres et
les diacres se rendent ensuite dans la zone « secrète » où est située, à l’abri des
regards, la copie de l’arche d’alliance, pour lire de nouvelles prières… Il y a
beaucoup de cérémonie et de recueillement. Mais nous n’assisterons pas aux
deux ans de cérémonie… la route nous attend.
Proche du territoire Afar, les dromadaires sont les nouveaux usagers
de la route.
Political world
La monnaie de l’Éthiopie est le birr (prononcer bêrr avec un R roulé). 1 birr vaut
4cts d’euros et le billet le plus grand est le billet de 100 birrs.
Changer 100€ conduit donc à avoir au mieux 25 billets… Imaginez s’il faut
changer 2000€
Un repas au restaurant coûte environ 100birr et le salaire habituel est de moins
de 10 birrs par jour pour les ouvriers. Un café (de consommation courante) au
restaurant coûte 7 birrs et une bière 15 birrs.
Notre situation de touriste nous place donc bien sûr dans une position de nantis
et il n’est pas surprenant de se faire accoster par une main tendue. Difficile de
trouver la bonne réaction, difficile de rester indifférent.
Mais même en cas de refus, la gentillesse et les sourires restent présents. Pas
d’agressivité.
Tamru notre chauffeur est un homme de 38 ans très
agréable mais réservé. Il nous parle souvent de son enfant
de 6 mois.
Son anglais est approximatif car le décès prématuré de son
père l’a obligé très tôt à quitter l’école pour aider sa mère à
soutenir ses deux petites sœurs. Et au final il s’est marié
tard… En Éthiopie, il est rare d’avoir des enfants avant le
mariage. C’est très mal vu même chez les suris.
L’avantage de sa difficulté en anglais est qu’une question sur un sujet entraîne
une réponse sur un autre sujet tout aussi intéressant.
Nous quittons Axum pour nous rendre vers les montagnes Geralta.
La route en lacet nous fait passer au travers de ces montagnes accidentées de
roche rouge ou calcaires.
De temps en temps nous rencontrons un camion, qui, si la route n’est pas
bitumée, nous impose un rideau de poussière nécessitant un arrêt. Tamru nous
explique en riant que les camions sinotrack chinois sont appelés par les
Éthiopiens Al Quaida. Leurs freins sont faillibles et, du fait de la remorque mal
dimensionnée, ils ont tendance à se renverser lorsque les Éthiopiens les chargent
de trop.
Ca ne vaut pas les camions volvo
Paysan extrayant le grain de la
paille.
Les boeufs, les ânes et les chèvres traversent la route sans se préoccuper de la
circulation. « The donkeys are the kings of the roads in Ethiopia » nous dit le
chauffeur avec un petit sourire. Les enfants aussi, avec leur uniforme scolaire,
occupent toute la largeur de la route, soit pour jouer avec un ballon fabriqué avec
un bout de tissu et de la paille, soit pour se raconter leurs dernières histoires.
Comme dans beaucoup de pays d’Afrique, les écoliers portent des uniformes pour
éviter la distinction sociale. Pour éviter aussi qu’ils viennent à l’école avec des
vêtements en loques. Car l’école est une chose sérieuse ici. Depuis longtemps les
gouvernements successifs investissent dans la scolarisation. Ils y apprennent
l’amharique, l’Oromo ou le Tigré (les trois langues principales, mais environ 80
langues différentes sont parlées en Éthiopie) ainsi que les signes alphabétiques
communs à ces trois langues et dérivés du guèze lui même dérivé du grec et de
l’hébreu. Plus tard au collège, ils apprennent l’anglais et l’alphabet romain.
Cérémonie du café : torréfaction
En traversant Adoua, nous voyons cette colline où Menelik II vainquit les italiens.
Ces derniers étaient équipés d’armes modernes, mais se situaient au bas de la
colline. L’armé de Ménélik avaient pour elle l’avantage du nombre et surtout elle
surplombaient l’armée Italienne. Les armes Ethiopiennes étaient anciennes et
moins efficaces vendues par des aventuriers comme Arthur Rimbaud.
L’issue de la bataille a été terrible pour l’armée italienne et mit fin à la première
tentative coloniale.
Nous finissons notre trajet de la journée dans une petite ville de 8000 habitants
au pied des monts Geralda. Cette ville a été bombardée en 1988 par l’aviation
Éthiopienne commandée par Mengistu (président ayant succédé à Hailé Selassié)
pour attaquer les rebelles sécessionnistes tigréens… 2000 morts chez les civils.
Pour la première fois depuis notre séjour nous sommes confrontés à la barrière de
la langue. Même les adolescents semblent ne pas comprendre l’anglais.
C’est quelque chose de frustrant d’avoir envie de communiquer et de ne pas
pouvoir. D’être face à une langue sans aucune racine commune. De plus les
inscriptions sont toutes en écriture amharique… dur de trouver un cyber café, dur
de trouver des allumettes…. Mais ceux qui ont été au Bengladesh ( ) au Maroc
(re
), au Japon ( re re
) ou ailleurs comprennent ce que je veux dire.
Dany, on t’embrasse très fort pour ton
anniversaire.
Dead is not the end
La première stèle d’Axoum
Axoum est la première capitale d’Ethiopie…. Elle est à l’origine de ce pays, au
point où on parle de période pré Axoumite, Axoumite et post Axoumite.
Il y a des vestiges archéologiques impressionnants et donc beaucoup de tombes.
Nos pensées du matin sont allées à ceux qui ont visité Rome avant 2006. Ils ont
pu voir une stèle non loin du circus Maximus . Nous n’avons jamais été à Rome,
mais finalement, cette stèle nous la découvrons à son emplacement d’origine, au
centre d’Axoum à coté de plusieurs autres, car elle a été restituée à l’Ethiopie il y
a quelques années. Il s’agit probablement de stèles marquants les tombeaux des
empereurs Axoumites entre le I° et VI° siècle. La datation est difficile et aucune
inscription n’y est apportée.
Ce qui est impressionnant c’est la maitrise que semblaient avoir les Ethiopiens
pour réaliser de tels monuments. Le granit n’est pas facile à tailler mais les
pierres des différents vestiges que nous avons visité sont ajustés presque au
millimètre.
Margouillat
Il est étonnant de voir les ânes et les dromadaires passer à 20 mètres de ces
monuments classés par l’UNESCO. Il y a quelques années encore, ces bêtes
venaient brouter l’herbe au pied des stèles.
Et bien sûr, nos amis les margouillats sont là. Tous ceux qui ont été en Afrique les
connaissent. Ou alors, ceux qui ont entendu des contes à leur sujet.
Devant
le
tombeau du roi
Khaleb (540 ap.
JC)
Notre guide est plutôt du genre « Joker », et nous avons passé un bon moment
avec lui. « Hailé » ce qui signifie « Force » est un jeune diplômé en tourisme.
L’Éthiopie forme de nombreux jeunes chaque année à devenir guides, créateurs
de tour opérateur, etc…. Ils ont raison car les ressources touristiques sont
exceptionnelles. Et les archéologues ont sûrement encore de nombreuses
décennies de travail dans cette ville.
Axoum est aussi la ville ou la reine de Saba s’est installée. Les fouilles des
allemands ont mis à jour sa piscine et …. sa douche. 1000ans av JC quand
même….
Et puis Axoum est la ville par laquelle est arrivée la religion orthodoxe dans ce
pays… C’est là où est entreposée l’arche d’alliance (pour ceux qui n’ont pas suivi,
voir ici), c’est là où la première église orthodoxe d’Ethiopie a été construite.
Elle est maintenant détruite, mais Hailé Sélassié en a fait construire une nouvelle
il y a 80 ans.
Vue panoramique de 180° de l’intérieur de l’église d’Axoum
Je ne me lasse pas d’observer ces populations pieuses.
Les messes durent en moyenne 3h le dimanche et souvent les croyants ne
s’assoient pas. Ils apportent avec eux des bâtons de 1m70 surmontés d’une petite
barre transversale en bois ou en laiton qu’ils calent sous leur aisselle et qui leur
permet de se reposer tout en restant debout. Devant chaque église, nous voyons
des croyants à genoux, embrassant les murs, la porte ou le sol. Pour rentrer dans
l’église ils retirent leurs chaussures et font trois fois le signe de croix en se
mettant à genoux.
Je ne me lasse pas d’observer non plus cette population travailleuse.
Nous rencontrons dans Axoum des dromadaires portant de lourdes charges
guidés par des paysans à la peau brulée mais souriants. Les caravanes ne sont
pas loin, qui transportaient d’Ethiopie en Arabie des blocs de sel, de l’encens, de
l’or, de l’ivoire, etc…
Dans les champs, pour peu qu’il y ait un
peu d’herbe verte, des enfants à deux ou
trois guident et surveillent des troupeaux
de bovins. En short et en tshirt parfois
juste avec une culotte et une toge ils
restent là, sous le soleil. Dans leurs mains,
un livre ou un cahier pour étudier.
Et quand il n’y a plus d’herbe ils poursuivent leur quête de nourriture.
Avant de finir cet article :
JOYEUX ANNIVERSAIRE JEAN-NOEL.
Narrow way
Paysan qui vanne
l’orge à Entoto
De fin 1984 à aout 1985, l’Éthiopie a été victime d’une terrible famine qui
touchait l’Oromo et le Tigré (le Wollo) provoquant plus d’un millions de morts…
Le monde entier s’est mobilisé (parfois tard) pour venir en aide à ce pays que
certains découvraient. Le Band Aid initié par Bob Geldorf, chante « We are the
world » avec les paroles de Mickael Jackson; en France Valérie Lagrange, Renaud
et d’autres fondent SOS Éthiopie pour apporter des fonds pour la lutte contre la
famine.
Une des raisons de cette famine était les faibles pluies de juillet-Aout et donc les
faibles récoltes. Mais la raison était aussi politique. Le régime communiste en
place, pour mettre à genoux les rebellions sécessionnistes de ces deux régions
n’avait pas autorisé la circulation des marchandises et donc la distribution de
l’aide alimentaire. Les rebelles également s’opposaient aux convois.
Le bilan humanitaire a été catastrophique et l’aide a été malheureusement
largement détournée par les militaires et les rebelles (source Jeune Afrique
03/03/2010).
En traversant ce pays il est difficile à croire qu’il y a pu y avoir une famine… La
terre est riche, les paysans sont travailleurs. Ca ne devait pas arriver, ca ne
devrait plus arriver.
Nous partons de bonne heure pour aller de
Gondar vers Aksoum (Axoum). Les rues
sont déjà bien animées. Nous sommes
samedi et c’est jour de marché dans toute
l’Éthiopie. Les gens se saluent dans la rue,
se serrent la main et cognent
mutuellement leur épaule droite comme le
veut la salutation populaire; certains
s’embrassent. Sur la route du village au
marché nous croisons des colonnes de paysans accompagnés de leurs ânes
lourdement chargés, de leurs vaches ou chèvres. Certains portent des sacs sur la
tête ou le dos. Parfois ils ont à parcourir 15km pour aller au marché. Pas étonnant
que les coureurs Éthiopiens sont les meilleurs au monde.
La région est vallonnée, accidentée, et ils marchent à travers champs pour
atteindre plus vite leur destination. Les dénivelés sont importants et le sentier
dangereux. Femmes, enfants et vieillards ne sont pas épargnés.
Le paysage est magnifique. Petit à petit les monts Simien se dévoilent. Des pics
rocheux de plus de 3000m d’altitude qui sont un peu un mélange entre le Grand
Canyon et la Dead Valley. Une sorte de forteresse naturelle qui sépare l’Amhara
du Tigré.
Les monts Simien
Nous empruntons une route vieille de 80 ans construite par les Italiens : La Lima
Limo road du nom de son architecte. Mais l’essentiel de la route est en
construction. Pas par les chinois, pas par les Coréens, mais par les Éthiopiens eux
même. Nous découvrons un chantier sur plus de 150km ou des Éthiopiens de tout
âge travaillent. Chacun à sa mesure selon ses moyens sous la chaleur étouffante.
Nous nous arrêtons pour laisser passer un camion, et une jeune femme qui
travaille là nous réclame une bouteille d’eau. Avec toujours le sourire… des
enfants nous réclament des stylos et nous montrent leur cahier écrit en
amharique.
Femme Tigré et son enfant
Une autre halte forcée nous permet de rentrer dans une maison pour boire un
sirop d’une céréale inconnue… une sorte de petit blé. De quoi se désaltérer pour
3 takas (12 centimes).
Les femmes du Tigré se reconnaissent par leur coiffure traditionnelle qui est faite
de tresses plaquées sur la tête et de cheveux non tressés à l’arrière. Surement ne
se lavent-elles les cheveux que tous les deux jours, voire plus…..
Leurs maisons sont différentes aussi du fait de la présence abondante de rochers.
Elles sont faites de pierres liées avec de la boue. Une palissade en pierre
également délimite par ailleurs la parcelle.
Villageois revenant du marché
C’est la Saint Gabriel…. Un saint spécial pour les Ethiopiens, comme saint Michel,
saint Georges, sainte Marie….
Donc bonne fête Gaby
God knows
Nous avons tous sûrement en mémoire cet épisode d’Indiana Jones où Sean
Connery jouait le rôle du père d’Indiana : les aventuriers de l’arche perdue.
Chapelle de l’arche – Aksoum
Ce film met en scène l’arche d’alliance. Ce coffre dans lequel Moïse a placé les
tables de la loi reçues sur le Mont Sinaï.
Cette arche était gardée dans le palais de Salomon à Jerusalem (livre des
Maccabées) mais la légende raconte que lorsque Ménélik est retourné en Ethiopie
après des années d’éducation auprès de son père, il a emmené l’arche avec lui,
pour la mettre en lieu sûr sur une île du Lac Tana (d’après le livre Kebra Nagast :
La gloire des rois). Plus tard, elle a été déplacée à Aksoum dans l’église SainteMarie-de-Sion où elle est toujours sous la garde, jour et nuit, d’un prêtre
orthodoxe seul autorisé à la voir.
Toutes les églises orthodoxes d’Ethiopie possèdent une copie de l’arche. Lors de
la fête de Timkat le 19 janvier, ces copies sont transportées cérémonieusement.
Solid Rock
Nous sommes le 26 décembre et nous
dirigeons vers Gondar.
Nous traversons la région Amahrique à 200km de la frontière Soudanaise à
travers des paysages magnifiques.
Partout, nous voyons l’activité des paysans. Ils labourent la terre car ils viennent
de récolter la canne à sucre, le tef, l’orge ou le maïs. Les boeufs et la charrues les
aident à creuser ces sillons qui recevront les plants de pomme de terre ou
d’autres semences pour une deuxième récolte.
Plus loin les ânes ou les bœufs tournent en rond sur un tapis de paille séchée…
Leur piétinement permet de séparer le grain de sa tige.
Petit clin d’oeil à
Dany, Melo et
Gaby
Des maisons se construisent. La récolte étant vendue, les paysans ont de l’argent
pour acheter les maigres troncs d’arbres d’eucalyptus qui feront les montants des
murs de la maison ainsi que la tôle ondulée pour le toit. La paille et la boue
permettent de combler les interstices dans les murs.
Les pitons rocheux sont impressionnants sur la route et les murets permettent de
limiter l’érosion et favorisent la culture en terrasse.
Au début des années 1980, René Dumont publiait « Pour l’Afrique j’accuse ». Je
me souviens qu’il a consacré un gros chapitre à l’Ethiopie, 10 ans après la famine
de 74 qui a précipité la chute d’Hailé Selassié juste avant la grande famine de 84
dans le Wollo. Ce livre devait être la suite de son livre « L’afrique noire est mal
partie » tant décrié dans les milieux africains…
En particulier Dumont critiquait les choix du pouvoir marxiste léniniste de
Mengistu qui favorisait l’industrie et l’armée mais délaissait l’agriculture. Les
choses ont un peu changé je crois… Les routes sont excellentes, les paysans
peuvent écouler leurs produits, les bidonvilles sont peu à peu remplacés par des
zones d’habitation correctes. Certes, la culture du Khat remplace la culture du
tef, mais les paysans peuvent le vendre et en tirer des revenus substantiels…. Sur
le plan moral il est bien sûr discutable de remplacer une culture vivrière par la
culture d’une plante psychotrope, mais les paysans sont-ils à blâmer?
Bien sûr il y a ces terres bradées pour la culture des roses ou des palmes…. mais
les centrales hydroélectriques et les routes sont indispensables et il faut bien les
payer.
J’ai vu moins de mendiants cette fois ci qu’au Bengladesh… Le chauffeur me disait
ce soir que ce gouvernement améliorait la vie des gens. Peut-être enfin partie
l’Ethiopie….
Palais de Facilides
Gondar est la 3° capitale d’Ethiopie avant Addis Abeba. 300 000 hab.
Un haut lieu historique.
L’empereur Facilides y a construit son château au XV° siècle. Ses descendant ont
continué. De vieilles pierres, mais des pierres solides. Patrimoine de l’Unesco.
Le château est immense et en assez bon état.
Gondar compte également parmi ses monuments, une église carrée, ce qui n’est
pas habituel. Elle date du XVI°siècle. Sa forme doit faire penser à l’arche de Noé.
Croyant contemplant les peintures sacrées
Comme pour les autres églises, des peintures très « Ethiopiennes » ornent les
murs et le plafond.
Les personnages ont tous des visages ronds avec des grands yeux ronds et des
pupilles noires.
Nous découvrons que l’Union africaine construit un nouvel immeuble ici, alors
que celui d’Addis est flambant neuf…. difficile à comprendre. Mes questions aux
gens du coin n’ont pas trouvé de réponses à ce sujet.
Watching the river flow
L’île du monastère Entos Eyesu
Bahir Dar est la capitale de la région Amhara. Les amharas ont tenu le pouvoir
depuis presque toujours en Ethiopie. Leur langue est l’Amharique devenu langue
nationale, et ils sont presque tous chrétiens orthodoxes.
Nous prenons un vol intérieur tôt le matin pour aller dans cette ville de 20 000hab
et située à 1800m d’altitude.
Bahar Dar est bordé par le Lac Tana qui fait environ 70km de large et 80km de
long. Ce lac comporte de nombreuses îles et sur beaucoup d’entre elles, des
monastèrres orthodoxes. Nous en visitons deux.
Ce sont des lieuxcalmes où les moines
s’adonnent à la prière et à la lecture.
Les églises sont décorées de peintures religieuses qui permettent aux enfants et
aux illettrés de comprendre la bible.
Peintures du
monastère Zeghie
Azwa Mariam
Elles sont plus souvent circulaires, et on peut donc les contourner en
« observant » la bible. Une manière d’expliquer que tout est toujours un
recommencement. L’alpha et l’omega…
Sur le lac, les pêcheurs utilisent de curieuses barques en papyrus, visiblement
très stables. Ils pêchent avec des sortes de fils qui flottent et qui portent des
hameçons. Le lac regorge de poissons…. des perches du Nil, des poissons-chats….
Pêcheur sur le lac
Tana
Notre Hôtel a environ 80 ans. Il me fait penser à Taitu à Addis Abeba, même si ce
dernier est encore plus ancien. De la boiserie sculptée orne les plafonds et des
peintures sacrées sont peintes sur les piliers. Cela donne un genre très antique.
Les chutes du Nil bleu
Nous avions souhaité visiter les chutes du Nil bleu. Le Nil bleu prend sa naissance
près de Bahir Dar et se jette dans le Nil blanc en Egypte.
Ses chutes sont fameuses. Assez d’eau pour faire une bonne douche
En saison de pluies, nombre de terres étaient inondées et des routes détruites
avant la construction d’un barrage hydroélectrique de 75MW qui permet
maintenant de réguler le débit. D’une hauteur d’environ 50m, elles sont
impressionnantes et de toute beauté.
Jeune gardien de troupeau jouant
de la flute
With god on our side
En 1979, Guy
m’avait fait écouter « Babylon by bus » de Bob Marley.
J’avais adoré ce disque… Je l’ai toujours.
Cet enregistrement live commencait par ces mots de Marley : « Ras Tafari ever
living, ever faithfull, ever sure… ». Je ne comprenais pas, mais j’aimais le disque.
Je ne savais pas qui était ce « Rasta Faraye »
Portail à Shashamene
Ras Tafari Mekonnen est le nom de bapteme d’Haile Selassie, le négus, roi des
rois et dernier empereur d’Ethiopie. Le mouvement rastafarien qui repose sur les
écrits de Marcus Garvey affirme qu’un roi noir descendant du dieu d’Israël
viendrait délivrer les peuples noirs de la souffrance. La vie et l’action d’Hailé
Sélassié leur laissait penser qu’il était ce roi, leur prophète.
Ce petit homme de 1m55 qui a tenu tête au grand Mussolini…. Et l’Ethiopie
devait être la terre promise.
Haile Selassie ne s’est jamais revendiqué du rastafarisme, mais il s’est rendu en
Jamaïque où il a été adulé. Il a aussi « donné » la ville de Shashamene a une
communauté rasta.
Lors de notre précédent voyage, nous avions traversé Shashamene. Nous nous
souvenons encore de ce rasta qui a voulu nous vendre de l’herbe a un carrefour
de la ville.
Statuette d’Hailé
Selassié : Musée
National
Hailé Sélassié a été renversé par le régime communiste de Mengistu Haile
Mariam en 1974. Assassiné en 1975.
En 1992 il est exhumé, et sa dépouille est déposée dans le Mausolée d’Addis
Abeba aux cotés de celle de son oncle Menelik II.
Hailé Selassié est originaire de l’Amhara et tout le monde dans cette région le cite
encore comme un homme bon qui a transformé l’Ethiopie..
Hier soir au bar de l’hôtel j’entendais des jeunes portant des dreadlocks citer
Marley et entamant « Rastaman vibration ». Flashback
Beyond the horizon
Alpes suisses
Un voyage de jour en avion est toujours magique surtout quand il y a peu de
nuages. On prend conscience de la beauté des choses… de combien on est petit….
de combien notre cerveau extrapole autant qu’il peut : entre les nuages, une mer
de glace, une plaine enneigée, peu de différences.
Derrière cet horizon, il à l’Afrique…. vers où nous allons à nouveau.
Un passage sans problème à Istanbul qui, vue de haut, est une ville immense.
Mais notre objectif est l’Ethiopie… Du grec Aethiopia qui veut dire « Hommes au
teint brûlé »… parait-il… Je connais une prof de grec Certains d’entre vous aussi
sûrement.
Arrivés à Addis Ababa de nuit…. 23h, heure française… 1h, heure Ethiopienne.
Mais il y a deux heures éthiopiennes : l’heure calée sur la nôtre, et l’heure
traditionnelle qui fonctionne avec le soleil. A 6h, le soleil se lève, il est 0h du
matin; à 18h, le soleil se couche, il est 0h de la nuit.
D’ailleurs tout marche à deux rythmes. Le calendrier Éthiopien est en retard de 8
ans sur le calendrier occidental. Nous sommes donc en 2006. Noël n’est pas le 25
décembre mais le 6 janvier (date occidentale). Le premier de l’an est le 11
Novembre. De quoi dérouter… De quoi sourire.
Notre vol s’est déroulé sans problèmes, si ce n’est que le chauffeur ne nous
attendait pas dans le hall de l’Aéroport Bolé comme il y a 3 ans. Pas de téléphone
pour joindre notre contact sur place, donc il ne reste qu’à attendre, prévoir des
plans B, discuter avec les gens qui attendent également : des français, un
allemand, des éthiopiens, on entend parler italien aussi.
Mais en Afrique tout s’arrange toujours. Notre chauffeur attendait patiemment au
parking depuis 2 heures, car les règles de l’aéroport ont changé : les chauffeurs
sont obligés, depuis une semaine, d’attendre plus loin.
Nuit courte donc, car nous ne sommes dans la guest house qu’à 3h du matin.
Il fait doux, 25°C. De quoi supporter un TShirt à manches longues..
Un quartier de la « vieille ville »
Addis n’a pas trop changé… Un gros chantier. La vieille ville (le bidon ville plutôt)
est peu à peu détruite pour laisser place à des immeubles en construction…
certaines en construction depuis 3 ou 4 ans, nous avons pu le constater.
Le réseau routier se densifie… Les chinois construisent un chemin de fer de 10km
en plein centre à coup de grands ponts quitte à déloger.
Notre chauffeur, Aragan, nous explique que les chinois ont envahi le pays… Plus
d’un million (les Ethiopiens sont 82 millions) … Ils vivent chinois, consomment
chinois, et dépensent chinois. Il nous raconte que les enfants ne crient plus
Farenji (déformation de français pour désigner les blancs) mais Chaynèse
(déformation de Chinese). Nous avions constaté ça à Brazzaville aussi.
Porteuse de bois
Et puis nous nous promenons à Piazza avec une petite pensée pour ceux qui sont
attachés à l’Italie (Claude, Bruno, Nella, Béa…) . Ce quartier fut construit par les
italiens au début du XX° siècle. Quartier aux bâtiments assez typiques, aux
boutiques accolées à un étage et toit plat.
Pour ce premier jour nous retournons également à Entoto à 3500 m d’altitude. Le
roi Menelik II y a fait construire un palais pour lui et son épouse Taïtu.
Nous sommes encore impressionnés en voyant les femmes au travail. D’Entoto
(alt 3500m) elles descendent des charges de bois de plus de 50kg pour les vendre
une vingtaines de Birr en périphérique d’Addis (5km plus bas à 2500m). Le prix
d’un verre de bière ici. On aimerait les aider, porter à leur place, mais combien
d’hommes y arriveraient?
Et d’Entoto, nous voyons Addis Abeba, capitale née en 1900 et qui se perd à
l’horizon, hébergeant ses 5 millions d’habitants.
Addis Ababa vue d’Entoto
Early Roman Kings
Voila une autre légende qui est un des fondements de la nation Ethiopienne.
Salamon et la reine de
Saba : Musée National
Addis Abeba
La reine de Saba, Makéda, est connue de tous comme ayant été une femme
sublime qui régnait sur le Yemen et l’Ethiopie vers 1000 ans av JC (En 2008,
des archéologues d’Hambourg auraient trouvé les vestiges du palais de
Makéda dans le Nord de l’Ethiopie.).
Fascinée par la réputation du roi Salomon que lui ont rapporté les marchands,
elle décida de rendre visite à ce roi de Jérusalem.
Le dernier soir de son séjour, Salomon lui proposa de dormir dans son palais.
Makéda accepta à condition que Salomon ne tenta rien pour la ravir. En
échange, elle s’engagea à ne rien prendre du palais.
Mais Salomon fit servir un repas épicé et salé sans boissons. Dans la nuit, la
reine, assoiffée, alla boire d’une cruche située non loin de sa chambre mais
surveillée discrètement par Salomon.
Vitrail d’Harar présentant
MENELIK II
Le serment étant rompu, les voila donc amants pour une nuit.
Neuf mois et neuf jours plus tard, de retour en Ethiopie, elle donna naissance
à un garçon qu’elle nomma Ménélik.
Ménélik retournera en Israêl pour recevoir l’instruction de son père et la
couronne d’Ethiopie. Il sera le premier empereur Salomonien d’Ethiopie
descendant direct de David.
A la fin du XIX° siècle, une autre Menelik, Menelik II, s’est rendu célèbre pour
ses conquêtes qui ont tracé les contours de l’actuel territoire Ethiopien, mais
surtout pas sa victoire contre les Italiens à Adoua. Victoire qui a mis fin à
toutes velléités coloniales contre l’Ethiopie.
Le dernier empereur de la lignée des salomoniens sera Hailé Sélassié.
Christmas in the hearth
Que peut-on bien faire un soir de Noël à Addis Abeba ? Je sais que certain(e)s se
posent la question… :-p
Injera et sauce
Noël n’est pas fêté ici le 24 au soir… ceux qui suivent auront compris.
On ne peut donc rien faire de particulier si ce n’est un bon repas arrosé et avoir
des pensées pour vous tous dans nos coeurs.
Pour le plat : de l’Injera avec de la viande en sauce. Plat national, cette galette
de tef est incontournable sur les tables Ethiopiennes.
Gouder
Le vin : du Gouder produit localement. Une robe un peu brunâtre comme du
massala. Un gout inqualifiable… qu’on préfère ne pas qualifier d’ailleurs. A
remplacer par de la bière dans un futur Noël
Une salade de fruit avec des fruits exotiques cueillis le matin. Ça c’est un luxe
que vous devriez nous envier.
Café
Un café avec des grains broyés à la main et un doux parfum d’encens dans la
pièce. Je suis sur que certains salivent (Véronique ?).
J’allais oublier qu’on peut admirer un sapin de Noël un peu kitch par ci et par là.
Never say Goodbye
Notre précédent voyage en Ethiopie nous avait enchanté… Une envie d’y
revenir…
La vie des Surmas (ou Suris) en symbiose avec la nature. le seul pays africain à
n’avoir pas été colonisé (malgré la tentative des italiens qui ont du renoncer à
leurs prétentions coloniales après une sévère défaite à Adoua).
Femme à plateau Suri à
Kibish
La diversité de ses populations, de ses nombreuses ethnies (les Surmas ne sont
que 20 000 pour un pays qui compte 90 millions d’habitants; les mursis sont à
peine 4000). Un pays duquel Homère parlait dans l’Illiade; des royaumes
prestigieux comme celui d’Aksoum ou de Gondar.
Nous avions envie de revenir dans ce pays. Toujours guidé par Abel mais sans
Werede cette fois-ci.
Nous connaissons tous des histoires et des légendes d’Ethiopie. A se demander si
c’est le pays qui a fait les légendes ou si ce sont les légendes qui ont fait le pays.
Lucy : Musée d’Addis Abeba
J’avais 11 ans, lorsqu’en novembre, la radio annonçait qu’on avait découvert
notre ancêtre à tous, dans la vallée du rift en Ethiopie. Une femme de plus de 3
millions d’année. Les paléontologues l’avaient appelé Lucy, parait-il à cause de la
chanson des Beatles « Lucy in the Sky with Diamonds » qui passait à la radio lors
de la découverte des ossements.
D’après certains spécialistes des Beatles, cette chanson qui ne veut rien dire,
mais qui a une forte inspiration Dylanienne, serait un clin d’oeil au LSD beaucoup
consommé en 1967 lors de la sortie du « Sgt Peppers… ».
Lucy, que les Ethiopiens appellent Dinqnesh (« la merveilleuse ») a été trouvée
entre la vallée de l’Awash et le désert de Danakil la région la plus chaude
d’Ethiopie.
J’imagine aisément les ouvriers Ethiopiens, laborieux, travailler sur le chantier de
fouille tout en mâchant le khat, moins cher que le LSD. Ces feuilles aux vertues
euphorisantes sont beaucoup cultivées et consommées dans cette partie du
monde.
Lucy est conservée au musée d’Addis Abeba mais nous n’avions pu voir que sa
réplique lors de notre dernier voyage.
Le retour…
Dernier post sur ce sujet.
Nous sommes rentrés à 18h accueillis par nos garçons et leurs petites copines. Il
ne manquait plus que le tapis rouge. Ils y ont mis la forme… Beaucoup d’émotion
aussi….
Mais que retenir d’un voyage comme celui-là ? On s’interroge, Claude et moi…
Nos 10 heures de trajets de retour n’ont pas permis de trouver une réponse….
Que penser de ce pays placé au 157° rang / 169 de l’indice de développement
humain ? Qu’est-ce qui nous a plu ? Qu’aurions nous voulu changer ? Que
souhaiterions faire la prochaine fois? car il y aura une prochaine fois….
Chaque voyage en afrique est différent. Je ne sais plus qui disait qu’ il n’y a pas
une Afrique mais 56. Souvent on trouve des points communs, mais là on s’est
senti vraiment un peu perdu par rapport à ce qu’on connait.
L’Ethiopie est un pays magnifique pour ce qu’en a vu… Il faudrait 10 ans au
moins pour se faire une idée précise. Tout est différent de notre monde…. La
langue bien sûr… L’amharique est compliqué…. L’alphabet est différent : on peut
vous indiquer un lieu ou un magasin, mais le texte est écrit en amharique,
impossible pour nous de trouver… pas simple.
Le calendrier décalé par rapport au nôtre, le système horaire…
Les populations : entre les nilotiques les couchitiques les omoriques…. et j’en
passe… on s’y perd. Un développement qui est visible par les routes, les réseaux
hydrauliques et électriques mais qui conduisent parfois au non développement ou
à de l’anti développement… j’ai parlé des plantations industrielles, je n’y reviens
pas.
Une religion proche de la nôtre, mais qui s’est implantée sans pression
occidentale….
Des contradictions entre la famine d’un coté, et des cultures de roses de l’autre….
des zones verdoyantes comme nos vosges, et le désert de l’Ogaden de l’autre…. la
gentillesse des gens et l’usage excessif qu’ils font des armes à feu ou des armes
blanches…..
Et que dire de ces populations qui reproduisent leur mode de vie séculaire à coté
de tout ce luxe et confort qu’apporte la culture occidentale….
Rien de ce qu’on connait ne peut être transposé ici, si ce n’est cette incroyable
optimisme dans la vie…. ces sourires qui font oublier toutes les déprimes, toutes
les difficultés. Que l’on soit à Brazzaville, Ouaga, Dakar, Lomé ou Addis cette
même constante.
Ce courage à affronter toutes les difficultés, toutes les adversités…. un bel
exemple que nous témoignent les africains tous les jours, quelque soit leur lieu de
vie, à nous occidentaux qui tombont très vite dans la sinistrose.
Nous avons plein de choses à apprendre ensemble et il faudra encore plein de
voyages
Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés pendant ce séjour. Vous avez été
nombreux à suivre sans forcément vous exprimer sur le blog, mais bien présents.
J’espère avoir été fidèle dans les descriptions, honnète dans ce que nous
ressentions.
La veille de notre départ, nous avions une discussion avec Abel au sujet de
l’image de l’Ethiopie en occident. Sa réponse sans détours : It’s your
responsability to report what you’ve seen, what’s Ethiopia…. J’espère avoir
été dans cette logique là.
Dernier jour….
Dernier jour à Addis Abeba (Il faudrait dire Ababa, car c’est la traduction de fleur
en Amharique).
Nous décidons de faire une ballade en commençant par le musée Ethnographique
qui est magnifique.
A Midi 30, (6h30 sur la montre Ethiopienne) nous sortons en même temps qu’une
pluie tropicale démarre. 1h30 à attendre comme tout le monde à l’abrit d’une
boutique pour se protéger de la pluie. 10 cm d’eau sur la route…
Et puis on décide de rentrer car nous sommes trempés et la pluie va tomber toute
la journée. On saute donc dans le premier taxi venu.
Grave erreur….
En Ethiopie on pourrait refaire l’histoire
de l’automobile : Tout roule encore…. Les
DS, les GS, 404, 504, simca 1000, ami 6,
R4..
Là c’est une fiat des année 60 je suppose, où tout est en option. Le 4° piston, les
rétroviseurs, l’essuie-glace, l’ouverture de vitre, la serrure de porte…. En
descente, le chauffeur débraye…. je ne sais pas pourquoi, mais c’est là où on va le
plus vite. Le klaxon fonctionne, c’est normal c’est un élément indispensable dans
un véhicule ici. Même les bicyclettes en ont . J’adore….
On n’était pas tout à fait sûr d’arriver, car à deux reprises on a frolé l’accident;
forcément sans rétro a droite et avec l’eau ruisselante sur le pare brise on voit
moins bien.
Le chauffeur sort de la voiture pour nous ouvrir les portières, de l’intérieur c’est
impossible.
Demain, nous aurons à nouveau 8 ans de plus, car l’Ethiopie a son propre
calendrier. Ici nous sommes en 2003. J’ai juste 40 ans…. Claude est dans la
quarantaine… Mais ces choses là ne durent pas
Les jours de depart sont toujours tres pénibles, car
on ne peut rien entreprendre en raison des
formalites d’aéroport et pas moyen de dormir. Donc
nous sommes allé manger dans la boite de jazz à
côté de l’hotel.
Un groupe de Washington DC y donnait un concert…. Yves tes voisins
Super chanteur, à la voix de Stevie Wonder et la guitare de Keziah Jones. Très
Afro Beat, mais avec des chansons perso et des reprises de U2 à Bob Marley en
passant par Ben Harper et les Beatles.
Il est 2h du matin à Addis et notre avion devrait décoller dans 2h. Quand vous
lirez ces quelques mots nous serons à nouveau sur le même continent et on
pourra tout vous raconter de vive voix. Bises à tous et toutes et à bientot.
Addis Ababa
Départ à 5h du matin pour revenir sur Addis Ababa par la route des grecs
terminée il y a 1 ans. 350km en 7 heures. Ce n’est pas l’état de la route qui
explique cette faible performance mais tous les animaux qui empêchent Werede
de rouler vite. Sur la route un boa et quelques chiens écrasés.
Il fait froid (12°C) et le ciel est chargé.
Nous roulons, pendant un temps, entre deux couches nuageuses et le paysage est
vraiment étonnant. Certaines montagnes surplombent les autres de plusieurs
centaines de mètre. Sur la route les populations, emmitouflées, un parapluie à la
main, marchent vers le marché le plus proche ou la mosquée. Les paysans portent
sur l’épaule leurs charues vers leurs champs tout en dirigeant les boeufs.
Un peu plus tard, nous voyons tous les paysans s’activer aux labours. Un enfant
suit la charue pour casser les mottes, pied nu dans l’eau et la boue car les pluies
récentes ont tout inondé.
A l’approche d’Addis, nous logeons à nouveau de très grandes serres de fleurs.
Au bord des routes, des mètres cubes de
bois de chauffage. La forêt est déjà très
loin et Werede évoque le problème du
déforestation et de la désertification qui va
arriver. René DUMONT évoquait la même
chose dans les années 60 pour les pays du
Sahel. Le temps lui a donné raison… Qu’en
sera-t-il pour l’Ethiopie qui à un
écosystème déjà fragile ?Le bois est un
bois rouge, peut-être le bois d’une forêt primaire mais pas d’eucalyptus…
Arrivé à Taitu Hotel à 12h15.
Dans l’après midi, nous visitons Mercato, le plus grand marché d’Afrique… 10km
de long en large, mais l’heure tardive et le ramadan font que le marché est tout à
fait praticable. En temps normal, on ne peut pas passer en voiture.
Dans la soirée Abel nous invite à manger un plat dans un restaurant traditionnel.
Abel est le premier contact Ethiopien que nous avons eu. C’est lui qui a organisé,
à notre demande, le programme de voyage. C’est le PDG de Buska Tour mais il
vient nous chercher dans sa vieille petit voiture japonaise 3 portes… Un garçon
charmant, très facile d’abord.
Au retaurant, la musique traditionnelle est répétitive et ennivrante.
Nous buvons un alcool traditionnel à base de miel. Surement de trop… c’est notre
dernière soirée en Ethiopie.
Revoir les enfants, la famille, les amis, nous réjouie et compense la difficulté du
départ.
What else ?
Fasten Injera….. et cérémonie de café à Jimma.
Inutile d’attendre Georges Clooney à la machine, ce n’est pas de l’expresso
Le café est initialement vert, il faut le torréfier et le broyer avant de le préparer….
un minimum d’une heure.
On the road again
Pour revenir sur Jimma, nous empruntons la même route qu’à l’aller…. la route
des coréens.
Dans un an, ces routes seront toutes achevées. L’accès aux ethnies du sud en sera
facilité. Quelles conséquences cela aura pour elles? Plus de touristes, mais
sommes nous en droit de le regretter ? Nous sommes bien là aussi.
Plus de facilité pour ces populations à se déplacer. Les filles quitteront peut-être
plus facilement le village pour échapper aux plateaux labiaux ou aux excisions.
Plus de produits manufacturés, plus d’alcool… Une pression monétaire plus
grande… Ces traditions qu’ils essayent de préserver pour l’instant, vont sans nul
doute disparaitre grâce, ou à cause de ces routes. Une question mainte fois posée
: le choix entre la tradition et le progrès.
L’ethnologue Georges Balandier expliquait dans un de ses livres que les sociétés
traditionnelles africaines vivaien selon un rythme circulaire et que tout était
toujours un recommencement. Reproduire ce qu’ont mis en place les ancêtres.
Une catastrophe écologique – comme une famine – ou un élément extérieur
suffisamment fort conduit à sortir de ce cercle pour réagir à cette situation
inhabituelle. Avec ces routes, les jeunes, surtout les filles, vont s’émanciper et
sortir du cercle. Ce n’est pas à nous de juger si c’est bien ou mal, mais dans 10
ans, il est certain que les Suris ne seront plus ce qu’ils sont aujourd’hui.
Nous revoyons tous ces beaux paysages et une impression de fin de voyage flotte
dans la voiture. Inconsciemment nous pensons à Addis et à notre retour.
Avec Werede, nous parlons de ces jours passés ensemble. De ces bons moments,
de l’estime que l’on a chacun pour l’autre. Nous parlons de la difficulté des
Ethiopiens, de celle des européens de classe moyenne ou défavorisée, des
enfants, de leur éducation, de nos épouses… simplement de la vie.
Je n’aime pas les départs et les séparations. Ca me donne le cafard….
Dans une semaine nous serons en France… Werede conduira d’autres touristes.
Une relation amicale s’établit toujours de la même manière. On commence par
s’observer, par analyser les comportements, puis on échange des banalités. On se
confie un peu, puis davantage jusqu’à se dévoiler parfois. C’est pareil quelque soit
le pays.
J’aime l’humour de Werede, un peu taquin mais aussi très simple, sans
complications. Une forte envie de bien faire. J’ai fini par l’apprécier beaucoup. Ya
Gaby l’a fait remarquer, je crois voir parfois Ahmed.
Mais il y a toujours un moment de doute sur la sincérité d’une amitié…
Concernant Werede, nous ne sommes que des clients qui pouvons apporter, mais
aussi prendre si nous donnons un avis défavorable le concernant à son employeur.
Nous en sommes conscient, à cause de notre lieu de naissance, nous avons un
pouvoir sur son devenir… Il n’a aucun intérêt à nous déplaire… Ca fait peur…
« L’autre est moi et moi je suis l’autre »….
Nous terminons la soirée avec lui en discutant, autour d’un verre de vin
Ethiopien, de développement, de famine et de l’avenir de l’Afrique. Il conclut par
« Only God can help Africa, we must pray for that », « seul Dieu peut aider
l’Afrique, prions pour cela ». Je ne sais pas si on peut se satisfaire de cela.
Retour vers Mizane
Nous nous levons de bonne
heure pour marcher vers un
Kraal et assister à la saignée
d’une vache grâce à laquelle
les vachers s’alimentent.
Chaque vache est saignée
environ toutes les 3 semaines.
Il est impressionnant de voir
comment elles se laissent
faire. La jugulaire est percée
après qu’un garot soit fait
autour de son cou. Pour ce
faire, les suris utilisent un petit arc et d’une flèche pointue. Une bonne calebasse
de sang est remplie avant que la vache perde presque connaissance. Le garot est
alors ouvert et le vacher boit la calebasse dans son intégralité. Tout cela en guise
de petit déjeuné.
Comme à l’accoutumé, quand les éthiopiens disent que la distance de marche est
courte, il faut se méfier… Nous sommes guidés à nouveau par nos deux jeunes
suris. Le premier 18 ans est en 2nde et l’autre 19 ans rentre en terminale. Au
lycée, ils sont 90 dans une classe….. J’ai du mal à imaginer comment faire un
cours avec 90 élèves. Admirable ou halucinant… Les disciplines sont globalement
les mêmes que chez nous.
Nous quittons le campement à 10h en direction de Mizane Teferi en empruntant
la même route qu’il y a 2 jours : la route des chinois, la palmeraie des indonésiens
de koka, les villages Menet et Dizi. Nous croisons l’escorte du président de la
province… Garde renforcée, village sous contrôle par l’armée, etc…
Arrivée à Mizane vers 16h. Mizane était le centre de l’ethnie Bench, décimée
presque intégralement par la traite des noirs.
Notre hotel est en effervescence car le président vient manger au restaurant de
l’hotel le soir.
Nous croisons une nouvelle fois des touristes allemands et espagnols rencontrés
déjà dans cet hotel une première fois, puis au camping et à nouveau à Mizane ce
soir. Ils nous exaspèrent un peu car leurs chaufeurs sont proche de Werede et
nous cotoyons donc tous ces chauffeurs et on entend leurs commentaires. Ces
touristes sont très exigeants et n’ont aucune capacité d’adaptation. Aujourd’hui
ils réclament une cuisine européenne à base de viande alors que le mercredi est
jour de jeûne pour les orthodoxes, et donc sans viande. Le touriste allemand en
particulier est spécial… Il se plaint auprès de nous que son chauffeur ne « fait pas
ce qu’il lui demande »…. A coté de ça nous nous régalons avec l’Injéra végétarien
partagé entre nous trois dans un seul plat et mangé avec les doigts. Chacun doit
se faire sa propre idée d’un voyage à l’étranger.
Bon anniversaire Anne-Marie
Des suri et des hommes
Des Suri et des Hommes
Pardon pour ce jeu de mot emprunté d’un livre de Steinbeck, mais les Suris sont
vraiment un peuple à part. Ils veulent maintenir coûte que coûte leurs manières
de vivre et traditions. Le gouvernement essaye de les faire changer mais c’est très
mal vécu et cela se traduit parfois par de gros problèmes. Dans le village de Koka,
que nous avons traversé, l’armée veille, car les suris ont tué un militaire il y a 4
jours. Tout le monde est armé, ça peut vite dégénérer.
Nous apprenons que les Suris vivaient nus, ou presque, jusqu’il y a 10 ans, avant
que le gouvernement ne leur impose de s’habiller. Seuls des peaux de chèvres
recouvraient partiellement les corps des femmes. Ils sont toujours partiellement
dénudés recouverts juste d’une toile souvent violette, nouée sur l’épaule droite…
pour le principe…. Ils ne semblent avoir aucun sentiment de pudeur; en passant
devant une rivière nos guides de 18 et 19 ans ont retirés leurs vêtements pour se
laver et se baigner tous nus devant nous.
A Kibish où nous nous sommes installés, nous passons notre journée à visiter des
clans Suri et à marcher.
Il fait vraiment très chaud et les dénivelés à parcourir n’arrangent rien.
Les femmes portent leurs
plateaux soit pour des raisons
esthétiques lorsqu’elles sont à
marier ou qu’elles veulent
plaire, soit pour qu’on les
respecte lorsqu’elles ont un
« age avancé ». « Age
avancé » sous entend au-dela
de 45 ans…. No comment.
La lèvre est percée au fer rouge et les deux incisives inférieures sont arrachées
après la puberté.
De mois en mois, le diamètre du plateau est augmenté jusqu’à atteindre 15cm
après 1 an.
Plus la diamètre est important, et plus le père peut espérer une bonne dote pour
la fille. Une bonne dote s’élève à environ 40 vaches (13000 euros) et deux
kalachnikov. C’est énorme quand on pense qu’en montagne, on estime qu’un Suri
dispose d’environ 100 euros par an pour vivre). Mais il faut savoir qu’un suri a un
lien affectif avec ses bêtes. Il ne les vend pas, il ne les tue pas, ce qui explique
qu’il y a des cheptels de 500 têtes. Il est fréquent qu’une famille ait 50 bêtes et ils
les connaissent toutes. Pas de tatouage pas de marque au fer rouge.
Nous faisons la connaissance d’Hans Sylvestre. Il doit bien avoir 75 ans et est une
personne d’une grande sensibilité et qui adore ce pays. Il y vient 3 fois par an
depuis 9 ans. Il était là au mois d’avril mais n’a pu rester à Kibisch que 2 jours en
raison d’un climat de quasi-guerre qui régnait ici.
La loi du talion est presque la seul loi. Quand on mélange kalachnikov, alcool et
téléphone portable (pour les guet appent) cela fait des dégats. Tout le monde a
une kalach. Notre jeune guide suri de 18 ans nous apprend que son père lui a
rapporté une kalach pour 320 euros du sud-soudan.
En allant dans le bar du village ce soir, 50% des hommes portaient une arme.
Impressionnant.
Notre guide possède une grande quantité de blessures mal cicatrisées. Ce sont
des blessures résultant des Dongas… Le Donga est un combat qui se pratique
avec des batons dès l’âge de 16ans. Il est interdit par la loi, ce qui fache les suris
qui estiment que c’est leur culture qui est menacée. C’est lors des Dongas qu’un
garçon montre sa valeur. C’est aussi lors des Dongas qu’un fille choisit l’homme
qu’elle aimerait épouser. A lui ensuite d’accepter ou de refuser, mais il lui faut
aussi pouvoir payer la dot.
Le gardien du campement, un homme imposant d’une quarantaine d’année (mais
il en fait 50), est un ancien champion de Donga, respecté et craint de tous. Il ne
se déplace jamais sans sa kalachnikov.
Les cases suris sont très basses et on ne peut y entrer qu’accroupis. La piece
centrale circulaire de 5m de diametre et haute de 1m50, fait office de chambre à
coucher et de cuisine; 7 à 8 personnes peuvent y vivre. Tout autour de cette
piece, un 2° cercle large de 0,50m renferme des affaires et peut faire office de
chambre d’amis. Au dessus de la pièce principale le grenier à grains. Le lieu de
vie est à l’extérieur, ainsi que la cuisine principale.
Après une marche difficile de 3h30 en montagne et sous la chaleur, nous passons
une courte soirée avec Werede et un de ses amis chauffeur au bar du coin,où les
hommes du village consomment la bière de miel locale. Au passage nous goutons
un alcool blanc distillé fait à base de mais et d’orge. Ca ne vaut pas le kirsch mais
ça tape.
Bon Anniversaire Marinette
Kibish
La cérémonie du café est, en Ethiopie, ce qu’est la cérémonie du thé dans les pays
musulmans. Ca ne se refuse pas.
La poudre de café est jetée dans l’eau bouillante et il est servi en trois fois
(comme le thé). Le troisième café, le plus dilué, est donc le moins fort. On dit
qu’on ne peut refuser le 3° au risque d’être pris par le diable… Bonne tradition….
c’est bon pour moi, trois cafés c’est un minimum ;-). Véronique je crois que ça te
plairait.
Je prends donc mon petit déjeuné de café (Je n’arrive pas à me faire à l’Injera le
matin. Claude est passée au thé) avec Bulu qui a une très grande connaissance de
son pays et des traditions.
Un couple vient le saluer. Ils se cognent leurs épaules droites en guise de poignée
de main. Ce sont les salutations traditionnelles ici. La femme, très grande et
élancée, a des lobes d’oreilles percées par de gros trous. Elle porte une belle robe
de couleurs vives mi longue qui révèle ses deux chevilles ornées chacune d’une
dizaine d’anneaux en argent. Bulu me les présente comme étant des amis Surma
(ou Suri).
Werede après 6 jours en notre compagnie commence à fatiguer. Il est en retard
ce qui n’est pas dans ses habitudes.
Nous partons à 9h du matin
sur une route en construction,
encore, qui nous mène de
Mizane à Kimisch. Sur le
premier tronçon, nous
croisons des femmes portant
de lourdes charges. Les
femmes africaines m’ont
toujours impressionné par leur
courage, leur endurance, leur
optimisme. Malgré les difficultés de leur vie, c’est elles qui portent leur famille.
Qu’elles soient jeunes, vieilles ou enceintes elles portent des charges trop lourdes
pour elles. Donnez leur le pouvoir et elles changeront ce continent.
En parcourant ce pays, on comprends mieux pourquoi les EThiopiens raflent
régulièrement des médailles dans les compétitions d’athlétisme et en particulier
de courses. A perte de vue des montagnes et les populations marchent
énormément.
Petite pensée pour Yvon… La construction de la route est assurée par les chinois.
Il y a un an, nous croisions les mêmes images dans le Mayombe. Même technique,
mêmes outils et toujours le chinois qui pianote sur son téléphone portable et les
ouvriers noirs qui font le travail.
Un peu plus loin, à Koka, les indonésiens ont rasé une forêt pour exploiter le
palmier à huiles (une surface de 50km x 50km). A coup de désherbants très
puissants, ils empêchent l’herbe de pousser, mais polluent les rivière menaçant à
terme les sociétés pastorales.
Après les européens, ce sont les asiatiques qui pillent l’Afrique. J’ai appris entre
temps que les serres de roses de Ziway exploitées par les hollandais, étaient
appelées ici « les serres de la mort » a cause de la quantité d’ouvrier qui sont
atteints de cancer. On pourra faire quelques Copenhague encore….
La journée est ponctuée aussi par les problèmes mécaniques.
Petite pensée pour Ahmed ;-). D’abord une crevaison avant le repas… Vers 15h,
nous tombons dans une montée en panne de carburant. Werede n’avait pas
surveillé la jauge… Il est fatigué aujourd’hui. Le repas pour midi a été oublié
également à Mizane. Depuis le départ d’Addis, nous transportons 120l de fuel sur
le toit, mais là, les tubulures se sont remplies d’air et il nous faudra pousser,
pomper, recommencer pendant une bonne heure avant que ça ne redémarre.
Werede et moi avons, dans nos mains droites, des ampoules « gagnées » à la suite
de la manipulation de la pompe à gazoil trop chaude et inaccessible.
« That’s adventure » dit Werede en souriant. « Yeah, and all good adventure has
an happy end… »
Nous traversons le pays Menet et Maji. Je repense à ces dessins d’Hugo Pratt
dans une BD que j’avais acheté il y a 20 ans : « Les Ethiopiques ». On retrouve
tout à fait les personnages de cette BD en observant ces populations.
Vers 16h30, nous entrons en pays Suri.
De nombreux adolescents complètement nus gardent des troupeaux de bovins.
Les Suris sont des éleveurs, mais ils ne tuent jamais leurs bêtes. Ils se nourissent
de leur lait et de leur sang. L’un des adolescents a la peau grise, enduite de
cendre. Le body painting est rituel ici.
Sur la route également une jeune femme portant un plateau (labret) labial
d’environ 15cm. Ce n’est donc pas uniquement du folklore pour les touristes, car
elle n’est pas là pour nous.
A la tombé de la nuit nous arrivons à Kibisch dans un campement prévu pour
recevoir des touristes. Il n’y a pas d’hotel ici.
Des enfants Suris nous accueillent en nous réclamant des bananes ou des
bouteilles d’eau vides.
Un couple souhaite qu’on le prenne en photo. La femme exhibe une poitrine
dénudée portant des scarifications rituelles grossières sur les seins et le ventre.
Ici les photos se monayent. Rien de surprenant, de nombreux photographes ont
fait fortune grâce aux photos prises chez les Suris. D’ailleurs le photographe du
livre « Fenêtre sur l’Ethiopie », Hans Sylvestre, est dans le camp dans la tente
voisine de la notre. On le saluera demain. Pas question donc de prendre des
photos avant d’avoir clarifié les choses.
Le campement est calme. Nous disposons de deux tentes, pour nous et nos
bagages.
Je ne connais pas grand chose de plus romantique qu’une nuit africaine en plein
milieu de nulle part, sous un ciel couvert de millions d’étoiles visibles. Pas de
lumière parasite ici. Les grillons chantent et au loin on entend des éclats de voix
en langue Suri (je suppose) ainsi que des sons de tamtam et de flute. Je suppose
qu’au villages les jeunes dansent….
On verra cela demain car la journée a été longue.
Coffee Land
Nous emmenons de Jimma, Bulu, un guide qui connait bien les traditions et la
culture des ethnies du sud Ethiopien, mais surtout c’est le propriétaire du
campement dans lequel nous allons. Il nous accompagnera durant tout notre
séjour chez les Suris.
Notre trajet du jour doit nous
mener de Jimma à Mizane,
250km, soit 6h de voyage, par
une route que les coréens sont
en train de construire et qui
est partiellement terminée.
Aujourd’hui encore nous
sommes ralentis par des
troupeaux de bovins mais
aussi, par quelques familles de
babouins qui poursuivent la
voiture. La fatigue aidant,
mais surtout le changement de régime alimentaire, font que nous avons quelques
troubles digestifs. Rien de grave… s’il n’y en avait pas ce serait surprenant.
Claude qui n’a jamais connu cela en Afrique, est victime d’une bonne crise de
tourista qui nous oblige à nous arrêter à plusieurs reprises.
Nous traversons un champ d’une centaine d’ha de thé : le wush wush (wush est le
nom de la rivière locale).
Bonga est la capitale du café dans cette région appelé Kaffa (voir récit d’hier). Je
pensais jusque là que le café Ethiopien était du robusta…. J’ai honte, misérable
ignare que je suis… C’est de l’arabica. D’ailleurs le terme ARABICA vient de
l’abréviation d’Arabic Cafe, car ce sont les arabes qui, après la découverte du café
et de ses bienfaits (si ! si !), en ont fait la commercialsation au Yemen et en arabie
saoudite puis en Europe.
Pour rester dans l’Ethymologie, les enfants ici nous interpellent par You You. Cela
vient du fait que lors des premier cours d’Anglais, les enseignants occidentaux
utilisaient des phrases commençant par You (You are a Child, You are a boy,
etc…). Les enfants pensaient donc que « You » était une forme de salutation et
désignait les blancs. Ah!! la pédagogie….
Après la ville de Bonga, nous quittons la zone Oromo pour aller vers les zone
appelée « des peuples du Sud ».
Le style des habitations est très varié, preuve que cette zone possède une mixité
ethnique. Nous retrouvons les maisons peintes, mais aussi des maisons dont la
charpente est maintenue par des piquets ou encore des maisons rectangulaires.
La population est essentiellement musulmane, mais plus on se rapproche de
Mizane et plus la croix chrétienne est exhibée sur les murs, les panneaux ou les
toits des maisons.
Mizane est une petite ville mais Bulu nous affirme que cette ville possède une
université des sciences techniques.
Dernière nuit à l’hotel avant 2 nuits sous la tente chez les suris.
Jimma
Dès le petit déjeuner, sans mots dire, Werede annonce la couleur : il est vêtu d’un
gros pull et d’un bonnet… La journée sera fraîche
.
Nous échangeons quelques plaisanteries au sujet de Ya Bertrand qui, en essayant
de nous joindre hier soir, l’a réveillé à 22h et au sujet de la quantité de café que
j’avale (et dire que j’en bois moins qu’en France), et nous voila parti après que
notre chauffeur, comme à son habitude a fait deux fois le signe de la croix.
Sodo – Jimma : 280km sur de la piste sinueuse recouverte tantot de pierre et
tantot de latérite…
Contrairement à ce que je craignais, les routes, malgré le relief très montagneux,
sont en très bon état et le réseau routier est dense. Très régulièrement nous
croisons des personnels Ethiopiens qui ont la responsabilté de l’entretien de la
route.
Les régions traversées ressemblent vraiment à nos Vosges.
La piste nous amène a des hauteurs de 2500m et la température ne doit pas
dépasser 15°, ce qui avec l’humidité, donne une vrai sensation de froid. La
conduite est difficile et épuisante avec du brouillard par moment. Il y a très peu
de nids de poules mais les maitres de la route sont les animaux : ânes et mulets,
dromadaires, chèvres, chevaux, boeufs.
Parfois des troupeaux entiers bloquent la circulation et il faut attendre qu’ils
daignent bien dégager la voie. Il faut rajouter à cela les passants qui discutent et
les enfants qui se servent de la route comme aire de jeu.
Tout au long de la route des visages souriants en attente d’un signe de la main ou
d’un sourire.
Nous traversons la rivière OMO qui s’écoule entre des falaises de part et d’autre
de son lit. Son débit semble assez important et la saison des pluies donne à ses
eaux une couleur brunâtre.
Après 7h de route (40km/h en moyenne), nous arrivons enfin à Jimma, principale
ville de l’Ouest . Pour la petite histoire c’est dans la région de Kaffa, proche de
Jimma, qu’aurait été découvert le grain de café. Le terme CAFE viendrait de là.
L’essentiel de la production de café d’Ethiopie part de Jimma.
Le sourire de Werede à notre arrivée contraste avec le silence dont il faisait
preuve pendant le trajet.
Nous découvrons une sorte de Bananier, l’enset, qui est l’arbre à tout faire des
Oromo à l’instar du manioc au Congo. Cet arbre ne produit pas de fruit, mais en
raclant l’amidon des feuilles et le tronc, en la faisant fermenter puis cuire on
fabrique un aliment appelé kotcho, proche de la chikouangue. On l’utilise
également pour emballer des produits (les feuilles) pour la construction, comme
parapluie, comme assiette, etc…
Nous partons pour trois jours en camping chez les Surma, donc nous n’aurons
aucun accès au net.
Bises à tous et merci pour vos msg.
Vers Sodo
Nous nous habituons tout doucement à notre statut de FARENJI…. nom donné
aux blancs, et qui est une déformation du mot « french ».
Nous partons de bonne heure pour SODO, première étape de notre circuit dans le
sud.
Il a beaucoup plu dans la nuit et nous voyons de grandes étendues inondées. Dans
les villages de grosses flaques ont envahi les cours parfois, jusqu’au pallier des
maisons.
Pour vous dire a quel point notre chauffeur porte bien son nom, au moment de la
pause petit-déjeuné, une des roues a crevé juste devant le restaurant situé en face
d’un atelier de vulcanisation….
Rien ne peut nous arriver, surtout qu’après avoir été à Harar, ville sainte
musulmane, nous traversont Nazareth (ou Nazreth) :-D….
Au lac Ziway – immense – une nouvelle pause nous a permis d’observer des
marabouts, ibis et cormorans.
A Ziway également, de grosses plantations de roses et autres, cultivées pour
l’exportation en Hollande. Mes prochains achats de roses me reporteront
surement en Ethiopie ;-). Les conditions de travail des ouvriers sont terribles (pas
de vrai protection sociale, pulvérisation sans protection, etc….).
En traversant Shashemene, nous voyons le camp de la communauté rastas. Haile
Selassie, qu’ils considèrent comme un prophète, leur a donne la terre pour qu’ils
s’y installent.
La route traverse la Rift Vallee. L’érosion des collines est importante et les
champs sont coupés de crevasses de parfois plusieurs mètres.
Les paysages sont toujours aussi beaux et variés.
Werede nous parle de son pays, de son travail, de politique, de tourisme et de ses
rencontres avec les touristes qu’il guide depuis 7 ans… C’est un garçon adorable
et très pieu.
En route nous nous arrêtons dans un village Alaba. Cette ethnie musulmane a
pour habitude de peindre ses cases de dessins varies ou de figures géométriques.
Elles sont très grandes (10m de diamètre) mais abritent les bêtes d’élevage ainsi
que la famille. Etant musulmans, le chef de famille peut avoir 4 femmes. chaque
femme possède pour elle, ses enfants et ses animaux une case de ce type.
Une case un peu plus petite fait office de mosquée.
C’est la saison des
labours et nous
voyons
de
nombreux
agriculteurs
travailler ou aller
dans leurs champ
avec les boeufs et
une
charue
constituée d’un
soc métallique
maintenu par deux
longues pièces de
bois dont l’une
permet de guider le tracé et la deuxième est liée aux boeufs (un ou deux).
Arrivé à Sodo à 17h30 (9h30 O’Clock heure Ethiopienne
).
Recherche d’un cyber café pour vous donner des nouvelles.
Les laisons sont catastrophique ce qui explique que je n’ai pas mis de photos dans
le blog. De plus les clavier QWERTY en Ethiopie n’ont pas de caractères
accentués. Pardon pour les puristes en orthographe.
Au fil des jours, les photos arriveront (C’est le cas aujourd’hui).
Nous commençons a ressentir un peu la fatigue et nos intestins font des caprices,
mais rien d’alarmant. Ce serait inquiétant si le rythme et le changement
alimentaire n’avaient pas d’effets.
Wild life
Nous quittons Harar pour Awash par la même route par laquelle nous sommes venus.
Durant le trajet je suis plongé dans mes
pensées, bercé par une musique
lancinante mise par Werede sur le lecteur
CD de la voiture.
La mendicité est très importante à Harar. Certaines rues sont bordées tout le long
de mendiants soient handicapés par la lèpre ou la polyo, soient sans abrits ou
encore vieux ou fous. L’importance de l’islam, qui recommande à chaque bon
musulman de donner l’aumone, explique surement un peu cette situation.
Impossible de répondre à toutes les demandes. Et comment distinguer les vrais
nécessiteux des faux? Comment distinguer ceux qui mendient par faim ou parce
qu’ils ont besoin d’argent pour acheter le Khat ?
Difficile toutefois de rester indifférent à coté de cette femme, assise sur le bas
coté en pleurs et que rien ne semble pouvoir consoler. On ne sait pas pourquoi
elle pleure, mais elle ne fait pas semblant….
Je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase qu’affectionne Jean ZIEGLER :
« L’autre est moi et moi je suis l’autre ».
Que ferions nous si nous étions nés 6000km plus au sud ? Quelle opinion aurionsnous de cette société occidentale qui monopolise 80% des richesses de la planète
?
La télévision nous bombarde d’images violentes où l’on voit des enfants
Ethiopiens ou Somaliens atteints de marasme et mourir de faim. La FAO estime
qu’il faut 120 millions de dollars pour venir en aide aux populations affamées de
la corne de l’Afrique….
Parallèlement à cela LOREAL vient de distribuer 240 millions de dollars de
dividendes à ses actionnaires… juste le double de ce qu’il faut… engrangés par la
vente de produits de luxe.
Dans le domaine du football, d’après certains journaux sportifs le changement de
club de C. RENALDO se négocierait aux alentours de 150 millions de dollars.
De quoi faire réfléchir…. juste immoral.
Malgré la mendicité qui est bien là, nous n’avons rien vu de similaire à ce qui
passe à la télé.
Un proverbe camerounais dit « VOYAGE PAR LE MONDE, TU EN SAURAS LES
PROBLÈMES. »…
Les Ethiopiens sont souriants, travailleurs et fiers. Ils ne veulent pas qu’on
réduise l’image de leur pays à ces images de misère….
On nous parle d’aide alimentaire pour venir en aide aux réfugiés somaliens, mais
à l’Ouest de l’Ethiopie, un planteur indien cultive (fait cultiver à moindre coût)
300 000 hectares de céréales qui sont exportées en Asie… La crise alimentaire en
Chine fait des heureux dans un pays dans lequel on parle de famine.
Et que dire de ces surface de terre, dont la production de céréale est abandonné
au profit de la production de Khat mieux rémunéré. Le Khat coupe la faim mais ne
nourrit pas….
D’un autre coté l’aide alimentaire occidentale est juste la redistribution de nos
excédents…. obtenus à grands coups d’engrais au détriment de l’écologie.
Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, elle a contribué à l’augmentation de la
consommation de pain (le blé ne pousse pas en Afrique de l’Ouest) ou de riz au
détriment du mil qui n’est plus consommé en ville… L’effet immédiat est
l’appauvrissement des populations villageoises et l’augmentation de l’exode
rurale.
Je suis arraché de mes pensées par un dos
d’âne mal négocié par WEREDE. Nous
sortons de la zone montagneuse, similaire
aux Vosges mais d’altitude plus élevé. Les
flans sont entièrement cultivés. Les
paysans vont au champ à pied,
transportent leur production à pied ou à
dos d’âne malgré la chaleur, malgré les
dénivelés. Au loin, on voit un agriculteur
battre l’orge (je suppose) avec un baton pour extraire le grain de sa récolte. Les
Ethiopiens sont travailleurs….
Avant Awash, le relief est plus plat et la terre très aride. C’est la brousse,
territoire des chacals, des singes et des hyènes.
Les huttes rondes en pailles des éleveurs nomades brisent la monotonie des
herbes sèches et des pierres. Lorsqu’il n’y a plus de quoi nourrir leurs vaches ou
chèvres, ils laissent tout, se déplacent vers des lieu plus verts et reconstruisent
leurs habitations. Ils sont toujours armés, de fusils ou de kalachnikovs pour se
protéger des bêtes sauvages mais plus surement des pilleurs.
Nous ne sommes
jamais partis en
Afrique pour voir
des
animaux
sauvages, mais
tant qu’à passer à
coté un parc
national autant
s’arrêter.
Dans le parc d’Awash il nous a été permis de voir des coudous, des oryx, des
babouins, antiloppes, crocodiles et de nombreux oiseaux dans leur environnement
naturel.
Magique….
Harar
Petit dejeune dans le salon traditionnel harari. Les murs sont ornes de
casserolles, de paniers, et de versets du coran. Trop charge a notre gout mais ca
ne manque pas de charme.
Cette piece principale dispose de larges banquettes utilisees pour la ceremonie
du the, du cafe ou du Khat.
Sur la gauche, une piece tres etroite dans laquelle sont rangees des affaires mais
qui sert egalement de lieu occupe par des jeunes maries et qu’ils occupent
pendant les 5 jours qui suivent le mariage.
Nous consacrons notre journee a la decouverte d’Harar. Ville pittoresque aux
rues etroites et aux murs en banco nature ou peints en blanc ou de couleurs vives
(bleu, vert, orange…).
L’acces a la medina entouree d’un mur d’enceinte de 3600m se fait par 6 portes
appelees BAB (bab shoa, bab harar, bab buda, bab fallana, bab erer, bab sanga)….
cela nous fait penser un peu a Essaouira. Ormis la voie principale, on ne peut
circuler dans la vieille ville qu’a pied. Les rues sont d’ailleurs toutes en pente.
Harar possede 99 petites mosquees, mais il y a aussi l’eglise catholiaue et les
eglises orthodoxes. Et tout ce beau monde cohabite semble-t-il sans aucune
tension.
L’omnipresence de l’islam implique aussi que les salutations et les remerciements
se font en arabe…
Choukran Kebir pour nous avoir appris quelques mots.
Les hyenes qui rodent autour de la ville m’ont empeche de dormir une partie de la
nuit derniere. En effet, elle penetres dans la ville la nuit pour manger des dechets
alimentaires. Les chiens qui ne supportent pas ca, abboient sans effet si ce n’est
pour reveiller tout le monde… sauf Claude.
Du coup ce soir nous sommes alle les nourrir en prevention…
Enfin… presque… nous n’y sommes pas alle seuls. C’est une tradition harari de
plus de 50 ans, mais les hyenes rodent tout de meme la nuit.
PS : Desole grand chef pour le RDV manque. Ici, le seul Tchat possible est vegetal
La connexion est difficile. suite un jour prochain.
On the road
Apres la fraicheur de la nuit d’Addis Abeba, la chaleur Africaine sur la route vers
Harar (ou Harer).
Notre chauffeur et guide a un nom imprononcable en Amharique : Werede….
La traduction francaise est bien plus simple : le miracle.
C’est notre Destin version Ethiopie (ca c’est pour les inities qui ont suivi les
episodes precedents). Vous pouvez donc etre rassures, nous n’avons rien a
craindre.
Depart a 8h apres un petit dejeune copieux pour Claude (Injera au piment et a la
sauce tomate)… bien francais pour moi : cafe.
Pour les cafes addicts je n’hesite au plaisir de vous dire que le cafe ici est
excellent> Je ne saia pas comment ils font car c’est souvent du robusta mais il est
delicieux. Le cafe reste le premier produit d’exportation pour l’Ethiopie.
526km a parcourir entre Addis et Harar et
a decouvrir des paysages magnifiques et
varies. Des zones tres arides comme entre
Dakar et St Louis du Senegal ou seuls les
nomades eleveurs y trouvent leur place.
Des zones recouvertes de terres
volcaniques, des colines a perte de vue et
puis pendant 300km avant Harar, une
zone tres verte et cultivee. Un peu comme
Atakpame au Togo pour ceux qui
connaissent (Melody). J’imagine que le Rwanda ou le Burundi doivent ressembler
a cela.
L’agriculture est atelee, et la culture est assez diversifiee. Ils produisent du mais,
de l’orge, du teff (ingredient de base de l’Injera) et de nombreux legumes. Cette
region doit vraiment etre un grenier pour ce pays.
D’apres notre chauffeur, le deuxieme produit agricole d’exportation est le Khat
(prononce Tchate).
Il s’agit d’une plante euphorisante fortement consommee dans cette region
musulmane. C’est une feuille qui a le gout de la noix de cola en Afrique de l’ouest.
C’est un peu le vin de chez nous mais en version DD ( Developpement durable),
pas de verre pas de bouchon, juste une plante biodegradable. On peut aussi la
consommer en version LUXE en l’accompagnant de boisson gazeuse sucree. Ca
devient le crement de chez nous :-).
J’ai essaye… aucun effet sur moi. Sans doute que mon cote euphorique etait deja
arrive a saturation ;-).
Claude s’est limitee a l’eau plate. Raisonnable, elle s’est mefiee des effets
secondaires et d’une eventuelle amybiase.
A notre arrivee a 18h, nous nous sommes installe dans une Guest House situee
dans une maison traditionnelle Harari. Causette avec le frere de la proprietaire
aui est un vieux Monsieur de 70 ans a l’anglais parfait.En quelques mots, avec
passion, il nous parle de sa ville dans laquelle les Harari originaux sont devenus
une minorite. Ils ne representent plus que 8% de la population. 50% sont des
OROMO originaires de la region a l’est d’Addis.
Pour info, Harar est la 4eme ville sainte pour les musulmanset a ete le pied a
terre d’Arthur RIMBAUD.
Bon anniversaire Laurent

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