Congo : L`opposition au changement de constitution se structure

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Congo : L`opposition au changement de constitution se structure
Congo : L’opposition au changement de constitution se structure
Écrit par Laudes Martial Mbon
Jeudi, 29 Janvier 2015 12:42 - Mis à jour Jeudi, 29 Janvier 2015 12:58
À Brazzaville, la révolution qui a chassé Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, n’a pas
servi de leçon. Ni les manifestations survenues de l’autre côté du fleuve Congo. À bientôt 72
ans, le président Denis Sassou Nguesso, au pouvoir depuis 1997, songe toujours à modifier la
constitution pour briguer un nouveau mandat en 2016.
Les débats ont rarement été si vifs au sein de la classe politique congolaise quant au
changement de la constitution, en vigueur depuis 2002. Si les mécanismes de révision sont
prévus par le texte, le changement ne l’est pas. Initialement, le nombre de mandat présidentiel
se limite à deux, et l’âge des candidats à 70 ans. Or, Denis Sassou Nguesso, surnommé « le
bâtisseur infatigable » par ses partisans, achèvera en 2016 son second mandat présidentiel.
Le 20 janvier le Parti congolais du travail (PCT), principale formation de la majorité, a rassemblé
ses troupes : les partis satellites, des associations, ONG et personnalités affiliées pour signer
une déclaration appelant au changement de la constitution. « Le changement envisagé n’est
pas à concevoir en rapport avec un homme, ou selon des intérêts privés et égoïstes. Ce
changement proposé se fait dans une démarche d’intérêt général, du bien commun, de la vie
de notre démocratie et de notre nation demain sur le long terme »
, a déclaré Pierre Ngolo, secrétaire général du PCT. « Nous avons mûri notre réflexion depuis
sept mois pour aller au changement de la constitution. Le vin est déjà tiré, il faut le boire »,
soutient Benjamin Bounkoulou de l’Union pour la république (UR, majorité).
Un front d’opposition rallié par certains membres de la majorité
Pour le moment, ce dessein de changement constitutionnel n’a pas donné lieu à des
mouvements populaires pourtant redoutés. « Personne n’a le droit de mener cet exercice
démocratique à la dérive et au désordre. Nous bannissons la violence et le désordre parce que
nous en connaissons l’enchaînement »
, a martelé le
président Denis Sassou Nguesso en faisant allusion aux guerres civiles qui ont secoué le
Congo pendant la décennie 1990. Ses partisans soutiennent à l’unisson que
« la constitution actuelle a fait son temps parce qu’elle était de nature à construire la paix et à
stabiliser le pays ».
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Congo : L’opposition au changement de constitution se structure
Écrit par Laudes Martial Mbon
Jeudi, 29 Janvier 2015 12:42 - Mis à jour Jeudi, 29 Janvier 2015 12:58
Sans surprise, l’opposition crie haro sur cet incertain changement constitutionnel jugé «
inopportun ».
Et de s’indigner face à ce qu’ils qualifient de
« coup d’Etat
». Seule formation d’opposition ayant des élus au parlement, l’Union panafricaine pour la
démocratie sociale (Upads) dirige le nouvellement créé Front pour le respect de l’ordre
constitutionnel qui réunit toutes les forces
« anti-Sassou »,
mais pas uniquement… Quelques formations de la majorité ont rejoint ce front, tel que le
Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (Mcddi) de feu premier
ministre Bernard Kolélas, l’Union pour le progrès (UP) du président de la commission nationale
des droits de l’homme Jean-Martin Mbemba, ou encore du Rassemblement pour la démocratie
et le développement (Rdd) de l’ancien président Jacques Joachim Yhomby Opango.
« On ne peut pas voir les failles et les faiblesses d’une constitution seulement à la veille d’une
élection présidentielle. Nous devons user de tous les moyens que nous offre la constitution pour
barrer la route à son changement »
, lance Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l’Upads.
De son côté la Conférence épiscopale du Congo propose « de manière explicite, que
l’alternance au pouvoir devienne une règle intangible et immuable pour notre démocratie : un
mandat renouvelable une seule fois ».
Pour les évêques
« la grandeur d’une nation s’évalue par sa culture démocratique : organisation libre et
transparente des élections, alternance pacifique au pouvoir, garantie des libertés
fondamentales, équilibre des pouvoirs, accès libre aux médias, indépendance de la justice ».
Charles Zacharie Bowao, professeur de philosophie à l’université et ministre de la défense
jusqu’en 2012, récuse le changement de la constitution dans une lettre ouverte adressée au
Chef de l’Etat congolais. « Le changement de la constitution du 20 janvier 2002 ne peut reposer
sur un quelconque fondement juridique. C’est une faute stratégique que d’avoir déclenché une
telle initiative politique en la concentrant sur le maintien au pouvoir du Président Denis
Sassou-Nguesso au-delà de 2016 (…) »
, écrit-il.
Le front opposé au changement de la constitution se renforce peu à peu. Des voix politiques
mais aussi intellectuelles et religieuses s’engagent. Un dialogue est prêché par cette nouvelle
force d’opposition. Reste à savoir quelle sera la réaction du pouvoir.
Par Laudes Martial Mbon (Brazzaville, Congo)
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Écrit par Laudes Martial Mbon
Jeudi, 29 Janvier 2015 12:42 - Mis à jour Jeudi, 29 Janvier 2015 12:58
Source Le Monde
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