La réconciliation dans la famille
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La réconciliation dans la famille
La réconciliation Réunion Spi & Spi 15 février 2011 • • • • • • • • • • Le mot réconciliation vient de clarté, clair. C’est amener à la clarté ce qui est dans l’ombre, faire la lumière sur tel ou tel aspect. Le pardon, c’est une demande explicite de Jésus dans sa prière vers le Père. L'obligation de la correction fraternelle se rattache l'obligation du pardon telle que la formule la cinquième demande du Pater. Pour le Christianisme, le pardon qui mène à la réconciliation suppose deux caractéristiques principales. Déjà et le pas encore. Réconciliation et pardon. La différence. Il suppose que * Le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l'unité de tous en un seul corps1. Déjà la réconciliation est assurée dans le Christ. La réconciliation entre les hommes qui se fait par des gestes marqués dans le temps n'atteint sa plénitude que lorsque le Christ mettra tous ses ennemis sous ses pieds et rendra toute chose parfaitement soumise au Père ut sit Deus omnia in omnibus + (ICo 15, 27-28). * En posant des gestes concrets de réconciliation, les hommes devront se résigner à une sorte de frustration : leurs gestes sont à la fois indispensables (ils rendent possible la vie sociale sous toutes ses formes) et insuffisants, puisqu'ils apparaissent comme les signes avant coureurs d'un monde à venir. Le Christianisme plaide donc en faveur d'une modestie de la réconciliation, ou, au mieux encore, d'un deuil de l'union parfaite des hommes + 2. Pardonner, ce n’est pas oublier, c’est convertir le mal. Ce qui nous séparait maintenant nous unit. Il s’appuie sur le mal pour revendiquer la communion. C’est vivre aussi le mal avec une certaine paix. Le pardon permet de cicatriser la plaie. C’est aussi une béatitude. Bienheureux les miséricordieux. C’est aussi porter ensemble la difficulté. C’est illusoire de croire à une vie de famille ou de couple sans difficultés. Croire à une vie où tout irait tout seul. Le couple c’est d’abord l’union de deux pauvres qui, malgré leur pauvreté, se sont mis en route pour servir la vie. Apprendre à gérer le conflit. Le passage du réel au virtuel comme fuite. Le conflit est normal. Il faut apprendre à le gérer. Conflit intérieur, avec l’autre avec Dieu. L’apprentissage de la différence. Le pardon se voit aussi dans le fait de retrouver la confiance. Que l’amour circule à nouveau entre nous. Dans tout processus de réconciliation, il y a la présence de Dieu qui est au début durant et après la réconciliation pour venir fortifier ce qui a été blessé. C’est donc 1 Gaudium et Spes no 78. 2Jean-Louis Brugès, L'éternité si proche, Cerf, 1995, p. 110. • • • • • le fruit de la prière. C’est demander un amour plus fort que l’offense. Que l’offense ne m’arrête pas dans l’amour que je te porte. Ça, c’est divin. Pardonner, c’est vouloir continuer à aimer l’autre coûte que coûte. On sort d’une crise par le haut en réaffirmant ce qui fait notre unité comme couple et comme famille. En faisant mémoire de l’amour qui nous unit. Je ne peux pas dire que je n’ai pas eu la certitude que c’était toi. Ce n’est pas parce qu’il a eu blessure, soit de ma faute, soit de la faute d’un tiers que je ne peux pas construire ma famille. S’il fallait être indemne de tout pour commencer à construire quelque chose, on ne ferait rien. Une des formes de pardon, c’est dire qu’au fond ma blessure ne m’empêche pas d’avancer. C’est un signe de résurrection. Elle peut être féconde et même m’ouvrir des voies nouvelles. Une souffrance peut aussi montrer un chemin pour le couple, une fécondité à laquelle il n’avait pas pensé. Le mariage est aussi une source de guérison des blessures antérieures. Les enfants aussi peuvent être source de guérison et sont instruments du Seigneur pour se réconcilier avec sa propre enfance. Pour se réconcilier, il faut le vouloir. Il y a la partie « psy », mais aussi la partie « spi », l’intelligence et la volonté. Aimer, c’est le premier acte de la volonté. Se réconcilier, c’est passer du projet à la promesse. Il faut re-choisir l’autre, même si notre couple n’est pas ce que nous pensions qu’il pourrait être, il y a toujours un deuxième choix à faire.