Communiqué de presse

Transcription

Communiqué de presse
Coalition PLUS lance sa nouvelle campagne
pour la PrEP partout
Communiqué de presse : p.2
Témoignages : p. 4
Idées reçues sur la PrEP : p.5
Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] PrEParons un monde sans sida !
Coalition PLUS lance sa campagne pour la PrEP partout
Communiqué de presse – jeudi 14 avril 2016
A l’occasion de la Conférence internationale francophone sur le VIH et les hépatites qui se tiendra à
Bruxelles du 20 au 23 avril, Coalition PLUS, union internationale d’associations communautaires de
lutte contre le sida dans 15 pays, lance sa campagne pour un accès à la PrEP partout.
La PrEP : c’est quoi ?
La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est un traitement préventif1 qui empêche le virus du sida de se
développer dans l’organisme et protège ainsi de l’infection à VIH. Elle est destinée aux personnes
séronégatives mais exposées à un risque élevé d’infection, telles que les hommes ayant des relations
sexuelles avec d’autres hommes, les travailleurSEs du sexe, les personnes transgenres ou encore les
usagerEs de drogues par voie intraveineuse. Ce traitement préventif, lorsqu’il est correctement
utilisé, présente un taux de protection contre le VIH similaire à celui du préservatif.
La PrEP n’a pas pour but de se substituer aux autres moyens de prévention, mais vient se combiner
à ceux déjà existants. La PrEP se destine aux personnes fortement exposées au VIH et qui, pour
diverses raisons, n’utilisent pas, ou pas systématiquement, le préservatif.
Bintou Dembele, médecin et directrice de l’association de lutte contre le sida ARCAD-SIDA au Mali,
et administratrice de Coalition PLUS ajoute : « Prévenir aujourd’hui, c’est avoir moins de malades à
traiter demain. L’Organisation mondiale de la santé recommande d’offrir la PrEP aux personnes à fort
risque d’infection. Combiné au préservatif, cet outil peut permettre d’empêcher des millions de
contaminations, si tant est qu’il soit disponible partout. Les populations les plus vulnérables dans nos
pays ne doivent pas être laissées pour compte ! ».
La PrEP a fait ses preuves
Depuis 2012, plus de 25 essais cliniques ont été lancés dans divers pays du Nord et du Sud, tels que
IPREX2 en Afrique du Sud et sur le continent américain ou PrEP Partners3 en Ouganda et au Kenya.
Leurs résultats ont prouvé l’efficacité préventive de la PrEP. En France, l’essai Ipergay4 a révélé que le
risque de contamination baissait de 86% chez les personnes sous PrEP.
Aurélien Beaucamp, président de AIDES, membre français de Coalition PLUS, rappelle : « Les
résultats de l’essai Ipergay mené conjointement par l’ANRS et AIDES et nos efforts auprès des autorités
de santé [ministère et agence du médicament] ont permis de rendre accessible ce nouvel outil de
prévention qui protège considérablement du risque de contamination à VIH ».
1
La PrEP est une combinaison antirétrovirale de tenofovir disoproxil fumarate (TDF) et emtricitabine (FTC). L’étude IPREX a été réalisée au Pérou, Brésil, Equateur, Etats-­‐Unis, Afrique du Sud et Thaïlande auprès de 2 499 hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes et femmes trans, et a montré une réduction de la transmission de 92% chez les personnes prenant le traitement quotidiennement. 3
L’étude PrEP Partners, menée auprès de couples sérodiscordants au Kenya et Ouganda, a montré une efficacité de 90% chez les personnes adhérentes 4
L’essai Ipergay a été mené à partir de 2012 par l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) et AIDES, auprès de 414 hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). 2
-­‐ 2 -­‐ Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] La PrEP : on la veut partout !
En tant qu’union d’organisations communautaires de lutte contre le sida basées au Nord et au Sud,
Coalition PLUS considère que la PrEP est un outil de prévention indispensable pour parvenir à la fin
de l’épidémie d’ici à 2030 comme s’y est engagée la communauté internationale5. Pourtant, elle n’est
aujourd’hui disponible qu’en France, aux Etats-Unis, au Canada et au Kenya.
La PrEP, au même titre que les traitements et les autres moyens de prévention, doit être disponible
partout. Non seulement dans les pays riches, mais aussi dans les pays en développement et en
particulier en Afrique subsaharienne où se concentrent 66% des nouvelles infections6.
Dans un article publié dans la revue scientifique du Lancet7, chercheurs et médecins de Coalition
PLUS l’affirment : l’Afrique subsaharienne est prête à l’introduction de la PrEP dans le cadre de
centres de santé sexuelle communautaires proposant une offre de prévention globale, illimitée et
gratuite aux populations les plus vulnérables au VIH.
La PrEP : un investissement pour en finir avec le sida
En réduisant les nouvelles infections, l’introduction de la PrEP dans la gamme des outils de
prévention disponibles au Nord comme au Sud permettrait de faire des économies substantielles
sur le long terme. Coalition PLUS appelle tous les Etats à autoriser la PrEP et à mobiliser les
investissements financiers nécessaires pour un monde sans sida d’ici 2030.
« Nous exigeons que la PrEP soit disponible au Nord comme au Sud, pour toutes les personnes qui sans
cet outil risquent d’être contaminées par le virus », interpelle Hakima Himmich, présidente de
Coalition PLUS. « A l’automne prochain, les Etats développés devront annoncer leur contribution au
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : une occasion unique pour
augmenter les investissements financiers internationaux et permettre, en plus de l’accessibilité aux
traitements, la mise en place de dispositifs de prévention dont la PrEP fait partie ».
5
La fin du sida fait partie des Objectifs du Développement Durable adoptés l’an dernier par l’ONU, succédant aux Objectifs du Millénaire pour le Développement. 6
Données ONUSIDA http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/20150901_FactSheet_2015_en.pdf 7
« Is sub-­‐Saharan Africa ready for pre-­‐exposure prophylaxis? », Adeline Bernier, Jeanne Gapiya, Aliou Sylla, Camille Anoma, Martine Somda, Elias Dah, Jorge Flores Aranda, Hakima Himmich, Lancet, avril 2016, http://www.thelancet.com/journals/lanhiv/article/PIIS2352-­‐3018(16)00042-­‐4/abstract -­‐ 3 -­‐ Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] Témoignages
Thibault – France : volontaire pour l’essai Ipergay :
« Prendre un comprimé et être protégé du VIH, cela paraissait impossible, beaucoup trop simple
pour être vrai…Et puis est venu ce jour de novembre où j’ai reçu du Truvada… Ne plus avoir peur
lors des relations sexuelles a changé ma vie. Mon regard sur les personnes vivant avec le VIH est
maintenant très différent, le statut sérologique n’a plus d’importance. Il est urgent que ceux qui en
ont besoin ait accès à ce traitement, je réalise la chance que j’ai d’en disposer aujourd’hui en
France. Tout le monde mérite une sexualité débarrassée du risque d’infection par le VIH ».
Serge Douomong Yotta – Cameroun : directeur exécutif d’Affirmative (association de lutte
contre le sida auprès des groupes vulnérables au VIH) et porte-parole du réseau Africagay
(comptant 18 associations identitaires et de lutte contre le sida basées dans 10 pays d’Afrique) :
« C’est injuste que les homosexuels au Nord aient accès à plusieurs outils de prévention alors qu’au
Sud, nous n’avons que le préservatif pour nous protéger du VIH. Pourtant, nous avons la même
sexualité, les mêmes pratiques et revendiquons les mêmes droits. Dans la communauté gay du
Cameroun, et notamment parmi ceux qui ont une sexualité très intense, on se rend compte que le
préservatif n’est plus autant utilisé qu’avant. Il y a une certaine lassitude. Or, le risque d’infection au
VIH reste très élevé. A Yaoundé, 44% des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres
hommes sont porteurs du VIH. Un taux qui ne baisse plus depuis 2012. C’est donc en offrant une
alternative au préservatif, telle que la PrEP, qu’on sera capable de réduire les nouvelles infections. Il
est urgent d’agir pour sauver des vies ».
Fodié Diallo – Mali : médecin à ARCAD-SIDA, association de lutte contre le VIH au Mali :
« Dans le cadre d’un projet clinique en partenariat avec l’hôpital parisien de la Salpêtrière où
j’accompagnais sur 3 ans une vingtaine de couples sérodifférents en désir d’enfants, j’ai prescrit la
PrEP aux partenaires séronégatifs après avoir fait chuter la baisse virale chez le partenaire
séropositif au point de la rendre indétectable. Le protocole était précis. La prise de la PrEP devait
s’effectuer deux jours avant le rapport sexuel non protégé et deux jours après. Résultat, aucune
infection n’a été constatée et seuls deux couples n’ont pas réussi à avoir d’enfant. Cela m’a
convaincu de l’utilité de la PrEP. Il y a une réelle demande notamment du côté des hommes qui
fréquentent régulièrement les professionnelles du sexe. Après en avoir parlé à l’occasion de la
Journée mondiale contre le sida, nous avons reçu beaucoup de questions sur notre site internet.
J’ai même eu des patients qui m’ont avoué qu’ils s’étaient procuré de la PrEP et m’ont demandé ce
que j’en pensais. Ils sont arrivés dans mon bureau avec les boîtes de médicament vides ! Je pense
qu’il est urgent de légaliser la PrEP et d’encadrer sa prescription pour qu’elle soit délivrée dans de
bonnes conditions à ceux qui ont en besoin ».
Alou Coulibaly - Mali : médecin à ARCAD- SIDA
« Dans le cadre d’une étude clinique, j’accompagne 200 hommes séronégatifs ayant des relations
sexuelles avec d’autres hommes. En moins d’un an, 4 ont été infectés au VIH et sont désormais mis
sous traitement. Avec la PrEP, ces contaminations auraient pu être évitées. Les méthodes classiques
de prévention ne sont pas suffisantes. Mieux vaut investir en amont dans la prévention innovante
et ciblée que de payer à vie des traitements ».
-­‐ 4 -­‐ Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] Idées reçues sur la PrEP
La PrEP va entraver les efforts déjà réalisés sur les méthodes de prévention traditionnelles et
perturber les patients.
La PrEP est simplement un outil de prévention supplémentaire qui s’inscrit dans le cadre d’une
prévention combinée. Il n’est pas question de substituer la PrEP au préservatif et de faire arrêter
le préservatif à ceux qui l’utilisent et à qui il convient.
La PrEP se destine aux personnes qui, pour diverses raisons, n’utilisent actuellement pas le
préservatif ou pas systématiquement (par exemple: professionnelLEs du sexe subissant des
contraintes dans le port du préservatif en raison de pressions policières ou de la part de clientEs,
pressions à la non-utilisation du préservatif par des partenaires dont le statut n’est pas connu,
réticences à l’utilisation chez des couples sérodiscordants ou HSH8 pour des raisons de confort).
Les médecins ne doivent pas être en retard par rapport aux patients : la PrEP est désormais
connue et est disponible de manière « sauvage », par détournement de l’usage d’antirétroviraux
(ART) (obtenus par des séropositifs sous traitement Truvada) ou directement sur internet.
L’utilisation de la PrEP sauvage comporte des risques, qu’il faut devancer en proposant un cadre
sécurité et un suivi adapté des personnes.
La PrEP est une incitation à la prise de risque qui va favoriser les IST9
La mise en place de la PrEP s’accompagne d’un cadre de santé sexuelle : prescription, visites
médicales régulières (au minimum une fois par trimestre), counselling et dépistage VIH et IST.
Les patients s’approprient les limites de la PrEP, et le dépistage fréquent permet de prendre en
charge tôt les IST éventuelles.
L’étude Ipergay10 n’a pas montré une désinhibition sexuelle chez les participants11.
La PrEP est un confort qui coûte cher. Dans des contextes où le traitement antirétroviral n’est
pas toujours disponible, il n’est ni prioritaire ni éthique de prescrire la PrEP.
Le coût de la PrEP est un problème distinct qui ne doit pas constituer un argument d’arbitrage
entre prévention et traitement. Les deux doivent aller de pair si l’on veut aller vers la fin de
l’épidémie.
La PrEP bon-marché peut être obtenue par négociation des prix et management de la
propriété intellectuelle pour l’accès à des versions génériques. La PrEP générique est déjà
largement disponible et coûte autour de 60 euros par patient et par an.
Selon les études, la PrEP ciblée pour les populations à haut risque permettrait en réalité des
économies sur le long-terme12 : la PrEP est coût-effective si elle est offerte aux personnes
diagnostiquées avec une IST durant les trois mois précédents, et permet des économies si elle
est offerte à ceux qui ont eu au moins 5 rapports sexuels non-protégés durant une période de
8
Hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes Infections sexuellement transmissibles 10
L’étude Ipergay a été menée dès 2012 par l’ANRS (France Recherche Nord&Sud Sida-­‐HIV Hépatites) et AIDES, sur 414 HSH. 11
Sagaon-­‐Teyssier, AIDS Care 2016 12
Cambiano V et al. Is pre-­‐exposure prophylaxis for HIV prevention cost-­‐effective in men who have sex with men who engage in condomless sex in the UK? BASHH, Glasgow. 2015. 9
-­‐ 5 -­‐ Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] trois mois au cours de l’année précédente (1 900 millions d’euros minimum économisés sur 80
ans).
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme réunira cet automne
tous les Etats développés pour qu’ils annoncent le montant de leur contribution financière pour
les trois prochaines années. Le Fonds mondial est le principal financeur des traitements et de la
prévention contre le sida dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Prévenir aujourd’hui c’est avoir moins de patients à traiter demain. Tous les acteurs doivent
augmenter leurs investissements financiers contre le sida. Tous les Etats développés doivent
contribuer à rendre accessibles les nouveaux outils de prévention et de soin contre le sida, dont
la PrEP à toutes celles et ceux qui en besoin, au Nord comme au Sud, à l’instar de la Commission
européenne qui a annoncé une contribution au Fonds mondial en hausse de 27% sur les trois
prochaines années.
La PrEP c’est bien, mais pas pour tout le monde. Elle n’est pas adaptée aux contextes au Sud.
L’offre de PrEP est adaptable aux différents contextes. Après avoir recommandé la PrEP
uniquement aux HSH, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a élargi en novembre dernier
sa recommandation à toutes les populations à haut risque de contracter le VIH afin de
« permettre à une plus large gamme de populations de bénéficier de la PrEP et à l'offre de PrEP
d’être basée sur l'évaluation personnelle »13.
C’est parce que les contextes sont différents, et que ce qui fonctionne chez l’un ne fonctionne
pas forcément chez l’autre, qu’il est recommandé par l’OMS de mettre en place des projets de
recherche opérationnelle sur la PrEP, pour voir comment la PrEP peut être mise en place, pour
quelles populations, et évaluer son acceptabilité. C’est en essayant que nous aurons les
réponses. Le contexte ne doit pas constituer un argument pour refuser la PrEP, les populations
les plus vulnérables au VIH au Sud ne doivent pas être laissées pour compte et doivent bénéficier
des mêmes outils que les pays du Nord.
La PrEP est un médicament qui peut entraîner des effets secondaires, le risque zéro n’existe
pas. Il est déraisonnable de prescrire un traitement préventif à la légère alors que d’autres
moyens de prévention existent.
La PrEP s’accompagne d’un suivi régulier qui permet de suivre la réaction des patients au
traitement. Les effets secondaires sont connus et réversibles dès l’arrêt de la prise du traitement.
Bientôt nous aurons des traitements moins lourds. Des études sont en train de tester d’autres
antirétroviraux pour utilisation en traitement préventif.
Les arguments anti-PrEP sont similaires à ceux qui étaient avancés contre la pillue
contraceptive. Or, aujourd’hui on ne s’oppose plus à la pilule en raison de l’immense ratio
bénéfice/coût pour la santé publique.
13
OMS, Lignes directrices consolidées sur l’utilisation d’ARV pour traiter et prévenir l’infection à VIH, novembre 2015 -­‐ 6 -­‐ Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] -­‐ 7 -­‐ Contacts presse : Sophie Baillon : 07 68 86 33 39 – [email protected] Camille Sarret : 07 81 73 34 77 – [email protected] 

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