Rencontres poétiques à la ferme La tendre enfance de l`agneau

Transcription

Rencontres poétiques à la ferme La tendre enfance de l`agneau
Rencontres poétiques à la ferme
Voilà ce que m’inspire parfois mon métier qui m’amène dans les fermes à voir des animaux
d’élevage. Je trouve que ces derniers n’ont guère notre reconnaissance malgré tout ce qu’ils nous
apportent. J’ai écrit ces quelques lignes en pensant un peu à eux, même si le texte sur l’agneau n’est
pas très gai. Et puis comme je suis lozérien, j’ai un parti pris pour ma cousine de l’Aubrac, la race
élevée par mon grand-père et qui me rappelle les étés de mon enfance et mes premières pédalées.
La tendre enfance de l’agneau
La brebis a souffert, l’a mis bas au printemps.
Toujours près d’elle, tout un été, il la tétera goulûment.
Heureux, trottinant, son doux manteau le protégeant
Il saute, gambade, sillonne les alpages en bêlant.
Pourtant, sait-il que ses jours sont comptés ?
A cinq mois en septembre et à peine sevré,
Séparé de sa mère, dans un camion monté,
Il ne connaitra plus jamais d’autre été.
Perdu, tremblant, apeuré
Par des hommes à la fête il sera égorgé.
Gilbert Palpacuer
Le pédaleur amoureux de la vache
La vache fait tout en abondance; trois estomacs une panse.
Tout au long du jour, broutant et ruminant, elle expulse des bouses de géant.
Déplace avec grâce la robe rousse ou dorée de sa lourde carcasse.
S’arrête; tout en rêvant lève la queue; pisse une puissante cascade.
Ainsi, lorsque je croise à vélo son doux regard de bovidé,
Je me rappelle qu’elle nourrit mon mollet, protège : mains, fesses, tête et pieds.
Son beau collier, son poil lustré, je me mets à rêver
Devant ses yeux d’Aubrac, si joliment maquillés…
Gilbert Palpacuer