Alfred de Vigny, (philosophe) et poète romantique.

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Alfred de Vigny, (philosophe) et poète romantique.
Mardi 26 mars 2013
Alfred de Vigny, (philosophe) et poète romantique.
Marc PIGUET.
Alfred de Vigny a longtemps été un des poètes les plus étudiés dont les vers résonnent encore dans
la mémoire des élèves du secondaire, du temps où l’on apprenait des vers !... mais, hélas, un peu
oublié aujourd’hui ! Et pourtant comme tente de le montrer le conférencier, Alfred de Vigny reste un
grand poète, mieux, un grand écrivain aux œuvres multiples et variées dont la poésie a donné à notre
langue certains de ses plus beaux vers.
Né en Touraine en 1797, il est issu d’une longue lignée de noblesse de robe dont il a gardé un
sentiment de fierté, ce qui explique son attitude quelque peu hautaine et distante mais ses succès de
salon, ses succès féminins surtout (et ils furent nombreux) attestent que l’homme avait du charme et
savait plaire.
Venu tôt à Paris, après ses études secondaires, il s’oriente vers la carrière militaire : engagé dans la
garde royale à dix-sept ans, il est très vite désenchanté par la vie de caserne, comme le furent
nombre de jeunes officiers de l’époque (on est loin désormais de l’épopée napoléonienne) et très
vite, il recourra à l’écriture pour combler le vide de ses journées et la monotonie de la vie de
garnison, même si les nominations l’amènent à travers la France de Paris à Strasbourg, de Strasbourg
à Pau… À Pau, où il sera séduit par une jeune et jolie anglaise Lydia Bunburry qu’il épousera en 1825.
Elle sera rapidement malade, impotente et dans l’incapacité de mettre des enfants au monde. Aussi,
Vigny, autant séducteur que séduisant, aura-t-il de nombreuses liaisons : Marceline DesbordesValmore, Delphine Gay, Louise Colet sont parmi les plus célèbres. Néanmoins le grand amour de sa
vie sera Marie Dorval, actrice réputée du XIXème siècle dont Victor Hugo disait : « Elle n’est pas
belle ; elle est pire que belle ! ». Les premiers écrits de Vigny ne tardent pas à paraître, d’abord en
revue, en particulier ses poèmes comme Moïse et Eloa. Puis il publiera un roman historique, « CinqMars », qui raconte une conjuration sous Louis XIII, fomentée contre le Cardinal de Richelieu. Ce sera
un triomphe, le livre sera réédité 14 fois du vivant de l’auteur et traduit en plusieurs langues
étrangères. Son talent lui permet de toucher à tout avec succès et ses contemporains le placent tout
de suite à côté des grands écrivains de l’époque, tels que Lamartine, Hugo, Sainte-Beuve, Dumas… Il
s’essaie au théâtre et propose des traductions de Shakespeare puis des pièces dont il est l’auteur
exclusif, « La maréchale d’Ancre » et surtout « Chatterton » dans laquelle sa maîtresse va triompher
(dans cette pièce, Vigny exalte le travail de l’écrivain et sa solitude au sein de la société). Vigny sera
d’ailleurs le premier à se soucier de défendre les intérêts des auteurs. Avec la publication de
« Stello », il semble persister dans la veine romanesque mais c’est la Poésie qui finira par l’occuper
essentiellement ; ayant reçu en héritage un manoir en Charente, en 1837, il s’y retirera quelques fois
pour y composer parmi les plus célèbres de ses poèmes tels que « La Mort du Loup », « Le Mont des
Oliviers », « La Maison du Berger ». Néanmoins, c’est à Paris qu’il vit la plupart du temps d’autant
qu’après plusieurs échecs (parfois humiliants), il est élu à l’Académie Française en 1845. La fin de sa
vie est marquée par un état de santé médiocre et ses poèmes reflètent une attitude pleine de
courage, de stoïcisme (inspiré par le philosophe Epictète) et les sujets qu’il aborde : le progrès,
l’amour, la mort, Dieu, témoignent d’une modernité qui nous touche parce que nous nous
retrouvons en lui, en particulier dans son recueil posthume « Les Destinées ».
Enfin la qualité de son style, la beauté des images, la noblesse et l’humanité de ses pensées : tout est
réuni pour qu’Alfred de Vigny retrouve sa place, une place de choix parmi nos écrivains, d’autant plus
que, reprenant l’un de ses vers, on peut dire de lui : AIMEZ CE QUE JAMAIS L’ON NE VERRA DEUX
FOIS.

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