A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L`UNIVERS
Transcription
A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L`UNIVERS
A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS AU NOM DE LA FRANC-MAÇONNERIE UNIVERSELLE SOUS LES AUSPICES DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE FRANCS-MAÇONS DE RITE ECOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTE VENERABLE MAITRE EN CHAIRE VENERABLE (S) MAITRE (S) QUI SIEGEZ A L’ORIENT ET VOUS TOUS MES FRERES EN VOS DEGRES ET QUALITES La Braise et le Feu Des Frères pas si éloignés ! Mythe parmi les mythes, le feu enseigne que la mythologie est la philosophie de l’Homme primitif. C'est même le premier essai de réponse aux questions générales sur le Monde qui se sont imposées à l'esprit humain depuis les temps originels et qui continueront de le hanter jusqu'à la dernière heure. Aussi, la tâche qu'elle propose à l'investigateur est-elle semblable à celle que le philosophe entreprend sur une plus vaste échelle, voire, la science, sur une dimension plus grande encore. Dans l’ensemble trinitaire esprit-cœur-corps, le cœur figure le feu de la vie, dont l’ardent éclat illumine les Frères en loge et les Frères éloignés, avec la même intensité. L’Homme et le feu : un couple mythique (Réflexions historiques et anhistoriques) Elément essentiel à la survie de l’Homo Erectus, l’allumage et la domestication du feu a marqué un tournant dans la Préhistoire, distinguant, dès lors, l’Homme des autres espèces animales. La chaleur le protégeait du froid, tandis que les flammes éclairaient les ténèbres et éloignaient les prédateurs. On était loin d’imaginer les retombées de ce geste simple ; il est probable que c’est autour de la chaleur du foyer (du latin focus_foyer, feu), qu’il fût allumé à l’intérieur ou à l’extérieur d’une caverne, que se forgea l’esprit communautaire, ainsi que le langage. Ainsi lui doit-on, en grande partie, l’avènement de toutes les grandes civilisations. Les plus anciens documents authentifiant l’utilisation du feu, remontent à 600 000 av. JC (site de Choukoutien en Chine), bien qu’une équipe israélienne l’ait faite remonter à -790 000 (site du Gesher Benot Ya'aqov) Entourés de tous côtés, de mystères, nous sommes poussés par un irrépressible instinct à soulever le voile qui semble les cacher, avec l'espoir qu'une fois déroulé, se révèlera le grand secret que des générations de chercheurs ont essayé en vain de découvrir. C'est une quête éternelle, une infinie succession de systèmes mythiques, philosophiques, scientifiques, proposés avec assurance, âprement défendus comme des forteresses, bâtis pour l'éternité, brillant pendant un moment d'un éclat d'arc-en-ciel, puis crevant et s'évanouissant comme des bulles sur une rivière. Il en a été et il en sera toujours ainsi ; il n'appartient, ni au philosophe, ni au naturaliste, de jeter des pierres contre les maisons de verre de son prédécesseur, le faiseur de mythes. Platon lui-même, dut franchir dans son système, de nombreuses brèches au moyen de ponts faits de mythes qui, pour légers et aériens qu'ils paraissent, survivront peutêtre à l'édifice qu'ils étaient destinés à consolider. Pour être complète, une histoire de la philosophie et même de la science devraient donc commencer par un exposé de la mythologie. Tout au long de notre Histoire, les récits traitant du feu sont, pour la plupart, sinon tous, des mythes. Pourtant, même en tant que mythes, ils méritent d'être étudiés car, alors que les mythes n'expliquent jamais les faits qu'ils essaient d'élucider, ils orientent incidemment un rai de lumière sur la condition mentale des hommes qui les ont inventés ou qui y ont cru ; après tout, l'esprit humain n'est pas moins digne d'être étudié que les phénomènes de la nature dont il ne saurait être distingué. Mais, si l'on écarte ce que l'on désigne comme la portée psychologique des mythes, un certain nombre d'histoires de l'origine du feu expliquent, au moins d'une façon possible, les diverses façons dont les hommes apprirent dans les temps primitifs l'usage de cet élément et le moyen de l'obtenir. En dépit des traits fantastiques qui déforment beaucoup d'entre eux, les mythes sur l'origine du feu renferment indéniablement un élément essentiel de vérité et nous fournissent un fil nécessaire dans la quête de notre labyrinthique chemin, à travers l'obscur passé de l'Humanité, dans les ténèbres de la Préhistoire et la Protohistoire. Les Hommes ont souvent entendu parler de la destruction de la planète par le Feu. Il a été indiqué, il y a deux mille ans, que le Feu dévorerait la Terre. Voici plusieurs millénaires, les Patriarches de l’Ancien Testament avaient averti l'humanité du péril ardent. La science doitelle prêter attention aux multiples signes ? Doit-on être vigilants et porter attention à ce que l'on nomme les « états transitoires de l'organisme ». Ces états, entre veille et sommeil, offrent un champ d'observations, riche d’enseignements. Si l’on y prête attention, parfois, au milieu d'un mode de pensée terrestre, s'infiltrent des fragments de pensée d'un ordre différent ; les objets semblent alors vibrer et la perception terrestre en est altérée. Peu d’entre nous admettent que cette sorte de perception différente, cette apperception, provient de l’Invisible, d’un Ailleurs vrai. A mesure que le monde manifesté disparaît, on s'éveille au Réel, aux résonances particulières. Une conscience élargie doit trouver place pour la manifestation des trois états. C'est seulement ainsi que nous nous accoutumerons à la compréhension de la pensée ardente. Le feu, élément visible, oblitère souvent la réalisation de la pensée ardente ; l’étincelle ne se manifeste pas seulement au bout d'une allumette ! Le Feu se reflète d'abord sur le processus de pensée. L’accès au Vrai peut être atteint à l'instant-même où le feu intérieur et le feu extérieur se rencontrent, se mêlent ; c’est le point d’harmonie à partir duquel s’énoncent les discours sur le Bien et le Beau. Un flamboyant symbole Dans le cadre de l’initiation maçonnique et plus encore aujourd’hui, dans l’enceinte sacrée de notre Loge, je m’attacherai à évoquer l’aspect puissamment symbolique du feu. Je rappellerai que les quatre éléments alchimiques de base sont, outre le feu, l’eau, l'air et la terre. Ils peuvent être classés en deux groupes ; principes actifs et masculins : air et feu et principes passifs et féminins : eau et terre. Le feu est le premier de ces quatre éléments primaires ; rappelons que, dans la symbolique universelle, son chiffre est 1, sa couleur, évidemment, rouge et son symbole, un point, sans dimension précise. Il évoque l’énergie initiale ou principe premier de la Manifestation. Permanente est sa relation avec les autres éléments ; il est attisé par l’Air, la Terre est son support et l’Eau primordiale, sa matrice complémentaire. Dans notre rituel, nous passons du monde profane au monde sacré, notamment au travers de la cérémonie de l’allumage des feux. Symboliquement, le Temple doit être éclairé par des flammes : les trois cierges du Vénérable Maître et des Surveillants, ainsi que les cierges des trois Piliers. Faut-il rappeler que le Vénérable Maître allume de son cierge, ceux des deux Surveillants, leur apportant la lumière avec laquelle, à leur tour, ils allumeront les cierges des trois Piliers. A ce degré, six lumières plongent ainsi la Loge dans la clarté spirituelle du Monde sacré et réparties ainsi : trois dans le Monde réalisé et trois dans le Carré long, monde des archétypes. Logiquement, avant même que les Frères ne pénètrent le Temple, les cierges des trois Piliers devraient déjà brûler et continuer d’illuminer le Temple, après leur départ car la Lumière baignant le Carré Long est sensée briller sans interruption. Les flammes, pures, jamais allumées avec un briquet à essence, sont étouffées avec un éteignoir ou éteintes par le maillet car il est d’usage de ne jamais souffler sur une flamme ; le souffle donne la vie et en est l’expression première. L’étymologie des mots, grec (pneuma), latin (spiritus) et hébreu (rouah), révèle que souffle et esprit sont interdépendants ; si le souffle s’arrête, l’esprit s’éteint. Selon la Tradition, les flambeaux sont appelés étoiles ; ainsi, dit-on « rendre visibles les Étoiles » plutôt que « allumer les Flambeaux ». Lors de la visite d’un notable en loge, le Maître des Cérémonies arborant l’Étoile le précède et ce flambeau n’est nullement destiné à l’éclairer ; il symbolise la lumière figurée par l’éminent visiteur. Le monde profane aussi, associe, par analogie, les astres aux flambeaux ; ainsi, le flambeau du jour désigne-t-il le soleil. La littérature y fait allusion : «...les sables tombèrent du ciel, et me laissèrent voir les étoiles : inutiles flambeaux qui me montrèrent seulement l'immensité du désert (Chateaubriand, Martyrs). Dans ses Méditations Lamartine déclare : « L'univers est le temple, et la terre est l'autel; /Les cieux en sont le dôme : et ces astres sans nombre, /Ces feux demivoilés, pâle ornement de l'ombre, /Dans la voûte d'azur avec ordre semés, /Sont les sacrés flambeaux pour ce temple, allumés ». Ces vers dont ne sauraient rougir un Frère, nous rappelle que Lamartine, maintes fois, loua la Franc-maçonnerie, notamment pour ses combats en faveur de l’abolition de l’esclavage ou du suffrage universel. Le Feu peut être envisagé sous trois formes : le feu terrestre (flammes), le feu de l’espace (éclair) et le feu du ciel (le soleil). Sur terre, issu de ses entrailles, il se manifeste par les éruptions volcaniques. Quant à sa forme spatiale, il est l’éclair, reliant les plans céleste et terrestre. Enfin, dans le ciel, il est (symboliquement) éternel, sous la forme de l’astre du jour ; flamboyant le jour, il projette la lumière de ses rayons, la nuit, sur la lune qui, elle-même, nous renvoie son reflet. Selon une tradition initiatique peule, le feu provient du ciel car il semble attiré par lui, tandis que l’eau est de la terre car elle descend sous forme de pluie. Il est dit qu’elle « est d’origine céleste et de destinée terrestre, alors que le feu est d’origine terrestre et de destinée céleste ». Il est à noter le caractère ambivalent du feu, dans la mesure où il symbolise l’action fécondante, illuminatrice et purificatrice ; mais il évoque aussi la destruction lorsqu’il est associé aux flammes de l’Enfer, qui dévorent sans consumer et renvoie au châtiment et à la souffrance. Mais il figure surtout le symbole sacré du foyer, chaud et sécurisé. En loge, le troisième voyage ou épreuve du feu, est l’expérience de tous les alliages, restituant à l’Eau sa vapeur, à l’Air sa fumée et à la Terre ses cendres, ersatz étrangers à l’être profond. Pas de feu sans fumée ! La colonne J, évocation de la colonne de fumée qui s’élève de l’Autel des Holocaustes, représente l’esprit émané de l’Être. Elle rappelle ainsi l’Être éternel, symbolisé, dans le Temple de Salomon, par l’Autel des Holocaustes et trouve sa représentation en loge en la Pierre Cubique. Nous sommes en présence d’un mouvement ascendant, de la Terre, monde sensible, vers le Ciel, monde intelligible, siège des vertus, symbolisées par les Constellations (Genèse/1-16,18). Avec un sens bien humain de l’extrapolation, il devient naturel de déduire que la colonne J figure la connaissance des vertus et par extension, la prise de conscience du G :.A :.D :.L :.U :.. Cette étape est celle de l’Apprenti qui, ayant pris conscience de sa dimension spirituelle, est passé de la sphère exotérique à la sphère ésotérique, en passant par l’étape mésotérique. Il peut, à présent, effectuer son travail de Compagnon car, faut-il le rappeler, le travail d’un Maçon n’est ni religieux ni philosophique ; il est hermétique. Feu et tarot. La carte qui porte le numéro 1 est « le Bateleur ». Dans tous les jeux il est en présence des attributs qui référencent les quatre séries des cartes mineures : bâton, coupe, épée et denier. Or, la tradition met en relation ces quatre objets avec les quatre éléments qui, depuis les philosophes ioniens, sont la base de toute genèse et les constituants de toutes choses manifestées. Nous avons donc là le fondement et le point de départ d’un processus de création ou d’individuation. Qu’il soit maçonnique ou autre, le symbolisme est universel. Le Bateleur est, comme le tout nouvel initié, en possession des éléments qui permettront son évolution, mais tout ceci n’est qu’un potentiel qu’il exploitera en fonction de ses possibilités, de sa volonté, de ses rencontres. Traditionnellement, le denier est en accord avec la matière et représente donc l’élément Terre. Si la Coupe figure l’élément Eau, l’épée renvoie à l’Air car elle est réputée agile et mouvante et fend l’air. Enfin, au bâton se rapporte le Feu, non seulement parce qu’il brûle, mais aussi parce que Prométhée transporta dans un bâton creux, le feu qu’il avait dérobé au char d’Hélios afin de l’offrir aux Hommes. Le Bateleur maçonnique est en fait l’image du postulant, non encore initié, n’ayant pas acquis son identité ; il n’est pas identifiable et bien qu’enraciné, il vise son intégration par la voie des éléments. Sur un plan plus profane, l’image du feu renvoie également à toute une symbolique sur la passion dévorante, l’érotisme et plus globalement, les sentiments. Le langage galant des 17ème et 18ème siècles atteste de l’emploi courant de métaphores, aujourd’hui inusitées car pompeuses, telles que : le flambeau de l'amour ou de la passion ou allumer le flambeau de l'hymen. Nombreuses aussi sont les métaphores associant feu et passion amoureuse que l’on retrouve, par exemple, chez Eros/Cupidon, armé d’un arc et d’une torche ou des flèches enflammées ou chez Diane, incarnation de la chasteté et de la philosophie, tenant son flambeau. La littérature ou le cinéma ne sont pas avares de héros illustrant cette brûlante ardeur amoureuse. Je citerai entre autres, Tristan et Yseut, Paul et Virginie, Rodrigue et Chimène, Rhett et Scarlett (Autant en emporte le vent) ou les sulfureux héros des Liaisons dangereuses ; c’est également, au cinéma, Gérard Philippe et Micheline Presle dans Le diable au corps ou les personnages de Jack et Rose dans Titanic. Mais, l’archétype de ce feu dévorant est surtout celui qui scelle le destin des héros tragicoamoureux shakespeariens, Romeo et Juliette. Le texte de la pièce est riche d’ardents vocables tels : éclairs, incandescence ou feu, lequel se propage, à la manière d’un incendie, dans le corps, dans le cœur, dans l’âme des deux héros. De même, un incendie bien réel embrase la Vérone des Montaigu et des Capulet ; pour compléter le tableau, je rappelle qu’au cœur de cet été-là, la ville est écrasée par une exceptionnelle canicule et en proie à des flambées de violence endémique. La Vérone de Shakespeare, loin d’être apaisée par le pourtant proche lac de Garde, s’embrase, au propre comme au figuré et fait osciller les âmes, entre passion et ressentiment, entre Eros et Thanatos. Le feu sacré La Tradition rapporte que l'Eternel a créé le monde en regardant la Torah. La Loi a été écrite avec du feu noir sur du feu blanc. Ainsi, le feu a précédé l'eau et subséquemment, il est au cœur de la Création : "Du haut du ciel il t'a fait entendre sa voix pour te discipliner, et sur la Terre il t'a fait voir son feu imposant et au milieu de ce feu tu as entendu ses paroles" (Deutéronome IV, 36). Le Feu et la Kabbale. Les dix sefirot ou « nominations pures », comptent parmi les 32 « mystérieux chemins de Sagesse » selon lesquels Dieu a créé le monde. Les 22 autres « sentiers » sont matérialisés par les 22 lettres de l’alphabet hébraïque. Ces dix sefirot représentent dix aspects de l’Un par lesquels l’Un se manifeste ; autrement dit, ils sont les « intermédiaires » entre l’Être et la Création. Chaque sefira est l’archétype d’un membre ou d’un organe de l’homme ; l’unité séfirotique est appelée « l’Homme d’en haut ». Parmi ces sefirot, la quatrième, Hesed (la Miséricorde) représente le Feu et la nature lumineuse de l’homme qui aspire toujours au Divin. La kabbale enseigne que Dieu a tout formé à l'aide des trois lettres mères. Elles symbolisent les trois éléments alchimiques de la nature : 1. Aleph (1ère lettre) : l'Air ; 2. Mem (13ème lettre) : l'Eau ; 3. Shin (21ème lettre) : le Feu. La kabbale précise que ces trois lettres-mères se combinèrent pour former le 4ème élément : la Terre. La Tradition enseigne qu’en 1737, en Maçonnerie, seraient apparues l’Étoile Flamboyante et la lettre G. Entourant le G, l’Étoile, qui élève l’âme du Maçon aux nobles choses et aux grands actes, indique la voie qui conduit à l’hexagramme et ainsi, à la Pierre Philosophale, devenant alors Quintessence. Parallèlement, le G est envisagé comme l’initiale du Graal, luimême protégeant et celant le Feu créateur. Le Feu et le Sceau de Salomon. On sait que le cercle est décrit par le mouvement continu d’une mesure constante, partant d'un centre fixe. Si l’on reporte six fois cette mesure, appelée rayon, sur le pourtour du cercle on obtient les points permettant de tracer deux triangles équilatéraux étroitement imbriqués. C’est l’homme parvenu à réaliser l’équilibre parfait entre la Matière et l’Esprit. De ces deux triangles imbriqués, formant l’hexagone étoilé, nous pouvons extraire quatre figures. Un premier triangle sera placé pointe en haut (fig. A), il représente le feu. Un deuxième triangle sera placé pointe en bas (fig. B), il représente l’eau. Curieusement, la juxtaposition des figures A et B forment un losange qui, comme la mandorle, symbolise le sexe de la femme. Ainsi, les éléments feu et eau deviennent symboles des processus de fécondation et, partant, de vie ; autrement dit, des noces du feu et de l’eau, on peut extraire un triangle dont la pointe, dirigée vers le haut, est coupée par une ligne horizontale. L’eau n’a pas détruit le feu, elle le laisse flotter pour partie. Ainsi apparaît l’air. Cette même figure inversée (fig. D) représente la terre. Une partie de la « matière » de l’eau s’est asséchée et surgit au-dessus d’une ligne de flottaison. Cette figure rappelle l’apparition du tertre originel émergeant du Noun, l’océan Primordial évoqué dans la tradition cosmogonique de l’Égypte Antique. Si l’on revient à la base initiale du tracé, c’est-à-dire au cercle, on peut penser que les quatre éléments paraissent sous l’effet d’une irradiation du Tout indifférencié. Les Frères éloignés : de vivaces braises ! La braise, c’est l’âme en veille active ; elle porte en elle le germe de l’esprit, figuré par le feu qu’elle semble retenir et préserver pour l’opportunité majuscule. Subséquemment, les Frères éloignés sont toujours habités par cette étincelle qui répond aux doux noms de : fraternité, amour, espérance ou patience. Ils sont à leur loge ce que les « naines blanches » sont au système solaire : des astres apparemment éteints, mais d’une très grande densité et dont le cœur est doté d’une prodigieuse énergie thermique. Cependant, grâce à l’indéfectible lien les unissant à leurs Frères en loge, les Frères éloignés ne connaitront jamais le funeste destin des naines blanches, programmées pour devenir des « naines froides ». Délibérément, je choisis ce moment pour faire mien ce mot d’Erich Fromm : « Dans la société occidentale contemporaine, l'union au groupe constitue la façon prévalante de surmonter la séparation. » (L'art d'aimer). La Franc-maçonnerie, pourtant tolérante, interdit certaines rimes, fussent-elles riches ; ainsi, éloignement ne rimera-til jamais avec isolement. Un frère retraité n’est pas abandonné ; maladie et solitude : cette double-peine ne saurait frapper un maçon souffrant ou handicapé. A l’extrême, le passage à l’Orient éternel ne signifie nullement oubli ou indifférence ; la sphère du Sacré autorise ce singulier glissement de l’existentiel au spirituel. « Dans la mort, il y a beaucoup plus de rencontres que de séparations » (abbé Pierre). La première image qui impressionne le film de notre conscience est celle de la Chaîne d’Union, tant est prégnante la notion de fraternité entre les Frères d’une même loge, où qu’ils se trouvent. Nous n’ignorons pas que notre démarche initiatique, par l’éveil, permet de maintenir et d’entretenir une « respiration » salutaire : inspiration-expiration, du sens à la signification, alternativement. Cette respiration, nous la retrouvons dans l’alternance feu-braise-feu et conséquemment, dans l’échange ininterrompu entre Frères en loge et Frères éloignés. L’Homme, créature terrestre la plus aboutie, dit-on, doit sa spectaculaire évolution, en partie, à sa spécifique capacité à se projeter dans le futur. Ainsi est-il capable d’élaborer des projets qui n’ont qu’un très lointain rapport avec son instinct animal « résiduel ». Il évolue à un degré supérieur de communication avec ses semblables, mû par des motivations mystérieuses, où se mêlent plaisir et désir de construction, où morale et éthique maçonnes trônent. La complexité de son mode de fonctionnement exige de lui qu’il optimise le temps de communication avec les Autres. L’évolution constante de la technologie, notamment Internet, a permis le rapprochement des Frères éloignés avec leurs Frères en loge, maintenant ardente, la flamme. Gloire à notre précieux Passant du Chemin qui, tel le dieu Hermès, se veut tout à la fois, messager de notre Très Respectable Loge et son humble interprète. Autres puits d’informations et d’articles de fond, permettez-moi de citer deux publications de la G.L.D.F. : Le Journal et Points de Vue Initiatiques. Le feu, symbole d’ardeur et d’enthousiasme, doit habiter notre quête. Tout au long de mes années d’initiation, passées à tailler et polir ma pierre brute pour en faire une pierre d’angle, par l’usage régulier de mes outils symboliques, j’ai patiemment poursuivi la construction de mon propre Temple et compris qu’il fallait ménager mon « feu sacré » pour pouvoir poursuivre ma quête avec Force, Tempérance et Sagesse. Mon état de santé, loin d’être un frein, a agi comme un révélateur ; le soutien fraternel des Frères en loge a fait le reste et force est de reconnaître que l’initiation est plus un marathon qu’un sprint ! …si loin, si près… J’ai dit, V. :M. : Patrick MSIKA A Meudon, le 1er mars 2010