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Numéro 10 du 15 mai 2009 http://www.clionautes.org A une époque où la technique du montage vidéo, en particulier numérique, devient familière pour une majorité d’enseignants d’histoire et de géographie, les ressources de plus en plus variées disponibles sur Internet questionnent l’utilité de maîtriser cette technique. Les supports vidéo numériques que l’on trouve en majeure partie sur DVD ou Internet sont d’un usage courant en histoire et géographie. A quoi bon passer de précieuses minutes (quand ce n’est pas des heures) à acquérir, découper, titrer voire même restaurer des images quand de nombreux sites Internet, payants ou gratuits, s’en chargent à notre place ? Sans interroger l’inépuisable et insoluble question de la légalité d’utiliser telle ou telle image en classe, dans un cadre strictement pédagogique, revenons à la question finalement centrale aujourd’hui : avons-nous encore besoin de faire du montage ? D’une utilisation classique de la vidéo à une démarche plus innovante, arrêt sur images sur la situation actuelle… Le labo des Clionautes, n°10 du 15 mai 2009 1 Les limites d’un usage désormais classique de la vidéo en classe Le montage numérique permet de produire des documents de qualité et facilement utilisables avec un lecteur de DVD. Que de progrès en une petite dizaine d’années ! Qui songerait par exemple à projeter des images d’une qualité médiocre à ses élèves ? Le numérique, outre la qualité de l’image (la plupart du temps), a vu l’arrivée de petits gadgets bien utiles au professeur qui veut donner du rythme à sa leçon. On peut contrôler la projection d’images à la seconde près et au moment le plus opportun, ce qui permet de revenir facilement sur un passage, après une projection, sur les parties du montage qui peuvent poser question. L’usage de menus que l’on a soi-même crées facilite l’accès aux passages que l’on souhaite étudier. Les consignes données pour travailler ne diffèrent pas de celles de l’étude de documents écrits, mais on peut les insérer directement sur les images (le document filmique ne reste pas illustratif). Autre avantage du numérique, les coupures du montage ne sont pas visibles et on peut dans l’absolu transformer radicalement l’œuvre de départ ! L’usage d’un vidéo projecteur apporte encore quelques avantages : conjuguer les images fixes, les textes et la vidéo au cours de la projection directement depuis un ordinateur et sans avoir besoin d’un lecteur de DVD. Les possibilités techniques sont riches mais cela transforme-t-il au final radicalement la pratique pédagogique ? Un film de fiction, un documentaire sont réalisés pour être vus dans leur totalité pour en comprendre l’intrigue et le point de vue du réalisateur. Il faut donc veiller à replacer les extraits dans leur contexte le plus souvent. C’est d’ailleurs non sans une certaine gêne que les historiens et encore plus les géographes intègrent le cinéma dans leur pratique de chercheurs ou d’enseignants. Le nombre d’ouvrages liant la recherche universitaire (et scolaire) au cinéma reste encore très modeste. Il existe toujours une méfiance face aux films dits de reconstitution historique par exemple, ou encore un scepticisme quant à l’idée que l’on puisse comprendre une société à travers sa production cinématographique. Les programmes scolaires ont certes introduit le film comme document à utiliser en classe mais modestement et avec un cadre très précis. Toute utilisation d’une vidéo confronte en effet à une série de difficultés. Nombreux sont ceux qui se refusent à éliminer d'emblée les réserves sur la subjectivité des œuvres, même si les images filmées jouent un rôle prépondérant dans la construction de l’imaginaire et la transmission des savoirs. Les films de cinéma ou de télévision façonnent la représentation que l’on se fait des sociétés du passé. Pour s’en convaincre on peut observer la multiplication des documentaires fictions ou films historiques produits par le service public de la télévision. Ces créations ne sont pas pour autant plus subjectives que les œuvres d'art ou les documents présentées dans les manuels. Cette place qu’occupent les films dans la transmission de l’histoire mériterait d’être davantage questionnée. Depuis les années 1970, les historiens sont directement sollicités par les réalisateurs ou les maisons de production. Preuve s’il en fallait encore que l’objet est nécessaire. Lorsque l’on sélectionne un morceau d’un film ou d’un documentaire, Il s’agit donc d’une petite parcelle dans une œuvre souvent dense et ayant sa propre logique. La perception d’un découpage réalisé par le professeur peut-être difficile pour les élèves et il peut être nécessaire de le modifier régulièrement. On peut alors se demander si les objectifs recherchés avec la vidéo sont atteints et s’il y a une réelle plus-value pédagogique. Si l’on recherche davantage le travail autonome de la part des élèves ou même plus d’initiative, cette démarche reste limitée. Renverser la démarche et mettre les élèves en situation de réalisation On peut inverser la démarche classique de l’usage de la vidéo en classe en rendant l’élève réalisateur de son propre montage vidéo. L’intérêt ici est que les élèves s’initient (ou confirment) leur capacité à maîtriser la technique du montage vidéo, validant au passage des items du B2i (collège et lycée). Par ailleurs, ils doivent pour définir leur propre fil directeur interroger l’image, son discours pour définir un problème historique ou géographique à partir celle-ci. Si on leur propose la réalisation d’un montage vidéo numérique en remontant les documents et en les complétant par d’autres documents (graphiques, images, autres vidéos…) et/ou en superposant leurs propres commentaires, on permet aux élèves d’être en situation d’apprenti historien ou géographe. C’est une situation d’apprentissage nouvelle où ils consultent, évaluent et critiquent les documents dont ils disposent. Les élèves sont les producteurs du savoir, c’est à dire qu’ils ne « consomment » plus passivement les montages du professeur ou d’un autre tiers. Charge à l’enseignant, qui retrouve ici toute sa place, de corriger les différents travaux pour rétablir éventuellement le regard historique ou géographique le plus impartial et objectif possible. Au lieu d’être passif devant un montage déjà réalisé, chaque élève peut apporter un regard critique sur un travail qu’il a lui-même réalisé. En faisant le choix d’afficher sa production sur YouTube ou encore Daily Motion, on peut encore enrichir la vidéothèque actuelle sur le réseau. Cela permet aux élèves de consulter la vidéo à leur guise, de travailler à leur rythme sur un espace numérique. La vidéo peut ainsi être consultée en dehors de la salle de classe. Des expériences de ce type ont été conduites avec des élèves qui ont réalisés un petit montage vidéo sur support DVD (ou fichier numérique) de moins de 10 minutes (en collège et en Lycée). Les informations tirées d’une l'interview longue et difficilement exploitable en classe par le professeur, des petits documentaires ou clips ont été complétées par le biais des photographies, des graphiques mais aussi de la musique et la superposition des propres commentaires des élèves. Ils ont donc réalisé une sorte de petit documentaire mais à l’envers. Les scripts quand ils sont disponibles sont très utiles Le labo des Clionautes, n°10 du 15 mai 2009 2 pour la construction de leur plan (sur un storyboard par un exemple). La transposition des techniques d’étude de documents habituellement employée (textes, images fixes ou animées) a permis d’ajouter une éducation au regard et une dynamique nouvelle. L’expérience montre que la difficulté majeure n’est pas technique. La difficulté de traiter un sujet, de proposer un document argumenté et bien construit est patente. Au collège, les élèves appréhendent ces démarches et ont du mal à faire preuve de créativité. Les lycéens, quant à eux, se contentent souvent de reproduire des documentaires qu’ils connaissent sans réelle initiative personnelle. Bref, une sorte de paresse intellectuelle ou un manque d’autonomie, selon le vocabulaire consacré, s’instaure à la place de la passivité observée plus haut d’élèves devant le montage de leur professeur. Cette attitude se trouve renforcée par la question somme toute banale : à quoi bon ? Internet fourmille de ressources vidéos déjà montées et souvent bien réalisées. On trouve tout sur la toile ! C’est à la fois une richesse et un désastre. Chaque enseignant a été confronté au copier/coller. On est tenté d’arriver à cette conclusion : faut-il encore faire du montage vidéo ? Finalement à quoi bon si tout ou presque est sur Internet ? La généralisation du haut débit (et bientôt du très haut débit) permet la mise en ligne d’images et de vidéos consultables en ligne. La base documentaire s’est élargie considérablement. Si l’on veut payer, on utilisera des sites comme ceux de l’I.N.A. (et Jalons) ou encore le site.tv (piloté par le SCREREN CNDP/CRDP) qui proposent des séquences vidéos de quelques secondes à une petite dizaine de minutes sous forme de d’images d’archives ou de documentaires. L’avantage de ces sites est que les montages proposés ont fait l’objet d’une sélection rigoureuse. On trouve de nombreux accompagnements pédagogiques pour travailler sur ces extraits. Les éditeurs de manuels scolaires s’y mettent et proposent sur des sites propriétaires des sélections de vidéos dans le cadre de partenariats qu’ils construisent. Pour des documents plus généraux et les films, on ne négligera pas les services de V.O.D. (vidéos à la demande) très largement répandus. Si l’on ne veut pas payer, le choix n’est pas moins abondant mais il faut aller à la pêche et c’est parfois risqué ! Qu’il s’agisse de You Tube, Daily Motion, Toppeo ou Google Vidéo (pour les plus populaires), il est possible de trouver quantité d’images particulièrement intéressantes (avec ou sans montages). On peut au hasard de recherches tomber sur « Les années Lumières » et « les années terribles » (introuvables dans le commerce) sur la Révolution française, des épisodes entiers de l’émission « les dessous des cartes » ou encore des images de voyages de tout à chacun qui sont parfois très riches. Il existe ensuite quantité de sites plus thématiques qui offriront gratuitement leurs vidéos (UNESCO, de nombreuses ONG, les sites anglos-saxons...). Internet permet donc aux élèves et aux professeurs de consulter une vidéo à leur guise, de travailler à leur rythme et de sélectionner la vidéo qu’ils souhaitent. On peut les consulter en dehors de la salle de classe. Les directions de travail peuvent être multiples et sur un plus long terme (la constitution d’un dossier par exemple ou d’une chaîne en ligne ). Ce sont des documents utilisables sans qu’il soit nécessaire de les déconstruire ou de les remanier. On observe que de plus en plus de blogs de professeurs insèrent ces petites séquences à destination de leurs élèves. Ainsi peut-on dire que la vidéo numérique est banalisée et que son accès est facile, à la portée de tous. Dès lors, chacun peut se concentrer sur la discipline et la critique de ces documents. Dans un tel schéma un montage vidéo devient accessoire. On peut concevoir des sites (chaines sur You Tube, blogs divers...), des E.N.T. où l'on rassemble les documents que l'on juge les plus pertinents et s'en servir pour débattre, critiquer ou argumenter une étude avec les élèves. Ce travail est purement disciplinaire et permet d'écarter les aspects techniques. On gagne ainsi du temps. Le professeur peut de son côté faire son choix et stocker les données sur un petit disque dur portable externe qu'il lui suffit de brancher sur une installation fixe dans sa classe (ordinateur et vidéoprojecteur dans le meilleur des cas). Là encore, nul besoin de faire des montages compliqués. Il suffit de créer des dossiers composés de vidéos et de documents d’autres natures. C’est le support idéal de l’enseignant qui allège lui aussi son cartable ! Le labo des Clionautes, n°10 du 15 mai 2009 3 Conclusion : Trois bonnes raisons de surseoir à l’exécution du montage 1. 2. 3. Tous les établissements ne se sont pas dotés d’équipements satisfaisants permettant au professeur de venir chargé uniquement d’un disque dur qu’il a glissé dans sa poche et qui contient ses cours, ses documents, son carnet de notes etc. Cependant il s’agit là d’une espèce en voie d’extinction. On peut raisonnablement penser que d’ici peu de temps, nos classes seront équipées de vidéo projecteur et au moins d’un ordinateur. Si ce n’est pas le cas, il reste toujours la solution de déduire de ses impôts en frais réels l’achat d’un ordinateur portable… Un professeur d’histoire et de géographie n’est jamais satisfait du travail d’un autre. Soucieux de rester cohérent avec sa problématique et ses objectifs de cours, il préfère monter lui même ses documents pour la classe. Après tout les anciens découpaient consciencieusement les documents qu’ils allaient chercher dans des livres, revues et autres journaux pour proposer un manuel bis plus proches de leurs attentes. Les modernes en font toujours autant avec des images picorées sur google images, des graphiques sur divers sites officiels ou non qui offrent généreusement leurs données. Ils le font à fortiori avec les vidéos numériques. On ne se refait pas ! On ne peut pas montrer des œuvres cinématographiques ou des documentaires dans leur intégralité ! Soucieux de respecter la loi mais surtout une pratique pédagogique équilibrée (jamais plus de 5 minutes de vidéo…), l’enseignant se voit dans l’obligation de couper en extraits ce dont il a besoin. Il est plus rapide parfois de partir de ses propres DVD et de couper ses extraits que télécharger avec plus ou moins de réussite… Si malgré tout vous voulez encore faire des montages, quelques outils de base du montage numérique Cette liste d’outils favorise au maximum les outils gratuits. Cependant les logiciels de montage les plus performants sont souvent payants. Vous trouverez une liste réduite à des prix abordables (et rentables !). Un site de référence pour le montage vidéo et les produits : http://www.planete-numerique.com/ Un site de référence et assez complet pour trouver des tutoriaux : http://www.repaire.net/index.php Logiciels pour ripper les DVD, acquérir des images pour le montage Ce type de logiciel sert à sauvegarder des DVD et à découper les séquences du film. Vous pouvez utiliser ce logiciel en parallèle avec un logiciel de gravure de DVD, pour effectuer une copie de sauvegarde de n'importe quel DVD vidéo (DVD Shrink, MPEG Streamclip…). Un convertisseur est souvent nécessaire. Il permet d'exporter des images (format de fichier DVD par exemple .VOB) et du son à travers une interface compatible Adobe Premiere ou d’autres logiciels de montage. Des modules d'extension intégrés au programme permettent de créer des fichiers DivX, des disques DVD et SVCD (XMPEG, MPEG Streamclip…). VirtualDub comme MPEG Streamclip sont des utilitaires de capture et de traitement vidéo. Ils possèdent le profil pour effectuer de rapides opérations linéaires sur de la vidéo. Logiciels de montage vidéo Studio de Pinnacle Systems (version x.x) : le logiciel le plus complet et le plus efficace pour du montage non professionnel sur PC pour une centaine d’euros environ. MediaStudio de Ulead System est un ensemble complet d'outils vidéo permettant d’avoir des options supplémentaire par rapport à Pinnacle Studio mais l’interface de montage est moins simple (cela reste relatif cependant) et les résultats souvent plus décevants. VideoStudio (qui se veut le concurrent direct de Pinnacle Studio). Le logiciel comprend un module pour les débutants et un pour les utilisateurs avertis. Les deux sont clairs et efficaces. Seuls les réglages audio sont un peu sommaires. DVD Movie Factory vous permet de graver vos vidéos sur CD et DVD. Son point fort ? Sa grande simplicité d'emploi. Avec ce logiciel, il est simple de créer des DVD-Vidéo comprenant des menus animés et soignés. Il dispose d'une fonction de capture pour enregistrer des séquences depuis une caméra numérique ou analogique, ou bien un tuner TV relié au PC. Il reconnaît les formats Mpeg1 et 2 , ainsi que DivX et WMV. Les heureux possesseurs de Mac jouent dans une autre catégorie avec des logiciels puissants et fournis avec la machine tel IMovie et IDVD. Pour passer d’une vidéo VHS à un fichier numérique (ça existe encore !) Il est indispensable de posséder une carte d’acquisition vidéo analogique (qui permet le transfert d’une cassette VHS sur votre ordinateur pour le mettre ensuite sur DVD ou autre), à ne pas confondre avec carte d’acquisition vidéo numérique. Là encore il faut acheter je pense les créateurs du concept : Pinnacle pour les PC et un large choix sur Mac . L’auteur Nicolas Smaghue Enseigne dans l’académie de Lille. Participe au café Pédagogique. Au sommaire du prochain numéro : La Grande illusion / le caporal épinglé, étude comparée Le labo des Clionautes, n°10 du 15 mai 2009 Le_Labo, revue bimestrielle des Clionautes Directrice de publication : Caroline Jouneau-Sion Rédacteur en chef : Jean-Pierre Meyniac Adhérer à l’association : http://www.clionautes.org/spip.php?article 493 4