CASTING ACMGE Pro Genève SESSION 2

Transcription

CASTING ACMGE Pro Genève SESSION 2
10 et 11 OCTOBRE 2015
CASTING ACMGE Pro Genève
SESSION 2
Renseignements et inscriptions sur www.acmgepro.com
La production de « Mary Shelley’s Frankenstein » cherche à compléter et préciser sa
distribution. Nous prenons en compte la qualité vocale et l’interprétation pour les chants
(partie A de ce document), mais aussi le jeu théâtral pur, parlé, dans de courtes scènes
dramatiques (partie B de ce document).
Certains rôles étant courts, ils pourront être regroupés avec plusieurs rôles pour un seul
comédien. Certains rôles seront peut-être également dédoublés, avec deux comédiens sur
un seul rôle, en alternance.
DATES DES RÉPÉTITIONS ET SPECTACLES.
Les répétitions se tiendront dans les locaux des ACMGE de Genève sur 8 ou 9 week-ends de
l’automne 2015 à juin 2016. (Vu la longueur très variable des rôles, un planning précis personnalisé
sera proposé.)
Les premières mises en place d’ensemble auront lieu du 2 au 8 juillet 2016 dans un lieu à préciser
entre Lausanne et Genève (*).
Enfin, les dernières répétitions et générales sont programmées du 15 au 24 août 2016 à Gland (*).
Les spectacles sont prévus du 25 août 2016 au 11 septembre 2016 au plus tard.
Quelques soirées sont envisagées sur un week-end à Genève en novembre 2016.
En cas de succès, d’autres représentations pourraient être organisées à des dates ultérieures.
(*) Un défraiement de transport de CHF 20.- maximum est proposé pour ces répétitions, au besoin.
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Toutes les candidates et tous les candidats devront chanter et jouer, le spectacle
comprenant des parties de chant et des portions jouées. Cela, même si certains rôles n’ont
que peu de répliques jouées.
Chacun(e) est donc invité à étudier les parties A et B de ces informations.
Merci d’avance et… bonne chance !
RÉSUMÉ DE L’INTRIGUE
(L’histoire se déroule en 1816)
À la recherche du Pôle Nord, son bateau bientôt prisonnier des glaces, le jeune aventurier
Robert Walton est sur le point d’envoyer son Capitaine et tout l’équipage à une mort certaine
lorsqu’il sauve des glaces le médecin genevois Victor Frankenstein. Celui-ci est perdu sur la
banquise, à demi-mort de froid, alors qu’il poursuivait - pour le détruire – la Créature
terrifiante qu’il a ressuscitée à partir de morceaux de cadavres. Abandonné, humilié, rejeté
des hommes, le « monstre » s’est retourné contre son créateur et a brisé sa famille, menace
son père Alphonse et sa jeune fiancée Elisabeth…
L’incroyable tragédie que Frankenstein raconte, et dans laquelle il perd notamment son jeune
frère, son père et sa fiancée, permettra à Walton de prendre conscience de sa propre folie. Il
changera de cap et retournera à bon port, sauvant ainsi ses hommes et - sans doute - sa propre
vie. Contrairement à Frankenstein, Walton retrouve les bras de la femme qu’il aime, Margaret.
Histoires de deux amours, l’un perdu, l’autre retrouvé ; histoire de deux ambitions, de deux
courses folles, de deux destins romantiques !
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PERSONNAGES
Tous les rôles exigent du chant ET du jeu dramatique théâtral.
HOMMES
1/ VICTOR FRANKENSTEIN – Rôle principal - jeune adulte (comédien et soliste)
Victor Frankenstein est un personnage fortement évolutif. Il oscille entre divers pôles de
comportement. Lorsqu’il est recueilli par le navire de Walton, il est moribond, épuisé, sombre, grave,
habité par une certitude noire. A la fin de son récit, il est devenu en quelque sorte le « mentor » de
Walton, mais finit par mourir d’épuisement, et de n’avoir plus rien à quoi rattacher sa vie. Dans son
récit, on le revoit plus jeune, intelligent, entouré de sa famille bourgeoise, enthousiaste, passionné,
ambitieux, idéaliste, amoureux. Sa voix est alors plus claire, plus assurée. Son énergie sans faille.
2/ ROBERT WALTON – Rôle principal - jeune adulte (comédien et soliste)
Robert Walton est le « double » de Frankenstein. Il aurait pu être son jumeau anglais.
Sûr de lui, de belle tenue aristocrate, enthousiaste, curieux, ambitieux et sans doute orgueilleux. Il
piste la fortune et la gloire sur les océans. Sa voix est claire et sûre, malgré les difficultés. Peu à peu, il
comprend la tragédie de Victor, et finira par renoncer à son rêve, conscient qu’il le mènerait tout
droit à la tragédie. Il rejoint les siens et la femme qu’il aime, sa sœur Margaret.
6/ LE CAPITAINE – Comédien adulte (à priori pas de chant solo, chante deux chants avec le choeur)
Le Capitaine, sous ses allures burinées de « pirate au long cours », est un meneur d’hommes respecté
et craint. Il est fort, fidèle à ses engagements, à sa parole. Sa voix est puissante et ne tremble pas. Il
est pris entre le respect pour son employeur et les intérêts de ses marins.
7/ ALPHONSE FRANKENSTEIN – homme mûr (comédien et soliste basse)
Alphonse Frankenstein est le père de Victor. Lorsqu’il entre en scène, il se remet difficilement de la
mort de son épouse, projetant ses espoirs de descendance sur son fils et Elisabeth. Bourgeois à
l’allure franche et austère, il est une figure respectable de la cité. Son désir est que Victor épouse
Elisabeth, recréant ainsi un havre de bonheur et de vie dans sa demeure assombrie.
FEMMES
3/ ÉLISABETH LAVENZA – jeune adulte (comédienne et soliste soprano)
Élisabeth Lavenza est une jeune femme de caractère, d’intelligence. Recueillie par la famille de Victor
à la mort de ses parents, elle est éprise du jeune homme depuis sa plus tendre enfance.
Reconnaissante à toute sa famille d’accueil, elle est aussi une « image » de la Mary Shelley jeune,
indépendante, fille d’une des premières « féministes » anglaises, prête à tout pour son amour.
4/ MARGARET SAVILLE - jeune adulte (comédienne et soliste alto ou mezzo). Ce personnage
comporte peu de répliques, notre recherche est donc plus ciblée sur la voix chantée.
Margaret Saville est la demi-soeur de Walton. Ces deux-là s’aiment au-delà des mots. Lettrée, elle vit
les aventures de son frère par le biais de leur correspondance, tremblant pour lui d’une peur que
seule une soeur et une tendre amie peuvent éprouver. Leur relation a cette ambiguïté quasi
incestueuse qui fut aussi la marque des amours des romantiques anglais. (Cf. Byron et Shelley)
9/ JUSTINE MORITZ – jeune femme (comédienne et soliste soprano). Ce personnage comporte peu de
répliques, notre recherche est donc plus ciblée sur la voix chantée.
Justine Moritz est une fille simple et douce, la nounou de la maison. Patiente et calme, chaleureuse,
son amour est immense pour les enfants comme pour ses employeurs, qu’elle considère comme ses
parents d’adoption. Elle n’a pas une grande éducation. Accusée à tort du meurtre du petit garçon
dont elle avait la garde, elle prend sur elle, et va à son procès comme un agneau à l’abattoir. Jamais,
elle ne se révolte contre son destin, par don de soi, et foi en ses « maîtres ».
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ÉLÉMENTS TECHNIQUES
Pour chaque rôle seront évalués le chant ET le jeu théâtral,
soit les parties A et B de ce document.
CASTING CHANT (partie A)
Avant vos chants, merci d’annoncer brièvement le personnage que vous interprétez pour donner le
« ton » de la chanson, en fonction du « pitch » du personnage. Il s’agit vraiment d’offrir une
interprétation dramatique et interprétée de la chanson.
1) FEMMES : RÔLES D’ELIZABETH ET DE JUSTINE
1 chant libre à choisir en fonction de sa propre idée du personnage, et de sa tessiture.
Paroles en français
amener la musique sur un support électronique – avec ordinateur ou clé USB
Pour les musiques, vous pouvez bien sûr amener des versions instrumentales
Pour les Soprano (JUSTINE ET ELISABETH) : 1 second chant imposé à choisir entre :
« Someone like you » (Jekyll & Hide) en anglais
https://www.youtube.com/watch?v=erAOV7Dqa64
« Vivre » (Notre dame de Paris)
https://www.youtube.com/watch?v=IQHumA02j3I
Pour les Mezzo ou alto (MARGARET) : 1 second chant imposé à choisir entre :
« As long as you need me »" (Oliver)
https://www.youtube.com/watch?v=V12usAOlJNQ
« La Haine » (Roméo et Juliette)
https://www.youtube.com/watch?v=CoOtoVab17M
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2) HOMMES
1 chant libre à choisir en fonction de sa propre idée du personnage proposé et de sa propre
tessiture.
Paroles en français
amener la musique sur un support électronique – avec ordinateur ou clé USB
Pour les musiques, vous pouvez bien sûr amener des versions instrumentales
Pour les ténors (rôle de Frankenstein et de Walton) : 1 second chant imposé à choisir entre :
« love changed everything » (Aspects of love)
https://www.youtube.com/watch?v=ygJ_IaRdoQU
« Déchiré » (Notre dame de Paris)
https://www.youtube.com/watch?v=lJB2qJadRKw
Pour les barytons (rôle de Frankenstein et de Walton) et les basses (rôle d’Alphonse et du
Capitaine) : 1 second chant imposé à choisir entre :
« The impossible dream » (l’Homme de la Mancha)
https://www.youtube.com/watch?v=R1eps2Wki4o
« Avoir une fille » (Roméo et Juliette)
https://www.youtube.com/watch?v=ZPMaXkX8_Lo
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CASTING THÉÂTRE (partie B)
Nous ne jugeons pas sur « l’appris par cœur » ! Mais, pour votre propre interprétation,
nous vous encourageons vivement à le faire.
Il est important pour nous d’entendre aussi vos nuances. Ces textes ne sont pas d’un seul
tenant, d’une seule émotion. Montrez-nous la variété de votre jeu – entre rires et larmes,
complicité ou méditation… N’hésitez pas à amener accessoire ou élément de costume.
Nous vous invitons, une fois sur place, à trouver parmi les autres participants un(e) partenaire
de jeu pour vous donner la réplique lors de votre prestation. Merci d’avance.
FEMMES :
- Rôles d’Elisabeth, Justine et Margaret
Textes C et H – personnage d’Elisabeth
PS : Les rôles seront peut-être distribués à double, et/ou interprétés en alternance.
HOMMES :
- Rôles de Victor Frankenstein et de Robert Walton.
Textes A, B, E et H (si possible par cœur… Ou en lecture)
F en lecture.
- Rôle d’Alphonse (Texte F par cœur)
- Rôle du Capitaine (Texte A par cœur)
PS : Certains rôles pourraient être distribués à double, et/ou interprétés en alternance.
D’AUTRES TEXTES POURRONT ÊTRE INTERPRÉTÉS, EN LECTURE,
POUR MIEUX MATÉRIALISER LE POTENTIEL DE CHACUN(E)
PAR RAPPORT AUX PERSONNAGES À DISPOSITION.
LES RÔLES QUI POURRAIENT VOUS ÊTRE PROPOSÉS NE SERONT PAS FORCÉMENT
CEUX POUR LEQUEL VOUS AUDITIONNEZ
BONNE CHANCE !
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A)
ROBERT WALTON
LE CAPITAINE
Aventurier à la recherche du pôle nord, Walton a emmené son équipage russe aux confins des glaces,
dans des eaux dangereuses qui menacent le bateau. Le Capitaine vient le prévenir des dangers…
Un coup de vent terrible.
Entre le Capitaine.
Capitaine
- Monsieur ! Nous ne pourrons pas continuer longtemps dans ces conditions.
Walton - (Déçu) Pas vous, Capitaine...
Capitaine
- Ce sont des pêcheurs ! Des marins… Qui sortent la baleine, s'il le faut. Ça oui !
Naviguer dans la tempête, au milieu des icebergs, dans des mers inconnues, c'est autre chose...
Ils veulent retourner vers leurs femmes. Rentrer au port, Monsieur...
Walton - Capitaine ! L'inconnu vous fait donc si peur ?! Nous allons gagner l'admiration des hommes.
La fortune - qui sait ?! N'ai-je pas payé la solde par avance ?
Capitaine
- Ils ont peur, Monsieur. Le navire peut se briser à chaque instant.
Walton - C'est pourtant le meilleur que vous ayez trouvé ! Et la saison la plus froide n'est pas encore
là. (Je me trompe ?!)
Capitaine
- Allez-vous sacrifier nos vies pour ce rêve qui n'appartient qu'à vous ? Pour une gloire
qui ne sera qu'à vous, tandis que nous retournerons au néant ?
Walton - La gloire sera pour tous !
Capitaine
- Vous savez bien que non.
Walton - Arrêtez !!
Capitaine
- On se souviendra de Robert Walton, qu'il vive ou qu'il périsse en mer. Parce qu'il a
reçu beaucoup, et qu'il a eu la force d'oser... Mais on oubliera ceux qui se sont écorchés les
mains sur les cordages.
IMPROVISER LA SUITE DE LA DISCUSSION…
7
B)
VICTOR FRANKENSTEIN
ROBERT WALTON
Secouru dans les glaces alors qu’il courrait à une mort certaine, Frankenstein a été amené dans la
cabine de Walton. Il se réveille et remercie Walton de ne pas avoir poursuivi son interrogatoire
devant tous les marins…
Frankenstein - Pardonnez-moi. J'aurais dû me taire. J'ai sans doute éveillé votre curiosité. Et celle de
ces braves gens.
Walton - Ce sont des pleutres.
Frankenstein - Ne les blâmez pas. Il est des terreurs que l'on ne peut combattre...
Walton - Je le sais bien. Cette expédition met tout le monde à rude épreuve.
Frankenstein - Merci de ne pas m'avoir interrogé davantage. Je n'aurais pas eu la force... Et vos
hommes ? Ils ont l'air épuisés...
Walton - Je leur ai dit combien je serais heureux de sacrifier ma propre vie, si cela devait contribuer à
notre réussite. La vie d'un homme est-elle si importante quand le savoir est en jeu ? Quand il
s'agit de maîtriser le monde, de le modeler à notre image, pour le transmettre, plus grand
encore, à nos enfants ?
Frankenstein - Est-ce donc que vous partagez ma folie ?
Walton - De quelle folie parlez-vous ?
Frankenstein - Je vois que vous avez, vous aussi, bu cet étourdissant breuvage...
Walton - Je ne comprends pas un mot de ce que vous dites.
Frankenstein - Écoutez-moi, mon cher ami - ou devrais-je vous appeler « mon sauveur » ? - laissezmoi vous raconter mon histoire, et vous jetterez la coupe loin de vos lèvres ! Vous êtes en quête
de savoir et de sagesse ? Je l'ai été moi aussi… Mais je n'ai réussi qu'à ruiner ma vie et anéantir
tous ceux qui m'aimaient. Je ne veux pas que votre ambition secrète devienne pour vous,
comme ce fut le cas pour moi, la cause de votre malheur.
Walton - Je ne comprends pas, Frankenstein. Que voulez-vous dire par là ? Vous vous jugez sans doute
trop durement.
Frankenstein - Écoutez mon histoire. Vous comprendrez alors combien mon sort est irrévocable. Et,
j'ose l'espérer, vous saurez le poids de votre décision !
Walton retourne à son bureau et s'assied. Tandis que Frankenstein se prépare à remonter le temps
vers sa jeunesse, Walton achève sa lettre. Il lit en voix « OFF »
Walton - Ma très chère sœur, le récit que tu vas lire dépasse l'entendement. Pour ma part, je n'ai jamais
rien entendu de pareil. Je l'avoue, j'ai même douté que cela puisse être vrai… Oh ! Mon tendre
amour, n'en veux pas à ton frère de te laisser avec une telle histoire, mais je ne peux la garder pour
moi.
Walton cachète sa lettre, la glisse aux pattes d'un pigeon voyageur, grimpe en haut de la dunette et
libère l'animal...
Walton - Tout avait pourtant bien commencé pour Victor Frankenstein. Jusqu'à la mort de sa mère, sa
vie avait été baignée de tendresse et de bonheur... Mais aujourd'hui, tout n'est plus qu'obscurité.
La nuit est entrée dans sa vie...
8
C)
ELISABETH LAVENZA
VICTOR FRANKENSTEIN
Le jeune Victor Frankenstein, épris de science, va partir à l’Université en Allemagne. Son amoureuse
est triste à l’approche du départ…
… Sur le côté, deux serviteurs ont apporté une malle et des valises.
Entre Élisabeth.
Élisabeth
Frankenstein
Élisabeth
Frankenstein
Élisabeth
Frankenstein
Élisabeth
- Victor ? Tu es là ?
- Élisabeth ! Entre...
- (enfant) Je déteste ces malles. Le temps passe si vite, et demain, tu seras loin.
- Il n'y aura pas une seconde où tu ne seras dans mon cœur J'en fais le serment.
- Depuis que je t'ai vu, tu es dans le mien.
- Je reviendrai - déjà l'été prochain.
- (triste) L’été prochain… Tiens !
Elle lui tend un paquet.
Élisabeth
- C'est pour toi.
Élisabeth retient un sanglot.
Frankenstein - Il ne faut pas pleurer...
Élisabeth
- Je n'y peux rien. Je suis heureuse dans tes bras, mais mon cœur est en larmes... Je ne
suis pas une savante, Victor, et je ne peux t'offrir que cela.
Elle l'embrasse.
Élisabeth
- Voici la preuve de mon amour qui demeure à jamais.
Frankenstein - Si je n'avais pas cette brûlure au fond de moi, qui me ronge et m’attire, je resterai
avec toi. Mais ici, je n'ai plus rien à faire. Je ne suis pas fait pour la littérature, la politique me
laisse indifférent... Le commerce, c'est encore pire; Henri, lui, ne vit que pour ça, il a trouvé sa
voie. Mais moi, c'est les secrets du monde que je brûle de connaître.
Élisabeth
- Tu n'as pas regardé mon cadeau... Victor, je veux ton bien, rien que ton bien. Ma vie
t'appartient. Je t'attendrai.
Frankenstein ouvre le paquet : un vieux livre.
Frankenstein - Agrippa ! L'Alchimiste ! Cher vieux Cornelius...
Élisabeth
- C’est tout ce qu’il me reste de mes parents, avec le médaillon de ma mère, que j’ai
toujours sur moi. Je me souviens que tu avais déjà lu une de ses œuvres…
Frankenstein - J'avais 13 ans... On injectait des élixirs à des cadavres de grenouilles, tu te souviens ?!
… Tu m'attendras ?
Élisabeth
- Toute une vie. Et plus encore, s'il le faut...
9
E)
VICTOR FRANKENSTEIN
LA CRÉATURE
Victor est sur les pentes glacées du Mont-Blanc, errant, tentant parfois de retrouver espoir, parfois
attiré par le froid et la mort qui l’apaiserait… Il parle aux esprits des montagnes…
Frankenstein est épuisé, dans l'immensité de neige. Il harangue le vide.
Frankenstein - Esprits de la montagne, qui hurlez au vent ; chimères de glace, si vous n'êtes pas cloué
aux lits étroits de vos crevasses, conduisez-moi, en compagnon, loin de cette vallée des ombres !
Et accordez-moi la paix...
Soudain, le ciel s'est fait sombre. Une voix grave s'élève.
Créature
Frankenstein
- Tu veux déjà quitter ce monde ? Avant d'avoir rempli tes devoirs ?
- Qui ?!... Qui est là ?!...
Apparaît alors, au loin, la silhouette de la créature, qui se dévoile.
Frankenstein - Tu parles ?! Démon ! Tu oses donc m'approcher ? N'as-tu pas peur de ma vengeance ?
Immonde créature ! Si je pouvais, par ta mort, rappeler tes victimes à la vie !
Créature
- À quoi bon me haïr, Victor, moi qui suis la plus malheureuse des créatures ! Tu
voudrais, toi qui m’as créé, tu voudrais maintenant me tuer !? Tu oses jouer avec cette vie que
tu m'as donnée ? Accomplis ton devoir envers moi, et j'accomplirai le mien envers l'humanité.
Frankenstein - Mon seul devoir est d'éteindre cette flamme de l’enfer que j'ai fait jaillir en toi.
Créature
- L’enfer véritable, c’est ma vie, Victor, non la tienne. Et tu ne pourras pas te sauver en
me tuant. Mais si tu accèdes à ma demande, je te laisserai en paix, avec ceux qu’il te reste. Si tu
refuses, je me nourrirai du sang de ceux qui te sont chers, et de ta race entière s'il le faut !
Frankenstein - Misérable démon !
Frankenstein, en rage, se jette sur lui. La créature se redresse et pousse un cri énorme…
Créature
- Aaaaa !
… qui stoppe le geste de Frankenstein.
Créature
- Calme-toi, Victor ! Tu n’es pas de taille.
Frankenstein - Qu'importe, je n'ai plus rien à faire ici-bas. Ta seule existence rend ce monde infâme !
Créature
- Je suis l’œuvre de tes mains, et je t'aimerais comme le soleil aime la Terre, si tu avais
été juste envers moi. Oh ! Frankenstein, tu es bon avec le monde, avec les autres, et si cruel avec
moi. J'étais généreux et doux, mais tu as fait de moi un monstre. Rachète ta faute, et je serai à
nouveau celui dont tu as rêvé jadis…
Frankenstein - J’avais rêvé d’un frère, d’un ami, pas d’une pareille horreur ! Il n’y a rien qui puisse te
sauver.
Créature
- … Tes semblables me détestent ; on m'a chassé de partout à coups de bâtons... La
roche et la glace sont mon seul refuge. Mais toi, tu peux encore me rendre justice, et de délivrer
le monde de son fléau.
Tout en parlant, la Créature s'est avancée au milieu des glaces.
La Créature allume un feu au fond de la glace.
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Créature
- Imagine ! Le cerveau d'un poète, et le corps d'un assassin ! Tout était possible. J'étais
neuf : le bien et le mal étaient mes seuls parents...
La Créature tend à Victor son livre des Méthodes, là où toutes les formules sont consignées pour
refaire un nouvel être vivant…
Créature
- Je l’ai pris là où je suis né. J'ai trouvé ton nom. Le nom de celui qui m'a fait...
Frankenstein fait mine de ne pas avoir vu le livre…
Frankenstein - Tu m'as taillé le cœur. Tu m'as pris celui que je chérissais le plus au monde.
Créature
- (ému) Il était si beau. S'il devenait mon ami, je ne serais plus seul au monde. Mais
quand il a vu mon visage, il s'est caché les yeux et s'est mis à crier : «Laissez-moi partir, ou je le
dirai à mon père. C'est Monsieur Frankenstein !...» - (à nouveau froid) «Frankenstein...» - J'ai dû
le faire taire. Il est tombé mort à mes pieds, le visage tordu. J'ai vu briller à son cou une médaille
en or, le portrait d'une très belle femme. Et je l'ai pris... Je suis allé me cacher dans une grange.
C'est là que j'ai vu la jeune fille qui dormait sur la paille. Elle était belle, son visage si clair... Je
me suis couché contre elle pour me réchauffer. Et j'ai senti la une passion brûlante monter en
moi, mais, en même temps, j'ai su qu'elle me repousserait… Alors, je l'ai méprisée. Et j’ai glissé
la médaille dans sa poche...
Frankenstein - Misérable !
Créature
- Misérable, oui. Misérable, parce que je suis rongé de solitude, brûlé par ces passions
que je ne peux partager. Seule une femme, aussi laide et terrifiante que moi, supporterait ma
compagnie. Donne-la-moi, Victor ! Oui… Je veux que tu crées une femme avec laquelle je pourrai
vivre, et aimer.
Frankenstein - Créer un autre monstre ?! Jamais !
Créature
- Tu ne peux pas me la refuser. Dieu l'a offerte à son Adam.
Frankenstein - Tu peux me tuer, mais je n'accepterai jamais !
Créature
- Si je ne peux inspirer l'amour, alors, je répandrai la peur sur toi, parce que tu m'as
créé, et que je nourris pour toi une haine infinie. Mais pour plaire à une seule créature, je ferais
la paix avec les hommes. Oh, mon créateur, rends-moi heureux ! Laisse-moi croire que je puis
susciter l'amour de quelqu'un. Ne me rejette pas.
Frankenstein - Mes méthodes, mes notes, tout est resté à Ingolstadt. Je n'ai plus rien, je ne saurais
plus comment faire...
La Créature lui tend alors le livre une seconde fois.
Créature
- Tout est là... Je le jure, si tu me donnes une compagne, je quitterai le voisinage des
hommes. Et à l'heure de ma mort, je ne maudirai pas mon créateur.
Frankenstein hésite un instant. Il regarde la Créature, puis l'univers, au loin...
Frankenstein - ... (prenant le livre) J'accepte. Mais à une condition : que tu quittes l'Europe pour
toujours dès lors que je t'aurai donné la femme que tu demandes.
Créature
- Je jure, par le feu de l'amour qui me consume le cœur. Si tu exauces ma prière, jamais
plus aucun humain ne verra mon visage.
Frankenstein reste pensif, assis sur la glace. La Créature s'éloigne…
Créature
- Quand tout sera prêt, je serai là !
11
F)
VICTOR FRANKENSTEIN
ALPHONSE FRANKENSTEIN
Victor est sur le point de créer une seconde créature. Il n’est pas revenu chez lui depuis des mois.
Soudain, son père vient le voir…
Entre Alphonse. Il est malade, découragé…
Frankenstein - Père ! Père, mais... Que viens-tu faire ici ? Tu ne dois pas venir ici. Père…
Alphonse
- Il faut bien que nous venions à toi, Victor. Tu fuis le monde, ta propre famille qui se
meurt...
Frankenstein - Je ne vous fuis pas ! Mais je ne peux pas rentrer avant d'avoir terminé ce... ce travail !
Il faut me croire, Père !
Alphonse
- Je ne suis plus celui que j'étais. Mes jours touchent à leur fin. Depuis la mort de ta
mère, et avec celle de William, et la trahison de Justine, il ne me reste plus que toi !
Frankenstein - Je le sais bien, père.
Alphonse
- J'ai toujours considéré ton mariage avec Élisabeth comme le bonheur de notre
famille; une dernière fleur dans le jardin de ma vieillesse. Vous êtes attachés l'un à l'autre depuis
votre enfance. Mais si l'homme est aveugle, un père l'est plus encore... Toi, peut-être, tu ne la
tiens que pour une cousine, une sœur tout au mieux, et tu ne la veux pas pour femme. Qui sait ?
Y a-t-il quelqu'un d'autre que tu aimes ?
Frankenstein - Mais... Père !... Je...
Alphonse
- (Il le coupe d'un geste du bras) Tu te crois fiancé avec Élisabeth pour des questions
d'honneur, de famille, cela pourrait expliquer les tourments qui te rongent...
Frankenstein - J'aime tendrement et sincèrement ma cousine. Je n'ai jamais rencontré d'autre
femme qui ait suscité en moi plus d'admiration et d'affection.
IMPROVISER LA SUITE DE LA DISCUSSION…
12
H)
VICTOR FRANKENSTEIN
ELISABETH LAVENZA
Victor a renoncé à créer une deuxième créature…
La Créature a disparu, semble-t-il…
Victor et Elisabeth se sont mariés à Genève. Ils se préparent à vivre leur nuit de noces…
Mais le drame pourrait les rattraper…
La scène commence au moment où ils viennent de terminer leur chant de noces…
Élisabeth
- (plaisantant presque) Alors, ton secret, tu me le diras enfin ?
Frankenstein - Je ne peux pas encore... Laisse-moi savourer ces instants de bonheur.
Élisabeth
- Partons ! Oublions tout ! Demain, au premier matin de notre nouvelle vie, nous
embarquerons sur le bateau de ton père, celui de nos noces... Victor, nous pourrons enfin nous
reposer, et soigner nos blessures.
Frankenstein - (Il cherche à se convaincre) Le vent est favorable. Demain, oui, nous partirons !
Élisabeth
- Les gens sont là. Tout n'a été que ruine et désolation depuis la mort de William. Le
temps de renaître est enfin venu.
Frankenstein - Dieu t'entende !
Élisabeth
- Je veux aller préparer ma nuit de noces, celle que j'attends depuis toujours... Sois
heureux, mon ami. Chasse cet air sombre qui ternit ton visage !
Frankenstein - Si la joie ne se lit pas sur mon visage, mon cœur, lui, est comblé. Un étrange
pressentiment, qui ne m'a plus quitté depuis la mort de William, m'empêche de me réjouir
comme je le voudrais. Mais je ne veux plus écouter cette voix sinistre. Regarde ! Comme les
nuages tantôt couvrent et tantôt découvrent le sommet du Mont Blanc ! On peut distinguer
chaque caillou, compter les feuilles des arbres... J'y vois le sourire de ma mère, j’y sens la chaleur
de mon père !
Élisabeth
- Nous ne devons pas les décevoir. Ce sera comme un dernier sourire à ceux qui nous
ont tout donné.
Frankenstein - J'avais peur que tout cela ne soit qu'un rêve...
Élisabeth
- Je sais. Mais à nous deux, cette fois-ci, nous serons plus forts.
Frankenstein - Je vais rester encore un peu, saluer ceux des invités qui sont encore là...
Élisabeth
- Je t'attends... Je t'ai attendu depuis notre premier regard...
Élisabeth rentre dans la maison.
Frankenstein reste seul, et sort un pistolet de sa veste, pour en vérifier le chargement.
Frankenstein
- François ! Dominique !
Entrent deux valets.
François
- Monsieur ?
Frankenstein - Vous veillerez à ce que tout soit fermé cette nuit. La maison, la propriété. Je
m'occuperai de reconduire les derniers invités...
François
- Bien Monsieur.
Dominique - Bien Monsieur.
Frankenstein devient narrateur.
13
Frankenstein - Élisabeth ressortit encore, un peu plus tard. Elle était à nouveau inquiète. Elle pensait
que je m'étais endetté auprès d’un usurier, ou que j'avais affaire à un maître chanteur. Mais il
n'en était rien, et elle regagna la chambre. De mon côté, je fouillai derrière les murs, dans les
buissons, sur les sentiers alentours, inspectant chaque recoin qui aurait pu servir de cachette au
monstre. Mais je n'en découvris aucune trace. Et je me mis à penser que - finalement - il avait
bel et bien disparu de ma vie.
Cri d'angoisse d'Élisabeth, hors scène.
Élisabeth
- Oooh !
Frankenstein reste immobile, impassible, froid.
Second cri d'Élisabeth, de douleur, cette fois-ci.
Élisabeth
- Aaaaaah …
Frankenstein reste encore immobile. Des silhouettes apeurées traversent la scène en courant…
Lentement, tandis que la maison s'ouvre, la Créature s'avance, portant le cadavre mutilé d'Élisabeth.
Frankenstein - Grand, Dieu ! Pourquoi ne suis-je pas mort à cet instant ? Pourquoi suis-je ici à vous
raconter l'anéantissement de tous mes espoirs, la mort de celle qui était toute ma vie ! Elle gisait,
la tête pendante dans les bras du Monstre, les traits livides, contractés, à moitié cachés par ses
cheveux...
La Créature s'avance vers Frankenstein, et dépose dans ses bras le corps désarticulé de sa femme.
Frankenstein s’affaisse sous le poids…
Frankenstein - Où que j'aille, je la vois. Ma bouche a le goût de son sang, ses cheveux au goût de
terre pénètrent mes poumons. Comment vivre après ça ?...
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