A quoi sert un syndicat - FEP CFDT Pays de la Loire

Transcription

A quoi sert un syndicat - FEP CFDT Pays de la Loire
A quoi sert un syndicat ?
Le Monde.fr | 01.05.2015 à 16h52 • Mis à jour le 04.05.2015 à 12h00
45 %Moins d'un Français sur deux juge les syndicats utiles et moins d'un sur trois (31 %) pense
qu'ils sont représentatifs des salariés, selon un sondage réalisé les 22 et 23 avril pour Axys
Consultants, Le Figaro et BFM Business. Plus de deux tiers des Français (67 %) disent aussi ne se
sentir proches d'aucun syndicat.
Un désenchantement qui se reflète dans l'attitude des syndicats, le 1er Mai donnant lieu cette année
à un défilé en ordre dispersé pour la Fête des travailleurs : la CGT conduit des cortèges antiaustérité
avec trois autres syndicats ; FO fait cavalier seul ; et la CFDT organise un festival à destination des
jeunes dans le bois de Vincennes pour « déringardiser » son image. La CGT a comptabilisé 110 000
participants dans toute la France, la police en a compté 74 000.
Mais à quoi sert un syndicat ?
SE DÉFENDRE FACE À LA HIÉRARCHIE
A l'origine, les syndicats visaient à défendre les ouvriers, en première ligne de la révolution industrielle
et dispersés face aux capitaines d'industrie qui les employaient, contrairement aux artisans ou aux
commerçants, qui avaient le soutien de groupements corporatistes, de guildes, de métiers ou de
compagnonnages.
Depuis la loi de 1884 qui a autorisé la création de syndicats, leur mission s'est élargie jusqu'à aboutir
à des syndicats de patrons, comme la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes
entreprises) en 1944, et le CPPF (Conseil national du patronat français) en 1945, devenu le
Mouvement des entreprises de France (Medef) en 1998.
Plus un syndicat est représentatif, plus il pèse face à la hiérarchie. C'est le cas en Allemagne, où les
syndicats, moins nombreux, représentent environ 20 % des salariés ; outre-Rhin, ils sont aussi plus
souples face à la direction – ils ont par exemple accepté, dans la branche métallurgie, un gel des
salaires en contrepartie d'un maintien de l'emploi pendant la crise.
Mais la France est le pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement
économiques) où le taux de représentativité est le plus faible : 8 % pour l'ensemble ; 5 % dans le
privé... sachant que ce taux doit être divisé par le nombre de syndicats présents dans l'entreprise, et
pas toujours d'accord entre eux sur les luttes à mener et les choix à opérer.
CONSTRUIRE UNE SOLIDARITÉ
Dans des secteurs où le travail est peu qualifié, mal payé et pas reconnu, le syndicat peut créer un
lien de solidarité entre des employés isolés et vulnérables. Membre du comité d'entreprise, il intervient
dans les œuvres sociales de l'établissement.
Les syndicats sont reconnus comme personne morale et ont la capacité d'aller en justice afin
d'assurer la défense des intérêts des salariés. Ils peuvent par ailleurs constituer entre leurs membres
des caisses spéciales de secours mutuels et de retraite, dont les fonds sont insaisissables.
Ayant accès à de nombreux documents, ce sont eux aussi qui ont les moyens de garantir la
transparence vis-à-vis des autres salariés (ils ont le droit de convoquer des assemblées générales,
d'afficher des documents et des tracts syndicaux...), mais aussi vis-à-vis de la presse, en l'avertissant
lors d'épisodes critiques sur lesquels la direction ne souhaite pas communiquer.
Protégés au sein de l'entreprise (il est plus difficile de licencier un représentant syndical, qui dispose
de protections spécifiques), ils peuvent s'exprimer au nom des salariés, quand ceux-ci craindraient un
retour de bâton de l'employeur.
Mais, selon plusieurs sondages, l'une des raisons principales du désintérêt des salariés français pour
les syndicats est la peur de représailles et le prix à payer vis-à-vis de sa carrière. Selon une étude de
2010, les délégués syndicaux sont payés environ 10 % de moins que les salariés qu'ils représentent –
une situation à laquelle la nouvelle loi sur le dialogue social entend remédier.
GÉRER LES CAISSES DE « SÉCU », DE RETRAITE
ET DE CHÔMAGE
Les syndicats assument aussi un rôle de gestionnaire d'organismes fondamentaux pour la vie des
salariés : à parité avec les organisations patronales, ils gèrent ainsi les Caisses nationales
d'assurance maladie, d'allocations familiales et d'indemnisation des chômeurs et de retraites.
Ils ont, par exemple, la possibilité de recourir à des intervenants extérieurs experts dans différents
domaines pour alimenter leurs analyses.
CONNAÎTRE SES DROITS
La formation syndicale est un droit pour tous les salariés, qu'ils soient syndiqués ou non, sous réserve
que la formation soit dispensée par une organisation syndicale représentative, rappelle la CGT. Cette
formation peut se faire au niveau de l'entreprise, au niveau régional, national...
Chaque salarié peut ainsi s'absenter douze jours par an en formation syndicale. Attention, si la
couverture est totale dans le public, dans le privé, la compensation peut être très faible pour les jours
d'absence.
METTRE EN PLACE UNE CONVENTION
COLLECTIVE
Ce sont les organisations de salariés constituées en syndicats qui sont, selon la loi, « seules admises
à négocier les conventions et accords collectifs de travail ».
Il existe environ sept cents conventions collectives, qui définissent les conditions de travail
particulières de chaque secteur d'activité : elles détaillent ce que doit comporter le contrat
d'embauche, quel est le temps de travail et comment il s'organise, les modes de rémunération, les
règles en termes de congés, de formation continue…
La convention apparaît sur le bulletin de salaire, mentionnée par un numéro qui renvoie lui-même à
un texte de loi consultable sur le site de Légifrance. A charge, parfois, au salarié de faire appliquer la
bonne convention collective le concernant par son employeur.
NÉGOCIER AVEC L'ETAT
Depuis la loi de 2007, les partenaires sociaux doivent être systématiquement consultés par le
gouvernement lors de l'élaboration de projets de loi en matière de relations salariales, d'emploi ou de
formation professionnelle.
Les syndicats sont aussi censés être parmi les premiers interlocuteurs de l'exécutif lors de grandes
réformes touchant au système de cotisation, lors d'une réforme des retraites par exemple, ou du droit
du travail, comme dans la loi Macron.
Dans ces deux derniers cas, la consultation des syndicats n'a, semble-t-il, pas beaucoup pesé dans le
débat avec l'exécutif – le gouvernement ayant eu recours à l'article 49-3 de la Constitution pour
imposer le texte du ministre de l'économie au Parlement –, et la réforme des retraites (entrée en
vigueur au 1er janvier de cette année) n'ayant pas réussi à mobiliser jusqu'au bout.
C'est d'ailleurs depuis ce mouvement contre la réforme des retraites, que la confiance portée aux
syndicats s'affiche en chute libre, selon cette étude de l'IFOP :