page 5 les refugies espagnols - notre beni-saf

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Les réfugiés espagnols
Lydie Gonzalez-Bozon, Albert Campillo
5
La guerre civile en Espagne
1936-1939 arrivée
des réfugiés espagnols en
Algérie et accueil à Beni-Saf
eux personnes issues de familles d'immigrés politiques espagnols ( José Ripoll, fils de Juan Ripoll Ivars
et M. Bruno Castaños, fils de José Castaños ont écrit à notre association pour avoir des informations sur
le séjour de leurs parents dans notre cité Nous avons donc pensé qu'il serait intéressant de faire une «
petite étude» sur l'arrivée, l'installation et le devenir de ces réfugiés.
La guerre civile espagnole a été une des plus grandes tragédies de ce pays; elle fut annonciatrice de la seconde
guerre mondiale et de ses millions de morts Notre document n'a pour seule ambition que de tenter de retrouver
les noms de réfugiés espagnols qui s'installèrent dans notre village, qui s'y fixèrent ou repartirent vers d'autres
horizons. Les personnes qui auraient pu nous apporter des informations précises ne sont plus de ce monde; ce
document souffrira donc de nombreuses lacunes Les lecteurs voudront bien nous pardonner et pourquoi pas
nous apporter des compléments d'information
Nous ferons un rappel historique des faits à partir de divers extraits de documents cités en référence,.en
essayant de rester dans l'objectivité la plus totale.
D
n février 1936, les élections en
Espagne sont remportées par une
coalition de gauche entraînant une
opposition des forces de droite et d’extrême droite. L’insurrection dirigée par
le Général Franco aboutit en 1939 par
la défaite des républicains.
A la fin de cette guerre civile, quatre
vagues de réfugiés se sont dirigés vers
la France, le flux principal résultant de
la chute de la Catalogne en janvier
1939.
Pour ce qui concerne l’Algérie,
l’amorce de l’exode ne s’est produit
que début février 1939 pour atteindre
son maximum au mois de mars 1939. Il
est la conséquence essentiellement
des combattants, des cadres administratifs, des militants qui, embarqués sur
divers types de navires, (embarcations
de pêche, chalutiers, goélettes, pétroliers, cargos) ont rallié les côtes les plus
proches de l’Algérie, à savoir l’Oranie.
Indépendamment de nombreuses
embarcations de pêche qui avaient
quitté les ports de pêche de la côte
levantine, plusieurs cargos, pétrolier
emportèrent avec eux vers Oran un
grand nombre de réfugiés : On peut
citer :
le Winnipeg, le Ronwyn, le Lezardrieux,
le Campillo, l’Africa Trader, le Martimé,
le Marionge. Le Strangor ... des exilés
E
espagnols, un nom de bateau est resté
à jamais gravé : le Stanbrook, qui avec
5 146 passagers a été obligé de rester
en rade d’Oran, puis à quai sous la surveillance de Sénégalais et des conditions d’insalubrité et de sous alimentation extrêmes.
Le chiffre total de 7 900 réfugiés a été
avancé par le Gouvernement Général,
soit plus de 5 000 hébergés collectivement en juin 1939. Pour les historiens,
le nombre d’exilés atteint les 10 000.
D’autres auteurs avancent le chiffre de
15 à 20 000 (Lopez 2004).
A leur arrivée, ces réfugiés disposent
de
passeports
délivrés
par
l’Administration républicaine avec
visas à destination du Mexique, de
Cuba ou du Nicaragua. En fait très peu
d’entre eux désirait rejoindre le
Mexique, leur seul objectif était de fuir
les franquistes. Dans certains cas, ces
réfugiés devront faire face à un comportement xénophobe.
La politique nationale française de
l’époque estimait «qu’aucun réfugié
espagnol de devait être admis en
Algérie ... tous les navires transportant
des réfugiés devaient être dirigés ou
refoulés vers la métropole». Ce principe est resté lettre morte. Début mars
1939, le Gouvernement Général reçoit
pour instruction de «cesser les trans-
bordements sur des navires à destination de Port Vendres et, en conséquence, d’organiser provisoirement un
hébergement collectif». Le Gouvernement Général préconise alors un
accueil restrictif et interdit aux passagers des cargos arrivant à Oran de
débarquer sauf s’ils disposaient d’un
passeport en règle, avec visa d’entrée
en France (Arrêt préfectoral du 31 mai
1893). Les réfugiés furent laissés à
bord ou isolés à quai, dans le camp
provisoire du Ravin Blanc, pendant
près d’un mois, avant d’être convoyés
au camp de Boghar.
Les lieux de rétentions transitoires principaux étaient donc Oran, Mers El
Kébir et Ténès. Deux structures furent
employées : le centre d’hébergement
et les camps d’internements. Le
recours aux installations militaires s’est
fréquemment imposé. Parmi les centres d’hébergement, l’Oranie en
accueillit temporairement quatre : BéniSaf, la colonie de vacances d’Aïn El
Turk et la rue de Tunis, dans Oran
même. Ils furent fermés en juillet 1939.
On peut citer également l’ancienne prison civile d’Oran, jusqu’à l’hiver suivant.
Dans l’Algérois, citons les centres suivants : préventorium du cap Matifou
pour les enfants, les casernes