La Chine des Han à son apogée
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La Chine des Han à son apogée
HISTOIRE PARTIE 6 - Thème 1 La Chine des Han à son apogée I - PROGRAMME ET ÉCLAIRAGE SUR LE THÈME ❶ Le programme (extrait du texte officiel) I. La Chine des Han à son apogée (environ 20 % du temps consacré à l’histoire) Connaissances À son apogée, sous le règne de l’empereur Wu (140 – 87 av. J.-C.), la Chine des Han connaît une brillante civilisation. La route de la soie permet un commerce régulier entre Rome et la Chine à partir du IIe siècle av. J.-C. Démarches Étude au choix d’un ou deux aspects de la civilisation chinoise sous ce règne (ouverture de la route de la soie, prolongement de la grande muraille, recrutement des fonctionnaires, floraison artistique et technique). Capacités ✓ Connaître et utiliser les repères suivants : — La Chine des Han, 206 av. J.-C. – 200. — La Chine des Han à son apogée sur une carte de l’Asie ✓ Décrire un ou deux exemples de la civilisation de la Chine des Han (une œuvre d’art, une invention…) L’intitulé du programme insiste sur le concept de civilisation qui doit être abordé à partir d’une étude au choix qui permet aux élèves d’acquérir les capacités de se repérer et de décrire. Il s’agit de montrer l’originalité d’une civilisation antique en Asie installée sur un territoire, qui se protège tout en s’ouvrant aux autres civilisations, et qui invente de nouvelles techniques. Cette étude du concept de civilisation peut être transversale aux différents chapitres d’histoire du programme. La Chine des Han à son apogée est l’occasion de mettre l’accent sur la pluralité des civilisations et d’ouvrir les horizons culturels des élèves et futurs citoyens. ❷ Éclairage et problématiques sur le thème La civilisation chinoise est née au IIIe millénaire avant J.-C. dans la vallée du fleuve Jaune. La Chine reste divisée en plusieurs royaumes jusqu’à la prise de pouvoir du premier empereur Qin en 221 avant J.-C. Mais à sa mort, les milieux lettrés et l’ancienne noblesse privée de ses droits, se soulèvent. Un fonctionnaire des Qin, Liu Bang, devient prince de Han et renforce son autorité grâce au soutien de l’armée en 206 avant J.-C. La dynastie des Han conserve l’héritage Qin et poursuit son œuvre. Les historiens insistent sur la continuité entre les deux dynasties. L’histoire de la Chine des Han est principalement écrite à partir des sources archéologiques et des textes des lettrés chinois Sima Qian et Ban Gu. La Chine des Han se caractérise par un vaste territoire contrôlé par l’empereur. 96 LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE C’est la mise en place d’un Etat centralisé sur plusieurs siècles et qui rencontre parfois des oppositions. D’une part, le pouvoir impérial rencontre l’opposition des chefs locaux ou seigneurs qui sont proches des fonctionnaires. En 154 avant J.-C., la « révolte des Sept Royaumes » montre que l’autorité impériale est remise en cause dans les provinces. De plus, l’usurpation du pouvoir par Wang Mang (9-23 après J.-C.) divise la dynastie des Han entre Han antérieurs ou occidentaux, ayant pour capitale Chang’an, et les Han postérieurs ou orientaux, ayant pour capitale Luoyang. Cependant, l’unification de la Chine se poursuit grâce aux fonctionnaires lettrés qui encadrent la paysannerie majoritaire, recensent la population (il y a environ 58 millions de personnes en 9 après J.-C.), mettent en place un système unique d’écriture et de mesure. Les échanges à l’intérieur de la Chine sont favorisés par la construction de routes pavées, de canaux d’irrigation répertoriés sur des cartes et par la mise en place d’une monnaie unique dont l’État a le monopole de la fabrication. L’État est un acteur économique car il dispose du monopole de la fabrication du fer et du sel depuis le IIe siècle avant J.-C., des alcools à partir du Ier siècle avant J.-C. La société est encadrée dans un système féodal et impérial : elle est hiérarchisée par ses relations à l’empereur. Mais c’est aussi une société diversifiée, attachée à des singularités provinciales comme en témoigne la diversité artistique et architecturale. La société est marquée par différents courants de pensée comme le confucianisme, le Ying et le Yang, les Cinq Éléments qui modèlent les relations sociales au fil des siècles avec le soutien du pouvoir. Parfois, les historiens ont vu dans la construction de l’État des Han les origines de l’État communiste chinois du XXe siècle. Aujourd’hui, cette thèse est abandonnée mais a soulevé l’importance de la fusion d’une pensée qu’est le confucianisme avec le pouvoir politique et qui a touché toutes les sphères de la société. L’accent est mis désormais sur les échanges entre la Chine et le monde dans un contexte d’ouverture depuis les années 1980. La Chine des Han est marquée par ses contacts politiques, militaires, économiques et culturels avec les autres civilisations. Elle reçoit des influences multiples dans le cadre d’une politique d’expansion, héritée des Qin et variable selon les empereurs, qui atteint son apogée sous l’empereur Wu ou Wudi (141-87 avant J.-C.) : les frontières de la Chine sont quasiment celles de la Chine actuelle. D’une part, cette expansion modifie les relations de la Chine avec ses voisins et marque une sinisation ou intégration progressive des « barbares » à l’Empire (otages dans les cours princières, dons de soie, mariages). Le prolongement de la Grande Muraille, qui permet de contenir les Xiongnu, répond à plusieurs objectifs politique et militaire, économique et social. En effet, elle permet la défense du territoire et l’affirmation de la puissance chinoise, d’installer des colons à la frontière et de favoriser le commerce aux postes frontières. Cette initiative militaire se poursuit dans le domaine commercial avec les routes de la soie qui mettent l’empire chinois au contact de l’empire romain après l’expédition de Zhang Qian en 139 avant J.-C. Soulignons que l’expression de la « route de la soie » est née en Allemagne au XIXe siècle (géographe allemand Ferdinand Von Richthofen), ce n’est pas une expression utilisée sous les Han. Une ambassade romaine est reçue au IIe siècle après J.-C. par l’empereur. Les marchands, qui transitent par l’Inde, introduisent le bouddhisme au IIe siècle après J.-C. La Chine des Han est marquée par les croyances religieuses qui se traduisent dans l’art funéraire. La croyance dans un monde de l’au-delà et le culte des ancêtres en sont les points fondamentaux. L’expression « brillante civilisation », utilisée dans les programmes, fait allusion aux techniques singulières inventées en Chine. La Chine des Han connaît effectivement une période d’avancées scientifique et technique qui modifient la société. La mise en place d’une écriture codifiée officielle et la fabrication du papier sont une originalité de la civilisation chinoise antique. Aucune autre civilisation n’accorde une importance telle à l’écriture. Cette dernière devient un moyen de sélection sociale dans le cadre des concours des lettrés, un moyen de transmission de la pensée et de la culture chinoise LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE 97 avec l’étude des Classiques (écrits de Confucius par exemple), et un moyen de transmission de la mémoire avec l’existence des Annales chinoises (ensemble de chroniques d’État depuis le VIIIe siècle avant J.-C. et qui constitue les archives) et des travaux d’historiens (Sima Qian et le Shiji, Ban Gu et L’Histoire des Han). Se met en place à la fin de la période une littérature de Cour marquée par l’invention du poème ou gushi au IIe siècle après J.-C. tandis que naît la calligraphie. La fabrication du papier qui s’impose comme support d’écriture, après l’usage du bambou et de la soie, est le résultat de pratiques empiriques depuis le IIe siècle avant J.-C. La technique de fabrication, sans cesse améliorée, n’est diffusée en Occident qu’au VIIIe siècle. L’étude de la Chine des Han permet à la fois de réfléchir à la définition de civilisation et de montrer l’existence d’une pluralité de civilisations contemporaines les unes des autres (civilisation romaine et civilisation chinoise) marquées par des héritages et des ruptures, des influences réciproques, et des cadres spatio-temporels singuliers. II - LA MISE EN ŒUVRE DU CHAPITRE ❶ Structure du chapitre ❒ La carte de la Chine des Han à son apogée (p. 162) permet de repérer et délimiter le territoire. La carte est mise en relation avec l’empire romain, étudié au préalable par les élèves, pour montrer que les deux civilisations sont contemporaines. La Chine des Han constitue un vaste empire qui est centralisé et dessiné par des frontières. Il est menacé essentiellement au nord par les populations nomades (Xiongnu) ce qui les oblige à se protéger par l’édification d’une Grande Muraille qui relie plusieurs fortifications déjà existantes et s’étire vers l’ouest. La Chine des Han n’est pourtant pas fermée sur elle-même car elle mène une politique d’extension territoriale et multiplie les contacts irréguliers après l’expédition de Zhang Qian. Une frise chronologique peut être mise en parallèle avec celle de l’empire romain et situer les siècles d’apogée respectifs (page suivante). ❒ Une double page d’ouverture (p. 164-165) présente ensuite les thèmes du chapitre au choix : ouverture de la route de la soie (document 3), prolongement de la Grande Muraille (document 4), floraison artistique et technique (documents 1 et 2). Chaque document peut servir de point de départ à l’étude d’un aspect de la civilisation et être complété par d’autres documents présentés dans les pages suivantes. Une chronologie permet également de situer l’empire Han dans le temps. ❒ La leçon (p. 166-167) pourra être lue par les élèves avant ou après le cours du professeur. Le vocabulaire reste une aide à la lecture. Quant aux documents textuels et iconographiques, ils sont accompagnés de questions permettant de répondre à la problématique annoncée : « Comment peut-on définir la civilisation de la Chine des Han ? ». Les questions proposées permettent aux élèves de sélectionner et mettre en relation les différentes informations. Elles peuvent participer à la construction du raisonnement en classe ou être utilisées pour vérifier la compréhension des élèves après la classe. ❒ Le dossier thématique sur « la route de la soie » (p.168-169) rassemble des documents de natures différentes afin de montrer l’ouverture de la civilisation chinoise sur les autres. Ce dossier est organisé en deux parties pour comprendre le rôle de ces voies 98 LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE terrestres et maritimes qui mettent en contact les civilisations. Les empires romain, parthe et kusana sont en contact avec la Chine des Han. Ces contacts sont parfois interrompus par la guerre entre Parthes et Romains ce qui explique l’existence d’une route plus au Nord. Les oasis d’Asie centrale deviennent ainsi des carrefours commerciaux et culturels. ❒ Le récit d’histoire (p. 170-171) a pour thème l’énigme des origines du papier, invention chinoise célèbre, qui donne lieu à plusieurs interprétations. Ce récit basé sur plusieurs lectures des archéologues et historiens montre que les connaissances en histoire changent en fonction des découvertes archéologiques et des interprétations des historiens. Le récit s’attache à présenter l’importance de la preuve dans le raisonnement de l’historien. ❒ L’exercice A est un ensemble de questions qui visent à aider l’élève à assimiler les connaissances de base du chapitre : connaître et utiliser les repères. La seconde partie est la mise en relation de deux documents sur une invention des Han : le sismographe. La troisième partie est la construction d’un exposé à partir de documents qui permet de travailler l’oral. Les questions permettent aux élèves d’appréhender les documents et d’organiser les informations. Cette partie est la mise en relation de trois documents de nature différente. Les exercices sont progressifs et couvrent des aspects différents de la civilisation. ❒ Le petit musée intitulé « le monde des morts » (p. 174-175) aborde les croyances et rites funéraires, aspects constitutifs de la Chine des Han et qui introduit l’univers mental des Chinois de l’Antiquité. Ces documents, qui représentent des mingqi, permettent de rappeler le rôle de l’archéologie dans l’écriture de l’histoire et dans le domaine de l’art. La présence des mingqi est attestée dans les tombes dès le IVe siècle avant J.-C. : elles se diversifient sous les Han et représentent des thèmes de la vie quotidienne du défunt. ❷ Commentaires sur les choix documentaires Les cartes sont le résultat du croisement de plusieurs sources dont celle de l’encyclopédie Universalis 2008 et celle de Jacques Gernet dans Le monde chinois (2005). Les sources littéraires de la Chine des Han sont souvent difficiles d’accès (les Mémoires historiques de Sima Qian, L’Histoire des Han de Ban Gu) et les traductions des textes officiels souvent peu aisées pour des élèves de 6e. Les sources archéologiques permettent d’appréhender la Chine des Han à partir de documents iconographiques. C’est pour cette raison que de nombreux objets choisis sont des mingqi, issus des tombeaux. Ils rendent compte des différents aspects de la civilisation des Han. Cela peut être l’occasion de rappeler les liens entre archéologie et écriture de l’histoire. Quelques documents sont postérieurs à la période étudiée : la photographie de la Grande Muraille (page 165), la boussole (page 167), le sismographe (page 172). Les vestiges de la Grande Muraille de l’époque des Han sont peu spectaculaires, le site de l’UNESCO sur le patrimoine mondial en propose une photographie. C’est pourquoi la photographie retenue est légendée et un exercice est proposé à partir du site de l’UNESCO dans le manuel vidéoprojetable enrichi. Pour la boussole et le sismographe de l’époque des Han, il n’en existe que des reproductions. LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE 99 ❸ Les objectifs pédagogiques C’est un thème nouveau pour les élèves et qui nécessite des repères spatio-temporels clairement identifiés à partir de la chronologie et des cartes. L’étude de la Chine des Han ne peut être exhaustive mais s’appuyer sur une étude au choix présentant un ou deux aspects de la civilisation chinoise tout en réservant une place importante à l’histoire de l’art. Les sources archéologiques et iconographiques sont questionnées de manière simple, sans être simpliste, afin de développer un raisonnement qui s’appuie sur le concept de civilisation. Enfin, les exercices proposés sont variés afin de répondre à la diversité des compétences des élèves en fin d’année et couvrir l’ensemble des aspects mis en avant dans le programme laissés au choix de l’enseignant. ❹ Progression pédagogique possible À partir de la carte de la Chine des Han et du dossier thématique « La route de la soie », on pourra commencer par présenter l’expédition de Zhang Qian qui amène les élèves à s’interroger sur le territoire des Han, l’époque et le pouvoir de l’empereur. Cet échec militaire montre la menace venue du nord pour l’empire chinois qui tente de se protéger derrière la Grande Muraille. Cette expédition marque aussi le début de la « route de la soie » vers l’ouest et donc, d’échanges avec les empires occidentaux. S’ensuit alors la découverte des « chevaux célestes » représentés par les mingqi (cf pages 169 et 174) et bien sûr, l’échange de la soie. Ainsi, les thèmes des croyances, des rites et des techniques peuvent être abordés. Une comparaison avec l’empire romain peut être une conclusion intéressante. Elle permettrait aux élèves de mobiliser leurs connaissances et d’effectuer une comparaison entre deux civilisations contemporaines en Europe et en Asie. III - LES RESSOURCES DOCUMENTAIRES ☛ Bibliographie pour le professeur a) Les sources anciennes b) Les historiens Sima Qian, Les mémoires historiques, ou Shiji, 104 avant J.-C. Traduction partielle d’Édouard Chavannes de 1865 à 1918 accessible sur le site de l’Université de Laval au Québec (http://classiques.uqac.ca). er ■ Ban Gu : L’Histoire des Han, I siècle avant J.-C. ■ Jacques Pimpaneau, Les mémoires historiques, Vies de chinois illustres, Picquier poche, 2002. Quelques extraits traduits de ces deux auteurs. ■ L. Boulnois, La route de la soie : Dieux, guerriers et marchands, Olizane, 2001. ■ D. Elisseff, La Chine du néolithique à la fin des Cinq dynasties, art et archéologie, manuels de l’Ecole du Louvre, 2008. ■ J. Gernet, Le monde chinois, vol. 1, Agora pocket, édition 2005. ■ ☛ Ressources pour la classe et les élèves C. Helft, La mythologie chinoise, Actes Sud Junior, 2002. ■ J. Martin, Alix, L’empereur de Chine, n°17, Casterman, 2003. ■ 100 LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE F. Michel, La Grande Muraille de Chine, Actes Sud, 2000. ■ ☛ Liens Internet utiles www.guimet.fr : site du musée Guimet. www.paris.fr/portail/Culture/Portal. lut?page_id=5853 : site du musée Cernuschi. ■ whc.unesco.org : site de l’UNESCO, patrimoine mondial. ■ ■ expositions.bnf.fr/chine : site de l’exposition L’empire du trait, BNF (une partie de l’exposition est postérieure à la partie étudiée). ■ ☛ Les passerelles avec le manuel vidéoprojetable enrichi Cartes interactives : La Chine des Han du siècle av. J.-C. au Ier siècle ap. J.-C. ; De l’Empire des Han à l’Empire romain au Ier siècle après J.-C. ■ Texte lu : Le papier : l’énigme des origines ■ Image didactisée : Paysan à l’époque des Han (doc. 1 p. 173). ■ IIe Diaporamas : Les étapes de la fabrication du papier à l’époque des Han (p. 171) ; Vêtement funéraire en jade de la princesse Dou Wan (doc. 4 p. 175). ■ Une activité Tice : La Grande Muraille de Chine (site Unesco). ■ ☛ Les passerelles avec les fichiers d’activités a) Fiches « savoirs » : ■ La Chine des Han b) Fiches « régions » : Visiter un musée des arts asiatiques : le musée national des Arts asiatiques Guimet (Paris) (Fichier Ile-de-France). ■ Visiter un musée des arts asiatiques : le musée Cernuschi (Paris) (Fichier Île-deFrance). ■ Visiter un musée des arts asiatiques : site du musée Guimet (Fichier Outre-Mer). ■ LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE 101 IV - CORRIGÉS DES QUESTIONS ET DES EXERCICES LEÇON 1 : L’âge d’or de la Chine des Han (p. 166-167) ◗ Un vaste territoire contrôlé par l’empereur... 1. L’empereur est surnommé « Fils du Ciel ». 2. D’après Sima Qian, l’empereur a un pouvoir politique (« a transformé les lois »), militaire et religieux (« a fait construire des lieux de culte »). Il intervient dans les affaires de l’État, décide de l’organisation de l’armée et de la politique étrangère (« des peuples étrangers […] viennent en grand nombre »). En tant que « Fils du Ciel », il est le garant de l’équilibre des éléments sur Terre à l’image de l’équilibre céleste. 3. L’empereur impose une écriture officielle et une même monnaie, appelée la sapèque (à partir de 113 avant J.-C.), en Chine parce qu’il veut unifier les différentes provinces. Mais ce processus est lent et inégal sur l’ensemble du territoire. ◗ ...qui est au contact des autres civilisations 4. La phrase du texte qui montre la curiosité du monde pour la civilisation des Han est la suivante : « Des peuples étrangers aux mœurs différentes viennent en grand nombre et adoptent nos coutumes ». ◗ ...et qui invente de nouvelles techniques 5. Parmi les inventions de la civilisation des Han on compte l’écriture par idéogrammes et la boussole. Mais ils ont aussi inventé le sismographe, la brouette, le globe terrestre ou encore un procédé de fabrication du papier. 6. Les idéogrammes sont des signes représentant chacun un mot ou une idée. Formée à l’origine de pictogrammes (au IVe millénaire avant J.-C.), l’écriture chinoise s’est transformée pour regrouper 3 000 caractères sous la dynastie des Han, et aujourd’hui 55 000 caractères. L’écriture chinoise actuelle se lit de gauche à droite, mais celle des textes anciens et des poèmes se lit de haut en bas et de droite à gauche. L’instrument utilisé pour écrire est un pinceau. 2. Les routes de la soie permettent de relier l’Empire chinois à l’Empire Kusana puis à l’Empire parthe et enfin à l’Empire romain. 3. Les marchands utilisent des caravanes pour traverser l’Asie centrale et des navires pour pratiquer le cabotage. Quand les marchands traversent l’Empire parthe, qui leur fait payer une taxe et qui est souvent en guerre avec l’Empire romain, les échanges sont parfois interrompus. C’est pour cette raison qu’il existe une route plus au Nord. Ils doivent aussi affronter des milieux contraignants (chaîne de montagnes, déserts) mais les oasis d’Asie centrale font office de relais. ◗ Des échanges culturels et commerciaux 4. Les produits qui partent de Chine sont des soieries, des objets artisanaux et des épices. Ils sont échangés contre des pierres précieuses ou semi-précieuses comme le jade, contre des chevaux du Fergana ou bien encore contre du laque venu de l’Empire parthe. 5. Pline l’Ancien voit les Chinois tantôt comme des « barbares », tantôt comme des « civilisés » sans doute parce qu’ils possèdent une langue différente et des coutumes qui sont étrangères à un Romain comme Pline mais qu’en même temps, ils maîtrisent la fabrication de la soie, technique complètement inconnue en Occident. ◗ Pour résumer La « route de la soie » est un ensemble de routes maritimes et terrestres qui relient la Chine à l’Occident en passant par les empires Kusana et parthe. Elle s’ouvre à partir du IIe siècle avant J.-C. Ces différents axes commerciaux permettent dans un premier temps à la Chine d’échanger de nombreux produits comme des soieries, des épices, des pierres précieuses, des objets artisanaux… Mais ils permettent aussi aux Occidentaux (Pline le Jeune s’en fait l’écho) de s’ouvrir à une nouvelle civilisation et de découvrir des modes de vie bien différents des leurs. RÉCIT D’HISTOIRE : DOSSIER THÉMATIQUE : La route de la soie (p. 168-169) ◗ Un ensemble de routes terrestres et maritimes 1. La route de la soie est un ensemble de routes commerciales terrestres et maritimes qui relient la Chine à l’Occident à partir du IIe siècle avant J.-C. 102 LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE Le papier : l’énigme des origines (p. 170-171) ➨ Grâce à l’analyse de la composition des feuilles de papier encrées découvertes par He Shuangquan, on a pu dater les documents trouvés. Ces derniers datant du IIe siècle avant J.-C. on a pu remettre en cause l’idée que c’était Cai Lun qui avait inventé le papier en 105 après J.-C. et donc conclure que le papier avait été inventé bien avant lui. L’archéologie permet donc de dater l’invention de certains procédés et de remettre en cause les connaissances acquises si de nouvelles informations viennent contredire les premières découvertes. ➨ Jusqu’à la découverte de He Shuangquan, Cai Lun, haut fonctionnaire de la cour des Han, était considéré comme l’inventeur du papier et de son usage comme support d’écriture. Grâce à cela, il avait pu acquérir une très grande notoriété dans tout l’Empire. S’il n’est donc pas l’inventeur, il aurait fait évoluer le procédé de fabrication du papier pour le rendre plus fin et moins coûteux. Le papier issu de cette fabrication est aujourd’hui appelé « papier chiffon ». Cai Lun a donc une certaine pérennité dans l’histoire du papier. ➨ Pour mettre en relation le récit et les illustrations, on pourra faire correspondre des phrases du texte avec chaque vignette. – Vignettes 1 à 4 : « Il décida donc de broyer des morceaux de bambou et d’écorce de mûriers dans de l’eau de chaux et d’y ajouter des fibres tissées (cordages, vieux filets de pêche…) qu’il avait d’abord laissé fermenter. » (l. 18 à 21). – Vignettes 5 et 6 : « Il étala cette pâte sur un tamis puis laissa sécher chaque feuille au soleil. » (l. 21-22) EXERCICES : (pages 172-173) A. Connaître et utiliser les repères 1. La dynastie des Han a régné de 206 avant J.-C. à 220 après J.-C. c’est-à-dire 426 ans. 2. À l’époque des Han, c’est l’Empire romain qui dominait l’Occident. 3. L’expansion des Han s’est effectuée en direction du Nord-Ouest et du Sud. 4. La « route de la soie » est un ensemble de routes commerciales terrestres et maritimes qui relient la Chine à l’Occident à partir du IIe siècle avant J.-C. Elle doit son nom à l’étoffe dont les Chinois avaient le savoir-faire et qu’ils échangeaient avec les autres empires. 5. Les Chinois ont inventé la boussole, le sismographe, la brouette… B. Étudier une invention des Han : le sismographe 1. Un sismographe est un instrument qui permet de détecter et mesurer les mouvements du sol. 2. L’inventeur du sismographe est un mathématicien et astronome chinois, appelé Zhang Heng. 3. Lors d’un séisme, une boule en bronze, contenue dans la gueule d’un des huit dragons, tombe dans la bouche du crapaud correspondant et indique la direction du séisme. 4. L’autre invention scientifique des Han étudiée dans ce chapitre est la boussole. C. Construire un exposé à partir de documents : les paysans dans la Chine des Han ➨ Comprendre le sujet 1. Un paysan est un homme qui a une activité agricole (la culture, l’élevage...). 2. La dynastie des Han règne entre 206 avant J.-C. et 220 après J.-C. ➨ Présenter les documents 3. Le document 1 est une statuette en terre cuite du IIe siècle après J.-C., sans doute un mingqi, qui représente un paysan à l’époque des Han. Elle est conservée à la fondation Giovanni Agnelli, à Turin en Italie. Le document 2 est un extrait du témoignage du philosophe chinois Dong Zhongshu, au IIe siècle avant J.-C. qui décrit une crise agraire. Le texte est traduit dans un ouvrage de V. et D. Elisseeff intitulé La civilisation de la Chine classique. Le document 3 est une statue en bronze représentant un paysan utilisant une meule pour broyer du grain et faire de la farine. Il s’agit d’un mingqi des Ier ou IIe siècles conservé au musée de Jingzhou, à Hubei en Chine. ➨ Classer les informations 1. Le paysan dispose d’une bèche, d’une pelle, d’un long couteau et d’une épée. Il porte une simple tunique et des sandales. La couleur de sa tunique indique son appartenance sociale. Les paysans disposent aussi d’outils performants tels que la meule pour broyer les grains. 2. Les paysans qui perdent leur terre, faute d’endettement, deviennent des esclaves. Ils perdent leur liberté et sont vendus sur les marchés comme du bétail. 3. Le paysan dans la Chine des Han est confronté dès le IIe siècle avant J.-C. à une crise agraire. Il y a un recul des petits propriétaires. Les inégalités s’accentuent et le pouvoir politique tente de limiter l’essor de l’esclavage à plusieurs reprises pour des raisons économiques (revenus fiscaux), des raisons stratégiques (ravitaillement des armées que les fermes impériales ne peuvent assurer), des raisons sociales (révoltes paysannes). Le paysan sous la Chine des Han voit donc sa condition changer. Soumis à la conscription à l’époque des premiers Han, il est ensuite au service des seigneurs à partir du IIe siècle après J.-C. LE PETIT MUSÉE : Le monde des morts (p. 174-175) Les mots de l’art 1. La tradition dit que les mingqi ont remplacé les sacrifices humains attestés au IIe millénaire avant J.-C. En effet, le défunt était accompagné de ses proches à sa mort. Cette pratique funéraire qui a commencé à LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE 103 l’époque des Royaumes Combattants (autour des Ve et IVe siècles) se précise à l’époque des Han. Les mingqi reproduisent l’environnement humain et matériel nécessaire au défunt pour prolonger sa vie. 2. Le mot mingqi signifie « mobilier funéraire » mais désigne surtout les statuettes de bois, de laque ou d’argile qui constituent le monde familier du mort. Ils représentent des serviteurs, des musiciens ou danseurs, des animaux, des bateaux, des maisons... Les techniques 3. De nombreux objets entourant le défunt étaient en terre cuite mais le jade ou la soie étaient aussi utilisés. C’est la recherche de l’éternité que peut symboliser l’emploi du jade pour recouvrir les corps. Cette pratique ne s’adresse qu’aux hauts dignitaires, d’autant plus que le jade se fait rare à partir du IIIe siècle avant J.-C. Il s’agit souvent de pièces de jade déjà utilisées pour le culte et utilisées ensuite dans les tombes. Les symboles 4. Ces objets montrent que les Han croyaient en une vie après la mort. La bannière, déposée enroulée près du sarcophage de la défunte, rappelle le parcours de la défunte pour atteindre le monde éternel dominé par un soleil rouge et peuplé d’animaux. Il faut souligner le rôle des dragons perçus comme des animaux fantastiques bienfaisants contrairement à l’image que peut en avoir l’Occident à partir du Moyen Âge. 104 LA CHINE DES HAN À SON APOGÉE