DES BAINS ROMAINS AU THERMALISME
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DES BAINS ROMAINS AU THERMALISME
carbla7095066_part1 6/03/08 12:06 Page 26 NIEDERBRONN-LES-BAINS II DES BAINS ROMAINS AU THERMALISME N Couverture d’un livre de C. Matthis, 1901 Société pour la Conservation des Monuments Historiques, sont malheureusement enfouies dans les réserves d’un musée mulhousien. N iederbronn-les-Bains a connu une histoire particulèrement mouvementée. Son riche passé romain intéressa les archéologues dès le XVIe siècle. Helisaeus Roesslin (1544-1616), médecin de Haguenau, numismate, publia en 1593 un des premiers alsatiques dans lequel il traitait des eaux de Niederbronn. De nombreuses stèles aujourd’hui disparues, souvent par faits de guerre, sont reproduites dans l’Alsace illustrée (1751), ouvrage écrit en latin par le diplomate Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771). Les stèles de Mercure découvertes par le Dr François Schnoeringer de Brumath (1797-1869), membre de la Parmi les archéologues locaux, citons Charles Matthis (1851-1925), l’infatigable propriétaire de l’hôtel de la Chaîne d’Or puis de l'hôtel qui porta son nom ; Adolphe Malye (1864-1941), fondateur et conservateur du Musée municipal et président-fondateur de la Société Niederbronnoise d’Histoire et d’Archéologie (SNHA) en 1928 ; Émile Mandel (18731968), une des chevilles ouvrières du Club Vosgien… 26 La naissance de la station thermale Depuis 1991, les travaux de la SNHA (Marcel Wolff, Georges Eriau, René Schellmanns…) ont été poursuivis au centre-ville par Pascal Prévost-Bouré, directeur de la Maison de l’Archéologie. 2 Les légionnaires découvrirent les propriétés de l’eau de Niederbronn et captèrent les deux sources bien avant de construire des thermes au IIe siècle. Leurs offrandes aux divinités de l’eau furent mises au jour en 1592 lorsque le comte Philippe V de Hanau, qui souffrait de rhumatismes goutteux, fit curer le bassin des sources. Il recueillit quelque 300 monnaies romaines qui couvrent une période de quatre siècles. Leur répartition et leur nombre permettent d’affirmer l’apogée des bains au IIe siècle, sous le règne d’Hadrien (117-138). Les thermes découverts lors des fouilles place Marchi en 1993 datent de cette époque. Les pièces sont en enfilade : le baigneur entrait dans le vestiaire (apodyterium), puis traversait le bâtiment pour gagner la pièce chaude (caldarium) où il éliminait sueur, saleté et peaux mortes. Il revenait ensuite sur ses pas, prenait un bain relaxant dans la pièce tiède (tepidarium) et terminait par le frigidarium. Une piscine froide fut ajoutée au frigidarium dans la deuxième moitié du IIIe siècle et une autre salle plus tard. L’ ÉPOQUE ROMAINE (I er-V e SIÈCLES APRÈS J.C.) La présence de l’homme est fort ancienne dans les Vosges du Nord, comme le prouve le site de Climbach (8000 à 5300 avant J.C.) fouillé par l’archéologue local René Schellmanns. Par contre, les rochers polissoirs et les « enceintes encyclopéennes » décou- © Maison vertes par Charles Matthis, le camp de l’Archéologie présumé « celtique » ou encore le rocher sculpté de la Liese, supposée être une déesse gauloise de la fécondité, semblent n’être que des lieux de légende. De l’époque pré-romaine, la Maison de l’Archéologie ne possède qu’une magnifique hache datée du bronze ancien (2300 à 1500 avant J.C.) et trouvée fortuitement au lieu-dit Kindwiller, à l’ouest de Niederbronn. Quant à la vallée, marécageuse et inondable, elle ne devait pas être habitée avant l’époque romaine. C’est avec les Romains que nous entrons dans le domaine des certitudes. Goethe fut impressionné par la région qu’il parcourut en 1770 : « A Niederbronn, dans les bains construits par les Romains, je fus visité par le génie de l’antiquité, dont les débris vénérables, restes de bas-reliefs et d’inscriptions, chapiteaux et fûts de colonnes, m’apparurent d’une façon singulière au milieu des métairies, des instruments et des décombres rustiques. Du Wasenbourg, je contemplai, sur une masse de rochers, une inscription bien conservée, accomplissement d’un vœu envers Mercure… De la tour on apercevait toute l’Alsace et la flèche de la Cathédrale… » (Dichtung und Wahrheit). C’est sans doute cette situation stratégique qui attira la 8e légion romaine Augusta dès la fin du Ier siècle après J.C. Depuis le Wachtfelsen, sis à l’extrémité de la plate-forme du château de Wasenbourg, ils contrôlaient l’entrée d’un des rares passages nord-sud des Vosges du Nord ainsi que la plaine, surveillance indispensable à partir de 260 après J.C. lorsque les « Barbares », qui les avaient chassés de la rive droite du Rhin, risquaient d’envahir l’Alsace. M Exemples de monnaies romaines, planche extraite de R. Forrer, Diane et Sirone, Haguenau, 1935. 27