Aragon ou l`héroïsme sentimental 1.

Transcription

Aragon ou l`héroïsme sentimental 1.
Aragon ou l’héroïsme sentimental
Philippe FOREST, Université de Nantes
_______________________________________________________________
1.
Aragon – c’est le moins qu’on puisse dire – ne cesse pas
d’être aujourd’hui cause de scandale ou du moins d’embarras.
On ne sait trop que faire d’une oeuvre qui se situe aussi
souverainement et insoucieusement loin du “bon gout” ( « Ne
craignez pas toujours d’être de mauvais goût »), du
“genie”( « À bas le clair génie français ! ») tels que ceux-ci
règnent désormais sur le domaine assez dévasté du roman ou
de la poésie françaises. Idéologiquement – car pour elle le
monde appelle la révolte et exige qu’on ne consente pas à ce
qu’il est –, esthétiquement – parce qu’elle ne renonce pas au
sens ni à faire chanter celui-ci et qu’elle procède d’un vertige
où c’est l’extrême même de l’expérience humaine qui s’entête à
se dire –, la parole d’Aragon refuse et réfute tout ce qui, autour
d’elle, après elle, voue la littérature à l’inoffensif et à
l’insignifiant qui, comme on le voit toujours trop, sont
désormais devenus de règle.
Mais, si elle est d’abord politique et poétique, la cause du
scandale (ou disons : de l’embarras) est également d’ordre
sexuel (ou plutôt : sentimental). Dans ses Fragments d’un
discours amoureux, Roland Barthes écrit : « Discréditée par
l’opinion moderne, la sentimentalité de l’amour doit être
assumée par le sujet amoureux comme une transgression forte,
_______________________________________________________________________________
RECHERCHES CROISÉES ARAGON / ELSA TRIOLET, N° Spécial, 2008.
2
Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet N° spécial
_______________________________________________________________
qui le laisse seul et exposé; par un renversement de valeurs,
c’est donc cette sentimentalité qui fait aujourd’hui l’obscène de
l’amour. »
Si Aragon choque aujourd’hui, c’est aussi (est-ce d’abord ?)
parce qu’il revendique cette part de sentimentalité propre à la
parole et à l’expérience humaines, qu’une doxa moderne
condamne parce qu’elle y voit la forme même de l’obscène
qu’elle ne peut soutenir et qu’elle choisit donc d’ignorer, de
déprécier, de défigurer et de calomnier tout simplement parce
qu’elle recule devant la vérité qui, avec elle, s’exprime et qui
concerne cette épreuve de la perte où gît toute érotique.
Aragon, lui, a toujours choisi de revendiquer l’obscène de cette
sentimentalité et de le faire tout en insistant sur la valeur
transgressive du geste qu’il accomplissait ainsi.
2.
L’histoire littéraire aime à fabriquer des familles, à
engendrer des généalogies. Et elle est dans son droit quand
elle le fait puisqu’elle permet alors de voir comment la même
expérience d’écrire se perpétue avec chaque individu qui (sous
son nom, dans son corps, avec son temps) relève et relance,
dans la mesure de ses moyens, dans les limites de son langage,
le mouvement exclusif d’un seul long livre auquel chacun vient
collaborer ainsi à son tour.
Fils de quiconque, père de personne, Aragon, lui-même, ne
se refusait pas à s’inventer une lignée (des précurseurs, des
successeurs) à l’intérieur de laquelle se sentir moins
abandonné et se donner l’illusion d’oublier l’affolant
esseulement d’être en vie. Il destinait ainsi à ceux du passé, à
ceux du futur un même signe de reconnaissance, une invitation
à considérer comment – sous le nom de literature – c’est la
même entreprise que répète et prolonge interminablement le
déchirement d’écrire. On connaît peu d’oeuvres qui, autant que
celle d’Aragon, constituent comme un appel perpétuellement
adressé à l’avenir, pari pris contre toute raison et misant
Philippe Forest
3
_______________________________________________________________
malgré tout sur la possibilité d’une parole à résonner encore
après elle.
Il y aurait beaucoup de suffisance pour un écrivain
d’aujourd’hui à se déclarer aragonien. Je ne crois pas pourtant
que ce soit par modestie que si peu de romanciers, de poètes se
réclament désormais de l’auteur de La Défense de l’Infini. S’ils
ignorent celui-ci, ce serait plutôt par arrogance, convaincus
qu’ils sont de n’avoir rien de commun avec lui. Qu’une oeuvre
aussi monumentale soit presque totalement tombée en
désherence, ne justifie pas que n’importe qui s’en considère
pour autant comme un possible et légitime propriétaire. Du
reste, en littérature, la notion d’héritier n’a pas de sens. Un
homme, une fois, a été libre. Ce signe suffit à indiquer qu’un
autre, après lui, peut l’être à son tour. Et ce signe, puisqu’on l’a
reçu, on se dit que l’on doit le retourner à son tour.
En tête de mon dernier roman, Le Nouvel amour, et de
chacun de ses onze chapitres, j’ai placé une sorte de petit texte
où, sous forme d’épigraphe, se trouvent à chaque fois réécrites
une ou plusieurs citations qui viennent de ce long et unique
roman d’amour qui s’est écrit à travers les siècles. Il y a ainsi
Dante, Lamartine, Verlaine et Rimbaud, Breton et Aragon, ce
dernier cité huit fois, c’est-à-dire à lui seul plus que tous les
autres. Si j’avais eu l’esprit assez systématique, j’aurais voulu
qu’il n’y ait que lui et que mon roman soit placé alors tout
entier sous son signe, comme si l’histoire d’amour très
personnelle que ce roman relate était pourtant née de ces
fragments étrangers pris dans l’œuvre d’un autre et qui l’aurait
engendrée. J’ai donc pris ces phrases à Aragon, que j’ai mises
en tête de mon livre. Je les en sors maintenant pour en faire la
matière des quelques remarques qui suivent et les lui rendre
ainsi.
3.
Il y va d’abord de l’aveu qu’un individu fait de sa vie. Un
démon s’est emparé d’Aragon et l’oblige à dire. Ces vers
4
Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet N° spécial
_______________________________________________________________
célèbres, venus des Poètes : « Je ne sais ce qui me possède/ Et
me pousse à dire à voix haute/ Ni pour la pitié ni pour l’aide/ Ni
pour en avouer ses fautes/ Ce qui m’habite et qui m’obsède. »
La sentimentalité d’Aragon n’est pas la faiblesse de qui
s’épanche et échoue à retenir l’expression d’un secret afin
d’obtenir en retour la rémunération d’une sympathie sociale un
peu sordide. Elle (cette sentimentalité) a plutôt la forme d’un
défi adressé au monde par lequel quelqu’un affirme avec force
et courage cette singularité propre dont l’expression
subjective, pour parler le langage de Kierkegaard, le fait
« tomber du général », pénétrer dans ce territoire paradoxal où
se trouve suspendu tout jugement moral, et où l’individu
advient dans le tutoiement de la vérité. Ce défi fut aussi celui
d’Artaud, de Bataille ou de Leiris – et avant eux de Rimbaud, de
Hugo ou de Rousseau aussi. Il devrait être encore celui de tout
écrivain faisant de sa vie la matière de ses livres. Il suppose le
risque pris d’un sacrifice.
En ce sens, la sentimentalité d’Aragon est tout le contraire
du sentimentalisme tel que Joyce, dans Ulysse, en emprunte la
définition à Meredith, et qui consiste à spéculer sur le
pathétique sans accepter d’en payer le prix. Là où le
sentimentalisme social gère et exploite la lucrative circulation
simulée des affects dont nul ne se trouve devoir réellement
répondre, la sentimentalité – que revendique Aragon – exige
l’exposition d’une première personne du singulier qui assume,
en son nom propre, dans l’esseulement le plus absolu, l’épreuve
où, dans la crainte et le tremblement, se déploie la possibilité
d’un rapport absolu à la vérité : « Assez de mensonge.
Renoncez, braves gens, à prendre avec moi un petit plaisir sans
danger. Pas un geste, pas un cillement qui ne m’engage à fond,
qui ne fasse dévier ma vie. »
4.
Qui dit Je ainsi ? Quelqu’un et c’est pourtant personne. Le
paradoxe de l’aveu est qu’il ne produit aucune image positive
Philippe Forest
5
_______________________________________________________________
de celui qui s’y livre. Il est la mise à nu d’un vide où toute
psychologie s’abîme et où les représentations possibles de soi
se perdent au sein du grand saccage qui les réduit à rien.
Aucun narcissisme chez Aragon. Le reflet manque au miroir ou
bien il se dilapide dans un dédale de glaces. C’est l’histoire
d’Alice dont la traversée des apparences la conduit au domaine
enchanté du « let’s pretend ». Mais d’abord, il y a la chute, la
longue descente dans le vide qui mène dans le pays des
merveilles où chacun se découvre toujours différent de luimême.
On n’en finirait pas de recueillir toutes les phrases qui, chez
Aragon, disent ce mouvement d’abandon, de lâcher prise, de
perdre-pied, par lequel le sujet s’accomplit à proportion même
de l’anéantissement de lui-même auquel il consent, basculant
de son plein gré et avec délice dans un précipice où, dans le
vertige, s’abolit tout vestige de soi. « Rien ne compte plus que
le vertige » lit-on dans La Mise à mort. Et encore : « Etre un
homme, c’est pouvoir infiniment tomber ». Il y aurait un livre à
faire qui s’intitulerait : Vertige d’Aragon. Le texte que je lis en
est l’un des chapitres possibles.
5.
Parmi tous les textes d’Aragon, ma préférence va à la
préface de 1924 écrite pour Le Libertinage : « Je ne fais pas
difficulté à le reconnaître : je ne pense à rien si ce n’est à
l’amour. Ma continuelle distraction dans les domaines de
l’esprit, on tend assez à me la tenir à crime, trouve dans ce
goût unique et incessant de l’amour sa véritable raison d’être.
Il n’y a pour moi pas une idée que l’amour n’éclipse. Tout ce
qui s’oppose à l’amour sera anéanti s’il ne tient qu’à moi. » Et
encore : « L’amour m’intéresse plus que la musique. Ce n’est
pas assez dire : en un mot, tout le reste n’est que feuille
morte. »
C’est peu dire d’Aragon qu’il persiste et signe. L’exaltation
de l’amour dure plus longtemps que le flamboiement de la
jeunesse. C’est un vieil homme qui confesse encore sa faute et
qui le fait avec assez de superbe pour bien faire comprendre à
6
Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet N° spécial
_______________________________________________________________
ses détracteurs qu’il ne se repentira jamais. Ainsi en 1958 dans
ce texte intitulé « Un perpétuel printemps » et où il est
question aussi de la très injustement oubliée Graziella de
Lamartine : « J’aime les histoires d’amour, et je le dis
ouvertement : tant pis pour ceux qui les prennent pour je ne
sais quelle récréance, quelle lâcheté à l’époque des guerres et
des révolutions. »
6.
L’amour, quoi l’amour ? Il n’est jamais ce qu’on en dit. Je
veux dire : ce que les autres en disent. Le début de Blanche ou
l’oubli, celui que Godard cite magnifiquement dans ses
Histoire(s) : « Le plaisir que j’ai eu d’elles. Parfois j’entends des
hommes raconter le plaisir qu’ils ont pris, avec celle-ci ou cellelà. Oh, ce n’est pas la grossièreté, les mots parfois vraiment
précis, non ! mais je ne sais pas, j’ai envie de leur dire, voyons,
voyons, c’était autre chose. Autre chose. »
La parole des amants puise son principe dans le splendide
isolement dont elle vient. Sa traduction est réservée dans toute
autre langue que celle où elle s’exprime. Celui qui aime parle
un idiolecte qu’aucune conversion ne viendra jamais verser
dans l’idiome d’une quelconque communauté allant réclamer
pour elle l’expérience toujours dissidente d’aimer. Tous les
avatars amoureux d’Aragon en témoignent – et jusqu’à ce que
l’on nomme improprement son homosexualité puisqu’en parler
ainsi revient encore à considérer qu’on puisse porter au crédit
d’une communauté – celle-ci fût-elle minoritaire et martyrisée –
l’absolue et magnifique liberté d’un dernier désir.
Le
sujet
amoureux
fait
sécession.
Il
se
tient
somptueusement séparé. Comme le remarquait Barthes, sa
solitude est “philosophique” et tient à ce que l’amour passion
n’est « pris en charge aujourd’hui par aucun système majeur de
pensée ». L’héroïsme sentimental d’Aragon vient de ce qu’il se
tient au plus loin de toutes les mythologies de la virilité – qui
sont, comme on sait, le vrai ciment social et auxquelles il faut
Philippe Forest
7
_______________________________________________________________
beaucoup d’audace, d’insouciance, d’ironie, de liberté enfin
pour ne pas souscrire.
Ce poème de La Grande Gaîté : « Il y a ceux qui bandent/ Il
y a ceux qui ne bandent pas/ Généralement je me range/ Dans
la seconde catégorie. » On n’imagine ces vers chez aucun autre
poète. La littérature des hommes n’est si souvent que
rodomontades sexuelles. Au cours des « Recherches sur la
sexualité » menées par le groupe surréaliste, Aragon avouait
n’avoir souvent que des « érections incomplètes » et poussait
l’impertinence jusqu’à ajouter qu’une telle faiblesse ne lui
paraissait pas porter davantage à conséquence que son
incapacité à soulever à bouts de bras un piano à queue (le
lapsus n’était certainement pas involontaire). Notons
cependant le « généralement » du troisième vers. Selon toute
vraisemblance, Aragon n’ignore rien de l’émerveillement de
jouir et de faire jouir. Mais, en plus, il sait simplement que cet
émerveillement débute de l’autre côté de ce que les autres
hommes s’imaginent relever de la stricte mécanique phallique.
7.
Aragon prend le parti des femmes. C’est sa manière à lui de
mettre en cause « la prédominance fatale du point de vue
masculin ».
Ainsi dans La Défense de L’infini. Un homme regarde une
femme qui dort et, dans son sommeil, il se perd : « Si tu n’as
pas compris le sommeil de la femme, cette défaite au centre
impérieux de la victoire, va, tu n’es pas un homme. Adorable
pouvoir. Il n’y a rien de plus fort qu’une femme endormie. »
Toute l’aventure d’aimer, pour un homme, consiste ainsi à
rejoindre une femme dans le repli de son sommeil. Dans le
Cahier noir : « Que ne voudrais-je qui ne soit le simple
abandon ? Il y a tout un art de dormir ensemble. C’est peutêtre à ce moment de repos que l’amour se trahit de façon
irréfutable... La proximité des amants permet tout langage,
tout devient langage dans une telle harmonie. Un homme alors
8
Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet N° spécial
_______________________________________________________________
se dissout. Il n’a plus de vie propre. »
Si on veut la dire dans le langage de la psychanalyse – qui a
sa pertinence autant que ses petitesses –, la question est celle
de l’identification féminine dont Julia Kristeva a montré
remarquablement comment l’appelait le cas Aragon. Dans un
autre livre, elle l’éclaire en expliquant que ce féminin – à la
jouissance duquel se rapporte parfois la parole masculine –
concernait, au fond, une « certaine expérience du retrait » :
« avant le temps, avant le sujet, avant le commencement qui
est un commencement de désir ».
Si l’on s’avisait de tout cela, on y prêterait davantage
d’attention et l’on comprendrait que « La Femme française »
– qui clôt Le Libertinage – demande à être lu à même hauteur
que le célèbre monologue de Molly Bloom qui, chez Joyce, en
est presque contemporain et où la démystification du masculin
par un homme parlant pour une femme, ouvre l’accès à une
dimension autre où, dans l’abandon des rôles sexuels, une
autre vérité se dit avec laquelle toute conscience de soi
s’abandonne et se perd : « La légende d’un homme ? Le
premier collégien venu, je te dis. Mais c’est moi qui suis la
légende, le mystère et l’enivrement. »
8.
On voudrait d’Aragon qu’il soit le poète d’un amour
naïvement idéal – celui d’Elsa – servant à couvrir l’ignominie
douloureuse d’autres affections moins avouables. Laissons cela.
Partout ailleurs, la vérité est lisible en toutes lettres. Elle dit le
malheur d’aimer – dont personne d’autre ne veut rien savoir.
Toute poésie vraie chante. Il faudrait dire d’elle qu’elle
hurle. Et qu’elle le fait dans les ruines. La passion pour Nancy
Cunard parle d’un paroxysme par rapport auquel aucun amour
ultérieur ne se situera ni en-deça, ni au-delà. Car tout désir vrai
fait accéder celui qui l’éprouve à la même et déchirante
intensité. C’est le mot panthère du passé qui parle et puis qui
Philippe Forest
9
_______________________________________________________________
dit : « Crachons veux-tu bien/ Sur ce que nous avons aimé
ensemble/ Crachons sur l’amour/ Sur nos lits défaits/ Sur notre
silence et sur les mots balbutiés/ Sur les étoiles fussent-elles/
Tes yeux/ Sur le soleil fût-il/ Tes dents/ Sur l’éternité fût-elle/
Ta bouche/ Et sur notre amour/ Fût-il/ TON amour/ Crachons
veux-tu bien ».
Au bout du compte, « at the end of the day » comme disent
les Anglais, il n’y a que la douleur, la douleur et son air de
valse : « Je crois au pouvoir de la douleur, de la blessure et du
désespoir. Laissez, laissez aux pédagogues du tout va bien
cette philosophie que tout dément dans la pratique de la vie. Il
y a, croyez-moi, dans les défaites plus de force pour l’avenir
que dans bien des victoires qui ne se résument le plus souvent
qu’à de stupides claironnements. C’est de leur malheur que
peut fleurir l’avenir des hommes, et non pas de ce
contentement de soi dont nous sommes perpétuellement
assourdis. »
9.
Le même long et lent roman d’aimer s’écrit. Il remonte à la
nuit des temps. Deux amants lisent dans un livre – qui tombe de
leurs mains quand un baiser les unit – leur histoire que d’autres
liront à leur tour avant qu’un baiser à nouveau les unisse et
puis qu’il les oublie. Un jour, on ne saura plus rien d’eux sinon
que les mots où se marque l’empreinte de leurs lèvres et le
contagieux échange de leur folie : « Un jour on saura que nous
fûmes/ Nous deux ô mon amour et que saura-t-on d’eux/ Si
leurs lèvres n’avaient au-dessus du grimoire/ Francesca Paolo
formé dans l’infini/ Aux amours Lancelot cet immortel fermoir/
Qui donc garderait la mémoire/ Qu’il fût une cité du nom de
Rimini ».
Pour ma part, je ne me souviendrais pas qu’il est une cité du
nom d’Angers si, un jour, je n’y avais vu ce tableau d’Ingres qui
montre Francesca et puis Paolo à ses côtés. J’ai toujours pensé
qu’un livre venait de la nuit et qu’il lui fallait y retourner,
10
Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet N° spécial
_______________________________________________________________
étendant de l’aube qui vient à celle qui suit le seul répit d’un
rêve : « Si vous avez aimé rien qu’une fois au monde ne me
réveillez pas si vous avez aimé. »