Le magazine du KKL

Transcription

Le magazine du KKL
dHsK
Tichri 5775 - N°71
LE MAGAZINE DU KKL
OPÉRATION "BORDURE PROTECTRICE" :
DR
LE KKL MOBILISÉ
DOSSIER :
AUX ORIGINES DU
DROIT D'ISRAËL
Septembre - Octobre - Novembre 2014 - N°71 - 5€
ISRAËL AUJOURD'HUI ET DEMAIN :
VOYAGE DU KKL
DE FRANCE
EN ISRAËL
3
Un homme, un projet
MORDEKHAÏ-MAURICE LOÏ
Un réservoir à la mémoire de Suzanne
4
Projet du KKL de France
Des activités de plein air pour
le village Aleh Negev-Nahalat Eran
UN PAS DE PLUS VERS
L'AUTONOMIE
6
Biographie
REUVEN FEUERSTEIN (1921-2014)
Éduquer pour grandir
7
Éducation
Quand Israël s’invite sur
LES MURS DE L’ÉCOLE
8
Dossier : Israël et ses frontières au regard du droit international
AUX ORIGINES DU DROIT D'ISRAËL
13 Israël aujourd’hui et demain :
Voyage du KKL de France EN ISRAËL
14 Découverte d'Israël : le Néguev
LE PARC GOLDA, l’oasis du Néguev
16 Les grands noms de la culture israélienne
ELI AMIR (né en 1937)
Chroniqueur d’un drame oublié
18 Les fêtes juives
CHEMINI ATSERET, une fête de transition
19 Opération « Bordure protectrice »
20
23
LE KKL, gardien d’Israël
BRÈVES DU KKL
LIVRES À DÉCOUVRIR...
ÉDITORIAL
C hers lecteurs,
P
endant cinquante jours, l'État d'Israël a dû faire face
à un nouvel épisode critique de la guerre que lui
livre le « refus arabe » depuis 1948. Les velléités ouvertement exterminatrices du Hamas et autres organisations terroristes ont rencontré, une fois encore,
l'exceptionnelle résilience de tout un peuple, qui a su
opposer son courage et son unité aux salves de rockets
et aux tunnels d'invasion terrestre des islamistes
gazaouis. Du courage, il en a fallu également aux communautés juives de diaspora, harcelées, attaquées et
criminalisées par ceux qui dissimulent péniblement
leur antisémitisme derrière le paravent d'une « cause
palestinienne» idéologisée.
Dès le lancement des premiers missiles sur les villes et
villages israéliens, le KKL s'est porté à l'avant-garde
du soutien aux populations ciblées par les violences
djihadistes. Partenaire de Tsahal et des localités du Sud,
l'institution sioniste a complété, grâce à vos généreuses
contributions, ses actions de long terme (aide au développement agricole, routes et dispositifs de sécurité,
plantations «écran») par des mesures d'urgence, telles
que l'organisation de séjours de répit et d'excursions
à l'abri des bombes, la mise en place d'animations pour
les enfants confinés dans les abris et l'installation d'abris
mobiles dans les zones qui en étaient dépourvues (lire
page 19).
Bien qu'il soit encore trop tôt pour mesurer toutes les
conséquences de ces sept semaines de conflit, le KKL
est d'ores et déjà engagé dans la reconstruction des
régions sinistrées et envisage, avec votre concours,
de nombreux projets d'avenir. Car le dynamisme et la
prospérité d'Israël, que vous pourrez apprécier lors
du prochain voyage du KKL de France (lire page 13),
constituent la plus cinglante réponse à la haine destructrice des ennemis du peuple juif. ■
Chana tova, hatima tova !
Raymond BUNAN
Robert ZBILI
président
du KKL de France
président de l'exécutif
du KKL de France
Reuven NAAMAT
Délégué général
du KKL en France
ADAMA, le magazine du KKL, est édité par le Keren Kayemeth LeIsraël - Association loi 1901 - Directeur de la publication : Raymond BUNAN - Comité
de rédaction : Adva BENZIMRA - Nadine CHICHE - Fino EDERY - Reuven NAAMAT - Frédéric NORDMANN - Yaël SIMON - Robert ZBILI - Maquette : Sydney Hazan Graphic
Impression : AM PLUS, 93260 Les Lilas - Dépôt légal : à parution - Commission paritaire : N° 0718G79279 - ISSN 1621 - 8590 - Crédits photos : archives photos du
KKL, sauf mention contraire - L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, détérioration ou non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le
droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes, d’associations, institutions, etc. est faite sans aucun
but publicitaire. Ce mailing comprendra les éléments suivants : Adama, une lettre accompagnatrice, un tapis de souris agenda et une carte calendrier plastifiée.
Le magazine du KKL
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UN
HOMME
,
UN
PROJET
Mordekhaï-Maurice Loï,
UN RÉSERVOIR
À LA MÉMOIRE DE SUZANNE
N
Dans cette
nouvelle rubrique,
nous évoquerons
le parcours de
donateurs du KKL
de France et les
réalisations qu'ils
ont contribué à
financer en Israël.
Notre premier
portrait sera
consacré à
MordekhaïMaurice Loï,
auquel on doit
l'extension
du réservoir de
Netiv-Halamed
Heh.
✁
é le 4 septembre 1925 à Kichinev, théâtre
du terrifiant pogrom de 1903, le petit Mordekhaï quitte la Bessarabie pour la France
à l'âge de six mois. Les Loï s'installent à Montreuil.
Le père est cordonnier, tandis que la mère exécute
des retouches de couture à domicile. En 1941, alors
que débutent les rafles des Juifs étrangers, la famille
est interpellée par la police française. Tandis que
Mordekhaï, rebaptisé Maurice, prend la fuite sur
ordre de sa mère, ses parents sont arrêtés, déportés
et assassinés à Auschwitz. Le jeune homme rejoint
alors les rangs de la FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée). Arrêté en janvier
1943, il est incarcéré aux Tourelles, où il partage sa
geôle avec un certain Marcel Fajwisiewicz, originaire
ó Après une périlleuse évasion, il se retire
de Łódz.
dans la Nièvre. De retour à Paris en août 1943, il
renoue avec ses actions de résistance, sous le nom
de « Pierre Chehau ».
À la Libération, il entreprend une formation de fraiseur-ajusteur à l'ORT et se spécialise dans la réparation des machines à coudre envoyées par le Joint
aux rescapés des camps. Dans le cadre de ses activités professionnelles, il retrouve son compagnon
de cellule Marcel, qui lui présente sa sœur Suzanne.
Résistante, cette dernière avait été arrêtée le 28 octobre 1942 et déportée à Auschwitz. Survivante de
la marche de la mort, elle avait échoué au camp de
Bergen-Belsen, libéré par l'armée britannique en
avril 1945. Le jeune couple se marie en février 1948.
Ouvriers appliqués, Mordekhaï-Maurice et Suzanne
fondent en 1955 leur propre entreprise de confection, Pierzane. Membres actifs du parti communiste
jusqu'à la répression soviétique de l'insurrection de
Budapest (1956), ils nourrissent un idéal de solidarité et de fraternité qu'ils ne devaient jamais renier.
En 1973, ils s'installent à Nice, où ils coulent
des jours heureux jusqu'à l'annonce du cancer de
Suzanne, suivie de sa disparition, en 2008.
Inconsolable, Mordekhaï-Maurice Loï n'a de cesse
d'honorer la mémoire de sa défunte épouse, triplement décorée de la Médaille militaire, de la Croix
de guerre et de la Légion d'honneur. Au cours de
recherches sur Internet, ce Juif éloigné de la communauté et d'Israël découvre l'œuvre du KKL,
qui correspond parfaitement à sa conception du
« mieux-être » de l’humanité. Il choisit alors de
prendre à sa charge les travaux d’agrandissement
du réservoir de Netiv-Halamed Heh, situé à proximité de Kiryat Gat. Grâce à sa générosité, la capacité
de ce complexe de recyclage des eaux usées au
profit de l’irrigation des cultures est portée de
240 000 à 540 000 m2 ! À l’occasion de son inauguration, le 17 novembre 2008, Mordekhaï-Maurice
Loï effectue son premier et très émouvant séjour
touristique en Israël, organisé dans ses moindres détails par le KKL. Peu après son retour, sa «mission»
accomplie en ce monde, il allait mettre fin à ses
jours pour rejoindre l’amour de sa vie. ■
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D’ABONNEMENT
ADAMA
1 BULLETIN
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à retourner au : Keren Kayemeth LeIsraël - 11 rue du 4-Septembre, 75002 ParisKKL KK
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(3 derniers
au dos
de la C.B.)
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Projet du KKL de France
Engagé dans le
développement
des régions dites
« périphériques»,
le KKL déploie
actuellement de
considérables
efforts de mise en
valeur du Grand
Sud israélien,
destinés à
améliorer la qualité
de vie de ses
habitants. Dans ce
contexte, le KKL
de France vous
propose
aujourd'hui de
prendre part à la
création de centres
d'activités en faveur
des jeunes
handicapés du
village Aleh NegevNahalat Eran.
Projet du KKL de France
ADAMA
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
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Le magazine du KKL
Des activités de plein air pour le village
Aleh Negev-Nahalat Eran
Un pas de plus
vers l'autonomie
À
la pointe du progrès en matière
de prise en charge des
personnes en situation
Tel Aviv
de handicap, Aleh gère
Jérusalem
un réseau de quatre établissements spécialisés en
Beer Sheva
Israël, qui accueillent plus
de 650 enfants, adolescents
et jeunes adultes souffrant
de déficiences physiques ou
cognitives sévères.
Haïfa
Eilat
UN FLEURON
MÉDICO-ÉDUCATIF
Sis à proximité d'Ofakim, le village
Aleh Negev-Nahalat Eran, animé par
une équipe de 150 salariés soutenus par
170 volontaires, compte près de 150 résidents, essentiellement de jeunes adultes. Il reçoit également des patients en
consultation externe (jusqu'à 12 000 traitements par an). Il dispose d'un centre
hospitalier dédié à la grande dépendance,
d'une clinique dentaire, d'appartements
adaptés, d'une école et d'ateliers d'éveil,
d'une piscine d'hydrothérapie, d'un zoo
thérapeutique et, prochainement, d'une
piste de promenade à cheval. Soucieux
de répondre aux besoins particuliers de
ses pensionnaires, il leur offre l'opportunité de construire une vie heureuse et
productive dans un environnement sécurisant et chaleureux, favorisant ainsi leur
insertion au sein de la société. Unique en
son genre, cette institution d'excellence,
qui suscite l'intérêt d'experts du monde
entier, a été déclarée « projet national »
par l'État d'Israël en 2003.
un salutaire soulagement à leur famille. Enfin, en œuvrant à l'accroissement des capacités d'accueil du
village, vous participerez à la dynamisation (bienvenue !) de l'emploi
dans le Néguev du Nord. ■
LE PROJET EN BREF...
DES ACTIVITÉS
STIMULANTES
Au service de tous les citoyens israéliens,
handicapés comme valides, le KKL a
décidé de créer des centres d'activités
sur l'ensemble du site, à destination des
jeunes résidents, de leurs encadrants et
de leur entourage. L'institution sioniste a
notamment programmé l'aménagement
de deux jardins d'épices thérapeutiques,
de cours thérapeutiques entre les bâtiments résidentiels et les ateliers, de jardins autour des lieux d'habitation, d'un
jardin « jet d'eau », d'une aire de jeux attenante à l'école, d'allées et de zones
ombragées. Autant d'options récréatives
et thérapeutiques à explorer !
Par votre contribution, vous aiderez
de jeunes handicapés israéliens au
seuil de leur vie d'adulte à mieux interagir avec le monde extérieur, à
réaliser pleinement leur potentiel
et à mener une existence enrichissante. Vous apporterez également
●
●
Nom :
Centres d'activités de plein air
du village pour jeunes handicapés
Aleh Negev-Nahalat Eran.
Localisation :
Le village se situe dans le nord
du Néguev, à l'ouest d'Ofakim.
●
Objectifs :
- Offrir aux résidents et à leur
famille d'agréables expériences
de plein air.
- Permettre aux résidents et à leur
famille de profiter des splendides
paysages désertiques dans un
cadre plaisant, apaisant et
ombragé.
- Procurer aux jeunes handicapés
et au personnel soignant des
espaces thérapeutiques
complémentaires.
Projet du KKL de France
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N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
Éduquer pour grandir
J U I F
M O N D E
D U
F I G U R E S
DR
Reuven
Psychologue et pédagogue de
renommée internationale,
Reuven Feuerstein a consacré
son existence à élaborer des
méthodes et programmes de
prise en charge des enfants
victimes de déficiences
cognitives, de traumatismes
sévères, de troubles du
comportement ou de carences
affectives. Paré de son
proverbial béret noir et d'un
irréductible optimisme, il s'est
employé à démontrer que tout
être humain avait la faculté de
progresser, pour autant qu'il fût
convenablement stimulé. Une
approche révolutionnaire qui a
nourri l'espoir de centaines de
milliers de familles dans le
monde entier.
G R A N D E S
Feuerstein
(1921-2014)
M
embre d'une nombreuse fratrie,
Reuven Feuerstein naît à Botosani, en Roumanie, le 21 août
1921. Il fréquente plusieurs institutions
universitaires de Bucarest, mais est
contraint de fuir les persécutions antisémites avant d'avoir pu valider son
diplôme. Témoin de l'état de déréliction absolue des communautés juives
d'Europe, il parvient à gagner la Palestine
mandataire en 1944.
University (Tennessee), de prestigieuses
distinctions (palmes académiques en
France en 1991, prix d’Israël et prix de
l’Académie des sciences de New York en
1992, doctorats honoris causa en Italie et
Roumanie, etc.). Il est même nominé au
prix Nobel deux ans avant son décès,
survenu le 29 avril 2014.
UNE VOCATION
ALTRUISTE
À rebours des certitudes déterministes
de ses pairs, il remet en question le principe d'irréversibilité du développement et
s'insurge contre la stigmatisation des
enfants « attardés », trop souvent réduits
à une dénomination pathologique. Ses
observations le convainquent en effet que
l'espèce humaine est dotée d'une capacité naturelle d'évolution et d'une intelligence malléable (Structural Cognitive
Modifiability). C'est le potentiel d'apprentissage – et non les performances
révélées par les tests de QI – que le professeur Feuerstein érige en critère
d'évaluation. Il conclut également que
l'épanouissement des fonctions cognitives
de l'enfant requiert la médiation d'un
adulte en mesure de lui accorder toute
l'attention nécessaire (Mediated Learning
Experience), tout comme « le sucre
réclame l'intervention de la cuillère pour
adoucir le goût du thé ». Mise en œuvre
et parachevée au cours des années, sa
philosophie de l'éducation, complétée par
tout un arsenal conceptuel, méthodologique et thérapeutique (1), a considérablement amélioré l'autonomie et la qualité
de vie des jeunes handicapés (2). Forts de
ces avancées, nombre d'entre eux ont
pleinement réussi leur intégration sociale,
scolaire et professionnelle. La juste récompense d'une foi inébranlable en l'homme
et d'une disposition exceptionnelle à
l'empathie. ■
‘
BIOGRAPHIE
Sa découverte du kibboutz constitue un
tournant majeur dans sa jeune carrière :
issu d'un monde en perdition où la notion
de projet avait perdu toute signification,
il est saisi par le contraste que représente
à ses yeux la planification pluriannuelle
des coopératives agricoles du yichouv.
Jusqu'en 1948, il allait prendre en main
l’éprouvante reconstruction d'orphelins
rescapés de la Shoah, mais aussi les problématiques d’adaptation d'immigrants
« culturellement défavorisés » originaires
du Maroc et d'Iran. Dans les années 50,
il est nommé directeur des services psychologiques de l'Alyat hanoar en Europe.
Après avoir vaincu la tuberculose en dépit
de diagnostics désespérés, il entreprend
des études de psychologie générale et
clinique à l'université de Genève, sous la
direction de Jean Piaget et d’André Rey.
Il devait obtenir, en 1970, un doctorat en
psychologie du développement à la Sorbonne. En 1965, il participe à la fondation
de l'Institut de recherches HadassahWizo-Canada de Jérusalem, voué au
traitement des enfants souffrant de handicaps mentaux. C’est dans ce cadre qu’il
échafaude ses principales théories, à l’origine de l’International Center for Enhancement of Learning Potential (ICELP) et
d’un réseau de quelque 90 établissements
disséminés dans 40 pays, sans oublier les
villages de jeunes. Les résultats miraculeux
enregistrés aux quatre coins de la planète
valent à Reuven Feuerstein, professeur
à l’université Bar-Ilan et à la Vanderbilt
Reuven Feuerstein (1921-2014)
ADAMA
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6
APPRENDRE
À APPRENDRE
(1) Dynamic Assessment, Learning Propensity Assessment Device, Cognitive Map, Instrumental Enrichment
Tools, Shaped Modifying Environments, etc.
(2) Elle trouve aussi des applications dans le milieu
ordinaire (entreprises, armée...).
Le magazine du KKL
À l’occasion de Yom Yerouchalaïm, célébration
de la libération et de la réunification de la
capitale éternelle du peuple juif, le KKL et le
groupe scolaire Lucien-de-Hirsch ont inauguré,
le 28 mai dernier, un espace « Israël - KKL » au
cœur de l’établissement. L’opportunité, pour les
élèves, de renforcer leur connaissance de l’État
juif, mais aussi leur attachement pour la terre de
leurs ancêtres.
Parmi les nombreux projets pédagogiques proposés par
le département de la Jeunesse et de l’Éducation du KKL
de France figure la mise en place, dans les écoles, de
modules d’activités consacrés à toutes les dimensions de
l’État d’Israël et aux accomplissements de l’institution
sioniste, fer de lance de sa construction depuis 113 ans.
Un outil
éducatif
Stratégiquement situé à la jonction du primaire, du
collège et du lycée, l’espace « Israël - KKL » du groupe
scolaire Lucien-de-Hirsch offre au regard des visiteurs des
panneaux richement illustrés dédiés aux thèmes fondamentaux de la culture sioniste : centralité de Jérusalem
dans le cœur et l’histoire du peuple juif, personnalité emblématique de Theodor Herzl, renaissance de la langue
hébraïque grâce à Eliezer Ben Yehuda, différentes vagues
d’alya, contexte de la fondation de l’État d’Israël le 14 mai
1948, origine du drapeau israélien, Tsahal, etc. Le rôle
majeur du KKL dans la concrétisation du rêve sioniste, de
la boîte bleue aux grands projets de développement de
la terre, est également mis en valeur à travers des supports d’étude aisément exploitables par les enseignants
et leurs élèves. Afin que ces derniers puissent s’approprier
cet espace, qui est avant tout le leur, ils ont été étroitement associés à sa réalisation : ils ont ainsi donné vie à
une carte géante d’Israël avec les photos de leur choix. §
Un enthousiasme
partagé
Grand moment d’émotion, la cérémonie d’inauguration
a rassemblé la direction du groupe scolaire, notamment
Paul Fitoussi, chef d’établissement, de nombreux responsables du KKL, dont Gaël Grunewald, son vice-président
mondial, et Raymond Bunan, président du KKL de France,
le grand rabbin Michel Gugenheim, Anne-Marie Boubli,
représentant le Consistoire, et, bien sûr, les écoliers
et leurs parents. Heureux de constater l’implication du
groupe scolaire au côté d’Israël et du KKL, le viceprésident mondial de l’institution sioniste, venu tout
spécialement de Jérusalem, n’a pas manqué de rappeler
que sa tante n’était autre que l’ancienne directrice Marianne Picard, qui s’est distinguée par son remarquable
investissement en faveur du développement des matières
juives à Lucien-de-Hirsch. De son côté, le grand rabbin
Gugenheim, camarade d’étude du rabbin Jacquot Grunewald, le père de Gaël, a évoqué ses souvenirs de juin
1967, alors que la communauté juive de France retenait
son souffle… Au son du violon, la chorale de l’établissement a clôturé la manifestation en entonnant le chant
Yerouchalaïm chel zahav sous les applaudissements de
l’assistance.
Un exemple qui sera bientôt suivi par d’autres écoles
juives françaises ! §
Pour plus d'informations, contactez le département de l’Éducation du KKL :
Tél. : 01 42 86 88 88 - [email protected] - [email protected]
© Nicolas Katz
© Nicolas Katz
Quand Israël s’invite sur les murs de l’école
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Éduc@tion
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ISRAËL ET SES FRONTIÈRES AU REGARD DU DROIT INTERNATIONAL
origines
droit
d’Israël
«T
LA SOUVERAINETÉ JUIVE
DANS L’ANTIQUITÉ
© Sydney Hazan
Sidon
Tyr
Litani
Safed
N °71
ANÉE
Tibériade
ERR
Rafah
El Arish
Golan
Lac de
Tibériade
Yarmouk
Césarée
Naplouse
Jaffa
Ashkélon
Gaza
Yarkon
Jérusalem
Amman
Mer
Morte
Hébron
Arnon
Beersheva
Néguev
Sinaï
Aqaba
--- Implantation des douze tribus d’Israël
---- Royaume de Salomon
---- Royaume hasmonéen
• Villes actuelles
Aux origines du droit d'Israël
ADAMA
Haïfa
DIT
erritoires occupés », « colonies », « peuple
palestinien », « Jérusalem-Est », «frontières
de 1967»..., la phraséologie tendancieuse
adoptée par les médias, la classe politique
et les instances diplomatiques à l'endroit d'Israël accrédite
la croyance globale selon laquelle son gouvernement agirait « en violation du droit international», en particulier
en «Cisjordanie» et dans la bande de Gaza. Activement
instillée par la propagande arabe, la remise en cause corollaire de la légitimité de l'État juif, qualifié d’« obstacle à
la résolution du conflit », s'assortit de la quasi-exclusivité
des condamnations onusiennes, anathèmes journalistiques
et opérations de boycott, mais aussi de déferlements de
haine antisémite aux répercussions meurtrières. Dans un
environnement asphyxié par l'ignorance, la distorsion et
la manipulation du réel, il est plus que jamais essentiel
de se départir des mythes au profit des faits historiques,
d'analyser, avec toute l'objectivité requise, ce qui relève
du droit des peuples et des États dans une région qui polarise les passions. Telle est l'ambition de notre dossier
annuel, dont le premier volet évoquera les fondements
juridiques du « foyer national juif » dans le contexte de la
recomposition du Moyen-Orient après la Grande Guerre.
MÉ
DR
Dossier réalisé par Yaël Simon
Jou rdai n
Aux
du
- T I C H R I 5775 / 2014
8
D’après Martin Gilbert,
The Routledge Atlas of
the Arab-Israeli Conflict,
10 th edition, 2012.
Le magazine du KKL
www.kkl.fr
E
Bien avant que ne soient convoquées les
conférences de paix qui ont redessiné la
carte du monde à l'orée des années 20,
les puissances belligérantes se livrent à des
tractations interalliées et autres « engagements » censés leur assurer le soutien de
divers protagonistes. Au Moyen-Orient où
les combats font rage, la perspective du
démembrement de l'Empire ottoman suscite bien des convoitises, attisées par les
enjeux que représentent sa situation de
carrefour géographique, les champs pétrolifères de Mésopotamie et la valeur
symbolique des lieux saints. Dans ce
cadre, plusieurs initiatives méritent d'être
rappelées.
Les accords Sykes-Picot
Conclus le 16 mai 1916 par la GrandeBretagne et la France, puis avalisés par
l'Empire tsariste et l'Italie, les accords secrets Sykes-Picot anticipent le partage des
possessions de la Sublime Porte en zones
d'influence. À l'issue d'âpres négociations,
les territoires non turcs du Moyen-Orient
sont divisés en cinq secteurs, attribués à
DR
Chaim
Weizmann.
Lloyd George,
Premier ministre
britannique
(1916-1922).
Promesses de guerre
DR
divers gouvernants – sans tenir le moindre
compte des desiderata du mouvement
sioniste. Illégal dans sa forme, dénoncé par
le président américain Wilson, cet arrangement « privé » est frappé de caducité
dès lors que la Russie bolchevique décide
de s'en rétracter. En outre, il devait être
substantiellement révisé lors de la rencontre entre Clemenceau et Lloyd George
des 30 novembre et 1er décembre 1918 :
il est alors convenu que la Palestine (1),
« de Dan à Beersheva » (2), serait placée
sous contrôle britannique, de même que
Mossoul et ses puits d'or noir. Leur abrogation définitive intervient à l'occasion de
la conférence de San Remo (cf. infra).
Fayçal ben
Hussein.
La déclaration Balfour
Qualifiée de « Magna Carta du peuple
juif », la déclaration Balfour s'avère également motivée par les intérêts de Sa Gracieuse Majesté, désireuse de se réserver
l'exclusivité de la tutelle sur la Palestine,
stratégiquement située entre l'Égypte et
le golfe Persique, et de s'attirer les bonnes
La correspondance
Hussein-MacMahon
Soucieux de rallier les Arabes au drapeau
britannique, Sir Henry MacMahon, haut
commissaire en Égypte, adresse le 24 octobre 1915 une lettre au chérif de la
Mecque Hussein ibn Ali, dans laquelle il
lui garantit l'indépendance sur une vaste
étendue du Moyen-Orient libérée de la
mainmise ottomane. En sont exclues les
terres non « purement arabes ». Si le cas
de la Palestine n'y est pas explicitement
tranché, l'attitude de Fayçal, dépêché par
son père Hussein à la conférence de Paris
de 1919, ainsi que les termes de l'accord
de coopération qu'il a signé avec Weizmann, représentant l'Organisation sioniste,
Lord Arthur Balfour.
Aux origines du droit d'Israël
ADAMA
9
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
DR
PRÉMICES
DIPLOMATIQUES
le 3 janvier 1919, démontrent clairement
qu'elle était, dans l'esprit de tous, tenue à
l'écart de la « grande nation arabe » en
devenir.
DR
n dépit des tentatives de reformulation du passé entreprises par les
sectateurs de la cause dite « palestinienne », le lien historique et spirituel qui
unit le peuple juif à la terre d'Israël, consigné dans le livre le plus vendu au monde,
conforté par l'archéologie et une quantité
pléthorique de sources écrites, ne souffre
aucune contestation. À la suite des expulsions romaine et arabe, il a constitué le
ciment identitaire d'une nation dépossédée de son assise territoriale, nourrissant,
de génération en génération, l'indéfectible
espoir de restaurer son indépendance à
Jérusalem. Argument irréfragable des promoteurs de la renaissance juive en Eretz
Israël, au même titre que la nécessité de
remédier à l'anomalie d'un exil bimillénaire, cet héritage unique a pesé de tout
son poids en faveur des revendications
sionistes, légalisées par le droit international voici un siècle, dans le sillage de la
victoire alliée de 1918.
« Le gouvernement de Sa
Majesté envisage favorablement
l'établissement en Palestine
d'un foyer national pour le
peuple juif et emploiera tous ses
efforts pour faciliter la
réalisation de cet objectif, étant
clairement entendu que rien ne
sera fait qui puisse porter
atteinte ni aux droits civiques et
religieux des communautés non
juives existant en Palestine, ni
aux droits et au statut politique
dont les Juifs jouissent dans tout
autre pays.»
Première déclaration politique de sympathie à l'égard des aspirations sionistes, elle
révèle sans ambiguïté l'intention de la
Grande-Bretagne de fonder un État juif en
Palestine, les autres habitants se voyant
allouer des « droits civiques et religieux »
(mais en aucun cas nationaux). Comme
l'attestent d'autres documents de l'époque, la Palestine est ici envisagée dans son
entièreté, sur les deux rives du Jourdain.
Parmi les conditions de la réussite de cet
« objectif » figurent la sécurité des frontières et la capacité du futur État de subvenir à ses besoins économiques, ce qui
suppose terres fertiles et ressources en
eau. Pierre angulaire de la souveraineté du
peuple juif sur la Palestine, la déclaration
Balfour ne devait faire son entrée dans le
champ du droit international que trois ans
plus tard (cf. infra).
Les « quatorze points » de Wilson
Dans son célèbre discours du 8 janvier
1918 devant le congrès américain, le
président Wilson ne se contente pas
d'échafauder les axes de reconstruction
d'une Europe exsangue. Il évoque, dans
son 12e point, le sort des populations
anciennement soumises à la férule de
l'Empire ottoman :
« Aux régions turques de
l'Empire ottoman actuel
devraient être assurées la
souveraineté et la sécurité ; mais
aux autres nations qui sont
maintenant sous la domination
turque, on devrait garantir une
sécurité absolue d'existence et
la pleine possibilité de se
développer d'une façon
autonome... »
Ce faisant, le résident de la MaisonBlanche, artisan du pacte de la Société
des Nations (SDN), défend le principe
de l'autodétermination des peuples sur
lequel s’adosse précisément le système
mandataire.
NOUVELLE DONNE
AU MOYEN-ORIENT
Dans le sillage de la défaite des Empires
centraux, la coalition victorieuse s’emploie
à opérer le transfert des propriétés des
pays vaincus. Au Moyen-Orient, il s’agit
de statuer sur la destinée des provinces
auparavant sous juridiction ottomane.
Le système mandataire
Échafaudé par l'homme d'État sud-africain
Jan Christiaan Smuts, le système des
mandats s’applique à des territoires non
annexés où il est prévu de fonder des
États indépendants après une période de
transition sous les auspices de nations
avancées, vouée à préparer les peuples
à s’autogouverner. Adoptée le 30 janvier 1919 par le conseil des dix (conseil
suprême des puissances alliées), la « résolution Smuts » allait faire l’objet de
l’article 22 du pacte de la SDN, inscrit
en préambule du traité de Versailles du
28 juin 1919 (ratifié le 10 janvier 1920) :
Aux origines du droit d'Israël
ADAMA
N °71
« Les principes suivants
s'appliquent aux colonies et
territoires qui, à la suite de la
guerre, ont cessé d'être sous la
souveraineté des États qui les
gouvernaient précédemment et
qui sont habités par des peuples
non encore capables de se
diriger eux-mêmes dans les
conditions particulièrement
difficiles du monde moderne. Le
bien-être et le développement
de ces peuples forment une
mission sacrée de civilisation et
il convient d'incorporer dans
le présent pacte des garanties
pour l'accomplissement de
cette mission [...] »
- T I C H R I 5775 / 2014
10
Jan Christiaan Smuts.
DR
grâces des communautés juives américaines et russes à un tournant décisif du
conflit. Sincèrement convaincu que l'établissement d'un foyer national juif est une
« nécessité historique », le Premier ministre Lloyd George fait publier, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires
étrangères Arthur Balfour, une lettre ouverte à Lord Lionel Walter Rothschild,
datée du 2 novembre 1917 :
Déclinés en trois catégories « selon le
degré de développement du peuple »,
les mandats sont conférés par le conseil
suprême des puissances alliées au nom de
SDN, chargée de superviser l’observance
des obligations afférentes. Trois d’entre
eux sont instaurés au Moyen-Orient :
la Syrie-Liban, la Mésopotamie (Irak) et la
Palestine.
Le magazine du KKL
www.kkl.fr
La résolution de San Remo
à laquelle échoit le tutorat sur la Palestine,
se trouve ainsi investie de la « mission
sacrée » d’y établir «un foyer national
pour le peuple juif », autrement dit un
État juif indépendant.
Du 19 au 26 avril 1920, les principales
puissances alliées (Grande-Bretagne,
France, Italie et Japon) (3) se réunissent à
la Villa Devachan de San Remo afin de
traiter les dossiers en suspens relatifs à
la « succession » de l’Empire ottoman
(sélection des puissances mandataires,
finalité des mandats, fixation des frontières). Une décision cardinale, entérinée
le 25 avril 1920, détermine l’avenir de la
Palestine :
Conférence de San Remo, avril 1920.
Il en résulte que la déclaration Balfour
acquiert le statut juridique international
dont elle était jusqu’alors dépourvue. Il en
est de même pour le peuple juif dans son
ensemble (diaspora comprise), désigné
comme unique bénéficiaire du principe
d’autodétermination inhérent au mandat
pour la Palestine. Celle-ci devient, pour la
première fois de l’histoire, une entité
juridique – et non plus une simple appellation régionale –, dévolue dans son intégralité à l’exercice de la souveraineté
juive. Il convient de souligner ici qu’il
n’est nullement question d’une quelconque partition entre Juifs et Arabes,
ces derniers ayant hérité de la part du lion
au Moyen-Orient (4). La Grande-Bretagne,
« Les hautes parties
contractantes s’entendent pour
confier, en application de
l’article 22, l’administration de la
Palestine […] à un mandataire.
Le mandataire sera responsable
de mettre en œuvre la
déclaration [Balfour]
du gouvernement britannique,
adoptée par les autres
puissances alliées, en faveur de
l’établissement en Palestine
d’un foyer national pour le
peuple juif […] »
FRONTIÈRES PRÉVISIONNELLES DU MANDAT POUR LA PALESTINE
D'APRÈS LA RÉSOLUTION DE SAN REMO (25 AVRIL 1920).
LIBAN
SYRIE
(Mandat rançais)
NÉE
La souveraineté du peuple juif sur la
Palestine repose sur la conjonction de
trois paragraphes énoncés dans le préambule de la charte du mandat : la déclaration Balfour (établissement d’un foyer
national juif), l’article 22 du pacte de la
SDN (principe d’autodétermination) et la
reconnaissance des « liens historiques du
peuple juif avec la Palestine » (7).
Jour dain
RRA
Les fondements
M
ÉD
ITE
Les dispositions du mandat pour la
Palestine sont confirmées le 24 juillet 1922
par le conseil de la SDN. Son approbation
par les 51 États membres de l’organisation
internationale à cette date, rejoints par les
États-Unis (6) et les nations nouvellement
adhérentes, lui confère la force d’un acte
de droit international contraignant. Il entre
en vigueur le 29 septembre 1923.
(Mandat britannique)
Mer
Morte
(Mandat britannique)
120466 km2
ARABIE
Les objectifs
© Sydney Hazan
MANDAT pour la PALESTINE
ÉGYPTE
LA CHARTE DU MANDAT
POUR LA PALESTINE
IRAK
(Mandat français)
100 km
Si la délimitation des frontières est
finalement reportée à des négociations
ultérieures (voir deuxième volet), l’on ne
saurait mésestimer le caractère fondateur
de la résolution de San Remo, qui supplante du reste tous les accords antérieurs
(Sykes-Picot, Fayçal-Weizmann, etc.). Ses
décisions allaient être incorporées dans le
traité de Sèvres du 10 août 1920 (non ratifié) et dans la charte du mandat (cf. infra).
Ainsi, elle marque, selon le professeur
Cynthia D. Wallace, « la fin de la plus longue période de colonisation de l’histoire,
remontant à près de 1800 ans » (5).
D'après Eli E. Hertz, 2005.
La raison d’être du mandat réside dans la
reconstitution d’un État juif dans toutes les
parties de la Palestine (Jérusalem et les
futurs « territoires disputés » ne faisant
pas exception) en faveur des Juifs qui y
Aux origines du droit d'Israël
ADA MA
11
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
résident, mais aussi de tous ceux qui sont
dispersés dans le monde, encouragés à
s’y installer (8). À l’instar de la déclaration
Balfour et de la résolution de San Remo,
le texte assure la sauvegarde des « droits
civils et religieux » des autres communautés existantes.
Les moyens
Les articles 2 et 3 de la charte exigent du
mandataire qu’il réunisse les conditions de
la viabilité du futur État (infrastructures,
institutions, autonomies locales…) :
Tandis que l’hébreu est inscrit parmi les
langues officielles (article 22) et que les
représentants sionistes sont invités à « coopérer » avec la puissance mandataire
« dans toutes questions économiques,
sociales et autres, susceptibles d'affecter
l'établissement du foyer national juif et
les intérêts de la population juive en
Palestine » (article 4), l’article 11 fournit
d’autres axes de développement du pays
(régime agraire, contrôle des ressources
naturelles, travaux et services d'utilité
publique).
Les clauses générales
«Le mandataire assumera
la responsabilité d'instituer
dans le pays un état de choses
politique, administratif et
économique de nature à
assurer l'établissement du foyer
national pour le peuple juif,
comme il est prévu au
préambule, et à assurer
également le développement
d'institutions de libre
gouvernement [...]
Le mandataire favorisera les
autonomies locales dans toute
la mesure où les circonstances
s'y prêteront.»
L’article 6 lui prescrit pour sa part de
faciliter l’immigration des Juifs, éligibles à la
nationalité palestinienne élaborée ad hoc
(article 7), et leur installation sur la totalité
du territoire :
«[...] l'administration de la Palestine
facilitera l'immigration juive dans
des conditions convenables et de
concert avec l'organisme juif
mentionné à l'article 4
[l’Organisation sioniste, puis
l’Agence juive] ; elle encouragera
l'établissement intensif des Juifs
sur les terres du pays, y compris
les domaines de l'État et les terres
incultes inutilisées pour les
services publics.»
La charte précise par ailleurs les pouvoirs
et responsabilités du mandataire: autorité
législative et administrative dans les limites
imposées par le mandat (article 1), instauration d’un système judiciaire (article 9),
respect du « statut personnel » et des
« intérêts d’ordre religieux » (article 9),
libre accès aux lieux saints (article 13),
liberté de conscience et de culte (article 15), maintien de l’ordre et de la paix
(article 17), régulation des recherches archéologiques et des antiquités (article 21).
Celui-ci est tenu d’adresser un rapport
annuel au conseil de la SDN, assistée par
une commission permanente des mandats (article 24). Enfin, l’article 5 préserve
la Palestine (donc le futur État juif)
« contre toute per te ou prise à bail
de tout ou partie du territoire et contre
l’établissement de tout contrôle d’une
puissance étrangère ».
En vertu du pacte de la SDN, de la résolution de San Remo (officialisant la déclaration Balfour) et de la charte du mandat
pour la Palestine (qui en élargissait la portée en introduisant le concept de « reconstitution » du foyer national juif), le peuple
juif a été pleinement investi du titre de
souveraineté sur toute sa terre historique,
incluant les futurs « territoires disputés »
de Judée, Samarie et Gaza, ainsi que la
Transjordanie au sud du Yarmouk. C'est à
cette unique fin qu'a été créée la Palestine
en tant que pays sous tutelle. Ajournée
lors de la conférence de San Remo, la fixation de ses frontières allait être prétexte à
des reniements attentatoires à l'intégrité
Aux origines du droit d'Israël
ADAMA
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territoriale du foyer national juif, aggravés
par la gestion cynique de la puissance
mandataire (voir deuxième volet). Il n'en
demeure pas moins que les droits permanents produits au début des années 20 ont
jeté les bases juridiques de l'État d'Israël
à venir. ■
NOTES
(1) La province romaine de Judée a été rebaptisée SyriaPalaestina (d'après un « peuple de la mer » disparu, les
Philistins, dont le nom signifie « envahisseurs ») par
l'empereur Hadrien, après qu'il eut écrasé la révolte
de Bar Kokhba, en 135 de l'ère commune. Dans le
même dessein de « déjudaïser » le pays des Juifs,
Jérusalem a été renommée, avec moins de succès,
Ælia Capitolina.
(2) Cette formule biblique récurrente (ex: Juges, 20 : 1) ne
doit pas être interprétée de manière littérale : elle fait
référence à la terre d'Israël dans sa plus large acception
historique, à savoir les territoires sur lesquels se sont
établis les douze tribus israélites et leurs descendants
aux époques du Premier et du Second Temple.
(3) Les États-Unis, puissance associée à l’Entente, sont
représentés par l’ambassadeur américain à Rome,
Robert Underwood Johnson, dépêché par Wilson en
qualité d’observateur.
(4) Le droit à l’autodétermination des Arabes est en effet
largement satisfait par le biais des mandats de SyrieLiban (confié à la France) et de Mésopotamie (confié
à la Grande-Bretagne), sans oublier le royaume immédiatement autonome du Hedjaz (dans la péninsule Arabique) et l'Égypte, qui obtient son indépendance en
1922. Un favoritisme qui contraste singulièrement avec
le cas des Kurdes et des Arméniens (récentes victimes
du génocide de 1915), laissés-pour-compte de la politique globale d’après-guerre.
(5) Foundations of the International Legal Rights of the Jewish
People and the State of Israel, Creation House, 2012,
p. 10.
(6) Résolution Lodge-Fish du 30 juin 1922 « favorisant
l’établissement en Palestine d’un foyer national pour
le peuple juif » et convention anglo-américaine du
3 décembre 1924, ratifiée par le Sénat et proclamée
par le président Coolidge le 5 décembre 1925.
(7)
Dorénavant, le titre de souveraineté du peuple juif sur
la Palestine ne pourrait plus être révoqué, ni par la
SDN ni par les Nations unies qui lui ont succédé,
à moins que le peuple juif ne choisît lui-même de
renoncer à son droit.
(8)
Les nationalistes arabes ont allégué que la charte du
mandat contrevenait à l’article 22 du pacte de la SDN,
attendu que la population arabe de Palestine excédait
alors largement le nombre de ses habitants juifs. Or,
le mandat pour la Palestine, exceptionnel en ce sens,
visait à réparer l’immense injustice infligée au peuple
juif, et non à appliquer un principe d’autodétermination « numérique ». Cette assertion, destinée à
dépouiller les Juifs de leurs droits, était d’autant plus
irrecevable que les Arabes leur contestaient ainsi ce
dont ils avaient eux-mêmes bénéficié en Syrie et en
Mésopotamie.
Isr aël
EMAIN
’HUI ET D
AUJOURD
DÉCOUVERTE
D'ISRAËL :
ai r très a pprécié par le s fa milles,
marcheurs et cyclistes de tous âges.
DES SITES
REMARQUABLES
Le puits du faux poivrier : le parc
Golda abrite un puits jadis utilisé par
les Bédouins du village de Bir Asluj. Pendant l’époque mandataire, l’armée de Sa
Gracieuse Majesté a jeté son dévolu sur
ce point d’eau, denrée rare dans la région.
Carrelé de briques de béton, le dispositif
est recouvert d’une toiture de bois à
DR
LE NÉGUEV
D
édié à la mémoire du quatrième
Premier ministre d’Israël, le parc
Golda s’inscrit dans la « chaîne »
des espaces verts édifiés par le KKL en
hommage aux chefs de gouvernement
qui ont marqué l’histoire de l’État juif
(David Ben Gourion, Levi Eshkol, Menahem Begin, Yitzhak Rabin). Sa localisation
ne tient pas du hasard : la propre fille de
Golda Meir faisait en effet partie des fondateurs du kibboutz Revivim sis à proximité (cf. infra), et la cosignataire de la
déclaration d’indépendance, fervente
partisane du peuplement du Néguev,
ne manquait jamais une occasion d’y
séjourner.
Comment s'y rendre ?
- Depuis Beersheva, allez jusqu'au carrefour Mashabim (route 40), puis tournez à
droite vers la route 222. Le parc se trouve
à environ 1 km au nord, sur votre droite.
- Depuis Ashkélon et Yad Mordekhaï,
empruntez la route 34, puis passez les
carrefours Saad, Gevim, Reim. À partir du
carrefour Gevulot, prenez la route 222 et
suivez les indications.
Entrée libre toute l’année.
Plus d'informations :
www.kkl.org.il (en hébreu et anglais)
Le parc
Golda,
DR
nahal
Campé sur les rives du
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Revivim, le parc Go
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sur quelque 550
a et
(55 ha), entre Beershev
KKL
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Ce faisant, il contribue
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Grand
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et, partant, l’économi
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idé
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Sud israélien.Visit
UN ÎLOT
DE VERDURE
Cerné de collines arides, le parc Golda
s’articule autour d’un lac alimenté par la
remontée de la nappe phréatique lors
des brefs épisodes pluvieux hivernaux,
mais aussi par les eaux en provenance de
Neve Midbar. Il est traversé par la rivière
saisonnière ( nahal) Revivim. Pour le plus
grand bonheur du public, il dispose de
vastes pelouses, d’aires de pique-nique,
d’aires de jeux dotées d’un revêtement
sécurisé pour les enfants, de balançoires,
de manèges et de toboggans, d’équipements spor tifs, dont une piste de
VTT, d’un point de vue panoramique et
d’attractions naturelles et historiques
(cf. infra). Un concentré de loisirs de plein
Le parc Golda, l’oasis du Néguev
ADAMA
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- T I C H R I 5775 / 2014
14
armatures métalliques. À côté du moteur
de la pompe se trouve le générateur qui
fournissait de l’électricité à la base militaire
britannique. À l’issue de la guerre d’Indépendance, des travaux d’amélioration ont
permis au kibboutz Mashabé Sadé de
bénéficier de cette providentielle source
d’irrigation. Un faux poivrier répand son
ombre salutaire sur la dalle. Arbre à
feuilles persistantes de la famille des sumacs, il tient son nom de la ressemblance
de ses fruits avec les baies du poivrier.
Le point de vue panoramique de Tali :
aménagé sur la rive septentrionale du
nahal Revivim, celui-ci offre une vue
imprenable sur les reliefs environnants.
Il rend hommage à Tali Kestenbaum, responsable du développement du Néguev
au tournant des années 90.
Le magazine du KKL
Le nahal Revivim : d’une longueur de
46 km, le wadi s’étire du lac de Yeruham
au parc Golda. À la saison humide, ses
berges se couvrent de colchiques, tandis
que les oiseaux aquatiques (foulques,
plongeons, colverts) y élisent domicile.
Selon la légende, Agar y aurait fait halte
après avoir été renvoyée par Abraham,
sur les ordres de Sarah. Ses réserves
d’eau épuisées, la servante aurait déposé
son fils Ismaël dans le lit de la rivière.
Le garçon assoiffé aurait alors frappé d’un
coup de pied le sol, d’où l’eau aurait
jailli. C’est la raison pour laquelle les
Bédouins ont donné au nahal Revivim le
nom d’Asiuj (« petit enfant »). En dépit de
© Amonon Gutman
www.kkl.fr
découvrira Mitzpé Revivim, l’un des trois
avant-postes érigés par le KKL en 1943
dans l’optique d’une implantation juive
Assiégé pendant la guerre d’Indépendance,
il a en effet été secouru au cours de
l’opération Horev, fin décembre 1948,
au terme de rudes combats où se sont
illustrés, entre autres, les volontaires du
commando français.Trente-quatre soldats
des forces israéliennes ont perdu la vie
dans les batailles qui les ont opposés, dans
le secteur, à l’armée égyptienne, sans
oublier les trois pionniers assassinés dans
une embuscade en décembre 1947.
Si vous souhaitez agrémenter votre
excursion au parc Golda d’escales
supplémentaires, sachez que le nord
du Néguev fourmille de curiosités :
l’oasis
Néguev
son caractère sismique (on compte un
tremblement de terre d’une magnitude
de 6 ou 7 sur l’échelle de Richter tous les
50 ans environ), sa position stratégique
n’a pas échappé aux Turcs, qui y ont
construit une station de chemin de fer sur
la ligne reliant Beersheva au Sinaï, ni aux
Britanniques, qui y ont établi un centre
logistique militaire sur la route de Suez.
Mitzpé Revivim : sur une colline crayeuse non loin du kibboutz, le visiteur
d’envergure dans le Néguev. Pourvues
d’un mur d’enceinte et de positions
défensives, ces stations expérimentales,
vouées à l'étude des conditions climatiques et du potentiel agricole en milieu
désertique, étaient gérées par une poignée de résidents. Le poste de Revivim,
transformé depuis en musée, comporte
plusieurs bâtiments restaurés, une citerne
de l’époque byzantine, des bassins de
stockage des eaux de pluie et un avion
témoignant de son destin mouvementé.
© Amonon Gutman
© Amonon Gutman
du
la forêt de Beeri, les mémoriaux de
la guerre d’Indépendance (dont celui
du commando français déjà mentionné),
Sdé Boker, Yad Mordekhaï, Beth Eshel,
Nir Am, Nitzana, les parcs Eshkol et
Yeruham, les routes panoramiques de
Besor et Lavan, etc. ■
Bonne
v is i t e !
Le parc Golda, l’oasis du Néguev
ADAMA
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Les grands noms de la culture israélienne
Eli Amir
Chroniqueur
Auteur de bestsellers, l’écrivain
israélien
Eli Amir a contribué
à diffuser auprès de
ses concitoyens le
récit de l’exode de
l’immémoriale
communauté juive
d’Irak, liquidée en
quelques mois au
début des années 50.
Fin connaisseur des
problématiques
d’intégration des
immigrants mizrahim,
ce retraité de la
fonction publique,
engagé à gauche,
milite également
pour une meilleure
compréhension
mutuelle entre Juifs
et Arabes.
E
li Amir naît à Bagdad le 26 septembre
1937, sous le nom de Fuad Elias
Khalaschi. À l’instar de ses 120 000 coreligionnaires contraints de fuir l’Irak, il
rejoint le jeune État d’Israël en compagnie
de sa famille en 1950. Au même titre que
la plupart des olim orientaux, celle-ci est
hébergée, pendant de longues années,
dans des logements de fortune, d’abord
dans la maabara (camp de transit) de
Pardes Hanna, puis à Gedera. Elle se voit
enfin attribuer un appartement exigu
dans le quartier de Katamon, à Jérusalem.
Entre-temps, le jeune Eli est envoyé
au kibboutz Mishmar Haemek afin d’y
recevoir une éducation israélienne. Il allait
entreprendre plus tard un cursus en
littérature et histoire du Moyen-Orient à
l’Université hébraïque.
Une implication
sociale
Après ses études, il trouve un emploi de
coursier au bureau du Premier ministre. Au
terme d’une ascension fulgurante, il exerce
la fonction de conseiller aux affaires arabes
du chef du gouvernement de 1964 à 1968.
Très au fait des difficultés rencontrées par
les olim, il occupe par la suite un poste élevé
au ministère de l’Intégration. En 1984, il est
nommé directeur général du département
de l’alya des jeunes de l’Agence juive. Sur la
scène politique, il plaide en faveur de la
justice sociale et participe également aux
initiatives du Fonds Abraham pour la coexistence et l’égalité entre Israéliens juifs et
arabes. Retiré du service public en 2004, il
poursuit ses activités littéraires, donne des
conférences (y compris en Égypte, en 2007)
Eli Amir (né en 1937)
ADAMA
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16
DR
d’un drame oublié
et prend part à des émissions radiophoniques et télévisées. Il y promeut notamment la culture orientale et l’ouverture au
monde arabe.
De Bagdad
à Jérusalem
Fort bien accueillis par le public, ses
romans d’inspiration autobiographique lui
valent une notoriété nationale, à commencer par la trilogie composée de
Tarnegol kaparot, Mafriah hayonim et Yasmin. Certains de ses livres sont adaptés au
théâtre, à la télévision, voire au cinéma,
comme en atteste Farewell Bagdad, réalisé
par Nissim Dayan en 2013. Inclus dans le
programme scolaire du secondaire, Tarnegol kaparot a même acquis la stature d’un
classique de la littérature israélienne.
Héraut de la tragédie des Juifs irakiens,
Eli Amir a reçu de très nombreuses distinctions au cours de sa carrière, dont le
prix du jubilé de l'alya des jeunes (1983),
le prix de littérature juive (Mexique,
1985), le Ahi Award (1994), le prix du
jubilé Am Oved (1994), le prix Yigal Allon
pour services remarquables à la société
(1997), le prix de l'Association des éditeurs (1998) et le prix du Premier ministre (2002). Il a par ailleurs été distingué du
titre de docteur honoris causa de l’Institut
Weizmann, de l’université Ben-Gourion
et de l’université de Tel-Aviv. En 2005, il
est classé à la 163e place au palmarès des
200 plus grands Israéliens de tous les
temps selon un sondage publié sur le site
Internet Ynet. ■
www.kkl.fr
Le magazine du KKL
Extrait de Mafriah hayonim :
« À quelques pas de
l'avion dont descendaient
les passagers, les gens
s'agenouillaient, se
prosternaient à même
l'asphalte, embrassaient le
sol, sans se soucier de
tacher leurs vêtements
neufs. Ils levaient les yeux,
rendant grâce à Celui qui
habite les cieux de les
avoir ramenés en Terre
sainte après un exil de
deux mille ans. […]
Ici, sur la terre bien-aimée
de nos patriarches, ainsi
que le chantent les
mouvements de jeunesse,
tous les espoirs se
réaliseront. »
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Contours d'une œuvre
L
es écrits d’Eli Amir décrivent essentiellement
les épreuves traversées par les Juifs d’Irak,
brutalement exilés d’une terre où ils avaient pris
racine quelque 2500 ans auparavant. Avec nostalgie
mais sans amertume, Mafriah hayonim (1992)
dépeint l’univers haut en couleur de la communauté
bagdadie, menacée par le spectre d’un second
Farhoud *. Tarnegol kaparot (1983) met pour sa
part en lumière la délicate adaptation des
immigrants mizrahim à une culture dominée par un
establishment ashkénaze volontiers condescendant,
sur fond de déclassement social. Plus récemment,
Yasmin (2005) conte l’improbable histoire d’amour
entre un Juif originaire d’Irak et une Arabe
chrétienne, dans le sillage de la guerre des Six Jours.
Citons aussi Ahavat Shaul (1998), idylle entre un
Hiérosolymitain séfarade et une rescapée de la
Shoah, la nouvelle Pgisha Iveret (2000) et la
dernière parution de l’auteur, Ma shenishar (2011).
Traduits en plusieurs langues, les romans d’Eli Amir
constituent de précieux témoignages d’une
expérience trop rarement évoquée dans la sphère
littéraire. C’est sans doute là l’une des raisons de
leur succès.
* Émeute antijuive sanglante qui s'est déroulée à Bagdad les 1er et 2 juin 1941.
Eli Amir (né en 1937)
ADAMA
17
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
Chemini Atseret
UNE FÊTE DE TRANSITION
Célébrée le 22 Tichri, Chemini Atseret est à la fois
étroitement associée à Soukkot et rituellement indépendante des fêtes qui la précèdent. Relativement
méconnue des Juifs peu pratiquants, elle revêt une
importance notable en ce qu'elle inaugure la saison
bienfaisante des pluies en Eretz Israël.
DR
Dans la littérature rabbinique, la majorité
de nos sages se sont efforcés de singulariser
Chemini Atseret de Soukkot, lui conférant,
ce faisant, une dignité comparable. Cette
«fête en elle-même» (« regel bifné atzmo »,
Taanit 20b-31a) se distinguait en effet
par sa dénomination spécifique et par le
sacrifice unique offert au Temple à cette
occasion.
Les sources
Fête prescrite dans la Bible, Chemini
Atseret, ou « assemblée du huitième
jour », est mentionnée à deux reprises
dans la Torah, dans le prolongement des
commandements de Soukkot :
« Sept jours durant, vous offrirez des sacrifices à
l'Éternel. Le huitième jour, vous aurez encore une
convocation sainte et vous offrirez un sacrifice à
l'Éternel : c'est une fête de clôture, vous n'y ferez
aucune œuvre servile.» Lévitique, 23: 36
« Le huitième jour aura lieu pour vous une fête
de clôture ; vous ne ferez aucune œuvre servile.»
Nombres, 29: 35
Elle est également évoquée dans les
Hagiographes :
« Et jour par jour, du premier jour [de la fête] jusqu'au
dernier, on lut dans le livre de la loi de Dieu. Ils célébrèrent ainsi la fête durant sept jours, et le huitième
jour, ce fut une solennité de clôture, conformément
à la règle. » Néhémie, 8 : 18
« Le huitième jour, on fit une fête de clôture.
En effet, on avait procédé à la dédicace de l’autel
pendant sept jours et célébré la fête [de Soukkot]
pendant sept jours.» II Chroniques, 7: 9
Mitsvot et liturgie
N °71
L
ors de l'office de moussaf de
Chemini Atseret, la prière
pour la pluie, Tefilat hagechem, est
solennellement récitée devant
l'Arche ouverte. Il est d'usage,
dans les synagogues ashkénazes,
que l'officiant porte le kittel des
Jours redoutables, signifiant ainsi
que les précipitations de l'année à
venir – fondamentales dans une
société agricole – dépendent, elles
aussi, du jugement divin. Les
fidèles implorent l'Éternel de faire
« revenir le vent et descendre la
pluie » (« machiv harouah oumorid
hagachem »), formule répétée
quotidiennement dans la Amida
jusqu'au premier jour de Pessah,
marquant la fin de la période
humide en terre d'Israël.
Bien qu'elle partage des caractéristiques
communes avec Soukkot, Chemini Atseret
s'en différencie aujourd'hui par plusieurs
aspects :
- Le commandement du loulav n'est plus
en vigueur ;
- On ne récite plus la bénédiction de la
soukka ;
- On y lit des passages particuliers de la
Torah, ainsi que l'Ecclésiaste (s'il n'y a pas
eu de chabbat pendant hol hamoed);
- La liturgie inclut la récitation du
Yizkor et de la prière pour la pluie ( lire
encadré).
✔ 1er Tichri 5775/25 septembre 2014 :
1er jour de Roch Hachana
Ajoutons que le kiddouch de Chemini
Atseret est suivi de la bénédiction chehéhéyanou, réservée au premier jour d'une
fête.
✔ 15 Tichri 5775/9 octobre 2014 :
1er jour de Soukkot
Enfin, il convient de noter que les pratiques
varient selon que l'on se trouve en Eretz
Israël ou en diaspora. Dans le premier cas,
Chemini Atseret est confondue avec Simhat
Torah. Dans le deuxième, les célébrations
durent deux jours (sauf dans les communautés réformées). ■
Chemini Atseret
ADAMA
LA PRIÈRE POUR LA PLUIE
- T I C H R I 5775 / 2014
18
Calendrier des fêtes
et commémorations
✔ 2 Tichri 5775/26 septembre 2014 :
2e jour de Roch Hachana
✔ 3 Tichri 5775/27 septembre 2014 :
Chabbat chouva (Haazinou)
✔ 10 Tichri 5775/4 octobre 2014 :
Yom Kippour
✔ 16 Tichri 5775/10 octobre 2014 :
2e jour de Soukkot
✔ 21 Tichri 5775/15 octobre 2014 :
Hochaana Rabba
✔ 22 Tichri 5775/16 octobre 2014 :
Chemini Atseret
✔ 23 Tichri 5775/17 octobre 2014 :
Simhat Torah
www.kkl.fr
Le magazine du KKL
Opération « Bordure protectrice »
LE KKL, GARDIEN D’ISRAËL
À l'occasion du dernier épisode
de la guerre qui oppose, depuis
près d'une décennie, Israël aux
terroristes gazaouis, le KKL s'est
mobilisé sans relâche aux côtés
de citoyens admirables de
dignité, de persévérance et de
courage. Excursions et séjours
de répit, animations pour les
enfants reclus dans les abris et
dispositifs de protection
mobiles sont alors venus
compléter les réalisations de
long terme de l'institution
sioniste, à la plus grande
satisfaction de populations
visées quotidiennement par les
bombardements islamistes.
Témoignages...
« Nous apprécions depuis
longtemps les activités du KKL, mais
en ces temps particulièrement
difficiles et effrayants, elles sont
vraiment très importantes pour nous.
Rien ne vaut le KKL ! »
Ron Haïm, 14 ans,
habitant du mochav Yoshivya
« Le sud d'Israël est toujours dans
nos cœurs et dans nos âmes. Sans
le Néguev, Tel-Aviv ne pourrait pas
exister. Nous continuerons d'aider
les résidents du sud, parce que c'est
là que se réalise le nouveau
sionisme. »
Efi Stenzler,
président mondial du KKL
P
artenaire de Tsahal, le KKL est un
acteur incontournable de la défense civile en situation de conflit.
Ce faisant, il figurait au rang des protagonistes de l'opération « Bordure protectrice » («Tsouk eitan »), vouée à protéger
les Israéliens contre les agressions mortifères du Hamas et du Djihad islamique.
Son action s'est notamment déployée
dans les localités méridionales, les plus
exposées au stress des sirènes et au feu
dévastateur d'un ennemi génocidaire.
AU SECOURS
DES RÉSIDENTS DU SUD
Investi depuis de nombreuses années
dans la valorisation du Néguev de l'Ouest
(infrastructures, développement agricole,
accroissement des ressources en eau...), le
KKL a ainsi manifesté ainsi une attention
toute particulière envers les habitants de
la région frontalière de la bande de Gaza,
défenseurs de l'intégrité territoriale d'Israël et continuateurs de l'épopée sioniste.
Dès les premiers jours de la contreoffensive militaire, le président mondial du
KKL, Efi Stenzler, et son coprésident, Eli
Aflalo, se sont rendus auprès des principales victimes de la haine antijuive et de
leurs représentants (chefs des conseils
régionaux locaux, maire d'Ashkelon...), afin
de leur exprimer leur solidarité sans
faille et de répondre efficacement à leurs
besoins les plus impérieux.
MESURES D'URGENCE
Au cours des attaques précédentes, le
KKL s'était déjà distingué par son dévouement en faveur de la sécurité des villes et
villages des environs de la bande de Gaza,
comme l'ont montré ses séjours de répit
dans ses centres éducatifs, la construction
de routes de sécurité, les structures
protégées dans les parcs et les aires de
jeux ou encore la campagne « Planter
contre le terrorisme » (édification d'une
« barrière » d'arbres autour des mochavim
et kibboutzim limitrophes du territoire
contrôlé par le Hamas, destinée à contrer
les tirs directs), lancée en novembre 2012
à la demande de l'armée.
Face à la situation dramatique qu'a connu
le Sud israélien depuis le mois de juillet,
l'institution sioniste a de nouveau mis en
œuvre plusieurs mesures d'urgence :
n Séjours de récupération pour les
enfants, sujets à un degré d'anxiété intolérable, et leur famille. Les hôtes du KKL
ont notamment été reçus dans son centre
forestier de Nes Harim, dans la région de
Jérusalem, où des activités récréatives leur
étaient réservées.
n Organisation d'excursions sécurisées pour les jeunes cloîtrés dans les abris.
n Animations pédagogiques et
ludiques pour les enfants au sein même
des abris : 140 activités pour toutes
les classes d'âge ont été proposées, pendant tout l'été, par 114 éducateurs du
KKL.
n Installation d'abris mobiles dans
les zones dépourvues de dispositifs de
sécurité (espaces verts, lieux fréquentés
par le public, abords des routes...).
n Construction et réfection de
routes de sécurité empruntées par les
patrouilles et les agriculteurs des environs.
Grâce à votre générosité, le KKL a
pu apporter un soutien effectif,
à la fois matériel et moral, aux civils israéliens les plus ciblés par
la violence terroriste. Il a ainsi permis de limiter l'impact traumatique de cette période funeste.
Soyez chaleureusement remerciés
pour votre aide, accueillie avec reconnaissance et soulagement par
les communautés concernées. ■
ADAMA
19
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
INTERVIEW
Daniel Benlolo,
ancien député
à la Knesset
et délégué du KKL
pour le sud
de la France
Après une brillante carrière
professionnelle et politique
qui l'a conduit sur les bancs
de la Knesset, Daniel Benlolo
vient de prendre en main la
délégation du KKL pour le
sud de la France. Rencontre
avec le nouveau délégué,
installé depuis peu à Marseille.
DANIEL BENLOLO
« JE SOUHAITE METTRE
MON EXPÉRIENCE AU SERVICE
DE LA COMMUNAUTÉ »
Ce fut mon premier contact avec la ville !
Après le lycée, j’ai intégré les rangs de Tsahal,
où j’ai servi pendant sept ans dans l’armée
de l’air, en tant qu’aiguilleur du ciel. Par la
suite, j’ai travaillé dans une compagnie aéronautique, puis j’ai été nommé responsable
des services postaux pour toute la région
sud, qui emploie près de 1500 agents. De
1994 à 1999, j’ai été membre du conseil municipal d’Ashdod. À cette fonction, j’étais en
charge de plusieurs dossiers, dont ceux de la
rénovation des quartiers et du personnel de
la mairie. En 2002, j’ai été élu député du
Likoud à la 16e Knesset, dont j’ai présidé la
commission. J’ai aussi été vice-président de
la commission économique. À l’issue de mon
mandat, j’ai exercé dans l’immobilier.
Adama : Quel est votre parcours ?
Daniel Benlolo : Je suis né à Casablanca en
1958. À l’âge de 12 ans, j’ai fait mon alya en
compagnie de mon frère. Avant d’arriver en
Israël, nous avons passé une semaine au camp
de transit du grand Arénas de Marseille.
ÉCHAPPÉE
D. B. : Le président de l’exécutif du KKL de
France, Robert Zbili, m’a proposé le poste
de délégué du KKL pour la région Paca.
PICARDE
D. B. : Pour l’heure, je suis en train de faire
connaissance avec la communauté juive de la
région. Je souhaite mettre mon expérience
et mes compétences au service de celles
et ceux qui veulent soutenir concrètement
l’État d’Israël. Ma porte leur est grande
ouverte ! Nous les tiendrons bien sûr informés des nombreux projets que nous allons
mettre en œuvre, notamment par le biais de
programmes radiophoniques. ■
KKL Marseille-Paca :
2 bis rue Fargès
Tél. : 04 91 53 39 74
E-mail : [email protected]
UN BOSQUET POUR
fin de célébrer comme il se
doit le retour de l'été, les
randonneurs du KKL ont pris
part, le dimanche 22 juin, à une
sortie en baie de Somme, animée
par Martine et Daniel Cohen.
Parmi la trentaine de personnes
qui se sont jointes à cette promenade ensoleillée, on comptait un
fort contingent de participants à la Marche pour l'eau, ravis de
renouer avec la convivialité et la bonne humeur des excursions
organisées sous les auspices du KKL de France. Ce dernier était
représenté par Frédéric Nordmann, son président d'honneur et
porte-parole. Outre la découverte de la réserve écologique littorale, peuplée d'oiseaux aquatiques et de chevaux Henson évoluant
en liberté, le groupe a pu profiter d'une balade à bord d'un train à
vapeur touristique, de Noyelles-sur-Mer au Crotoy. Une ambiance
Far West qui a apporté une touche pittoresque à cette journée
sportive, amicale et riche en émotions. Vivement dimanche
prochain ! ■
RACHI
L’
antenne troyenne du KKL récolte actuellement des fonds
destinés à la plantation d’un bosquet en Israël dédié à Rachi
de Troyes. Si vous souhaitez vous associer à ce projet, adressez
vos dons, à l’ordre du KKL de France, à William Gozlan, 42 rue
Paul-Cézanne, 10800 Saint-Julien-les-Villas. ■
Plus d’informations : kkl-france-troyes.com
ET VOUS, QUE FAITES-VOUS
LE DIMANCHE?
ndos
Rejoignez les ra
du KKL !
Au programme : une
marche hebdomadaire en
Île-de-France, des sorties
conviviales et des weekends de plein air partout
en France.
Préparation idéale à la Marche pour l'eau annuelle en Israël, les randonnées du KKL de France ont lieu tous les
dimanches (sauf fêtes juives). Pour plus d'informations,
contactez Daniel à l'adresse suivante :
[email protected]
Renseignements auprès de Daniel : kklrandos @gmail.com
Les brèves du KKL
N °71
Adama : Quelles sont vos missions ?
Adama : Pourquoi avoir choisi de vous
consacrer au KKL ?
A
ADAMA
J’ai accepté ce défi, car le KKL joue un rôle
essentiel, à travers ses parcs, ses forêts
et ses multiples réalisations aux quatre coins
du pays, dans la mise en valeur et l’embellissement de la terre d’Israël.
- T I C H R I 5775 / 2014
20
Le magazine du KKL
LA PLUS BELLE
COLLECTION D’ARBRES
RIRES D’ENFANTS
DES
CONTRE LES ROCKETS
DU HAMAS
D’ISRAËL
E
n l’honneur du 80e anniversaire de sa mère Catalina Klein, le
philanthrope chilien Leonardo Farkas a offert aux enfants du
kibboutz Sufa, sis à quelques kilomètres de la bande de Gaza, une
magnifique aire de jeux. Réalisée par le KKL en partenariat avec le
mouvement Or, celle-ci arrive à point nommé pour satisfaire les
besoins grandissants d’une localité en pleine croissance, en dépit
de la menace islamiste. La cérémonie d’inauguration a réuni, le
7 mai, la famille du généreux donateur et les membres du kibboutz,
à commencer par les jeunes bénéficiaires de ce nouvel équipement, qui n’ont pas manqué de prendre d’assaut le château gonflable et de s'emparer des douceurs disposées sur les tables
attenantes. « Nous connaissons, depuis des années, une situation
extrêmement tendue, a rappelé Haïm Jelin, représentant le conseil
régional d’Eshkol. Ce qui nous touche le plus est de savoir que des
personnes s’inquiètent du sort de nos enfants.» Convaincu que
leur joie constitue la meilleure réponse au terrorisme, Leonardo
Farkas a annoncé qu’il financerait également la construction d’un
abri antimissile au sein même de l’aire de jeux, pour que les petits
puissent s’y ébattre en toute sécurité. ■
A
près une rénovation savamment orchestrée par le KKL, l’arboretum national d’Ilanot, situé non loin de Netanya, a été
« réinauguré » le 1er mai dernier pour la plus grande joie des amoureux de la nature. Fondé en 1950 par le jeune État d’Israël, ce
laboratoire d’étude des essences les plus adaptées au climat local
avait été fermé par le ministère de l’Agriculture en 1986, avant
d’être confié à l’institution sioniste voici une quinzaine d’années.
À la faveur de ses compétences centenaires, cette dernière a transformé le jardin botanique laissé à l’abandon en un centre éducatif
doté des dernières technologies et accessible aux handicapés moteurs et sensoriels. Désormais ouvert au grand public, il abrite, sur
130 dounams (13 ha), quelque 300 espèces d’arbres en provenance
de 25 pays, dont d'exceptionnelles variétés d’eucalyptus. Des allées,
des bancs, des jeux et animations pour les enfants, ainsi que des
médias interactifs participent à l’accueil, au confort et à l’information des visiteurs de tous âges. Support de programmes de volontariat autour de l’environnement, l’arboretum œuvre aussi à la
réinsertion professionnelle de personnes victimes d’addictions.
« Notre prochain objectif consistera à planter des fleurs qui parviendront à maturité à différentes saisons de l’année », a précisé
Efi Stenzler, président mondial du KKL, lors de la cérémonie. Nul
doute que le site deviendra une attraction phare de la région ! ■
UN
TRAIT D'UNION ENTRE LES COMMUNAUTÉS
F
ruit de la coopération entre le KKL, le conseil régional de Maté
Yehuda et la municipalité de Ein Rafa, la piste cyclable panoramique du nahal Kisalon vient de voir le jour à proximité du village
arabe. Malgré des difficultés techniques inhérentes à son profil
topographique, elle s'étend sur 12 km, alternant sections de
niveaux intermédiaire et avancé. « Il s'agit du premier projet
de cette nature réalisé via un partenariat avec la communauté
arabe », s'est félicité Efi Stenzler, président mondial du KKL, à
l'occasion de la cérémonie d'inauguration. D'ores et déjà empruntée par les milliers de cyclistes qui sillonnent la forêt des Martyrs
chaque fin de semaine, cette voie favorisera sans aucun doute la
prise de conscience environnementale de ses usagers, mais aussi
la rencontre et la compréhension mutuelle entre des populations
de cultures différentes. ■
Les brèves du KKL
ADAMA
21
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
UN HAUT LIEU DE
ISRAËL, LEADER MONDIAL
DU COMBAT CONTRE LA
L'HISTOIRE SIONISTE
DÉSERTIFICATION
RESTAURÉ
S
itué dans le parc du nahal Beersheva, Beth Eshel est l'un des
trois avant-postes fondés par le KKL en 1943, dans le but d'évaluer les possibilités d'exploitation agricole des terres arides du
Néguev. Pendant la guerre d'Indépendance, sa position frontalière
lui a valu d'être au cœur des combats entre les forces égyptiennes
et la jeune armée israélienne. Grâce à la générosité d'un couple de
Canadiens, Fran et Edward Sonshine, enfants de rescapés de la
Shoah, le site a pu faire l'objet d'une réhabilitation complète, menée
par le KKL. La cérémonie d'inauguration a eu lieu le 16 juin, en présence d'Efi Stenzler, président mondial de l’institution sioniste, qui
a salué ces « personnes merveilleuses qui font fleurir le désert, dans
le sillage d'Abraham ». Deux vétérans, Meira et Menahem Freeman,
âgés de 16 et 17 ans en 1948, ont organisé une visite commentée
des lieux en l’honneur de leurs hôtes nord-américains, partenaires
de la transmission de l’histoire pionnière aux jeunes générations.
« En ces jours difficiles, ce que nous faisons ici aujourd’hui démontre à nos ennemis que l’État d’Israël est nôtre et qu’il appartiendra
au peuple juif pour toujours », a indiqué, pour sa part, le maire de
Beersheva, Ruvik Danilovich, dans son allocution de bienvenue.
Notez que la restauration des bâtiments d'origine sera bientôt accompagnée par des aménagements paysagers, des aires de jeux, des
voies de communication et des emplacements de parking. ■
LES AS DU
E
n 1994, l’assemblée générale des Nations unies a institué la Journée mondiale du combat contre la désertification et la
sécheresse, marquée chaque 17 juin depuis lors. Dans l'optique de
la préparation de l’édition 2014 de l’événement, la secrétaire exécutive de l’ONU pour le combat contre la désertification, Monique
Barbut, a effectué une visite d’étude dans le Néguev à l’invitation
du KKL, expert incontesté de l’afforestation en milieu désertique,
de la gestion optimale des ressources en eau et de la prévention
de l’érosion des sols. L’hôte de l’institution sioniste a notamment
été accueillie à la pépinière de Gilat, où sont sélectionnés les arbres
et arbustes les plus résistants aux conditions climatiques du désert,
et sur le site du wadi Tzeida, où des plantations permettent de stabiliser les sols. « S’il est un pays qui devrait être partie prenante de
la convention de l’ONU sur la désertification, c’est bien Israël, a-telle déclaré. C’est pourquoi nous souhaitons convier le KKL
à participer à notre recherche et à partager ses méthodes. » Nul
doute que ce dernier aura à cœur de faire bénéficier de son
savoir-faire les pays confrontés à des problématiques similaires. ■
GREEN
M
algré une météo peu propice aux activités d'extérieur, les
amis sportifs du KKL étaient au rendez-vous, le 8 juillet dernier, du 20e trophée de golf Simon et Bertrand Laufer. Cette édition
anniversaire a été célébrée dans le cadre prestigieux du golf du
Prieuré, en présence de Robert Zbili, président de l'exécutif du
KKL de France, de Frédéric Nordmann, son président d'honneur
et porte-parole, et de Reuven Naamat, son délégué général. Grâce
à la générosité des participants et au soutien de fidèles partenaires
(compagnie El-Al, banque Hapoalim), une aire de jeux sera bientôt
édifiée en faveur des enfants de Nazareth Illit, en Galilée. ■
UNE AIRE RÉCRÉATIVE POUR LE VILLAGE DRUZE
À
récréative s’est rapidement imposé. Celle-ci
dispose de jeux, d’appareils de fitness, de tables de pique-nique et d’allées accessibles aux
personnes à mobilité réduite. Par la suite, une
piste cyclable viendra compléter l’ensemble.
Lors de la cérémonie, à laquelle participaient
notamment des membres de la famille Yemini,
des leaders druzes, ainsi que des représentants du KKL des États-Unis et d’Israël, le chef
du conseil régional d’Isfiya,Wajih Kayuf, a souligné l’importance de la coopération entre les
citoyens et l’État d’Israël. L’assistance s’est,
quant à elle, unanimement réjouie de cette
contribution à l’amélioration de la qualité de
vie des villageois. ■
quelques mètres à peine du point de départ du tragique incendie qui a ravagé le
mont Carmel en 2010, en lieu et place d’un
terrain vague transformé en décharge sauvage, a été tout récemment inaugurée une
aire récréative au profit des habitants du village druze d’Isfiya. Avant de confier au KKL
ce projet à la mémoire de ses parents Rivka
et Israël, son donateur, Yechiam Yemini, professeur d’informatique à l’université de Columbia (New York), avait tenu à consulter les
résidents de la localité, invités à exprimer
leurs attentes en matière d’équipements collectifs. Un quart de la population d’Isfiya
étant composée d’enfants, le choix de l’aire
Les brèves du KKL
ADAMA
N °71
D’ISFIYA
- T I C H R I 5775 / 2014
22
Le magazine du KKL
THOMAS HARDING
HANNS ET RUDOLF
Éditions Flammarion
ous ce titre aux allures de conte germanique se
cache le récit croisé de la vie de deux Allemands
ordinaires, auxquels l'histoire devait réserver un
destin diamétralement opposé, soldé par une improbable confrontation. Fondée sur des archives et des témoignages, cette chronique « intime » de la Shoah dresse un
parallèle entre les parcours du Juif Hanns Alexander et du
tortionnaire Rudolf Höss. Issu de la grande bourgeoisie
berlinoise, le premier parvient à se réfugier en Angleterre,
où il s’engage dans l’armée britannique, avant que le piège hitlérien
ne se referme sur ses coreligionnaires européens. Né dans une famille catholique fervente, le second connaît une enfance solitaire en
Forêt-Noire, se porte volontaire sur le front moyen-oriental pendant
la Grande Guerre, rejoint de bonne heure le parti national-socialiste
et intègre la SS. Gardien à Dachau, chef de la garde à Sachsenhausen,
S
Höss est promu Lagerkommandant d’Auschwitz, puis
patron de l’Amtsgruppe D1 (inspection générale des
camps). Exécutant zélé des instructions de Himmler,
ce bon père de famille préside, avec « une indifférence glaciale » et « une ingéniosité redoutable »,
à la mise en œuvre de la solution finale, élaborant
les méthodes les plus efficaces d’extermination
de masse des « unités » qui lui étaient adressées par
convois entiers. En cavale après la victoire alliée, il allait être traqué
par Alexander, chargé d’enquêter sur les criminels nazis en fuite,
traduit devant un tribunal polonais et condamné à la peine de mort
par pendaison sur le site même où il avait repoussé les limites de la
barbarie. Sans porter de jugement simplificateur, ce bouleversant
face-à-face signé par le petit-neveu de Hanns Alexander questionne
avec acuité le choix de deux hommes, entre horreur et honneur. ■
Notes de lecture de Yaël Simon
www.kkl.fr
GEORGES BENSOUSSAN & MÉLANIE MARIE
ATLAS DE LA SHOAH.
LA MISE À MORT DES JUIFS D'EUROPE, 1939-1945.
D
ue à l'historien Georges Bensoussan et à la cartographe
Mélanie Marie, cette remarquable synthèse illustrée met
en lumière la géographie de la Shoah, révélatrice des
rouages et de l'ampleur du plus grand crime contre l'humanité
jamais perpétré.Toutes les dimensions de l'anéantissement des Juifs
d'Europe y sont évoquées avec rigueur et clarté, depuis le terreau
culturel et idéologique sur lequel a prospéré le nazisme, attisé par
un puissant ressentiment social et national, jusqu'à l'engrenage
qui a conduit à l'assassinat planifié de tout un peuple, corrélé à
la radicalisation de la politique antisémite hitlérienne à mesure
de l'expansion du Reich (persécutions, spoliations, enfermement,
liquidation). Les cartes rassemblées ici soulignent notamment la
coïncidence des massacres avec l'ancienne « zone de résidence »
de l'Empire russe (concentration des « usines d'abattage » en
Pologne, déploiement des Einsatzgruppen,
atrocités commises par les populations
locales), la simultanéité et la fulgurance du
processus exterminateur (opéré, pour
l'essentiel, entre mars 1942 et novembre
1943), le basculement du centre de gravité du judaïsme mondial, amputé du tiers
de ses effectifs, mais aussi les disparités
constatées d'un pays à l'autre. En filigrane, elles dénoncent l'abandon absolu des Juifs à leur sort funeste, fruit de l'indifférence (au
mieux) de l'opinion publique, du silence des élites « qui savaient »
et des priorités stratégiques des Alliés. Une approche à la fois chronologique et spatiale indispensable à l'appréhension d'un génocide
unique par son intention, son organisation et son envergure. ■
ARIEH AZOULAY
JEUNESSE DANS LA TOURMENTE.
LES MOUVEMENTS DE JEUNESSE JUIFS AU MAROC 1944-1964.
Éditions Elkana
D
e 1944 à 1964, des milliers
de Juifs marocains de 8 à
25 ans ont rallié les mouvements de jeunesse communautaires
et sionistes. Dans cet ouvrage tiré
d’une thèse de doctorat, Arieh Azoulay se penche sur la signification de
ce phénomène contemporain du
déracinement brutal du judaïsme nordafricain. Il démontre tout d’abord qu’en proposant aux jeunes Juifs
une voie nationale ou identitaire originale face à leur double exclusion des sociétés coloniale et arabo-musulmane et dans le contexte
critique du délitement des repères traditionnels, ces associations
autonomes, mixtes et égalitaires leur offraient des perspectives
d’avenir inespérées. Les particularités des différentes organisations
font par ailleurs l'objet d'une étude approfondie : caractère communautaire ou pionnier, statut, nombre d'adhérents, projet éducatif,
valeurs inculquées (scoutisme, réalisation de soi à travers le
kibboutz...), rapport à la religion et à l'État d'Israël, relations avec
les familles, les autorités politiques et rabbiniques, rivalités et divergences idéologiques avec leurs homologues, sans oublier leur évolution, affectée par l'indépendance du Maroc en 1956. En amorçant
la sortie physique et psychologique du mellah, les mouvements
de jeunesse ont exercé une influence considérable sur les jeunes
générations, mais aussi sur leurs aînés, conclut l'auteur. Ils ont
notamment joué un rôle déterminant dans l'alya des Juifs marocains.
Un antidote bienvenu contre l'effacement de ce chapitre historique
de la mémoire collective. ■
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23
N °71
- T I C H R I 5775 / 2014
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