Le magazine du KKL
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Le magazine du KKL
dHsK Tichri 5775 - N°71 LE MAGAZINE DU KKL OPÉRATION "BORDURE PROTECTRICE" : DR LE KKL MOBILISÉ DOSSIER : AUX ORIGINES DU DROIT D'ISRAËL Septembre - Octobre - Novembre 2014 - N°71 - 5€ ISRAËL AUJOURD'HUI ET DEMAIN : VOYAGE DU KKL DE FRANCE EN ISRAËL 3 Un homme, un projet MORDEKHAÏ-MAURICE LOÏ Un réservoir à la mémoire de Suzanne 4 Projet du KKL de France Des activités de plein air pour le village Aleh Negev-Nahalat Eran UN PAS DE PLUS VERS L'AUTONOMIE 6 Biographie REUVEN FEUERSTEIN (1921-2014) Éduquer pour grandir 7 Éducation Quand Israël s’invite sur LES MURS DE L’ÉCOLE 8 Dossier : Israël et ses frontières au regard du droit international AUX ORIGINES DU DROIT D'ISRAËL 13 Israël aujourd’hui et demain : Voyage du KKL de France EN ISRAËL 14 Découverte d'Israël : le Néguev LE PARC GOLDA, l’oasis du Néguev 16 Les grands noms de la culture israélienne ELI AMIR (né en 1937) Chroniqueur d’un drame oublié 18 Les fêtes juives CHEMINI ATSERET, une fête de transition 19 Opération « Bordure protectrice » 20 23 LE KKL, gardien d’Israël BRÈVES DU KKL LIVRES À DÉCOUVRIR... ÉDITORIAL C hers lecteurs, P endant cinquante jours, l'État d'Israël a dû faire face à un nouvel épisode critique de la guerre que lui livre le « refus arabe » depuis 1948. Les velléités ouvertement exterminatrices du Hamas et autres organisations terroristes ont rencontré, une fois encore, l'exceptionnelle résilience de tout un peuple, qui a su opposer son courage et son unité aux salves de rockets et aux tunnels d'invasion terrestre des islamistes gazaouis. Du courage, il en a fallu également aux communautés juives de diaspora, harcelées, attaquées et criminalisées par ceux qui dissimulent péniblement leur antisémitisme derrière le paravent d'une « cause palestinienne» idéologisée. Dès le lancement des premiers missiles sur les villes et villages israéliens, le KKL s'est porté à l'avant-garde du soutien aux populations ciblées par les violences djihadistes. Partenaire de Tsahal et des localités du Sud, l'institution sioniste a complété, grâce à vos généreuses contributions, ses actions de long terme (aide au développement agricole, routes et dispositifs de sécurité, plantations «écran») par des mesures d'urgence, telles que l'organisation de séjours de répit et d'excursions à l'abri des bombes, la mise en place d'animations pour les enfants confinés dans les abris et l'installation d'abris mobiles dans les zones qui en étaient dépourvues (lire page 19). Bien qu'il soit encore trop tôt pour mesurer toutes les conséquences de ces sept semaines de conflit, le KKL est d'ores et déjà engagé dans la reconstruction des régions sinistrées et envisage, avec votre concours, de nombreux projets d'avenir. Car le dynamisme et la prospérité d'Israël, que vous pourrez apprécier lors du prochain voyage du KKL de France (lire page 13), constituent la plus cinglante réponse à la haine destructrice des ennemis du peuple juif. ■ Chana tova, hatima tova ! Raymond BUNAN Robert ZBILI président du KKL de France président de l'exécutif du KKL de France Reuven NAAMAT Délégué général du KKL en France ADAMA, le magazine du KKL, est édité par le Keren Kayemeth LeIsraël - Association loi 1901 - Directeur de la publication : Raymond BUNAN - Comité de rédaction : Adva BENZIMRA - Nadine CHICHE - Fino EDERY - Reuven NAAMAT - Frédéric NORDMANN - Yaël SIMON - Robert ZBILI - Maquette : Sydney Hazan Graphic Impression : AM PLUS, 93260 Les Lilas - Dépôt légal : à parution - Commission paritaire : N° 0718G79279 - ISSN 1621 - 8590 - Crédits photos : archives photos du KKL, sauf mention contraire - L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, détérioration ou non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes, d’associations, institutions, etc. est faite sans aucun but publicitaire. Ce mailing comprendra les éléments suivants : Adama, une lettre accompagnatrice, un tapis de souris agenda et une carte calendrier plastifiée. Le magazine du KKL www.kkl.fr UN HOMME , UN PROJET Mordekhaï-Maurice Loï, UN RÉSERVOIR À LA MÉMOIRE DE SUZANNE N Dans cette nouvelle rubrique, nous évoquerons le parcours de donateurs du KKL de France et les réalisations qu'ils ont contribué à financer en Israël. Notre premier portrait sera consacré à MordekhaïMaurice Loï, auquel on doit l'extension du réservoir de Netiv-Halamed Heh. ✁ é le 4 septembre 1925 à Kichinev, théâtre du terrifiant pogrom de 1903, le petit Mordekhaï quitte la Bessarabie pour la France à l'âge de six mois. Les Loï s'installent à Montreuil. Le père est cordonnier, tandis que la mère exécute des retouches de couture à domicile. En 1941, alors que débutent les rafles des Juifs étrangers, la famille est interpellée par la police française. Tandis que Mordekhaï, rebaptisé Maurice, prend la fuite sur ordre de sa mère, ses parents sont arrêtés, déportés et assassinés à Auschwitz. Le jeune homme rejoint alors les rangs de la FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée). Arrêté en janvier 1943, il est incarcéré aux Tourelles, où il partage sa geôle avec un certain Marcel Fajwisiewicz, originaire ó Après une périlleuse évasion, il se retire de Łódz. dans la Nièvre. De retour à Paris en août 1943, il renoue avec ses actions de résistance, sous le nom de « Pierre Chehau ». À la Libération, il entreprend une formation de fraiseur-ajusteur à l'ORT et se spécialise dans la réparation des machines à coudre envoyées par le Joint aux rescapés des camps. Dans le cadre de ses activités professionnelles, il retrouve son compagnon de cellule Marcel, qui lui présente sa sœur Suzanne. Résistante, cette dernière avait été arrêtée le 28 octobre 1942 et déportée à Auschwitz. Survivante de la marche de la mort, elle avait échoué au camp de Bergen-Belsen, libéré par l'armée britannique en avril 1945. Le jeune couple se marie en février 1948. Ouvriers appliqués, Mordekhaï-Maurice et Suzanne fondent en 1955 leur propre entreprise de confection, Pierzane. Membres actifs du parti communiste jusqu'à la répression soviétique de l'insurrection de Budapest (1956), ils nourrissent un idéal de solidarité et de fraternité qu'ils ne devaient jamais renier. En 1973, ils s'installent à Nice, où ils coulent des jours heureux jusqu'à l'annonce du cancer de Suzanne, suivie de sa disparition, en 2008. Inconsolable, Mordekhaï-Maurice Loï n'a de cesse d'honorer la mémoire de sa défunte épouse, triplement décorée de la Médaille militaire, de la Croix de guerre et de la Légion d'honneur. Au cours de recherches sur Internet, ce Juif éloigné de la communauté et d'Israël découvre l'œuvre du KKL, qui correspond parfaitement à sa conception du « mieux-être » de l’humanité. Il choisit alors de prendre à sa charge les travaux d’agrandissement du réservoir de Netiv-Halamed Heh, situé à proximité de Kiryat Gat. Grâce à sa générosité, la capacité de ce complexe de recyclage des eaux usées au profit de l’irrigation des cultures est portée de 240 000 à 540 000 m2 ! À l’occasion de son inauguration, le 17 novembre 2008, Mordekhaï-Maurice Loï effectue son premier et très émouvant séjour touristique en Israël, organisé dans ses moindres détails par le KKL. Peu après son retour, sa «mission» accomplie en ce monde, il allait mettre fin à ses jours pour rejoindre l’amour de sa vie. ■ www.kkl.fr KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKLAU KKLJOURNAL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK D’ABONNEMENT ADAMA 1 BULLETIN N°7KKL KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL à retourner au : Keren Kayemeth LeIsraël - 11 rue du 4-Septembre, 75002 ParisKKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Tél.KKL : 01KKL 42 KKL 86 88 88KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL: ........................................................................................................................... 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KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KL KKL KKL KKL KKLpour KKL 4KKL KKL KKL Prix KKL de l’abonnement numéros : 20KKL € KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKLPARIS KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK ❏ par KKL chèqueKKL à l’ordre du KKL ❏ par KKL CCP 17.029.55U CENTRE KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK ❏ par KKL carte bleue N°KKL ________________________________ Date d’expiration /__________ KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKLchiffres KKL KKL KKL KKL :KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Cryptogramme ________________ (3 derniers au dos de la C.B.) Signature KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Projet du KKL de France Engagé dans le développement des régions dites « périphériques», le KKL déploie actuellement de considérables efforts de mise en valeur du Grand Sud israélien, destinés à améliorer la qualité de vie de ses habitants. Dans ce contexte, le KKL de France vous propose aujourd'hui de prendre part à la création de centres d'activités en faveur des jeunes handicapés du village Aleh NegevNahalat Eran. Projet du KKL de France ADAMA N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 4 www.kkl.fr Le magazine du KKL Des activités de plein air pour le village Aleh Negev-Nahalat Eran Un pas de plus vers l'autonomie À la pointe du progrès en matière de prise en charge des personnes en situation Tel Aviv de handicap, Aleh gère Jérusalem un réseau de quatre établissements spécialisés en Beer Sheva Israël, qui accueillent plus de 650 enfants, adolescents et jeunes adultes souffrant de déficiences physiques ou cognitives sévères. Haïfa Eilat UN FLEURON MÉDICO-ÉDUCATIF Sis à proximité d'Ofakim, le village Aleh Negev-Nahalat Eran, animé par une équipe de 150 salariés soutenus par 170 volontaires, compte près de 150 résidents, essentiellement de jeunes adultes. Il reçoit également des patients en consultation externe (jusqu'à 12 000 traitements par an). Il dispose d'un centre hospitalier dédié à la grande dépendance, d'une clinique dentaire, d'appartements adaptés, d'une école et d'ateliers d'éveil, d'une piscine d'hydrothérapie, d'un zoo thérapeutique et, prochainement, d'une piste de promenade à cheval. Soucieux de répondre aux besoins particuliers de ses pensionnaires, il leur offre l'opportunité de construire une vie heureuse et productive dans un environnement sécurisant et chaleureux, favorisant ainsi leur insertion au sein de la société. Unique en son genre, cette institution d'excellence, qui suscite l'intérêt d'experts du monde entier, a été déclarée « projet national » par l'État d'Israël en 2003. un salutaire soulagement à leur famille. Enfin, en œuvrant à l'accroissement des capacités d'accueil du village, vous participerez à la dynamisation (bienvenue !) de l'emploi dans le Néguev du Nord. ■ LE PROJET EN BREF... DES ACTIVITÉS STIMULANTES Au service de tous les citoyens israéliens, handicapés comme valides, le KKL a décidé de créer des centres d'activités sur l'ensemble du site, à destination des jeunes résidents, de leurs encadrants et de leur entourage. L'institution sioniste a notamment programmé l'aménagement de deux jardins d'épices thérapeutiques, de cours thérapeutiques entre les bâtiments résidentiels et les ateliers, de jardins autour des lieux d'habitation, d'un jardin « jet d'eau », d'une aire de jeux attenante à l'école, d'allées et de zones ombragées. Autant d'options récréatives et thérapeutiques à explorer ! Par votre contribution, vous aiderez de jeunes handicapés israéliens au seuil de leur vie d'adulte à mieux interagir avec le monde extérieur, à réaliser pleinement leur potentiel et à mener une existence enrichissante. Vous apporterez également ● ● Nom : Centres d'activités de plein air du village pour jeunes handicapés Aleh Negev-Nahalat Eran. Localisation : Le village se situe dans le nord du Néguev, à l'ouest d'Ofakim. ● Objectifs : - Offrir aux résidents et à leur famille d'agréables expériences de plein air. - Permettre aux résidents et à leur famille de profiter des splendides paysages désertiques dans un cadre plaisant, apaisant et ombragé. - Procurer aux jeunes handicapés et au personnel soignant des espaces thérapeutiques complémentaires. Projet du KKL de France ADAMA 5 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 Éduquer pour grandir J U I F M O N D E D U F I G U R E S DR Reuven Psychologue et pédagogue de renommée internationale, Reuven Feuerstein a consacré son existence à élaborer des méthodes et programmes de prise en charge des enfants victimes de déficiences cognitives, de traumatismes sévères, de troubles du comportement ou de carences affectives. Paré de son proverbial béret noir et d'un irréductible optimisme, il s'est employé à démontrer que tout être humain avait la faculté de progresser, pour autant qu'il fût convenablement stimulé. Une approche révolutionnaire qui a nourri l'espoir de centaines de milliers de familles dans le monde entier. G R A N D E S Feuerstein (1921-2014) M embre d'une nombreuse fratrie, Reuven Feuerstein naît à Botosani, en Roumanie, le 21 août 1921. Il fréquente plusieurs institutions universitaires de Bucarest, mais est contraint de fuir les persécutions antisémites avant d'avoir pu valider son diplôme. Témoin de l'état de déréliction absolue des communautés juives d'Europe, il parvient à gagner la Palestine mandataire en 1944. University (Tennessee), de prestigieuses distinctions (palmes académiques en France en 1991, prix d’Israël et prix de l’Académie des sciences de New York en 1992, doctorats honoris causa en Italie et Roumanie, etc.). Il est même nominé au prix Nobel deux ans avant son décès, survenu le 29 avril 2014. UNE VOCATION ALTRUISTE À rebours des certitudes déterministes de ses pairs, il remet en question le principe d'irréversibilité du développement et s'insurge contre la stigmatisation des enfants « attardés », trop souvent réduits à une dénomination pathologique. Ses observations le convainquent en effet que l'espèce humaine est dotée d'une capacité naturelle d'évolution et d'une intelligence malléable (Structural Cognitive Modifiability). C'est le potentiel d'apprentissage – et non les performances révélées par les tests de QI – que le professeur Feuerstein érige en critère d'évaluation. Il conclut également que l'épanouissement des fonctions cognitives de l'enfant requiert la médiation d'un adulte en mesure de lui accorder toute l'attention nécessaire (Mediated Learning Experience), tout comme « le sucre réclame l'intervention de la cuillère pour adoucir le goût du thé ». Mise en œuvre et parachevée au cours des années, sa philosophie de l'éducation, complétée par tout un arsenal conceptuel, méthodologique et thérapeutique (1), a considérablement amélioré l'autonomie et la qualité de vie des jeunes handicapés (2). Forts de ces avancées, nombre d'entre eux ont pleinement réussi leur intégration sociale, scolaire et professionnelle. La juste récompense d'une foi inébranlable en l'homme et d'une disposition exceptionnelle à l'empathie. ■ ‘ BIOGRAPHIE Sa découverte du kibboutz constitue un tournant majeur dans sa jeune carrière : issu d'un monde en perdition où la notion de projet avait perdu toute signification, il est saisi par le contraste que représente à ses yeux la planification pluriannuelle des coopératives agricoles du yichouv. Jusqu'en 1948, il allait prendre en main l’éprouvante reconstruction d'orphelins rescapés de la Shoah, mais aussi les problématiques d’adaptation d'immigrants « culturellement défavorisés » originaires du Maroc et d'Iran. Dans les années 50, il est nommé directeur des services psychologiques de l'Alyat hanoar en Europe. Après avoir vaincu la tuberculose en dépit de diagnostics désespérés, il entreprend des études de psychologie générale et clinique à l'université de Genève, sous la direction de Jean Piaget et d’André Rey. Il devait obtenir, en 1970, un doctorat en psychologie du développement à la Sorbonne. En 1965, il participe à la fondation de l'Institut de recherches HadassahWizo-Canada de Jérusalem, voué au traitement des enfants souffrant de handicaps mentaux. C’est dans ce cadre qu’il échafaude ses principales théories, à l’origine de l’International Center for Enhancement of Learning Potential (ICELP) et d’un réseau de quelque 90 établissements disséminés dans 40 pays, sans oublier les villages de jeunes. Les résultats miraculeux enregistrés aux quatre coins de la planète valent à Reuven Feuerstein, professeur à l’université Bar-Ilan et à la Vanderbilt Reuven Feuerstein (1921-2014) ADAMA N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 6 APPRENDRE À APPRENDRE (1) Dynamic Assessment, Learning Propensity Assessment Device, Cognitive Map, Instrumental Enrichment Tools, Shaped Modifying Environments, etc. (2) Elle trouve aussi des applications dans le milieu ordinaire (entreprises, armée...). Le magazine du KKL À l’occasion de Yom Yerouchalaïm, célébration de la libération et de la réunification de la capitale éternelle du peuple juif, le KKL et le groupe scolaire Lucien-de-Hirsch ont inauguré, le 28 mai dernier, un espace « Israël - KKL » au cœur de l’établissement. L’opportunité, pour les élèves, de renforcer leur connaissance de l’État juif, mais aussi leur attachement pour la terre de leurs ancêtres. Parmi les nombreux projets pédagogiques proposés par le département de la Jeunesse et de l’Éducation du KKL de France figure la mise en place, dans les écoles, de modules d’activités consacrés à toutes les dimensions de l’État d’Israël et aux accomplissements de l’institution sioniste, fer de lance de sa construction depuis 113 ans. Un outil éducatif Stratégiquement situé à la jonction du primaire, du collège et du lycée, l’espace « Israël - KKL » du groupe scolaire Lucien-de-Hirsch offre au regard des visiteurs des panneaux richement illustrés dédiés aux thèmes fondamentaux de la culture sioniste : centralité de Jérusalem dans le cœur et l’histoire du peuple juif, personnalité emblématique de Theodor Herzl, renaissance de la langue hébraïque grâce à Eliezer Ben Yehuda, différentes vagues d’alya, contexte de la fondation de l’État d’Israël le 14 mai 1948, origine du drapeau israélien, Tsahal, etc. Le rôle majeur du KKL dans la concrétisation du rêve sioniste, de la boîte bleue aux grands projets de développement de la terre, est également mis en valeur à travers des supports d’étude aisément exploitables par les enseignants et leurs élèves. Afin que ces derniers puissent s’approprier cet espace, qui est avant tout le leur, ils ont été étroitement associés à sa réalisation : ils ont ainsi donné vie à une carte géante d’Israël avec les photos de leur choix. § Un enthousiasme partagé Grand moment d’émotion, la cérémonie d’inauguration a rassemblé la direction du groupe scolaire, notamment Paul Fitoussi, chef d’établissement, de nombreux responsables du KKL, dont Gaël Grunewald, son vice-président mondial, et Raymond Bunan, président du KKL de France, le grand rabbin Michel Gugenheim, Anne-Marie Boubli, représentant le Consistoire, et, bien sûr, les écoliers et leurs parents. Heureux de constater l’implication du groupe scolaire au côté d’Israël et du KKL, le viceprésident mondial de l’institution sioniste, venu tout spécialement de Jérusalem, n’a pas manqué de rappeler que sa tante n’était autre que l’ancienne directrice Marianne Picard, qui s’est distinguée par son remarquable investissement en faveur du développement des matières juives à Lucien-de-Hirsch. De son côté, le grand rabbin Gugenheim, camarade d’étude du rabbin Jacquot Grunewald, le père de Gaël, a évoqué ses souvenirs de juin 1967, alors que la communauté juive de France retenait son souffle… Au son du violon, la chorale de l’établissement a clôturé la manifestation en entonnant le chant Yerouchalaïm chel zahav sous les applaudissements de l’assistance. Un exemple qui sera bientôt suivi par d’autres écoles juives françaises ! § Pour plus d'informations, contactez le département de l’Éducation du KKL : Tél. : 01 42 86 88 88 - [email protected] - [email protected] © Nicolas Katz © Nicolas Katz Quand Israël s’invite sur les murs de l’école © Nicolas Katz Éduc@tion www.kkl.fr ISRAËL ET SES FRONTIÈRES AU REGARD DU DROIT INTERNATIONAL origines droit d’Israël «T LA SOUVERAINETÉ JUIVE DANS L’ANTIQUITÉ © Sydney Hazan Sidon Tyr Litani Safed N °71 ANÉE Tibériade ERR Rafah El Arish Golan Lac de Tibériade Yarmouk Césarée Naplouse Jaffa Ashkélon Gaza Yarkon Jérusalem Amman Mer Morte Hébron Arnon Beersheva Néguev Sinaï Aqaba --- Implantation des douze tribus d’Israël ---- Royaume de Salomon ---- Royaume hasmonéen • Villes actuelles Aux origines du droit d'Israël ADAMA Haïfa DIT erritoires occupés », « colonies », « peuple palestinien », « Jérusalem-Est », «frontières de 1967»..., la phraséologie tendancieuse adoptée par les médias, la classe politique et les instances diplomatiques à l'endroit d'Israël accrédite la croyance globale selon laquelle son gouvernement agirait « en violation du droit international», en particulier en «Cisjordanie» et dans la bande de Gaza. Activement instillée par la propagande arabe, la remise en cause corollaire de la légitimité de l'État juif, qualifié d’« obstacle à la résolution du conflit », s'assortit de la quasi-exclusivité des condamnations onusiennes, anathèmes journalistiques et opérations de boycott, mais aussi de déferlements de haine antisémite aux répercussions meurtrières. Dans un environnement asphyxié par l'ignorance, la distorsion et la manipulation du réel, il est plus que jamais essentiel de se départir des mythes au profit des faits historiques, d'analyser, avec toute l'objectivité requise, ce qui relève du droit des peuples et des États dans une région qui polarise les passions. Telle est l'ambition de notre dossier annuel, dont le premier volet évoquera les fondements juridiques du « foyer national juif » dans le contexte de la recomposition du Moyen-Orient après la Grande Guerre. MÉ DR Dossier réalisé par Yaël Simon Jou rdai n Aux du - T I C H R I 5775 / 2014 8 D’après Martin Gilbert, The Routledge Atlas of the Arab-Israeli Conflict, 10 th edition, 2012. Le magazine du KKL www.kkl.fr E Bien avant que ne soient convoquées les conférences de paix qui ont redessiné la carte du monde à l'orée des années 20, les puissances belligérantes se livrent à des tractations interalliées et autres « engagements » censés leur assurer le soutien de divers protagonistes. Au Moyen-Orient où les combats font rage, la perspective du démembrement de l'Empire ottoman suscite bien des convoitises, attisées par les enjeux que représentent sa situation de carrefour géographique, les champs pétrolifères de Mésopotamie et la valeur symbolique des lieux saints. Dans ce cadre, plusieurs initiatives méritent d'être rappelées. Les accords Sykes-Picot Conclus le 16 mai 1916 par la GrandeBretagne et la France, puis avalisés par l'Empire tsariste et l'Italie, les accords secrets Sykes-Picot anticipent le partage des possessions de la Sublime Porte en zones d'influence. À l'issue d'âpres négociations, les territoires non turcs du Moyen-Orient sont divisés en cinq secteurs, attribués à DR Chaim Weizmann. Lloyd George, Premier ministre britannique (1916-1922). Promesses de guerre DR divers gouvernants – sans tenir le moindre compte des desiderata du mouvement sioniste. Illégal dans sa forme, dénoncé par le président américain Wilson, cet arrangement « privé » est frappé de caducité dès lors que la Russie bolchevique décide de s'en rétracter. En outre, il devait être substantiellement révisé lors de la rencontre entre Clemenceau et Lloyd George des 30 novembre et 1er décembre 1918 : il est alors convenu que la Palestine (1), « de Dan à Beersheva » (2), serait placée sous contrôle britannique, de même que Mossoul et ses puits d'or noir. Leur abrogation définitive intervient à l'occasion de la conférence de San Remo (cf. infra). Fayçal ben Hussein. La déclaration Balfour Qualifiée de « Magna Carta du peuple juif », la déclaration Balfour s'avère également motivée par les intérêts de Sa Gracieuse Majesté, désireuse de se réserver l'exclusivité de la tutelle sur la Palestine, stratégiquement située entre l'Égypte et le golfe Persique, et de s'attirer les bonnes La correspondance Hussein-MacMahon Soucieux de rallier les Arabes au drapeau britannique, Sir Henry MacMahon, haut commissaire en Égypte, adresse le 24 octobre 1915 une lettre au chérif de la Mecque Hussein ibn Ali, dans laquelle il lui garantit l'indépendance sur une vaste étendue du Moyen-Orient libérée de la mainmise ottomane. En sont exclues les terres non « purement arabes ». Si le cas de la Palestine n'y est pas explicitement tranché, l'attitude de Fayçal, dépêché par son père Hussein à la conférence de Paris de 1919, ainsi que les termes de l'accord de coopération qu'il a signé avec Weizmann, représentant l'Organisation sioniste, Lord Arthur Balfour. Aux origines du droit d'Israël ADAMA 9 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 DR PRÉMICES DIPLOMATIQUES le 3 janvier 1919, démontrent clairement qu'elle était, dans l'esprit de tous, tenue à l'écart de la « grande nation arabe » en devenir. DR n dépit des tentatives de reformulation du passé entreprises par les sectateurs de la cause dite « palestinienne », le lien historique et spirituel qui unit le peuple juif à la terre d'Israël, consigné dans le livre le plus vendu au monde, conforté par l'archéologie et une quantité pléthorique de sources écrites, ne souffre aucune contestation. À la suite des expulsions romaine et arabe, il a constitué le ciment identitaire d'une nation dépossédée de son assise territoriale, nourrissant, de génération en génération, l'indéfectible espoir de restaurer son indépendance à Jérusalem. Argument irréfragable des promoteurs de la renaissance juive en Eretz Israël, au même titre que la nécessité de remédier à l'anomalie d'un exil bimillénaire, cet héritage unique a pesé de tout son poids en faveur des revendications sionistes, légalisées par le droit international voici un siècle, dans le sillage de la victoire alliée de 1918. « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des communautés non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.» Première déclaration politique de sympathie à l'égard des aspirations sionistes, elle révèle sans ambiguïté l'intention de la Grande-Bretagne de fonder un État juif en Palestine, les autres habitants se voyant allouer des « droits civiques et religieux » (mais en aucun cas nationaux). Comme l'attestent d'autres documents de l'époque, la Palestine est ici envisagée dans son entièreté, sur les deux rives du Jourdain. Parmi les conditions de la réussite de cet « objectif » figurent la sécurité des frontières et la capacité du futur État de subvenir à ses besoins économiques, ce qui suppose terres fertiles et ressources en eau. Pierre angulaire de la souveraineté du peuple juif sur la Palestine, la déclaration Balfour ne devait faire son entrée dans le champ du droit international que trois ans plus tard (cf. infra). Les « quatorze points » de Wilson Dans son célèbre discours du 8 janvier 1918 devant le congrès américain, le président Wilson ne se contente pas d'échafauder les axes de reconstruction d'une Europe exsangue. Il évoque, dans son 12e point, le sort des populations anciennement soumises à la férule de l'Empire ottoman : « Aux régions turques de l'Empire ottoman actuel devraient être assurées la souveraineté et la sécurité ; mais aux autres nations qui sont maintenant sous la domination turque, on devrait garantir une sécurité absolue d'existence et la pleine possibilité de se développer d'une façon autonome... » Ce faisant, le résident de la MaisonBlanche, artisan du pacte de la Société des Nations (SDN), défend le principe de l'autodétermination des peuples sur lequel s’adosse précisément le système mandataire. NOUVELLE DONNE AU MOYEN-ORIENT Dans le sillage de la défaite des Empires centraux, la coalition victorieuse s’emploie à opérer le transfert des propriétés des pays vaincus. Au Moyen-Orient, il s’agit de statuer sur la destinée des provinces auparavant sous juridiction ottomane. Le système mandataire Échafaudé par l'homme d'État sud-africain Jan Christiaan Smuts, le système des mandats s’applique à des territoires non annexés où il est prévu de fonder des États indépendants après une période de transition sous les auspices de nations avancées, vouée à préparer les peuples à s’autogouverner. Adoptée le 30 janvier 1919 par le conseil des dix (conseil suprême des puissances alliées), la « résolution Smuts » allait faire l’objet de l’article 22 du pacte de la SDN, inscrit en préambule du traité de Versailles du 28 juin 1919 (ratifié le 10 janvier 1920) : Aux origines du droit d'Israël ADAMA N °71 « Les principes suivants s'appliquent aux colonies et territoires qui, à la suite de la guerre, ont cessé d'être sous la souveraineté des États qui les gouvernaient précédemment et qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne. Le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation et il convient d'incorporer dans le présent pacte des garanties pour l'accomplissement de cette mission [...] » - T I C H R I 5775 / 2014 10 Jan Christiaan Smuts. DR grâces des communautés juives américaines et russes à un tournant décisif du conflit. Sincèrement convaincu que l'établissement d'un foyer national juif est une « nécessité historique », le Premier ministre Lloyd George fait publier, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Arthur Balfour, une lettre ouverte à Lord Lionel Walter Rothschild, datée du 2 novembre 1917 : Déclinés en trois catégories « selon le degré de développement du peuple », les mandats sont conférés par le conseil suprême des puissances alliées au nom de SDN, chargée de superviser l’observance des obligations afférentes. Trois d’entre eux sont instaurés au Moyen-Orient : la Syrie-Liban, la Mésopotamie (Irak) et la Palestine. Le magazine du KKL www.kkl.fr La résolution de San Remo à laquelle échoit le tutorat sur la Palestine, se trouve ainsi investie de la « mission sacrée » d’y établir «un foyer national pour le peuple juif », autrement dit un État juif indépendant. Du 19 au 26 avril 1920, les principales puissances alliées (Grande-Bretagne, France, Italie et Japon) (3) se réunissent à la Villa Devachan de San Remo afin de traiter les dossiers en suspens relatifs à la « succession » de l’Empire ottoman (sélection des puissances mandataires, finalité des mandats, fixation des frontières). Une décision cardinale, entérinée le 25 avril 1920, détermine l’avenir de la Palestine : Conférence de San Remo, avril 1920. Il en résulte que la déclaration Balfour acquiert le statut juridique international dont elle était jusqu’alors dépourvue. Il en est de même pour le peuple juif dans son ensemble (diaspora comprise), désigné comme unique bénéficiaire du principe d’autodétermination inhérent au mandat pour la Palestine. Celle-ci devient, pour la première fois de l’histoire, une entité juridique – et non plus une simple appellation régionale –, dévolue dans son intégralité à l’exercice de la souveraineté juive. Il convient de souligner ici qu’il n’est nullement question d’une quelconque partition entre Juifs et Arabes, ces derniers ayant hérité de la part du lion au Moyen-Orient (4). La Grande-Bretagne, « Les hautes parties contractantes s’entendent pour confier, en application de l’article 22, l’administration de la Palestine […] à un mandataire. Le mandataire sera responsable de mettre en œuvre la déclaration [Balfour] du gouvernement britannique, adoptée par les autres puissances alliées, en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif […] » FRONTIÈRES PRÉVISIONNELLES DU MANDAT POUR LA PALESTINE D'APRÈS LA RÉSOLUTION DE SAN REMO (25 AVRIL 1920). LIBAN SYRIE (Mandat rançais) NÉE La souveraineté du peuple juif sur la Palestine repose sur la conjonction de trois paragraphes énoncés dans le préambule de la charte du mandat : la déclaration Balfour (établissement d’un foyer national juif), l’article 22 du pacte de la SDN (principe d’autodétermination) et la reconnaissance des « liens historiques du peuple juif avec la Palestine » (7). Jour dain RRA Les fondements M ÉD ITE Les dispositions du mandat pour la Palestine sont confirmées le 24 juillet 1922 par le conseil de la SDN. Son approbation par les 51 États membres de l’organisation internationale à cette date, rejoints par les États-Unis (6) et les nations nouvellement adhérentes, lui confère la force d’un acte de droit international contraignant. Il entre en vigueur le 29 septembre 1923. (Mandat britannique) Mer Morte (Mandat britannique) 120466 km2 ARABIE Les objectifs © Sydney Hazan MANDAT pour la PALESTINE ÉGYPTE LA CHARTE DU MANDAT POUR LA PALESTINE IRAK (Mandat français) 100 km Si la délimitation des frontières est finalement reportée à des négociations ultérieures (voir deuxième volet), l’on ne saurait mésestimer le caractère fondateur de la résolution de San Remo, qui supplante du reste tous les accords antérieurs (Sykes-Picot, Fayçal-Weizmann, etc.). Ses décisions allaient être incorporées dans le traité de Sèvres du 10 août 1920 (non ratifié) et dans la charte du mandat (cf. infra). Ainsi, elle marque, selon le professeur Cynthia D. Wallace, « la fin de la plus longue période de colonisation de l’histoire, remontant à près de 1800 ans » (5). D'après Eli E. Hertz, 2005. La raison d’être du mandat réside dans la reconstitution d’un État juif dans toutes les parties de la Palestine (Jérusalem et les futurs « territoires disputés » ne faisant pas exception) en faveur des Juifs qui y Aux origines du droit d'Israël ADA MA 11 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 résident, mais aussi de tous ceux qui sont dispersés dans le monde, encouragés à s’y installer (8). À l’instar de la déclaration Balfour et de la résolution de San Remo, le texte assure la sauvegarde des « droits civils et religieux » des autres communautés existantes. Les moyens Les articles 2 et 3 de la charte exigent du mandataire qu’il réunisse les conditions de la viabilité du futur État (infrastructures, institutions, autonomies locales…) : Tandis que l’hébreu est inscrit parmi les langues officielles (article 22) et que les représentants sionistes sont invités à « coopérer » avec la puissance mandataire « dans toutes questions économiques, sociales et autres, susceptibles d'affecter l'établissement du foyer national juif et les intérêts de la population juive en Palestine » (article 4), l’article 11 fournit d’autres axes de développement du pays (régime agraire, contrôle des ressources naturelles, travaux et services d'utilité publique). Les clauses générales «Le mandataire assumera la responsabilité d'instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l'établissement du foyer national pour le peuple juif, comme il est prévu au préambule, et à assurer également le développement d'institutions de libre gouvernement [...] Le mandataire favorisera les autonomies locales dans toute la mesure où les circonstances s'y prêteront.» L’article 6 lui prescrit pour sa part de faciliter l’immigration des Juifs, éligibles à la nationalité palestinienne élaborée ad hoc (article 7), et leur installation sur la totalité du territoire : «[...] l'administration de la Palestine facilitera l'immigration juive dans des conditions convenables et de concert avec l'organisme juif mentionné à l'article 4 [l’Organisation sioniste, puis l’Agence juive] ; elle encouragera l'établissement intensif des Juifs sur les terres du pays, y compris les domaines de l'État et les terres incultes inutilisées pour les services publics.» La charte précise par ailleurs les pouvoirs et responsabilités du mandataire: autorité législative et administrative dans les limites imposées par le mandat (article 1), instauration d’un système judiciaire (article 9), respect du « statut personnel » et des « intérêts d’ordre religieux » (article 9), libre accès aux lieux saints (article 13), liberté de conscience et de culte (article 15), maintien de l’ordre et de la paix (article 17), régulation des recherches archéologiques et des antiquités (article 21). Celui-ci est tenu d’adresser un rapport annuel au conseil de la SDN, assistée par une commission permanente des mandats (article 24). Enfin, l’article 5 préserve la Palestine (donc le futur État juif) « contre toute per te ou prise à bail de tout ou partie du territoire et contre l’établissement de tout contrôle d’une puissance étrangère ». En vertu du pacte de la SDN, de la résolution de San Remo (officialisant la déclaration Balfour) et de la charte du mandat pour la Palestine (qui en élargissait la portée en introduisant le concept de « reconstitution » du foyer national juif), le peuple juif a été pleinement investi du titre de souveraineté sur toute sa terre historique, incluant les futurs « territoires disputés » de Judée, Samarie et Gaza, ainsi que la Transjordanie au sud du Yarmouk. C'est à cette unique fin qu'a été créée la Palestine en tant que pays sous tutelle. Ajournée lors de la conférence de San Remo, la fixation de ses frontières allait être prétexte à des reniements attentatoires à l'intégrité Aux origines du droit d'Israël ADAMA N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 12 territoriale du foyer national juif, aggravés par la gestion cynique de la puissance mandataire (voir deuxième volet). Il n'en demeure pas moins que les droits permanents produits au début des années 20 ont jeté les bases juridiques de l'État d'Israël à venir. ■ NOTES (1) La province romaine de Judée a été rebaptisée SyriaPalaestina (d'après un « peuple de la mer » disparu, les Philistins, dont le nom signifie « envahisseurs ») par l'empereur Hadrien, après qu'il eut écrasé la révolte de Bar Kokhba, en 135 de l'ère commune. Dans le même dessein de « déjudaïser » le pays des Juifs, Jérusalem a été renommée, avec moins de succès, Ælia Capitolina. (2) Cette formule biblique récurrente (ex: Juges, 20 : 1) ne doit pas être interprétée de manière littérale : elle fait référence à la terre d'Israël dans sa plus large acception historique, à savoir les territoires sur lesquels se sont établis les douze tribus israélites et leurs descendants aux époques du Premier et du Second Temple. (3) Les États-Unis, puissance associée à l’Entente, sont représentés par l’ambassadeur américain à Rome, Robert Underwood Johnson, dépêché par Wilson en qualité d’observateur. (4) Le droit à l’autodétermination des Arabes est en effet largement satisfait par le biais des mandats de SyrieLiban (confié à la France) et de Mésopotamie (confié à la Grande-Bretagne), sans oublier le royaume immédiatement autonome du Hedjaz (dans la péninsule Arabique) et l'Égypte, qui obtient son indépendance en 1922. Un favoritisme qui contraste singulièrement avec le cas des Kurdes et des Arméniens (récentes victimes du génocide de 1915), laissés-pour-compte de la politique globale d’après-guerre. (5) Foundations of the International Legal Rights of the Jewish People and the State of Israel, Creation House, 2012, p. 10. (6) Résolution Lodge-Fish du 30 juin 1922 « favorisant l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif » et convention anglo-américaine du 3 décembre 1924, ratifiée par le Sénat et proclamée par le président Coolidge le 5 décembre 1925. (7) Dorénavant, le titre de souveraineté du peuple juif sur la Palestine ne pourrait plus être révoqué, ni par la SDN ni par les Nations unies qui lui ont succédé, à moins que le peuple juif ne choisît lui-même de renoncer à son droit. (8) Les nationalistes arabes ont allégué que la charte du mandat contrevenait à l’article 22 du pacte de la SDN, attendu que la population arabe de Palestine excédait alors largement le nombre de ses habitants juifs. Or, le mandat pour la Palestine, exceptionnel en ce sens, visait à réparer l’immense injustice infligée au peuple juif, et non à appliquer un principe d’autodétermination « numérique ». Cette assertion, destinée à dépouiller les Juifs de leurs droits, était d’autant plus irrecevable que les Arabes leur contestaient ainsi ce dont ils avaient eux-mêmes bénéficié en Syrie et en Mésopotamie. Isr aël EMAIN ’HUI ET D AUJOURD DÉCOUVERTE D'ISRAËL : ai r très a pprécié par le s fa milles, marcheurs et cyclistes de tous âges. DES SITES REMARQUABLES Le puits du faux poivrier : le parc Golda abrite un puits jadis utilisé par les Bédouins du village de Bir Asluj. Pendant l’époque mandataire, l’armée de Sa Gracieuse Majesté a jeté son dévolu sur ce point d’eau, denrée rare dans la région. Carrelé de briques de béton, le dispositif est recouvert d’une toiture de bois à DR LE NÉGUEV D édié à la mémoire du quatrième Premier ministre d’Israël, le parc Golda s’inscrit dans la « chaîne » des espaces verts édifiés par le KKL en hommage aux chefs de gouvernement qui ont marqué l’histoire de l’État juif (David Ben Gourion, Levi Eshkol, Menahem Begin, Yitzhak Rabin). Sa localisation ne tient pas du hasard : la propre fille de Golda Meir faisait en effet partie des fondateurs du kibboutz Revivim sis à proximité (cf. infra), et la cosignataire de la déclaration d’indépendance, fervente partisane du peuplement du Néguev, ne manquait jamais une occasion d’y séjourner. Comment s'y rendre ? - Depuis Beersheva, allez jusqu'au carrefour Mashabim (route 40), puis tournez à droite vers la route 222. Le parc se trouve à environ 1 km au nord, sur votre droite. - Depuis Ashkélon et Yad Mordekhaï, empruntez la route 34, puis passez les carrefours Saad, Gevim, Reim. À partir du carrefour Gevulot, prenez la route 222 et suivez les indications. Entrée libre toute l’année. Plus d'informations : www.kkl.org.il (en hébreu et anglais) Le parc Golda, DR nahal Campé sur les rives du tend s’é lda Revivim, le parc Go s am un do sur quelque 550 a et (55 ha), entre Beershev KKL le r pa é nd Fo r. Sdé Boke ne carrière sur les décombres d’u le paysage, désaffectée qui gâtait i un ’hu il constitue aujourd f ati cré ré magnifique pôle ts de an bit ha les r fréquenté pa -delà. au n bie et – n gio toute la ré à Ce faisant, il contribue istique ur to é vit cti l’a ser mi dyna Grand du e et, partant, l’économi e. idé gu e Sud israélien.Visit UN ÎLOT DE VERDURE Cerné de collines arides, le parc Golda s’articule autour d’un lac alimenté par la remontée de la nappe phréatique lors des brefs épisodes pluvieux hivernaux, mais aussi par les eaux en provenance de Neve Midbar. Il est traversé par la rivière saisonnière ( nahal) Revivim. Pour le plus grand bonheur du public, il dispose de vastes pelouses, d’aires de pique-nique, d’aires de jeux dotées d’un revêtement sécurisé pour les enfants, de balançoires, de manèges et de toboggans, d’équipements spor tifs, dont une piste de VTT, d’un point de vue panoramique et d’attractions naturelles et historiques (cf. infra). Un concentré de loisirs de plein Le parc Golda, l’oasis du Néguev ADAMA N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 14 armatures métalliques. À côté du moteur de la pompe se trouve le générateur qui fournissait de l’électricité à la base militaire britannique. À l’issue de la guerre d’Indépendance, des travaux d’amélioration ont permis au kibboutz Mashabé Sadé de bénéficier de cette providentielle source d’irrigation. Un faux poivrier répand son ombre salutaire sur la dalle. Arbre à feuilles persistantes de la famille des sumacs, il tient son nom de la ressemblance de ses fruits avec les baies du poivrier. Le point de vue panoramique de Tali : aménagé sur la rive septentrionale du nahal Revivim, celui-ci offre une vue imprenable sur les reliefs environnants. Il rend hommage à Tali Kestenbaum, responsable du développement du Néguev au tournant des années 90. Le magazine du KKL Le nahal Revivim : d’une longueur de 46 km, le wadi s’étire du lac de Yeruham au parc Golda. À la saison humide, ses berges se couvrent de colchiques, tandis que les oiseaux aquatiques (foulques, plongeons, colverts) y élisent domicile. Selon la légende, Agar y aurait fait halte après avoir été renvoyée par Abraham, sur les ordres de Sarah. Ses réserves d’eau épuisées, la servante aurait déposé son fils Ismaël dans le lit de la rivière. Le garçon assoiffé aurait alors frappé d’un coup de pied le sol, d’où l’eau aurait jailli. C’est la raison pour laquelle les Bédouins ont donné au nahal Revivim le nom d’Asiuj (« petit enfant »). En dépit de © Amonon Gutman www.kkl.fr découvrira Mitzpé Revivim, l’un des trois avant-postes érigés par le KKL en 1943 dans l’optique d’une implantation juive Assiégé pendant la guerre d’Indépendance, il a en effet été secouru au cours de l’opération Horev, fin décembre 1948, au terme de rudes combats où se sont illustrés, entre autres, les volontaires du commando français.Trente-quatre soldats des forces israéliennes ont perdu la vie dans les batailles qui les ont opposés, dans le secteur, à l’armée égyptienne, sans oublier les trois pionniers assassinés dans une embuscade en décembre 1947. Si vous souhaitez agrémenter votre excursion au parc Golda d’escales supplémentaires, sachez que le nord du Néguev fourmille de curiosités : l’oasis Néguev son caractère sismique (on compte un tremblement de terre d’une magnitude de 6 ou 7 sur l’échelle de Richter tous les 50 ans environ), sa position stratégique n’a pas échappé aux Turcs, qui y ont construit une station de chemin de fer sur la ligne reliant Beersheva au Sinaï, ni aux Britanniques, qui y ont établi un centre logistique militaire sur la route de Suez. Mitzpé Revivim : sur une colline crayeuse non loin du kibboutz, le visiteur d’envergure dans le Néguev. Pourvues d’un mur d’enceinte et de positions défensives, ces stations expérimentales, vouées à l'étude des conditions climatiques et du potentiel agricole en milieu désertique, étaient gérées par une poignée de résidents. Le poste de Revivim, transformé depuis en musée, comporte plusieurs bâtiments restaurés, une citerne de l’époque byzantine, des bassins de stockage des eaux de pluie et un avion témoignant de son destin mouvementé. © Amonon Gutman © Amonon Gutman du la forêt de Beeri, les mémoriaux de la guerre d’Indépendance (dont celui du commando français déjà mentionné), Sdé Boker, Yad Mordekhaï, Beth Eshel, Nir Am, Nitzana, les parcs Eshkol et Yeruham, les routes panoramiques de Besor et Lavan, etc. ■ Bonne v is i t e ! Le parc Golda, l’oasis du Néguev ADAMA 15 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 Les grands noms de la culture israélienne Eli Amir Chroniqueur Auteur de bestsellers, l’écrivain israélien Eli Amir a contribué à diffuser auprès de ses concitoyens le récit de l’exode de l’immémoriale communauté juive d’Irak, liquidée en quelques mois au début des années 50. Fin connaisseur des problématiques d’intégration des immigrants mizrahim, ce retraité de la fonction publique, engagé à gauche, milite également pour une meilleure compréhension mutuelle entre Juifs et Arabes. E li Amir naît à Bagdad le 26 septembre 1937, sous le nom de Fuad Elias Khalaschi. À l’instar de ses 120 000 coreligionnaires contraints de fuir l’Irak, il rejoint le jeune État d’Israël en compagnie de sa famille en 1950. Au même titre que la plupart des olim orientaux, celle-ci est hébergée, pendant de longues années, dans des logements de fortune, d’abord dans la maabara (camp de transit) de Pardes Hanna, puis à Gedera. Elle se voit enfin attribuer un appartement exigu dans le quartier de Katamon, à Jérusalem. Entre-temps, le jeune Eli est envoyé au kibboutz Mishmar Haemek afin d’y recevoir une éducation israélienne. Il allait entreprendre plus tard un cursus en littérature et histoire du Moyen-Orient à l’Université hébraïque. Une implication sociale Après ses études, il trouve un emploi de coursier au bureau du Premier ministre. Au terme d’une ascension fulgurante, il exerce la fonction de conseiller aux affaires arabes du chef du gouvernement de 1964 à 1968. Très au fait des difficultés rencontrées par les olim, il occupe par la suite un poste élevé au ministère de l’Intégration. En 1984, il est nommé directeur général du département de l’alya des jeunes de l’Agence juive. Sur la scène politique, il plaide en faveur de la justice sociale et participe également aux initiatives du Fonds Abraham pour la coexistence et l’égalité entre Israéliens juifs et arabes. Retiré du service public en 2004, il poursuit ses activités littéraires, donne des conférences (y compris en Égypte, en 2007) Eli Amir (né en 1937) ADAMA N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 16 DR d’un drame oublié et prend part à des émissions radiophoniques et télévisées. Il y promeut notamment la culture orientale et l’ouverture au monde arabe. De Bagdad à Jérusalem Fort bien accueillis par le public, ses romans d’inspiration autobiographique lui valent une notoriété nationale, à commencer par la trilogie composée de Tarnegol kaparot, Mafriah hayonim et Yasmin. Certains de ses livres sont adaptés au théâtre, à la télévision, voire au cinéma, comme en atteste Farewell Bagdad, réalisé par Nissim Dayan en 2013. Inclus dans le programme scolaire du secondaire, Tarnegol kaparot a même acquis la stature d’un classique de la littérature israélienne. Héraut de la tragédie des Juifs irakiens, Eli Amir a reçu de très nombreuses distinctions au cours de sa carrière, dont le prix du jubilé de l'alya des jeunes (1983), le prix de littérature juive (Mexique, 1985), le Ahi Award (1994), le prix du jubilé Am Oved (1994), le prix Yigal Allon pour services remarquables à la société (1997), le prix de l'Association des éditeurs (1998) et le prix du Premier ministre (2002). Il a par ailleurs été distingué du titre de docteur honoris causa de l’Institut Weizmann, de l’université Ben-Gourion et de l’université de Tel-Aviv. En 2005, il est classé à la 163e place au palmarès des 200 plus grands Israéliens de tous les temps selon un sondage publié sur le site Internet Ynet. ■ www.kkl.fr Le magazine du KKL Extrait de Mafriah hayonim : « À quelques pas de l'avion dont descendaient les passagers, les gens s'agenouillaient, se prosternaient à même l'asphalte, embrassaient le sol, sans se soucier de tacher leurs vêtements neufs. Ils levaient les yeux, rendant grâce à Celui qui habite les cieux de les avoir ramenés en Terre sainte après un exil de deux mille ans. […] Ici, sur la terre bien-aimée de nos patriarches, ainsi que le chantent les mouvements de jeunesse, tous les espoirs se réaliseront. » : ohBUHV jhrPN RhMe, ,uSjT ,UGhXp EujhRc " UGrf Ieur,NV xuyNV iN KG UJy,AV wlrc OST-Hbc wVK UEAB wvdhNMV YkpxTV ,PMR wohaSjV OVHSdc ,T UNH,FV UkNkHNU VNHHNAV OVBHG UTAB oHNURNc IfUAk VHSUV HRcS VAuSEV .RtV kT O,UT rhZjVa […] VBA OHHPkT kA ,UKd hRjT w,UCT ,SNj .RTc VP OHRA OHrHGMVA RhAV HRcSF "/,UUe,V KF VbNAD,, wVGUb,C Contours d'une œuvre L es écrits d’Eli Amir décrivent essentiellement les épreuves traversées par les Juifs d’Irak, brutalement exilés d’une terre où ils avaient pris racine quelque 2500 ans auparavant. Avec nostalgie mais sans amertume, Mafriah hayonim (1992) dépeint l’univers haut en couleur de la communauté bagdadie, menacée par le spectre d’un second Farhoud *. Tarnegol kaparot (1983) met pour sa part en lumière la délicate adaptation des immigrants mizrahim à une culture dominée par un establishment ashkénaze volontiers condescendant, sur fond de déclassement social. Plus récemment, Yasmin (2005) conte l’improbable histoire d’amour entre un Juif originaire d’Irak et une Arabe chrétienne, dans le sillage de la guerre des Six Jours. Citons aussi Ahavat Shaul (1998), idylle entre un Hiérosolymitain séfarade et une rescapée de la Shoah, la nouvelle Pgisha Iveret (2000) et la dernière parution de l’auteur, Ma shenishar (2011). Traduits en plusieurs langues, les romans d’Eli Amir constituent de précieux témoignages d’une expérience trop rarement évoquée dans la sphère littéraire. C’est sans doute là l’une des raisons de leur succès. * Émeute antijuive sanglante qui s'est déroulée à Bagdad les 1er et 2 juin 1941. Eli Amir (né en 1937) ADAMA 17 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 Chemini Atseret UNE FÊTE DE TRANSITION Célébrée le 22 Tichri, Chemini Atseret est à la fois étroitement associée à Soukkot et rituellement indépendante des fêtes qui la précèdent. Relativement méconnue des Juifs peu pratiquants, elle revêt une importance notable en ce qu'elle inaugure la saison bienfaisante des pluies en Eretz Israël. DR Dans la littérature rabbinique, la majorité de nos sages se sont efforcés de singulariser Chemini Atseret de Soukkot, lui conférant, ce faisant, une dignité comparable. Cette «fête en elle-même» (« regel bifné atzmo », Taanit 20b-31a) se distinguait en effet par sa dénomination spécifique et par le sacrifice unique offert au Temple à cette occasion. Les sources Fête prescrite dans la Bible, Chemini Atseret, ou « assemblée du huitième jour », est mentionnée à deux reprises dans la Torah, dans le prolongement des commandements de Soukkot : « Sept jours durant, vous offrirez des sacrifices à l'Éternel. Le huitième jour, vous aurez encore une convocation sainte et vous offrirez un sacrifice à l'Éternel : c'est une fête de clôture, vous n'y ferez aucune œuvre servile.» Lévitique, 23: 36 « Le huitième jour aura lieu pour vous une fête de clôture ; vous ne ferez aucune œuvre servile.» Nombres, 29: 35 Elle est également évoquée dans les Hagiographes : « Et jour par jour, du premier jour [de la fête] jusqu'au dernier, on lut dans le livre de la loi de Dieu. Ils célébrèrent ainsi la fête durant sept jours, et le huitième jour, ce fut une solennité de clôture, conformément à la règle. » Néhémie, 8 : 18 « Le huitième jour, on fit une fête de clôture. En effet, on avait procédé à la dédicace de l’autel pendant sept jours et célébré la fête [de Soukkot] pendant sept jours.» II Chroniques, 7: 9 Mitsvot et liturgie N °71 L ors de l'office de moussaf de Chemini Atseret, la prière pour la pluie, Tefilat hagechem, est solennellement récitée devant l'Arche ouverte. Il est d'usage, dans les synagogues ashkénazes, que l'officiant porte le kittel des Jours redoutables, signifiant ainsi que les précipitations de l'année à venir – fondamentales dans une société agricole – dépendent, elles aussi, du jugement divin. Les fidèles implorent l'Éternel de faire « revenir le vent et descendre la pluie » (« machiv harouah oumorid hagachem »), formule répétée quotidiennement dans la Amida jusqu'au premier jour de Pessah, marquant la fin de la période humide en terre d'Israël. Bien qu'elle partage des caractéristiques communes avec Soukkot, Chemini Atseret s'en différencie aujourd'hui par plusieurs aspects : - Le commandement du loulav n'est plus en vigueur ; - On ne récite plus la bénédiction de la soukka ; - On y lit des passages particuliers de la Torah, ainsi que l'Ecclésiaste (s'il n'y a pas eu de chabbat pendant hol hamoed); - La liturgie inclut la récitation du Yizkor et de la prière pour la pluie ( lire encadré). ✔ 1er Tichri 5775/25 septembre 2014 : 1er jour de Roch Hachana Ajoutons que le kiddouch de Chemini Atseret est suivi de la bénédiction chehéhéyanou, réservée au premier jour d'une fête. ✔ 15 Tichri 5775/9 octobre 2014 : 1er jour de Soukkot Enfin, il convient de noter que les pratiques varient selon que l'on se trouve en Eretz Israël ou en diaspora. Dans le premier cas, Chemini Atseret est confondue avec Simhat Torah. Dans le deuxième, les célébrations durent deux jours (sauf dans les communautés réformées). ■ Chemini Atseret ADAMA LA PRIÈRE POUR LA PLUIE - T I C H R I 5775 / 2014 18 Calendrier des fêtes et commémorations ✔ 2 Tichri 5775/26 septembre 2014 : 2e jour de Roch Hachana ✔ 3 Tichri 5775/27 septembre 2014 : Chabbat chouva (Haazinou) ✔ 10 Tichri 5775/4 octobre 2014 : Yom Kippour ✔ 16 Tichri 5775/10 octobre 2014 : 2e jour de Soukkot ✔ 21 Tichri 5775/15 octobre 2014 : Hochaana Rabba ✔ 22 Tichri 5775/16 octobre 2014 : Chemini Atseret ✔ 23 Tichri 5775/17 octobre 2014 : Simhat Torah www.kkl.fr Le magazine du KKL Opération « Bordure protectrice » LE KKL, GARDIEN D’ISRAËL À l'occasion du dernier épisode de la guerre qui oppose, depuis près d'une décennie, Israël aux terroristes gazaouis, le KKL s'est mobilisé sans relâche aux côtés de citoyens admirables de dignité, de persévérance et de courage. Excursions et séjours de répit, animations pour les enfants reclus dans les abris et dispositifs de protection mobiles sont alors venus compléter les réalisations de long terme de l'institution sioniste, à la plus grande satisfaction de populations visées quotidiennement par les bombardements islamistes. Témoignages... « Nous apprécions depuis longtemps les activités du KKL, mais en ces temps particulièrement difficiles et effrayants, elles sont vraiment très importantes pour nous. Rien ne vaut le KKL ! » Ron Haïm, 14 ans, habitant du mochav Yoshivya « Le sud d'Israël est toujours dans nos cœurs et dans nos âmes. Sans le Néguev, Tel-Aviv ne pourrait pas exister. Nous continuerons d'aider les résidents du sud, parce que c'est là que se réalise le nouveau sionisme. » Efi Stenzler, président mondial du KKL P artenaire de Tsahal, le KKL est un acteur incontournable de la défense civile en situation de conflit. Ce faisant, il figurait au rang des protagonistes de l'opération « Bordure protectrice » («Tsouk eitan »), vouée à protéger les Israéliens contre les agressions mortifères du Hamas et du Djihad islamique. Son action s'est notamment déployée dans les localités méridionales, les plus exposées au stress des sirènes et au feu dévastateur d'un ennemi génocidaire. AU SECOURS DES RÉSIDENTS DU SUD Investi depuis de nombreuses années dans la valorisation du Néguev de l'Ouest (infrastructures, développement agricole, accroissement des ressources en eau...), le KKL a ainsi manifesté ainsi une attention toute particulière envers les habitants de la région frontalière de la bande de Gaza, défenseurs de l'intégrité territoriale d'Israël et continuateurs de l'épopée sioniste. Dès les premiers jours de la contreoffensive militaire, le président mondial du KKL, Efi Stenzler, et son coprésident, Eli Aflalo, se sont rendus auprès des principales victimes de la haine antijuive et de leurs représentants (chefs des conseils régionaux locaux, maire d'Ashkelon...), afin de leur exprimer leur solidarité sans faille et de répondre efficacement à leurs besoins les plus impérieux. MESURES D'URGENCE Au cours des attaques précédentes, le KKL s'était déjà distingué par son dévouement en faveur de la sécurité des villes et villages des environs de la bande de Gaza, comme l'ont montré ses séjours de répit dans ses centres éducatifs, la construction de routes de sécurité, les structures protégées dans les parcs et les aires de jeux ou encore la campagne « Planter contre le terrorisme » (édification d'une « barrière » d'arbres autour des mochavim et kibboutzim limitrophes du territoire contrôlé par le Hamas, destinée à contrer les tirs directs), lancée en novembre 2012 à la demande de l'armée. Face à la situation dramatique qu'a connu le Sud israélien depuis le mois de juillet, l'institution sioniste a de nouveau mis en œuvre plusieurs mesures d'urgence : n Séjours de récupération pour les enfants, sujets à un degré d'anxiété intolérable, et leur famille. Les hôtes du KKL ont notamment été reçus dans son centre forestier de Nes Harim, dans la région de Jérusalem, où des activités récréatives leur étaient réservées. n Organisation d'excursions sécurisées pour les jeunes cloîtrés dans les abris. n Animations pédagogiques et ludiques pour les enfants au sein même des abris : 140 activités pour toutes les classes d'âge ont été proposées, pendant tout l'été, par 114 éducateurs du KKL. n Installation d'abris mobiles dans les zones dépourvues de dispositifs de sécurité (espaces verts, lieux fréquentés par le public, abords des routes...). n Construction et réfection de routes de sécurité empruntées par les patrouilles et les agriculteurs des environs. Grâce à votre générosité, le KKL a pu apporter un soutien effectif, à la fois matériel et moral, aux civils israéliens les plus ciblés par la violence terroriste. Il a ainsi permis de limiter l'impact traumatique de cette période funeste. Soyez chaleureusement remerciés pour votre aide, accueillie avec reconnaissance et soulagement par les communautés concernées. ■ ADAMA 19 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 INTERVIEW Daniel Benlolo, ancien député à la Knesset et délégué du KKL pour le sud de la France Après une brillante carrière professionnelle et politique qui l'a conduit sur les bancs de la Knesset, Daniel Benlolo vient de prendre en main la délégation du KKL pour le sud de la France. Rencontre avec le nouveau délégué, installé depuis peu à Marseille. DANIEL BENLOLO « JE SOUHAITE METTRE MON EXPÉRIENCE AU SERVICE DE LA COMMUNAUTÉ » Ce fut mon premier contact avec la ville ! Après le lycée, j’ai intégré les rangs de Tsahal, où j’ai servi pendant sept ans dans l’armée de l’air, en tant qu’aiguilleur du ciel. Par la suite, j’ai travaillé dans une compagnie aéronautique, puis j’ai été nommé responsable des services postaux pour toute la région sud, qui emploie près de 1500 agents. De 1994 à 1999, j’ai été membre du conseil municipal d’Ashdod. À cette fonction, j’étais en charge de plusieurs dossiers, dont ceux de la rénovation des quartiers et du personnel de la mairie. En 2002, j’ai été élu député du Likoud à la 16e Knesset, dont j’ai présidé la commission. J’ai aussi été vice-président de la commission économique. À l’issue de mon mandat, j’ai exercé dans l’immobilier. Adama : Quel est votre parcours ? Daniel Benlolo : Je suis né à Casablanca en 1958. À l’âge de 12 ans, j’ai fait mon alya en compagnie de mon frère. Avant d’arriver en Israël, nous avons passé une semaine au camp de transit du grand Arénas de Marseille. ÉCHAPPÉE D. B. : Le président de l’exécutif du KKL de France, Robert Zbili, m’a proposé le poste de délégué du KKL pour la région Paca. PICARDE D. B. : Pour l’heure, je suis en train de faire connaissance avec la communauté juive de la région. Je souhaite mettre mon expérience et mes compétences au service de celles et ceux qui veulent soutenir concrètement l’État d’Israël. Ma porte leur est grande ouverte ! Nous les tiendrons bien sûr informés des nombreux projets que nous allons mettre en œuvre, notamment par le biais de programmes radiophoniques. ■ KKL Marseille-Paca : 2 bis rue Fargès Tél. : 04 91 53 39 74 E-mail : [email protected] UN BOSQUET POUR fin de célébrer comme il se doit le retour de l'été, les randonneurs du KKL ont pris part, le dimanche 22 juin, à une sortie en baie de Somme, animée par Martine et Daniel Cohen. Parmi la trentaine de personnes qui se sont jointes à cette promenade ensoleillée, on comptait un fort contingent de participants à la Marche pour l'eau, ravis de renouer avec la convivialité et la bonne humeur des excursions organisées sous les auspices du KKL de France. Ce dernier était représenté par Frédéric Nordmann, son président d'honneur et porte-parole. Outre la découverte de la réserve écologique littorale, peuplée d'oiseaux aquatiques et de chevaux Henson évoluant en liberté, le groupe a pu profiter d'une balade à bord d'un train à vapeur touristique, de Noyelles-sur-Mer au Crotoy. Une ambiance Far West qui a apporté une touche pittoresque à cette journée sportive, amicale et riche en émotions. Vivement dimanche prochain ! ■ RACHI L’ antenne troyenne du KKL récolte actuellement des fonds destinés à la plantation d’un bosquet en Israël dédié à Rachi de Troyes. Si vous souhaitez vous associer à ce projet, adressez vos dons, à l’ordre du KKL de France, à William Gozlan, 42 rue Paul-Cézanne, 10800 Saint-Julien-les-Villas. ■ Plus d’informations : kkl-france-troyes.com ET VOUS, QUE FAITES-VOUS LE DIMANCHE? ndos Rejoignez les ra du KKL ! Au programme : une marche hebdomadaire en Île-de-France, des sorties conviviales et des weekends de plein air partout en France. Préparation idéale à la Marche pour l'eau annuelle en Israël, les randonnées du KKL de France ont lieu tous les dimanches (sauf fêtes juives). Pour plus d'informations, contactez Daniel à l'adresse suivante : [email protected] Renseignements auprès de Daniel : kklrandos @gmail.com Les brèves du KKL N °71 Adama : Quelles sont vos missions ? Adama : Pourquoi avoir choisi de vous consacrer au KKL ? A ADAMA J’ai accepté ce défi, car le KKL joue un rôle essentiel, à travers ses parcs, ses forêts et ses multiples réalisations aux quatre coins du pays, dans la mise en valeur et l’embellissement de la terre d’Israël. - T I C H R I 5775 / 2014 20 Le magazine du KKL LA PLUS BELLE COLLECTION D’ARBRES RIRES D’ENFANTS DES CONTRE LES ROCKETS DU HAMAS D’ISRAËL E n l’honneur du 80e anniversaire de sa mère Catalina Klein, le philanthrope chilien Leonardo Farkas a offert aux enfants du kibboutz Sufa, sis à quelques kilomètres de la bande de Gaza, une magnifique aire de jeux. Réalisée par le KKL en partenariat avec le mouvement Or, celle-ci arrive à point nommé pour satisfaire les besoins grandissants d’une localité en pleine croissance, en dépit de la menace islamiste. La cérémonie d’inauguration a réuni, le 7 mai, la famille du généreux donateur et les membres du kibboutz, à commencer par les jeunes bénéficiaires de ce nouvel équipement, qui n’ont pas manqué de prendre d’assaut le château gonflable et de s'emparer des douceurs disposées sur les tables attenantes. « Nous connaissons, depuis des années, une situation extrêmement tendue, a rappelé Haïm Jelin, représentant le conseil régional d’Eshkol. Ce qui nous touche le plus est de savoir que des personnes s’inquiètent du sort de nos enfants.» Convaincu que leur joie constitue la meilleure réponse au terrorisme, Leonardo Farkas a annoncé qu’il financerait également la construction d’un abri antimissile au sein même de l’aire de jeux, pour que les petits puissent s’y ébattre en toute sécurité. ■ A près une rénovation savamment orchestrée par le KKL, l’arboretum national d’Ilanot, situé non loin de Netanya, a été « réinauguré » le 1er mai dernier pour la plus grande joie des amoureux de la nature. Fondé en 1950 par le jeune État d’Israël, ce laboratoire d’étude des essences les plus adaptées au climat local avait été fermé par le ministère de l’Agriculture en 1986, avant d’être confié à l’institution sioniste voici une quinzaine d’années. À la faveur de ses compétences centenaires, cette dernière a transformé le jardin botanique laissé à l’abandon en un centre éducatif doté des dernières technologies et accessible aux handicapés moteurs et sensoriels. Désormais ouvert au grand public, il abrite, sur 130 dounams (13 ha), quelque 300 espèces d’arbres en provenance de 25 pays, dont d'exceptionnelles variétés d’eucalyptus. Des allées, des bancs, des jeux et animations pour les enfants, ainsi que des médias interactifs participent à l’accueil, au confort et à l’information des visiteurs de tous âges. Support de programmes de volontariat autour de l’environnement, l’arboretum œuvre aussi à la réinsertion professionnelle de personnes victimes d’addictions. « Notre prochain objectif consistera à planter des fleurs qui parviendront à maturité à différentes saisons de l’année », a précisé Efi Stenzler, président mondial du KKL, lors de la cérémonie. Nul doute que le site deviendra une attraction phare de la région ! ■ UN TRAIT D'UNION ENTRE LES COMMUNAUTÉS F ruit de la coopération entre le KKL, le conseil régional de Maté Yehuda et la municipalité de Ein Rafa, la piste cyclable panoramique du nahal Kisalon vient de voir le jour à proximité du village arabe. Malgré des difficultés techniques inhérentes à son profil topographique, elle s'étend sur 12 km, alternant sections de niveaux intermédiaire et avancé. « Il s'agit du premier projet de cette nature réalisé via un partenariat avec la communauté arabe », s'est félicité Efi Stenzler, président mondial du KKL, à l'occasion de la cérémonie d'inauguration. D'ores et déjà empruntée par les milliers de cyclistes qui sillonnent la forêt des Martyrs chaque fin de semaine, cette voie favorisera sans aucun doute la prise de conscience environnementale de ses usagers, mais aussi la rencontre et la compréhension mutuelle entre des populations de cultures différentes. ■ Les brèves du KKL ADAMA 21 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 UN HAUT LIEU DE ISRAËL, LEADER MONDIAL DU COMBAT CONTRE LA L'HISTOIRE SIONISTE DÉSERTIFICATION RESTAURÉ S itué dans le parc du nahal Beersheva, Beth Eshel est l'un des trois avant-postes fondés par le KKL en 1943, dans le but d'évaluer les possibilités d'exploitation agricole des terres arides du Néguev. Pendant la guerre d'Indépendance, sa position frontalière lui a valu d'être au cœur des combats entre les forces égyptiennes et la jeune armée israélienne. Grâce à la générosité d'un couple de Canadiens, Fran et Edward Sonshine, enfants de rescapés de la Shoah, le site a pu faire l'objet d'une réhabilitation complète, menée par le KKL. La cérémonie d'inauguration a eu lieu le 16 juin, en présence d'Efi Stenzler, président mondial de l’institution sioniste, qui a salué ces « personnes merveilleuses qui font fleurir le désert, dans le sillage d'Abraham ». Deux vétérans, Meira et Menahem Freeman, âgés de 16 et 17 ans en 1948, ont organisé une visite commentée des lieux en l’honneur de leurs hôtes nord-américains, partenaires de la transmission de l’histoire pionnière aux jeunes générations. « En ces jours difficiles, ce que nous faisons ici aujourd’hui démontre à nos ennemis que l’État d’Israël est nôtre et qu’il appartiendra au peuple juif pour toujours », a indiqué, pour sa part, le maire de Beersheva, Ruvik Danilovich, dans son allocution de bienvenue. Notez que la restauration des bâtiments d'origine sera bientôt accompagnée par des aménagements paysagers, des aires de jeux, des voies de communication et des emplacements de parking. ■ LES AS DU E n 1994, l’assemblée générale des Nations unies a institué la Journée mondiale du combat contre la désertification et la sécheresse, marquée chaque 17 juin depuis lors. Dans l'optique de la préparation de l’édition 2014 de l’événement, la secrétaire exécutive de l’ONU pour le combat contre la désertification, Monique Barbut, a effectué une visite d’étude dans le Néguev à l’invitation du KKL, expert incontesté de l’afforestation en milieu désertique, de la gestion optimale des ressources en eau et de la prévention de l’érosion des sols. L’hôte de l’institution sioniste a notamment été accueillie à la pépinière de Gilat, où sont sélectionnés les arbres et arbustes les plus résistants aux conditions climatiques du désert, et sur le site du wadi Tzeida, où des plantations permettent de stabiliser les sols. « S’il est un pays qui devrait être partie prenante de la convention de l’ONU sur la désertification, c’est bien Israël, a-telle déclaré. C’est pourquoi nous souhaitons convier le KKL à participer à notre recherche et à partager ses méthodes. » Nul doute que ce dernier aura à cœur de faire bénéficier de son savoir-faire les pays confrontés à des problématiques similaires. ■ GREEN M algré une météo peu propice aux activités d'extérieur, les amis sportifs du KKL étaient au rendez-vous, le 8 juillet dernier, du 20e trophée de golf Simon et Bertrand Laufer. Cette édition anniversaire a été célébrée dans le cadre prestigieux du golf du Prieuré, en présence de Robert Zbili, président de l'exécutif du KKL de France, de Frédéric Nordmann, son président d'honneur et porte-parole, et de Reuven Naamat, son délégué général. Grâce à la générosité des participants et au soutien de fidèles partenaires (compagnie El-Al, banque Hapoalim), une aire de jeux sera bientôt édifiée en faveur des enfants de Nazareth Illit, en Galilée. ■ UNE AIRE RÉCRÉATIVE POUR LE VILLAGE DRUZE À récréative s’est rapidement imposé. Celle-ci dispose de jeux, d’appareils de fitness, de tables de pique-nique et d’allées accessibles aux personnes à mobilité réduite. Par la suite, une piste cyclable viendra compléter l’ensemble. Lors de la cérémonie, à laquelle participaient notamment des membres de la famille Yemini, des leaders druzes, ainsi que des représentants du KKL des États-Unis et d’Israël, le chef du conseil régional d’Isfiya,Wajih Kayuf, a souligné l’importance de la coopération entre les citoyens et l’État d’Israël. L’assistance s’est, quant à elle, unanimement réjouie de cette contribution à l’amélioration de la qualité de vie des villageois. ■ quelques mètres à peine du point de départ du tragique incendie qui a ravagé le mont Carmel en 2010, en lieu et place d’un terrain vague transformé en décharge sauvage, a été tout récemment inaugurée une aire récréative au profit des habitants du village druze d’Isfiya. Avant de confier au KKL ce projet à la mémoire de ses parents Rivka et Israël, son donateur, Yechiam Yemini, professeur d’informatique à l’université de Columbia (New York), avait tenu à consulter les résidents de la localité, invités à exprimer leurs attentes en matière d’équipements collectifs. Un quart de la population d’Isfiya étant composée d’enfants, le choix de l’aire Les brèves du KKL ADAMA N °71 D’ISFIYA - T I C H R I 5775 / 2014 22 Le magazine du KKL THOMAS HARDING HANNS ET RUDOLF Éditions Flammarion ous ce titre aux allures de conte germanique se cache le récit croisé de la vie de deux Allemands ordinaires, auxquels l'histoire devait réserver un destin diamétralement opposé, soldé par une improbable confrontation. Fondée sur des archives et des témoignages, cette chronique « intime » de la Shoah dresse un parallèle entre les parcours du Juif Hanns Alexander et du tortionnaire Rudolf Höss. Issu de la grande bourgeoisie berlinoise, le premier parvient à se réfugier en Angleterre, où il s’engage dans l’armée britannique, avant que le piège hitlérien ne se referme sur ses coreligionnaires européens. Né dans une famille catholique fervente, le second connaît une enfance solitaire en Forêt-Noire, se porte volontaire sur le front moyen-oriental pendant la Grande Guerre, rejoint de bonne heure le parti national-socialiste et intègre la SS. Gardien à Dachau, chef de la garde à Sachsenhausen, S Höss est promu Lagerkommandant d’Auschwitz, puis patron de l’Amtsgruppe D1 (inspection générale des camps). Exécutant zélé des instructions de Himmler, ce bon père de famille préside, avec « une indifférence glaciale » et « une ingéniosité redoutable », à la mise en œuvre de la solution finale, élaborant les méthodes les plus efficaces d’extermination de masse des « unités » qui lui étaient adressées par convois entiers. En cavale après la victoire alliée, il allait être traqué par Alexander, chargé d’enquêter sur les criminels nazis en fuite, traduit devant un tribunal polonais et condamné à la peine de mort par pendaison sur le site même où il avait repoussé les limites de la barbarie. Sans porter de jugement simplificateur, ce bouleversant face-à-face signé par le petit-neveu de Hanns Alexander questionne avec acuité le choix de deux hommes, entre horreur et honneur. ■ Notes de lecture de Yaël Simon www.kkl.fr GEORGES BENSOUSSAN & MÉLANIE MARIE ATLAS DE LA SHOAH. LA MISE À MORT DES JUIFS D'EUROPE, 1939-1945. D ue à l'historien Georges Bensoussan et à la cartographe Mélanie Marie, cette remarquable synthèse illustrée met en lumière la géographie de la Shoah, révélatrice des rouages et de l'ampleur du plus grand crime contre l'humanité jamais perpétré.Toutes les dimensions de l'anéantissement des Juifs d'Europe y sont évoquées avec rigueur et clarté, depuis le terreau culturel et idéologique sur lequel a prospéré le nazisme, attisé par un puissant ressentiment social et national, jusqu'à l'engrenage qui a conduit à l'assassinat planifié de tout un peuple, corrélé à la radicalisation de la politique antisémite hitlérienne à mesure de l'expansion du Reich (persécutions, spoliations, enfermement, liquidation). Les cartes rassemblées ici soulignent notamment la coïncidence des massacres avec l'ancienne « zone de résidence » de l'Empire russe (concentration des « usines d'abattage » en Pologne, déploiement des Einsatzgruppen, atrocités commises par les populations locales), la simultanéité et la fulgurance du processus exterminateur (opéré, pour l'essentiel, entre mars 1942 et novembre 1943), le basculement du centre de gravité du judaïsme mondial, amputé du tiers de ses effectifs, mais aussi les disparités constatées d'un pays à l'autre. En filigrane, elles dénoncent l'abandon absolu des Juifs à leur sort funeste, fruit de l'indifférence (au mieux) de l'opinion publique, du silence des élites « qui savaient » et des priorités stratégiques des Alliés. Une approche à la fois chronologique et spatiale indispensable à l'appréhension d'un génocide unique par son intention, son organisation et son envergure. ■ ARIEH AZOULAY JEUNESSE DANS LA TOURMENTE. LES MOUVEMENTS DE JEUNESSE JUIFS AU MAROC 1944-1964. Éditions Elkana D e 1944 à 1964, des milliers de Juifs marocains de 8 à 25 ans ont rallié les mouvements de jeunesse communautaires et sionistes. Dans cet ouvrage tiré d’une thèse de doctorat, Arieh Azoulay se penche sur la signification de ce phénomène contemporain du déracinement brutal du judaïsme nordafricain. Il démontre tout d’abord qu’en proposant aux jeunes Juifs une voie nationale ou identitaire originale face à leur double exclusion des sociétés coloniale et arabo-musulmane et dans le contexte critique du délitement des repères traditionnels, ces associations autonomes, mixtes et égalitaires leur offraient des perspectives d’avenir inespérées. Les particularités des différentes organisations font par ailleurs l'objet d'une étude approfondie : caractère communautaire ou pionnier, statut, nombre d'adhérents, projet éducatif, valeurs inculquées (scoutisme, réalisation de soi à travers le kibboutz...), rapport à la religion et à l'État d'Israël, relations avec les familles, les autorités politiques et rabbiniques, rivalités et divergences idéologiques avec leurs homologues, sans oublier leur évolution, affectée par l'indépendance du Maroc en 1956. En amorçant la sortie physique et psychologique du mellah, les mouvements de jeunesse ont exercé une influence considérable sur les jeunes générations, mais aussi sur leurs aînés, conclut l'auteur. Ils ont notamment joué un rôle déterminant dans l'alya des Juifs marocains. Un antidote bienvenu contre l'effacement de ce chapitre historique de la mémoire collective. ■ Livres à découvrir... ADAMA 23 N °71 - T I C H R I 5775 / 2014 LIVRES à découvrir... Éditions Autrement