ACADEMIE DES SCIENCES D`OUTRE MER

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ACADEMIE DES SCIENCES D’OUTRE MER
SEANCE DU 7 NOVEMBRE 2009
« MIRABEAU, LA QUESTION COLONIALE ET LA TRAITE DES NOIRS »
PAR LE RECTEUR CHARLES ZORGBIBE
PRESENTE PAR MARC AICARDI de SAINT-PAUL
Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Monsieur le Président, chers collègues, Mesdames,
Messieurs.
C’est un grand honneur que m’a fait le Recteur Charles Zorgbibe en me demandant
de le présenter, comme c’est la coutume dans notre compagnie.
C’est à l’occasion d’un colloque organisé dans le Sud-ouest par notre Président, le
Professeur Edmond Jouve que je l’ai rencontré pour la première fois il y a une
quinzaine d’années. Depuis, nous entretenons des relations des plus cordiales et je
dois dire que nous partageons souvent le même point de vue en ce qui concerne les
relations internationales et plus particulièrement l’Outre-mer.
Je suis convaincu que nul n’ignore ici qui est notre orateur, et mon rôle, bien modeste
d’ailleurs ne consistera qu’à rappeler les grandes lignes de sa longue et brillante
carrière et d’introduire le sujet de sa communication d’aujourd’hui : « Mirabeau, la
question coloniale et la traite des Noirs ».
Comme Raymond Aron, le Professeur Zorgbibe représente à mes yeux l’un des
intellectuels qui aura marqué son temps de son empreinte.
Agrégé de Droit Public, il a été le Maître à penser de plusieurs générations
d’étudiants, dont certains ont eu des destinées prestigieuses, lorsqu’il enseignait les
Relations Internationales et les Sciences Politiques, tant à la Sorbonne qu’à Paris Sud,
dont il fut le Doyen et à l’Université dAix Marseille dont il a été le Recteur.
Le Professeur Zorgbibe a également été le Directeur de la Fondation pour les Etudes
de Défense et a enseigné à l’Ecole Militaire, où il a animé des séminaires auxquels
participaient de nombreux officiers étrangers, dont un nombre non négligeable
d’Africains.
Parallèlement à sa carrière d’enseignant du supérieur, le Recteur Zorgbibe a été le
conseiller écouté des princes qui nous gouvernent et il a participé à de nombreuses
missions qui lui ont été confiées par le Gouvernement français. On citera pour
mémoire : celle qu’il a menée à bien avec François Furet lors de la négociation de
l’accord culturel franco-chinois en sciences sociales en 1979 ; la même année, il a aussi
été le rédacteur de la Constitution des Nouvelles Hébrides Vanuatu, co-Président du
comité de géopolitique de l’OTAN en 1983, et en 1984 chargé de mission auprès du
Ministre de la Défense, qui était François Léotard, si ma mémoire ne me fait pas
défaut. Il est également le Président de l’ « Association de politique internationale »
de la Sorbonne.
Il va sans dire que notre invité a écrit plusieurs centaines d’articles dans de très
nombreuses revues scientifiques de renom comme « Politique Internationale », la
« Revue Politique et Parlementaire » ; il est actuellement le Directeur des rédactions
du trimestriel « Géopolitique Africaine ».
Mais le Professeur Charles Zorgbibe ne s’est pas, j’allais dire « contenté », ou plutôt
limité aux activités que je viens très succinctement d’évoquer, et il me pardonnera - je
l’espère - d’avoir omis certains faits marquants de sa longue carrière.
En effet, en près de 40 ans, le Professeur Zorgbibe a été un auteur très prolixe,
puisqu’il a publié à ce jour 49 ouvrages qui ont été traduits en 12 langues.
Bien entendu, la majorité d’entre eux ont pour sujet les matières qu’il a enseignées
tout au long de ces années, à savoir le Droit International et Constitutionnel, ainsi
que l’histoire du Droit international, pour s’orienter vers ce que l’on appelle depuis
quelques années la Géopolitique.
J’en citerai pour mémoire quelques uns :
« Les Relations internationales » en 1975,
« La Méditerranée sans les Grands » en 1980,
« Les Alliances dans le système mondial » en 1983,
« Les politiques étrangères des grandes puissances »en 1984,
« Les organisations internationales » en 1986,
« De Gaulle, Mitterand et l’esprit de la Constitution » en 1993,
« L’histoire de l’OTAN » en 2002. ……….
Voyageur infatigable, le Professeur Zorgbibe s’est passionné pour l’Outre mer en
général : l’Afrique en particulier, avec des ouvrages tels que : »Les derniers jours de
l’Afrique du Sud » paru en 1986, ouvrage prémonitoire, ou encore « Géopolitique et
histoire du Golfe » en 1991.
Enfin, le juriste, l’historien des relations internationales s’est mué en biographe avec
succès. C’est ainsi que nous lui devons un « Wilson, un croisé à la Maison Blanche »
paru en 1998, deux ouvrages sur Théodore Herzl en 2000 et 2004, un ouvrage sur
Delcassé en 2002, tout dernièrement un Metternick qui est unanimement salué
comme un ouvrage de référence et en 2008 une très complète biographie de plus de
cinq cents pages sur Mirabeau.
Le Professeur Zorgbibe va maintenant nous livrer le fruit de ses recherches
encyclopédiques sur ce provençal désargenté aux racines florentines, qui après une
vie de débauche et émaillée de nombreux séjours en prison pour des délits de droit
commun, s’est mué en précurseur de la lutte contre la traite et l’esclavage.
Car si aujourd’hui il ne viendrait à l’idée de personne d’émettre une opinion
discordante sur ce sujet hautement symbolique, cette condamnation était loin de faire
l’unanimité chez nos concitoyens il y a un peu plus de deux siècles.
D’ailleurs n’est-ce pas la fameuse lettre d’un habitant de la Rochelle adressée à
Mirabeau le 24 novembre 1789 qui le dissuada de prononcer à l’Assemblée
Nationale, le discours sur l’esclavage, qu’il avait préparé?
Il y a deux cents ans, les réalités économiques du moment étaient telles que le
maintien de l’esclavage semblait être une condition essentielle au développement des
grandes puissances, par delà toute considération philosophique ou de simple
humanité.
Mais, j’arrête là mon propos et cède la place à notre orateur qui va donc nous
entretenir de ce grand sujet de société qui a fait débat jusqu’à ce qu’en 1848,
l’abolition devienne définitive sur tout le territoire français, y compris dans les
colonies.