Genoa IAPH Essay Contest 2008/2009

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Genoa IAPH Essay Contest 2008/2009
Genoa IAPH Essay Contest 2008/2009
Theme : Local Community & Ports
Titre:
Réseau International des Femmes Portuaires :
L’initiative Ouest et Centre-Africaine
By Dr Yann ALIX1 & Annie GRUCHY2
1
Port Training and Research Institute (IPER)
Ecole de Management de Normandie – Le Havre (France)
2
International Cooperation & Training Dept – Port Authority of Le Havre (France)
Depuis plus de 30 ans, le service de la cooperation/formation internationales du port
autonome du Havre travaille de concert avec l’IPER pour soutenir la formation des cadres
portuaires du monde entier. Plus de 8,500 personnes ont ainsi été formées dans plus de
165 pays. Au cours des dernières années, il a été clairement remarqué que les
communautés portuaires, et notamment celles de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ont
tendance à se féminiser. Une minorité de cadres portuaires féminins (10% environ)
commence à profiter de la formation supérieure dispensée au Havre. Elles apportent souvent
un éclairage nouveau et novateur sur les opérations et le management des affaires
portuaires et logistiques. Fort de ce constat, l’IPER et le Port Autonome du Havre ont initié
une série de démarches internationales afin de soutenir le développement des
communautés de cadres portuaires féminins. Sans parler de discrimination positive, cette
démarche s’inscrit en phase avec les évolutions de notre société de travail et de
consommation.
Une proportion de plus en plus importante de femmes parvient à conjuguer une vie de
femme, de mère et de travail salarié. En 2007, 1,2 milliars de femmes travaillent, soit
200 millions de plus que 10 ans auparant ! Les niveaux de qualification ne cessent de croître
mais en Afrique Subsaharienne par exemple, le niveau des emplois jugés décents par
l’Organisation Internationale du Travail concerne encore une large majorité des femmes
salariées.
Les milieux portuaires et maritimes ont été jusqu’à très récemment exclusivement dominés
par les hommes, héritiers de métiers durs et exigeants physiquement. Avec l’avènement de
la conteneurisation, du marketing ou encore de l’intelligence économique et de la logistique,
des pans entiers de nouveaux métiers et de nouvelles compétences ont vu le jour. La qualité
physique des postulants a été reléguée face aux exigences intellectuelles relevant autant
d’aptitudes masculines que féminines..
Toutefois, force est de constater que les postes de direction à haute responsabilité restent
encore la chasse gardée des hommes. Des directrices de grands ports comme Madame
Bacot à Paris, Martine Bonny à Rouen puis Dunkerque ou Lillian C. Borrone à New YorkNew Jersey et Geraldine Knatz à Los Angeles viennent contrecarrer le modèle dominant. De
surcroît, aucun exemple tangible ne saurait être énoncé dans les autorités portuaires des
pays en voie de développement, notamment en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Pour soutenir le changement, la communauté portuaire havraise, en partenariat indeffectible
de l’Organisation Maritime Internationale, a promu trois axes d’actions concertées :
- la formation professionnelle dans les secteurs portuaire, maritime et logistique ;
- la diffusion des connaissances managériales ;
- le partage et l’échange des savoir-faire et des savoir-être
Pour ce faire, l’IPER et le Grand Port Maritime du Havre ont initié depuis 2006 les actions
suivantes, toutes directement soutenues financièrement par l’OMI :
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montage et financement d’un séminaire des femmes portuaires africains avec
l’inauguration du premier réseau de partage des connaissances entre les femmes
impliquées dans la gestion des activités portuaires (Cotonou, Bénin, 2007) ;
l’accroissement systématique du nombre de cadres portuaires féminins pour assister
au séminaire de formation supérieure à la gestion des ports qui se tient chaque
année durant 6 semaines au Havre depuis 23 ans (Septembre et Octobre 2009); et,
le montage d’un séminaire de deux semaines unique en son genre puisqu’il sera
exclusivement destiné aux cadres portuaires féminins de toutes les entités portuaires
adhérentes à l’AGPAOC (Mai 2009).
La philosophie de ces initiatives repose sur le bienfondé des effets directs et indirects de la
féminisation des directions portuaires sur les communautés locales. Le pari est de voir se
développer d’autres formes managériales basées sur des valeurs différentes. Les réflexes
culturels et identitaires des femmes restent distincs et complémentaires de ceux des
hommes. Au-delà d’une féminisation de la direction des ports, ce sont des bouleversements
sociétaux qui sont espérés avec le soutien de nouveaux réseaux solidaires de
développement des activités économiques et sociales. L’intégration des communautés
locales dans les affaires portuaires et les retombées des actions portuaires sur les
communautés locales profiteront de la présence de plus de femmes !
Une meilleure mixité homme-femme refléterait à juste titre le rôle et l’implication sociale de
chacune et de chacun dans les sociétés occidentalisées et dans les pays en émergence
économique. Les communautés portuaires restent les vecteurs du développement
économique, financier et fiscal des nations. Un positionnement des femmes dans les
structures de gestion et de direction des autorités portuaires devra insufler une nouvelle
dimension au rôle du port dans l’épanouissement des communautés locales, régionales,
nationales et même continentales.
Au-delà des bonnes intentions, la communauté portuaire havraise s’engage directement
pour soutenir des initiatives pragmatiques à travers un plan d’action quinquennal visant :
- l’obtention de bourses pour la formation des étudiantes et des jeunes
professionnelles à haut potentiel managérial ;
- le soutien pour l’implication encore plus forte des autorités portuaires africaines dans
des activités caritatives et sociales ; et,
- l’accompagnement managérial et financier de projets soutenus par des femmes
entrepreneurs.
La communauté portuaire havraise entend mettre des moyens humains, financiers et
logistiques pour initier un réseau international actif des cadres portuaires féminins africaines
qui aura, dans ses missions principales, de se faire le relais privilégié du développement
économique, social et sociétal des communautés locales en plus de faire fructifier les
affaires commerciales de leur port respectif. Les ports n’ont jamais été aussi importants dans
l’élévation sociétale des populations qui dépendent de leurs développements. Et les femmes
n’ont jamais autant revendiqué leur rôle social et professionnel dans nos sociétés modernes.
Alors, transformons l’essai et faisons le pari que des femmes dirigerons des ports en
Amérique, en Europe, en Asie… en Afrique !

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