La gouvernance d`une paroisse - unite pastorale chateaurenard

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La gouvernance d`une paroisse - unite pastorale chateaurenard
Dans le code de droit canonique, la paroisse est définie comme la communauté de fidèles
confiée à un curé. Mais des exceptions sont prévues en cas de pénurie de prêtres.
Aujourd’hui, ces exceptions sont devenues d’application courante en France.
Elles pourraient, sous certaines conditions, être l’occasion d’une participation accrue des laïcs
La gouvernance d’une paroisse
Le principe :
une paroisse,
un curé
pondre devant l’évêque, terme improprement traduit en français par « modérateur »,
selon le canoniste Alphonse Borras (1), qui
trouverait plus juste de le qualifier de « responsable ».
Enfin, troisième exception : « Si, à cause
de la pénurie de prêtres, l’évêque diocésain
croit qu’une participation à l’exercice de la
charge pastorale d’une paroisse doit être
confiée à un diacre ou à une autre personne
non revêtue du caractère sacerdotal, ou
encore à une communauté de personnes, il
constituera un prêtre pour être, muni des
pouvoirs et facultés du curé, modérateur
de la charge pastorale » (can. 517 § 2). Un
ou plusieurs fidèles peuvent donc être
invités à « participer » à la charge pastorale,
sous la conduite d’un prêtre, là encore
qualifié de « modérateur ». Mais la formule
reste imprécise quant aux tâches de chacun
d’eux. « Au titre de son ordination, le prêtre
garde une responsabilité spécifique et incontournable dans les décisions qui engagent l’avenir de la communauté. En revanche, le fonctionnement de l’équipe
pastorale n’est pas défini a priori », fait
valoir François Moog, professeur au Theologicum de l’Institut catholique de Paris
et auteur d’une thèse de doctorat sur le
sujet (2).
Dans la foulée du concile Vatican II, le
code de droit canonique de 1983 modifie
en profondeur la définition d’une paroisse :
elle n’est plus seulement un territoire à la
tête duquel est placé un curé, mais la « communauté de fidèles » d’un territoire déterminé, dont la charge pastorale est confiée
à un curé (canon 515). Cette « charge pastorale » est déclinée en trois volets : « enseigner, sanctifier et gouverner », qui rappellent les trois fonctions du Christ et,
depuis Vatican II, de tout baptisé : prêtre,
prophète et roi.
Sur le plan de la gouvernance, le code
maintient le principe selon lequel un curé
se voit confier la responsabilité d’une paroisse et traite essentiellement des devoirs
de ce dernier. Nouveauté tout de même,
il prévoit que le curé exerce désormais sa
charge « avec la collaboration éventuelle
d’autres prêtres » (vicaires, coopérateurs,
recteur d’une église située sur la paroisse…), « de diacres, et avec l’aide apportée par des laïcs » (can. 519). On notera
que, si la collaboration avec d’autres prêtres
ou diacres est « éventuelle », celle des laïcs,
elle, ne l’est pas. Le code n’est toutefois
guère précis sur ses modalités : le curé est
ainsi invité à « reconnaître et soutenir la
part propre que les laïcs ont dans la mission
La situation a considérablement évolué
de l’Église, en favorisant leurs associations en cinquante ans. « Les pères conciliaires
à des fins religieuses » (can. 529). Par ne pensaient sûrement pas à la France
ailleurs, « si l’évêque le
lorsqu’ils ont prévu ces
juge opportun », un En pratique, les laïcs
exceptions : elles étaient
conseil pastoral, préplutôt destinées aux pays
sidé par le curé et des- peuvent réellement
de mission, en Afrique ou
tiné à refléter les diffé- participer à l’exercice
en Amérique latine », raprentes composantes de de la charge pastorale
pelle Isabelle Morel, enla paroisse, peut être
seignante à l’Institut caconstitué ainsi qu’un ou bien rester
tholique de Paris,
conseil pour les af- de simples « appuis »
spécialiste de l’accompafaires économiques ou « relais » du curé.
gnement des laïcs en
(can. 536).
charge ecclésiale. En
1996, le P. Borras plaidait encore pour le
modèle traditionnel et contre « une mise
en pratique généralisée et idéologique » du
canon 517 § 2…
Première de ces exceptions, « à cause de
Héritière d’un quadrillage systématique
la pénurie de prêtres ou d’autres circons- du territoire en paroisses, l’Église de France
tances », un curé peut se voir confier la manque aujourd’hui de prêtres à qui les
charge de plusieurs paroisses voisines confier. Les évêques ont le plus souvent
(can. 526 § 1). Autre exception : « là où les déjà procédé à des regroupements, devecirconstances l’exigent », la charge pastorale nus autant de « secteurs », « pôles missiond’une ou de plusieurs paroisses peut être naires » ou autres « unités pastorales ». Ils
confiée « solidairement » à plusieurs prêtres sont également tentés de confier plusieurs
(can. 517 § 1). Ils sont alors prêtres – ou paroisses (voire plusieurs regroupements)
curés – in solidum, c’est-à-dire que chacun à un ou plusieurs curés, et dans certains
est responsable de la totalité de la charge cas, comme à Agen, Besançon, Rouen ou
pastorale. Un moderator est chargé de di- Nanterre, à demander aux laïcs de partiriger leur « action conjointe » et d’en ré- ciper à l’exercice de la charge pastorale.
Rôle des laïcs : les deu
Le Christ
Pierre
et les autres
apôtres
Le pape
et les autres
évêques
Le prêtre
La situation actuelle
en France
Les « exceptions »
ALEXANDRE DARMON
Les laïcs
Ministè
participent
à la mission
du clergé
en cas de pénurie
Les équipes
d’animation
paroissiale
À côté du curé, du coopérateur ou du
modérateur, la gouvernance paroissiale fait
de plus en plus souvent place à l’investissement des laïcs. En témoignent ces équipes
d’animation paroissiale (EAP) qui ont fleuri
dans une majorité de diocèses en France,
toujours sur décision de l’évêque. Leur statut, le mode de désignation de leurs
membres et leur fonctionnement diffèrent
donc considérablement d’un diocèse à
l’autre, voire d’une paroisse à l’autre (selon
la personnalité du curé comme de leurs
membres).
quelques-u
président
On peut voir dans ces EAP l’une des traductions concrètes de cette « coopération »
voulue par le Concile : ses membres travaillent dans une plus grande proximité
avec le curé que ceux du conseil pastoral.
On peut aussi constater que leur diffusion
est concomitante aux regroupements de
paroisses, eux-mêmes liés au souci des
évêques de pallier le manque de prêtres.
L’avenir
Quel que soit le canon retenu, aucune
de ces formules ne suffit à elle seule de
renouveler la gouvernance d’une paroisse
en impliquant réellement la « communauté
des fidèles » sur laquelle insiste le code. En
pratique, les laïcs peuvent réellement participer à l’exercice de la charge ppp