Constitution d`un site du patrimoine
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Constitution d`un site du patrimoine
Constitution d’un site du patrimoine Mémoire présenté par la Société d’histoire de Stoneham-Tewkesbury La Société d’histoire de Stoneham-Tewkesbury désire apporter les commentaires suivant quand au projet de la municipalité de constituer en site du patrimoine l’ensemble de l’église de Saint-Edmond de Stoneham, du presbytère, du cimetière et de l’ancienne grange. La Société d’histoire appuie ce projet sans condition pour plusieurs raisons, notamment : 1) Le site visé est riche en histoire : • il contient d’abord une église construite en 1911-1912 sur le site de la première chapelle (1842), érigée par les familles souches tant anglophones que francophones, incendiée en 1909. L’histoire de l’église actuelle remonte donc aux origines des cantons. D’ailleurs, le terrain sur lequel elle est construite a été donné en 1839 par Nicolas Murphy, membre de l’une des premières familles du hameau. Sur le site, on trouve également le presbytère (1873-1875), qui est un témoin important de la vie religieuse quotidienne tant auprès des citoyens que des prêtres. En effet, son gabarit imposant a permis de loger plusieurs prêtres, appelés vicaires dominicaux, qui assistaient le prêtre résident dont le territoire s’étendait au-delà des limites de la paroisse. En plus de desservir Stoneham, le prêtre devait se rendre à Tewkesbury, Saint-Adolphe, à lac Delage, à la mission Notre-Dame de l’Assomption du grand lac Jacques-Cartier (l’Étape), à la mission des chantiers de la compagnie Donnacona Paper dans le parc des Laurentides, au mont Apica et au Club St-Vincent; • le cimetière, agrandi à maintes reprises (1947, 1954 et 1988), comprend les premières sépultures des résidents des Cantons-Unis et celles de la collectivité actuelle; • le site comprend également la grange qui est liée de près à la vie du presbytère. Nous présumons pour le moment que le prêtre résidant, recevant la dîme en espèce, devait avoir à sa disposition un lieu d’entreposage. Nous savons que la grange a servi pour loger une ou plusieurs vaches, des poules et des cochons au milieu du XXe siècle. Elle a également été utilisée en tant que garage pour le corbillard et l’autobus scolaire de la paroisse; 2) Le site est riche en architecture • il contient d’abord une église en pierre dotée d’une nef et d’un chœur en saillie se terminant par une abside au chevet plat. À l’intérieur, une voûte en plâtre à arc surbaissé couvre l’unique vaisseau ainsi que la tribune située à l’arrière. Une tour centrale, légèrement dégagée, surplombe la façade et supporte le clocher. L’architecte Joseph-Siméon Bergeron a choisi la forme de l’arc en plein cintre pour la terminaison de toutes les ouvertures et c’est au niveau du clocher que l’on retrouve les éléments d’ornementation; • le presbytère présente un volume respectable coiffé d’un toit mansard à quatre versants, élément qui reflète bien l’esprit de l’époque quant à la dimension préconisée pour ce type de bâtiment de même qu’au style Second Empire dont il s’inspire. D’ailleurs, le presbytère a influencé les autres éléments du site quant au choix du revêtement extérieur. En effet, la même sorte de pierre (ou une pierre apparentée) a été choisie pour revêtir l’église (1911-1912), pour la construction du muret entourant le cimetière et même pour la façade de l’école primaire située en face; • la grange témoigne des méthodes de construction de son époque. Sa situation sur le site lui assure un statut privilégié et en fait l’un des premiers exemples d’architecture • vernaculaire qui sera conservé dans la municipalité. De surcroît, peu de granges sont actuellement protégées au Québec; le cimetière reprend quant à lui, la configuration typique du cimetière paroissial avec son espace dégagé, son muret-clôture circonscrivant l’ensemble, l’alignement des sépultures et un calvaire en son centre. Tous les éléments du site désigné forment donc un ensemble cohérent et unifié tant par l’histoire qui les lie que par maintes caractéristiques formelles. De plus, ils sont mis en valeur par le décor naturel et à l’inverse, ils participent à l’humanisation du paysage. 3) Le site est un riche symbole identitaire grâce à ses racines reliées aux origines des cantons et des familles souches de même qu’à d’autres moments de l’histoire plus récente du XXe siècle. 4) La conservation du site renforcera le sentiment d’appartenance et la fierté des citoyens en leur rappelant leur histoire mais également, préservera ce patrimoine pour les générations futures. 5) Le site engendrera un impact touristique et par conséquent, économique pour la municipalité, lorsqu’il sera mis en valeur et qu’il sera l’hôte d’activités communautaires tout en faisant l’objet d’activités d’interprétation du patrimoine. De ce fait, il attirera d’abord la population locale et régionale puis, les visiteurs intéressés par l’histoire. La Société d’histoire tient à souligner les réalisations de la municipalité en matière de conservation et de mise en valeur depuis une dizaine d’années notamment par l’acquisition de la chapelle de Tewkesbury, celle de la grange et du presbytère de Stoneham sans compter la mise sur pied du circuit d’interprétation sur l’histoire religieuse des trois églises de Stoneham (panneaux) et de la mise en valeur du site de la première chapelle de Tewkesbury. La démarche en cours actuellement rencontre les objectifs de la Société d’histoire à savoir, identifier les sites historiques du territoire, faire connaître les sites à la population locale et faire reconnaître les sites historiques par les autorités municipales. Ce dernier objectif est particulièrement en bonne voie de réalisation avec la constitution d’un premier site du patrimoine dans les Cantons-Unis. La Société d’histoire ose espérer que d’autres sites et bâtiments d’intérêt historique de même que des sites d’intérêt paysager feront l’objet de la même attention. Depuis sa création, la Société a d’ailleurs repéré des lieux potentiels qui pourraient être protégés et mis en valeur. Parmi eux, rappelons entre autres : • à Saint-Adolphe : les ruines de la ferme St.Martin, la chapelle, les chutes à Ouellet sur la rivière Huron; • à Tewkesbury : site du cimetière, de la première chapelle et de la première école, le tronçon du sentier des Jésuites, certains bâtiments de ferme, le panorama de la vallée, la chapelle actuelle; • à Stoneham : les chapelles St.Peter et Campbell House, les vestiges du chemin de fer, le site du moulin des Craig, les bâtiments et les habitations de la Donnacona Paper sur la Ire avenue. La Société croit qu’il est possible de créer plusieurs circuits touristiques captivants pour stimuler l’appartenance des nouveaux résidents ainsi qu’une affluence de visiteurs de qualité dans la municipalité. La mise sur pied d’une telle programmation participerait au développement durable sans nécessiter d’investissements considérables en regard du rayonnement qu’elle procurerait à la localité. D’ailleurs, cette volonté s’inscrit dans l’esprit de la politique culturelle de la MRC récemment mise en place. Dans cette voie, la Société débutera dès 2008, des démarches pour élaborer un programme de circuits et de formation de guides spécialisés tant au niveau du contenu historique qu’environnemental. Bien que des efforts louables ont été faits par la municipalité jusqu’à maintenant, ces actions sont le fait d’agissements isolés et ponctuels. Il serait pertinent, afin d’assurer une meilleure gestion à long terme, de procéder à l’adoption d’une politique culturelle ou à tout le moins d’un plan d’action, qui établirait les paramètres prioritaires en matière de patrimoine. Une telle planification permettrait un meilleur arrimage entre les intervenants du milieu ainsi qu’une implication active des citoyens. La municipalité doit être consciente que la constitution d’un site du patrimoine comporte des obligations précises quand à la conservation qui nécessitera des expertises préalables à la restauration. La Société d’histoire offre d’emblée sa collaboration à la municipalité pour la mise en oeuvre des étapes ultérieures tant pour documenter les dossiers que pour développer des projets d’animation et d’interprétation pour mettre en valeur les sites. La Société d’histoire de Stoneham-Tewkesbury félicite le conseil municipal pour son initiative et souhaite ardemment que ce projet se concrétise. Hélène Michaud Pour la Société d’histoire de Stoneham-Tewkesbury 31 octobre 2007