DON QUICHOTTE – TOME 2

Transcription

DON QUICHOTTE – TOME 2
DON QUICHOTTE – TOME 2
RAPPEL
Au-delà de ce que nous connaissons du célèbre Don Quichotte, nous ignorons souvent que
l’oeuvre dont il est issu se compose de deux parties très distinctes l’une de l’autre, et écrites à
dix années d’intervalle.
La première, la plus connue, présente un vieil hidalgo à l’état civil incertain et à l’imagination
déréglée qui s’apprête à basculer tout entier dans le monde fantastique des romans de
chevalerie.
La seconde partie nous permet de retrouver un personnage bien différent. Don Quichotte n’a
certes pas changé dans la forme, mais dans le fond il n’est plus véritablement le même. La
première partie de ses aventures ayant été traduites dans les plus grandes villes d’Europe,
c’est auréolé de succès et convaincu de son authenticité qu’il décide de quitter la table de
travail de son créateur et de voyager librement, à travers l’Espagne.
Il n’est point, dans la littérature universelle, un autre héros littéraire qui vive pour ainsi dire de
la gloire de sa gloire, de sa célébrité, et qui prenne son propre destin en main. Cervantès
exploite d’ailleurs ce filon avec bonheur : durant toute la seconde partie du roman, Don
Quichotte y évoque souvent le livre qui est en train de le décrire. Un livre qu’il ne traite
d’ailleurs pas comme un roman mais comme une biographie authentique. Un livre dont il
dénonce également les longueurs et les approximations.
La seule chose que le Chevalier ignore réellement de sa dernière aventure, c’est que son
créateur a annoncé publiquement son intention de le faire mourir « afin que nul ne s’avise
d’élever contre lui d’autres témoignages, ceux qui existent déjà étant bien suffisants… »
Sarkis Tcheumlekdjian
DON QUICHOTTE – TOME 2
SYNOPSIS
Le déroulé du Tome 2
Après avoir interpellé l’auteur du tome 1 de ses aventures, et s’être assuré de la fidélité de
Sancho, Don Quichotte accepte de reprendre du service à la seule condition de recevoir la
bénédiction de Dulcinée « qu’il n’a pas eu l’honneur de croiser dans la première partie ». Au
petit matin, en compagnie de son écuyer, il décide de quitter la maison et de reprendre le
chemin des aventures. Puisque Dulcinée n’existe pas, Sancho conçoit un grossier stratagème.
Il présentera comme étant « Dulcinée » la première paysanne venue sur le chemin. Epouvanté
par la laideur de la paysanne qu’on lui présente et convaincu que sa dame est l’objet d’un
enchantement, Don Quichotte est victime d’un profond chagrin. Un matin de décembre, alors
qu’il sent sa fin proche, le Chevalier errant croise sur son chemin un étrange chevalier. Le
Chevalier aux Miroirs.
- Dis-moi Sancho, quand tu t’es approché d'elle, n'as-tu pas respiré un parfum d'Arabie ?
- Ça sentait plutôt la sueur, Monsieur.
- Tu te trompes ! Ou tu étais enrhumé, ou tu as confondu avec ta propre odeur.
- Vous avez peut-être raison. Il m'arrive souvent de sentir sur moi-même, cette odeur que j'ai
cru sentir, sur Mlle Dulcinée.
« Aux âmes tristes et mélancoliques, j’ai offert avec Don Quichotte, un passe-temps de toute
saison, de tout temps.»
Cervantès
DON QUICHOTTE – TOME 2
Convaincu de son authenticité, Don Quichotte trouve dans la seconde partie de ses aventures,
une dernière chance de mettre le monde à la hauteur de ses rêves. Son allure est tout aussi
triste et tout aussi pitoyable, mais ce qu’il a dans sa tête le rend superbe. Hors de son livre, il
reste l’homme qui ne renonce pas à cette force puérile que chacun porte en soi. Loin de
l’enfermer, il choisit de promener sa propre folie pour lui faire prendre l’air. Il la brandit
comme une folie de l’espérance. Dans un univers où pullulent les ricaneurs, prompts à se
repaître de l’humiliation ou de la faiblesse d’autrui, il se distingue. Il passe outre. Et, tout en
maintenant le projet d’un homme libre, il suit la seule logique qu’il reconnaisse, celle de la
déraison. Et c’est justement pour cette déraison que nous l’aimons. C’est à partir de cette folie
généreuse, de cette folie nomade qui fait de l’homme un artiste, et de l’artiste un enchanteur,
qu’est né le désir de mettre en scène celui qui apparaît comme le premier héros de papier des
temps modernes.
Pour Premier Acte
Sarkis Tcheumlekdjian
Le 06 janvier 2007
Nous allons accomplir, dès aujourd’hui, des exploits dignes de figurer dans le grand livre de
la Renommée pour les siècles à venir.
Don Quichotte - Tome 2
Cervantès :
Toi qui prendras le temps de me lire, tu seras sans doute fort soulagé de savoir que j'ai écrit
sans esbroufe ni complications la Première Partie des aventures du fameux Don Quichotte de
la Manche, dont tous les habitants du pays disent aujourd’hui qu'il fut le chevalier le plus
intrépide et l'amant le plus valeureux qu'on ait vu dans le monde depuis bien des années.
Sache seulement que cette Seconde Partie de Don Quichotte que je veux t’offrir, est taillée
par la même main et dans la même étoffe que la première. Tu y trouveras la suite et fin des
aventures de Don quichotte, dont je précise qu’il sera mort et enterré, avant la fin du dernier
chapitre, afin que nul ne s’avise d’élever contre lui d’autres témoignages.
Ceux qui existent déjà étant bien suffisants…
Don Quichotte :
Chevalier aux miroirs, si un heureux hasard met un jour sur ton chemin l’auteur d’une
histoire publiée sous le titre de « Seconde Partie des exploits de Don Quichotte de la
Manche», prie-lui instamment de bien vouloir me pardonner pour lui avoir donné, à mon
insu, l’occasion d’écrire toutes les absurdités qu’on y trouve ; car je quitte cette vie avec les
remords de les lui avoir inspirées.

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