Café nile avec Alain Perez « Entre Savonarole et la tentation
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Café nile avec Alain Perez « Entre Savonarole et la tentation
Café nile avec Alain Perez « Entre Savonarole et la tentation maccarthyste, y-a-t’il une place pour une communication raisonnée en cas de crise sanitaire ? » L’avis d’un expert scientifique (qui souhaite rester anonyme) Cette affaire Mediator est en réalité une crise sanitaire dont le support réel est une question de conflits d'intérêts ignorés et non gérés. On peut retenir du débat qu'il s'agit : d'un sujet relativement neuf, faisant jaillir des interrogations peu souvent formulées et non traitées sérieusement jusqu'à ce jour. Le retentissement qui en résulte provient justement de la nouveauté du questionnement. A l'appui de ce constat de nouveauté, on peut relever que la première interrogation structurée sur les conflits d’intérêts est le fait d’Arnold RELMAN, néphrologue et éditeur en chef du NEJM, en 1984. En termes de réflexion et de politique institutionnelle 25 ans représentent un court délai… d'un malaise qui perdure d'autant plus que l'on peut avoir l'impression qu'il n'y a pas de « pilote dans l'avion ». Ceux qui prennent des initiatives comme le Ministre, la CNAM ou l'AFSSaPS ne paraissent ni dominer le sujet ni avoir de solutions concrètes à proposer. Pire même, certaines décisions aggravent les faits (la liste des 77 médicaments) et ceux qui pourraient prendre positions se taisent (Conseil National de l’Ordre des Médecins ou d'authentiques responsables scientifiques ou cliniciens). Les décisions correctrices qui devront être prises en aval de cette crise devront indiquer clairement l'autorité qui exercera le leadership à l'avenir d'une question dont la bonne résolution pour l'avenir nécessite un investissement et une évolution culturelle de tous les acteurs de la chaîne de santé : professionnels (médecins, pharmaciens et paramédicaux), technocrates, patients et industriels. Cela prendra du temps même si, conceptuellement, la question des conflits d’intérêts n'est pas techniquement compliquée à résoudre. Mais il faut noter qu’un système de contrôle des médicaments globalement efficace s’est mis en place et qu’une économie aux multiples ramifications utiles se s’est développée dans ce désert culturel. Ces ramifications ne peuvent et ne doivent pas être toutes traitées de la même façon enfin, il s’agit à l'évidence d'un sujet où l'avis des patients et des utilisateurs de médicaments devront être pris en compte et structurés. C’est peut être ce qui a été dit de plus pertinent.