L`histoire de Pogo Par Jean-Claude ARNAUD
Transcription
L`histoire de Pogo Par Jean-Claude ARNAUD
L’histoire de Pogo Par Jean-Claude ARNAUD - Educateur Comportementaliste Animalier Pogo est un chien de 3 ans, croisé probablement Beauceron et Doberman. Il appartenait à un couple de la région d’Annemasse. Malheureusement les relations de la famille se sont dégradées, l’homme maltraitant la femme et probablement le chien aussi. La situation devenant insupportable madame va prendre la sage décision de sortir le chien de la famille en le mettant en pension dans un refuge animalier. Malheureusement elle ne va pas pouvoir longtemps assumer les frais de pension, les gestionnaires vont alors lui signifier l’euthanasie de Pogo dans les prochains jours si elle ne peut régulariser la situation. Elle demandera alors au refuge de la SPA du Chablais de prendre en charge son chien pour lui éviter l’euthanasie. A son arrivée au refuge de Thonon Pogo va être incarcéré dans les nouveaux box, près de l’entrée, de manière à ce qu’il voit le plus de monde possible et ainsi garde un certain niveau de sociabilité. Malheureusement ce beau chien puissant ne va pas trouver d’adoptant, peutêtre est-il trop impressionnant. Pire, les jours passant il devient de plus en plus agité et difficile à contrôler lors des promenades, il e n arrive à se blesser sérieusement avec les grilles du box. Un matin, alors qu’un employé le réintègre dans son box, il va sauter au visage du conducteur, heureusement il n’y aura pas de morsure. A la suite de cet incident la présidente de la SPA me demande mon avis. Personnellement je suis pessimiste, en effet je pense qu’un chien de cette taille qui agresse l’homme sans raison apparente doit être euthanasié pour éviter un éventuel accident. L’euthanasie n’est pas envisagée dans un premier, aussi je conseille de placer Pogo à l’écart dans un box ou il y a peu de circulation afin qu’il soit moins sollicité. La situation devient cruciale, les employés rechignent, à juste titre, à sortir ce chien craignant pour leur sécurité. D’ailleurs Pogo manifeste maintenant une agressivité flagrante à l’encontre du salarié qu’il avait attaqué. C’est à ce moment que la présidente me demande de m’occuper personnellement de Pogo et de la socialiser. En général j’évite ce genre de travail car, si j’obtiens un résultat positif, le chien devient docile avec moi, mais c’est avec le futur adoptant qu’il faut travailler, c’est avec son futur maître qu’il doit bien se conduire, pas avec moi. Malgré tout j’essaye de cadrer le chien. Nous commençons un travail d’apprentissage en obéissance et en socialisation. Désormais plusieurs fois par semaine nous sortons Pogo mes chiens Tess et Choucky et moimême à l’extérieur du refuge pour des promenades d’une heure environ. Progressivement je mets en place les ordres et base, le rappel, le assis, et je découvre que Pogo a des dispositions naturelles à l’obéissance pour peu que le maître sache s’y prendre avec lui. Rapidement il s’assied, se couche sur ordre, marche au pied ; il adore le rapport d’objet et fonctionne au refus d’appât. Bref, il est bien au delà de ce que nous attendons d’un chien incarcéré en refuge. Malheureusement tout cela va prendre une triste allure pour Pogo, je dois me faire opérer d’une hanche, et il devient impossible pour moi de conduire un chien aussi puissant. Pendant ma convalescence, chaque fois que Tess ou moi-même passons devant son box, il pleure comme pour demander à sortir pour travailler. Ce que je redoutais s’est produit, le chien s’est attaché à moi et je suis dans l’impossibilité de lui rendre ce qu’il me donne. Quelques semaines plus tard je commence à pouvoir sortir Pogo pendant quelques minutes en prenant des précautions. Ce samedi il est avec moi, je l’ai amené dans le parc d’ébats avec les adolescents qui travaillent aux groupes de parrainage. Un jeune couple se présente, lui semble très intéressé par ce chien, elle est plus dubitative, elle craint ce chien puissant et a peur qu’il soit agressif. Nous passons ensemble une bonne heure, je leur explique avec insistance ce qu’il faut faire ou éviter. Pogo est bien dans sa tête, mais il a du Beauceron l’exigence que les situations soient claires, si ses maîtres respectent cette consigne il est probablement un chien adorable. C’est fait, Pogo va partir pour une nouvelle vie en montagne. Quelques semaines plus tard nous recevons des photos, il est évident que Pogo est heureux dans les grands espaces, il exprime tout son tempérament de chien de groupe, ses nouveaux maîtres nous disent qu’il a changé leur vie. Comme quoi il faut parfois savoir faire confiance à nos animaux. Juillet 2009