Homélie - Cathédrale Notre

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Homélie - Cathédrale Notre
Dimanche 22 décembre 2013
4ème Dimanche de l’Avent – Année A
Cathédrale Notre-Dame
Frères et sœurs,
Pendant cette année liturgique commencée le
premier dimanche de l’Avent, nous serons guidés dans
les mystères de la vie du Christ par l’évangéliste
Matthieu ; c’est lui qui nous rapporte l’annonciation à
Joseph qui est proposée aujourd’hui à notre méditation.
Par ce récit, la naissance de Jésus, est présentée
explicitement comme l’accomplissement de la prophétie
d’Isaïe faite au roi Acaz. Il nous est ainsi rappelé que le
salut de Dieu s’inscrit dans une histoire, celle d’un
peuple choisi par Dieu pour être témoin, parmi les
nations, du salut qu’il veut offrir à tous les peuples.
Si c’est par Marie, que le Fils de Dieu prend corps
dans notre humanité, c’est par Joseph qu’il s’inscrit
dans l’histoire du peuple choisi ; lorsqu’il viendra
enseigner dans la synagogue de Nazareth c’est par ces
mots que la foule s’interrogera : « D’où lui viennent
cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas là le fils
du charpentier ? » (Mt 13,55).
De fait, en prenant chez lui Marie, son épouse, il
donne à l’enfant engendré en elle par l’Esprit Saint, une
place dans la descendance de David. Quand il entrera
à Jérusalem pour y vivre sa passion, retentira
l’acclamation : « Hosanna au fils de David. Béni soit au
nom du Seigneur celui qui vient » (Mt 21,9) car « selon
la chair, il est né de la descendance de David » (Rm
1,3).
Joseph reçoit avec Marie la même mission ; à
chacun l’ange dit, avec exactement les mêmes mots :
« Tu lui donneras le nom de Jésus » (Mt 1,21 / Lc
1,31). Et ce n’est pas rien que de donner son nom à
quelqu’un, car dans la culture biblique le nom exprime
rôle d’un être dans l’univers.
D’une certaine manière, à Joseph, comme à
Marie, est confié tout le mystère de l’enfant qui va
naître : il est celui qui sauvera son peuple de ses
péchés. Ce n’est pas d’eux que la Christ tient la
mission qui sera la sienne dans notre monde, mais
Marie et Joseph sont chargés de donner à Jésus la
place qui va lui permettre d’accomplir son rôle de
Sauveur, en lui donnant de prendre place dans la chair
et dans l’histoire des hommes qu’il vient racheter.
Dans l’exhortation apostolique sur La figure et la
mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de
l’Eglise, datée du 15 août 1989, le bienheureux pape
Jean-Paul II écrivait que « la foi de Marie rencontre la
foi de Joseph » (Redemptoris Custos, n. 4).
Il faut ces deux actes de foi, celui de Marie et celui
de Joseph pour que la mission du Rédempteur puisse
advenir.
Nous connaissons bien l’acte de foi de Marie :
« Que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc
1,38), nous prêtons moins d’attention à celui de
Joseph : « Il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait
prescrit » (Mt 1,24).
Si Marie est la figure de l’Eglise que vient féconder
la grâce que Dieu lui fait de donner au monde de ce
temps le Sauveur, elle ne peut rien sans Joseph, figure
du croyant qui doit répondre à ce don de la grâce par
un acte de foi.
Par la figure de saint Joseph, le Seigneur nous
donne un modèle d’humilité et de foi : Joseph est celui
qui doit accueillir et faire grandir dans le monde une
parole qui ne vient pas de lui-même, une parole qu’il
n’a pas choisit.
Comme lui qui reçoit par Marie cet enfant qui
sauvera son peuple de ses péchés, nous recevons la
Bonne Nouvelle d’un Sauveur donné au monde par
l’Eglise ; et comme Joseph nous devons assumer
personnellement cette Bonne Nouvelle est la faire
nôtre.
L’oraison de ce quatrième dimanche de l’Avent,
qui est celle que nous employons pour conclure la
prière de l’Angelus, nous rappelle que par le message
de l’ange nous est révélé l’incarnation du Fils de Dieu,
qui nous conduira par sa passion jusqu’à la gloire de la
résurrection ; autrement dit, dans le mystère de la
nativité du Fils de Dieu tout le mystère du salut est
contenu en germe.
C’est de ce mystère divin que Joseph est
dépositaire avec Marie, c’est de ce mystère divin dont
nous sommes à notre tour dépositaire avec l’Eglise.
Il nous est confié comme un talent qu’il ne s’agit
pas d’aller enfouir en attendant le retour du maître,
mais qu’il s’agit d’accueillir, de faire fructifier, de faire
grandir et de faire connaître à notre monde (cf. Mt
25,14-30).
Comme Joseph, et avec lui qui est le gardien et le
protecteur de l’Eglise universelle, notre mission est
d’être Redemptoris custos, gardien du Rédempteur,
gardien de ce Corps du Christ dont nous sommes les
membres et témoins du mystère de la Rédemption qui
s’accomplit pour nous et en nous dans la célébration de
l’Eucharistie.
« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton
épouse » dit l’ange à Joseph.
Ne craignons pas d’accueillir dans notre vie, avec
l’Eglise, la Bonne Nouvelle du salut, de faire notre cette
Bonne nouvelle en donnant à Dieu l’assentiment de
notre foi nécessaire à l’accomplissement de ce salut
offert à tout les hommes.
Amen.
Père David Ribiollet