Du bon usage des schémas fléchés
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Du bon usage des schémas fléchés
Du bon usage des schémas fléchés 08-07-17 10:47 Du bon usage des schémas fléchés A/ DÉFINITION On peut définir un schéma comme la représentation graphique, simplifiée, rationnelle et organisée d’une réalité plus ou moins complexe. Le dictionnaire de géographie critique (Les mots de la géographie) en donne la définition suivante (p. 405) : « Du grec : forme, figure. Représentation simplifiée qui est censée donner l’essentiel de la structure d’une distribution, d’une construction. Schéma logique : représentation sagittale (par boîtes et flèches) des étapes d’un raisonnement, de la structure ou du fonctionnement d’un système (voisin du schéma de fonctionnement) ou de montage d’un appareil). Les schémas demandent une longue élaboration, d’abondantes vérifications, et sont des instruments de recherche autant que de communication. En ce sens, le terme s’oppose à esquisse, brouillon. A tort, le mot est victime des connotations péjoratives du schématisme, qui n’a pas le même sens, impliquant un résumé brutal et caricatural. Aussi lui préfère-t-on souvent le terme modèle, comme modélisation à schématisation.» Pour le mot sagittal (p. 401) : « Qui à la forme d’une flèche (rac. latine). Graphe sagittal : graphe orienté, qui donne le sens des liaisons (...) ». Les professeurs liront avec profit dans ce même dictionnaire la définition du mot modèle et de ses corrélats. On peut en effet assimiler un « schéma » à un « modèle » qui selon le cas peut être représentatif, explicatif voire prédictif. B/ PRINCIPES GÉNÉRAUX 1° Tout schéma vise donc la simplification. Il oblige à trier dans l’information, l’essentiel de l’accessoire. Comme en cartographie, ce tri est un travail de sélection ou de discrimination et finalement d’élimination. Sur le plan pédagogique, c’est un excellent exercice qui oblige le concepteur à se poser la question des objectifs. Un schéma oui mais pourquoi faire ? Pourquoi laisser de côté cet élément plutôt que tel autre ? Dans quel but ? Qu’est-ce qu’on veut montrer, démontrer ou expliquer ? 2° Le schéma sert à organiser des informations. C’est son aspect rationnel et « logique ». Les informations doivent être hiérarchisées et mises en relations par un jeu de signes (traits ou flèches). Il est très important de développer cette capacité à établir des relations. Elle est nécessaire à la compréhension de la notion de causalité et plus encore à celle de système. C’est donc un bon moyen d’initier les élèves à la complexité. Ce travail nécessite d’être capable de dégager des unités d’information à partir de mots-clés (notions, concepts, etc…) contenus dans un document. Ce sont ces unités d’information qui, une fois dégagées et organisées, vont être mises en relation les unes avec les autres, les unes par rapport aux autres. Elles seront donc hiérarchisées. 3° Le schéma doit faciliter la compréhension et la mémorisation. Le schéma doit permettre à son concepteur de mettre en évidence ses capacités à organiser dans un espace restreint à deux dimensions (la feuille « blanche ») les éléments repérés. Il en découle que l’aspect esthétique d’un schéma ne doit jamais être négligé sans quoi il irait à l’encontre des objectifs http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/bonusage.htm Page 1 sur 5 Du bon usage des schémas fléchés 08-07-17 10:47 1 et 2. Le schéma doit donc être lisible et dans ce but, il est important d’appliquer quelques règles graphiques assez simples que nous développerons plus loin. Mais il importe avant tout de savoir jouer avec les variations de valeur, de taille, et de couleur si elle est utilisée. Pour vérifier si un schéma a été compris, il faut donc être capable d’en résumer l’idée principale, de préciser le sens des flèches, d’indiquer le sens de la lecture, etc.. Il est donc impératif de savoir passer du schéma à sa « traduction » écrite (rédigée) ou orale (verbale). Ce travail de reformulation et de verbalisation est absolument nécessaire sans quoi le schéma n’a aucun intérêt. Rien de plus inefficaces que les schémas détachés de toute préoccupation heuristique au sens large, autrement dit « plaqués ». Dans beaucoup d’ouvrages, les schémas ne servent malheureusement que d’illustrations. Le lecteur les parcoure rapidement sans y attacher plus d’importance qu’une photographie. 4° Le schéma doit être un complément de l’expression écrite ou orale et étayer une démonstration. Le danger serait de ne se contenter que de l’expression visuelle, graphique, pour expliquer n’importe quel phénomène historique ou géographique. Le risque serait grand alors de caricaturer la réalité. Le schéma (comme la carte ou le modèle : ce sont aussi des schémas !) ne doit pas être considéré comme une fin en soi. Il faut partir du principe que le schéma n’est qu’un outil pour COMPRENDRE, PENSER et REPRÉSENTER la « réalité » dans sa complexité. Partant, il doit toujours être intégré à une démonstration (écrite ou orale), à une problématique. A l’oral comme à l’écrit, il est donc important d’apprendre à nuancer un schéma, d’en souligner le caractère simplificateur, d’en montrer les limites, d’insister avant tout sur son aspect heuristique, pédagogique et méthodologique. Et cela est d’autant plus important lorsque le schéma fléché a pour ambition de représenter un « modèle ». Dans les dissertations ou les commentaires composés, l’utilisation des schémas fléchés est recommandée. Un bon schéma même simple peut permettre de dégager les points incontournables d’une explication, mettre en valeur les « noyaux durs » d’une démonstration, illustrer une idée ou la résumer, etc.. Il peut servir aussi de conclusion. Mais on aura garde de bien l’intégrer au corps du devoir à l’instar d’une carte, d’un croquis ou d’un modèle (carto)graphique. C/ PLUSIEURS TYPES DE SCHÉMAS 1° Le schéma linéaire C’est le plus simple. Il aide à montrer un enchaînement de causes et de conséquences. En règle générale, il a un caractère chronologique. Il met en évidence une succession d’événements, une évolution, des étapes. Le schéma peut être construit verticalement ou horizontalement. Dans le premier cas, le point de départ se trouve en haut, dans le second à gauche. Mais on peut trouver un mixte des deux représentations verticales et horizontales. 2° Le schéma sous forme d’organigramme Il s’apparente au premier type et se développe, lui aussi, selon deux axes. Ce type de schéma est particulièrement bien adaptés à la visualisation de structures « fermées ». Il en montre d’abord les niveaux et la hiérarchie. Il met en évidence les relations entre les éléments structurels par un jeu de traits ou de flèches. La nature de ces relations (dépendance, fonction, opération, etc.) est également visualisée. Tout un chacun a en mémoire l’organigramme de son lycée, d’une administration, de l’État, etc. http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/bonusage.htm Page 2 sur 5 Du bon usage des schémas fléchés 08-07-17 10:47 3° Le schéma sous forme d’arborescence Ce type de schéma dérive du précédent. Mais il tente d’établir une généalogie à partir d’un élément primordial. L’utilisation de l’arborescence convient à des structures « ouvertes ». 4° Le schéma pyramidal C’est une variante de l’organigramme. Il représente une organisation hiérarchisée du sommet à la base. On peut représenter ainsi les ordres et les classes sous l’Ancien Régime. La pointe de la pyramide est occupée par le Roi et la base représente la masse du Tiers-Etat. Vision très idéologique et politique de l’organisation sociale ! Vision qui renvoie aussi aux structures anthropologiques profondes de l’imaginaire avec une forte valorisation - consciente ou inconsciente - de la verticalité : le sommet s’opposant à la base… 5° Le schéma circulaire Il a pour objectif de visualiser les phénomènes ou les processus cycliques. Sont aussi montrés les causalités circulaires et les effets de boucle (notion relevant de la systémique). On utilise encore ce type de schéma pour illustrer le phénomène de rétroaction. C’est enfin une manière d’expliquer la notion de cycle. Nombreux exemples dans les manuels : le cercle « vicieux » (?) de la pauvreté, de la jachère ; la boucle du riz, etc.. La lecture se fait, en règle générale, dans le sens des aiguilles d’une montre et le point de départ se situe en haut du schéma. Il faut toutefois faire remarquer que dans la réalité les boucles ne sont jamais véritablement « bouclées ». Le mouvement perpétuel n’est qu’une illusion. Tout phénomène a un commencement, une évolution et une fin. La représentation circulaire ne peut décrire qu’un phénomène en transition (selon des durées très variables) vers un autre état. 6° Les chronographes Ils se présentent sous la forme d’une succession de schémas fléchés datés et comme leur nom l’indique, ils visent à montrer une évolution historique, donc des étapes. 7° Le schéma systémique (ou systémogramme) C’est le plus complexe à interpréter et à réaliser. Beaucoup de schémas fléchés ou d’organigrammes sont qualifiés de « systémiques ». Nous avons nous même utilisés ce terme plus haut. Mais on aura remarqué les guillemets. En effet, c’est par méconnaissance ou abus de langage que l’on accole ce qualificatif à un grand nombre de schémas. Un systémogramme digne de ce nom doit nécessairement comporter (comme tout système) des entrées et des sorties. Comme le soulignent Joël de Rosnay et bien d’autres systématiciens : « le fonctionnement de base des systèmes repose sur le jeu combiné des boucles de rétroaction, des flux et des réservoirs ». Les flèches symbolisent des lignes de flux, des circulations d’informations, d’énergie ou de matière. Des « vannes » contrôlent les débits des flux. Les « réservoirs » se remplissent ou se vident selon des « délais » plus ou moins longs. Des boucles de rétroaction (feed-back) « combinent les effets des réservoirs, des délais, des vannes et des flux » (Le Macroscope, p. 108). Le systémogramme a donc un aspect fonctionnel et dynamique que le schéma fléché ou l’organigramme ne rend que fort imparfaitement. Ces derniers montrent, tout au plus, que les éléments sont liés les uns aux autres et interdépendants. Mais pour la plupart de nos élèves ou de nos étudiants, c’est déjà beaucoup ! En conclusion, malgré ses limites, le schéma fléché est un bon moyen pédagogique pour s’initier à http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/bonusage.htm Page 3 sur 5 Du bon usage des schémas fléchés 08-07-17 10:47 une vision « systémique » et « complexe » de la réalité. Nous proposons de réserver la réalisation ou l’utilisation des systémogrammes à l’enseignement supérieur. D/ LA GRAMMAIRE DES SCHÉMAS FLÉCHÉS * « Réserves » ou « réservoirs » : ce sont des figures symboliques, géométriques dans lesquelles on inscrit une information, un élément, etc.. On utilise le plus souvent des figures orthogonales (rectangles ou carrés), des figures circulaires ou ovoïdes. Les « bulles » utilisées en B.D. peuvent être mises aussi à contribution. Les logiciels de dessin sont d’un bon secours et permettent de réaliser de fort beaux schémas en très peu de temps. Ces logiciels ont souvent des bibliothèques de formes qui apportent parfois un « plus » aux schémas. * Des lignes et des flèches : * Les lignes sont utilisés pour relier les figures géométriques entre elles. L’épaisseur des traits doit être proportionnelle aux variations d’intensité des relations. * Les flèches Elles montrent d’abord un lien logique. Ce lien peut être aussi temporel. Elles sont ensuite et surtout utilisées pour indiquer le sens d’une relation : * Sens chronologique ; relation de cause à effet, ou cause-conséquence ; ou encore avant-après * La double flèche indique une relation réciproque entre deux éléments. Elle exprime l’idée d’interaction ou, plus complexe, celle de rétroaction (feedback). * L’utilisation des flèches illustre aussi une dynamique. Comme pour les lignes, on peut jouer aussi sur les variations de taille. Mais les flèches peuvent avoir plusieurs significations selon le contexte. Il est donc très important de donner la signification des flèches. D’où l’importance d’une légende surtout pour les élèves qui ont des difficultés à lire un schéma. Au début, il est utile d’inscrire au dessus ou au dessous le sens que l’on a voulu donner à la flèche. *Une flèche orientée dans un seul sens peut signifier : - entraîne… - provoque… - a pour conséquence… - conduit à… - agit sur… - occasionne… - cause… - amène à… - induit… - explique… - est relié à… - etc.. * Mais une flèche peut très bien n’avoir pour seul objectif que de montrer, de désigner, d’orienter le regard vers un élément important. Dans ce cas, elle ne sert qu’à attirer l’attention, souligner un lien entre deux objets ou deux phénomènes. * La double flèche est synonyme d’ interrelation, de corrélation. Elle signifie : - relation réciproque… - flux intenses entre…. - sont étroitement unis, liés, reliés…. - échange (s) dans les deux sens, etc… http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/bonusage.htm Page 4 sur 5 Du bon usage des schémas fléchés 08-07-17 10:47 E/ QUELQUES ECUEILS A EVITER L’auteur d’un schéma doit impérativement songer à sa réception et à sa compréhension par le public. Lorsque le professeur montre pour la première fois un schéma à ses élèves (ou lorsqu’il utilise un schéma reproduit dans le manuel), il faut qu’il donne des explications sur les différentes figures qu’il utilise, qu’il livre les quelques règles qui ont présidé à son élaboration. Les schémas qui ne visent qu’à conforter ou illustrer le discours du professeur n’ont pas grand intérêt. Cette façon de faire ne permet pas aux élèves de comprendre les logiques qui sous-tendent ce type de représentation graphique. L’auteur du schéma a une vision globale de ce qu’il veut présenter ou démontrer. Il a en tête beaucoup d’informations qui ne figurent pas sur le schéma mais qu’il est capable d’expliciter si on lui pose des questions. Or, ce sont ces éléments implicites qui nuisent souvent à la compréhension du schéma. Ajoutons encore que beaucoup d’élèves ont une pensée analytique et que cela nuit à la perception globale, complexe et « systémique » que veut montrer le schéma. Il est donc absolument nécessaire de privilégier une période d’apprentissage plus ou moins longue. Les modules en seconde se prêtent bien à ce type d’exercices. http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/bonusage.htm Page 5 sur 5 Titre de page 08-07-17 10:47 RIDEAUX MOUCHOIRS Schématisation des lignes 1-2 Développement de la Schématisation des lignes 3- vêtement Volonté d'intimité rideaux mouchoirs création de couloirs avec portes spécialisation des pièces est évident que l'on peut montrer que, de ces éléments propres au texte de Michelet, on peut déduire implicitement d'autres éléments (ils seront notés en italique) Il Développement de l'hygienne propreté utilisation du mouchoir Schématisation des lignes 12-14 utilisation accrue de rideaux et de mouchoirs on peut schématiser croissance des importations de cotonnades rideaux + mouchoirs importations de cotonnades Schématisation des lignes 15-18. C'est la partie du texte la plus difficile à importations de filés de coton puis importations de cotonnades Main d'oeuvre féminine spécialisée et adaptable Schématisation des lignes 21-25 http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/ Page 1 sur 2 Titre de page 08-07-17 10:47 gonflement de la demande (en tissus de coton) mutation de l'appareil productif français initiative marchande Jean-Paul Chabrol/ Les flèches signifient : provoquent, entraînent, etc... http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/hge/boiteaidee/seconde/revolution_industrielle/ Page 2 sur 2