Du bon usage des schémas fléchés

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Du bon usage des schémas fléchés
Du bon usage des schémas fléchés
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Du bon usage des schémas fléchés
A/ DÉFINITION
On peut définir un schéma comme la représentation graphique, simplifiée, rationnelle et organisée
d’une réalité plus ou moins complexe.
Le dictionnaire de géographie critique (Les mots de la géographie) en donne la définition suivante (p.
405) :
« Du grec : forme, figure. Représentation simplifiée qui est censée donner l’essentiel de la structure
d’une distribution, d’une construction.
Schéma logique : représentation sagittale (par boîtes et flèches) des étapes d’un raisonnement, de la
structure ou du fonctionnement d’un système (voisin du schéma de fonctionnement) ou de montage d’un
appareil).
Les schémas demandent une longue élaboration, d’abondantes vérifications, et sont des instruments
de recherche autant que de communication. En ce sens, le terme s’oppose à esquisse, brouillon. A tort, le
mot est victime des connotations péjoratives du schématisme, qui n’a pas le même sens, impliquant un
résumé brutal et caricatural. Aussi lui préfère-t-on souvent le terme modèle, comme modélisation à
schématisation.»
Pour le mot sagittal (p. 401) : « Qui à la forme d’une flèche (rac. latine). Graphe sagittal : graphe
orienté, qui donne le sens des liaisons (...) ».
Les professeurs liront avec profit dans ce même dictionnaire la définition du mot modèle et de ses
corrélats. On peut en effet assimiler un « schéma » à un « modèle » qui selon le cas peut être représentatif,
explicatif voire prédictif.
B/ PRINCIPES GÉNÉRAUX
1° Tout schéma vise donc la simplification.
Il oblige à trier dans l’information, l’essentiel de l’accessoire. Comme en cartographie, ce tri
est un travail de sélection ou de discrimination et finalement d’élimination. Sur le plan pédagogique, c’est
un excellent exercice qui oblige le concepteur à se poser la question des objectifs. Un schéma oui mais
pourquoi faire ? Pourquoi laisser de côté cet élément plutôt que tel autre ? Dans quel but ? Qu’est-ce qu’on
veut montrer, démontrer ou expliquer ?
2° Le schéma sert à organiser des informations.
C’est son aspect rationnel et « logique ». Les informations doivent être hiérarchisées et
mises en relations par un jeu de signes (traits ou flèches). Il est très important de développer cette capacité
à établir des relations. Elle est nécessaire à la compréhension de la notion de causalité et plus encore à
celle de système. C’est donc un bon moyen d’initier les élèves à la complexité.
Ce travail nécessite d’être capable de dégager des unités d’information à partir de mots-clés
(notions, concepts, etc…) contenus dans un document. Ce sont ces unités d’information qui, une fois
dégagées et organisées, vont être mises en relation les unes avec les autres, les unes par rapport aux autres.
Elles seront donc hiérarchisées.
3° Le schéma doit faciliter la compréhension et la mémorisation.
Le schéma doit permettre à son concepteur de mettre en évidence ses capacités à organiser
dans un espace restreint à deux dimensions (la feuille « blanche ») les éléments repérés. Il en découle
que l’aspect esthétique d’un schéma ne doit jamais être négligé sans quoi il irait à l’encontre des objectifs
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1 et 2.
Le schéma doit donc être lisible et dans ce but, il est important d’appliquer quelques règles
graphiques assez simples que nous développerons plus loin. Mais il importe avant tout de savoir jouer avec
les variations de valeur, de taille, et de couleur si elle est utilisée.
Pour vérifier si un schéma a été compris, il faut donc être capable d’en résumer l’idée principale, de
préciser le sens des flèches, d’indiquer le sens de la lecture, etc..
Il est donc impératif de savoir passer du schéma à sa « traduction » écrite (rédigée) ou orale
(verbale). Ce travail de reformulation et de verbalisation est absolument nécessaire sans quoi le schéma n’a
aucun intérêt. Rien de plus inefficaces que les schémas détachés de toute préoccupation heuristique au sens
large, autrement dit « plaqués ». Dans beaucoup d’ouvrages, les schémas ne servent malheureusement que
d’illustrations. Le lecteur les parcoure rapidement sans y attacher plus d’importance qu’une
photographie.
4° Le schéma doit être un complément de l’expression écrite ou orale et étayer une
démonstration.
Le danger serait de ne se contenter que de l’expression visuelle, graphique, pour expliquer
n’importe quel phénomène historique ou géographique. Le risque serait grand alors de caricaturer la réalité.
Le schéma (comme la carte ou le modèle : ce sont aussi des schémas !) ne doit pas être considéré comme
une fin en soi. Il faut partir du principe que le schéma n’est qu’un outil pour COMPRENDRE, PENSER et
REPRÉSENTER la « réalité » dans sa complexité. Partant, il doit toujours être intégré à une démonstration
(écrite ou orale), à une problématique.
A l’oral comme à l’écrit, il est donc important d’apprendre à nuancer un schéma, d’en souligner le
caractère simplificateur, d’en montrer les limites, d’insister avant tout sur son aspect heuristique,
pédagogique et méthodologique. Et cela est d’autant plus important lorsque le schéma fléché a pour
ambition de représenter un « modèle ».
Dans les dissertations ou les commentaires composés, l’utilisation des schémas fléchés est
recommandée. Un bon schéma même simple peut permettre de dégager les points incontournables d’une
explication, mettre en valeur les « noyaux durs » d’une démonstration, illustrer une idée ou la résumer, etc..
Il peut servir aussi de conclusion. Mais on aura garde de bien l’intégrer au corps du devoir à l’instar d’une
carte, d’un croquis ou d’un modèle (carto)graphique.
C/ PLUSIEURS TYPES DE SCHÉMAS
1° Le schéma linéaire
C’est le plus simple. Il aide à montrer un enchaînement de causes et de conséquences. En règle
générale, il a un caractère chronologique. Il met en évidence une succession d’événements, une évolution,
des étapes. Le schéma peut être construit verticalement ou horizontalement. Dans le premier cas, le point de
départ se trouve en haut, dans le second à gauche. Mais on peut trouver un mixte des deux représentations
verticales et horizontales.
2° Le schéma sous forme d’organigramme
Il s’apparente au premier type et se développe, lui aussi, selon deux axes. Ce type de schéma est
particulièrement bien adaptés à la visualisation de structures « fermées ». Il en montre d’abord les niveaux
et la hiérarchie. Il met en évidence les relations entre les éléments structurels par un jeu de traits ou de
flèches. La nature de ces relations (dépendance, fonction, opération, etc.) est également visualisée. Tout un
chacun a en mémoire l’organigramme de son lycée, d’une administration, de l’État, etc.
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3° Le schéma sous forme d’arborescence
Ce type de schéma dérive du précédent. Mais il tente d’établir une généalogie à partir d’un élément
primordial. L’utilisation de l’arborescence convient à des structures « ouvertes ».
4° Le schéma pyramidal
C’est une variante de l’organigramme. Il représente une organisation hiérarchisée du sommet à la
base. On peut représenter ainsi les ordres et les classes sous l’Ancien Régime. La pointe de la pyramide est
occupée par le Roi et la base représente la masse du Tiers-Etat. Vision très idéologique et politique de
l’organisation sociale ! Vision qui renvoie aussi aux structures anthropologiques profondes de l’imaginaire
avec une forte valorisation - consciente ou inconsciente - de la verticalité : le sommet s’opposant à la
base…
5° Le schéma circulaire
Il a pour objectif de visualiser les phénomènes ou les processus cycliques. Sont aussi montrés les
causalités circulaires et les effets de boucle (notion relevant de la systémique). On utilise encore ce type de
schéma pour illustrer le phénomène de rétroaction. C’est enfin une manière d’expliquer la notion de cycle.
Nombreux exemples dans les manuels : le cercle « vicieux » (?) de la pauvreté, de la jachère ; la boucle du
riz, etc..
La lecture se fait, en règle générale, dans le sens des aiguilles d’une montre et le point de départ se
situe en haut du schéma. Il faut toutefois faire remarquer que dans la réalité les boucles ne sont jamais
véritablement « bouclées ». Le mouvement perpétuel n’est qu’une illusion. Tout phénomène a un
commencement, une évolution et une fin. La représentation circulaire ne peut décrire qu’un phénomène en
transition (selon des durées très variables) vers un autre état.
6° Les chronographes
Ils se présentent sous la forme d’une succession de schémas fléchés datés et comme leur nom
l’indique, ils visent à montrer une évolution historique, donc des étapes.
7° Le schéma systémique (ou systémogramme)
C’est le plus complexe à interpréter et à réaliser. Beaucoup de schémas fléchés ou d’organigrammes
sont qualifiés de « systémiques ». Nous avons nous même utilisés ce terme plus haut. Mais on aura
remarqué les guillemets. En effet, c’est par méconnaissance ou abus de langage que l’on accole ce
qualificatif à un grand nombre de schémas.
Un systémogramme digne de ce nom doit nécessairement comporter (comme tout système) des
entrées et des sorties. Comme le soulignent Joël de Rosnay et bien d’autres systématiciens : « le
fonctionnement de base des systèmes repose sur le jeu combiné des boucles de rétroaction, des flux et des
réservoirs ». Les flèches symbolisent des lignes de flux, des circulations d’informations, d’énergie ou de
matière. Des « vannes » contrôlent les débits des flux. Les « réservoirs » se remplissent ou se vident selon
des « délais » plus ou moins longs. Des boucles de rétroaction (feed-back) « combinent les effets des
réservoirs, des délais, des vannes et des flux » (Le Macroscope, p. 108).
Le systémogramme a donc un aspect fonctionnel et dynamique que le schéma fléché ou
l’organigramme ne rend que fort imparfaitement. Ces derniers montrent, tout au plus, que les éléments sont
liés les uns aux autres et interdépendants. Mais pour la plupart de nos élèves ou de nos étudiants, c’est déjà
beaucoup !
En conclusion, malgré ses limites, le schéma fléché est un bon moyen pédagogique pour s’initier à
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une vision « systémique » et « complexe » de la réalité. Nous proposons de réserver la réalisation ou
l’utilisation des systémogrammes à l’enseignement supérieur.
D/ LA GRAMMAIRE DES SCHÉMAS FLÉCHÉS
* « Réserves » ou « réservoirs » : ce sont des figures symboliques, géométriques dans lesquelles on
inscrit une information, un élément, etc.. On utilise le plus souvent des figures orthogonales (rectangles ou
carrés), des figures circulaires ou ovoïdes. Les « bulles » utilisées en B.D. peuvent être mises aussi à
contribution. Les logiciels de dessin sont d’un bon secours et permettent de réaliser de fort beaux schémas
en très peu de temps. Ces logiciels ont souvent des bibliothèques de formes qui apportent parfois un
« plus » aux schémas.
* Des lignes et des flèches :
* Les lignes sont utilisés pour relier les figures géométriques entre elles. L’épaisseur des
traits doit être proportionnelle aux variations d’intensité des relations.
* Les flèches
Elles montrent d’abord un lien logique. Ce lien peut être aussi temporel.
Elles sont ensuite et surtout utilisées pour indiquer le sens d’une relation :
* Sens chronologique ; relation de cause à effet, ou cause-conséquence ; ou encore avant-après
* La double flèche indique une relation réciproque entre deux éléments. Elle exprime l’idée
d’interaction ou, plus complexe, celle de rétroaction (feedback).
* L’utilisation des flèches illustre aussi une dynamique.
Comme pour les lignes, on peut jouer aussi sur les variations de taille.
Mais les flèches peuvent avoir plusieurs significations selon le contexte. Il est donc très important
de donner la signification des flèches. D’où l’importance d’une légende surtout pour les élèves qui ont des
difficultés à lire un schéma. Au début, il est utile d’inscrire au dessus ou au dessous le sens que l’on a voulu
donner à la flèche.
*Une flèche orientée dans un seul sens peut signifier :
- entraîne…
- provoque…
- a pour conséquence…
- conduit à…
- agit sur…
- occasionne…
- cause…
- amène à…
- induit…
- explique…
- est relié à…
- etc..
* Mais une flèche peut très bien n’avoir pour seul objectif que de montrer, de désigner, d’orienter
le regard vers un élément important. Dans ce cas, elle ne sert qu’à attirer l’attention, souligner un lien entre
deux objets ou deux phénomènes.
* La double flèche est synonyme d’ interrelation, de corrélation. Elle signifie :
- relation réciproque…
- flux intenses entre….
- sont étroitement unis, liés, reliés….
- échange (s) dans les deux sens, etc…
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E/ QUELQUES ECUEILS A EVITER
L’auteur d’un schéma doit impérativement songer à sa réception et à sa compréhension par le public.
Lorsque le professeur montre pour la première fois un schéma à ses élèves (ou lorsqu’il utilise un schéma
reproduit dans le manuel), il faut qu’il donne des explications sur les différentes figures qu’il utilise, qu’il
livre les quelques règles qui ont présidé à son élaboration. Les schémas qui ne visent qu’à conforter ou
illustrer le discours du professeur n’ont pas grand intérêt. Cette façon de faire ne permet pas aux élèves de
comprendre les logiques qui sous-tendent ce type de représentation graphique.
L’auteur du schéma a une vision globale de ce qu’il veut présenter ou démontrer. Il a en tête beaucoup
d’informations qui ne figurent pas sur le schéma mais qu’il est capable d’expliciter si on lui pose des
questions. Or, ce sont ces éléments implicites qui nuisent souvent à la compréhension du schéma. Ajoutons
encore que beaucoup d’élèves ont une pensée analytique et que cela nuit à la perception globale, complexe
et « systémique » que veut montrer le schéma.
Il est donc absolument nécessaire de privilégier une période d’apprentissage plus ou moins longue. Les
modules en seconde se prêtent bien à ce type d’exercices.
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RIDEAUX
MOUCHOIRS
Schématisation des lignes 1-2
Développement de la
Schématisation des lignes 3-
vêtement
Volonté d'intimité
rideaux
mouchoirs
création de couloirs avec portes
spécialisation des pièces
est évident que l'on peut montrer que, de ces éléments propres au texte de Michelet, on peut
déduire implicitement d'autres éléments (ils seront notés en italique)
Il
Développement de l'hygienne
propreté
utilisation du mouchoir
Schématisation des lignes 12-14
utilisation accrue de rideaux et de mouchoirs
on peut schématiser
croissance des importations de cotonnades
rideaux + mouchoirs
importations de cotonnades
Schématisation des lignes 15-18. C'est la partie du texte la plus difficile à
importations de filés de coton
puis
importations de cotonnades
Main d'oeuvre féminine
spécialisée et adaptable
Schématisation des lignes 21-25
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gonflement de la demande
(en tissus de coton)
mutation de l'appareil
productif français
initiative marchande
Jean-Paul Chabrol/
Les flèches signifient : provoquent, entraînent, etc...
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