Knut

Transcription

Knut
Sous la plaine du Brandenburg,
Je naquis dans un espace clos,
Exclu d’un maternel amour,
Je fus recueilli comme un lot,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Parmi les miens entourés,
Je pointais mon museau noir,
Sans jamais me lasser,
Flairant tout espoir,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
L’air était doux et serein,
Les rayons du soleil,
Traversaient l’eau du bain,
Pareil à une merveille,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Blanche est ma fourrure,
Je suis un ours polaire,
Lourde semble ma parure,
Je recherche ma mère,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
J’entendais au loin des bruits,
Je sentais de la tension,
Abandonné mais recueilli,
Je subodoré l’action,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Gardé jour et nuit,
Nourri sans souci du danger,
Je vivais ébloui,
Dans ce ciel léger,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Mon ange gardien,
Habillé de vert pourpre,
Dormait près des miens,
Autour des rochers lourds,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait
Balloté au gré des vents,
Le zoo fut ma demeure,
Chéri par les enfants,
Je vaquais dans le bonheur,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait
Allaité par l’homme,
Je grandis parmi les ours,
Choyé comme un bonhomme,
Tel un roi devant sa cour,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Prisé telle une marque,
Je fus une curiosité,
Adoré comme un monarque,
Mon image publiée,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Mes proches congénères,
Femelles ô combien jalouses,
Agressives à bout de nerfs,
Ringardes telles des épouses,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Par un beau jour de mars,
Je tremblai soudainement,
Saisi comme un cauchemar,
Je tombais lourdement,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
En contact avec l’eau,
Surpris je me débattais,
Tête et corps balourds,
Je m’évanouissais en paix,
Je ne vis pas ce qui m’arrivait.
Je
Le
Je
Je
Je
n’avais que trois ans,
zoo fut ma vie,
mourus à Berlin,
m’appelais Knut,
ne vis pas ce qui m’arrivait.