led zeppelin - Friendship First

Transcription

led zeppelin - Friendship First
Qu’emporterai-je dans mon île déserte ?
Après avoir posé la question au lecteur via une hypothétique “discothèque idéale”,
je m’avoue bien incapable d’y répondre moi-même...
Je me suis alors penché sur ma propre discothèque. Il en résulte qu’une malle format cantine militaire n’y suffirait pas ! Mais après sélection rigoureuse, un groupe
me parait soudain indispensable : Led Zeppelin ! De 1968 à 1979, ils n’ont
publiés que 8 albums studio dont les 7 premiers méritent de figurer dans cette “Discothèque Idéale” ! Pour
comparaison, les Beatles - groupe étalon s’il en est ont publié 11 albums de 1963 à 1970 dont je ne
conserverais qu’une moitié dans la cantine précitée...
Derrière l’image réductrice du “rock’n’roll circus” (mégalomanie, tournées, groupies, hôtels dévastés, sex, drugs...),
on oublie juste de rappeler l’œuvre de ces quatre mecs hors du commun.
Que dirais-tu d’une petite Balade en dirigeable ?
LED ZEPPELIN
Genèse du dirigeable
16
James Patrick Page (né le 8 janvier 1944 à Londres),
Robert Anthony Plant (20 août 1948 dans les Midlands),
John Paul Jones (3 janvier 1946) et John Henry Bonham
(31 mai 1948) ne se sont pas rencontrés au collège, n’ont
pas monté un groupe d’ado dans une de ces incontournables Art-Schools. Et tant pis pour le cliché !
Le premier découvre très tôt son amour de la six cordes,
via LA fameuse première guitare offerte par papa, une
guitare espagnole. Le parcours initiatique de l’adolescent
diffère de celui de la plupart de ses confrères pour lesquels les parents envisagent une carrière plus sérieuse :
les siens l’encouragent à étudier et perfectionner sa
musique, et sacrifient une pièce de leur modeste pavillon
que Jimmy utilise rapidement comme studio ! A force de
travail et d’opiniâtreté, son style s’affine à tel point qu’il
atterrit dans les studios d’enregistrement pour enluminer
de ses cordes les sessions des groupes en vogue (Kinks,
Them, Who, Donovan, jusqu’à nos Johnny et Monsieur
Eddy “Schmoll”). Sa constitution fragile étant incompatible avec la notion de groupe-qui-tourne, ce mode de
fonctionnement lui va bien. En 1965, il est pressenti pour
remplacer Eric Clapton au sein des Yardbirds. Il refuse,
pour la raison précédemment évoquée, mais aussi par
amitié pour son pote Clapton. Proposition qu’il accepte
deux ans plus tard, mais à la basse, au côté de Jeff Beck,
remplaçant de Clapton. Il reprend rapidement en main la
six (et douze) cordes, et la tête des Yardbirds...
Le second, Robert Plant, chanteur à la voix puissante, est
un grand amateur de blues. Dès 15 ans, il se frotte à la
guitare, à l’harmonica et aux grands chanteurs de blues
du moment qu’il étudie avec le plus vif appétit. C’est
l’époque de Alexis Korner, John Mayall et Fleetwood
Mac (dans sa version “blues band” originelle avec Peter
Green, pas l’extension rock-FM des années 70 !). Il
fonde alors le Band Of Joy mêlant blues et ambiance
psychédélique, groupe au succès local ne nourrissant que
faiblement son Robert...
John Paul Jones, né Baldwin, trouve également at home
un embryon d’éducation musicale : son père est pianiste
de jazz et compose des musiques de films. Dès 6 ans, il
se met au piano et à l’orgue dont il joue aux offices dominicales. Cheminement prévisible, il passe aux cordes, à la
basse, se bricole un ampli avec trois bouts de ficelle et
traîne les pubs au sein d’un petit groupe d’ados. Il est
finalement repéré par un boss de Decca (label des
Stones) qui lui propose de participer à des sessions d’enregistrement derrière Shirley Bassey, Cliff Richard, Cat
Stevens, où il finit par croiser Jimmy ! En plus de ses
talents de bassiste, Jones est un brillant arrangeur. Donovan lui doit en grande partie l’éclatant succès de Sunshine Superman, Mellow Yellow ou Hurdy Gurdy Man
(Page à la guitare). Pas si mal sur un CV d’artiste...
Le quatrième homme, John Bonham, est un vrai paysan
au sens le plus noble du terme, et aurait pu le rester s’il
n’avait, depuis son plus jeune âge, la manie de taper sur
tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bidon ou à
un fût (en anglais, drum). Passons sur la batterie offerte
par ses parents à l’âge de 15 ans et retrouvons Bonham
au sein de multiples groupes où il développe une technique de frappe bien à lui : les mains nues à la manière
des percussionnistes africains ! Ses mains sont d’ailleurs
rapidement couvertes de corne lui permettant de frapper
toujours plus fort. A l’instar d’un Obélix, c’est aussi un
amateur de belles bagarres, ce qui peut s’avérer dangereux compte tenu de la carrure et des paluches du bonhomme, et de son penchant pour les boissons prohibées
par la Sécurité Routière... d’ailleurs totalement incompatibles avec son autre passe-temps : les voitures rapides !
VINYL n°50 • Janvier - Février 2006