Parcours « Les couleurs »

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Parcours « Les couleurs »
Parcours « Couleurs »
Œuvres sélectionnées
Section Art Moderne
1. Ferdinand Schirren
La femme en bleu
2. Rik Wouters
La dame au collier jaune
3. Auguste Oleffe
En août 1909
4. Gustave De Smet
La loge
5. Constant Permeke
Les fiancés
6. Raoul Dufy
Vue de Marseille
7. Roberto Matta Echaurren
Onze formes du doute/Kaléidoscope aquarium
8. Donald Judd
Sans titre
Parcours « Couleurs »
1
Parcours « Couleurs » (*)
Quel est ton pull préféré ? Est-ce à cause de sa couleur ?
Quelles sont les autres couleurs que tu aimes ?
Chaque personne a ses couleurs préférées. Les miennes sont ….
Où vois-tu les couleurs ?
Nous les trouvons partout. Dans la nature : les fleurs, les arbres, la terre, les pierres, …
Elles sont sur nous : sur nos cheveux, sur notre peau (ta peau change de couleur selon que
tu joues dehors l’été légèrement vêtu(e) ou l’hiver habillé(e) d’un pull et d’un pantalon.
Elles sont aussi dans notre vie de tous les jours : sur nos vêtements, dans la décoration de
nos maisons, sur les emballages des produits que nous consommons (biscuits, yaourts,
etc), dans les livres de contes, à la télévision, sur la carrosserie des voitures, les panneaux
de signalisation, les voitures de pompiers, les ambulances, …
Quand tu colories un dessin, tu utilises les nombreuses couleurs que tu trouves dans ta
boîte de crayons ou de feutres de couleur : il y a des couleurs vives et des couleurs plus
douces, plus claires.
Avec de la peinture ou de la gouache, si tu utilisais seulement trois couleurs, le rouge, le
bleu et le jaune, tu pourrais, selon le mélange que tu fais et en ajoutant du blanc et du
noir, obtenir toutes ces couleurs et même beaucoup plus. Par contre, si tu voulais obtenir
du rouge, du bleu ou du jaune, aucun mélange ne pourrait produire ces trois couleurs.
C’est pour cette raison qu’elles s’appellent « couleurs de base » ou « couleurs
primaires » (Ces mots peuvent être rapprochés du quotidien de l’enfant. En effet, après
la maternelle, les enfants vont à « l’école primaire » où sont enseignées les « matières de
base » : lecture, écriture et calcul. Ces matières de base, fondamentales, permettent
d’accéder au niveau d’études secondaires et d’élargir les connaissances en multipliant
les matières).
Si tu combines ces couleurs primaires deux par deux, tu obtiens trois nouvelles couleurs :
jaune plus bleu produisent du vert, rouge plus jaune produisent de l’orange et bleu plus
rouge du violet. Ces trois nouvelles couleurs s’appellent « couleurs secondaires ».
(*) Le parcours n’aborde le sujet ni de la nature, ni de la fabrication des couleurs. Pour
une courte information sur ce sujet, référez-vous au texte ‘Les matériaux de la couleur’
proposé dans la rubrique « Les articles de fond ».
Parcours « Couleurs »
2
Tu peux réaliser une petite expérience à la maison : au centre d’une feuille de papier
blanc tu fais quelques taches de couleur avec de la peinture à l’eau (tu ne dois pas mettre
trop d’eau) : utilise du rouge, du bleu et du jaune. Tu disposes ces couleurs les unes à côté
des autres. Ensuite, tu plies la feuille en deux et tu passes doucement la main dessus. En
dépliant la feuille tu pourras observer que les couleurs se sont mélangées et se sont
transformées en formes mystérieuses. Ces mélanges et ces formes, tu les as obtenues par
hasard. Si tu refais cette expérience avec seulement du noir et du blanc, tu auras encore
d’autres surprises.
As-tu déjà vu un arc-en-ciel ?
Peux-tu me dire quelles sont les couleurs les plus visibles dans un arc-en-ciel ?
Il y en a sept : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et rouge.
Il manque le noir et le blanc : deux couleurs opposées dont on ne pourrait se passer.
Elles sont complices et se mettent en valeur l’une par l’autre. C’est une longue histoire
entre elles. Les gravures, les livres, les photos, les films, avant d’être en couleur, étaient
en noir et blanc. Les couleurs ne sont pas indispensables pour nous faire rêver. D’ailleurs,
ne rêvons-nous pas en noir et blanc ?
Le noir c’est l’absence de lumière, de couleurs. Il ressort sur le blanc. Le blanc est source
de lumière et en marque les effets.
Le noir et le blanc mélangés produisent des gris. Ils seront différents selon le dosage
effectué. Avec l’ajout d’une autre couleur, toutes les combinaisons sont possibles pour
obtenir des nuances variant à l’infini.
Chaque couleur nous parle différemment. Deux couleurs placées l’une à côté de l’autre
auront chacune un langage différent de celui qu’elles peuvent avoir quand elles sont
utilisées seules : l’une met l’autre en valeur, la rend plus attirante. Toi aussi, tu peux
changer de comportement : te sentir grand(e) devant un bébé, plus petit(e) face à moi; la
présence d’un copain ou d’une copine peut t’exciter ou, au contraire, te calmer.
Les couleurs, c’est comme de la magie : tu peux être émerveillé(e) par leur vue, étonné(e)
par les mélanges incroyables que tu peux obtenir et surpris(e) par des réactions
inattendues : le même bleu utilisé sur un papier, sur une toile, sur un tissu, sur du bois, sur
un modelage en terre, sur une pierre, … n’aura jamais le même effet. Le même bleu à
côté d’une pomme verte, ou rouge, ou jaune, … te paraîtra chaque fois différent.
Allons voir comment les artistes ont utilisé les couleurs, comment ils les ont mélangées et
placées les unes par rapport aux autres.
Nous allons ainsi observer la force des couleurs, le rapport entre elles selon la place
qu’elles occupent dans un tableau et les émotions qu’elles nous procurent.
NB. Les dimensions des œuvres sont données en centimètres, la hauteur précédant la
largeur.
Parcours « Couleurs »
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Se diriger vers la section Art Moderne – Prendre l’escalator puis les escaliers et
descendre jusqu’au niveau -8.
1. (Quatrième tableau sur le mur de gauche)
© SABAM Belgium 2008
Ferdinand Schirren
La femme en bleu - 1921
Huile sur toile - 165 x 140
Que vois-tu ?
L’artiste fait le portrait d’une femme dans un intérieur.
Il donne pour titre à son tableau : « La femme en bleu ».
Est-ce une toile très colorée ?
Quelles sont les couleurs qui dominent ?
Le rouge et le bleu. Le rouge est la couleur que ton œil voit en premier lieu : il donne
l’impression d’avancer vers nous. Le bleu semble reculer : il est dominé par le rouge.
Souviens-toi : le bleu et le rouge sont deux des trois couleurs primaires.
Quelle est la troisième ? Le jaune : où le vois-tu ?
Et les autres couleurs ? Ce sont des couleurs mélangées, plus sombres : elles encadrent le
rouge du fauteuil et le bleu de la robe de la dame pour représenter le décor de la pièce.
A l’époque où la toile a été réalisée, des couleurs aussi vives étaient rarement utilisées.
Parcours « Couleurs »
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La dame porte une robe bleue
Le bleu était la couleur favorite du peintre. Cette couleur est présente dans presque toutes
ses œuvres.
A quoi le bleu te fait-il penser ?
C’est la couleur du ciel, celle que l’on donne à l’eau (le reflet du ciel y est pour quelque
chose). Elle donne une impression d’étendue, de calme. On dit que c’est une couleur
froide (« être bleu de froid »).
Le bleu est une couleur primaire qui permet, en fonction des mélanges avec d’autres
couleurs, une variation de tons infinis.
C’est une couleur que tout le monde aime, une couleur sage qui ne choque pas.
S’habiller de bleu, c’est être certain d’être discret, de ne pas imposer aux autres des
couleurs qu’ils pourraient ne pas aimer ou juger agressives.
Toi, tes copains et tes parents vous portez souvent des jeans bleus.
Dans certaines écoles, les enfants doivent porter des vêtements bleus.
Les uniformes des policiers, des pilotes d’avions sont bleu foncé.
Le visage de la dame
Le visage de la dame est ovale, encadré de cheveux noirs tirés en arrière.
Ses yeux ne nous regardent pas : ils se portent à l’extérieur du tableau.
Qu’exprime-t-elle ? La tristesse ? La rêverie ?
Observe les yeux, les sourcils, la bouche : ils sont peints en ligne droite. Une façon
d’exprimer le calme, le silence (en se relevant vers les tempes ces lignes exprimeraient la
joie, en s’abaissant la tristesse. Peux-tu mimer ces expressions ?).
La dame fait-elle un mouvement ? Est-elle assise sans bouger ?
Comment pouvons-nous le savoir ?
Observe la robe : elle est peinte de façon presque uniforme. Des bleus un peu plus clairs,
d’autres plus soutenus créent les formes des bras et des jambes de la dame : elle a les
épaules tombantes, elle croise les jambes. Mais si le peintre avait voulu nous donner une
impression de mouvement il aurait représenté quelques plis dans la robe. Cette robe
bleue, sans plis, accentue l’impression de calme et atténue les rouges éclatants, fort
présents.
Que nous raconte ce tableau ?
La dame nous montre un dessin qu’elle tient dans sa main. Tu retrouves ce motif dans le
tableau accroché sur le mur du fond, au dessus de sa tête. Est-ce un travail préparatoire ?
Un modèle ? Un essai de couleurs ? Veut-elle nous indiquer que le tableau accroché est
son œuvre ?
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Il y a beaucoup de rouge. Où le vois-tu ?
Sur le fauteuil (il est au premier plan), sur le canapé, …
Le rouge attire l’œil : c’est une couleur forte. Il veut se faire voir et en impose à toutes les
autres. Les voitures de pompiers sont rouges pour être immédiatement reconnues afin
qu’on leur laisse le passage.
Le rouge, c’est la couleur de la fête, de la joie. Celle de l’habit de Saint-Nicolas, du Père
Noël et celle des décorations de Noël.
C’est la couleur de la vie (le sang qui coule dans tes veines), de l’amour (les petits cœurs
rouges qui symbolisent la fête des amoureux).
Le rouge est une couleur chaude.
Il évoque le feu, les flammes, les émotions qui entraînent une réaction de chaleur.
Si quelqu’un casse ton jouet préféré, tu te fâches et tu es « rouge de colère ».
Tu peux « rougir de timidité » devant une personne que tu ne connais pas et tes joues
deviennent toutes rouges si on te fait remarquer que tu as fait une bêtise.
C’est aussi la couleur de l’interdit.
Le rouge du feu de signalisation interdit aux automobilistes de traverser le carrefour.
Les plaques de signalisation placées à l’entrée d’une rue pour en interdire le passage aux
voitures sont rouges avec une bande blanche au centre. Le blanc placé sur le rouge
augmente la visibilité. Fais-en l’expérience à la maison : laisse une bande blanche dans le
rouge d’un dessin et recommence plusieurs fois le même dessin en remplaçant la bande
blanche par d’autres couleurs. Dispose-les les uns à côté des autres puis place-toi à
distance et observe celui que tu vois le mieux ?
Le rouge, c’est encore la couleur du danger.
Le drapeau rouge au bord de la mer te prévient qu’il est dangereux de se baigner.
Dans certains contes le rouge signifie danger. Quelle est la couleur de la pomme que la
sorcière donne à Blanche-Neige ?
Les autres couleurs
Le vert
Entre le rouge du fauteuil et celui du canapé, le peintre pose une nappe verte (mélange du
jaune et du bleu). Placés l’un à côté de l’autre, le rouge et le vert se mettent mutuellement
en valeur.
La nappe n’est pas unie : il y a quelques taches de rouge dans le bas. Que représententelles ? Une broderie ?
Il y a encore du vert dans le feuillage du bouquet de fleurs posé sur la table.
Le jaune
L’artiste l’a utilisé très parcimonieusement dans le bouquet de fleurs. Avec tout ce rouge,
le jaune aurait fait un contraste trop violent.
Regarde la couleur du fauteuil au premier plan. Il y a du jaune dans le rouge, ce qui lui
donne ce beau ton orangé.
Parcours « Couleurs »
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Le blanc
Quel est son rôle ?
Le peintre ajoute à certains endroits un peu de blanc. Il met ainsi en valeur les couleurs et
modèle les formes : celles de la robe, du siège du fauteuil au premier plan, des plis de la
nappe, …
Y a-t-il du noir ?
Très peu : pour les cheveux, les yeux, les chaussures et sur une fleur. Une fleur noire !
As-tu déjà vu une fleur noire ? Alors, pourquoi ? Est-ce pour nous faire comprendre que
la fleur est fanée ? Je ne crois pas. Les artistes aiment inventer, exagérer, faire réfléchir.
Ils ont le droit de peindre ce qu’ils veulent, comme ils veulent.
Et les couleurs du fond de la pièce, celles du sol ?
Ce sont des mélanges. La porte dans un vert bleuté, le mur en brun verdâtre, le tapis au
premier plan dans un rouge violacé.
C’est par la couleur que le peintre nous communique ses émotions
L’artiste peint rapidement sans vraiment se soucier des petits détails.
Les larges coups du pinceau dessinent les formes dans la couleur, créent la robe bleue de
la femme, le canapé rouge, la nappe verte, le fauteuil au premier plan.
Les couleurs se fondent les unes dans les autres, se recouvrent à certains endroits, à
d’autres le pinceau trace quelques lignes dans un ton plus soutenu : elles entourent la
silhouette de la dame, cernent un objet. Ailleurs, c’est un trait blanc : il casse la nappe sur
l’angle de la table, il souligne les moulures de la porte, le dessus d’un coussin, …
La peinture est lisse, la couche est fine : tu vois la texture de la toile et, si tu regardes
bien, tu verras qu’elle est faite de plusieurs morceaux (8) cousus les uns aux autres.
Observe bien le tableau car nous allons le comparer avec le suivant.
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2. (Le tableau à gauche de « La femme en bleu »)
Rik Wouters
La dame au collier jaune - 1912
Huile sur toile - 121,5 x 109,8
La dame porte aussi une robe bleue mais, cette fois, le bleu est tout différent.
L’artiste a donné pour titre à son œuvre : « La dame au collier jaune ».
Le jaune c’est la couleur du soleil, de la lumière.
Le peintre aime la lumière. Il la crée avec les couleurs, en particulier avec de très
beaux jaunes et des blancs : le col, les manchettes de la robe de la dame.
Le tableau est envahi par la couleur : dans le papier peint des murs, les rideaux fleuris, la
robe de la dame, son châle déposé sur la chaise.
Une partie du visage de la dame et de sa main posée contre sa joue sont dans l’ombre,
l’autre est dans la lumière.
Toi, quelles couleurs utiliserais-tu pour peindre la partie dans l’ombre ?
Je vais t’aider : mets tes deux mains devant toi et regarde-les bien. Maintenant, place une
main au dessus de l’autre : tu crées de l’ombre. Déplace doucement la main du dessus sur
celle du dessous et observe le changement que l’ombre apporte à la couleur de ta peau.
Parcours « Couleurs »
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Le peintre a posé sur les parties dans l’ombre les couleurs qui se répandent autour du
visage de la femme : des petites touches de rouge, de vert et de bleu.
L’artiste faisait aussi des « aquarelles »
La peinture est diluée et par endroits tu vois la toile sur laquelle le peintre a travaillé
(était-ce la même chose sur le tableau précédent ?). Il utilise la peinture avec économie, il
l’applique sur la toile, puis la racle. Il travaille la peinture à l’huile comme s’il s’agissait
de l’« aquarelle ».
Comment dispose-t-il les couleurs ?
Les formes ne sont plus peintes en larges « aplats » de couleur mais par petites touches
posées les unes à côté des autres, laissant à l’œil le soin de recomposer les formes.
Observe le papier peint des murs. De loin tu vois des fleurs. De près, ce ne sont plus que
des taches de couleurs appliquées les unes à côté des autres. Regarde la main : les doigts
ne sont pas nettement dessinés. C’est à peine si tu peux les compter ! Mais ne crois pas
que le peintre peut improviser une telle oeuvre : il a d’abord dessiné un projet, l’a étudié
et modifié jusqu’à en être satisfait.
Le peintre fait le portrait de sa femme
Elle s’appelle Nel. Il l’aimait beaucoup. Entre eux, ce fut une belle histoire d’amour.
Elle était son modèle préféré. Regarde les autres oeuvres autour de nous : combien de fois
la reconnais-tu ?
Nel est assise dans un fauteuil, vêtue d’une longue robe bleue.
Son visage, ovale, est encadré de cheveux tirés en arrière. Ils sont noirs, mêlés de tons
plus doux, châtains, et la frange sur le front s’éclaircit aux endroits touchés par la
lumière. Elle lève les yeux pour regarder le peintre. Elle est attentive, elle écoute.
Souviens-toi de la femme dans le tableau que nous venons de voir : quelle impression
donnait-elle ? Celle d’être absente, perdue dans ses pensées, dans ses rêves.
Observe les couleurs : l’artiste combine des couleurs pures, éclatantes avec des couleurs
mélangées : le bleu, clair dans la lumière, devient plus foncé dans l’ombre. C’est un
« bleu violet ». Le rouge du châle qui s’étale devant la chaise prend, dans l’ombre, une
coloration « rouge grenat ». Dans les motifs du papier peint, « le vert sapin » côtoie un
« rouge orangé ».
Tu remarques que lorsqu’on effectue des mélanges au départ des couleurs primaires et
secondaires, la couleur obtenue porte un nom de fleur (bleu violet, lilas, rose, mauve,
rouge coquelicot), de fruit (orange), de légume (rouge tomate), d’une matière (rouge
brique), de la végétation (vert sapin, vert mousse). Ces mots ont été inventés en se basant
sur quelque chose qui existait déjà et que tout le monde connaissait.
Parcours « Couleurs »
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Trouves-tu des ressemblances avec le tableau précédent ?
Tous les deux sont envahis par la couleur.
« La dame au collier jaune » est un foisonnement de couleurs vives, placées par petites
touches les unes à côté des autres pour être recomposées par l’oeil.
Dans « La femme en bleu », les couleurs sont appliquées en larges « aplats » et les
formes sont dessinées dans la couleur.
Lequel des deux préfères-tu ?
(La sculpture en pied qui se trouve à gauche du tableau)
Rik Wouters
Les soucis domestiques -1913-1914
Plâtre - 227 x 79 x 79
Outre l’aquarelle et la peinture à l’huile, l’artiste a aussi réalisé des sculptures (*).
Celle-ci, appelée « Les soucis domestiques », représente une femme debout, habillée
d’une longue robe et d’un tablier.
Regarde son visage : n’est-ce pas celui de Nel ?
Imite la pose de Nel : les bras croisés, la tête inclinée, elle semble écouter très
attentivement. Qui ? Son mari, l’artiste !
(*) Dans la rubrique « Articles de fond », les textes ‘Qu’est-ce qu’un musée ?’ et ‘Le
lexique’ vous donnent une information sommaire sur la « sculpture ».
Parcours « Couleurs »
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Nel a beaucoup écrit sur sa vie et sur les moments vécus avec son mari. Elle raconte
qu’un jour, le tablier noué à la taille, elle est entrée dans la pièce où il travaillait. Comme
toujours, il lui parle du projet qu’il voudrait réaliser, une sculpture monumentale. Il
recherche une expression, une attitude. Nel est debout, elle croise les bras, et tout en
écoutant très attentivement, elle incline un peu la tête. Tout-à-coup, elle l’entend lui dire :
« ne bouge plus » ! Elle avait pris l’attitude, l’expression qu’il recherchait. Elle était son
modèle, parfois même sans le savoir !
Cette sculpture, l’artiste l’a modelée dans la terre. Elle a ensuite été coulée dans le plâtre,
puis peinte par l’artiste en imitant le « bronze ». Regardons de plus près les couleurs et la
manière avec laquelle elles ont été utilisées pour ressembler à cette matière.
Parcours « Couleurs »
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3. (Revenir vers l’escalier - Le tableau situé sur le mur de l’entrée de l’étage)
Auguste Oleffe
En août 1909 - 1909
Huile sur toile - 200 x 200
Que vois-tu ?
Une maman et ses filles au jardin.
En quelle saison ?
Qu’est-ce qui attire ton regard ?
Pour moi, tout de suite c’est le bouquet de fleurs rouges !
Souviens-toi : le rouge attire l’œil. Où le vois-tu ?
Le rouge est sur les lèvres de la petite fille assise sur le banc, sur le collier qu’elle porte,
sur la corbeille rouge et verte déposée sur le bord du banc.
Et dans le feuillage au-dessus des personnages, ne seraient-ce pas des cerises rouges ?
Parcours « Couleurs »
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Quelle heure est-il ?
C’est l’heure du goûter ! Un sucrier, une cuillère et des tasses sont posés sur la table.
Combien comptes-tu de tasses ?
Combien comptes-tu de personnes ?
Qui sont-ces personnes ? Qui a mis les tasses à table ? Qui fera la vaisselle ?
La femme et les trois filles du peintre sont dans le jardin de la maison familiale.
Que font-elles ?
La maman est assise à « un métier » : une broderie est tendue sur le cadre. Vers qui
dirige-t-elle son regard ? Vers son travail ou vers le peintre ?
Sa jupe longue est peinte de motifs bleus et blancs. Un pendentif, suspendu à un ruban de
cou, repose sur sa veste noire.
La jeune fille, en face d’elle, a la tête penchée sur son ouvrage : elle brode un tissu blanc
avec des fils de couleurs. Les points qu’elle fait créent des motifs. C’est la même chose
en peinture : les couleurs que pose le peintre créent des formes, des images.
Sur le banc, deux fillettes : la plus jeune tient une poupée. Elle nous regarde en riant, sa
bouche est aussi rouge que son collier. Tu vois ses dents. A ses côtés, l’autre lit, penchée
sur un livre.
As-tu remarqué que les vêtements portés par les filles sont blancs ou de couleurs claires.
Imagine un instant que les machines à laver n’existaient pas à l’époque où le tableau a été
peint et que toute la lessive était faite à la main. Crois-tu que leur maman les laissait
sauter, courir, grimper aux arbres, se rouler dans l’herbe ? Regarde leurs chaussures. Ce
ne sont pas des chaussures pour aller courir dans l’herbe ! Que pouvaient-elles faire ?
Lire ou broder !
Ne rien faire n’était pas possible et les DVD n’existaient pas.
Ont-elles un point de ressemblance ?
Toutes les quatre ont la même forme du visage et leurs cheveux noirs sont retenus par un
ruban de couleur.
Entre ombre et soleil
La journée a été chaude.
Comment peux-tu le deviner ?
La jeune fille qui brode a enlevé son chapeau et l’a déposé sur le bras du fauteuil.
La scène se passe en partie à l’ombre des feuillages. Les rayons du soleil viennent de
côté. Ils caressent la nuque et les mains de la brodeuse, puis s’arrêtent sur le visage et les
mains de la plus jeune des filles.
Observe comment le peintre parvient à créer l’impression d’une radieuse journée d’été,
comment il peint la lumière de cette fin d’après-midi. Le soleil décline et sa douce
lumière baigne le fond du tableau, adoucit le vert des volets et des fenêtres de la façade,
celui des feuilles encore éclairées par le soleil. Au premier plan, à l’ombre de l’arbre, les
herbes hautes sont peintes dans un vert plus foncé, un « vert gazon ».
Parcours « Couleurs »
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Parlons du vert
C’est une couleur dite non violente, paisible.
Elle signifie la liberté. Lorsque le feu de signalisation est vert, les voitures peuvent
traverser le carrefour.
Tu trouves de nombreux verts dans la nature : pense, par exemple à ceux des prairies, des
arbres ou des plantes. Le vert est composé de bleu et de jaune. Selon le dosage que tu
effectues de l’un et de l’autre, tu obtiendras un « vert gazon », un « vert sapin », un « vert
bouteille », un « vert émeraude », un « vert chasse » (celui des vêtements des
chasseurs qui veulent se fondre dans la végétation des forêts et ne pas être aperçus par les
bêtes sauvages !), …
Si le vert évoque la nature, que signifie :
« se mettre au vert » ?
C’est partir se reposer en dehors de la ville, loin du bruit, par exemple à la campagne.
« classe verte » ?
Quand tu seras plus grand(e), tu iras, avec tes amis d’école en « classe verte », passer un
séjour à la campagne.
« espaces verts » ?
En ville, il y a des « espaces verts », ce sont les parcs où tu peux te promener et jouer.
Le vert, c’est encore la couleur des terrains de football, des tables de ping-pong donc du
sport et de la jeunesse.
Sais-tu pourquoi l’enseigne des pharmacies représente une croix verte ?
Parce qu’elle évoque les plantes qui soignent et entrent dans la préparation de beaucoup
des médicaments naturels.
Et le blanc ?
Où le vois-tu ?
Sur les vêtements : décris-les.
Dans la chaleur de l’été, nous aimons porter des vêtements clairs. Le blanc réfléchit la
lumière et donne une impression de fraîcheur, de légèreté.
Le blanc c’est l’absence de couleur.
Devine ce que signifie l’expression : « J’ai un blanc ! ».
C’est une absence, un oubli, celui d’un nom, d’un prénom, d’une date.
Quand tu entreprends un dessin, quand j’écris une histoire, nous prenons l’un et l’autre
une « feuille blanche ». L’un va commencer son dessin, l’autre son récit.
Le blanc évoque la pureté, la paix, le silence.
Lorsque la neige recouvre le sol et les toits des maisons, elle amortit les bruits. Tout est
plus silencieux.
Parcours « Couleurs »
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Le blanc est la couleur de la propreté (les publicités pour les lessives). Il y a quelques
années, les sous-vêtements, les draps de lit étaient blancs. On n’aurait pas pu imaginer
une housse de couette de couleur ou décorée du dessin d’un de tes personnages préférés.
Une « nuit blanche », c’est une nuit passée sans dormir, à n’entendre que le silence de la
maison.
Et les fantômes ? Pourquoi sont-ils blancs ? Les fantômes se promènent la nuit. Le blanc
leur donne un aspect phosphorescent, les fait sortir de l’obscurité.
Si tu pouvais agrandir ce tableau que mettrais-tu ?
Un chien ?
Un papa ? Le peintre ? Comment serait-il habillé ?
Dans quelles couleurs ?
Pourrais-tu imaginer la même scène aujourd’hui ?
Parcours « Couleurs »
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4. (Revenir sur ses pas – A hauteur du tableau « La dame en bleu », sur le panneau de
droite)
© SABAM Belgium 2008
Gustave De Smet
La loge - 1928
Huile sur toile - 100 x 81
Où sommes-nous ?
Dans une loge.
C’est la petite pièce où un artiste se prépare, s’habille avant d’interpréter un
concert, de jouer une pièce de théâtre ou de réaliser un numéro de cirque. Cet
artiste peut être un homme, une femme, un enfant et même un petit chien.
Lorsque cette personne a terminé son spectacle, elle retourne dans sa loge pour se
reposer et changer de vêtements. Parfois, elle reçoit un admirateur qui vient la
féliciter.
Que se passe-t-il ?
Au premier plan, une jeune fille est assise dans sa loge.
Comment est-elle vêtue ? Elle porte un costume de spectacle.
Parcours « Couleurs »
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Quel spectacle ? Sûrement un numéro de cirque. C’est l’image du clown qui nous le
suggère. Est-elle danseuse, écuyère, trapéziste, dresseuse d’animaux ?
Sur la table, devant un miroir qui reflète en rose et jaune les couleurs de la loge, quelques
objets sont posés : un vaporisateur, une boîte ouverte, un peigne, une fleur, un éventail.
Derrière notre acrobate, un homme est présent. Il porte une tenue de soirée : costume
noir, chemise et nœud papillon blancs. A la main, il tient un bouquet de fleurs.
La jeune fille est-elle contente de cette visite ?
Son visage - pas vraiment un visage, plutôt un masque - nous fixe, inexpressif !
Toutefois, la joie est présente, elle est exprimée à travers les couleurs roses et jaunes, les
couleurs du soleil.
Et l’homme ? Son visage est-il plus expressif ?
Que vois-tu encore ?
Un petit chien blanc, la tête tournée vers quelque chose que sa maîtresse tient dans la
main. Il est super content, très fier d’avoir participé au spectacle. Il a bien travaillé et il
reçoit une petite récompense.
Une couleur primaire : le jaune
C’est la couleur que tu utilises lorsque tu mets un soleil dans tes dessins : tu traces un
grand rond jaune et, de ce rond, tu fais partir des lignes jaunes.
Le jaune du vêtement de la jeune fille et du grand nœud accroché à sa chevelure contraste
avec le noir de la chevelure et le noir du costume de l’homme. Ce jaune attire notre
regard.
Le jaune, c’est la couleur du soleil, de la lumière, de la chaleur, mais aussi celle de la vie,
de la force. En choisissant le jaune pour peindre le personnage principal, le peintre insiste
sur le milieu du cirque, un milieu exigeant où il faut beaucoup travailler.
Pour la décoration de l’intérieur de la loge, le peintre utilise des couleurs mélangées : des
roses, celui du sol, des tentures, de la nappe posée sur la table. Ces roses sont composés
de rouge, de blanc et d’une petite dose de bleu.
Aux plis verticaux des rideaux répondent les lignes horizontales de la bordure de la
nappe.
Les formes sont simples. Ce sont des images posées les unes à côté des autres, entourées
d’une ligne noire. Ici, l’artiste insiste : la ligne est noire et soutenue. Là, il souligne un
détail : la ligne est fine et à peine visible, comme celle laissée par le trait d’un crayon.
Observe les épaules et les bras de la jeune fille : as-tu déjà vu une personne avec une
épaule carrée ? Le peintre joue avec les formes qu’il aime simples. Il aligne un bras sur la
ligne de l’épaule.
Parcours « Couleurs »
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5. (A l’arrière du panneau)
© SABAM Belgium 2008
Constant Permeke
Les fiancés - 1923
Huile sur toile - 151 x 130
Que vois-tu ?
Deux personnages robustes, un homme et une femme, occupent entièrement la
surface du tableau.
Ils sont fiancés, ils vont se promener, se raconter des histoires, faire des projets.
L’artiste n’a peint que le haut de leurs corps. La forme de la silhouette de
l’homme est massive : ses épaules sont larges, disproportionnées l’une par rapport
à l’autre, et ses mains, énormes, doivent être puissantes. Il laisse peu de place à sa
fiancée. Elle est en retrait. Son visage pâle et sa blouse blanche attirent cependant
le regard sur elle. Elle donne le bras à son fiancé.
Ils sont peu souriants pour des amoureux !
Ils regardent droit devant eux et aucun détail dans leurs visages ne nous communique une
expression, une émotion. Cela nous rappelle les visages inexpressifs des personnages du
tableau « La loge ». Les deux peintres se connaissaient : ils étaient proches l’un de l’autre
Parcours « Couleurs »
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et partageaient leurs idées sur la manière de peindre. Par exemple, pour faire l’éloge de la
vie du cirque ou celle des fiancés, ils ne représentent pas un visage en particulier mais
celui de n’importe quelle artiste de cirque qui, après avoir donné un spectacle, se repose
dans sa loge et reçoit la visite d’un admirateur, ou de n’importe quel couple de fiancés
qui travaille la semaine et se retrouve le dimanche.
Où sont-ils ?
Ils ne sont pas dans une maison, ils sont dehors dans l’air et la lumière. Comment le
voyons-nous ? Comment le peintre a-t-il réussi à nous le faire comprendre ?
Il n’y a pas de décor derrière les fiancés. Une couche épaisse de peinture les entoure (on
ne voit pas la toile). Faite de dégradés de blancs mêlés d’un peu de brun ou d’un peu de
jaune, la couche de peinture est irrégulière et certaines zones sont particulièrement
« empâtées ». Cette absence de décor, ces tons clairs derrière les formes sombres des
fiancés font penser à un morceau de ciel. Est-ce celui qu’on aperçoit au dessus de la
digue sur laquelle ils se promènent ou celui au-dessus d’une grande rue tranquille un
dimanche après-midi ?
Pourquoi ces personnages ont-ils été peints massivement dans des
couleurs sombres ?
L’homme est un marin. Il s’est fait tout beau pour sortir avec sa fiancée. Sous sa veste du
« dimanche », il porte un tricot rayé et sur sa tête son plus joli béret avec un pompon.
Regarde, on voit même une boucle d’oreille. Tous les marins en portaient à cette époque.
Le peintre a vécu à Ostende, une ville au bord de la mer. Il connaissait la vie des marins.
Et toi, sais-tu ce que font les marins ? Certains aident à la navigation, d’autres
entretiennent le bateau, réparent les machines, nettoyent le pont, l’intérieur, d’autres
encore préparent les repas. Parfois, ils aident à charger, décharger de lourdes caisses de
marchandises. Quand ils revenaient à terre prendre quelques jours de congé chez eux, ils
aidaient souvent leurs parents aux travaux de la ferme. Comme le peintre a aussi vécu à la
campagne, il avait observé les longues et dures journées des paysans. C’est dans des
couleurs sombres, comme ces bruns, qu’il évoque la nature qui les entoure, la terre qu’ils
labourent et la pauvreté dans laquelle ils vivent. C’est dans le corps massif du marin, dans
ses mains puissantes qu’il évoque la force nécessaire à accomplir ces travaux.
Sais-tu pourquoi le peintre a donné au marin ces épaules disproportionnées, l’une étant
beaucoup plus large que l’autre ? Il explique avoir observé que les marins n’avaient pas
trop « le pied terrestre », car, même à quai, ils roulaient des épaules comme s’ils devaient
contrebalancer le mouvement des vagues sous leurs pieds.
La couleur de la peau du visage et des mains de l’homme est celle de quelqu’un qui
travaille dehors, au soleil, sous le vent ou la pluie. Par contre, celle de sa fiancée est claire
parce qu’elle accomplit les tâches ménagères comme la lessive, le repassage, le
nettoyage, ou la préparation des repas, toutes tâches qui se font à l’intérieur ! (A
Parcours « Couleurs »
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l’époque, le bronzage n’était pas à la mode et les femmes les plus pâles étaient
considérées comme les plus belles).
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6. (Poursuivre en longeant le mur de gauche pour atteindre celui du fond)
© SABAM Belgium 2008
Raoul Dufy
Vue de Marseille - sans date
Huile sur toile - 116 x 90
Que vois-tu ?
Des bateaux amarrés le long d’un port, le reflet de la lumière sur l’eau. Tout
scintille, tout bouge.
Les maisons de l’entrée du port et les façades des bâtiments que tu aperçois plus
loin sont celles d’une ville importante.
Où sommes-nous ?
Au premier plan, la ferronnerie d’un balcon indique que nous sommes à l’intérieur d’une
maison, et plus précisément à l’étage. Notre vue plonge sur un spectacle, celui de la vie
du port. Il y a des grands bateaux avec de hauts mâts, des embarcations de pêcheurs, un
bateau à voile. Il y a aussi toute l’activité sur le quai : des chevaux qui tirent des
charrettes, des personnages qui s’agitent. Il n’y a pas de charrettes à glace, pas de ballons,
pas d’enfant qui courent. Ici, sur le quai, on travaille !
Parcours « Couleurs »
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C’est un tableau qui chante
Le peintre étale les couleurs les unes à côté des autres. Elles nous séduisent, peu importe
qu’elles soient vraisemblables ou exagérément vives. L’artiste les veut ainsi.
Quelle est la couleur dominante ?
Le bleu de l’eau
Il se modifie selon la distance. Clair près de nous, il devient plus foncé au loin. Des traces
d’un « bleu outremer », presque noir, tirent notre regard vers le fond du tableau.
Le bleu du ciel
Au premier plan, quelques lignes noires créent des nuages. Ils sont bordés de légères
taches de brun clair, elles-mêmes entourées d’un bleu plus vif.
Regarde la ferronnerie du balcon au premier plan. Au bleu se mêlent le jaune et le blanc
pour composer ce très beau « vert émeraude ».
Et le noir ? Quelle est son importance ?
Les lignes noires rythment la composition. Le peintre leur donne beaucoup d’importance
car il a aussi pratiqué la « gravure ». Dans la gravure, la ligne est tracée en creux dans la
matière. Elle cerne les images, précise les détails. Ici, en peinture, les lignes sont faites de
noir et d’une pointe de vert ou de bleu. En courbes, elles soulignent les dessins de la
ferronnerie du balcon. En traits ondulants et se superposant, elles imitent les vagues,
suivent le mouvement de l’eau à côté des bateaux. Ailleurs, elles sont droites, dessinent
les mâts des bateaux, l’architecture des bâtiments, répètent les petites fenêtres des façades
qui bordent le port. Le peintre ne s’attache pas aux détails. Même les silhouettes sur le
quai sont à peine ébauchées.
Un tableau construit pour conduire l’œil
Les plans se succèdent. Ils guident notre regard vers le fond du tableau. Au premier plan
le balcon : on ne voit rien à travers la ferronnerie ! Alors on passe au plan suivant : la vie
sur le port. Plus loin la couleur de l’eau du port qui se fait plus foncée. Elle entraîne l’oeil
vers les couleurs plus claires du lointain. Tout semble facile, naturel mais c’est
terriblement pensé, construit en quatre ou cinq plans qui se superposent et qui ne
communiquent pas entre eux.
Le ciel bleu, les maisons peintes dans des couleurs claires montrent une ville où le soleil
est un cadeau de tous les jours.
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7. (Se diriger vers la sortie – A l’arrière du dernier panneau central)
© SABAM Belgium 2008
Roberto Matta Echaurren
Onze formes du doute ou Kaléidoscope aquarium - 1957
Huile sur toile - 200 x 505
C’est un tableau de très grande dimension !
Il faut le regarder de loin et puis de près.
Que vois-tu ?
On entre dans ce tableau comme on entre dans un rêve, sans pouvoir reconnaître le
lieu où on se trouve.
On voit d’abord un grand désordre avec des lignes, des signes, des boîtes, des
écrans. Certains écrans sont transparents et te laissent distinguer, à travers eux,
des objets, des feuilles de chiffres ou de dessins; d’autres réfléchissent des traces
floues comme celles laissées par la fumée d’une fusée.
Il y a des drôles de machines ouvertes. A quoi ressemblent-elles ?
Que dirais-tu des couleurs ?
Ces drôles de machines sont blanches ou colorées. Certaines sont peintes dans des tons
fluo, du jaune, du vert, du rose et du blanc.
Les couleurs les plus présentes ont un éclat fort et brillant. Elles donnent l’impression que
ces machines flottent sur un fond diffus comme celui du fond d’un aquarium, là où les
plantes donnent des couleurs vaseuses. Ces machines seraient-elles comme de beaux
poissons exotiques ?
Parcours « Couleurs »
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Que veut nous dire le peintre ?
Comme le peintre appelle son tableau « Kaléidoscope aquarium. Onze formes du doute »,
il nous aide un peu à comprendre ce qu’il a voulu dire tout en nous laissant perplexes !
« Kaléidoscope aquarium »
Connais-tu le mot « Kaléidoscope » ? C’est un appareil formé d’un tube. A l’intérieur de
ce tube, il y a des miroirs. Ils sont disposés de telle façon que de petits objets de couleur
placés dans le tube se reflètent sur les miroirs en créant une variété de dessins
symétriques.
« Onze formes du doute »
Pourquoi ce titre ? Connais-tu le doute ?
Le peintre utilise souvent ce mot dans les titres de ses œuvres. En fait, il nous invite à
partager son propre doute sur le monde qui nous entoure dans une exploration imaginaire.
Notre œil voyage dans un monde aquatique. Il va partout, revient, repart à la recherche de
quelque chose de connu pour s’arrêter sur un détail, une couleur, une forme. Tout bouge,
les images se suivent, inattendues, étranges, sans livrer d’explication. Le doute s’installe.
L’œil repart : à gauche, à droite. Sommes-nous emprisonnés dans cet espace ? Enfermés
dans l’imagination de l’artiste, dans sa vision ? Dans le tube du kaléidoscope ? Dans un
aquarium ? L’idée de l’aquarium est plus facile !
Souviens-toi de la dame en bleu et de la dame au collier jaune. Nous étions dans une
ambiance douce, calfeutrée, où les peintres montraient leurs émotions. Entre ces peintures
et celle-ci, de nombreuses années ont passé. Les peintres s’intéressent moins à représenter
des personnages, des scènes familiales de la vie quotidienne. Ils s’ouvrent aux
découvertes qui sont faites tous les jours, la télévision, les ordinateurs, ils observent les
progrès de la science.
Dans cet « aquarium », le peintre semble nous inviter à conquérir l’espace, à découvrir un
autre monde. Il oppose l’ordre et le désordre, un environnement vaseux et une propreté
toute scientifique, comme dans un laboratoire.
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8. (Se diriger vers l’escalier - Sur le mur face à l’ascenseur)
© SABAM Belgium 2008
Donald Judd
Sans titre - 1988
Cuivre et plexiglas - 304,7 x 69,2 x 61,4 (10 éléments)
Est-ce une sculpture ?
Non
Est-ce une peinture ?
Non
Que vois-tu ?
Un assemblage de plusieurs éléments identiques qui forment un objet spécifique c’est ainsi que l’artiste appelle son oeuvre -.
Il est composé de structures de formes simples. Elles sont accrochées au mur
comme on accroche un tableau !
Combien en comptes-tu ? Sont-elles grandes ?
Parcours « Couleurs »
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Qu’ont-elles de particulier ?
Elles sont identiques, de formes, de couleurs et de matériaux.
Elles s’empilent, se superposent et sont fixées au mur à égale distance entre elles.
Cette distance crée un espace qui est réel. Ce n’est pas celui que les peintres représentent
dans les couleurs et il est différent de l’espace qui entoure une sculpture puisque ici
l’ensemble est fixé au mur et que nous ne pouvons pas en faire le tour.
L’artiste est américain
D’abord peintre, il s’est ensuite intéressé à l’architecture puis il a construit des objets
dans des matériaux simples et avec des couleurs primaires. Il ne veut plus imiter la nature
ni exprimer des émotions. Il veut occuper l’espace par des objets qui ne ressemblent à
rien de connu. Il croit qu’une œuvre d’art ne doit pas représenter quelque chose mais
simplement exister.
Il dessine son projet et par la suite fait fabriquer les objets en usine en plusieurs
exemplaires. Ses œuvres ne sont donc pas uniques comme l’est un tableau.
« Les piles »
Il a réalisé un projet qui a ensuite été fabriqué en série sous le nom de « piles ».
Pourquoi « piles » ?
Parce que les formes de cet objet spécifique, identiques, sont installées les unes sur les
autres, empilées comme une « pile d’assiettes ».
Les formes, les couleurs et leur nombre varient en fonction de l’endroit où la « pile » sera
placée. Ici, au nombre de 10, elles sont carrées et les bandes de couleur sont rouges.
Pourquoi réaliser une telle œuvre ?
Cette oeuvre n’a pas d’histoire à nous raconter. Elle s’installe dans un espace pour être
simplement regardée, de bas en haut, de haut en bas, juste pour le plaisir des yeux.
Si tu fais attention, tu comprendras pourquoi tes yeux font des allers-retours : la « pile »
ne repose sur rien. Elle est fixée au mur, sans socle, et paraît flotter dans l’air.
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Un petit exercice pour terminer notre visite ?
Te souviens-tu des œuvres devant lesquelles nous nous sommes arrêté(e)s ?
Je vais te proposer des petites phrases qui peuvent te les rappeler. Si tu veux, tu peux me
guider pour les retrouver.
Je suis habillée d’une robe bleue.
(La femme en bleu)
Pour faire mon portrait, le peintre pose sur la toile des petites touches de toutes les
couleurs placées les unes à côté des autres.
(La dame au collier jaune)
C’est l’heure du goûter. Il fait chaud : nous sommes habillées de couleurs claires.
(En août 1909)
Mes cheveux sont noirs et mon vêtement de cirque est jaune.
(La loge)
Nous ne sommes pas très souriants et pourtant nous nous aimons.
(Les fiancés)
Du balcon de ma maison, je vois une jolie vue du port. J’aime les variations de bleus dans
l’eau de la mer, dans le ciel.
(Vue de Marseille)
Un aquarium étrange où les poissons sont remplacés par des lignes, des écrans, des
machines.
(Kaléidoscope aquarium)
Ni sculpture, ni peinture, 10 formes identiques bordées de rouge sont accrochées au mur
(Sans titre)
Quelle est celle que tu as plus particulièrement aimée ?
Peux-tu me dire pourquoi ?
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