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MAX FLEURY
vous répond
J'aimerais arrêter de fumer, mais si j'essaye et que ça ne marche pas, je sais
d'avance comment ça va agir sur mon moral ! Que faire ?
En fait, la plupart des personnes qui viennent me voir pour que je les aide à arrêter de fumer
demandent toutes la même chose : quelque chose d'efficace et de simple pour y arriver à tous les
coups - Hé bien ça n'existe pas ! En matière d'arrêt du tabac, il n'y a pas de solution miracle... Malgré
tout, il est possible de mettre toutes les chances de son côté, comme vous le dites, en suivant les
quelques conseils que je vais vous donner. Et puis sachez que même si vous n'y arrivez pas du premier
coup, le fait même d'essayer va augmenter les chances de succès de vos tentatives futures !
Premier conseil : faites-vous aider. Les statistiques montrent très bien que dans 80 % des cas, la
tentative d'arrêt se solde par un échec si la personne ne consulte pas pour avoir un soutien. Alors ce
soutien peut être celui de votre médecin traitant – si celui-ci est motivé et consent à vous accorder le
temps qui vous est nécessaire – ou bien celui d'un tabacologue. Le rôle du médecin est de faire le point
avec vous sur vos besoins, c'est-à-dire sur votre niveau de dépendance et votre profil psychologique,
en sachant que l'arrêt du tabac peut augmenter les sensations d'anxiété, de nervosité ou même de
dépression chez les personnes prédisposées à ça. Le médecin pourra donc vous prescrire si besoin et
momentanément des substituts nicotiniques, ou bien des anxiolytiques, voire même dans certains cas
des antidépresseurs, il ne faut pas en avoir peur car de toutes manières, ils sont moins dangereux pour
votre santé que les cigarettes que vous fumez !
Deuxième conseil : travaillez votre motivation. Contrairement à ce que l'on dit souvent, l'arrêt du
tabac n'est pas une affaire de volonté, mais de motivation. C'est très différent, car la motivation peut
se travailler et se construire à l'aide d'arguments. A vous de trouver les choses qui vont vous motiver :
ce sont des arguments-santé évidemment (fumer ruine ma santé et raccourcit ma durée de vie), mais
cela peut être aussi par exemple des arguments financiers (avec l'argent économisé, je pourrai m'offrir
un beau voyage) ou bien aussi des arguments plaisir ou beauté (fumer me donne un teint grisâtre, ou
bien fumer me prive des goûts et des odeurs) ou même des arguments « socio-politiques » (les
compagnies de tabac font des bénéfices au prix de ma santé et font tout pour me rendre dépendant).
Tous ces arguments mis bout à bout vont bâtir votre motivation et vont vous aider à vous
décider, et puis dans les moments difficiles, ils vous permettront de tenir bon quand vous vous les
remémorerez...
Troisième conseil : adoptez le mode d'arrêt avec lequel vous vous sentez le plus à l'aise : arrêt
brutal ou progressif, la bonne méthode c'est celle qui vous convient le mieux. Certains patients
trouvent difficile d'arrêter brutalement. A ceux-là, on peut conseiller de se rationner en diminuant
progressivement la quantité de cigarettes disponibles pour la journée. Plutôt que d'emporter son
paquet, on place la quantité choisie pour la journée dans un étui à cigarettes par exemple. Pour
d'autres, il faut marquer le coup et changer de vie...
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A ceux-là on conseille de faire disparaître tout ce qui a rapport de près ou de loin avec le tabac :
cigarettes bien sûr, mais aussi cendriers et accessoires de fumeurs. Je conseille aussi d'en profiter pour
effectuer un grand nettoyage de votre intérieur : rideaux, moquettes, revêtements imprégnés d'odeur
de tabac, ainsi que de vos vêtements...
Quatrième conseil : profitez de l'occasion pour changer de vie. D'ailleurs plutôt que de dire
« arrêter de fumer », je préfère souvent que mes patients parlent de « devenir non-fumeur », ce qui
implique de changer de vie, c'est-à-dire de passer d'un statut à un autre, en renonçant à certaines
choses pour en trouver d'autres... C'est un peu comme lorsque l'on passe du statut de locataire à celui
de propriétaire par exemple... ou de la vie de célibataire à la vie de couple, ou de couple sans enfant au
statut de parent... Dans tous les cas, on renonce consciemment à certaines choses pour bénéficier
d'autre chose... Dans le cas du tabac, le fait de « devenir non-fumeur » veut dire peut-être de se priver
de certains plaisirs, mais cela va permettre de trouver autre chose de plus satisfaisant (d'où
l'importance de la motivation dont j'ai déjà parlé). Alors adoptez la vie d'un non-fumeur : profitez-en
pour changer votre alimentation en corrigeant ce qui peut être néfaste : moins de sucre et de gras,
plus de fruits, de légumes, relevez vos plats non pas avec du sel mais avec des épices et des herbes
aromatiques... Augmentez progressivement votre niveau d'activité physique après avoir demandé
l'avis à votre médecin... Pratiquez des activités qui vont vous apporter détente et bien-être... Bref,
soyez à l'écoute de votre corps, faites-vous plaisir et récompensez-vous!
Et cinquième conseil : ne vous découragez pas ! Arrêter de fumer – ou devenir non-fumeur –
n'est facile pour personne. Il va y avoir des moments plus difficiles que d'autres, et dans ces cas là, il ne
faut pas rester seul mais retourner vers son thérapeute, médecin traitant ou tabacologue, et lui faire
part de vos difficultés pour qu'il vous aide à passer le cap... Tout vaut mieux que de craquer à nouveau!
Et si vous craquez et reprenez la cigarette, cela ne sert à rien de culpabiliser, il faut plutôt chercher à
identifier dans quelle circonstance vous avez été amené à céder à la tentation, pour pouvoir mettre en
place des parades lors de vos tentatives ultérieures.
Sachez-le, chaque cigarette non fumée c'est du capital-santé en plus et chaque tentative est un
pas dans la bonne direction sur le chemin de l'arrêt définitif !