065-S00MT69 - Club innovations transports des collectivités
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SYNTHESE des résultats de l'étude EXTERIEUR NUIT jeunes de 19 à 29 ans de Catherine Espinasse et Peggy Buhagiar DRAST N°00MT69 TERRAIN : Communauté Urbaine Strasbourgeoise (CUS) et axe Sud de la Région Parisienne. MOTS CLES : Représentations de la nuit, sorties nocturnes, déplacements et transports nocturnes OBJECTIFS : Cette recherche avait pour principaux objectifs de comprendre : - le vécu et les représentations de la nuit auprès de jeunes de 19 à 29 ans sortants nocturnes pour leurs loisirs ou pour raisons professionnelles - les motivations à sortir la nuit ainsi que les bénéfices retirés de vivre la nuit - les critères de réussite des sorties nocturnes et les risques perçus, la nuit, à l'extérieur du domicile, les situations évoquées et stratégies déployées - les rapports à l'espace la nuit, les quartiers et lieux de destinations nocturnes d'habitants de la banlieue de Paris et de Strasbourg - la nature des besoins ressentis en terme de mobilité la nuit : le rôle attribué à l'automobile, aux transports collectifs, aux deux roues motorisés et aux modes doux (marche, vélo, rollers…) - la perception de l'offre nocturne des transports collectifs sur ces deux sites : les éléments d'image de la RATP et SNCF Ile-de-France pour la région parisienne ainsi que de la C.T.S. pour la Communauté Urbaine Strasbourgeoise. - les attentes exprimées en termes de services nocturnes et en particulier de déplacements nocturnes. METHODOLOGIE : Cette recherche a été menée auprès de sortants nocturnes de 19 à 29 ans habitant une commune limitrophe de l'ancienne Strasbourg (centre de la CUS) ou une commune de la banlieue Sud de Paris, se déclarant à l'extérieur de leur foyer au moins trois fois par semaine après 22h en région parisienne, après 21h dans la CUS. - 2 sites de résidence : la banlieue sud de Paris en raison de l'existence de transports collectifs nocturnes, Noctambus et BusdeNuit, et les villes limitrophes de l'ancienne Strasbourg. - 2 types de population : des sortants nocturnes pour raisons de loisirs et des sortants nocturnes pour raisons professionnelles, c'est-à-dire une opposition implicite entre contraintes et loisirs. Une triple recherche documentaire a été menée sur la prégnance de la nuit dans les intitulés des films, les modes de descriptions des sorties nocturnes dans la presse spécialisée "loisirs", et enfin les aspects juridiques du travail nocturne, en parallèle des deux phases de recherche suivantes : - une phase exploratoire : au cours de laquelle 8 réunions de groupe ont été animées : 4 à Paris, 4 à Strasbourg. Les réunions de groupe d'une durée de 3H30, étaient composés d'hommes ou de femmes, sortant soit pour leurs loisirs, soit pour raisons professionnelles. Cette première phase d'étude a permis de déceler les représentations de la nuit, les types de vécus de la nuit. - une phase d'approfondissement : au cours de laquelle ont été menés 80 entretiens ouverts en face-à-face d'une durée chacun de 1H30 environ. 40 entretiens à Paris, 40 à Strasbourg. Cette seconde phase a permis d'approfondir et de détailler les motivations et freins à sortir la nuit ainsi que les types de sorties et modes de déplacement de chacune des personnes interrogées. Entretiens et réunions de groupe ont été enregistrés, retranscrits et ont fait ensuite l'objet d'une analyse de contenu détaillée. Composition de l'échantillon des 8 groupes et des 80 entretiens menés auprès de jeunes sortants nocturnes : Site PARIS 4 groupes 40 entretiens STRASBOURG 4 groupes 40 entretiens LOISIRS = 4 groupes, 40 entretiens 1 groupe Hommes 1 groupe Femmes 21 entretiens dont : 12 hommes 9 femmes 1 groupe Hommes 1 groupe Femmes 19 entretiens dont : 10 hommes 9 femmes PROFESSIONNELS = 4 groupes 40 entretiens 1 groupe Hommes 1 groupe Femmes 19 entretiens dont : 10 hommes 9 femmes 1 groupe Hommes 1 groupe Femmes 21 entretiens dont : 11 hommes 10 femmes 1 Etude réalisée par Catherine Espinasse et Peggy Buhagiar, psychosociologues Financée par la RATP, la SNCF Ile-de-France, la DRE Ile-de-France, le GART, l'UTP, la DRAST et la CTS SPECIFICITES ET LIMITES DE LA RECHERCHE : Cette recherche est purement qualitative. De par la nature des questionnements et des objectifs, l'échantillon est restreint et en aucun cas représentatif. Les variables prises en compte dans la structuration de cet échantillon et la richesse des informations recueillies dans les groupes et les entretiens ouverts ont permis de dégager une typologie de sortants nocturnes. Par ailleurs, cette recherche est exploratoire et s'inscrit dans une démarche prospective afin d'offrir des pistes de réflexions stratégiques. PRINCIPAUX RESULTATS RESULTATS COMMUNS A PARIS ET STRASBOURG : Pour la quasi totalité des jeunes interrogés, et quelles que soient les raisons de leurs sorties nocturnes, la nuit est définie comme un temps choisi, un temps de liberté, tandis que le jour est associé aux contraintes et aux obligations. La nuit connote deux univers d'activités opposés : le premier est le repos, le sommeil et le calme, le second est la fête, la magie, la transgression des interdits, voire la "dépense de soi" dans la danse, la musique, la drogue et l'alcool. Travailler de nuit s'avère souvent être vécu comme un réel choix. Ceux qui sont décalés vers la nuit dans leurs emplois du temps, revendiquent presque systématiquement ce décalage, en tant que signe d'une modernité urbaine, d'un style de vie. Par ailleurs, certains travailleurs diurnes considèrent la nuit comme un temps hors travail qui permet de vivre, de se faire plaisir. Une nuit réussie est toujours décrite par les jeunes interrogés comme une nuit au cours de laquelle on peut se lâcher, où l'on rit, échange, danse, sans censure à l'égard d'autrui. L'improvisation est un ingrédient indispensable aux nuits réussies. Les nuits d'été sont les plus belles, car elles sont à la fois associées à l'insouciance, au temps des vacances, à des paysages plus naturels et à un climat plus doux. La nuit ratée est essentiellement associée aux conséquences des consommations excessives d'alcool : agressivité, violences verbales ou physiques et accidents de la route sont évoqués. Les nuits ratées peuvent aussi être celles qui sont trop conventionnelles, prévues à l'avance ou bien les nuits de rupture, de solitude ou d'angoisse. La nuit a aussi un effet de loupe sur la misère sociale. Il est fait référence à la misère statique des SDF et pochtrons qui suscitent de la compassion, et à la misère en mouvement plus inquiétante des bandes. Les populations de la nuit sont décrites comme étant composées de fêtards, de travailleurs et de zonards. Le terme même de "noctambule" a tendance à être dévalorisant et à susciter l'évocation d'un oiseau de nuit improductif le jour. En revanche être de la nuit est une nouvelle façon d'affirmer son identité sociale voire sa modernité! La notion de risque est développée spontanément à propos des déplacements nocturnes. Etre seul face à une bande dans un lieu inconnu ou désert la nuit est la situation dangereuse la plus souvent décrite. Mais deux attitudes caractérisent les propos recueillis : soit une attitude alarmiste face à la montée de la délinquance en particulier la nuit, soit une attitude critique à l'égard de cette peur entretenue par les médias. L'alcool est souvent évoqué en tant que source de risques sur la route, mais fait partie intégrante des soirées festives. Le cannabis, en revanche, est jugé moins dangereux que l'alcool en terme de santé et de risques automobiles. Il est consommé par plus de la moitié des jeunes interrogés. Enfin, l'ecstasy est jugé dangereux, y compris par les quelques jeunes interrogés qui avouent en consommer. La typologie de sortants nocturnes apparue à l'issue de l'analyse des 8 groupes s'est confirmée et affinée avec l'analyse des entretiens. Cette typologie prend en compte le rapport au temps, au jour et à la nuit, à l'espace, au lieux de résidence et de sorties, aux déplacements diurnes et nocturnes. Parmi ces jeunes sortants nocturnes de 19 à 29 ans interrogés, deux grands types d'usagers nocturnes ont été mis en évidence : les excessifs et les modérés de la nuit. Outre sa référence à la consommation, cette terminologie permet de tenir compte d'un mode d'approche de la nuit en tant qu'espace-temps pour soi, faisant l'objet de plus ou moins d'appropriation et d'investissement. 2 Etude réalisée par Catherine Espinasse et Peggy Buhagiar, psychosociologues Financée par la RATP, la SNCF Ile-de-France, la DRE Ile-de-France, le GART, l'UTP, la DRAST et la CTS 1/ LES SORTANTS NOCTURNES EXCESSIFS = DOMICILOPHOBES + SANS JOUR NI NUIT ♣ Les Domicilophobes : Les plus jeunes, moins de 22 ans vivant encore chez un parent, n'aspirent qu'à s'échapper du foyer - lieu du sommeil surtout, et de la télé. Ils sortent plus de 4 à 5 fois par semaine, soit dans leur banlieue, sur une commune proche, ou bien en centre ville. Ils vont en bars, en boîtes, et ont un fort sentiment d'appartenance à un groupe. Ils recherchent la rencontre, l'improvisation et les sensations fortes. Ils éprouvent le sentiment de vivre la nuit et de subir le jour. Tendance à la multimodalité dans leurs déplacements. ♣ Les Sans jour ni nuit : Ces "totalement décalés" affirment ne pas voir de différence entre le jour et la nuit, ou bien ne peuvent décrire une journée type. Célibataires, plus souvent hommes que femmes, ils ont une passion, une activité artistique ou de création qu'ils pratiquent de jour comme de nuit. Et ce, avec d'autant plus de plaisir, que vient la nuit qui devient alors une muse. Ils regardent la ville comme un spectacle. Aiment la rencontre, l'improvisation nocturne ou la "dépense de soi" (drogues, danse, transe) dans les rave party. La fréquentation des afters à Paris confirme le désir de confondre le jour et la nuit dans la continuité festive. Forte tendance à la multimodalité dans leurs déplacements, ils privilégient une habitation proche du centre-ville. 2/ LES SORTANTS NOCTURNES MODERES = DOMICILOPHILES + ALTERNATEURS ♣ Les Domicilophiles : Des plus de 26 ans, vivant en couple, étant en dehors de chez eux le soir pour des raisons uniquement professionnelles. Raisonnables et sérieux, ils sont en phase de construction de vie de famille, ou y aspirent fortement. Très centrés sur le travail, ils sont aussi souvent engagés dans une vie associative, le plus souvent sportive. Ils ne sortent pas ou peu la nuit pour leurs loisirs, ne fréquentent pas les lieux nocturnes festifs. Associent les transports collectifs au trajet domicile-travail, par souci d'économie, et prennent leur voiture pour leurs loisirs. ♣ Les Alternateurs : Dans un souci d'équilibre entre vie diurne et vie nocturne, ne sortent jamais plus de trois fois par semaine. Impliqués dans leur vie professionnelle, ils ne veulent pas hypothéquer le jour en se couchant tard trop souvent. Célibataires ou en couple, ils vont au restaurant, chez des amis, au cinéma. Apprécient la convivialité (restaurant ou dîner chez des amis) ou les sorties culturelles (cinéma, concerts, théâtre ou expositions). Il s'agit souvent de provoiture : ils refusent de sortir le soir avec un autre moyen de transport. ♣ Outre l'opposition en termes de "consommation de la nuit", les Domicilophobes et les Domicilophiles s'opposent en fonction du degré d'appropriation et d'investissement dans le foyer. Les Sans Jour ni Nuit et les Alternateurs s'opposent, quant à eux, en termes de structuration du temps, de l'alternance jour/nuit. La nuit est séquencée, en général, en trois temps. Les séquences horaires cependant varient selon le site et le type de sortants nocturnes : - le début de la nuit : qui comprend le temps du dîner et constitue une phase de préparation, presque d'échauffement, jusqu'à 23h, voire minuit. - le milieu de la nuit ou "cœur de la nuit" : qui commence vers minuit et s'achève vers 3h et constitue la meilleure part, la phase paroxystique de "la soirée". - la fin de la nuit : qui est une phase de retombée de l'énergie, de fatigue, vers 4 ou 5h du matin. Cette phase s'achève avec le chant des oiseaux, et le premier métro, train, RER ou tram… ou en after. Il convient de souligner que les travailleurs de nuit dans les lieux festifs (barman, serveur, videur…) ont une forte tendance à enchaîner travail et loisirs. De ce fait, ils ont une perception et des représentations proches de leurs clientèles. Ils font partie des plus grands sortants nocturnes pour le plaisir et des plus demandeurs de services nocturnes de loisirs et de transports. Ils abolissent en partie au moins la dichotomie de notre échantillon professionnel/loisirs. Une approche monolithique sur la nature des raisons de sorties nocturnes s'avère insuffisante pour rendre compte des stratégies et pratiques nocturnes. La régularité est un concept en voie de disparition chez ces jeunes de 19 à 29 ans dans leurs représentations, modes de structuration du temps, pratiques des temps de travail et des 3 Etude réalisée par Catherine Espinasse et Peggy Buhagiar, psychosociologues Financée par la RATP, la SNCF Ile-de-France, la DRE Ile-de-France, le GART, l'UTP, la DRAST et la CTS temps hors travail - à l'exception de quelques travailleurs diurnes, de plus de 25 ans, vivant en couple et Domicilophiles. La notion d'improvisation est associée à la nuit, mais est aussi une valeur en soi pour les jeunes interrogés. Les emplois du temps décrits se caractérisent par leur irrégularité ou par des rotations d'horaires, et sans doute serait-il temps pour les transporteurs "de travailleurs et de fêtards" de dépasser la seule régularité, la dimension pendulaire comme indice de fréquentation. Les types de sorties et les lieux fréquentés diffèrent en fonction des types de sortants et en fonction de la recherche d'intimité, de convivialité en petit groupe, ou de fusion dans un grand groupe. Les sorties en couple se caractérisent par la double activité resto-ciné, ou bien par un dîner chez des amis. Le petit groupe permet les sorties sportives, en pubs, en bars, bar-boîtes, et en boîtes de nuit. La fusion avec le grand groupe s'opère en boîte de nuit, dans les raves, grandes fêtes techno, et dans les stades… A Paris comme à Strasbourg, les jeunes interrogés déclarent "être boîte'' ou "ne pas être boîte". L'entrée sélective dans ces boîtes de nuit pose souvent problème : le délit de sale gueule est dénoncé par les hommes interrogés. En termes de déplacements, l'arrêt des transports collectifs à minuit et demi est vécu comme une aberration face aux besoins de déplacement en continu des urbains, au regard de l'image des capitales européennes, et au regard d'une société identifiée par tous ces jeunes, comme étant ultra-mobile. Il existe une radicalisation des attitudes et des comportements dans les choix modaux la nuit. Le manque de transports collectifs nocturnes est ressenti par tous, qu'il soit réel dans la CUS, ou engendré par la rupture du "dernier métro" en Région Parisienne. De surcroît, ce manque en Ile-de-France est perçu comme antinomique avec l'image de Paris : ville qui est définie par les habitants de sa banlieue, mais aussi par les strasbourgeois, comme vivant 24h/24, et dont certains quartiers jouissent d'une attractivité particulière la nuit. Ce manque ressenti donne alors à l'automobile un statut d'objet indispensable pour les déplacements nocturnes et renforce ainsi les inégalités sociales en termes d'accessibilité aux services de loisirs et de plaisirs. A la sécurité éprouvée en voiture, s'ajoute le plaisir de rouler la nuit, le confort, le spectacle de la ville, et le plaisir d'écouter de la musique. Les parents contribuent activement à cette motorisation des jeunes en offrant souvent à leurs enfants une voiture, avant même qu'ils quittent le domicile parental. A contrario, dans les transports collectifs nocturnes de soirée ou de nuit (jusqu'à 0h30 à Strasbourg ou toute la nuit pour Paris), il existe une opposition entre les plaisirs recherchés la nuit lors des sorties d'une part, et les contraintes, risques et déplaisirs rencontrés pour se rendre sur ces lieux de plaisir, sans voiture d'autre part. Les transports collectifs sont associés au spectacle de la diversité des populations transportées mais aussi au risque de la mauvaise rencontre. Les femmes ont toujours été autorisées à sortir la nuit à un âge plus avancé que les hommes (entre 16 et 20 ans plutôt que vers 13 à 14 ans). Elles sont plus réticentes que les hommes à utiliser les transports collectifs tardivement. Le risque d'agression pour les femmes la nuit est évoqué, aussi bien par les femmes interrogées que par les hommes! De surcroît, il est parfois déconseillé voire interdit aux femmes, par le conjoint ou l'entourage familial, d'utiliser les transports collectifs la nuit. Elles éprouvent aussi plus de craintes que les hommes à marcher la nuit, sauf si elles sont accompagnées. Seul l'usage du vélo pallie parfois cette inégalité sexuelle face aux risques nocturnes. Les attentes convergent à Paris comme à Strasbourg : les jeunes sortants nocturnes interrogés préconisent plus de vie la nuit! Cette attente générique de vie nocturne recouvre dans les deux sites des attentes de plus d'animations, plus de lieux nocturnes, une diversification des offres de services la nuit, dont un fonctionnement minimum des transports collectifs, de façon plus adaptée aux mobilités et horaires nocturnes des sortants. Il convient que les acteurs de l'offre des transports collectifs tiennent compte des décalages d'emplois du temps et d'activités des amoureux de la nuit, qui se considèrent comme de plus en plus nombreux. 4 Etude réalisée par Catherine Espinasse et Peggy Buhagiar, psychosociologues Financée par la RATP, la SNCF Ile-de-France, la DRE Ile-de-France, le GART, l'UTP, la DRAST et la CTS Les attentes relatives aux transports collectifs portent en priorité sur l'existence d'un service nocturne minimum. Mais l'utilisation des transports collectifs nocturnes n'est envisagée que si y est assurée une réelle sécurité. Au regard des risques perçus, de la sensibilisation au problème de l'insécurité, les accompagnateurs et agents de médiation et de prévention sont appréciés dans les deux sites de l'étude. Est souvent souhaité un renforcement de leurs effectifs, et non de ceux de la Police. Pour les lieux de transit comme les gares, une amélioration de leur aménagement et de leur confort est souvent préconisée. Le sentiment de sécurité passe par une dédramatisation des lieux traversés ou occupés. Cette dédramatisation implique de la co-présence, de l'information, des éléments d'ordre festif et culturel, tels que de la musique, du visuel attrayant, des éclairages rassurants. DIFFERENCES ENTRE PARIS ET STRASBOURG : Les jeunes franciliens s'avèrent avoir plus souvent des activités sportives en début de soirée, et être des sortants nocturnes plus excessifs que les habitants de la CUS dans cet échantillon. La multiactivité est plus fréquente à Paris qu'à Strasbourg, les sorties nocturnes plus tardives, et les nuits blanches plus fréquentes comme en témoigne l'offre "d'afters" qui permettent l'enchaînement des nuits et des jours… A Strasbourg, les jeunes non originaires d'Alsace, déplorent la difficulté à s'intégrer de par ce qu'il perçoivent comme une "mentalité fermée". Les alsaciens ou ceux qui se définissent comme tels, apprécient Strasbourg en tant que ville d'Europe. Les offres de transports nocturnes sur l'Ile-de-France sont généralement appréciées quand elles sont utilisées, bien qu'en soient déplorées la faible fréquence, la lenteur due à la longueur des parcours, et la relative insécurité pour Noctambus. L'offre des BusdeNuit est très appréciée quand elle est connue, mais la SNCF n'est pas identifiée en tant qu'acteur de cette offre. A Strasbourg, les transports collectifs de jour, avec l'arrivée du tram, bénéficient d'une image très positive, qui s'oppose au manque de services nocturnes après minuit et demi et aux peurs ressenties le soir. Le vélo est souvent un moyen de pallier ces manques de transports collectifs nocturnes, et la frustration est moins grande qu'en Ile-de-France, sauf pour ceux qui habitent à plus de 5 kilomètres du centre de Strasbourg. Ce n'est qu'à Paris que sont évoqués les taxis en tant que mode de déplacement nocturne parfois utilisé. Les attentes des jeunes sortants nocturnes de la banlieue parisienne interrogés portent en priorité sur une augmentation des transports collectifs de nuit, puis sur des services de restauration, et des lieux d'animation en plus grand nombre toute la nuit, voire l'accès à des lieux de pratiques sportives dans les communes de la banlieue Sud. Les services de transports collectifs nocturnes, Noctambus, sont jugés insuffisants, mais ne suscitent pas de craintes quand ils sont utilisés régulièrement. Il est attendu un développement de cet existant et la mise en circulation d'au moins quelques lignes de métro et de RER, à condition qu'elles soient réellement sécurisantes. Dans la CUS, les attentes sont plus centrées sur des dimensions sociales, renforcées par l'arrivée du nouveau maire de la ville. Sont souhaitées plus d'animations en centre ville et dans les "quartiers", en vue de favoriser une mixité sociale et le désenclavement de ces "quartiers" synonymes de cités en banlieue parisienne. L'appropriation de la nuit par les jeunes sortants interrogés génère une demande de plus de lieux de vie nocturne, puis, par souci d'équité sociale, une demande d'accessibilité pour tous à ces lieux grâce à un service minimum de la CTS la nuit, avec la présence fortement appréciée des agents de médiation. 5 Etude réalisée par Catherine Espinasse et Peggy Buhagiar, psychosociologues Financée par la RATP, la SNCF Ile-de-France, la DRE Ile-de-France, le GART, l'UTP, la DRAST et la CTS