2 Des carrières sculptées
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2 Des carrières sculptées
2 Des carrières sculptées Dans le département de l’Oise, le front parcourt en rive droite de l’Oise la Montagne d’Attiche et en rive gauche le plateau du Soissonnais, éléments de relief au substrat calcaire. Ouverts au Moyen-âge, les ateliers souterrains d’extraction de pierre y forment au début du siècle un immense réseau de galeries accessibles par des « cavées » en pente douce. Outre la maîtrise du ciel et du sol, Français et Allemands vont se livrer à une guerre souterraine pour détenir la maîtrise du sous-sol. Les carrières seront ainsi fortifiées et aménagées pour la troupe. Au fil des semaines, les parois de ces grottes se couvriront de graffitis et de sculptures réalisées avec les outils du combattant. Si, côté allemand, les thèmes sculptés sont pour la plupart choisis par le commandement (cas de la carrière des Cinq Piliers), côté français les soldats laissent libre cours à leur imagination abordant des sujets patriotiques, religieux, humoristiques ou même grivois (cas des carrières de Montigny, de la Maison du Garde ou du Chauffour). ▲Ancien élève des Beaux-Arts de Bordeaux, le brigadier Jacques Cadars (1895-1918), du 4e Régiment de Cuirassier à Pied, pose devant son cavalier sculpté au Chauffour (coll. PGG). « 18 janvier. Vu cet après-midi les carrières de Chaufour (...) Après avoir suivi sous bois pendant une demi-heure des chemins entièrement défoncés (…), on arrive aux Carrières, qui sont une des curiosités du secteur. Très étendues, elles abritent en ce moment 300 hommes, qui y vivent à l’aise. Autour d’une cour centrale rayonnent les salles souterraines, quelques-unes très élevées de plafond. On y a organisé des écuries, des cuisines, des dortoirs, des réfectoires, une chapelle. Celle-ci possède un autel, une statue de Jeanne d’Arc, un bas-relief représentant la défense du pays, le tout sculpté à même la pierre tendre par un artiste-soldat ayant plus de bonne volonté que de talent, semble-t-il. Les vases de fleurs sont des étuis de cartouches 75. Partout, dans ces carrières, les moindres détails attestent l’ingéniosité de nos troupiers, qui ont fabriqué des cheminées rustiques, des lits, des tables, des chaises, des bancs, avec toute espèce de matériaux de fortune. Ils ont ainsi, tout près des Boches, une installation confortable et sûre.» Général Palat, Mémoires, 18 janvier 1916. ▲Sculpteur dans le civil, Louis Leclabart (1876-1929) est incorporé dans le service de santé du 12e RIT. Il séjourne dans la carrière du Chauffour entre le 20 juin et le 11 septembre 1916 et y sculpte quatre œuvres sur ses parois calcaires dont cette tête de sphinx (coll. SHASN). Sculpté par le sergent L. Bonnyaud, du 240e RIT, ce panneau intitulé « Le garde au balcon » a été réalisé en bas-relief sur la paroi d’une salle souterraine aménagée en chapelle de la carrière du Chauffour. L’auteur y sculpta ses outils : hachette, pioche, pointe, burins et scie (cl. PGG). ►