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lettre 65 26/03/07 LA 22:46 LETTRE Page 1 D ’ I N F O R M AT I O N DU CENTRE DES M U S I Q U E S T R A D I T I O N N E L L E S R H Ô N E -A L P E S { trimestriel numéro 65 } Avril Mai Juin 2007 La musique tsigane, des mythes et des réalités pages 9 à 12 Sur la route. En chemin pour la quête du nouvel an. Les Tsiganes de Zece Prajini vont rendre visite aux Roumains du village voisin. Photo : Jérémie Logeay Glik LesSylvaines Kordevan l’ONCLE Remo BebeyPrinceBissengo Salangane LaBizzart’Nomade AML CatalogueCoirault Aniraï&transmission BrunoEscafit EMASaint-Fons AdelSalameh VincentBruyère page 3 page 4 page 4 page 8 page 6 page 15 page 5 page 8 page 15 page 5 page 6 pages 14&15 page 13 page 20 page 20 lettre 65 26/03/07 22:46 Page 2 infos l’édito... Depuis plusieurs numéros de cette Lettre et de manière régulière nous vous informons de la situation du CMTRA. Celle-ci, une nouvelle fois, ne dérogera pas à la règle. En effet, une nouvelle page de l’histoire de ce Centre va bientôt se tourner. Nous venons d’apprendre par notification officielle du Conseil Régional Rhône-Alpes de l’augmentation des moyens en faveur de notre « esthétique » par la création d’un poste de chargé de mission « Musiques Traditionnelles, Musiques du Monde » rattaché au pôle des musiques actuelles de l’AMDRA (Agence Musiques et Danses) et dont la fonction serait de renforcer l’équipe existante… Ceci dans l’attente de la création imminente de l’Agence unique, dédiée au spectacle vivant et dans laquelle le CMTRA serait absorbé. Ainsi prend fin un suspense haletant, intenable quand il n’était pas insoutenable… Nous ne pouvons que nous réjouir de ce modeste geste de reconnaissance de notre travail durant ces dernières années et de voir enfin ce secteur - aussi modestement - quelque peu reconnu. Cette jubilation serait presque totale si elle n’était pas empreinte de quelque forme d’amertume. Cette restructuration, voulue par l’Etat et la Région, des associations régionales est un recul de la démocratie culturelle, de la diversité du même nom et une remarquable négation des acteurs culturels et militants des associations de terrain. Qui plus est, on nous demande devant cette perspective de nous esbaudir de ces lendemains enchanteurs où tout serait presque parfait dans le pire des mondes. Ce triomphe de la technocratie galopante devrait donc être célébré à son plus haut niveau, celui de l’hégémonie paroxysmique, des discours incantatoires et de la gestion de la misère. Construire de tels échafaudages dédiés au spectacle vivant, quand tout autour crie famine : conditions sociales des artistes calamiteuses et de plus en plus dégradées, dossier de l’intermittence non réglé, emplois artistiques et culturels en constante régression, assèchement des crédits pour la création, Compagnies artistiques paupérisées et en désarroi, crise des publics dans les institutions culturelles, lois inefficaces sur la protection des œuvres par téléchargement… et tout cela dans l’indifférence et le silence culturel assourdissant des candidats à la présidentielle en panne de propositions : cela relève d’une forme inédite de cécité politique. Comme si nous assistions aujourd’hui aux derniers soubresauts d’un système culturel exsangue et pétrifié dans ses certitudes, où la diversité que nous défendons dans les colloques internationaux ne s’applique pas chez nous. Rien n’est fait pour valoriser les identités locales et les cultures régionales, quant aux cultures des populations issues de l’immigration, nous atteignons dans ce domaine un cynisme démagogique. C’est à croire que notre fameux modèle républicain ne peut souffrir la diversité. Là où il faut plus de souplesse et d’autonomie, là où tout le monde s’accorde à une décentralisation des pouvoirs de décision et un engagement citoyen, là où il faut privilégier les regards singuliers et la variété des modes opératoires, là où il faut encourager les acteurs à plus d’innovation et à l’appropriation des territoires de plus en plus exclus de la connaissance et du savoir, là où il faut un propos pertinent sur les identités et le multiculturalisme, on nous oppose une vision obsolète d’un système bureaucratique et centralisé : une culture mise sous tutelle. CHERES LECTRICES, CHERS LECTEURS, Chères lectrices, chers lecteurs, comme vous l’aurez constaté, la parution de la dernière lettre d’information du CMTRA a connu un retard de quelques semaines dû à des aléas techniques. De nombreux fidèles, impatients et bien attentionnés nous ont, à juste titre, signalé ce fâcheux contretemps. Aussi nous vous prions d’accepter nos plus sincères excuses et profitons de ce mea culpa pour remercier l’ensemble des abonnés qui ont répondu à l’appel à adhésion de septembre. Si d’aventure, certains d’entre vous ne l’avaient pas reçu, nous vous remercions de bien vouloir nous contacter. Vous souhaitant bonne lecture (en temps et en heure cette fois-ci), nous vous remercions de votre confiance et vous invitons désormais à nous faire part de vos réactions aux articles de cette lettre en vous connectant sur notre site internet rénové www.cmtra.org où vous pouvez, au bas de chaque article, accéder au forum… A vos claviers ! RACONTE-MOI LA TERRE S’OUVRE AUX MUSIQUES TRADITIONNELLES DU MONDE La Librairie Café Raconte-Moi la Terre, espace dédié au monde et à ses cultures, invite son public une fois par mois à la découverte d’une musique traditionnelle, en collaboration avec le CMTRA. Au menu du prochain trimestre, un voyage par le Somaliland avec Sarah Ahmed (28 mars), puis en Mongolie avec Nara et Bazra (11 avril), en Ukraine avec Borys Cholewka (23 mai) et enfin en Iran, avec la musique soufi de Reza machkouri (27 juin). Ces concerts où l’échange avec le public sera de mise commenceront à 19h30. Plus d’informations sur http://www.racontemoilaterre.com/ Raconte-moi la Terre 38 rue Thomassin 69002 Lyon Rens : 04 78 92 60 22 et [email protected] DEVENEZ PROFESSEUR DE MUSIQUE TRADITIONNELLE DIPLÔMÉ D’ÉTAT Le CEFEDEM Rhône-Alpes accueille, dans une même promotion menant au Diplôme d’Etat en deux ans, des étudiants dans cinq secteurs d’activité musicale : musiques actuelles amplifiées, musiques traditionnelles, jazz, musiques classiques, formation musicale et direction d’ensembles vocaux. Un enseignement spécifique centré sur l’esthétique des étudiants leur permet d’approfondir leur approche musicale et pédagogique propre. Des enseignements communs leur permettent de se connaître dans leurs pratiques respectives. La formation est ouverte aux titulaires d’un baccalauréat et d’un Diplôme d’Etude Musicale d’un Conservatoire National de Région ou d’une Ecole Nationale de Musique. Pour une dispense du DEM ou du bac, des procédures d'équivalences existent. CEFEDEM Rhône-Alpes, 14 rue Palais Grillet, B.P. 2024 69226 Lyon Cedex Tél 04 78 38 40 00 http://www.cefedem-rhonealpes.org/ RENCONTRES D’ARDECHE, ON REMET CA ! Fidèles à leur propos de départ, les Rencontres d'Ardèche proposent depuis 10 ans, un week end dans un village différent, axé sur la formation et la transmission, la diffusion autour des répertoires régionaux (Vivarais, Dauphiné...) mais aussi celtique, jazz musette... Bilan des recherches et créations en la matière, ces Xèmes rencontres intégreront des conférences avec des collecteurs, des linguistes... En plus des groupes invités, la soirée du samedi permet la rencontre avec des musiciens, chanteuses et chanteurs de village, des danseurs, dans une atmosphère qui unie veillée et Bal traditionnel pour le plus grand plaisir de toutes les générations. Samedi 2 et Dimanche 3 juin CHALANCON (07) Stage, conférence-débat sur les musiques régionales avec S.Beraud et G.Betton, concert et bal avec C.Oller, Trio Chiaramell'Oc, Rural Café et scène ouverte. Hébergement et repas sur place LA GUILL’ EN FETE, Trois mardis, trois places, trois fêtes Le mardi 26 juin démarrera la « Guill’en fête », fêtes de quartier du troisième arrondissement lyonnais, organisé par un collectif d’associations. Cette année encore, durant trois mardis consécutifs, des jeux et des animations, des spectacles, des concerts et des bals de danses du monde seront au rendez-vous. Retrouvez la programmation prochainement sur le site du CMTRA : www.cmtra.org SUR LA ROUTE DE TULLINS Du 26 juin au 1er juillet, le festival « Sur la route de Tullins » abolit les frontières. musique acadienne, blues, country, folk et chanson francophone. Autant d’univers à visiter et, surtout, à écouter. Nos cousins du Québec, Mes Aïeux (folk) et Suroît (rock celtique acadien) seront du voyage pour réveiller les cœurs et les corps. Keith B. Brown (blues) déploiera la magie de sa voix et de sa guitare, avant de laisser la place à Sandi Thom (PopFolk) en exclusivité pour l’Isère : la belle Écossaise a rassemblé 100 000 spectateurs sur le Net. Un buzz incroyable ! Angie Palmer et Grada apporteront, à leur tour, la preuve éclatante que la Country et la musique Irlandaise restent des musiques vivantes, vibrantes, innovantes… Mais gageons que nous saurons trouver tous ensemble et en d’autres espaces la force et la passion pour changer les choses, le dynamisme et l’intelligence du cœur pour conserver la chaleur, l’enthousiasme, la créativité et la richesse de nos identités et de nos différences. Festival « Sur la route de Tullins », du 26 juin au 1er juillet www.surlaroutedetullins.com 04 76 07 92 37 MUSICHORIDANSE Association humaniste créée en 1999 à Tarare, MUSICHORIDANSE rassemble plusieurs associations du canton dans les domaines de la musique, le chant ou la danse. Favorisant les échanges entre les pays européens par leurs cultures, elle organise son 4ème festival des Cultures Européennes en invitant 10 groupes étrangers du 4 au 9 juillet 2007. Sont attendus 4 orchestres (Danemark, Russie, Bulgarie, Allemagne), 3 chœurs (Belgique, Bulgarie, République Tchèque) et 3 groupes de danse (Roumanie, Slovénie, Russie), représentant environ 300 artistes. Côté public, concerts et spectacles de qualité et gratuits se dérouleront dans différents villages du canton ou des environs. A Tarare, un gala où seront représentés tous les groupes invités est prévu le vendredi 6 juillet à 20h30 au Théâtre. Côté coulisse, l’amitié et le partage, principes fondateurs de l’association MUSICHORIDANSE, seront au rendez-vous par des ateliers d’échange artistique, des débats, des rencontres festives et la découverte de la région. Les organisateurs vous attendent nombreux pour cette grande fête de l’Europe. Pour tout renseignement : 04 74 63 00 75 ou 04 74 63 12 98 FESTIVAL TRAVERSE « NOUVELLES TRADITIONS » 2007 Pour sa 15e édition, le festival Traverse présente une série de concerts sur le thème des nouvelles musiques traditionnelles. Musique improvisée autour des musiques traditionnelles et du jazz, salsa, musique irlandaise, ciné concert, chants polyphoniques… Le festival Traverse s'ouvre sur les cultures du monde et vous invite à découvrir des univers musicaux chaleureux et colorés : les nouvelles traditions. Avec le Klezmer Goy's Band, Garlic Bread, Chachachango, Ceux d'en Haut, le Duo 4 et 6,… Le festival se déroulera du 18 au 28 avril 2007 à Chambéry et Montmélian (Savoie). Renseignements au 04 79 33 06 95 ou [email protected] http://www.zicphilo.com CHANT DHRUPAD, STAGE D’ETE Le chant Dhrupad est issu de la musique classique la plus ancienne de l’Inde du nord. Yvan Trunzler, installé à Lyon, a suivi en Inde, pendant plus de dix ans l’enseignement de la famille Dagar de Bombay, grands maîtres de cette tradition. Depuis 1987, il a donné de nombreux concerts en Inde et en Europe où il enseigne cet art vocal, rare et subtil. Un stage d’été de chant dhrupad aura lieu en juillet en région roannaise avec Yvan trunzler, chant, Joerg Kauffman, packhawaj, Alain Chaléard, tabla, Max Greze, chi-kung. Renseignements et inscriptions auprès d’Yvan Trunzler : [email protected] Tél : 04.78.39.84.27 / 06.76.85.24.81 Date limite de vos envois pour La Lettre d’Infos n° 66 30 mai 2007 Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes Directeur de la publication Christian MASSAULT Rédacteur en chef Robert CARO Comité de rédaction Péroline BARBET Robert CARO Yaël EPSTEIN Jean Sébastien ESNAULT Camille ESTEVEZ Fanny LOGEAY Ont participé à la rédaction de cette lettre Camille COHEN Murielle GEOFFROY Eve GRIMBERT Thomas LOOPUYT Speranta RADULESCU Patrick WILLIAMS Photographies (tous droits réservés) Benjamin VANDERLICK (dossier) Jérémie LOGEAY (dossier & une) Chargé de production Robert CARO Coordination de la rédaction Jean Sébastien ESNAULT Stratagème visuel François GOYOT Réalisation Mathilde LECA Imprimerie Rotimpres N° I.S.S.N. : 1166-861 X CMTRA Tél. : 04 78 70 81 75 Fax : 04 78 70 81 85 [email protected] http://www.cmtra.org 77, rue Magenta 69100 Villeurbanne Lettre d’Informations n°65 avril/mai/juin 2007 Je m’abonne à Musiquestraditionnelles RhôneAlpes et j’adhère au CMTRA Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ci-joint un chèque bancaire de 15 € (adhésion associative : 45 €) à l’ordre du CMTRA. CMTRA 77, rue Magenta 69 100 Villeurbanne Tél. : 04 78 70 81 75 fax : 04 78 70 81 85 [email protected] www.cmtra.org Robert CARO Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 2 Numéro soixante cinq [Printemps 2007] lettre 65 26/03/07 22:46 Page 3 Glik,musiquearc-en-ciel Nouvel album Klezmer Fun Brunen Aroys Nous on a un répertoire arc-en-ciel ! A l'occasion de la sortie de son nouvel album « Klezmer Fun Brunen Aroys » (Klezmer* sorti du puits ) , le groupe Glik puise son inspiration chez Isaac Leib Peretz, auteur de théâtre juif de langue Yiddish. Ainsi, les musiciens de Glik explorent diverses couleurs, celles de la Roumanie, l'Ukraine, l'Amérique. Entretien avec David Brossier (violon, accordéon) et Pierre-Alexis Lavergne (mandoline, trombone, percussions, danse) CMTRA : Peux-tu parler du badkhn* d'I. L. Peretz et dire aussi pourquoi il a inspiré Glik ? Pierre-Alexis Lavergne : On a d'abord cherché des idées de répertoire, des axes de travail puis on avait envie de trouver un liant, pour donner une structure, une forme à l'album. David Lefèbvre (chanteur, bouzoukiste et cymbaliste du groupe) dans ses recherches, a lu « La nuit sur le vieux marché » de Peretz où l'on retrouve le personnage du badkhn, l'animateur de mariages. Ce dernier décide de bousculer l'ordre établi en provoquant l'arrivée, tant attendue, du messie. Pour cette occasion, il invite sur la place du marché toutes les figures disparues du shtetl*. Les klezmorim* sortent couvert d'algues du puit où ils étaient tombés après une noce bien arrosée. Qu'est ce qui, dans les répertoires d'Ukraine, de Roumanie et d'Amérique vous a particulièrement attirés ? P-A. L : Ce n'est pas tant le répertoire mais surtout la manière de l'interpréter, de l'arranger que nous empruntons à ces régions. Ce choix est motivé en partie par les possibilités de l'instrumentarium dont nous disposons. Selon les mélodies et les sources auquelles nous nous référons, nous optons alors pour un accompagnement façon roumaine, américaine ou jamaïcaine s'il le faut... Nous possèdons également des enregistrements d'ensembles juifs polonais ou russes. Mais ces orchestres, marqués par la musique militaire, de par l'engagement de musiciens juifs dans l'armée, comptent plus d'une dizaine d'instrumentistes et font la part belle aux vents et cuivres : 2 ou 3 violons, flûte piccolo, 2 cornets, clarinettes, tuba, trombone, contrebasse, tambour... Ils nous est donc plus difficile d'aborder ces sources. David Brossier : On a travaillé sur les répertoires qui avaient un peu cette ambiguité entre la zone géographique et la communauté juive. On a même une chanson roumaine qui est un peu limite (rires). C'est un peu surprenant, à partir d'un enregistrement qui s'appelle Oriental Hora (la ronde orientale) de Solinski, un violoniste juif du tout début du 20ème siècle. C'est une chanson très connue en Roumanie et on retrouve cette mélodie avec un autre rythme dans un genre de musique roumaine qui s'appelle « Muzica Làutàreascà » qui est du sud de la Roumanie. Quand on écoute la version juive c'est clairement juif, et la version roumaine est clairement roumaine. On s'est dit qu'on allait brouiller les pistes, on est un groupe de Klezmer et on prend la version roumaine ! (rires) Il y a longtemps eu un rejet de la part de la communauté juive quant au klezmer (le musicien juif)? P-A. L : J'ai l'impression que c'est une marginalisation séculaire. En relisant les notes de Zev Feldman sur cette question, nous découvrons les vieux apriori négatifs véhiculés au sein de la communauté juive sur le compte du klezmer. Le premier c'était qu'il a le sens des affaires. C'est amusant de constater que cela puisse être un défaut. Il est bagarreur, porté sur la boisson, irresponsable et franc séducteur. Eh oui ! Et pour toutes ces raisons on l'appelle tsigane ! (rires) On a besoin d'eux parce qu'il faut bien danser pour vivre et qu'ils n'ont pas leur pareil pour nous faire danser, mais l'on ne marrierait pas nos filles avec eux... Le fait que les institutions juives se servent du Klezmer comme icône identitaire est assez récent. tante... En revanche les klezmorim, à l'est de l'Elbe, bénéficiaient du soutien d'une large communauté. D.B : Il y a toute une réflexion au sein de Glik pour savoir comment on peut voir la musique Klezmer de nos jours. En fait, la musique a été reprise, il n'y a pas longtemps, elle avait arrêté d'évoluer depuis les années 1960. Parfois, on essaie d'imaginer ce que serait la musique Klezmer en étant resté en Roumanie. On a deux ou trois morceaux qui reflètent un peu ce côté là, influencé par la musique urbaine traditionnelle et moderne de Roumanie (Muzica Làutàreascà). Mais on essaie de préserver un côté un peu ancien. On va s'attacher à des enregistrements des années 1910 en essayant de reproduire ce son là, ce grain là, avec trois accords. A la limite, on va reproduire les pains de contrebasse ... Les klezmorim animaient aussi les fêtes d'autres communautés religieuses, non ? D.B : Je pense qu'il y a beaucoup de correspondances entre les musiciens juifs, tsiganes, roumains, je pense que c'est pareil en Ukraine. Leur boulot c'est d'être musicien, par conséquent il faut qu'ils s'adaptent à ce qu'on leur demande de faire et donc aux communautés qui les demandent. En Roumanie, à l'heure actuelle, ceux qui font le plus de musique pour les mariages sont les tsiganes. Autant pour la communauté tsigane, que roumaine ou hongroise (quand ils sont en Transylvanie). Ils adaptent leurs répertoires selon les communautés et les demandes. J'ai rencontré un vieux musicien tsigane qui jouait pour toutes les noces juives parce qu'après la deuxième guerre mondiale, il n'y avait plus de musiciens juifs. Le seul qui connaissait la musique juive c'était un tsigane, manque de pot. Les juifs étaient un peu réticents mais ils n'avaient pas le choix. Je pense que c'était pareil pour les Klezmorim de l'époque, être demandé par les roumains d'à côté pour son savoir faire. P-A. L : A la fin du Moyen Âge en Autriche, Allemagne et Bohème l'instrumentaliste juif professionnel c'était le « Spielleute ». Il jouait principalement pour les chrétiens, faute de communauté juive suffisement impor- Numéro soixante cinq [Printemps 2007] Que nous réserve l'avenir ? D.B : Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un spectacle. Autant on a un répertoire « multifacial, » autant on a une façon « mutlifaciale » de voir notre prestation. On travaille le côté scénique de la chose. On apporte chacun des éléments pour faire des numéros. On prévoit des pirouettes, des jongleries. On ne sait pas encore trop, mais on y réfléchit. P-A. L : Entre autres réflexions scéniques, nous nous demandons comment rendre accessible le sens des chansons et textes en yiddish dans une ambiance un peu absurde qui nous corresponde. Nous souhaitons également valoriser les potentiels extramusicaux présents dans l'effectif. Sylvestre, à la contrebasse, est également comédien et peut, à ce titre, se permettre quelques transgressions musicales et nous plonger dans la culture yiddish. Pour ma part, j'ai eu l'occasion d'apprendre les danses klezmer auprès de Zev Feldman et Mickael Alpert et nous souhaiterions inclure à nos prestations un moment de danse. Propos recueillis par E.G Concerts : 18 mars à Appart théâtre, St Etienne (42) 21 avril à Saint Pal de Mont (42) 1er juin au festival de l'Est en fête, St Victor sur Loire (42) 2 juin à Dîners Jazz, Juan les Pins (06) 3 juin à Nice 30 juin au festival musique Glossaire : et Carmaux (81) Badkhn : poète traditionnellement associé aux musiciens lors des mariages juifs pour animer avec CD en vente à la emphase et humour la partie rituelle. Shtetl : Mot Yiddish désignant un village juif. Boutique du CMTRA Klezmer (pl. Klezmorim) : Musicien juif. Pourim : Celle des fêtes juives qui donne lieu aux manifestations les plus exhubérantes et pendant Contact : laquelle on se déguise. www.glik.fr [email protected] Diffusion : 06 64 89 03 04 page 3 danse, Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 4 Artistes LesSylvaines Entretien avec Catherine Faure CMTRA : Votre dernier album est sorti en 2002, quelle a été votre activité depuis ? Catherine Faure : La sortie de "Dans mon jardin" a été marquée par le départ inattendu d'une des Sylvaines, ce qui a eu pour effet d'arrêter notre activité. Puis en juin 2003, le contact d'une maison de disque intéressée par notre projet musical, L'Empreinte Digitale à Marseille, nous a donné envie de repartir. Janick Gilloz et moi avons donc recherché une "nouvelle" Sylvaine, qui est arrivée en la personne de Raquel Ancion, violoncelliste. Nous avons alors remonté un répertoire, mélange d'anciens et nouveaux titres, et qui a été présenté en avril 2004 à Thou bout d'Chant (Lyon). L'année qui a suivi a été marquée par une création à l'Espace Louise Labbé de St Symphorien d'Ozon, où nous avons été accueillies en résidence, ce qui nous a permis d'être mises en scène par Brigitte Carle, en lumière par Nicolas Charpail, et en son par Olivier Sebillotte. Les Sylvaines ont obtenu le prix du Festival des Oreilles en Pointe (région stéphanoise) en novembre 2004, et le prix Musicopole des auteurs au Tremplin de l'Isère en mars 2005. Nous avons alors eu envie de réaliser un nouvel album avec ce répertoire, et puis Raquel ne jouait pas sur le premier CD, ce qui chagrinait les spectateurs à la fin des concerts! Comment avez vous travaillé sur cet album ? La plupart des titres ont été tournés sur scène avant d'être enregistrés, et quelque autres sont tout neufs, comme par exemple Polska Son qui nous a été écrite par Jean-Pierre Sarzier, ou Gambalotte le dernier instrumental des Sylvaines, composé par Janick et Raquel. Nous avons enregistré au studio L'Art Scène de Bourgoin car il dispose de trois cabines nous permettant de jouer ensemble et d'avoir les voix séparées pour les mixs et les petites retouches. C'est Pascal Cacouault, qui nous suit depuis longtemps, qui a enregistré et mixé cet album. On peut parler aussi du livret qui contiendra une série de photos noir et blanc, très beau travail réalisé par Odette Ancion, et mis en page par Thierry Sebillotte. De quoi est composé votre répertoire sur cet album ? (compositions, reprises traditionnelles...) Quelles sont les principales évolutions ? Il y a essentiellement des compositions, et deux chansons traditionnelles. Nous avons des chansons à trois voix à capela, ou des chansons que nous accompagnons nous-mêmes, puisque Janick joue des clarinettes, congas et autres percussions, Raquel du violoncelle, et moi de l'accordéon. Il y a aussi des titres uniquement instrumentaux. Les deux tiers des textes et musiques sont des compos personnelles, plusieurs musiques sont de Janick et Raquel, et si Vincent Cros nous a offert un texte, Stéphane Milleret et Jean-Pierre Sarzier nous ont écrit deux musiques. On peut dire que nous sommes encore plus dans la chanson qu'avant. Quelles sont les principales influences du groupe ? Je ne sais pas si on peut parler d'influences, mais en tous cas on aime bien écouter, pêle-mêle: Claude Nougaro, André Minvielle, Les RoulezFillettes, San Severino, Renaud Garcia-Fons et Jean-Louis Matinier, Clarika, Camille, Manu Chao, M, Eddy Mitchell, Souchon, Sting, Clapton, et puis aussi la musique baroque, classique, Stravinsky, Debussy, et autres aventures bien plus contemporaines, John Cage, Steve Reich... De là à dire qu’on retrouve tout ça dans Les Syl- Giboulée vaines, il y a un pas que je ne franchirai pas! Nous sommes dans la chanson, avec parfois quelques réminiscences de notre culture musique classique voire contemporaine, ça marque ces choses là... Tiens, citons Michel Kemper: “La veine des Sylvaines : c’est une chanson à la main verte et au corsage généreux qui va se nicher en grande innocence entre folk et baroque” (Le Progrès - nov 2004) Une série de concert est prévue pour le lancement de l'album ? Une année consacrée à mon fils m'a un peu éloignée des circuits de programmation déjà durs à atteindre, et comme nous n'avons pour l'instant personne pour le démarchage, cela fait que nous n'avons pas encore fixé les dates de la tournée internationale. La sortie officielle se fera très certainement à la rentrée cet automne, peut-être à Tout Bout d’Chant, même si d'ici là nous aurons des réponses plus concrètes pour des festivals cet été. Quant aux souscripteurs, il recevront le CD dès qu’il aura été pressé. Avis à ceux qui n'ont pas encore souscrit! Propos recueillis par C.E Kordévan Nathalie Berbaum : violon, petites percussions Les Sylvaines font partie de la Cie Azalée à qui vous pouvez donc faire parvenir vos souscriptions (17 ¤) Cie Azalée 20, montée de la Rochette 38480 Le Pont de Beauvoisin Contact : Catherine Faure 06 11 14 63 18, [email protected] La Cie Azalée présente aussi “Bourgeon”, un spectacle pour les tout petits (3 mois à 5 ans) qui évoque les sons et les matières quand on est dans le ventre de sa maman / une lecture de textes de Christian Bobin “L’équilibriste et autres textes”, avec chant et accordéon / “Soie et mémoire de soi” projet Culture à l’hôpital avec les maisons de retraite de Tullins et de Rives. « Une idée de bleu » Marie Mazille : clarinettes, violon Pierre Marinet : alto Patrick Reboud : accordéon, accordina Claude Schirrer : guitare, basse Musiciens invités : Maxime Bouchet (contrebasse), Philippe Delzant (hautbois, cornemuse) Scénographie : Catherine Bechetoille Mise en espace : Philippe Pujol Diffusion et traite- Kordevan à l’occasion de la sortie de leur album « Une idée de bleu ». ment sonore : Pascal Cacouault Dates à venir : 14 mars 2007 Clôture des Rencontres I Concert à l’Hexagone en acoustique 12 mai 2007 « Plein chant » : Gérard Pierron, DJAL, Kordévan et invités (création 2006) Dans le cadre du Festival Barbara Murielle Geoffroy : Parlez-nous de l’histoire de Kordevan, de son projet artistique et de ce nouvel album. Nathalie Berbaum : Le groupe a été créé en 1996. « Une idée de bleu » est le deuxième album que nous produisons. A la création du groupe, on reprenait des morceaux de musiques traditionnelles, on avait beaucoup d’admiration pour des groupes comme « Dédale », « Obsession », « Aquartet », groupes phares des « Musiques traditionnelles de demain », du collectif Mustradem. Des groupes comme « Dédale » ont vraiment fait tomber les frontières dans la façon de revisiter ces musiques Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA en y incorporant de l’improvisation, une écriture contemporaine et en composant aujourd’hui des musiques sur des formes traditionnelles. Nous nous sommes inscrits dans ce sillage. On puisait dans le répertoire traditionnel, français surtout, Auvergne, Bretagne, celte mais aussi arabo-andalou, yiddish etc. Marie Mazille : on aurait pu faire du bal, mais on s’est rendu compte qu’on n’avait pas cette culture et pour être en accord avec notre fantaisie (liberté avec le rythme, avec la structure des morceaux…), on a pris l’option concert. Nos premières compositions plaisaient alors on a continué dans cette voie là. Dans les deux derniers disques il n’y a que des compositions de Claude Schirrer et de moi-même. Les morceaux sont ensuite arrangés collectivement, chacun compose sa voix en fonction de son instrument. N.B : Le répertoire d’une façon géné- page 4 rale est très écrit, très arrangé, mais il y a de l’improvisation dans quasiment tous les morceaux. Le deuxième album a été réalisé lors d’une résidence de création au théâtre de poche (maintenant appelé théâtre de création) à Grenoble. Depuis longtemps beaucoup s’accordent à dire que notre musique ressemble à de la musique de film, sans film… L’idée de proposer de l’image mêlée à notre musique s’est imposée. Nous avons travaillé à partir de peintures réalisées par des personnes autistes, dans le cadre d’ateliers d’art thérapie. Après une sélection de quelques-unes, choix difficile en raison de leur grande qualité expressive, nous les avons photographiées, puis ces photos ont été animées avec talent par le vidéaste Xavier Rivet. Nous voulions des images abstraites, qui laissent l’espace au public pour construire son propre voyage au milieu de tout ça. Je crois que le pari a été réussi. M.M : Ce qui caractérise aussi « Une idée de bleu », c’est qu’il a vraiment été fait dans un esprit électroacoustique : nous utilisons des pistes additionnelles, lancées en direct pendant le spectacle. C’était le désir du groupe, une étape dans notre travail. Ce fut vraiment un travail d’équipe où l’on quittait la simple notion de concert pour atteindre une véritable dimension de spectacle, grâce entre autre au travail de Catherine Bechetoille, Philippe Numéro soixante cinq [Printemps 2007] Pujol et Pascal Cacouault. N.B : Le sujet de notre prochaine création : des morceaux choisis des « Poésies de A.O. Barnabooth » de Valéry Larbaud, poète et auteur de la fin du 19ème, originaire de Vichy. Grand bourgeois richissime, il a fait connaître des auteurs en marge à son époque (Gaston Couté, St John Perse, James Joyce, Walt Whitman, Léon-Paul Fargue, Louis Chadourne, Samuel Butler…), traduit en français des poètes étrangers, ce qui montre son érudition. Ce sera un spectacle de chanson avec la complicité de Gérard Pierron. Et comme pour toute création, nous sommes évidemment à la recherche de financements pour mener à bien ce projet qui nous tient à coeur. Est-ce qu’aujourd’hui vous avez encore un lien avec les musiques traditionnelles ? De nouvelles rencontres ? De nouvelles découvertes qui s’ouvrent pour l’avenir ? Patrick Reboud : Pour moi on vit cette aspiration et nos racines traditionnelles de la façon la plus ouverte possible. Dans un monde en demande de classification, notre musique inclassable pose problème. Conserver cette appartenance à des racines traditionnelles, c’est ce qui nous correspond le plus. Accompagner un chanteur comme on l’a fait dans la création « Plein chant » avec DJAL et Gérard Pierron, est-ce que ça ne relève pas d’une certaine forme de tradition ? Christophe Sac- chettini dit qu’« on cherche à faire une musique traditionnelle décomplexée », moi j’aime bien cette idée. Je pense que dans Kordévan on ne renonce pas à ces racines même si on ne fait pas une musique traditionnelle dans le sens folklorique du terme. On garde la racine quitte à l’ouvrir à l’improvisation, au jazz, à l’écriture classique ou contemporaine et même à l’électroacoustique. M.M : J’ai pour ma part une culture très classique à la base et quand j’ai découvert les groupes rhône-alpins qui étaient dans une mouvance d’invention tout en étant dans les musiques traditionnelles, ça m’a donné envie d’aller à la découverte, de voir les choses autrement. Mes voyages (Maroc, Burkina Faso, Tchécoslovaquie …), mes lectures, mes rencontres changent mes rapports à la musique au fil des ans. Quelque soient les problématiques de temps, de finances, et d’un métier qui est de plus en plus difficile, je sais que j’aurai toujours autant de plaisir à découvrir de nouvelles choses. Et dans le projet « Valéry Larbaud », il y aura une petite trace de tout ça, de notre vécu, de nos rencontres… qui transparaîtra. Propos recueillis par Murielle Geoffroy Contact [email protected] - 06 77 06 69 61 www.kordevan.com lettre 65 26/03/07 22:47 Page 5 L’ONCLE Artistes Cornemuses déambulatoires tous terrains Rencontre avec Stéphane Méjean, artiste-arrangeur dans l’Orchestre National de Cornemuses et Lyon et Environs. Il nous présente le projet de cette formation d’amateurs qui font sonner et résonner la cornemuse du Centre, de places en places… CMTRA : Racontes-nous l’histoire de ce drôle d’ONCLE ? S.M : L’ONCLE, Orchestre National de Cornemuses de Lyon et Environs, c’est un ensemble constitué d’une dizaine de joueurs de cornemuses, instruments qui proviennent du Centre France, entre Berry et Bourbonnais. A l’origine du projet, c’est Jean Blanchard qui, il y a une dizaine d’années, a réuni des amateurs passionnés de cet instrument. Depuis, l’ONCLE a pris l’habitude de s’entourer d’un ou deux professionnels. De mon côté, j’y interviens donc dans ce cadre et mon travail consiste à écrire des compositions et des arrangements, à accompagner le groupe dans la mise en place du répertoire. Il arrive également parfois que l’on élargisse à d’autres professionnels, notamment Pierre-Vincent Fortunier (Toad, …). Et puis, l’ONCLE se produit dans une seconde formule artistique avec le Syndrome de l’Ardèche (cf. page…), groupe fameux réunissant des musiciens professionnels. Et alors, quels sont les répertoires que les musiciens de l’ONCLE divulguent à tout va sur la place publique ? En cohérence avec l’instrument principal utilisé, on joue essentiellement des mélodies traditionnelles issues du Centre France, des bourrées d’Auvergne par exemple et des morceaux folk des années soixante-dix. On joue également des morceaux que j’ai composés spécialement pour l’ensemble ou des arrangements particuliers de musiques « rhônalpines » telles que des bourrées d’Ardèche, des mélodies des Cévennes, une farandole du Vivarais,... On s’adonne également avec joie à la reprise de quelques titres bien connus dans le milieu trad’ et notamment « Dans les yeux de Marie » « Je m’en vais à Bourges » composés par Jean Blanchard ou le Papillon. Le répertoire est donc finalement assez hétéroclite ! Côté arrangements, mon travail consiste à faire fonctionner le répertoire pour deux types de cornemuses : la seize et la vingt-trois pouces, en Sol et en Do donc, combinaison qui fonctionne le mieux dans l’ONCLE. On s’efforce également d’aménager le répertoire de façon à ce qu’il fonctionne également lorsque l’on joue avec les musiciens du Syndrome. Entretien avec Rémo pour de la sortie de son album solo « Mon Meilleur Profil » CMTRA : Comment le projet Rémo est-il né ? Rémo : Après avoir sillonné les routes de France et quelques dates à l'étranger avec Kaslane (plus de 200 concerts), j'ai donc décidé en janvier 2006 de monter un nouveau projet sous mon prénom. J'avais envie de travailler sur un projet solo depuis très longtemps, mais sans réellement en trouver le courage ! J'ai donc choisi de "passer le gué" en optant pour une formule intermédiaire, sous mon prénom, mais en trio ! Comment avez-vous travaillé l'enregistrement de cet album ? Là encore, j'ai choisi de travailler tout seul. J'ai proposé des démos presque Les musiciens qui vous suivent dans tous vos concerts ont également participé à l’album ? Après avoir donné les démos aux musiciens, les titres "vivent" sur Pas de confusion avec nos amis de la grande cornemuse écossaise et à leurs fameux kilts ? Bien sûr, la question nous est souvent posée : « Ha, vous n’avez pas de kilts ? » … Nous, notre kilt, c’est la queue de pie ! C’est tant mieux si les gens découvrent qu’il y a aussi des cornemuses en France ! Comme dans bien des pays du monde d’ailleurs… L’ONCLE est composé de V.Di Napoli, B.Petit, B.Riou, F.Grand-Jacquet, JM .Vernier, M.Cascaro, P.Curt, P.Goergler, R.Jeanin, S.Tocquec, PV.Fortunier, Propos recueillis par JS.E Y.Fauriat, L.Jothie, S.Méjean. Contacts : ONCLE Orchestre National de Cornemuses de Lyon et Environs CD Syndrôme de l’Ardèche Pierre Goergler : 04 72 31 62 56 Stéphane Méjean : 04 75 07 00 76 en vente à la boutique [email protected] du CMTRA www.oncle.org Sur cette rencontre entre amateurs et professionnels, comment cela se passe-t-il ? Très bien ! Certains amateurs préfèrent d’ailleurs bien souvent ne jouer que dans la formule avec le Syndrome. Lorsque les deux groupes sont réunis, l’assise du Syndrome permet aux amateurs d’entendre l’harmonie, d’être soutenu par une section rythmique, … Du coup, cela créé une certaine stimulation qui emmène vraiment les amateurs vers une musique un peu plus aboutie même si le projet de l’ONCLE, sans le Syndrome, tient complètement son assistance ! Justement, comment le public réagit ? Le mieux du monde ! L’ONCLE se produit pour tous types d’occasions, Rémo abouties de mes chansons à mes collègues guitariste et bassiste, ils ont mis leur touche, en fait j'attends d'eux qu'ils s'approprient les morceaux, chacun avec son expérience et sa culture. Nous avons ensuite rôdé ces titres en concert, et les avons enregistrés en septembre-octobre directement chez moi car j'ai installé un petit "home-studio" et nous sommes passés chacun notre tour à la moulinette ! Mixage, création graphique, recherche de subventions, puis recherche d'usine de pressage, et en janvier 2007 nous avions la galette. C'est pratiquement du producteur au consommateur. Dans tout cela le plus dur est pour moi d'endosser tour à tour toutes les casquettes, auteur, compositeur, musicien, chanteur, producteur, "ingénieur" du son studio, tourneur, manager... mais c'est aussi ce qui me passionne, d'être à toutes les étapes de la fabrication. de la scène à la place du marché, du mariage au comice agricole… ! L’aspect déambulatoire du projet apporte une réelle proximité avec le public, en général teintée d’une bonne dose de convivialité. On joue avec et au milieu du public et lorsqu’on est sur le marché, on se rend compte que le public qui écoute n’est pas constitué d’habitués des salles de spectacles ou des centres culturels, notamment les populations âgées qui écoutent parfois l’ensemble avec un certain « émerveillement. » L’ONCLE jouera à la fête de l’Iris à Oullins le 13 mai à 15h au parc Chabrière, puis le 21 juin avec le Syndrome aux Invites de Villeurbanne. Ce type d’évènement, axé sur la notion de fête et de rencontre, correspond étroitement à l’esprit et l’idée de cet orchestre. Entre bal folk et chanson rock scène, et nous les améliorons ensemble. Quelquefois, un titre sonne bien en studio, mais sonne différemment sur scène, il faut parfois réajuster le tir (changement de tempo, tessiture...) et inversement de la scène au studio. Le résultat est donc plus ou moins un travail collectif, certains titres qui sonnent les plus "remplis et complets" nous les avons bien souvent enregistrés à deux, Manou et moi. Vous utilisez de nombreux instruments (cornemuse, mandole, flûte, accordéon, mandoline, guitare, basse...) auxquels vous venez de rajouter un sampleur. Pourquoi ce choix ? J'ai, dès le départ de cette aventure "solo", imposé une configuration de scène minimale (seulement deux musiciens sur scène avec moi, Philippe aux guitares et choeurs, et Manou à la basse et choeurs). J'ai aussi voulu intégrer de nouveaux instruments (accordéon), des nouvelles machines et technologies (sampler, boîte à rythme, programmation...). J'aime bien l'idée de mélanger des choses qui ne vont pas forcément ensemble (machines électroniques + instruments traditionnels). Je pense dans l'avenir rajouter d'autres instruments (vielle à roue notamment) et développer plus l'apport de la musique électronique et des machines. Concernant le nombre d'instruments dont je me sert, je préfère utiliser le "vrai" instrument plutôt que, paradoxalement, utiliser une machine qui en reproduirait le son joué par quelqu'un d'autre. Pour la scène, l’idée d’utiliser un sampler s'est vite imposée car il me permet soit de m'enregistrer en live, soit de lancer des samples que j'ai enregistrer au préalable, et donc démultiplier les Numéro soixante cinq [Printemps 2007] sonorités et les possibilités. Je sais, les puristes diront : « c'est des machines » d'un autre côté, je n'ai pas envie de tomber dans la traditionnelle formation "bâteau" guitare+basse+batterie d'inspiration musiques traditionnelles comme le faisait très bien les Pogues, les Garçons Bouchers ou la Mano Négra il y a vingt ans. Ça à déjà été fait et très bien fait ! Vos influences sont multiples, ne pouvez-vous pas vous empêcher d’explorer de nouveaux univers musicaux ? Là encore j'aime explorer de nouveaux horizons, comme dans les instruments, les machines... je n'ai pas d'apriori concernant tel ou tel style musical, origine, instruments... Nous avons d'ailleurs dans notre répertoire un vieux reel Irlandais avec un rythmique reggae derrière ! La démarche amènera peut-être les Rastas à s'ouvrir à la musique irlandaise et inversement ! Je n'ai aucune frontière et je fonctionne entièrement au coup de coeur. Contacts : REMO c/o Herbert ROSSI le bourg 42740-DOIZIEUX Tél : 04 77 20 94 46 Port : 06 83 51 94 05 E-mail : [email protected] Web : Propos recueillis par C.E. page 5 http://remo.le.site.free.fr Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 6 Artistes BebeyPrinceBissengo Sur MySpace, à écouter et à regarder http://www.myspace. com/bebeyprince L’album Popsongo Album disponible à la vente au 6ème Continent, Lyon (7ème) Bebey Prince Bissongo : guitare, sanza, voix Guillaume Antonicelli : basse Guillaume Lavergne : claviers - voix Renaud Burdin : batterie, percussions voix Thierry Beaucoup : saxophone soprano, ténor - voix François Rigaldiès : saxophone alto - voix Ibrahim Kiénou : percussions - voix Contact : Agence DelaLune 24 rue St Laurent 38000 Grenoble Tél. 04 76 03 11 11 E-mail : [email protected] Entretien avec Bebey Prince Bissengo à l’occasion de la sortie de son album Popsongo CMTRA : Bebey bonjour, d’où venez-vous ? Je suis issu d'une famille de musiciens, avec un père chanteur guitariste auteur compositeur (Empereur Bissongo) qui a marqué sa génération dans les années 70 et il continue d'être actif et productif. En plus de ce facteur, l'environnement de mon enfance était totalement musical. J'ai grandi entre la fanfare militaire, l'orchestre de mon père et les sons des balafons, baras qui flirtaient avec le vent la nuit tombée, provenant de Bolomakoté (quartier mythique de Bobo- Dioulasso pour ses percussions et balafons). Un environnement favorable qui m'a fortement inspiré et forgé. Lorsque je suis arrivé à Lyon, un de mes objectifs était de faire découvrir une autre facette de la musique de mon pays, bien connu pour ses percussions, ses balafons mais pas assez par la musique moderne. Mais, j'ai toujours aimé joué, faire des rencontres, partager des scènes, donc c'était nécessaire de monter ce projet lyonnais. J'ai laissé guider mon intuition pour réunir autour de moi, des jeunes motivés, qui ont vraiment envie de jouer, de découvrir, de réussir dans ce qu'ils font, de partager des bons moments. Ce n'est pas toujours évident de bien jouer ou interpréter la musique de l'autre qu'on ne connaît pas bien, mais ils se sont accrochés. Et à force de bosser on fini par la comprendre. Comment est né votre projet artistique à Lyon ? Au départ, pour que je commence il me fallait trouver un bon percussionniste qui soit batteur, car ma musique est rigoureuse sur le plan rythmique. Guillaume Lavergne "Gritt" que j'ai rencontré le premier qui est également le clavier des Bawa m'a présenté Reno Burdin (percussionniste- batteur) Guillaume Antonicelli (basse) et Tristan Icor (cuivre). On a commencé à bosser et depuis il y a eu Thierry Beaucoup, François Rigaldiès (cuivres) et Brahima Kiénou qui est un frère burkinabé percussionniste danseur, résidant lui aussi à Lyon. Ce projet musical est une forme de contribution à la diversité culturelle à Lyon et en France. Ma musique est fortement inspirée des rythmes traditionnels du Faso. De mon père je ressens les fibres mossis, de ma mère les cordes gourmantchés et de Bobo- Dioulasso où je suis né, je tire les influences bambaras. C'est donc naturellement, que je chante dans ces trois langues qui sont différentes jusque dans la musique. En plus de celà, je suis attiré par la musique des autres ethnies comme les peulh, ou les Bissas... Dans la création, j'aime bien moderniser les anciens morceaux du patrimoine traditionnel, qui ne sont pas du tout ou peu exploités par les musiciens du pays. La calebasse, la sanza, le bendré, les tchèma (cloches mossi) le lounga et le djembé sont les percussions qui interviennent dans ma musique auprès des instruments modernes. Votre album Popsongo est sorti il y a peu… L'album Pogsongo a été enregistré à Bruxelles en 2001 et il est le fruit d'une belle amitié entre Jean Pierre Catoul excellent violoniste disparu tragiquement à la fin de l'enregistrement, de Marc Tasset un super ami bruxellois, et moi-même. Tout a commencé lorsque j'ai reçu un prix de la communauté française de belgique au Burkina pour aller faire un stage de perfectionnement à la guitare jazz. Très vite je suis devenu prof aux côtés de jazzmen connus tels Stéphane Galland, Jean Louis Rassinfosse ou Bo Van der Werf. Des amitiés sont nées et peu de temps après j'entrais en studio avec ma section rythmique africaine, Boris et Alain et le violon, les cuivres occidentaux dirigés par Fabrice Alleman. C'était un rêve qui s'accomplissait, enregistrer ce que j'avais envie d'entendre. Malheureusement, ce rêve s'est brisé avec la disparition de Jean Pierre Catoul, j'ai dû attendre quelques années pour avoir l'envie de poursuivre la route... J'ai ensuite ajouté trois titres simplement joués, puis c'est seulement en novembre 2006 que le disque est enfin sorti . Les différents genres retrouvés dans l'album sont le fruit de mon métissage et de ma culture musicale. En plus du traditionnel qui m'a été donné naturellement, par mon père, j'ai écouté beaucoup de genres musicaux, du blues au hard rock en passant par le jazz ou la chanson française... J'ai interprété des guitaristes tels Jimi Hendrix, Knopfler ou Benson, écouté Miles, songer sur Fela... Donc, il n'est pas étonnant qu'on sente plusieurs épices dans ma "sauce" ! Vous venez d’achever une résidence dans le cadre du projet Bizarre, que cela vous a-t-il apporté ? Cette semaine de résidence à Erik Satie, organisée par l'Association Bizarre nous a fait un bien énorme. C'est d'abord retrouver le confort d'une salle équipée en sons et lumières comme cadre de travaille. C'est excellent! Cela a permis de bosser sur les imperfections, les choeurs, la scène mais aussi travailler avec deux techniciens sons qui ont apporté leur touche au travail d'équipe. Pendant cette résidence il m'arrivait de dire aux copains " Et si c'était comme cela tous les jours nos conditions de travail? " Il est clair que travailler dans de bonnes conditions offre de bons rendements. Nous espérons que ce n'est pas la dernière et qu'il y en aura d'autres. Pour ma carrière il est important d'être rigoureux dans le travail, donc pouvoir répéter dans des bonnes salles, des théâtres fait progresser sans aucun doute. J’en profite pour dire merci à l'Association Bizarre pour cette initiative. ASSOCIATION BIZARRE ! La Ville de Vénissieux a pour projet d’ouvrir un lieu dédié aux musiques actuelles et aux cultures populaires et urbaines, à l’échelle de l’agglomération lyonnaise. « Bizarre ! » sera un lieu pour la diffusion et surtout l’aide à la création des formes artistiques issues des cultures urbaines et populaires. Dans l’attente de l’ouverture du lieu, une préfiguration est animée par l’association Bizarre, qui a pour but de soutenir la réalisation du projet et organiser des résidences de créations, des répétitions montées et des concerts. Bizarre est une association d’associations, un collectif d’une dizaine acteurs musicaux sur l’agglomération lyonnaise regroupant Arty-Farty (musiques électroniques, festival Nuits Sonores), Scen’ art 2 rue (musiques afro latines), Infrasons (scratch, rap, électro), I.R.P.A (formations aux métiers du spectacles), La Tribu Hérisson (collectifs d’artistes musiques improvisées, jazz), L’Original (culture Hip-hop, festival), Médiatone (musiques actuelles, producteur, organisateur de concerts), MJC « Le Cadran » (musiques actuelles, studio d’enregistrement), Caravelle (musiques actuelles, producteur, tourneur), CMTRA (musiques traditionnelles, musiques du monde) et la ville de Vénissieux Propos recueillis par J-S.E. Salangane Prochains concerts : 20 avril, Studio Club Lyon 4èmr 26 mai, parc de Gerland, 1ère partie de Tisours Contact : [email protected] [email protected] Stéphane Gaze 88b route de Vienne Entretien avec Stéphane Gaze, Diego Meymarian et Gandalf Goudard du groupe Salangane, à l’occasion de la sortie de leur premier album « Bardzour ». 69008 Lyon CMTRA : Salangane existe depuis 2002, comment a-t-il évolué ? Stéphane Gaze : Musicalement on va http://salanganemus toujours dans la même direction, on ic.free.fr part des chants créoles et du tambour pour mettre des couleurs très différentes autour de ça. Mais la formation a un peu changé. Diego Meymarian : Baptiste Romano, le percussionniste, est plutôt d’influence afro-cubaine, et le saxophoniste Gandalf Goudard vient du jazz. Depuis il y a Hélène Tremblay au balafon, Raphaël Philibert, au sax et 06 72 83 39 34 Site web : Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA aux percussions, qui est antillais, et Stéphane Gaze aux percussions réunionnaises et au chant. Un peu tout le monde chante, il y a des chœurs. Parlez nous de votre album, « Bardzour », qui sort mi-avril. DM : L’album comprend douze titres, il y a une belle part aux percussions et à la voix. Tout est en créole avec quelques petits passages en français… SG : Je suis assez content du CD. C’est vraiment ce que j’avais envie de réaliser, c’est-à-dire, partir de quelque chose de très traditionnel, le chant et le tambour, et d’emmener le saxophone à parler sur du texte, trouver comment il doit se placer rythmiquement, trouver la note qui sonne le mieux… Au violon, c’est la même chose, trouver l’ambiance qui correspond au texte. Mais on voulait aussi laisser une part de liberté, parce que le maloya est quelque chose de très libre, il y a souvent une relation très forte entre ins- page 6 trument, chant et chœur. C’est vivant. Gandalf Goudard : On avait un peu d’appréhension parce qu’on ne savait pas comment faire sonner cette musique. Là où on est contents c’est qu’on a pas mal réussi à sonoriser les percussions traditionnelles avec la voix, ce qui est très dur… SG : Je pense que cet album est assez surprenant. Pour un premier, c’était un beau challenge. Ce qui m’a marqué dans la rencontre au niveau des tambours, c’était quand je jouais quelque chose de créole, Baptiste prenait une tournure afro-cubaine et il suffisait d’enlever une frappe là et ça sonnait très africain. C’est ça qui me plait dans le tambour, ce retour à l’Afrique… Qui oserait contredire que l’Afrique c’est la base ! Et vos projets pour la suite… DM : Le projet : ça va être de jouer ce disque et de le vendre sur scène, c’est pas mal de boulot déjà… SG : Maintenant il y a le label Aza-id, donc il y a des gens qui commencent à entourer le projet… D’ailleurs : on cherche un tourneur ! On se structure aussi, on essaye d’être plus carré, dans l’association, dans la recherche de dates… On se professionnalise. Sinon on aimerait bien aller défendre ce pro- Numéro soixante cinq [Printemps 2007] jet à la Réunion, et si ça se passe bien être diffusé là-bas. Ça, ça tient à cœur à tout le monde. Je pense que ça va surprendre, dans quel sens je sais pas, mais on a rarement vu tout ces instruments-là autour du maloya. DM : On est déjà en train d’avancer par rapport à l’album : avec Raphaël Philibert, qui est arrivé après, il y a une dimension en plus dans les percussions. GG : Et un deuxième sax par moments. Avec le saxo soprano il y a une section plus cuivrée dans les morceaux. L’évolution de l’album a été un aboutissement de ce qu’on faisait depuis 4 ans. On garde ce qu’on a fait, mais on le fait évoluer avec quelqu’un d’autre et on va présenter de nouveaux morceaux. Ca n’a pas été compliqué pour Raphaël d’intégrer le groupe après 4 ans ? GG : Arriver maintenant, c’est moins difficile que d’arriver il y a deux ou trois ans. Il y a une maturité musicale chez tout le monde, on sait mieux comment construire les choses. SG : Le truc qui marche bien c’est qu’il est antillais, donc par rapport à moi qui vient de la Réunion… Ce sont des DOM, avec cette Afrique-là déportée dans le tambour… Les chants créoles réunionnais et antillais sont proches. Maloya DM : Faire l’album, ça nous a permis de recentrer et de prendre un peu de recul. L’arrivée de Raphaël nous permet de continuer à faire évoluer les morceaux enregistrés sur le disque. GG : On essaye de garder l’état d’esprit de la musique traditionnelle : c’est pas une musique écrite, c’est quelque chose qu’on essaye de faire évoluer ensemble. Propos recueillis par C.C. AZA-ID: Le label indépendant Aza-i.d. production a été créé en juin 2002 sur les pentes de Croix-Rousse à Lyon. Les principaux objectifs du label sont le suivi du processus de réalisation de CDs, de la production à la distribution, sans oublier la communication pour les groupes qu'il produit. Sans discrimination en ce qui concerne le style musical des artistes, Aza-i.d. productions accueille les artistes en tout genre, afin d'encourager une diffusion plurielle des artistes de la région lyonnaise et notamment Salangane. lettre 65 26/03/07 22:47 Page 7 Nouveauxprojetsartistiques Epouvantail Jabú Bar de l’escale Une aventure musicale à l'initiative de Hal Collomb. Chansons de mers et chansons de ports... enveloppées dans quelques verres et quelques anecdotes... ... il faut dire que le gaillard et ses compagnons ont promené leurs chansons à travers tellement d'endroits, de pays, de ports de mer ou de terre, de bistrots en bistrots, de tavernes en tavernes, de planches en planches, qu' ils savent toujours ouvrir leur livre de chansons à la bonne page...une façon de faire vivre des personnages et des atmosphères hautes en couleurs, ou tendrement suggérées... pour naviguer, il faut regarder dans la bonne direction,même par un vent de force 8. Et tout laisse à penser que ce n'est pas fini... L’équipage : Hal Collomb – chant et gritar. Patrick Mathis – accordéon diatonique, banjo, guitare, chant. Jonathan Mathis – accordéon chromatique, ukulele, chant. Les chansons : Traditionnelles métissées de chansons d'auteurs ou populaires,chansons des îles, de voyages, d’aventures, atmosphères de comptoirs, chansons tendres, épicées, poétiques, mélodrames populaires et chansons de marins, tranches de vie, … Bref, chansons du bar de l’escale... La forme : En concert, salle ou petits lieux, dans l’esprit de la convivialité d’un bistrot, et devant toute assemblée prête à se laisser séduire par des chansons de poésie, d’humour, de truculence et d’aventures Initialement prévu pour être joué acoustique, mais peut être sonorisé suivant la jauge de public Une heure quinze de répertoire, en une ou plusieurs parties. Contacts : Hal collomb Compagnie de l'épouvantail - la cour 26300 - chatuzange (04 75 47 44 55) www.epouvantail.net [email protected] Quand la chanteuse napolitaine Federica Cammarota, passionnée de musique brésilienne, rencontre trois musiciens lyonnais de tous horizons, on obtient le mélange explosif baptisé Jabú. S'appuyant sur un répertoire de traditionnels brésiliens (répertoire du choro, sambas de Cartola, Paulinho da viola, Marisa Monte) et de compositions originales, Jabú obtient un son unique par l'utilisation de l'électronique, le traitement du son en temps réel, et des emprunts aux musiques improvisées... dans cette rencontre entre univers antagonistes, on ne peut s'empêcher de penser aux travaux du brasilo-new yorkais Arto Lindsay. Un souffle nouveau dans les musiques brésiliennes qui ne manquera pas de vous séduire ! Membres du groupe Federica Cammarota : Chant, Compositions Thibault Florent : Guitare 7 cordes, Arrangements Marion Zulke : Clarinette, Clarinette basse Jules Dagnaud : Electronique sites web : www.myspace.fr/CircoJabu contact : 0661630744 (Thibault Florent) [email protected] Adresse postale: Thibault Florent 8 avenue Salvador Allende 69100 Villeurbanne démo disponible sur site web et en CD sur demande Karminn Lézieu MiClo Musiques Imaginaires d’Europe Acoustic Duo Peut-on parler d'une musique « traditionnelle » européenne, alors que l'origine même du nom d'Europe est eurasien ? Michel Boudet : « notre duo est né en juillet 2005, suite à ma rencontre avec Clôde Seychal, accordéoniste et chanteuse . Je suis tombé amoureux … de sa musique, de ses chansons et du son de son accordéon, et rapidement s’est mis en place le duo, qui présente aujourd’hui un panel de morceaux irlandais, collectés souvent sur des CD d’autres instrumentistes (violoniste Kevin Burke, flûtiste Emer Mayock, accordéoniste Sharon Shannon …), ou au cours de stages ou de sessions mémorables avec des irlandais pure souche (Gavin Ralston, Joana O’Conor, Niall Callanan, Peter Brown, Shane Mc Gowan, Martin Donohoe …) et surtout de compositions personnelles, mélange d’instrumentaux souvent à danser et de chansons énergiques ou plus intimes. L’exercice du duo est passionnant parce qu’il oblige à innover pour les arrangements, les alternances mélodie/accompagnement, les variations rythmiques, les changements de couleurs, de tempéraments des morceaux, sur nos deux instruments principaux, la guitare et l’accordéon. C’est plutôt Clôde qui écrit les textes et chante et nous composons tous les deux la musique que nous voulons pétillante et intimiste à la fois, au service de chansons juste un soupçon impertinentes ou drôles. Notre projet est de faire un album complet en 2008, avec non seulement ma guitare et l’accordéon de Clôde, mais aussi sa sanza, mon banjo et mon bouzouki. C’est à la recherche de cette identité métissée, KARMINN se propose d'aller au-delà même des frontières du vieux continent : le but du trio n'est pas de procéder à un travail d'inventaire ni à une restitution fidèle des différents patrimoines musicaux européens. Ce projet est né de l'envie d'apprivoiser ces musiques traditionnelles, de les ressentir au plus profond de soi et d’en saisir l’universalité. Allier la mystique des légendes scandinaves et l'univers onirique irlandais à la sensualité du monde ibérique, à l'âme émotive des peuples slaves ou aux rythmes endiablés des Balkans... C'est un peu comme se faire rencontrer une Bulgare, un Espagnol et un Corse. Piano, violon, voix, bruitages électro et percussions se sont alliés pour créer un univers musical singulier, ponctué d'improvisations et d'éclats de voix, sur un fond fascinant de sonorités ethniques... Le répertoire sous influences slave, celtique, tzigane, arabo-andalouse, scandinave, méditerranéenne... est défendu par une démarche griffée et créative visant à reconstituer pour le spectateur/auditeur une musique traditionnelle imaginaire. Une musique dans les tons KARMINN. Conjunto Jacaré Milena Jeliazkova, voix, tambourin Tony Canton, violons samples, bodhran Jean-Pierre Caporossi, piano, claviers, machines, percussions Contact scène : Clôde Seychal, [email protected] / 06 84 23 46 82 (démo 4 titres disponible) Contact : Web : http://tonyc.free.fr/karminn mail : [email protected] Tél : 04.78.84.93.26 (Tony) 04.72.07.64.11 (Milena) 04.72.33.42.70 (Jean-Pierre) Adresse : Tony Canton – 64, rue Paul Verlaine – 69100 Villeurbanne (France) En concert : Le 13 avril 2007 à La Menuiserie, 77 rue Jules Auffret, 93500 Pantin (01 48 40 56 53) Le 2 juin 2007 à l’Absynthe, 22 rue Flesselles Lyon 1er (04 72 00 20 44) Le 6 octobre 2007 au Don Carlo, 07 320 St Agrève (04 75 30 60 71) Numéro soixante cinq [Printemps 2007] Artistes page 7 Né de la rencontre de musiciens lyonnais passionnés par le Brésil, le Conjunto Jacaré propose son interprétation des grands classiques du choro. Genre musical souvent oublié en Europe et pourtant très populaire au pays du Christo Redentor, le choro est au confluent des rythmes afro-brésiliens et des anciennes danses européennes. De la balade mélancolique aux mélodies endiablées, le Conjunto Jacaré navigue dans un vaste répertoire laissant toujours sa place à l'improvisation. Le Conjunto Jacaré compte également dans son répertoire quelques sambas qui ne manqueront pas de vous faire décoller ... destination : le Brésil. Membres du groupe : Olivier Calvet : Guitare Bruno Thivend : Guitare, Chant Thibault Florent : Cavaquinho, Guitare 7 cordes Patricia Lamouche : Pandeiro Max Di Napoli : Percussions sites web : cjacare.free.fr www.tousenlive.com/cjacare www.myspace.com/cjacare contact : [email protected] 0661630744 (Thibault Florent) Adresse postale: Thibault Florent 8 avenue Salvador Allende 69100 Villeurbanne démo disponible sur site web et en CD sur demande Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Evénement Page 8 Bizz’Art De la caravane Tchétchène à l’oasis drômoise … L’Oasis : du 21 Juin au 8 juillet 2007 : 21 jours de chantier festif à Bonlieu-sur-Roubion Programmation pressentie : Jeudi 21 juin : Ode à l’été et « faites de la musique », scène ouverte Beltuner (tzigane musette) et Warzim (rock métissé) Samedi 23 juin : Fantazio (rock fantaziesk) et Mango Gadzi (tzigano oriental flamenca) Atelier flamenco et steel drum en A-M Samedi 30 juin : Jaipur Maharajah Brass Band (Fanfare du Rajasthan) et La Mescla (tarantelle de Napoli) Ateliers de danses Tarantelle en A-M : Mercredi 4 juillet atelier MASTER CLASS par David KRAKAUER (jazz d’impro) Jeudi 5 juillet : David Krakauer (muzik klezmer – NY) et Balinaises Chalutations (création Gamelans Balinais et Collectif du Grand Chahut) Samedi 7 juillet : Bonga (Angola) et Maalem Baba Choulia (Gnawa) Atelier steel drum en A-M Dimanche 8 juillet : Bizz’Art Orchestar (Cabaret Equestre) et Basiani (chants polyphoniques Géorgiens) Entretien avec Anne Tô, Antoine Cuche et Brigitte Le Van CMTRA : Commençons par parler de Babel Caucase qui associe des membres de la Bizz’art à d’autres associations drômoises. Pourquoi décider de sortir de votre Drôme pour aller si loin, par la route, dans le Caucase jusqu’en Tchétchénie, à la rencontre d’artistes et musiciens de ce pays en guerre ? C’est une histoire qui a commencé en juillet 2001 à l’initiative de Mylène Sauloy, réalisatrice de documentaires « touchée et accrochée » par la Tchétchénie depuis la première guerre en 95, qui a improvisé l’accueil d’une troupe de 40 enfants danseurs de Grozny dans un gymnase désaffecté à Main d’œuvre, un squat artistique. Le spectacle saisissant, impressionnant de vitalité, de force et de fureur, de fierté aussi a connu un succès incroyable et a finit par deux représentation au Théâtre du Soleil sous les ailes d’Ariane Mnouchkine. Le lien était fait, la chaîne de solidarité enclenchée et jamais brisée depuis. Une association s’est créée, Marcho Doryila, salutation qui signifie en tchétchène « que la liberté entre avec toi ». Marcho avec Daymokh en fer de lance est là pour nous rappeler la guerre et ses injustices en Tchétchénie, la résistance, la défense d’une culture menacée et aussi l’espoir… D’où l’idée d’une caravane pour le Caucase qui part d’ici mi-avril … Rapidement, l’idée que des artistes de différentes régions de France aillent revigorer cet espoir sur place, dans le Caucase a germé et pris forme; un collectif d’une soixantaine de personnes, des gens de spectacle, des intellectuels, des cuisiniers, des gens de chevaux, des cinéastes… compose une caravane qui fera 5 étapes en Tchétchénie et Géorgie au printemps 2007. C’est le projet Babel Caucase. La Bizz’Art y est investie depuis le début, avec une dizaine de ses membres. Elle propose des ateliers d’arts plastiques pour la création d’une œuvre collective, de cirque équestre pour renouer avec une tradition un peu oubliée, des rencontres culinaires. Sur ce projet, elle est associée avec le Collectif Drôme, c’est à dire la Cie Caméléon (batucada de Crest) et la Cie Caramantran (les marionnettes géantes). A votre retour, vous jetez l’ancre du 21 juin au 8 juillet en Drôme provençale à Bonlieu-sur-Roubion pour un événement. A quoi va rassembler votre « campement »? Au retour de Babel Caucase, c’est le temps de L’Oasis : une halte créative et ré-créative dans un lieu en pleine nature entre ramière, clairière et rivière. Un lieu investi par des « jardiniers de l’imaginaire » qui, un mois durant, vont transformer ce campement de roulottes en grand navire baroque et barré. L’Oasis est donc un chantier festif jalonné de concerts où le public est convié à différentes dates pour mesurer l’avancement des travaux. La programmation est en cours. Cette année, le thème retenu est celui de l’eau, ou l’absence d’eau, sa préciosité. Les évènements organisés par la Bizz’Art ne sont pas comme les autres, transversaux, polymorphes, ils fédèrent un collectif d’amis, de voisins, et d’artistes résidents en Drôme qui tous s’investissent dans la fête. Comment pensez-vous les évènements « Bizz’Art » ? Avant de penser les événements de la Bizz’Art, nous les rêvons. Et quand nous les concrétisons, nous essayons de rationaliser au minimum pour garder cette folie, cette insouciance du rêve. C’est ce qu’on pourrait appeler l’esprit Bizz’Art. Lorsque celui-ci disparaît, on perd l’aspect créatif et on tombe dans la consommation. La richesse de ces événements vient aussi du fait que nous sommes nombreux et polyvalents, plasticiens, musiciens, comédiens, acrobates, artistes, mais aussi cuisiniers, maçons, éleveurs de chevaux, agriculteurs…etc, un mélange épicé !!! L’espace est toujours ouvert à la création qui est, la plupart du temps, collective. Ces dernières années, Oasis et Cabaret Mobile, les événements phares de la Bizz’Art ont encore renforcé cet esprit particulier en instituant une appartenance à une tribu, le choix d’un art de vivre : cela se manifeste par une conscience aiguë de la nature et des problèmes écologiques qui nous menacent et tout ce qui en découle, surconsommation, apologie de la vitesse, pollution… A travers la fête, la musique, les arts, l’Oasis se veut donc un lieu de réflexion et d’expérimentation sur notre rapport à la nature, à l’autre, à l’homme. Enfin, mettre de l’art dans sa vie au quotidien et de la vie dans son art… sinon pour un monde meilleur, pour un monde moins pire. Comment s’inscrivent les concerts de musiques traditionnelles et musique du monde dans le festival ? Chaque soirée a une thématique et est soumise à une mise en scène : tous les sens sont sollicités, l’odorat avec des essences diverses, le goût avec les saveurs culinaires, la vue avec la déco, les brillances, les étoffes des costumes de l’équipe, mais aussi du public qui se prête de plus en plus au jeu, l’ouïe avec les concerts bien évidemment, le toucher avec les œuvres plastiques (qui sont ici plutôt faite de matières minérales, sculptures et autres…). Avec en prime, le frisson des grosses ou des petites surprises qui ne sont vues que par quelques spectateurs, des moments précieux d’intimité et d’exclusivité ; un comédien qui dit un poème, une diseuse de bonne aventure, un serveur de bar vous déclame quelques vers de Khalil Gibran… Comme nous aimons les mélanges surprenants, il n’est pas rare que nous programmions deux groupes le même soir qui a priori n’ont rien à voir ensemble. Dans ces cas-là, l’un est prétexte à faire découvrir l’autre au public qui n’aurait jamais eu l’idée d’aller le voir. Les musiques du monde sont un vecteur de voyage et l’art de les présenter à la Bizz’Art, un moyen de faire découvrir une culture. Propos recueillis par P.B. Contacts : La Bizz’Art Nomade, La ferme des Dames 26 160 Salettes Tel : 04 75 90 45 71 [email protected] / ww.bizzartnomade.com Liberté-égalité-solidarité Lyon au XIXème siècle La sonographie de l’exposition “Liberté, égalité, solidarité” est conçue par le CMTRA autour d’enre- Entretien avec AnneCatherine Marin, conservatrice en chef des Archives Municipales de Lyon et commissaire de l’exposition « Liberté Egalité Solidarités » qui ouvrira ses portes le 25 avril prochain. gistrements d’époque et de réinterprétation de chansons issues de collectages. Dates de l’exposition Du 25 avril 2007 au 6 janvier 2008 aux AML Lyon 2ème CMTRA : Pouvez-vous présenter le cadre et le contenu de l’exposition ? Anne-Catherine Marin : L’exposition des Archives municipales de la ville de Lyon s’inscrit dans le cadre de la manifestation générale « L’esprit d’un siècle - Lyon 1800-1914 » initiée par l’élu à la culture, qui se déroulera à partir du mois d’avril. Elle concerne les établissements municipaux, d’autres institutions culturelles mais également des associations. Dans ce cadre, nous avons choisi, à partir d’une thématique qui représente bien les Archives à mon sens, de réaliser une exposition que nous avons intitulée : « Liberté, Egalité, Solidarités ». Elle traite du contexte politique national et local de cette période, assez agité Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA puisque pas moins de huit régimes se sont succédés jusqu’à l’avènement de la 3ème République. Les changements de régime sont le fait d’évènements parisiens principalement, retransmis à Lyon par le biais d’affiches placardées au jour le jour, dont les Archives conservent plusieurs milliers ; dans ce contexte, nous avons choisi de développer trois thèmes particuliers autour de la question sociale, selon l’expression du 19ème siècle. Cela représente un sujet extrêmement vaste et nous avons choisi de traiter plutôt ce qui est du domaine de l’expérimentation sociale, de l’innovation, des utopies dans la mesure où elles ont conduit à des réalisations concrètes, qu’il s’agisse d’initiatives privées ou de politiques publiques. Nous développons plus particulièrement trois thèmes, le travail, l’entraide et la coopération et enfin l’éducation et la formation professionnelle. élitiste. De façon plus générale, il s’agit de présenter le passé dans une logique ouverte sur le présent. Il s’agit donc de partir des questionnements du XXIème siècle et de voir comment ces questions-là qui étaient déjà à l’ordre du jour dans les siècles passés, peuvent être traitées dans un contexte différent. Dans nos expositions, nous essayons toujours de privilégier le lien entre passé et présent. Par ailleurs, je considère que l’histoire politique et l’histoire sociale constituent des sujets très intéressants, qui sont aujourd’hui délaissés par la recherche universitaire. On traite beaucoup de l’histoire des mentalités ou de celle des groupes sociaux « minoritaires »–l’histoire des femmes, des homosexuels- mais plus de l’histoire sociale de façon globale. Je trouve cela un peu dommage. Chaque fois qu’il est possible de s’insérer dans ces thématiques-là, nous le faisons avec grand plaisir. parlent d’eux-mêmes, mais bien souvent l’archive n’est pas très visuelle et prend toute sa signification quand on la replace dans son contexte et qu’on la croise avec d’autres documents. La scénographie devra effectivement restituer ce contexte-là mais de manière un peu symbolique pour pouvoir mettre en valeur les documents, afin de permettre au public de s’intéresser aux informations qu’ils contiennent. Dans ce cadre là, il y aussi le partenariat avec le CMTRA pour que le son, la chanson, très présents dans ces domaines-là, puissent illustrer également des documents qui pourraient paraître figés. Autour les documents « plats », écrits, il semble important que des flashs sonores, des bustes ou d’autres objets, donnent du relief à l’exposition pour permettre à chacun de constituer son parcours et d’appréhender de manière sensible les différences de chaque époque. À travers votre inscription dans ce type de manifestations, s’agit-il également de donner envie aux lyonnais de découvrir autrement le monde des archives et de comprendre que l’histoire s’écrit au présent ? Effectivement, c’est notre souci au fil des sujets que nous traitons, l’ouverture de cette institution parfois jugée De quelle manière avez-vous choisi de mettre en représentation ces documents pour qu’ils deviennent « parlant » pour nos contemporains ? C’est tout le problème de donner à voir des documents d’archives ! Certains ont une charge émotionnelle forte ou un aspect esthétique qui font qu’ils Les Archives municipales possèdent-elles un fonds musical important ? Nous avons la chance d’avoir un certain nombre de sources musicales. Nous avons par exemple des chansons imprimées et d’autres archives musicales écrites, aussi bien dans les fonds publics que dans les fonds privés. His- page 8 Numéro soixante cinq [Printemps 2007] toriquement, à Lyon, il existait deux théâtres municipaux, le Grand Théâtre, qui est devenu l’Opéra et le Théâtre des Célestins. On peut facilement imaginer les archives administratives de l’organisation des spectacles, mais il y a aussi toutes les partitions, manuscrites ou imprimées. Nous avons également des archives privées, en particulier celles de la famille Luigini, qui a été un moment directeur de l’orchestre de l’Opéra et nous sommes en train de récupérer les archives de la Schola Cantorum et celles de la famille Witkowski. C’est un fond extrêmement important et il a pu se faire grâce à l’exposition que nous avons réalisé sur ce personnage qui est à l’origine de la Société des Grands Concerts, devenue l’Orchestre National de Lyon. Nous avons également d’autres éléments, comme le fond de César Geoffrey, fondateur de la chorale « A cœur joie ». Nos fonds musicaux les plus anciens et les plus prestigieux ont d’ailleurs été répertoriés dans un guide des ressources musicales de Rhône-Alpes qui avait été réalisé par Jérôme Dorival. Propos recueillis par Y.E. lettre 65 26/03/07 22:47 Page 9 Dossier Lamusiquetsigane: desmythesetdesréalités La musique tsigane, comment en parler ? Est-elle la musique d’un peuple itinérant, les cheveux emplis du vent de la liberté ? L’expression d’une qualité innée, d’un don de naissance que certains « ont dans la peau » ? Une force enivrante, charnelle et fraternelle permettant une communication au-delà des mots ? Un concept ethnologique ? Un label commercial ?... En creusant cette expression par le biais de l’histoire et de l’ethnologie, on se rend rapidement compte que « la » vérité est, une fois de plus, complexe, plurielle. Ce dossier n’a donc pas la prétention d’être un panorama exhaustif de ce qu’est – ou pas - la musique tsigane mais, à travers la contribution d’un ethnologue français, d’une ethnomusicologue roumaine et de différents acteurs du terrain musical régional, l’idée est de trouver des pistes pour comprendre comment la musique tsigane a été véhiculée, sans cesse réinventée au cours des siècles, et comment aujourd’hui encore elle est vécue et abordée de manière multiple. (D’) ici et (d’)ailleurs: les Tsiganes Patrick Williams, tsiganologue français, rencontre depuis bon nombre d’années des Tsiganes de différents groupes : Calderaches de l’est parisien, Manouches du Puy de Dôme, musiciens de Hongrie… Chercheur au CNRS et enseignant à Nanterre (entre autre), il revient ici sur quelques caractéristiques culturelles tsiganes, pour permettre de mieux s’y retrouver : au-delà de la musique, qui sont-ils ? que donnent-ils à voir ? qu’y voyonsnous ?... CMTRA : Est-ce qu’on peut parler de peuple tsigane ? Patrick Williams : On ne peut pas répondre s’il existe ou pas : il y a des Tsiganes, au pluriel, qui existent. Je crois que mettre en avant l’unité ou la diversité, ça dépend du point de vue qu’on adopte. Pour un historien, ça serait peut-être l’unité, avec un destin historique qui n’est pas commun à tous mais des conditions qui sont à peu près identiques pour les différentes communautés, où qu’elles soient. L’unité on la trouve dans la relation aux peuples installés : on rencontre les Tsiganes toujours dans le territoire de quelqu’un d’autre, et c’est toujours l’autre qui incarne la légitimité. Eux sont regardés comme une présence illégitime, comme des intrus. Pour un ethnologue, c’est plutôt la diversité qui sera mise en avant : les parcours des communautés ont été différents, leurs membres rencontrent et côtoient chacun à leur manière des populations différentes, avec qui ils ont des échanges de tous ordres : alimentaires, économiques, culturels… Si on prend les Tsiganes de Hongrie, effectivement ils ont participé à l’histoire de ce territoire, ils ont subi des influences culturelles, certains ne parlent plus que le hongrois ; mais en même temps ils restent une communauté à part, qui participe selon des modalités spécifiques à la vie de telle ou telle région. Aujourd’hui si vous allez aux puces de Montreuil, vous voyez des gens que le regard extérieur classifie comme Tsiganes, mais qui eux se croisent sans se reconnaître. Si des femmes qui font la manche devant la Gare du Nord (des Tsiganes de Roumanie) vont acheter des fripes à un Manouche qui a déballé sur le marché, pour un regard extérieur ils sont l’un et l’autre des Tsiganes. Mais pour le Manouche, la femme qui vient lui acheter ses fripes est une femme immigrée qui vient du Moyen Orient ou d’Europe orientale, et pour cette femme rom, c’est un gadjo français qui vend sur les marchés. Ils ne vont probablement pas se reconnaître ni avoir le sentiment d’une identité commune. Mais ça peut changer, ça reste ouvert. Il y a ce jeu qui fait qu’en certaines circonstances les individus préfèrent mettre en avant ce qui les rassemble, dans d’autres cas au contraire ce qui les différencie. Alors la notion de peuple tsigane, oui elle existe si on considère le destin historique - mais c’est un regard extérieur qui le considère ainsi -, et puis oui si on regarde aujourd’hui ce qui peut apparaître comme une revendication de reconnaissance politique par certaines organisations tsiganes, surtout en Europe de l’Est. Alors évidemment pour être entendus par les autorités politiques, ils se présentent comme un peuple, le peuple tsigane, et ils cherchent les éléments qu’ils peuvent avoir en commun pour dessiner les contours de ce peuple : l’élément culturel mis en avant c’est en général la langue ; l’élément historique c’est l’origine indienne. Mais en fait il n’y a pas de mémoire sur l’Inde ou de discours sur un passé indien dans les communautés ; ceux qui en parlent ont fait le détour par la science des non Tsiganes, essentiellement la linguistique historique qui a apporté des preuves scientifiques du fait que le berceau des Tsiganes, Roms, Gitans, etc. c’est le nord-ouest de l’Inde. Pour se faire entendre des gouvernements ou des instances internationales, il faut qu’ils donnent d’eux cette image d’un peuple… Alors, disons : peuple dispersé et qu’on rencontre toujours dans le territoire d’un autre. Même s’ils ne ressentent pas une unité, y a-t-il tout de même des traits distinctifs – ou c’est totale affabulation ? Il y a des traits distinctifs, mais … Ce qui est fascinant pour le regard extérieur et passionnant pour l’ethnologue, c’est qu’il y a une créativité de chaque communauté. On pourrait dire en simplifiant un peu que toutes les communautés tsiganes ont à affronter le même problème : comment assurer une perpétuation – comment se transmettre cette dimension communautaire de génération en génération - dans une situation de dispersion (aujourd’hui il y a des Tsiganes sur les cinq continents), et d’immersion ? Comment assurer une relative autonomie ? Toutes ont à affronter cette question. Et les réponses qu’elles trouvent sont extrêmement diverses, il y a une véritable créativité culturelle. C’est passionnant de voir, dans un même territoire, comment des communautés très différentes s’y prennent. Vous allez dans la banlieue Est de Paris, vous avez des descendants de Roms arrivés de Russie à la fin du 19ème qui voyageaient par le train avec leurs tentes, et puis les vagues des années 1960-70 de la Yougoslavie de Tito, avec des changements de stratégies : avec les guerres en Serbie, en Bosnie, le projet de retour a été abandonné. Depuis la chute de Ceausescu, vous avez aussi des Roms de Roumanie qui sont arrivés, plus récemment encore des Roms de Bulgarie, et puis il y a des Manouches, des Gitans Andalous, tous ces groupes présents en France depuis des générations… Certains vivent en maison, d’autres en caravanes, vous avez des gens qui se disent Voyageurs, qui ont fait des métiers liés au cirque, d’autres qui exercent différentes activités économiques… On a sous les yeux ces « réponses » que j’évoquais à l’instant et qui donnent lieu à des stratégies différentes pour un même objectif : se maintenir en tant que communauté. Et les musiques montrent bien ça : une double face avec un côté différence, un côté ressemblance. On voit bien ça dans Latcho Drom : lors de la séquence des musiciens tsiganes à Istanbul, on peut dire : c’est de la musique turque, jouée d’une certaine manière. Ensuite une séquence en Hongrie : c’est de la musique hongroise… A chaque fois on peut rapprocher ces expressions musicales tsiganes d’une expression locale. On pourrait dire que quasiment toutes les expressions musicales tsiganes sont tsiganes et autre chose : musique tsigane hongroise, musique tsigane de Roumanie, musique tsigane flamenco… Il y a toujours cette capacité à créer quelque chose de propre, qui leur appartient en propre, mais avec le matériau des autres. Et puis les interprétations sont si fortes qu’elles se cristallisent et deviennent des références. Cela devient l’équivalent de quelque chose qui est composé, l’interprétation est véritablement créatrice. C’est ce qui se passe quasiment dans toutes les traditions musicales tsiganes : les tsiganes locaux se sont emparés de la musique autochtone. Et pourquoi ces clichés sur Tsiganes – nomades, voleurs… ? Je crois que c’est plus prégnant pour les Tsiganes que pour d’autres populations parce qu’il y a toujours ce besoin de mettre une distance ; il y a aussi un besoin de remplir ce vide, ce décalage entre la norme sociale du pays où ils sont et leurs manières de vivre. Ces images-là rendent compte surtout du regard des populations locales sur eux. Le stéréotype des Tsiganes voleurs : effectivement, il y en a qui sont voleurs, qui sont très fiers de vous dire qu’ils sont de grands voleurs (on ne dit pas qu’on est un petit voleur !) parce Numéro soixante cinq [Printemps 2007] page 9 Dossier thématique réalisé par Fanny Logeay Photos : Benjamin VANDERLICK et Jérémie LOGEAY pages 9-10 entretien avec Patrick Williams, tsiganologue français page 10 à propos du festival Sixième Continent pages 10-11 témoignages de musiciens page 11 entretien avec Speranta Radulescu, ethnomusicologue roumaine page 12 à propos du festival des Nuits de la roulotte page 12 chroniques ciblées et références que d’une certaine manière, le vol c’est une activité où on prend à l’autre et où on ne donne rien de soi. Mais ce cliché c’est aussi une manière de rendre compte du sentiment de dépossession que peut avoir la population locale vis-à-vis de ces gens qui passent, qui s’emparent des traditions locales, de récits, de costumes, qui s’habillent pareil mais différemment… Ces stéréotypes, s’ils résistent, c’est parce que d’une certaine manière ils disent une vérité – pas la vérité des Tsiganes, mais la vérité du regard que les sociétés qui ont créé ces images portent sur les communautés tsiganes. Une espèce de sentiment de dépossession ou d’enfermement par rapport à des gens qui sont là, leur présence remplit l’espace, et puis hop ils ont disparu… Tsigane sédentaire de Roumanie (Moldavie) photo : Jérémie Logeay Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 10 Dossier Bidonville de La Soie, Vaulx en Velin, hiver 2007 suite de l’entretien avec Patrick Williams Le nomadisme… c’est aussi un cliché. Si on regarde les pratiques, il y a des tas de choses différentes sous ce terme. Les Roms d’aujourd’hui d’Europe de l’Est (qui ne sont pas très nombreux mais qui ont une grande visibilité) c’est une migration, pour certains avec un projet d’installation, pour d’autres c’est une stratégie économique avec des allers-retours entre le pays d’origine et le(s) pays de migration. Et puis il y a des gens qui font des travaux sur les bâtiments l’hiver, l’été ils font la tournée des plages et des marchés, avec des circuits réguliers qu’ils reproduisent quasiment tous les ans. Il peut aussi y avoir des déplacements en caravane pour des motifs familiaux (un malade, un décès, une noce, une dispute…). Le terme de nomadisme écrase des pratiques extrêmement différentes les unes des autres. C’est aussi une manière pour les sociétés qui les côtoient de se rassurer en disant : « on les connaît, on a un discours sur eux »… On le voit bien avec des catégories qui n’ont pas de pertinence mais qui sont utilisées comme des catégories savantes par les politiques, les associations, les municipalités qui classent les populations tsiganes qui sont dans leur territoire en « nomades /sédentaires » ou « sédentaires / séden- photo : Benjamin Vanderlick tarisés » ou « semi-nomades »… Ca donne l’illusion d’un savoir et d’une maîtrise – c’est peut être pour cela que ça continue. Et le romantisme du nomade, de la liberté, de celui qui ne connaît pas de barrières dans ses déplacements dans l’espace – aujourd’hui la réalité, c’est que pour vivre en se déplaçant, c’est plein d’obstacles administratifs, matériels, policiers, ce n’est pas du tout la liberté…. Et ces représentations des Tsiganes comme incarnant la musique, l’âme slave… c’est quelque chose de cyclique ? Les premières manifestations de ce romantisme-là commencent au 19ème siècle avec les Expositions universelles dans les capitales européennes : dans le pavillon d’Autriche-Hongrie, ce sont des violonistes tsiganes hongrois qui sont venus jouer et ils ont obtenu un succès considérable. Alors ça a donné lieu à la vogue des cabarets tsiganes avec les violonistes virtuoses, les orchestres à gilet rouge et broderies dorées, les dames de la haute société qui se faisaient enlever par des violonistes tsiganes… L’Autriche-Hongrie avait envoyé des musiciens tsiganes parce que c’étaient eux qui jouaient de la manière la plus brillante la musique qui était la musique nationale. Or les oreilles occidentales n’ont pas entendu de la musique hongroise mais de la musique tsigane. D’où cette querelle de propriété qui dure jusqu’à aujourd’hui. Et ce romantisme se renouvelle de manière cyclique, avec les images qui se colorent un peu différemment selon les époques. Aujourd’hui on aime bien tout ce qui paraît « authentique » ou « ethnique », alors sur le haut du podium ce sont les musiciens des villages perdus, ceux qui paraissent « primitifs », donc plus « authentiques ». On trouve ça pour les musiques d’Europe centrale, mais on a aussi la même chose pour le flamenco : on dit que le chanteur qui ne se produit pas en public, qui réserve son chant à la communauté, c’est lui qui incarne la vérité du cante. Mais il arrive que celui qui passe sur les grandes scènes internationales soit LE grand chanteur, qui illustre tout à fait la manière appréciée dans la communauté d’interpréter la musique. Comment les nommer : Tsiganes ? Roms ? Manouches ?... C’est une question difficile parce qu’il n’y a pas de terme qui à la fois désigne la totalité et correspondent aux usages internes. « Tsigane » c’est clairement un nom qui vient de l’extérieur. Ceux qu’on désigne comme Tsiganes ne disent pas « on est Tsiganes » mais « on est Roms, on est Manouches, Sinti, Gitanos… » - sauf si c’est pour renvoyer l’image qu’on a d’eux. Donc déjà on est en décalage. En France « Tsigane » a été adopté dans les textes scientifiques parce que les historiens, linguistes, sociologues, ne voulaient pas employer les termes les plus usités qui étaient bohémiens, romanichels, gitans qui avaient une connotation péjorative. En Europe centrale et orientale, Rom est presque quasiment partout employé par tous ceux désignés comme « Tsigane ». Et puis « Tsigane » a un autre inconvénient : dans ces pays-là il est extrêmement péjoratif. Donc certains – notamment les organisations politiques d’Europe de l’Est – ont proposé d’employer Rom. Mais pour les groupes d’Europe occidentale ça ne va pas : en manouche, rom ça veut dire « l’homme, l’époux ». Les Gitans du Sud de la France, c’est pareil, ça les fait rigoler si vous leur dites qu’ils sont des Roms, ils ont d’autres mots. En Allemagne c’est problématique aussi, ils ont fini par appeler l’organisation qui les représente Roma und Sinti. Et puis il y a des gens de groupes différents qui se disent parfois euxmêmes Roms, mais ne se reconnaissent pas mutuellement cette qualité de rom. Quand on veut désigner la totalité, on est toujours en décalage avec la vision de ceux qu’on désigne – ce qui est quand même assez ennuyeux ! Alors chaque groupe se désigne par son nom propre. Il arrive que l’on demande « vous êtes qui ?- On est nous » : l’essentiel est de pouvoir reconnaître ceux qui sont dans le « nous » et ceux qui n’y sont pas. Et ça, ça fonctionne bien… En France dans les textes administratifs on ne désigne pas les gens par leur qualité ethnique : aujourd’hui, on parle de gens du voyage. Un gros inconvénient, c’est que gens du voyage ne se dit pas au singulier : l’individu n’existe qu’en tant que membre de sa communauté. Et puis il y a des tas de « gens du voyage » qui ne voyagent pas, sinon pour les vacances, comme tout le monde. Dans les années 60, il y avait une autre expression administrative bizarre : personnes d’origine nomade. Qu’est-ce qui était nomade, la personne ou l’origine ?... Dans les documents des instances internationales, aujourd’hui on parle de Rom, roma and travellers. Avec toutes ces appellations, c’est comme une flèche qui dévierait au moment d’atteindre sa cible. De cela, les gens jouent aussi. Par exemple en répondant différence quand on leur parle identité, identité quand on leur parle différence. C’est un jeu ! Et souvent les institutions sont totalement excédées par ça, parce qu’elles n’arrivent pas à les faire rentrer dans les cases… 6ème continent, “cultures rroms” Contacts : Entretien avec Mohamed Sidrine, directeur et programmateur du festival 6ème Continent quis’attache cette année à faire découvrir des « cultures rroms ». 6e Continent 51, rue Saint Michel 69007 Lyon 04 37 28 98 71 / 06 73 10 19 74 www.sixiemecontinent.net Festival Le Sixième Continent 9ème édition : du 29 mai au 9 juin 2007 CMTRA : Quel est le thème du festival cette année ? Mohamed Sidrine : Cette année pour le festival on a choisi « les cultures rroms » des pays de l’Est. C’est un thème tellement vaste qu’on a préféré se centrer géographiquement sur la Macédoine, la Hongrie, la Bulgarie… On (re-)découvrira ces cultures rroms grâce à une programmation pluridisciplinaire : des expositions d’arts plastiques, des projections de films, des séances de contes, des débats et des concerts. Cette année, il y a une autre particularité, au-delà de la thématique des Rroms, c’est que le festival est éclaté dans différents lieux, autres que le 6ème Continent et le Parc de Gerland : place Saint Louis, les berges du Rhône, le quartier des Pavillons de Gerland et une trentaine de lieux insolites à la Guillotière le 9 juin (bars, salons de coiffure, hammam…) pour accueillir différents concerts. Cet éclatement des lieux nous permet de sortir de la grosse machine organisationnelle Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA de Gerland et de s’implanter mieux dans le quartier, être plus près des gens, avec des manifestations à une échelle qui permette une rencontre entre les artistes et les gens. Et pourquoi les “Rroms” cette année ? C’est un sujet qui nous tient à cœur mais qu’on reporte depuis plusieurs années pour des raisons techniques. C’est important pour nous de provoquer du débat, d’apporter des éclairages sur les cultures rroms au-delà de la musique. -A ce propos d’ailleurs il y a un ultimatum préfectoral sur le bidonville de Vaulx en Velin pour la fin du mois…- C’est important de valoriser ces cultures qui sont très riches mais qui restent stigmatisées avec tous les clichés que l’on connaît. On travaille notamment avec la Voix des Rroms (collectif parisien d’intellectuels rroms), l’ARTAG (Association Régionale des Tsiganes et leurs Amis Gadjé), l’Alpil, ARALIS… Donc on a invité un bon nombre de page 10 spécialistes de la question : Marcel Courthiade, Patrick Williams, Claire Auzias, Laurent Aubert (pour la partie musicale)… Ce dernier interviendra autour de deux questions : les raisons de cet engouement soudain pour les musiques tsiganes des pays de l’Est, d’une part et la musique comme vecteur d’intégration, d’autre part. Il y aura aussi probablement un sociologue qui parlera des recompositions culturelles : comment, pour s’intégrer dans une société, on revisite son patrimoine culturel, musical. Et la programmation musicale ? Elle va se dérouler autour de trois grands axes : la diffusion, autour de cette thématique rrom, avec des groupes qui vont jouer au Parc de Gerland (Urs Karpatz, Kocani Orkestar, Parno Gratzs, Malossol..) et des concerts sur différentes places : Zaragraf (Nimes), No’Mad ? (Grenoble)... Pour ce qui est de la création, on impulse un projet, ElectRrom, dans lequel jouent deux Rroms de Rouma- Numéro soixante cinq [Printemps 2007] nie (un accordéoniste et un contrebassiste) et Stani, DJ du Peuple de l’Herbe, en résidence au 6ème Continent - d’où le nom. Et puis le 9 juin, pour la clôture, on coordonne l’organisation des concerts « musiques du monde » (donc hors thématique) dans trente lieux différents du quartier… Il y aura aussi une conteuse, Armelle Audigane, avec sa roulotte (!) et son mari musicien, qui vont conter dans les bibliothèques du quartier. Et puis il y aura plusieurs expositions, notamment une proposée par la Voix des Rroms, sur les Rroms célèbres (Elvis Presley !! Youl Bruner…) ; et une expo Arts plastiques, avant le festival, du 9 au 19 mai dans les locaux de la MAPRA, avec une soirée performance où six artistes plasticiens vont réaliser chacun une toile en live sur le thème des Rroms, du voyage, de la mobilité… accompagnés par DJ Schnaps (Genève) et DJ Olga (Bulgarie). Et ensuite l’expo viendra ici, au 6ème Continent, pour le festival ! Témoignages divers de musiciens Témoignages de différents musiciens du coin ou de plus loin, autour de la question : la musique tsigane, c’est quoi ? David Brossier violoniste des groupes Musafiri et Glik (entre autres), aficionados de musiques roumaines en tous genres… La question qui fâche… je dirais que l’on peut parler de musique tsigane pour la musique qui est demandée principalement par la communauté tsigane. Mais pour moi il s’agit plus de styles de musique tsigane que de répertoires. Par exemple, la « muzica lautareasca » en Roumanie : c’est une musique qui puise une partie de son répertoire dans les danses roumaines des campagnes de Roumanie, plus particulièrement du sud et de Moldavie. Mais cette musique s’est « urbanisée », les ornements des mélodies, l’harmonie, se sont complexifiés, il y a toute une évolution vers une musique plus virtuose, improvisée. Ce style de musique est pour moi tsigane, car il est demandé dans les mariages tsiganes (et pas roumains), mais pourtant, ce style de musique n’est pas dépendant du répertoire roumain. En complément, je dirais aussi que ce qui me semble ne pas être de la musique tsigane : la musique jouée par les Tsiganes (bien sûr hormis les styles inclus ci-dessus), pour les autres communautés en fait. C'est-à-dire que les musiciens tsiganes jouent aussi pour les Roumains, et que donc les Roumains leur demandent de la musique roumaine, et pas tsigane… C'est-à-dire qu’il me semble plus important de se demander « pour qui est joué cette musique » que « qui joue cette musique ». Sébastien Felix Manouche de Bresse et guitariste virtuose du groupe Sinti Swing La musique tsigane est basée sur la grande musique classique (Bach Paganini, etc.) ; c’est des formations où l’on trouve violon, contrebasse, cymbalum, du chant aussi. C’est une musique avec des couleurs mélodiques et un choix de notes dont seuls les Tsiganes ont la recette ! Elle vient des pays de l'est et dégage aussi un côté festif. La musique tsigane n’est pas la musique manouche, ce n’est pas non plus la musique gitane ou flamenco : comme pour les ethnies, tout cela est très différent. Ca fait partie de ceux qu’on appelle « les Gens du voyage ». Souvent dans les concerts, les gens me disent : « vous pouvez nous faire la musique tsigane comme les Gypsy Kings ? » mais ils confondent un peu tout… Moi je ne suis pas tsigane, je suis manouche. D’ailleurs quand j’essaie de parler avec des Tsiganes de Roumanie, c’est quasiment impossible ! C’est un peu comme quand des Marocains et des Tunisiens essaient de parler ensemble : à part quelques mots, ils ne se comprennent pas. Mais il faut dire quand même qu’on a des caractéristiques communes avec les Tsiganes (même si les modes de vie ont beaucoup changé) : l’importance de la famille, beaucoup de solidarité et puis surtout, la musique. Et je pense que, même si on perd certaines habitudes de vie, la langue ou quoi, la musique, on ne la perdra jamais - c’est lettre 65 26/03/07 22:47 Page 11 Dossier une question de gènes, quelque part. Même si les Manouches, les Tsiganes, les Gitans n’ont pas inventé la musique, ils se sont tellement inspirés de ce qui les entouraient qu’ils la ressentent profondément, comme personne d’autre. D’ailleurs on ne peut pas tellement dire que c’est un choix de faire telle ou telle musique : c’est plutôt la musique qui nous appelle à jouer. Florentin Dragomir violoniste franco-roumain des groupes Manele, ciocolata… Quand je suis arrivé en France, je ne savais pas ce que ça voulait dire « musique tsigane ». Les gens attendaient que je joue des morceaux hongrois (les csardas, les friss…), qui sont en fait plutôt une musique classique, écrite – mais qui représentent ici en France la musique tsigane. Maintenant j’essaie d’expliquer ça, dans les concerts, mais les gens n’écoutent pas forcément. Pour moi la musique tsigane c’est plutôt autre chose : d’un côté les manele, ces rythmes orientaux, venus de Turquie, mais surtout les cintec d-ascultare, les « chansons à écouter » où le musicien va improviser des vers en fonction de la situation. L’improvisation c’est très caractéristique de la musique tsigane, parce que les Tsiganes, quand ils jouent une mélodie, très vite ils vont broder autour, improviser. Et finalement je crois que la musique tsigane peut être toute musique jouée, quelque part, c’est surtout une question d’interprétation : chaque musicien, Tsigane ou non, va s’exprimer à sa façon, selon les couleurs dont il a envie – mais ce qu’il faut, c’est y mettre de l’âme. Ce n’est pas tout d’être bon technicien, il faut savoir faire pleurer son instrument… Costica Pantiru Tsigane ursari de Roumanie, multi instrumentiste, chef de la fanfare Shukar, (entretien paru dans la Lettre d’Info n° 54) La musique de notre fanfare est une musique diversifiée : nous jouons de la musique traditionnelle, roumaine, spécifique de la région moldave où nous habitons. Mais on peut aussi jouer de la musique de Transylvanie ou d’Olténie, de quelque zone que ce soit en Roumanie, de la musique d’influence grecque, serbe, turque, klezmer... Dans un sens nous sommes universels, nous essayons de jouer tous les genres de musique. (…) Mais nous jouons avant tout de la musique pour les Tsiganes, spécifique de la région de Zece Prajini. Cette musique plus « tsigane », c’est aussi une musique de fanfare et d’influence moldave, mais plus arrangée, avec un son moins accessible, mieux préparé, plus harmonieux... Car les Tsiganes sont une ethnie très exigeante en ce qui concerne la musique, surtout les Tsiganes musiciens, ceux qui sont nés et ont grandi avec la musique. Nous, nous ne dansons pas avec les pieds, on sent surtout les choses avec le coeur, on danse avec le coeur... On ressent les choses complètement différemment. C’est pour ça qu’en Roumanie on sait que la bonne musique est faite par les Tsiganes. Les Roumains font eux aussi de la bonne musique, mais ils sont bien meilleurs lorsqu’il s’agit de construire des maisons, par exemple. Mais nous jouons pour les Tsiganes et les Roumains, pour toutes les occasions : où que ce soit, pour qui que ce soit, pour quelque événement que ce soit, nous jouons ! Tsiganes, musique et tradition, art et commerce Speranta Radulescu est une ethnomusicologue roumaine : depuis longtemps elle parcourt la Roumanie et travaille avec de nombreux groupes de musiciens de villes ou de villages ; elle exerce aussi son métier au Musée du Paysan Roumain de Bucarest, où sont édités un certain nombre de disques de musique roumaine – et tsigane… Explications sur le panorama musical en Europe de l’Est (particulièrement en Roumanie) et la présence des Tsiganes dans ces musiques. CMTRA : Qu’est-ce que c’est « la musique tsigane » ? Speranta Radulescu : Tout d’abord, je n’aime pas du tout utiliser ce mot au singulier, parce qu’il n’y a pas une musique tsigane : il y a des musiques tsiganes locales, constituées autour de certaines communautés professionnelles ou des groupes de tsiganes. Ainsi en Roumanie, j’ai repéré quelques musiques tsiganes différentes, où il y a une empreinte ethnique assez évidente : tout d’abord la musique des musiciens professionnels de Bucarest, du début du 20ème siècle, qui était la musique des musiciens professionnels pour eux-mêmes : la « muzica lautareasca ». Et comme la plupart des musiciens professionnels étaient tsiganes, c’était une musique tsigane pour les Tsiganes connaisseurs. J’en ai repéré une autre, qui est la musique d’une certaine région centrale de la Transylvanie, qui a certaines caractéristiques, des rythmes, des tournures mélodiques spécifiques. S’il y a un mariage tsigane, les musiciens qui se trouvent en tête du cortège jouent cette musique pour que tout le monde sache qu’il s’agit d’une noce tsigane – et tout le monde le reconnaît : Tsiganes et non Tsiganes. Enfin j’en ai repéré une troisième dans les milieux des Caldarari(1) . C’est une musique où celui qui chante s’accompagne en frappant une sorte de tambour improvisé d’un tonneau, avec des cuillers, des cailloux, avec le talon…, une musique qui a une sonorité plutôt « archaïque ». Ces Tsiganes prétendent que leur musique est la vraie musique tsigane. A leur manière, ils veulent suggérer quelque chose : que c’est la musique la plus ancienne. De toute façon chaque communauté tsigane qui dispose d’une musique à elle est convaincue que sa musique est la vraie musique tsigane. D’où vient la confusion en Europe de l’Ouest entre musique tsigane, musique traditionnelle locale, musique folklorique… ? Cette confusion est savamment entretenue par de nombreux « commerciaux » de la musique – impresarios, organisateurs de spectacle, producteurs de disques -, parce que le label « tsigane » est un bon argument de vente. Alors ils s’empressent de mettre ce label sur n’importe quelle musique qui vient de l’est, surtout de Roumanie. Quelques fois le label convient, c’est vrai, mais le plus souvent ça ne va pas. Et j’ai entendu des Roumains comme des Tsiganes mécontents de cette confusion… Mais de toute façon ici on ne peut rien faire : c’est votre affaire ! Ca tient aussi de l’ignorance : les gens ignorent plus ou moins les musiques de l’Est, ou ils les connaissent dans leur version folklorisée, et alors ils s’imaginent que toute musique venant de l’Est est de la musique tsigane – c’est sur ça que jouent les commerciaux de la musique. Est-ce que du point de vue musical on peut dire que les Tsiganes ont une nécessité créatrice plus développée que d’autres ethnies ? Formulé comme ça, je deviens réticente : évidemment il y a un penchant, mais je refuse les explications relevant de la biologie. En pratiquant la musique pendant des siècles – je ne sais pas par quel accident, mais ils ont commencé à le faire très tôt dans l’histoire -, ils sont devenus experts : on fait ça en famille, dans les communautés, on se transmet la chose, ça donne de la compétence et ça développe l’imagination. Mais je ne veux pas parler d’un penchant biologique pour la musique, parce que je n’y crois pas et que je n’en sais rien. Pourquoi l’image tsigane est généralement positive à l’Ouest alors qu’à l’Est il y a une forte discrimination ? Ca tient à l’histoire culturelle de chaque région de l’Europe. En Roumanie et dans les pays voisins il y a eu beaucoup de Tsiganes à partir des 14ème et 15ème siècles : donc on connaît la population, leur musique, leurs coutumes, etc. Tandis qu’à l’Ouest ils ont été moins nombreux. Et l’imaginaire collectif, avec notamment la littérature romantique, ont inventé les Tsiganes vigoureux, enthousiastes, près à commettre des gestes héroïques : on a bâti une image du Tsigane sublime, que les gens conservent encore plus ou moins - et on ne peut pas disloquer cette image… Tandis que dans les pays de l’Est, où il y a eu beaucoup plus de liens sociaux et culturels avec les Tsiganes, ils sont mieux connus, ce qui explique notamment qu’on ne fait pas la confusion entre musique tsigane et n’importe quelle autre musique. Aussi, la confusion entre musique tsigane et musiques traditionnelles locales vient du fait que beaucoup de musiciens en Europe de l’Est et notamment en Roumanie sont Tsiganes – peutêtre 80% des musiciens professionnels sont des Tsiganes. En Occident les gens - qui ne connaissent pas les mécanismes de fonctionnement de ces musiques - s’imaginent que les Tsiganes ne jouent que de la musique tsigane, mais non ! Si c’est un professionnel il joue la musique de tout le monde : la musique roumaine pour les Roumains, la musique hongroise pour les Hongrois… Il joue toutes les musiques qui existent autour de lui pour pouvoir gagner sa vie. D’où vient le fait qu’il y a autant de Tsiganes qui jouent de la musique en Europe de l’Est ? Il m’est difficile à dire, mais… voilà les suppositions : en arrivant dans la région, les Tsiganes sont devenus des serfs des boyards (2) - certains faisaient la cuisine, d’autres s’occupaient des chevaux, d’autres faisaient de la musique, etc. Ils jouaient la musique qui était à la mode à l’époque. Et au bout d’un moment les boyards ont commencé à louer les services des serviteurs tsiganes aux bistrots, aux auberges, là où ils pouvaient faire de la musique pour tout le monde. Et graduellement les Tsiganes ont appris la musique des Roumains, des Hongrois, des Sachs, etc., et ils ont commencé à jouer cette musique souvent paysanne. Et au moment où ils ont été délivrés, vers le milieu du 19ème siècle, au lieu d’être entretenus et protégés par leurs boyards en échange de leur musique, ils se sont mis à la disposition des communautés rurales pour faire leur musique. La situation dans les villes était différente : très tôt au cours de l’histoire, il y a eu des Tsiganes qui appartenaient aux princes des provinces et qui étaient libres en échange d’impôts assez importants. Et dès le 17ème siècle, ils ont pu s’organiser en corporations professionnelles de musiciens et gérer la distribution des musiciens des villes. Et certains de ces très bons musiciens tsiganes, libres, étaient même bien riches, ils pouvaient recevoir de très gros pourboires en pièces d’or, par exemple – et ils percevaient en plus les taxes des membres des corporations ! Probablement les musiciens des villes jouaient de la musique savante grecque, turque, peut-être aussi occidentale à partir du 19ème. Et puis ils ont fait des mélanges… Et certains sont rentrés dans les conservatoires au début du 20ème siècle, et ont fait des carrières extraordinaires. C’était des musiciens qui en soirée donnaient des concerts à l’Athénée de Bucarest, ensuite ils allaient jouer dans les restaurants de luxe ; certains avaient parfois des contrats en France ou en Allemagne. C’est une catégorie assez particulière de musiciens. Ils ont même fait une musique nationale roumaine, on leur doit beaucoup. Et puis pendant la période communiste il y a eu cette maudite folklorisation qui les a obligés à rentrer dans le système de la musique folklorique officielle, festive, propagandiste, etc., sinon ils ne pouvaient pas faire carrière et voyager. Cette musique était contraignante et ils ne pouvaient pas s’exprimer comme ils voulaient : dans ces ensembles folkloriques ils étaient obligés de ne jouer que de la musique purement roumaine et aménagée d’une manière assez infernale, assez grotesque. Ils n’étaient pas libres de jouer ce qu’ils voulaient, il y avait toujours un chef qui donnait les directives générales, qui imposait certaines pièces et surtout la façon de les jouer. Bon, mais ceux qui ne voulaient pas faire carrière, ceux-ci continuaient à faire ce que leurs parents avaient fait : ils étaient engagés par des paysans ou des gens des faubourgs pour les fêtes de mariage ou autres. Et ce sont eux qui ont conservé la musique vivante. Certaines fois ce sont les Tsiganes qui connaissent mieux que n’importe qui les musiques locales – hongroises, roumaines… Oui, c’est clair, parce que c’est eux les professionnels depuis longtemps et les gens comptent sur eux. Mais c’est valable pour une bonne partie des coutumes traditionnelles locales. J’ai vu des scènes pendant des fêtes de mariage où les gens, ne connaissant plus les séquences du rituel, ont recours aux musiciens professionnels – Tsiganes - qui ont le devoir de les connaître, pour chaque village : ce Numéro soixante cinq [Printemps 2007] page 11 geste on le fait après celui-là, etc. Et j’ai entendu ça souvent des musiciens de campagne : « les gens nous respectent, nous demandent conseil » Ils sont aussi gardiens des coutumes locales, c’est assez extraordinaire ! et c’est aussi très important car c’est un vrai pouvoir, de savoir bien faire les coutumes. C’est un vrai plaisir de travailler avec des musiciens tsiganes – ils sont vraiment sérieux : pour eux, avoir un engagement avec quelqu’un, écrit ou non, c’est quelque chose qu’on respecte par-dessus tout. On peut leur proposer des sommes extraordinaires pour passer à la télé ou ailleurs, ils refusent parce qu’ils ont promis à quelqu’un de la campagne d’être présent à la fête de mariage. C’est sacro-saint, un contrat. Ils ont développé au cours des siècles un sérieux professionnel qui est formidable. Vous parlez de Tsigane, pas de Rom ? Oui, je sais que les Tsiganes, les Roms, surtout les chefs de leur parti, veulent être appelés Roms. Mais les musiciens – en Roumanie et aussi dans d’autres pays - préfèrent être appelés Tsiganes, peut-être parce qu’ils veulent être considérés différemment des autres Roms. Ils se considèrent supérieurs et d’une certaine manière ils le sont, parce qu’en pratiquant ce métier ils ont dû se socialiser, s’intégrer socialement… Alors ils veulent qu’on les appelle Tsiganes, moi je le fais comme ça. Evidemment les associations roms n’acceptent pas, crient que ce n’est pas possible, que c’est une façon d’exprimer des préjugés… Si les gens se considèrent Tsiganes et se nomment ainsi, pourquoi les appeler différemment pour être correct du point de vue politique ? (1) Caldarari : groupe de Tsiganes chaudronniers – comme les Calderaches en France. (2) Boyards : seigneurs de Roumanie, grands propriétaires terriens Speranta RADULESCU Taifasuri despere muzica tiganeasca – Chats about gypsy music Ed. Paideaia, Bucarest, 2004 (résumé très complet sur 60 pages en anglais) Musée du Paysan Roumain : www. muzeul taranului roman.ro (pages en roumain et en anglais) Les Tsiganes jouent musiques traditionnelles locales, musiques folkloriques, musique tsigane… photo : Alidor Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 12 Dossier Festival “autour de la culture tsigane” Entretien avec Sébastien, président de l'Association des Nuits de la Roulotte et organisateur de la 5ème édition du festival « Autour de la culture tsigane ». tsigane en proposant une soirée concert à la Traverse avec les groupes Mango Gadzi et Debout sur le Zinc et en montant aussi quelques petites activités autour de la culture tsigane. C'est en assistant à cette première édition que nous décidons avec trois amis de reprendre le projet : nous avons été charmés par une culture, la culture tsigane, et par un moyen de la diffuser. Nous avons aussi été charmés par le fait de jouer cette musique. Il a fallu apprendre et cela n'a pas été facile… CMTRA : Pourquoi avoir fait un festival autour de la musique tsigane ? Sébastien : Pour resituer le contexte de ce festival, les nuits de la Roulotte sont à la base un projet étudiant de l'IUT Gaco Musique de Chambéry qui propose des horaires aménagés pour la pratique instrumentale et le montage de projets culturels. Ainsi Les Nuits de la Roulotte sont nées sous l'impulsion de trois étudiants passionnés de culture Qu'est-ce que vous entendez par le terme "musique tsigane "? La musique tsigane a différents styles - le flamenco (gitan), le swing (manouche), le balkanique (rom)…chacun ayant ses particularités selon les régions, les ethnies. On peut parler là de musique traditionnelles. On assiste aujourd'hui à une véritable évolution des musiques tsiganes avec des métissages parfois insolites : on trouve beaucoup d'electrotsigane, de rock, voire de métal tsigane, j'attends avec impatience des formations de dub ou ragga tsigane, cela ne devrait pas tarder. On a aussi du trad remanié avec des groupes de swing où l'on va au-delà de Django par exemple. Vous allez me dire que l'on s'éloigne des musiques tsiganes, pas du tout, dans ces groupes de musiques "actuelles" on a un mélange de « gadgés* » et de gens du voyage très positif pour la fusion des musiques ainsi que pour les rapports entre les différentes communautés. Y a-t-il des points particulièrement positifs ou négatifs à proposer cette thématique ? Tout d'abord c'est une culture géniale qui ne cesse de dévoiler de nouveaux aspects : tous les ans je me dis, là on a fait le tour ! Tous les ans, on découvre de nouvelles choses, c'est passionnant. Deuxième grand point positif, c'est une culture très populaire, et nous ne manquons pas de public ! Ce n'est pas négligeable ! Enfin, cela permet à des gens méconnus voir méprisés de se produire sur scène, ou tout simplement d'être accueillis dans un endroit convivial. Point négatif, dans une ville comme Chambéry, peut-être l'accueil des gens du voyage, mais nous avons nos propres terrains d'accueil. Nous bénéficions d'une très bonne image et il y a toujours des gens pour nous aider en cas de problème. (nous touchons du bois !!) Qu'est-ce que les gens viennent chercher dans un tel festival ? Ils viennent faire la fête, découvrir des groupes, des artistes et en général ils ne sont pas déçus. La démarche du festival est de proposer un large choix de spectacles parmi lesquels nous retrouvons des artistes connus (au niveau national et international), des artistes émergeants (régionaux) et des artistes très peu connus voir amateurs (locaux). L'idée étant de proposer à chaque fois un spectacle de qualité. Nous essayons aussi de proposer un maximum de spectacles gratuits. Les gens ont bien conscience que nous leur offrons un moment de fête et c'est véritablement cela qu'ils viennent chercher. Contacts www.lesnuitsdelaroulotte.com [email protected] [email protected] Sébastien : 06 81 87 80 23 * gadjo/gadje : pour les Tsiganes, tout individu non tsigane. Chroniques ciblées Un livre, un CD, un film qui valent le détour - parmi tant d’autres… Dire le chant, les Gitans flamenco d’Andalousie – Caterina Pasqualino CNRS Editions, Paris, 1998. Pas une note de musique et pourtant, celle-ci est présente à chaque ligne. Pas un terme technique et cependant, l'analyse est bien là : elle montre, en détail, comment les Gitans flamencos créent leurs chants, les modifient, leur accolent des paroles éphémères, les poussent à bout de voix, jusqu'à - selon une expression locale - s'en faire "saigner les poumons". Dans Dire le chant, Caterina Pasqualino réussit ce tour de force qui consiste à faire vivre, avec les seuls mots, une réalité musicale que ceux-ci peinent habituellement à saisir. Mais l'ouvrage ne traite pas seulement de musique. A partir du chant, l'auteur y dépeint la vie des Gitans de Jerez sous un jour à la fois sensible et réaliste. Les extraits d'entretien, les observations, les anecdotes, servent à fonder des analyses parfois très audacieuses et en tout cas novatrices. Dire le chant est un chef d'œuvre d'ethno(musico)logie et une référence incontournable pour quiconque s'intéresse à la culture gitane. Victor Stoichita Tony Weiss, Une figure du jazz manouche en Auvergne, AMTA 71330 Références (non exhaustives) en vrac… Bibliographie Films Henriette ASSEO, Les Tsiganes : une destinée européenne, collection Gallimard découverte Emir Kusturica : Chat noir, chat blanc ; Isabel FONSECA, Enterrez-moi debout, l’odyssée des Tziganes, Ed.Albin Michel Bernard LEBLON Le flamenco, Ed. Cité de la musique / Actes sud, 1995 Speranta RADULESCU, Taifasuri despere muzica tiganeasca – Chats about gypsy music Ed. Paideaia, Bucarest, 2004 Alain REGNIER, Tsigane, heureux si tu es libre, UNESCO Michael STEWART, Brothers in song (ed. anglaise) Patrick WILLIAMS, Les Tsiganes de Hongrie et leur musique, Acte Sud / Cité de la Musique Patrick WILLIAMS, Django, ed. Parenthèses Patrick WILLIAMS, Nous on n’en parle pas, les relations entre les vivants et les morts chez les Manouches, Ed. Maison des sciences de l’Homme. Yan YOORS, J’ai vécu chez les Tsiganes, Ed. Phoebus Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 12 Numéro soixante cinq [Printemps 2007] Le temps des Gitans… Tony Gatlif : Latcho Drom ; Swing ; Vengo ; Gadjo Dilo… Emil Lotianu, Les Tsiganes montent au ciel, 1976, URSS. Alexandre Petrovic, J’ai même rencontré des Tziganes heureux, 1967, Yougoslavie. Jean Schmidt, Kriss Romani, 1962, France Sites internet http://www.etudestsiganes.asso.fr/ Site de la revue Etudes tsiganes ; l’association a son siège à Paris. http://www.fnasat.asso.fr/ Observatoire national / Fédération d’action sociale / Centre d’études et de documentation / Centre de formation http://lunamusica.free.fr/ Site portail, beaucoup de liens et contacts en tous genres… (concerts, expos, livres, associations…) http://www.romanothan.ro/ Site de l’association roumaine « Aven Amentza » (site en roumain et en anglais) – galerie photo intéressante http://perso.orange.fr/balval/ Notamment grosse bibliographie… Ce dernier-né des atlas sonores édité par l’AMTA est une petite merveille. Musique et témoignages s’allient pour tracer en quelques esquisses bien placées le portrait sonore de cette grande figure du jazz-manouche, habitant anonyme de l’agglomération clermontoise. Il y a tout d’abord le talent musical de ce guitariste violoniste, de son jeu roots et consistant, empreint d’une grande sensibilité. Il y aussi ces bribes de vies, celles de ce Manouche chtimi d’Auvergne à la vie fleuve, la vie roman, la vie nomade transfigurée par la musique. Il y aussi l’histoire du jazz et celle des musiques d’Auvergne, leurs évolutions, leurs points de jonction et de confrontation. Un disque fortement recommandé pour swinguer avec classe et rêver en mesure. (disque chroniqué par Péronelle dans la L.I. n°61) Latcho Drom – Tony Gatlif, 1993, 1h40 - KG Production - Canal + Partant du Rajasthan jusqu’en Espagne pour suivre le fil des pérégrinations « historiques » des Tsiganes, Tony Gatlif propose dans son film entre fiction et réalité, un voyage sensible et musical, une rencontre de différentes ethnies : Gitans du Rajasthan, Tsiganes de Turquie, Roms de Hongrie, Lautari de Roumanie, Manouches du Sud de la France, Gitans d’Espagne... La simplicité des images et l’exquise qualité des musiciens est prenante, troublante, envoûtante : la caméra nous prend par la main et l’on part, à pied, en charrette, en bateau, en cheval, en BMW, pour découvrir et écouter les Musiciens du Nil, les clarinettes d’Istanbul, le Taraf de Haidouks au village, les palmas claquant autour des grandes figures du chant flamenca… La route dure 1h40 mais l’on aimerait ne jamais arriver ! Si le propos du réalisateur n’est pas de défendre des individus mais « un peuple dans son entier », il le fait ici par ce qu’il sait le mieux faire : réunir d’excellents musiciens, leur proposer avec tact une séance musicale filmée (en respectant les égos de chacun !) - et en faire profiter le spectateur… lettre 65 26/03/07 22:47 Page 13 Del’oralàl’écritetviceversa Publication Les catalogues Coirault Vient de paraître ! Répertoire des chansons françaises de tradition orale Vol III : Religion, crimes, divertissements. Patrice Coilrault. Ouvrage révisé et complété par Georges Delarue, Marlène Belly et Simone Wallon. Entretien avec Georges Delarue. CMTRA : Pouvez-vous nous présenter l’ouvrage; à quoi sert ce catalogue et à qui est-il destiné ? Ce catalogue est destiné à tous ceux qui souhaitent connaître notre patrimoine chansonnier et les différentes versions publiées d’une même chanson appartenant au répertoire populaire ancien. Les chanteurs et fredonneurs de chants peuvent également faire des recherches thématiques dans le répertoire (trouver tous les chants où il est question de l’arrivée du printemps par exemple) ou connaître d’autres formulations d’un chant qu’ils ont travaillé. Les musicologues y chercheront les souvenirs que les airs anciens ont pu laisser dans la tradition. D’autres étudieront la manière dont ont pu varier textes et mélodies ; ils seront aidés en cela par l’indication des « sources anciennes » c'est-à-dire les données relatives aux traces de la chanson dans des recueils des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, donc antérieurs à la recherche folklorique. Les catalogues Coirault : des outils de travail et de plaisir Mercredi 7 mars. Je viens d’acheter mon tome III du Catalogue CoiraultDelarue, paru depuis deux jours. Pour moi, à la fois interprète, collecteur/chercheur, et enseignante de la chanson traditionnelle, les Catalogues sont des outils indispensables, outils de travail, mais aussi outils de plaisir. Quand j’étais au Musée ATP pour traiter l’inventaire des collectages inédits, des visiteurs se penchaient parfois sur moi d’un air apitoyé, persuadés que je faisais là le boulot le plus fastidieux du monde : écouter toute la journée de vieux chanteurs, identifier les chansons à l’aide de gros bouquins remplis de références… Moi j’avalais ça comme des dragées, sans pouvoir m’arrêter. La découverte, au début des années 70, de l’extrême mobilité des paroles et des musiques, a généré chez moi une véritable fringale, toujours présente aujourd’hui. J’ai commencé à annoter de titres de chansons-types mes recueils et mes collectes, celles que me communiquaient les amis collecteurs, et aussi les nombreux disques sortis entre 1975 et 1985, en me servant du Catalogue Laforte, puis du CoiraultDelarue. Rien ne vaut ce travail d’identification, en partie automatique, pour acquérir une connaissance intime des textes et des musiques. Tous mes bouquins et transcriptions sur la table, je suis dans une espèce de fièvre, en En sommes, ce répertoire est un instrument de travail analogue aux deux catalogues dont on dispose pour les contes (Aarne et Thompson et Delarue-Tenèze). Il s’efforce de dresser un répertoire quasi exhaustif des chants traditionnels recueillis dans les pays de langue française et grâce à cette exhaustivité, il permet également d’établir une aire de répartition et de diffusion de ces chants. L’outil nécessite un certain entraînement au décryptage des signes, pouvez-vous nous expliquer comment sont présentées les chansons, et à quoi servent toutes ces références abrégées ? Chaque chanson-type renvoie à un numéro normalisé. A chacune nous avons attribué un titre qui cherche à évoquer le son contenu narratif, tout en tenant compte de la rubrique thématique dans laquelle Coirault l’a rangée. Bien évidemment, ce titre est arbitraire car, dans l’usage courant, il varie d’un chanteur à l’autre, d’une région à quête d’un titre qui se dérobe, ou de versions qui vont me fournir une formulation plus frappante ou plus poétique. Là se situe la demande de l'interprète : se constituer une version critique où ce n’est pas l’accumulation des couplets qui compte, mais le bonheur de l’expression et la qualité de la mélodie, cela sans inventer, juste en choisissant parmi les trouvailles des milliers de gens par qui sont passées les chansons. Ainsi, dans “Le mari qu’on aime mieux mort qu’en vie”, quand la femme qui quitte son mari malade pour aller chercher le prêtre, elle chante : “Je partis au mois d’septembre, je revins au mois d’avril”, c’est beaucoup plus drôle - et plus cruel - que : “Je partis l’dimanche au soir, je revins le mercredi”. Un tel choix présente un aspect volontariste auquel échappe généralement l’interprète traditionnel, encore qu’il lui arrive de modifier un scénario (la même chanson-type peut avoir une fin triste ou heureuse), ou de rajouter un ou plusieurs couplets. Cette option est permise à l’interprète, mais évidemment pas au chercheur qui publie une collecte ou une compilation. On n’est plus dans la logique de version critique d’un Doncieux, à la recherche d’un “original” lointain qui devait forcément comporter un maximum de couplets pour être complet. Quand je transmets, en situation de cours, de stage ou d’atelier, je donne toujours, à côté d’un texte un tant soit peu édité, ma source dans son intégralité. Je fais aussi figurer, sous le l’autre et il est souvent le fait du collecteur plutôt que du chanteur. Ainsi, dans la rubrique « Relations sociales », vous trouvez la chanson « Le maître jaloux du bouvier» et dans « Belles à l’armée» vous verrez « La fille-soldat reconnue grâce à sa chanson ». Mais, à notre avis, un titre, si bien choisi qu’il soit, ne peut suffire à caractériser une chanson. Nous avons donc établi un résumé qui vise à restituer le squelette verbal de la chanson. Nous donnons également la coupe, c’est à dire le nombre de pieds de chaque vers et la manière dont se répartissent les rimes (féminines/masculines). Identifier une chanson par sa coupe peut paraître difficile mais c’est le moyen le plus rapide pour y parvenir. Cette métrique est importante car elle commande la structure de la mélodie et a beaucoup aidé à sa mémorisation par le chanteur. A une chansontype correspond une coupe, rarement plusieurs. Par contre, plusieurs chansons-types peuvent avoir la même coupe, ce qui a pu donner lieu parfois à des interférences entre chansonstypes. Sans s’en rendre compte, la personne qui a entendu deux chansons différentes pourra restituer un texte qui combine l’une et l’autre. C’est un phénomène lié à l’oralité de la transmission. De ce fait, l’index des coupes facilite la recherche des échanges et interférences entre chansons et, surtout, il permet l’identification rapide d’une chanson-type dès que l’on a acquis ce réflexe. Outre le dépouillement des recueils anciens, Coirault renvoie à sa propre collecte (Deux-Sèvres et Béarn) et donne les références aux manuscrits de Victor Smith (Velay-Forez, 18671876) et aux six volumes des « Poésies populaires de la France » (enquête Fortoul de 1852). Nous avons complété ces références par des ajouts de versions recueillies par des collecteurs contemporains comme, pour notre région, Johannes Dufaud, Sylvette Béraud-Williams, Jean-Noël Pelen… Par contre, bien que nous l’ayons envisagé dans un premier temps, nous avons renoncé à tout renvoi aux documents audio-visuels (disques, cassettes, archives sonores). Cette notion de chanson-type n’est peut-être pas familière de nos lecteurs, pouvez-vous l’expliquer ? Nous disons que deux chansons appartiennent à un même type si elles traitent du même sujet, si elles utilisent des expressions comparables et surtout, si elles ont une même structure de couplets. Par exemple pour la chanson « A la claire fontaine », plus répandue en France sous le titre « En revenant de noces », toutes les versions font allusion à une belle qui se baigne à la fontaine, s’essuie d’une feuille de chêne, dialogue avec le rossignol et dit « Mon ami m’a quittée pour un bouton de rose que je lui ai refusé ». De plus, toutes auront la même coupe. Bien sûr rien n’est aussi simple dans la tradition orale, et pour une même chanson nous avons souvent multiplié les renvois vers d’autres types voisins. Une chanson peut appartenir à deux types ; encore une fois, tout classement est arbitraire … On dit souvent que les chansons traditionnelles ne parlent que de bluettes et d’amour mais votre catalogue montre assez efficacement que les thèmes traités par les répertoires populaires sont beaucoup plus variés… Effectivement, le premier tome était consacré à la poésie et à l’amour (la séparation, les départs, les abandons ….) mais le deuxième recense les chants liés plus directement liés à la vie sociale et aux métiers (chants de bergères, chant de mariage, de métiers, chants liés à l’enfance, on y trouve aussi tous les chants liés à des évènements politico-historiques ... etc). Quels sont les thèmes couverts par ce troisième tome au titre ambigu « Religion, crimes, divertissements », qui achève cet inventaire ? Il débute par les chants à caractère religieux: vie des saints, Passion, quêtes, etc … Beaucoup de ces chansons ont une volonté moralisatrice comme la fille enlevée par le diable au sortir du bal ; d’autres ont valeur satirique visà-vis des gens d’église. Puis viennent celles relatives aux crimes (parricides, infanticides, etc.). On trouve aussi celles à caractère énumératif telles les randonnées (La Perdriole, Biquette n’veut pas sortir des choux, etc.). Arrivent enfin les chants de divertissement qui, depuis les plaisirs de la table ou la vie de l’ivrogne, abordent progressivement les thèmes érotiques. Propos recueillis par P.B. Où acheter cet ouvrage ? Il est en vente au prix de 54 euros (les deux premiers volumes sont encore disponibles) au Service éditorial et commercial de la Bibliothèque nationale de France téléphone : 01 53 79 81 73 / 81 75 Mél. : [email protected] Les 3 volumes du catalogue sont en consultation au Centre de documentation du CMTRA titre incipit, les titres des Catalogues, car il est toujours possible qu’un jour ou l’autre, les participants veuillent aller plus loin dans leur connaissance des chansons. Je leur conseille aussi de se méfier des dates. Les gens adorent pouvoir dire : ça, ça date de 1575, ou 1720, ou 1810 ! alors que dans la plupart des cas, ces dates ne reflètent que l’époque où la chanson a été consignée par écrit. N’empêche qu’il est fascinant, au travers de versions portant sur trois, quatre ou cinq siècles, de constater et la mobilité, et la permanence de certaines chansonstypes, tant dans leurs aspects musicaux que textuels. Mais ce qu’il y a de merveilleux, c’est de se dire que même avec l’acquisition de ce troisième et dernier tome du catalogue Coirault, rien n’est fini, tout reste ouvert. Des découvertes restent à faire. Delarue nous dit lui-même qu’il a dû renoncer à inclure les sources sonores existant dans les collections publiques ou privées, y compris celles éditées sur disques et sur cassettes. Estil impensable d’envisager pour celles-ci la poursuite du travail, via Internet par exemple - avec un contrôle des sources approprié - ainsi que me le suggérait Conrad Laforte voilà plus de dix ans ? Catherine Perrier Chanteuse, collecteuse et chercheuse spécialiste des répertoires francophones, Catherine Perrier a contribué à l’émergence du mouvement folk, initié en 1969 avec la création du folk-club Le Bourdon à Paris. Numéro soixante cinq [Printemps 2007] page 13 Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 14 Transmission De génération en génération, de territoires en territoires, les musiques traditionnelles se transmettent par des canaux très divers : en famille ou entre amis, au cours d'un bœuf ou d'une session, au détours d'un festival, d'un stage ou encore d'un atelier collectif du cadre associatif. Si les structures publiques d'enseignement artistique (écoles de musiques agréées, municipales, conservatoires de région, …) se sont peu à peu emparées de la question de l'enseignement des musiques actuelles, y compris les musiques traditionnelles et du monde, on peut regretter que celles-ci peinent à trouver leur place dans ces univers essentiels de la pratique artistique et de la transmission en France et que trop peu d'initiatives en leur faveur n'y soient développées. Nous profitons ici des projets développés par l'école de musique municipale de Saint Fons, l'EDMDA (07) et par Bruno Escafit pour mettre en lumière quelques-uns des projets qui, à défaut d'une réelle politique de développement de l'enseignement des musiques traditionnelles, viennent placer ces esthétiques au cœur de la vie des élèves dans les structures publiques d'enseignement des pratiques artistiques et en dehors. ANIRAÏ* Entretien avec Stéphane Méjean, artiste-musicien et directeur musical du Syndrome de l’Ardèche, en résidence à l’EDMDA, Ecole Départementale de Musique et de Danse de l’Ardèche. Au sein de cette structure d’enseignement artistique, Stéphane Méjean s’invente passeur de répertoires traditionnels issus du territoire auprès des élèves de cette école dans le cadre d’un vaste projet de création «ANIRAÏ » qui fait voler en éclats les cloisonnements entre esthétiques. * "Aniraï " en occitan " j'irai ", extrait de "Aniraï veire ma mia " "j'irai voir ma mie ", une chanson ardéchoise ! CMTRA : Stéphane, tout au long de l’année 2007, tu interviens à l’EDMDA dans le cadre d’un projet de création autour des répertoires issus du territoire ardéchois. Parle-nous de ce projet… Quand le syndrôme s’invite à l’école… SM. : Le projet s’inscrit tout d’abord dans le cadre de l’Ecole Départementale de Musique et Danse de l’Ardèche, qui est structurée en antennes dispersées sur tout le département (Tournon, Saint Agrève, La Voulte,Viviers …). Cette école est subventionnée par le conseil général de l’Ardèche et les communes adhérentes au syndicat mixte. Le projet d’établissement de cette structure d’enseignement des pratiques artistiques intègre toutes les musiques, le versant classique bien évidemment mais aussi les musiques actuelles, le jazz et les musiques traditionnelles. Il intègre également dans ses projets les structures musicales, les groupes de danse et les scolaires des différentes antennes. Le projet en lui-même consiste, sur l’année 2007, à sensibiliser les élèves aux musiques traditionnelles de l’Ardèche, du Vivarais et des Cévennes en les revisitant notamment par le filtre du jazz, du classique ou des musiques actuelles urbaines ou rock. Pour cela, j’ai proposé aux différents protagonistes –enseignants, élèves et danseurs - de travailler à partir de collectages de chansons que j’ai effectués dans le nord de l’Ardèche auprès d’informateurs et de porteurs de mémoires. Le parti pris artistique est de révéler l’étonnante modernité de ces mélodies séculaires par une harmonisation, une rythmique empruntée à la fois à la musique classique française et postimpressionniste, et à un courant du jazz développé par John Coltrane et des musiciens d’aujourd’hui. Le Syndrôme de l’Ardèche Créé et dirigé par Stéphane Méjean à la fin de l'année 1998, "Le Syndrome de l'Ardèche" connaît un succès croissant en France et à l’étranger. "le Syndrome de L'Ardèche" propose une musique créative qui s'inspire, rebondit sur les traditions musicales du Vivarais des Cévennes et se mélange au jazz. Cette année le répertoire se renouvelle et s’enrichit de nombreuses chansons traditionnelles. Le disque « Mastic Central » a obtenu 4 étoiles dans le Monde de la Musique, et Les « Bravos » de Tradmagazine . Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 14 Les répertoires qui nourrissent cette création sont donc éminemment « trad » ? Oui, c’est la base du projet. Ce sont des répertoires de nos territoires, du Vivarais, des Cévennes, des chansons et des mélodies qui évoquent pour la plupart la vie quotidienne et la vie rurale. Nous travaillons notamment sur des chansons que Mme Marie Mourier m’a apprises lorsque je l’ai sollicitée. Ce sont des chansons qu’elle a apprises en gardant les chèvres à l’époque et qui lui ont été transmis par ses parents et sa famille. Au début du projet, j’ai rencontré les enseignants afin de leur proposer ces répertoires. Je leur ai tout d’abord fait écouter les versions brutes des collectages, en l’occurrence, Mme Mourier qui chante, puis l’arrangement que j’ai travaillé à partir du morceau original. Les réticences de la première écoute se sont vite dissipées lorsque les enseignants ont constaté quelle richesse on pouvait extraire de ces répertoires, peu faciles d’accès de prime abord. En fait, on retrouve là la démarche essentielle et le travail du musicien traditionnel : comment, en pratique, peut-on puiser dans des répertoires qui ont traversé les générations et s’en emparer pour créer un projet artistique résolument contemporain ? De la source à la création, pourrait-on résumer synthétiquement. Comment cela s’organise-t-il de façon pratique ? Du côté des élèves, je leur ai fourni dès octobre la matière sonore et les arran- Les membres du Syndrôme I.Bazin Chant, Accordéon Diatonique PV. Fortunier Cornemuse, Violon D. Gente Bugle,Chant J. Kotchian Tuba, Mandole,Chant P. Sibille Percussions S. Méjean Cornemuses, Saxophones,Chant Direction Musicale Contacts Le Syndrome de L’Ardèche 2,rue Charles Forot 07300 Tournon France Tél : 04 75 07 00 76 [email protected] www.lesyndrome.fr Numéro soixante cinq [Printemps 2007] gements sur CD en pensant notamment à tous ceux qui ne sont pas lecteurs. Les instrumentistes ont également les retranscriptions et les notations. Depuis, ils travaillent avec leurs enseignants respectifs sur cette matière, ces arrangements et s’attachent à s’en emparer. Plusieurs groupes ou ensembles se sont donc constitués. Un quatuor vocal classique travaille à quatre voix une œuvre de Vincent d’Indy conçue à partir d’une mélodie traditionnelle ardéchoise tandis que le secteur jazz, qui s’est structuré en bigband, travaille de son côté avec des pupitres à quatre voix également. (un grand merci à Pascal Torgue). Les musiques actuelles et les cours de pratique vocale ne sont pas en reste et sont également intégrés au projet, et bien entendu le secteur des musiques traditionnelles qui, sous l’impulsion et l’énergie de Joël Meiller (grand merci aussi !) s’est emparé du répertoire. Le projet concerne environ quatre-vingtdix participants, avec chanteurs, musiciens et danseurs. Le Syndrome de l’Ardèche viendra ajouter sa pierre à l’édifice avec un travail de répétition et d’échange avec les amateurs pour le concert final. Même si le travail effectué dans l’année sera, certainement tout aussi important que la production finale, ce projet se concrétisera les 29 et 30 Septembre 2007 à Davézieux ( 07) avec tous ces ensembles réunis dans un spectacle aux multiples formats scéniques. musiques en général, à inviter chacun à considérer toutes les (autres) musiques qui, en tant que telles, n’ont ni plus, ni moins de valeur intrinsèque les unes que les autres. N’est-ce pas là un projet qui prend tout son sens ? En effet, on travaille sur le territoire où les chansons et le répertoire que nous jouons ont été collectés, en lien « direct » avec les sources. Le tout, dans un projet de transmission qui mêle amateurs, enseignants et professionnels, qui s’étale sur un an et dans lequel on tend vers la création… Oui, ça prend tout son sens ! Et cela correspond bien, il me semble, à une demande de plus en plus forte des écoles et des enseignants dans la mesure où ces projets contribuent à donner du sens aux projets artistiques développés et défendus par ces structures. Propos recueillis par J-S. E. Contacts EDMDA En partenariat avec le Conseil Général de l’Ardèche Maison de Bésignolles 2,route des mines 07000 Privas Tel. : 04 75 20 28 40 Le Syndrome de L’Ardèche 2,rue Charles Forot En tant qu’artiste, que trouves-tu dans ce type de projets ? Essentiellement le plaisir et la satisfaction de faire découvrir ces musiques. Cela permet de participer au décloisonnement de la musique, des 07300 Tournon France Tél : 04 75 07 00 76 [email protected] www.lesyndrome.fr Marie Mourier Marie Mourier née Vallon le 7 Mars 1922 est originaire de Saint Jeure d’Andaure ( Ardèche ). Cette dame pleine d’humanité chante depuis son enfance un riche répertoire transmis par ses parents : « Ma mère et mon père chantaient » . « Je chantais en gardant les bêtes » Elle vit aujourd’hui au-dessus de Saint Félicien, chante quand l’occasion se présente et écrit régulièrement en occitan et en français dans le bulletin de l’office du tourisme de St Félicien. lettre 65 26/03/07 22:47 Page 15 BrunoEscafit Rencontre avec Bruno Escafit, poly-instrumentiste et diatonicien, il intervient en tant qu’arrangeur –orchestrateur dans l’association Empi et Riaume de Romans CMTRA : Bruno, en quelques mots, peux-tu te présenter ? BE. : Je réside depuis treize ans dans le sud de la Drôme près de Buis les baronnies après avoir quitté la région parisienne. J’y suis devenu musicien professionnel lorsque j’ai décidé il y a quelques années de changer de cap professionnellement et de quitter mon métier d’artisan dépanneur en matériel électronique. J’ai alors suivi une formation professionnelle qui m’a permis d’approfondir des domaines tels que l’harmonie, le contrepoint, la composition, … J’ai eu plusieurs groupes et notamment « Les Foulques » autour d’un répertoire de musiques à danser folk qui abordait des musiques et chants des régions de France, du répertoire renaissance, mais aussi de l’irlandais comme de l'est-européen. Je joue actuellement avec « les Ephémères », formation franco-belge avec flûtes, violon, accordéon, guitare et contrebasse. Dès que je peux rencontrer d’autres musiciens, je m’efforce des les associer à des projets. Ainsi, il y a quelques mois, j’ai initié entre Drôme &Vaucluse « l’Atelier Renaissance » où nous explorons les œuvres polyphoniques originales de maîtres compositeurs, tant en petite formation vocale avec 1 chanteur par voix) qu’en instrumental. De façon générale, j’aborde la musique en premier chef autour de la pratique collective et sociale qu’elle permet. Ton parcours d’artiste t’amène à intervenir régulièrement dans des écoles, des associations et notamment Empi et Riaume… En effet, cela fait plus de 10 ans que je donne des cours d’accordéon diatonique dans des écoles de musique associatives en sud-Drôme En 2004, j’ai monté le stage « accompagnement de chansons à l’accordéon diatonique », qui en est à sa 7° édition, en RhôneAlpes mais aussi en Belgique. J’accompagne aussi des stages de danses traditionnelles. Récemment j’ai été embauché pour réaliser des interventions pendant une année dans l’association Empi et Riaume, située à Romans dans la Drôme. Créée dans les années trente et très centrée sur les territoires du Dauphiné et du Vivarais, l’association développe des projets de représentation folklorique et de transmission, dans un cadre particulièrement intergénérationnel. Les adhérents sont tous pétris des musiques du territoire et des pratiques qui les accompagnent. Ils en maîtrisent les tenants et les aboutissants : les inflexions, les ralentissements rythmiques, ce qu’il faut pour faire une relance, … Le répertoire est construit autour des musiques d’Ardèche, solidement ancrées dans la ruralité et celles du Dauphiné, quelque peu plus « embourgeoisées », si je puis m’exprimer ainsi. En quoi consiste ton travail ? Quel est ton rôle dans ce type de projet ? A partir de mes connaissances et ma pratique d’arrangement, je tente de trouver des résonances avec les pratiques de ces amateurs jeunes et adultes en les emmenant vers des pratiques inconnues pour eux jusqu’ici. Par exemple, je vais leur faire découvrir et leur faire chanter un bourdon enrichi à 5 voix. Alors qu’ils n’en ont jamais fait, ils comprennent très vite le principe. Je les fais également travailler sur la nuance. Par delà les notes de musiques et tous les signes imprimés, je pousse chacun à explorer sa propre musicalité et c’est chacune de ces personnalités typées qui donneront une texture à l’ensemble. Un chanteur est un musicien dont l’instrument est la voix : Untel aura du coffre, tel autre un beau timbre mais peu de puissance, C’est à chacun de tirer le meilleur parti de son instrument et à faire que l’ensemble lui fasse place à certains moment. Un exemple sur un chant à répondre : un soliste bien costaud éventuellement avec un contre-chant instrumental, puis un chœur qui répond à l’unisson ou harmonisé, mais en nuance piano, épaulé par une basse qui peut venir d’une vielle, d’un accordéon. Une telle approche orchestrale se distingue de la fusion des voix si souvent recherchée dans les chorales. On travaille sur les répertoires du Sud de la région, de tradition tantôt provençale, ou de musiques du Dauphiné jusqu’aux Hautes-Alpes. Le territoire est évidemment très large et riche de traditions sur l’Ardèche mais on va aussi jusqu’au territoire des bourrées, avec bon nombre de chansons … Dans mon rôle d’intervenant, j’arrive dans « un train en marche », de leur côté, ils ont sélectionné des répertoires issus, notamment, de leurs collectes. Je retranscris le répertoire choisi, le joue sur mes instruments (accordéon, flûtes, chant, …), puis le réarrange. Mon intervention en lien avec le chorégraphe Stanislas Wichniewsky, a pour but une création chorégraphique, à base de danses traditionnelles, d'où l’aboutissement fin 2007 se matérialisera par des représentations sur scène. Ce projet a obtenu le soutien du Ministère de la Culture. Transmission Qu’est-ce que tu penses que ton travail et ton intervention apportent aux amateurs ? Parfois, ces gens qui ont une longue pratique ont le sentiment d’avoir fait le « tour de leur histoire » et voudraient bien aller plus loin, mais ne peuvent y parvenir seuls. Il y a, à mon sens, chez une partie des amateurs l’envie d’arriver à faire de la « bonne musique », comme ils peuvent l’entendre en spectacle ou sur des disques. Par exemple, pour des ensembles réunissant chanteurs et instrumentistes, s’il est assez simple de jouer ensemble, il est moins évident de sortir de la répétition d'une tourne avec le même équilibre entre les différents pupitres; je tente de leur faire prendre conscience de la profondeur de chaque morceau et des ambiances et couleurs que l’on peut générer grâce aux différentes voix. Le travail d’enregistrement et d’écoute est dans cette perspective un atout pour prendre conscience, petit à petit, du résultat sonore qui sera proposé aux auditeurs. Quand ces musiciens réalisent la beauté de l'univers éphémère crée grâce à leur contribution, grande est alors ma satisfaction. Discographie: Musiques irlandaises & celtes par « Un peu frais pour la Session » édition JMC Music Chansons de Provence, livre CD édition : Bibliothèque Pédagogique de Nyons Contacts EMPI & RIAUME, Parc Mitterrand 26100 ROMANS, France Tél: 04.75.02.30.52 Fax : 04 75 02 16 79 email : [email protected] Web : http://www.empi-etriaume.com Bruno ESCAFIT Le grand Pré 26170 EYGALIERS Propos recueillis par J-S. E. Tél : 04.75.28.02.09 Port : 06.61.24.29.17 Mail: [email protected] Web : http://www.lezardsoleil.123.fr TradàSaint-Fons! Entretien croisé avec Norbert Gelsumini, directeur de l’EMA de Saint Fons et MarieHélène Vuillermet, artiste intervenante au sein de cette structure. CMTRA : Norbert, l’école de Saint Fons a une « longue » tradition de développement de projet en lien avec les musiques traditionnelles, peux tu nous faire un bref retour en arrière sur ces différents projets ? NG. : Oui, l’Ecole de Musique a toujours accueilli avec grand plaisir des cours, stages ou ateliers du CMTRA. Il est vrai que la proximité des 2 structures facilitait ces échanges. Cette année encore, la cornemuse écossaise de Jean-Michel Platen ou la guitare flamenca de François Tramoy font résonner les couloirs de l’Ecole. Plus généralement, c’est dès l’année 2001 que des actions ont été mises en route dans ce domaine à l’Ecole Municipale de Musique Agréée de SaintFons, en lien étroit avec la danse, l’aspect corporel et le mouvement. Un projet triennal, soutenu par la DRAC, « Danses renaissance, danses baroque » a été élaboré avec les classes de musique dites « anciennes » , avec des partenaires artistiques comme Véronique Elouard, Naïk Raviart, ou l’ensemble Noema. Une suite logique à ces actions s’est alors imposée, pour aborder enfin les danses traditionnelles et c’est en 2005 que l’Ecole de Musique décide de concevoir un projet finalisé par un Bal Folk. Les actions connexes à ce bal sont alors centrées sur les stagiaires instrumentistes, élèves de l’école de Saint Fons et ceux d'autres communes. L’aspect pédagogique est, dès le départ, au centre de notre réflexion. L'objet même du projet est d'appréhender le jeu pour la danse : connaître les appuis, les élans, savoir les danser, pour mieux apprendre à les jouer ... et inversement ! Des stages sont organisés, avec des thématiques bien précises qui nous paraissent des points essentiels : Marc Perrone et Marie-Odile Chantran interviennent pour l’initiation aux danses, la découverte du répertoire traditionnel et des compositions, un travail sur « l’art et la manière » de jouer pour la danse, plus globalement « la relation et l’influence de la musique sur le mouvement. » Puis Christian Oller et Véronique Valéry prennent le relais pour l’apprentissage du répertoire de manière orale et sensorielle, le travail d’improvisation, de création sur les thèmes déjà connus, la mise en situation de jeu avec la danse par petits ensembles et travail collectif sur les élans, les appuis, les tempo, … La présence d’artistes –musiciens et/ou danseurs- au sein de la structure d’enseignement nous semble tout à fait primordiale et se révèle indispensable à une bonne conduite de ce type de projet. A la suite de ces stages, est arrivé le grand moment final, le bal, la récompense avec tous les intervenants réunis, les stagiaires et le public nombreux. Je garde un souvenir ému de ce projet, de sa conception à sa réalisation, avec la complicité de Véronique Valery qui a su réunir des partenaires particulièrement attachants. En 2006, nous avons renouvelé cette opération. Le support Bal Folk, et le travail qu’il nécessite en amont, nous semble coller parfaitement avec cette idée d’une Ecole de Musique « outil socialisant. » Nous avons donc souhaité nous orienter davantage en direction des habitants de Saint-Fons, en proposant des actions de sensibilisation au préalable pour les habitants de la commune, en amont de ce projet, qui met en avant une esthétique particulière mais surtout une grande convivialité et une place primordiale à la rencontre ! Ainsi, des moments particuliers sont privilégiés avec les habitants tout au long de l’année, avec l’Espace Communal de Solidarité où nous rencontrons les habitants en journée sous la forme de « Café-musique », avec les Centres Sociaux pour une soirée folk, ou encore en milieu scolaire dans les écoles de la Ville avec D’accord Léon. Nous accueillons enfin Rural Café, le duo Christian Oller & Roger Lassalle et Camino de Galicia pour le bal. L’école reste cette année fidèle à cette « tradition » de projets, d’accueil des artistes et de travail avec les élèves. Pouvez-vous nous présenter le projet de 2007 ? NG. : Cette année 2007 est en effet, particulièrement riche en rencontres avec des artistes de musiques et de chants « traditionnels ». Christèle Rifaux et le Chœur de Femmes de l’Ecole de Musique accueillent 4 grandes dames venues de 4 régions et de cultures différentes : Antonella Talamonti, Helen Chadwick, Mariona Sagarra et Soraya Mahdaoui pour une création musicale a cappella « Les Voix là » les 24 et 25 Mai 2007 au théâtre Jean Marais. Sur le plan du bal folk, par rapport aux années précédentes, nous nous situons sur un axe fort « d’intercommunalité » . Je tiens à souligner le gros travail de MarieHélène Vuillermet qui a su convaincre chacune des écoles dans lesquelles elle travaille, du bien-fondé et l’intérêt de développer ce projet, et Véronique Valéry toujours présente et attentive, qui a pris en charge l’atelier Musiques traditionnelles cette année à SaintFons. Ces 2 professeurs, avec Laure Michel et Noëlle Vadot, ont proposé une conférence illustrée « Musiques des pays de l’Est, de la Hongrie aux Balkans » de grande qualité, au sein des structures partenaires. Parallèlement, le projet de Rencontres des ateliers intercommunaux de Musiques Traditionnelles a lieu toute l’année avec St Fons, Meyzieu, Tassin-la Demi-Lune, Feyzin, St Genis Laval . MH.V: Notre « trad‘ band intercommunal » fort d’une cinquantaine d’exécutants aborde la thématique « musique de l’est et des Balkans, » encouragé par la directrice de l’école de Meyzieu, Marion Fourquier, elle aussi passionnée de musiques traditionnelles. Conférences sur ces thèmes, rapprochement avec les populations de l’est immigrées sur Meyzieu et premier concert le 23 mars en collaboration avec le groupe Musafiri, pour un concert à écouter, église St Sébastien. Le second temps fort est prévu le 5 mai, au hall des fêtes de Saint-Fons avec cette fois-ci une première partie atelier et cours de formation musicale de Saint-Fons, et une deuxième partie musique à danser avec le groupe Folka Orange avec quelques morceaux communs. Les musiques traditionnelles prouvent une nouvelle fois leur impact émotionnel, humain, sociologique : les élèves en redemandent, des liens sont crées sur les communes entre nous, Numéro soixante cinq [Printemps 2007] page 15 musiciens avides d’échanges et des populations appréciant que leur culture soit sollicitée et si vivement appréciée. Que pensez-vous que ces projets apportent spécifiquement à vos élèves ? MH.V : Il me semble qu’en premier lieu, ces projets permettent la découverte d’horizons nouveaux, une ouverture d’esprit, un élargissement de ses connaissances et une sensibilisation au respect des autres et des cultures différentes. Et puis, cela créé une certaine émulation des groupes plus aguerris qui, éclairés par l’expérience et les conseils des artistes invités, développent une écoute avertie et constructive. Et en tant qu’artiste, MarieHélène, que retires-tu de ces expériences ? MH.V : J’ai trouvé depuis 3 ans un bel équilibre entre mes activités d’enseignante et d’interprète : je ne pourrai concevoir l’un sans l’autre. Recherches, créativité, enrichissement de l’échange exigeant avec le public alimentent la transmission aux élèves, avec du coup une dose débordante d’énergie et de passion du vécu. Ces derniers voient leurs « profs » en situation d’interprètes, c’est du concret, énergétique dynamisant et moteur. D’ ailleurs ces dernières années textes officiels et concours mettent en avant cette fonction essentielle de l’enseignant : sa pratique et son rayonnement artistique. Le but est atteint quand des groupes autonomes d’élèves se forment, à la recherche d’une identité propre, avides de suivrent les traces de leurs aînés. Dates Bal 2007 de SaintFons, samedi 5 Mai au Hall des Fêtes 20 h / Rencontres des ateliers intercommunaux Musiques Traditionnelles 21 h / Bal Folk avec FOLKA ORANGE . Animation du Bal G.Chuzel ( Chanterelle ) Contacts Ecole Municipale de Musique Agréée G.Laurent 19, Place Durel - 69 190 SAINT-FONS Tel : 04 78 70 47 79 / Fax : 04 78 67 34 85 Mail : [email protected] Propos recueillis par J-S. E. Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 Disques 22:47 Page 16 j’aimelagalette ABNOBA NU ROOTS Vai Facile Ils font partie de la nouvelle garde italienne du Nord, ils ont grandi dans la musique, à l’ombre du Mont-Blanc, ils sont polyinstrumentistes et jouent avec une belle énergie. Influencés par les Trouveurs Valdotens, ayant assimilé l’héritage mustradémien, flirtant avec les phrasés jazz et les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies modernes, les jeunes musiciens de Abnoba s’en donnent à cœur joie et nous envoient avec ce disque « Vai facile », une musique rythmée, claire et bien balancée. Du bon bal folk, qui mêle habilement franches explosions de musiques, ruptures et subtilités rythmiques, entrelacs de sonorités subtilement dosés et échappées plus mélancoliques. Avec Vincent Boniface, Simon Bottasso, Paolo Dall’ara, Giovanni Zap Delfino, Marco « Mammo » Inaudi, Pietro Numico. A vous sur les parquets … Felmay KAMENKO Crven Kamenko c’est d’abord quatre musiciens aux parcours très différents : accordéon, percussions, clarinettes et tuba, qui explorent les musiques traditionnelles, classiques et contemporaines. Leur lecture expérimentale des musiques traditionnelles de Macédoine, Bulgarie, Serbie, Albanie, France, et de la musique Klezmer, crée un univers unique, poétique et empreint de folie. Leur premier album, Crven (prononcer « tsevèrn »), propose des titres de ces répertoires traditionnels revisités, mais aussi des « plages solo » qui permettent d’éclairer la personnalité propre à chacun des musiciens et de créer une unité originale. Vladan et Dragan Mitrovic, les accordéonistes du groupe tzigane de Serbie Kal, enrichissent cet album par leur participation à deux morceaux. Ce quartet vous entraîne irrémédiablement dans un voyage onirique, vers les musiques de l’Est. Leur premier album se savoure et donne envie de connaître la suite de l’histoire de Kamenko… TERRE-NEUVAS Bernard Subert, Marc Anthony, Pierrick Lemou « J’avais à peine 30 ans et c’était mon 15ème grand départ » … Ainsi s’ouvre Terre-Neuvas ; sur les rêves de grands départs pour l’outre-mer, pour les rives de l’inconnu. Case départ sur les quais de SaintMalot sous le hurlement des mouettes et dans les cris des marins échaudés par le départ « Allons-nous en puisque l’on nous engage .. ». Chants et instruments, sons de mer et aventures particulières se mêlent pour raconter une seule grande histoire, celle des hommes de la mer. Des compositions, des improvisations, mais aussi bien sûr, beaucoup de chants de marins réinterprétés à partir de collectages recueillis un peu partout en France jusqu’au Canada. Ces répertoires passionnants rythmaient la vie sur les bateaux ou aidaient les autres à attendre leurs retours. Il y a des chants des chants pour virer au cabestan, des chants à curer les rains (pour creuser des tranchées dans le sel). Il y a tous ceux qui étaient chantés dans les tavernes des ports d’escales, et puis ceux chantés par les femmes restées à terre. Terre-neuvas les égrène un à un, au fil d’un disque construit comme un long voyage. On entend les cordes grincer, on sent la fatigue et l’excitation des hommes sur le pont. « J’aime les marins qui naviguent, j’aime les marins qui naviguent au loin »… Cinq planètes/ CP 07202 LA SOUSTRACTION DES FLEURS Jean-François Vrod LO COR DE LA PLANA Tant deman Il manque bien quelques pieds aux chaises des chanteurs du Cor de la Plana, qui introduisent la notion de « bancalité » (néologisme théronnien) à leur « Tant Deman », disque consacré au répertoire à danser, chanté en occitan. Bancales et joyeuses, raffinées et puissantes, groovy à souhait, provocantes, parfois même à la limite du kitsh, les chansons de Tant Deman vous prennent à contre-pieds, et convoquent au grand bal tamurriata italienne, fanfares clinquantes, rythmes marocains, déhanchements disco et boum boum dream&bass. On s’étonne à peine de voir à quel point tout cela épouse avec naturel les répertoires occitans, Lo Cor de la Plana n’y perd aucune aile et gagne en maturité, audace, et liberté. Plusieurs pièces de choix méritent quelques lignes particulières : Une réinterprétation de Fanfarneta vous étreindra le cœur d’émotion et vous fera sûrement perler larme à votre oeil. La Vielha vous arrachera les pieds du sol pour vous porter tout droit sur les dancefloors. Idem pour la Noviota, farandole endiablée, qui à force de “laridoum”, entorses et ajouts rythmiques, chants en envol libre, risque de vous propulser vers des drôles d’états non contrôlés. On ne peut les décrire tous, chaque morceau réserve ses surprises de choix. On appelle ça polyphonies trépidantes ? C’est plutôt bien trouvé ! Buda Musique/ Cie du Lamparo L’excellente collection « Signature », consacrée aux musiques transgenres, fait une belle place à Jean-François Vrod, violoniste de grand talent, infatigable passeur de musique, un des seuls de cette génération à ne pas s’être fait happer par le son « folk », pour s’être forgé dans la longueur le sien, tout proche de celui des violoneux d’Auvergne avec lesquels il a tant appris. Avec La Soustraction des Fleurs, il puise sans ambages dans sa longue fréquentation des répertoires du Massif Central, pour nous offrir un beau virage vers les musiques contemporaines. Accompagné par Frédéric Aurier au violon et Sylvain Lemêtre au zarb, Vrod nous invite à arpenter un chemin qui se construit sous nos pieds, dans le présent et le spontané, sur les trames solides des violoneux. « Ce que donne à entendre la tradition populaire n’est pas qu’une collection de jolies mélodies, c’est aussi tout le reste, des timbres, des formes, des pré-textes, où le son est d’abord l’affaire de celui qui le joue ». On a rarement vu approche plus juste. Le son des violons de la Soustraction des fleurs est plein, charnu, à la fois énergique et mélancolique. Les mélodies sont bien là, mais plutôt comme des réminiscences, comme des reflets incertains et fugitifs. On entend aussi « tout le reste », les craquements et les grincements, les cris des hommes et les ombres des forêts du Massif Central, les hésitations et les moments de fièvre musicale où la bourrée « tourne ». Il paraît que sur scène, c’est tout aussi captivant. Découvrez à tout prix, ce violoniste, il est prêt à vous embarquer. Signature-France Musique En vente dans la Boutique, p17. Publications Lo resson de la pèira/ L’écho de la pierre Volume 2 : Une année en chansons pour les 6/10 ans Modal/ Jean-Michel Lhubac, Marie-José Fagès-Lhubac, Josiane Ubaud avec le concours de nombreux amis musiciens. Ce livre est une jungle, une vrai mine, un terrain de jeu, un rêve pour petits et grands. Musicalement, autant le dire tout de suite, il est génial et évite avec un talent inégalé les pièges de la mièvrerie enfantine. Sur un plan plus pédagogique, il est redoutablement efficace et fourmille de pistes pédagogiques et sonores. Enfin, et c’est aussi le coup de force de ce travail, il n’arrête pas de donner du sens. À quoi bon aujourd’hui transmettre des chants en occitan aux enfants ? Comment ces répertoires accompagnent l’enfant dans la découverte de son corps, des autres, du monde qui l’entoure avec ses cycles, ses ombres et ses mystères … Comment apprend-on dans la transmission orale ? Pourquoi réintroduire du sacré et du rituel dans le quotidien … de nombreux articles et encarts autour des chants documentent, mettent en contexte, interprètent, car les meilleurs passeurs restent les parents et une grande partie de l’ouvrage leur est consacrée. Le premier volume était consacré aux chants de la petite enfance et déclinait berceuses, rondes, incantations à caractère cosmique (!), incantations aux animaux, comptines et chansons moqueuses, mimologismes …. On trouvera dans celui-ci des chants liés à la ritualité (chants de la Saint-Jean, chants de travail), aux saisons ou au monde animal. Jean-Michel Lhubac, Marie-José Fagès-Lhubac ont convoqué pour faire vivre ces chansons une étonnante bande; de Minvielle à Claude Sicre en passant par Céline Ricard et Daniel Loddo, Rosina de Peira et tant d’autres … Au contact de l’enfance, les répertoires traditionnels retrouvent une étonnante légèreté, une créativité sans limite, une malice régénérant qui sonne juste. C’est un travail d’une grande cohérence et intelligence, on aimerait qu’il trouve tout l’écho qu’il mérite. L’ouvrage est en vente auprès de la FAMDT : 38 Euros . Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 16 Musiques savantes, musiques populaires Les symboliques du sonores en France 1200-1750 Luc Charles-Dominique CNRS Editions – 28 euros Les termes de « haut » et de « bas » appliqués à la musique n’ont pas toujours évoqué la puissance sonore et les hauteurs des instruments. À l’époque médiévale puis à la Renaissance, ils renvoient à tout un ensemble d’éléments symboliques qui s’ancrent dans des usages, dans une réalité sociale et tout un ensemble de discours dont nous avons perdu les clefs. De quoi étaient faites ces représentations, comment se répartissaient-elles l’espace social, comment les instruments étaient-ils crédités de valeurs positives ou négatives par les théologues ? Luc Charles Dominique, poursuivant un travail initié il y a ving-cinq ans sur le personnage musical du ménétrier, est allé puiser dans les vieux grimoires, dans la littérature médiévale, il a analysé les bas-reliefs des églises et les gravures anciennes. Il y aurait donc une musique du « bas », appartenant à la sphère du religieux, dont les cordophones serait l’élément organologique et auquel seraient associées les notions de résonances et d’harmonie, d’intériorité et de pureté. Le « Haut » appartient aux aérophones, auquels se rattachent les notions de monodie et du tout-volume. C’est le monde des musiques profanes, volontiers perçues comme diaboliques et sorcières. Ce partage symbolique de la musique, sur la base du clivage religieux/profane, pensé à partir des catégories du haut et du bas, profile une opposition morale qui devient sociale et culturelle à la Renaissance, pour conduire à la séparation dont nous percevons toujours les effets aujourd’hui entre les musiques populaires et savantes. « Le sonore est au cœur de la pensée symbolique » et cet ouvrage, d’une grande érudition, tente de nous ouvrir à ses codes et secrets, nous initier aux imaginaires de l’au-delà peuplés d’anges et de démons, d’êtres étranges parfois maléfiques, qui tous avaient une voix, et qui tous chantaient, criaient, pétaradaient ou éructaient, se manifestant aux hommes à travers nombres d’instruments et autres échos du monde sonore. Numéro soixante cinq [Printemps 2007] Petit Atlas des musiques du monde Cité de la Musique-Mondomix 29,90 euros Clair, documenté et ludique ce petit atlas est une véritable invitation au voyage. Construit autour de soixante-deux parcours traversant cent vingt-deux pays, il offre au lecteur un vaste aperçu des diverses cultures qui peuplent la planète et de la richesse musicale propre à chacune d’elles. Facile et agréable à lire, il conviendra parfaitement aux néophytes. Les débats entre tradition et modernité, « pureté » et « métissage », inhérents aux musiques du monde, y sont abordés à travers la description simple des différents styles musicaux, sans ambition musicologique ou historiciste. De plus, des cartes, des portraits d’artistes, des descriptions d’instruments représentatifs, des sélections d’ouvrages discographiques et bibliographiques ainsi que de très belles illustrations sont associés à chaque parcours musical. Complet et esthétique, cet atlas réveille notre curiosité et nous présente un monde musical merveilleux où l’on se perd avec plaisir. lettre 65 26/03/07 22:47 Page 17 Nouveau! Laboutique Disques Découvrez la boutique en ligne du CMTRA ( paiement en ligne sécurisé) Livres GLIK Klezmer fun brunen aroys ! La collection des Atlas sonores du CMTRA Nivernais passeur de mémoire ACHILLE MILLIEN Musique klezmer Des « goyim » qui ont tout compris au klezmer et qui le vive jusqu’au bout des ongles Disques de collectages réalisés dans la région Rhône-Alpes 35 € Ieu savo una chançon Chanteurs de langue occitane, Haut-Vivarais cmt001 : 15 € Un élégante biographie d’un collecteur hors du commun, qui a recensé une grande partie des répertoires chantés en français. 15 € KAMENKO Kven Musiciens du Maghreb à Lyon Chansons fredonnées par des voix aux intonations Europe de l’Est Un univers unique, poétique et empreint de folie qui puise aux sources des musiques traditionnelles de Macédoine 15 € Les renveillés d’Orcières ; une tradition de chant dans les Hautes-Alpes PATRICK MAZELLIER vie, airs instrumentaux, Saint-Fons, Villeurbanne, Vénissieux, Saint-Étienne, Grenoble photographies sonores ... cmt011 : 15 € 22,90 € Extraits des atlas à écouter sur Une étude sur une tradition vocale d’aubades dans les Alpes de Hautes-Provence accompagnée d’un disque de collectage le site du cmtra : cmtra.org, inhabituelles, contes, récits de ANTI QUARKS Le Moulassa Ou l’invention du trad progressif. L’album tant attendu du groupe lyonnais … 19 € Tignes Val d’Isère Haute-Tarentaise, Savoie rubrique « recherche et cmt012 : 15 € collectage » TOAD Cévennes Pays de Cèze Un son épais et râpeux, de puissantes explosions sonores avec la danse comme point de mire, un jeune groupe atypique qui ouvre la brèche du bal. CD 6 titres : 7 € Chansons traditionnelles et populaires de la Drôme Ardèche, Gard, Lozère Atlas mêlant collectages et réinterprétation. 18 € Un fourmillant ouvrage, un authentique document de travail pour tous ceux qui aiment chanter et pour ceux qui s’intéressent aux traditions orales. Inclus : un CD de 44 chansons SHELTA Trad irlandais L’Irlande à votre porte … 17 € AFRAH Outat El Haj (Maroc Oriental) Le Monde alpin et Rhodanien 19 € MUSIQUE DES AÏSSAOUA DE MEKNÈS Dyade A&D, cultures solidaires Découvrez la musique Aïssaoua du Maroc, dynamique et vibrante, dense et explosive, violemment percussive. Flamenco à Lyon Les promos Saint-Priest, Saint-Fons, Vénissieux, Grenoble, Villeurbanne L'assimilation d'une tradition venue d'ailleurs en RhôneAlpes .. Pack promotionnel 22 € Un numéro de mélange pour cette illustre revue qui présente neuf articles de fonds sur l’ethnologie du Sud-Est de la France. "Le récit Cévenol" (Jean-Noël Pelen) "le juif errant" (Alice Joisten), "Folkloristes et chansons en Dauphinés et Vivarais" (Patrice Mazellier) … Musiques profanes et festives marocaines enregistrées à la maison. Un beau disque, une démarche novatrice. cmt013 : 15 € L’ensemble des 8 K7 de la collection "Atlas Sonore en Rhône-Alpes" pour 15 € : cmt014 : 15 € Le Vercors Chansons traditionnelles, paysages sonores et musiques du Vercors Les Joutes sur le Rhône Les conscrits en Bresse cmt015 : 15 € Le Haut Vivarais 18 € L’Ara NAÏAL Lucioles noires REVUE DE L’ASSOCIATION RHÔNE-ALPES D’ANTHROPOLOGIE Les chants de la Soie 5€ Le pays entre Loire et Rhône Les traitements sonores puissants de Seydrik (samples, machines, programmation, voix) offrent un terrain de jeu inouï à la cornemuse de Stéphane Mauchant qui s’en donne à cœur joie. Rive de Gier Format insolite pour cette lettre de l'ARA qui illustre la richesse et l'actualité des travaux menés en ethnomusicologie en Rhône-Alpes. Une affaire : 30 articles + 1 CD ! 13 € AL ANDALUS Flamenco Sur les traces de la migration gitane, un voyage au fil des divers métissages culturels qui ont donné naissance à l’art flamenco... 18 € Les Pentes de la Croix-Rousse Les Baronnies en Drôme Provençale Des mondes de musique dans un quartier de Lyon Pays de Samoëns cmt017 : 15 € Promotion K7 Chansons populaires recueillies dans les Alpes françaises A l’unité les Atlas Sonores sur support K7 sont vendus au prix de 5 €. (+ 2€ pour une numérisation sur CD) En vente également, le DVD du spectacle : 20 € Savoie et Dauphiné, d’après le livre de Julien Tiersot cmt018 : 15 € Le catalogue complet de la VPC est consultable sur le site web du CMTRA à l’adresse suivante : http://www.cmtra.org, rubrique « la boutique » Catalogue papier sur simple demande, tel : 04 78 70 81 75 - fax : 04 78 70 81 85 Bon de commande à adresser à Péroline Barbet Commande inférieure ou égale à 30 € : + 3 € de port et emballage / Commande entre 30 et 50 € : + 5 € de port et emballage / Commande supérieure à 50 € : + 8 € de port et emballage Titre (+références) | | | | Prix unitaire | | | | Quantité | | | | Total ........................................................................................................... ..................................... ..................................... ..................................... ........................................................................................................... ..................................... ..................................... ..................................... ........................................................................................................... ..................................... ..................................... ..................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +3€/+ 5€/ou 8€ de frais de port . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ci-joint un chèque bancaire de ............................... €, à l’ordre du CMTRA à envoyer au : CMTRA - 77 rue Magenta 69100 Villeurbanne - Tél. : 04 78 70 81 75 – Fax : 04 78 70 81 85 Numéro soixante cinq [Printemps 2007] page 17 Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 18 calendrier Plus de dates et plus d’informations sur les concerts, les ateliers et les stages en vous connectant sur www.cmtra.org concerts, bals Avril Mardi 3 et Mercredi 4 Meylan (38) Concert et enregistrement « Live » du duo Damiano/Sarzier à la Maison de la Musique. Rens : 04 76 18 54 00 [email protected] www.stephane-damiano.fr Mercredi 4 L’Isle d’Abeau (38) Concert Les Papas Rigolos à 15h30 à la salle de l’Isle d’Abeau.(Avenue du Bourg) Rens : 04 74 18 51 13 [email protected] Lyon (69) Concert d’Antiquarks au Ninkasi Kao. Rens : 04 78 62 34 38 [email protected] www.antiquarksduo.org Jeudi 5 Lyon (69) Bœuf/Session musique du monde avec le Collectif La Grande Métisse au 6ème Continent à 19h. Rens : [email protected] www.sixiemecontinent.net 04 37 28 98 71 Lyon (69) Concert d’Antiquarks à l’Amphithéâtre de l’Opéra lors du Festival « Les projets Transversaux ». Rens : 04 78 62 34 38 [email protected] w ww.antiquarksduo.org Vendredi 6 Arras sur Rhône (07) Concert spectacle « Au chemin de Romans », cabaret de mode Traditionnelle Rens : [email protected] www.aloete.org 04 75 08 04 01 Samedi 7 Montpont En Bresse (71) Bal Folk animé par Boréale organisé par La Grange Rouge à La Chapelle Rens : [email protected] 03 85 75 85 84 Lundi 9 Lyon 1er (69) Concert du Bus Rouge avec Antiquarks à l’amphithéâtre de l’opéra à 20h. Rens : 04 72 34 63 68 [email protected] http://www.busrouge.com Vendredi 13 Grenoble (69) Concert de No’Mad lors du Festival Rootd’n Culture sur le campus de Grenoble. Rens : 06 08 51 06 86 [email protected] www.no-mad.org Cognin (73) Bal folk à la salle de la Forgerie, organisé par l’Amtrad. Rens : http://amtrad.free.fr/ [email protected] Privas (07) Nuit du Folk. Bal animé par le Trio DCA, Trio Gérard Godon-RenaudGrimault, et l’Accord des muses, à la salle Espace Ouvèze Rens : 04 75 64 45 51 [email protected] Sales (74) Bal avec Gigouillette à la salle des Fêtes. Rens : http://gigouillette.free.fr 04 50 22 15 97 Samedi 14 Cognin (73) Bal folk à la salle de la Forgerie, animé par les groupes A suivre et Alf O’Clock, organisé par l’Amtrad. Rens : http://amtrad.free.fr/ [email protected] Dimanche 15 Grenoble (38) Bal du printemps avec le Bal à Bistan à la Chaufferie (98 rue Léon Jouhaux) Rens : 04 38 37 40 20 [email protected] www.regie2c.com Ornacieux (38) mini bal folk danses et musique (scène ouverte) de 14 à 18 heures. Chez Jacques au bistro d’Ornacieux. Rens : Jacques 04 74 20 53 43 [email protected] Mardi 17 Romans-sur-Isère (26) Concert de Renaud Garcia-Fons et l’Orchestre de l’Ecole de Musique et de Danse du Pays de Romans, à 20h45 à la salle de Cordeliers. Rens : 04 75 71 00 15 [email protected] Mercredi 18 Lyon 7ème (69) Concert de Tinariwen (Mali) au Ninkasi Kao (267 rue Marcel Merieux) Rens : 04 72 76 89 00 http://www.ninkasi.fr/ [email protected] Jeudi 19 Valence (26) Concert du Duo Dhafer Youssef / N’Guyen Lê à l’Auditorium, organisé par Jazz Action Valence. Rens : 04 75 78 50 86 Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA www.jazzactionvalence.com [email protected] Lyon 7ème (69) Boeuf Musiques du Monde ouvert à tous dès 19h au 6ème Continent. Rens : [email protected] www.sixiemecontinent.net 04 37 28 98 71 Villeurbanne (69) Concert de La Machette (Fusion Afro-Péruvienne) dans le cadre du Festival Ratatam au CCO Jean Pierre Lachaize. Rens : [email protected] http:// www.myspace.com/lamachete 04 78 93 41 44 Vendredi 20 Villard-Bonnot (38) Fête du Holi (fête Hindoue) organisé par les 38e Rugissant, à l’Éspace Aragon (19 bis Bd Jules Ferry). Rens : www.38rugissants.com [email protected] 04 76 71 22 51 Echirolles (38) Bal folk avec Ensemaille à la salle Robert Buisson Frange Verte. Rens : http://ensemaille.free.fr 04 76 25 28 76 [email protected] Romans-Sur-Isère (26) Concert de Barbara Furtuna (Polyphonies Corses) à 20H45 à la Salle de Cordeliers. Rens : 04 75 71 00 15 [email protected] L’Isle d’Abeau (38) Concert Salsa de Ramino Calderon et les Percus du Millé Ramino Calderon à la salle Le Millenium à 21h. Rens : [email protected] 04.74.18.51.13 Annecy (74) Concert du Bruit de la Neige (Slovénie) au Brise Glace. Rens : [email protected] www.le-brise-glace.com 04 50 33 65 10 Lyon 7ème (69) Concert de Bebey Prince Bissongo au 6ème Continent. Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Lyon 9ème (69) Concert de Bayarbaatar Davaasuren (Chants Polyphoniques Mongols) à 19h à la Médiathèque de Vaise. Rens : 04 72 85 66 20 Samedi 21 La Tour-Du-Pin (38) Concert du Jardin (Chanson Traditionnelle) des Mystères à la salle Équinoxe. Rens : 04 74 92 46 46 ou 04 74 97 32 26 Bourg-en-Bresse (01) Bal de Printemps animé par Fred Sonnery Chalafolk à la MJC (21A allée de Challes), organisé apr Vielle&Danses Rens : vielledanse.free.fr [email protected] 04 74 37 76 87 Romans-Sur-Isère (26) Concert de Dobet Gnahoré (Musique du Monde) au Théâtre Jean Villard à 20h45. Rens : 04 75 71 00 15 [email protected] Chambéry (73) Concert de Garlic Bread (Musique Irlandaise) à la salle Le Scarabée. Festival Traverses. Rens : 04 79 33 06 95 [email protected] www.garlicbread.org Mornant (69) Concert de Méluz (Trad Folk Celtique) à 19h à la salle Noël Dellorme, organisé par Festizik et Cie. Rens : [email protected] www.festiziketcie.com St Etienne (42) Bal Auvergnat animé par Abribus, à la maison de quartier du Crêt de Roch Rens : 04 77 33 15 90 Lyon 7ème (69) Concert de Lucineh Hovanissian (chanson arménienne) au 6ème Continent. Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Pont-En-Royans (38) Bal Folk animé par Cire Tes Souliers, à 21h30 à la salle des Fêtes, dans le cadre du carnaval de PontEn-Royans. Rens : [email protected] http://ciretessouliers.free.fr 04 76 36 42 20 La Tourette (42) Concert de Trotwood (Traditionnel Irlandais) à la salle des fêtes. Rens : 04 77 50 14 15 [email protected] [email protected] 04 72 00 20 44 Marcy l’Étoile (69) Spectacle de danses traditionnelles animé par La Tourbillante (danses de France, Italie, Serbie…). Rens : [email protected] http:// www.apam-marcy.com/pages/naissance.htm 04 78 35 77 11 Vaulx-en-Velin (69) Concert de Jiripoca Band à la MJC. Rens : http://jiripoca.free.fr 04 78 23 68 20 Lyon 7ème (69) Concert de Electro Gnawa Project au 6ème Continent. Rencontre entre DJ Stani et des Gnawa de Marrakech Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Lyon 3 (69) Concert de Mazalda à De l’Autre Côté Du Pont. Rens : [email protected] http://delautrecotedupont.net 04 78 95 14 93 Pont de Vaux (01) Concert de Bodhi (musique tsigane, indienne et arabe) au Musée Chintreuil Rens : [email protected] 03 85 51 45 75 Samedi 28 St Etienne (42) Concert-Spectacle de Al Andalus (Flamenco) au Palais des Spectacles (Bd Jules Janin). Rens : www.alandalus.fr [email protected] 04 72 22 25 63 St Hilaire De La Côte (38) Concert de Prince Bebey Bissongo à la Salle Polyvalente au cours du Festival Couleurs d’Afrique. Rens : [email protected] www.comiteorodara.ht.st 08 70 43 08 81 Morzine (74) bal folk animé par Dynamith Seythoux. Rens : 04 74 92 46 46 Chabeuil (26) Concert de Le Fils De Soie (spectacle folklorique) au centre culturel. Rens : 04.75.59.20.34 [email protected] http://cabeolumfolk.free.fr Lyon 7ème (69) Concert de Afrika Combo au 6ème Continent Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net St Etienne De St Geoirs (38) Bal Folk avec Cire Tes Souliers à la salle des Fêtes à 20h45. Rens : [email protected] http://ciretessouliers.free.fr 04 76 36 42 20 Dimanche 29 Marcy l’Étoile (69) Spectacle de danses traditionnelles animé par La Tourbillante (danses de France, Italie, Serbie…). Rens : [email protected] http:// www.apam-marcy.com/pages/naissance.htm 04 78 35 77 11 Mai Jeudi 3 Lyon 7ème (69) Bœuf Musique du Monde organisé par le Collectif La Grande Métisse au 6ème Continent, à 19h. Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Vendredi 4 St Julien en Genevois (74) Concert des Chemins de l’improvisation Jacqui Détraz, à 15h au gymnase du collège A.Rimbaud. Rens : 04 50 35 08 48 [email protected] Lyon 7ème (69) Le Bal à Bistan au 6ème Continent. Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Sales (74) Bal avec Gigouillette à la salle des Fêtes. Rens : http://gigouillette.free.fr 04 50 22 15 97 Samedi 5 Mercredi 25 Décines (69) Concert d’Antiquarks dans le cadre du Festival Digital Upercut au Toboggan. Rens : www.antiquarksduo.org [email protected] 04 78 62 34 68 Jeudi 26 Lyon (69) Concert-Spectacle de Al Andalus (Flamenco) à la Bourse du Travail à 20h30. Rens : www.alandalus.fr [email protected] 04 72 22 25 63 Vendredi 27 Bourg-Argental (42) Concert de Rémo au Centre socio culturel de la Deome Rens : http://remo.le.site.free.fr [email protected] Lyon 1er (69) Concert La Troupadour (chanson et musique de l’Est) à l’Absinthe (22 rue Flesselles). Rens : http://troupadour.free.fr page 18 Ce calendrier prend en compte, sur la foi des informations qui nous parviennent, les événements concernant les musiques et danses traditionnelles qui se déroulent en région Rhône-Alpes, dans les départements et pays limitrophes.Nous apportons le plus grand soin à la transcription de vos informations, mais nul n’est à l’abri de l’erreur et de l’omission. Chatillon sur Chalaronne (01) Bal Folk animé par Chalafolk à la salle Bel Air. Rens : M.Nottet Le puits vert 01900 Saint Trivier sur Moignans Lyon 7ème (69) Concert de Ahinama (Descarga cubaine, salsa, mambo, rumba) au 6ème Continent. Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Jeudi 10 Villeurbanne (69) Matinée dansante organisé par le Groupe Artistique "C’est extra", animée par Patrick Matyka DE "Haute Tension", au Centre Culturel (234 cours Émile Zola) Rens : 04 27 89 54 79 / 06 23 07 03 65 [email protected] Lyon 7ème (69) fConcert de Pic Pulses (Jazz New Orleans) au 6ème Continent Rens : 04 37 28 98 71 Numéro soixante cinq [Printemps 2007] Vous voudrez bien nous faire parvenir vos informations uniquement par courrier, par fax ou par e-mail sur document séparé, avec la mention : Calendrier Lettre d’Information avant le 30 mai 2007 [email protected] www.sixiemecontinent.net Lyon 2 (69) Concert de Bayarbaatar Davaasuren (musique traditionnelle mongole) à l’Abbaye d’Ainay. Rens : [email protected] www.actionsmongolie.org Jeudi 31 Lyon (69) Récital de Bayarbaatar Davaasuren suivi du lancement du CD « Chants diphoniques mongols » au Musée des Moulages à 20h. Rens : 04 78 28 69 10 Vendredi 11 Lyon 7ème (69) Concert de Ami & Al, Duo Lyon-Sénégal, au 6ème Continent Rens : 04 37 28 98 71 [email protected] www.sixiemecontinent.net Chabeuil (26) Concert du Collectif La Fourmilière regroupant Mango Gadzi, No’Mad et Le Caramantran, au centre culturel. Rens : 06 08 51 06 86 [email protected] http://desfourmis.free.fr/ Juin Samedi 12 Chalancon (07) Concert et Bal Rencontres Musik Trad’ en Ardèche. Dés 19h conférence puis concert et bal avec Rural Café, C.Oller et Trio Vocal Chlaramell’Oc Rens : [email protected] ruralcafe.com Lyon 1er (69) Concert de Lézieu MiClo acoustic duo (musique Irlandaise) à L’Absynthe (22 rue Fleysselle). Rens : [email protected] 04 72 00 20 44 St Jean de Bournay (38) Fest-noz animé par Bernard LOFFET à la Salle Polyvalente Claire Delage dés 20h30. Rens : [email protected] charamelle.assoc.free.fr 06 82 61 89 13 Rumilly (74) 15ème Nuit du Folk à la salle des Fêtes avec Gigouillette. Rens : http://gigouillette.free.fr 04 50 22 15 97 Eurre (26) 2ème Rencontre Musiques Traditionnelles en Val de Drôme, dans tout le village. Concerts, ateliers, bœufs, Bal folk en soirée. Rens : 04 75 25 19 87 / 04 75 78 41 31 [email protected] St Barthelemy de Beaupaire (38) Bal folk animé par Cire Tes Souliers, à la salle polyvalente, organisé par La Confrérie du Parquet Rens : [email protected] 04 76 36 42 20 Annonay (07) Bal des Couleurs, quatre groupes animent le Bal (un Magrébin, un turc, un Cambodgien et un Français) à la MJC. Rens : 04 75 32 40 80 [email protected] Veyrannes Maclas (42) Bal Folk animé par Rural Café Quartet (musiques régionales, celtiques). Rens : 04 75 45 03 65 [email protected] ruralcafe.com Décines (69) Concert de Malossol à 11h a Centre Culture Le Toboggan Rens : 04 72 93 30 10 [email protected] www.mediatheque-decines.fr St Marcellin (38) Concert de Djal durant le festival Barbara. Rens : [email protected] http://www.saintmarcellin.fr/pages/01agenda/agenda.htm Vendredi 18 Lyon 8ème (69) Concert de Mazalda à la MJC Laënnec Mermoz. Rens : 04 37 90 55 90 Samedi 19 St Gervais (74) Bal Folk organisé par et animé par J’attendsveille et Trio SAJ à partir de 21h à l’Espace Mont Blanc. Rens : 04 50 93 95 88 [email protected] Chatonnay (38) Bal Folk animé par Compagnie Recourdas (danses du Dauphiné et autres danses) et Cantarem (bal à la voix) du Folk des Terres Froides. Rens : 04 74 97 32 26 / 04 74 92 46 46 Riorges (42) Concert de Mazalda à le Fête des fleurs. Rens : http://www.riorges.fr 04 77 23 80 25 Dimanche 20 Ornacieux (38) mini bal folk danses et musique (scène ouverte) de 14 à 18 heures. Chez Jacques au bistro d’Ornacieux. Rens : Jacques 04 74 20 53 43 [email protected] Mardi 22 Sathonay Camp (69) Concert de Chants Traditionnels Mongols et de musique Médiéval à l’Eglise de Sathonay Camp. Rens : 04 78 23 76 21 [email protected] Jeudi 24 Passy (74) Bal Folk animé par J’attendsveille et Trio SAJ, organisé par J’attendsveille, à la salle Jean Pernot Rens : [email protected] La Mûre (38) Concert « Les Chants de L’Altaï » de Bernard Fort et Bayarbaatar et Davaasuren au Théâtre de La Mûre à 20h30. Rens : 04 76 30 96 03 Vendredi 25 Burdignes (07) Bal folk animé par le groupe Rue de la Soif, organisé par la Maison dans la Nature, à la salle des fêtes. Rens : [email protected] 04 77 39 14 52 Samedi 26 Chomérac (07) Concert de Camino de Galicia durant le festival de Danses et Musiques Traditionnelles en Ardèche de 18h à 19h. Rens : 04 75 64 63 52 http://caminodegalicia.blogit.fr/ Dimanche 27 St Chamond (42) Concert de Dialekt (Protest Song Marocaine) au Parc Labesse. Rens : 04 77 29 79 96 [email protected] Vendredi 1 Grenoble (38) Master class de violon Tsignae avec Dragan Urlic violoniste du groupe Loulou Djine, à la Chaufferie de 18h à 22h. Inscriptions obligatoires. Rens : [email protected] www.regie2c.com 04 38 37 40 20 Samedi 2 Dimanche 3 Ornacieux (38) Fest-Deiz avec Bernard Loffet, dés 14h30.Chez Jacques au bistro d’Ornacieux Rens : Jacques 04 74 20 53 43 [email protected] Vendredi 8 Lyon (69) Concert de la Troupe Afrah (musique traditionnelle du Magreb) au Musée de St Romain en Gal. Rens : [email protected] www.cultures-solidaires.com Lyon (69) Concert de No Mad ? sur les Berges du Rhône lors du festival du 6ème Continent Rens : www.no-mad.org [email protected] 06 08 51 06 86 Samedi 9 Cognin(73) Bal des ateliers & la Compagnie Recourdas à la salle de la Forgerie organisé par l’Amtrad. Rens : http://amtrad.free.fr/ [email protected] Genas (69) Bal avec Cadavre Exquis (folk néo trad) à l’Atrium. Rens : [email protected] http://www.ville-genas.fr 04 72 47 11 69 Jeudi 14 Valence (26) Scène ouverte aux ateliers de la JAV, au programme, chants du monde, ensemble Salsa, Big Band, en cloture de Jazz Action Valence. Rens : 04 75 78 50 86 [email protected] www.jazzactionvalence.com Vizille (38) Concert de la Troupe Afrah (musique traditionnelle du Magreb) en plein air au centre ville. Rens : [email protected] www.cultures-solidaires.com Lundi 18 Valence (26) Soirée Africaine à l’auditorium, organisé par Jazz Action Valence. Rens : 04 75 78 50 86 [email protected] www.jazzactionvalence.com Jeudi 21 Vals-Les-Bains (07) Bal Trad animé par Rural Café, musiques régionales et celtiques. Rens : [email protected] ruralcafe.com 04 75 45 03 65 Grenoble (38) Concert de la Troupe Afrah (musique traditionnelle du Magreb) en plein air au centre ville (lieu à définir). Rens : www.cultures-solidaires.com [email protected] Die (26) Concert avec AlexeÏ Aïgui associé aux musiciens du Diois pour la Fête de la musique. Rens : [email protected] www.est-ouest.com 04 75 22 12 52 Vendredi 22 Villefranche-sur-Saône (69) Bal animé par Lardons et P’tit Salé, organisé par l’office culturel de Villefranche Rens : 04 74 65 04 48 [email protected] [email protected] La Tour Du Pin (38) BAL organisé et animé par les différents groupes du Folk des Terres Froides, à la salle Equinoxe. Rens : 04 74 92 46 46 Doizieux (42) Concert de musique irlandaise avec WEASEL dans le cadre du Festival La Pampille 2007, à la Grange Crozet. Rens : [email protected] http://lapampille.blogspot.com 04 77 20 91 45 lettre 65 26/03/07 22:47 Page 19 Dimanche 24 Doizieux (42) Apéro-concert et repas musical dansant animé par le groupe CHAMANE au Restaurant de la Croix du Collet (Doizieux) dans le cadre du Festival La Pampille 2007. Rens : [email protected] http://lapampille.blogspot.com 04 77 20 91 45 Vendredi 29 Doizieux (42) Repas musical dansant animé par Terre’n Airs dans le cadre du Festival La Pampille 2007. Rens : [email protected] http://lapampille.blogspot.com 04 77 20 91 45 Fontaine (38) Concert de la Troupe Afrah (musique traditionnelle du Magreb). Rens : www.cultures-solidaires.com [email protected] Samedi 30 Annonay (07) BAL FOLK en plein air, gratuit,à partir de 21h animé par le groupe "Rue de la Soif", quartier Chatinais. Rens : [email protected] 06 89 58 10 69 Doizieux (42) Scène ouverte avec bal folk gratuit en plein air, de 14h30 à 18h30. Grand Bal Folk avec Cire tes Souliers et Bois Sec à la Salle Polyvalente. Dans le cadre du Festival La Pampille 2007. Rens : [email protected] http://lapampille.blogspot.com 04 77 20 91 45 Lyon 5ème (69) Concert de Garlic Bread (Musiques Irlandaise) à St Just Rens : [email protected] 04 72 32 16 33 Annemasse (74) Bal des montagnes avec Rural Café Sixtet. Rens : ruralcafe.com [email protected] 04 75 45 03 65 Lyon 7 (69) Bal à Bistan place St Louis ou 6ème Continent en cas de pluie. Rens : www.sixiemecontinent.net [email protected] 04 37 28 98 71 stages Avril Du Samedi 7 au Mardi 10 C h â t i l l o n - s u r - C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stage de Tabla avec Pandit Shankar Ghosh. Deux cours individuels par jour, au Centre Culturel Rens : 04 74 55 68 93 http://anagath.free.fr [email protected] Dimanche 8 et Lundi 9 L y o n ( 6 9 ) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice Baille, niveau débutant. Lieu à définir. Rens : 04 78 08 12 41 [email protected] www.cie-vulcain.ouvaton.org Mardi 10 et Mercredi 11 G r e n o b l e ( 3 8 ) Stage d’initiation à la flûte de Pan avec Christian Auguste, organisé par l ‘association Orféo, tous niveaux de 19h à 20h30, organisé par l’association Orféo au pôle musical « La Saulaie ». Rens : 04 76 01 94 71 /06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Du Mardi 10 au Vendredi 13 G r e n o b l e ( 3 8 ) Stage d’initiation aux percussions latines avec Willy Dugarte, organisé par l ‘association Orféo, de 19h à 21h, tous niveaux, au pôle musical « La Saulaie » Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Grenoble (38) Stage d’initiation aux danses latines avec Gloria Carvajal, organisé par l ‘association Orféo, de 19h30 à 21h, tous niveaux, au pôle musical « La Saulaie » Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Jeudi 12 Grenoble (38) Stage d’initiation aux percussions orientales avec Slim Zrida de 19h à 21h, organisé par l’association Orféo au pôle musical « La Saulaie ». Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Du Jeudi 12 au Dimanche 15 Châtillon-sur-Chalaronne (01) Stage de Tabla avec Pandit Shankar Ghosh. Deux cours individuels par jour,au Centre Culturel. Rens : 04 74 55 68 93 http://anagath.free.fr [email protected] Jeudi 12 et Vendredi 13 Valence (26) Stage de découverte des chants indigènes, des musiques venues d’Afrique, de l’influence des musiques européennes et du Jazz. Destiné aux instrumentistes et aux chanteurs, niveau confirmé. Animé par Edouardo Lopes. Rens : 04 75 78 50 86 [email protected] www.jazzactionvalence.com Vendredi 13 Grenoble (38) Stage d’initiation au Balafon avec Nicolaï Snoek, de 19h30 à 21h30, organisé par l’association Orféo au pôle musical « La Saulaie ». Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Samedi 14 Grenoble (38) Stage d’initiation aux Steel Drums avec Jacques Cordier, tous niveaux de 14h à 18h, organisé par l’association Orféo à l’école Berlioz. Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Grenoble (38) Stage d’initiation aux percussions africaines avec Patrick Senellart, de 10h à 13h, organisé par l’association Orféo au pôle musical « La Saulaie ». Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36 [email protected] www.orfeomm.com Lyon 8ème (69) Stage de Sagats avec Ismaïl Mesbah, organisé par l’association Maksoun, niveau débutant. Rens : 06 67 05 10 53 [email protected] Samedi 21 Couzon au Mont d’or (69) Stage d’accordéon diatonique avec P. Tron à l’école de musique Le Rochon. Rens : perso.orange.fr/LeRochon [email protected] Samedi 21 et Dimanche 22 Du Samedi 26 au Lundi 28 L y o n ( 6 9 ) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice Baille, niveau débutant. Lieu à définir. Rens : 04 78 08 12 41 [email protected] www.cie-vulcain.ouvaton.org Juin Samedi 2 et Dimanche 3 S a i n t - P i e r r e d e C h a n d i e u ( 6 9 ) Stage de Jazz Manouche avec l’école itinérante de Jazz Manouche de Romane. Ouvert à tous (sauf grands débutants). Rens : [email protected] www.stage-romane.com S t J e a n d e B o u r n a y ( 3 8 ) Stage d’accordéon diatonique avec Bernard Loffet organisé par l’association Charamelle Rens : 06 82 61 89 13 [email protected] charamelle.assoc.free.fr Lyon 8ème (69) Stage de Contredanses Anglaises avec Yvon Guilcher, niveau confirmé,organisé par l’association chanterelle Rens : [email protected] http://perso.orange.fr/chanterelle.lyon/ 04 78 29 33 00 B r o n ( 6 9 ) Stage d’accordéon diatonique avec Clôde Seychal, individuel et collectif. Rens : 06 84 23 46 82 [email protected] Dimanche 22 Hors région La Tour-du-Pin (38) Stage de chant traditionnel, tous niveaux à la MJC animé par Eliane Brocca. Rens : 04 74 92 46 46 ou 04 74 97 32 26 Cognin (73) Stage de Bourrées d’Auvergnes et de Danses Suédoises, animé par Véronique et Gaëlle Collombier, tous niveaux, organisé par l’Amtrad Rens : 04 79 28 22 39 / 06 21 94 24 75 [email protected] http://amtrad.free.fr/ Vaulx-en-Velin (69) Stage de danse Afro Contemporaine avec Yvon-Serge Bissadissi, niveau confirmé, organisé par Rhonafrika. Rens : [email protected] http://www.rhonafrika.com 0673034021 Samedi 28 Lyon 8ème (69) Stage de Sagats avec Ismaïl Mesbahi, tous niveaux, organisé par l’association Maksoum. Rens : [email protected] [email protected] 06 67 05 10 53 Seytroux(74) Stage de Rigodon avec Philippe Borne, tous niveaux. Rens : [email protected] 04 50 79 64 88 Du Samedi 28 au Mardi 1er Mai C h â t i l l o n - s u r - C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stage de chant Khyal (chant classique de l’Inde du Nord) de 9h à 18h, tous niveaux, au centre culturel. Rens : [email protected] http://anagath.free.fr 04 74 55 68 93 Du Samedi 28 au Lundi 30 L y o n ( 6 9 ) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice Baille, niveau débutant. Lieu à définir. Rens : 04 78 08 12 41 [email protected] www.cie-vulcain.ouvaton.org @ ARTISTES & ORGANISATEURS : Référencez vos projets, groupes, cours et stages en ligne sur www.cmtra.org Mai Lundi 7 Chonas l’Amballan (38) Stage de Sanza, Calebasse et petites Percussions avec Jacques Mayoud, tous niveaux, organisé par La Note Bleue. Rens : 04 74 15 96 90 [email protected] http://www.cooperation.net/jacques.mayoud Lundi 7 et Mardi 8 Lyon (69) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice Baille, niveau débutant. Lieu à définir. Rens : 04 78 08 12 41 [email protected] www.cie-vulcain.ouvaton.org Samedi 12 et Dimanche 13 St Sauveur (38) Stage de chants traditionnels (France, Italie, Espagne…), animé par Eliane Brocca-Astori organisé par l’association Cursive. Rens : 04 76 64 06 83 Lyon 9ème (69) Stage de chant diphonique mongol avec Bayarbaatar Davaasuren au Centre de la Voix. Rens : [email protected] www.centredelavoix.com Dimanche 20 Cognin (73) Stage de Bourées d’Auvergne & Danses suédoises animé par Véronique & Gaëlle Collombier, tous niveaux, organisé par l’Amtrad. Rens : [email protected] http://amtrad.free.fr/ 04 79 28 22 39 / 06 21 94 24 75 Les Bœufs libres sont dans la ville ! Où, comment et avec qui sessionner tous les soirs de la semaine dans Lyon ? Le lundi : - Musique irlandaise au Fleming’s, 2 rue de la Loge 69005 Lyon, session hebdomadaire, accès libre - Musique celtique au Wallace, 2 rue Octavio Mey, 69005 Lyon, session hebdomadaire (sauf s’il y a un match de foot important !), accès libre entre 21 h et 2 h du matin (04 72 00 23 91) - Bœuf Trad’ à L’Atmosphère, 9 montée des Carmélites 69001 Lyon, les 2ème mercredis du mois,accès libre à pertir de 21h,(04 78 28 68 76, ou Le trad’ des rades 06 09 20 36 26) - Session libre sur la Péniche Le Sirius, Berges du Rhône Face au 2 quai Augagneur 69003 Lyon, session hebdomadaire, accès libre entre 21 h et 2 h du matin (04 78 71 78 71) Samedi 16 et Dimanche 17 Samedi 7 Avril M a r s e i l l e ( 1 3 ) Stage de musique Orientale avec l’association Le Samar Ellayali. Tous niveaux, instruments et voix. Rens : Abdessattar Jaziri 06 11 19 05 16 [email protected] Du Mercredi 11 au Samedi 14 Avril S e v e r a c L e C h a t e a u ( 1 2 ) Stage de vielle (répertoire musique baroque) et de clavecin. Tous niveaux. Rens : 06 18 96 64 42 et 04 68 61 21 79 [email protected] http://lavielle.site.voila.fr Samedi 14 et Dimanche 15 Avril V i l l e n e u v e d ’ A s c q ( 5 9 ) Stage de Vielle à Roue avec Gilles Chabenat, tous niveaux, organisé par Cric Crac Compagnie à la fèrme Saint Sauveur. Rens : 03 20 05 37 24 [email protected] http://criccrac.compagnie.free.fr Le mardi : - Bœuf musiques du désert, à la mosaïque Tropicale, 9 rue du Jardin des Plantes 69001 Lyon, fréquence aléatoire, accès libre entre 21h et 1h du matin, seule condition : la bonne humeur, (04 72 98 85 33) - Session libre au Phoebus, 22 rue Pouteau 69001 Lyon, session hebdomadaire, accès libre entre 22h et 1h30, (06 09 94 40 35) - Musique Centre-France, surtout auvergnate, au Johnny’s kitchen, 48 rue Saint Georges 69005 Lyon,session hebdomadaire, accès libre entre 21h30 et 1h, (04 78 37 94 13) Le mercredi : - Session libre au K-Barré, 34 rue Raulin 69007 Lyon, tous les mercredi sauf le dernier du mois, accès libre entre 20h30 et 22h30, percussions et cuivre à éviter à cause du voisinage sensible, (04 72 71 44 40) Le jeudi : - Jazz manouche au Furib’Art, 12 rue Sergent Blandan 69001 Lyon, session hebdomadaire, accès libre entre 21h et 1h, (04 72 00 26 41) - Musique irlandaise au Johnny’s kitchen, 48 rue Saint Georges 69005 Lyon, session hebdomadaire, accès libre entre 21h30 et 1h, (04 78 37 94 13) - Bœuf du monde au 6ème Continent, 51 rue Saint-Michel 69007 Lyon, tous les 1er et 3ème jeudis du mois, accès libre entre 19h et 21h, (04 34 28 98 71) Relâche le vendredi et le samedi… Le dimanche : - Brunch musical, musique irlandaise (ou autre !) au Johnny’s kitchen, 48 rue Saint Georges 69005 Lyon, session hebdomadaire, accès libre à partir de 14h, (04 78 37 94 13)- Assauts de chant (tout répertoire) au Dahu des Pentes 5 rue Burdeau 69001 Lyon, les 4ème dimanches du mois, accès libre à partir de 19h, (04 78 28 68 76, ou Le trad’ des rades 06 09 20 36 26) Samedi 21 Avril S t G e r m a i n L a v a l ( 7 7 ) Stage d’accordéon diatonique à la salle de la Mairie, animé par Philippe Delagrange, organisé par l’association Aixtrad. Rens : Brigitte Petrini 04 77 65 20 59 [email protected] Samedi 28 et Dimanche 29 Avril R o c h e j e a n ( 2 5 ) Stage culturel de danse, chant et musiques traditionnelles (accordéon, chant, violon, danses du sud-ouest…) organisé par l’assocaition Not’ambulle. Rens : 03.81.49.95.02 03.81.49.93.62 [email protected] Du Dimanche 29 Avril au Jeudi 3 Mai V i l l e n e u v e d ’ A s c q ( 5 9 ) Stage de fabrication et d’initiation aux instruments à hanches labiales avec Michel Godard ; Thierry Madiot et Serge Durin. Rens : 06 75 25 32 24 www.univ-lille3.fr/cfmi [email protected] Dimanche 29 Avril Rochejean (25) Stage et concert de « Chet Nuneta ». De la Mongolie au Mexique en passant par l’Europe et L’Afrique, quatre chanteuses et un percussioniste vous invitent à un voyage délirant, passionné et poétique. Rens : [email protected] 06 29 43 80 28 Toulouse (31) Stage de Bourrée à trois temps avec Eric et Didier Champion, niveau confirmé, organisé par le Conservatoire Occitan de Toulouse. Rens : [email protected] http://www.conservatoire-occitan.org 05 34 51 28 38 Samedi 5 Mai La Grande Rouge (71) Stage de chant du monde et de percussions corporelles de 14h à 18h animé par les Enchantetues. Rens : [email protected] 03 85 75 85 81 Jeudi 17 Mai St Quentin La Poterie (30) Stage d’introduction aux musiques d’Europe de l’Est en accordéon chromatique avec Christophe Rohr. Rens : [email protected] www.officeculturel.com 04 66 22 74 38 Jeudi 17 et Vendredi 18 Mai St Quentin La Poterie (30) Stage de découverte d’accordéon chromatique avec Kristel de Rio. Rens : [email protected] www.officeculturel.com 04 66 22 74 38 Bruailles (71) Stage de Flûte Bansuri animé par Pandit Hariprasad Chaurasia, tous niveaux. Rens : [email protected] http://anagath.free.fr 04 74 55 68 93 Samedi 26 et Dimanche 27 Mai Toulouse (31) Stage de Vielle à Roue animé par Dominique Regef, organisé par le Conservatoire Occitan de Toulouse, tous Niveaux. Rens : [email protected] http://www.conservatoire-occitan.org 05 34 51 28 38 Numéro soixante cinq [Printemps 2007] page 19 Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA lettre 65 26/03/07 22:47 Page 20 Rissala,unMessage Adel Salameh, instrumentiste de talent, et Naziha Azzouz, chanteuse, poursuivent leur longue exploration des musiques du monde arabe autour d’un dialogue entre Maghreb, Proche et Moyen-Orient, chanté avec une inspiration toute personnelle CMTRA : Comment ont été réunis les 5 musiciens de ce dernier album, « Rissala »? Au début, je commence par composer, c’est un travail assez long, qui demande beaucoup de concentration et d’inspiration. Ensuite, je réfléchis à quels musiciens-instrumentistes je vais faire appel afin d’apporter cette couleur particulière qui va éclairer l’album. Dans « Rissala », j’ai privilégié le chant et l’interprétation de Naziha, dont je connais très bien le timbre de voix. Plus particulièrement et concernant la partie instrumentale, j’ai d’abord pensé au violon, de Mohamed Zeftari (marocain), un ami avec qui on a déjà enregistré notre avant-dernier album « HAFLA ». Pour la partie rythmique, j’ai amené, notre ami Adel Shams El Din, (égyptien) qui est un maître dans l’art de « jouer » le Riqq, (petit tambourin à cymbalettes) car la composition de Rissala demande beaucoup de travail, puis j’ai invité le jeune et talentueux Ali Mnejja (tunisien) qui joue de l’accordéon. Cet instrument semble, à priori et dans la musique arabe, parfois agressif. J’ai donc voulu tirer de cet instrument les parties les plus sensibles, les plus douces et les plus mélodiques. Cette touche particulière, procure une nou- velle dimension harmonique au disque, et c’est finalement le Oud, mon instrument, qui assure les parties plus rythmiques et mélodiques. Tous ces musiciens, originaires du Maghreb ou du Moyen-Orient, résident et travaillent en France. Cet album a été réalisé en hommage au grand compositeur Egyptien, Mohamed Abdel Wahab, qui m’a énormément influencé dans ma carrière de compositeur et d’interprète. Tu parles de la musique arabe au singulier, pourtant c’est une musique qui recouvre un large ter- Lutherieorientale Rencontre avec Vincent Bruyère qui nous explique son activité de luthier oriental et son projet d’atelier. CMTRA : Vincent, comment es-tu arrivé à la lutherie ? J’ai toujours aimé la musique. Mon grand père maternel jouait du violon, fabriquait des objets en bois, tandis que mon grand-père paternel était charron : les ingrédients, le bois et la musique, étaient donc présents dans mon subconscient pour m’orienter vers la lutherie. Malheureusement je suis le 8ème d’une famille de 9 enfants, avec une mère divorcée ; peu de moyen à vrai dire, donc je n’ai pu faire ni le conservatoire ni l’apprentissage du violon par d’autres formations. Au moment de me dire que j’aimerais faire de la lutherie (cela a du m’être soufflé), pour intégrer Mirecourt en 74 c’était assez difficile, il fal- lait avoir fait le conservatoire et payer très cher. Ensuite, du fait que jusqu’à aujourd’hui on a privilégié le travail intellectuel au travail manuel, j’ai fait des études longues : bio, ergonomie et au final je n’ai pas trouvé d’emploi dans ces domaines et j’ai atterri laborantin dans des lycées, métier que j’ai exercé pendant 10 ans. Il y a 2 ans, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison que je ne fasse pas ce que j’avais envie de faire et par ailleurs, j’avais aussi rencontré un ami musicien, qui s’était exercé à la lutherie ; cela a sans nul doute réveillé des choses. Je fais de la guitare depuis l’âge de 8 ans, et depuis 2000, je fais également du chant, de la derbouka et du oud. Bref je me suis mis plus sérieusement à la musique, chose nécessaire pour la lutherie. De ce côté là, ma famille m’a toujours encouragé en m’assurant que j’avais une bonne oreille. Et puis il y a eu un stage où j’ai pu construire ma première guitare. Quels instruments veux tu construire ou restaurer ? J’ai commencé par faire des guitares parce que j’en joue depuis longtemps, d’abord sur des guitares folk mais le son ne me plaisait pas ; j’ai eu ensuite une guitare classique et je jouais dans le style espagnol, Amérique du Sud. Dans cette recherche du son je suis arrivé au oud qui laisse aussi plus de liberté que la guitare. Je pense donc plus à construire des ouds mais étant ritoire, de l’Algérie, en passant par la Palestine jusqu’en ExtrêmeOrient. Y’a t-il une unité dans cette diversité d’expression que tu revendiques ? La musique arabe est comme une plante, elle a beaucoup de fleurs. Si tu prends les musiques syriennes ou égyptiennes, elles sont très proches car elles sont issues de la même racine, elles sont singulières, mais très proches dans l’esprit, chacune avec son caractère. Pour nous, moyen-orientaux, c’est difficile de jouer la musique d’Afrique du Nord car elle n’utilise pas les mêmes gammes ni les mêmes rythmiques. Mais dans le sens inverse, ça marche mieux. L’explication est toute simple, c’est que, grâce à l’exportation de la musique Egyptienne par les medias, le Maghreb a pu bénéficier musicalement de cette aubaine et l’a intégrée dans sa pratique musicale. Peux-tu nous dire quelque chose de ton parcours musical? J’ai quitté la Palestine à l’âge de 16 ans par nécessité, afin d’étudier, et d’assouvir ma passion pour la musique. Mon périple m’a d’abord conduit à l’Université de Jordanie, suivi par un départ à Bagdad où j’ai appris à perfectionner mon jeu du Oud avec le grand Maître Munir Bachir, pour ensuite se terminer en Europe afin de faire carrière, me produire sur scène, rencontrer d’autres artistes et réaliser des albums.... J’ai travaillé sur différents projets musicaux qui ont beaucoup enrichi mon répertoire, exemple : avec des artistes Indiens, Espagnols, Jazz, et avec l’orchestre classique, (New ensemble), à Amsterdam. Ma musique m’a permis de faire le tour du monde, grâce à elle, j’ai tissé un lien très fort avec mon public. Cette relation me permet d’être encore plus créatif, plus inspiré, tout ce dont un artiste a besoin pour continuer à composer et pour offrir à son public le meilleur de soi-même. La musique, c’est comme une plante, il faut tout d’abord planter la graine, puis l’arroser, et attendre que la floraison apparaisse. Rissala « Rissala », le titre de l’album, qu’est ce que ça veut dire en français ? Ca veut dire « Message »… Dates Propos recueillis par P.B. et R.C. au 4 Août 2007 La lutherie traditionnelle orientale se fait dans un certain contexte, une philosophie, une émotion… Compte tu visiter des luthiers arabes, turcs ou maghrébins ? Oui, pour moi la prochaine étape est le voyage où que ce soit d’ailleurs, en France ou à l’étranger, c’est fondamental pour le son, le savoir-faire… J’ai déjà une connaissance du désert tunisien mais on verra où le vent me portera. Tu as construit un oud, c’est ton premier. Il est tout jeune et a déjà un bon timbre. T’es tu servi d’un modèle ? J’ai acheté une méthode faite par un américain. Cette méthode se base sur le relevé d’un oud construit en 1910 par un des luthiers de la famille Nahat (Syrie). Pour moi, la grosse partie a été de faire la caisse car j’ai travaillé sans moule mais finalement on arrive à un résultat probant avec de la patience. Les proportions sont celles de l’original mis à part un petit changement sur la place du chevalet. Pour les bois, j’ai utilisé de l’érable, de l’acajou de macassar et du cèdre rouge pour la table. Pour les suivants, je vais changer certaines choses, une à une, dans le but d’affiner le résultat, en fonction des retours que j’ai, et de ma propre analyse. Ce que l’on constate souvent dans les oud anciens, c’est à la fois la qualité et la variété du timbre de l’instrument, ce qui inspire beaucoup le musicien. Penses-tu qu’il est intéressant de faire de la recherche sur la lutherie ancienne ? Oui, cela m’intéresse car je ne suis pas pour une uniformisation du son mais au contraire, pour reconnaître que tel oud de tel pays « parle » de telle façon et tel autre articule sur tel plan…etc. Le plus difficile est de comprendre comment a été construit l’instrument, l’esprit de sa conception, les secrets…Je pense qu’un instrument doit venir des tripes, comme pour un enfantement : je trouve que le oud, de part sa forme et sa sonorité, d’une sensibilité chaleureusement maternelle, féminine, se prête particulièrement à l’expression poétique. Tu as le choix, à priori, entre une lutherie moderne scientifique et une lutherie traditionnelle qui reconnaît le rationnel mais dont le geste est surtout guidé par l’inspiration. Laquelle te parle le plus ? C’est difficile de ne pas prendre les mesures mais franchement, je serais Naziha Azzouz &Adel Salameh Enja records HW Contacts : Athos Productions et Adel Salameh 04 72 37 92 93 06 30 29 92 44 www. adelsalameh.com [email protected] en Rhône-Alpes : du 15 Juin « Les Mille et Une Nuits » Biennale du fort de Bron Erable, acajou et cèdre rouge… curieux, je reste ouvert : j’ai d’ailleurs déjà restauré un violon et on me propose une vielle à roue. Pour l’instant je cherche à m’installer, ce qui ne saurait tarder, dans un vrai atelier sur les pentes de le Croix Rousse ou dans le quartier de la Guillotière. Oud plus dans l’inspiration, ça s’impose pour moi ! J’ai étudié plusieurs thèses modernes qui traitaient de la propagation du son et honnêtement il n’y en a aucune qui tranche sur la question. C’est, je pense, au fil du temps, l’intuition des luthiers, le besoin des musiciens qui a conduit aux résultats que nous connaissons. On a des robots capables de faire des instruments « parfaits », à l’identique, mais je suis résolument contre cette perfection. La perfection est certainement plus dans la différence et dans la singularité de chaque instrument. Ca fait deux ans que j’ai appris la lutherie, j’ai appris beaucoup mais en même temps je considère que je ne sais rien. En même temps avant de « passer à l’acte » les choses bouillaient en moi depuis longtemps. Peut être que je fais comme le luthier Torres qui était charpentier et qui est venu tardivement à la lutherie, pour notre bonheur… Propos recueillis par T.L. Contacts Vincent Bruyère 04 72 82 94 85 ou au 06 73 86 53 79