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lettre 65
26/03/07
LA
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LETTRE
Page 1
D ’ I N F O R M AT I O N
DU
CENTRE
DES
M U S I Q U E S T R A D I T I O N N E L L E S R H Ô N E -A L P E S
{ trimestriel numéro 65 }
Avril
Mai
Juin
2007
La musique
tsigane, des
mythes et des
réalités
pages 9 à 12
Sur la route. En chemin pour la quête du nouvel an. Les Tsiganes de Zece Prajini vont rendre visite aux Roumains du village voisin.
Photo : Jérémie Logeay
Glik LesSylvaines Kordevan l’ONCLE Remo BebeyPrinceBissengo
Salangane LaBizzart’Nomade AML CatalogueCoirault Aniraï&transmission
BrunoEscafit EMASaint-Fons AdelSalameh VincentBruyère
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infos
l’édito...
Depuis plusieurs numéros de cette Lettre et de manière
régulière nous vous informons de la situation du CMTRA.
Celle-ci, une nouvelle fois, ne dérogera pas à la règle. En
effet, une nouvelle page de l’histoire de ce Centre va bientôt
se tourner. Nous venons d’apprendre par notification
officielle du Conseil Régional Rhône-Alpes de
l’augmentation des moyens en faveur de notre
« esthétique » par la création d’un poste de chargé de
mission « Musiques Traditionnelles, Musiques du Monde »
rattaché au pôle des musiques actuelles de l’AMDRA
(Agence Musiques et Danses) et dont la fonction serait de
renforcer l’équipe existante… Ceci dans l’attente de la
création imminente de l’Agence unique, dédiée au spectacle
vivant et dans laquelle le CMTRA serait absorbé.
Ainsi prend fin un suspense haletant, intenable quand il
n’était pas insoutenable…
Nous ne pouvons que nous réjouir de ce modeste geste de
reconnaissance de notre travail durant ces dernières années
et de voir enfin ce secteur - aussi modestement - quelque
peu reconnu. Cette jubilation serait presque totale si elle
n’était pas empreinte de quelque forme d’amertume. Cette
restructuration, voulue par l’Etat et la Région, des
associations régionales est un recul de la démocratie
culturelle, de la diversité du même nom et une remarquable
négation des acteurs culturels et militants des associations
de terrain.
Qui plus est, on nous demande devant cette perspective de
nous esbaudir de ces lendemains enchanteurs où tout serait
presque parfait dans le pire des mondes. Ce triomphe de la
technocratie galopante devrait donc être célébré à son plus
haut niveau, celui de l’hégémonie paroxysmique, des
discours incantatoires et de la gestion de la misère.
Construire de tels échafaudages dédiés au spectacle vivant,
quand tout autour crie famine : conditions sociales des
artistes calamiteuses et de plus en plus dégradées, dossier de
l’intermittence non réglé, emplois artistiques et culturels en
constante régression, assèchement des crédits pour la
création, Compagnies artistiques paupérisées et en désarroi,
crise des publics dans les institutions culturelles, lois
inefficaces sur la protection des œuvres par
téléchargement… et tout cela dans l’indifférence et le silence
culturel assourdissant des candidats à la présidentielle en
panne de propositions : cela relève d’une forme inédite de
cécité politique.
Comme si nous assistions aujourd’hui aux derniers
soubresauts d’un système culturel exsangue et pétrifié dans
ses certitudes, où la diversité que nous défendons dans les
colloques internationaux ne s’applique pas chez nous. Rien
n’est fait pour valoriser les identités locales et les cultures
régionales, quant aux cultures des populations issues de
l’immigration, nous atteignons dans ce domaine un cynisme
démagogique. C’est à croire que notre fameux modèle
républicain ne peut souffrir la diversité.
Là où il faut plus de souplesse et d’autonomie, là où tout le
monde s’accorde à une décentralisation des pouvoirs de
décision et un engagement citoyen, là où il faut privilégier
les regards singuliers et la variété des modes opératoires, là
où il faut encourager les acteurs à plus d’innovation et à
l’appropriation des territoires de plus en plus exclus de la
connaissance et du savoir, là où il faut un propos pertinent
sur les identités et le multiculturalisme, on nous oppose une
vision obsolète d’un système bureaucratique et centralisé :
une culture mise sous tutelle.
CHERES LECTRICES,
CHERS LECTEURS,
Chères lectrices, chers lecteurs, comme
vous l’aurez constaté, la parution de la
dernière lettre d’information du CMTRA
a connu un retard de quelques semaines
dû à des aléas techniques. De nombreux
fidèles, impatients et bien attentionnés
nous ont, à juste titre, signalé ce fâcheux
contretemps. Aussi nous vous prions
d’accepter nos plus sincères excuses et
profitons de ce mea culpa pour remercier
l’ensemble des abonnés qui ont répondu
à l’appel à adhésion de septembre. Si
d’aventure, certains d’entre vous ne
l’avaient pas reçu, nous vous remercions
de bien vouloir nous contacter. Vous souhaitant bonne lecture (en temps et en
heure cette fois-ci), nous vous remercions de votre confiance et vous invitons
désormais à nous faire part de vos réactions aux articles de cette lettre en vous
connectant sur notre site internet rénové
www.cmtra.org où vous pouvez, au bas
de chaque article, accéder au forum… A
vos claviers !
RACONTE-MOI LA TERRE S’OUVRE
AUX MUSIQUES TRADITIONNELLES
DU MONDE
La Librairie Café Raconte-Moi la Terre,
espace dédié au monde et à ses cultures,
invite son public une fois par mois à la
découverte d’une musique traditionnelle,
en collaboration avec le CMTRA. Au
menu du prochain trimestre, un voyage
par le Somaliland avec Sarah Ahmed (28
mars), puis en Mongolie avec Nara et
Bazra (11 avril), en Ukraine avec Borys
Cholewka (23 mai) et enfin en Iran, avec
la musique soufi de Reza machkouri (27
juin). Ces concerts où l’échange avec le
public sera de mise commenceront à 19h30.
Plus d’informations sur
http://www.racontemoilaterre.com/
Raconte-moi la Terre
38 rue Thomassin 69002 Lyon
Rens : 04 78 92 60 22 et
[email protected]
DEVENEZ PROFESSEUR DE MUSIQUE
TRADITIONNELLE DIPLÔMÉ D’ÉTAT
Le CEFEDEM Rhône-Alpes accueille,
dans une même promotion menant au
Diplôme d’Etat en deux ans, des étudiants dans cinq secteurs d’activité musicale : musiques actuelles amplifiées,
musiques traditionnelles, jazz, musiques
classiques, formation musicale et direction d’ensembles vocaux. Un enseignement spécifique centré sur l’esthétique
des étudiants leur permet d’approfondir
leur approche musicale et pédagogique
propre. Des enseignements communs
leur permettent de se connaître dans leurs
pratiques respectives. La formation est
ouverte aux titulaires d’un baccalauréat
et d’un Diplôme d’Etude Musicale d’un
Conservatoire National de Région ou
d’une Ecole Nationale de Musique. Pour
une dispense du DEM ou du bac, des
procédures d'équivalences existent.
CEFEDEM Rhône-Alpes,
14 rue Palais Grillet, B.P. 2024
69226 Lyon Cedex
Tél 04 78 38 40 00
http://www.cefedem-rhonealpes.org/
RENCONTRES D’ARDECHE, ON REMET
CA !
Fidèles à leur propos de départ, les Rencontres d'Ardèche proposent depuis 10
ans, un week end dans un village différent, axé sur la formation et la transmission, la diffusion autour des répertoires
régionaux (Vivarais, Dauphiné...) mais
aussi celtique, jazz musette... Bilan des
recherches et créations en la matière, ces
Xèmes rencontres intégreront des conférences avec des collecteurs, des linguistes... En plus des groupes invités, la
soirée du samedi permet la rencontre
avec des musiciens, chanteuses et chanteurs de village, des danseurs, dans une
atmosphère qui unie veillée et Bal traditionnel pour le plus grand plaisir de
toutes les générations.
Samedi 2 et Dimanche 3 juin
CHALANCON (07)
Stage, conférence-débat sur les musiques
régionales avec S.Beraud et G.Betton,
concert et bal avec C.Oller, Trio Chiaramell'Oc, Rural Café et scène ouverte. Hébergement et repas sur place
LA GUILL’ EN FETE, Trois mardis, trois
places, trois fêtes
Le mardi 26 juin démarrera la « Guill’en
fête », fêtes de quartier du troisième
arrondissement lyonnais, organisé par un
collectif d’associations. Cette année
encore, durant trois mardis consécutifs,
des jeux et des animations, des spectacles, des concerts et des bals de danses
du monde seront au rendez-vous. Retrouvez la programmation prochainement sur
le site du CMTRA : www.cmtra.org
SUR LA ROUTE DE TULLINS
Du 26 juin au 1er juillet, le festival « Sur
la route de Tullins » abolit les frontières.
musique acadienne, blues, country, folk
et chanson francophone. Autant d’univers à visiter et, surtout, à écouter. Nos
cousins du Québec, Mes Aïeux (folk) et
Suroît (rock celtique acadien) seront du
voyage pour réveiller les cœurs et les
corps. Keith B. Brown (blues) déploiera
la magie de sa voix et de sa guitare, avant
de laisser la place à Sandi Thom (PopFolk) en exclusivité pour l’Isère : la belle
Écossaise a rassemblé 100 000 spectateurs sur le Net. Un buzz incroyable !
Angie Palmer et Grada apporteront, à
leur tour, la preuve éclatante que la
Country et la musique Irlandaise restent
des musiques vivantes, vibrantes, innovantes…
Mais gageons que nous saurons trouver tous ensemble et en
d’autres espaces la force et la passion pour changer les
choses, le dynamisme et l’intelligence du cœur pour
conserver la chaleur, l’enthousiasme, la créativité et la
richesse de nos identités et de nos différences.
Festival « Sur la route de Tullins »,
du 26 juin au 1er juillet
www.surlaroutedetullins.com
04 76 07 92 37
MUSICHORIDANSE
Association humaniste créée en 1999 à
Tarare, MUSICHORIDANSE rassemble
plusieurs associations du canton dans les
domaines de la musique, le chant ou la
danse. Favorisant les échanges entre les
pays européens par leurs cultures, elle
organise son 4ème festival des Cultures
Européennes en invitant 10 groupes
étrangers du 4 au 9 juillet 2007. Sont
attendus 4 orchestres (Danemark, Russie, Bulgarie, Allemagne), 3 chœurs
(Belgique, Bulgarie, République
Tchèque) et 3 groupes de danse (Roumanie, Slovénie, Russie), représentant environ 300 artistes. Côté public, concerts et
spectacles de qualité et gratuits se dérouleront dans différents villages du canton
ou des environs. A Tarare, un gala où
seront représentés tous les groupes invités est prévu le vendredi 6 juillet à 20h30
au Théâtre. Côté coulisse, l’amitié et le
partage, principes fondateurs de l’association MUSICHORIDANSE, seront au
rendez-vous par des ateliers d’échange
artistique, des débats, des rencontres festives et la découverte de la région. Les
organisateurs vous attendent nombreux
pour cette grande fête de l’Europe.
Pour tout renseignement :
04 74 63 00 75 ou 04 74 63 12 98
FESTIVAL TRAVERSE « NOUVELLES
TRADITIONS » 2007
Pour sa 15e édition, le festival Traverse
présente une série de concerts sur le
thème des nouvelles musiques traditionnelles. Musique improvisée autour des
musiques traditionnelles et du jazz, salsa,
musique irlandaise, ciné concert, chants
polyphoniques…
Le festival Traverse s'ouvre sur les cultures du monde et vous invite à découvrir
des univers musicaux chaleureux et colorés : les nouvelles traditions. Avec le Klezmer Goy's Band, Garlic Bread, Chachachango, Ceux d'en Haut, le Duo 4 et 6,…
Le festival se déroulera du 18 au 28 avril
2007 à Chambéry et Montmélian (Savoie).
Renseignements au 04 79 33 06 95
ou [email protected]
http://www.zicphilo.com
CHANT DHRUPAD, STAGE D’ETE
Le chant Dhrupad est issu de la musique
classique la plus ancienne de l’Inde du
nord. Yvan Trunzler, installé à Lyon, a
suivi en Inde, pendant plus de dix ans
l’enseignement de la famille Dagar de
Bombay, grands maîtres de cette tradition. Depuis 1987, il a donné de nombreux concerts en Inde et en Europe où il
enseigne cet art vocal, rare et subtil. Un
stage d’été de chant dhrupad aura lieu
en juillet en région roannaise avec Yvan
trunzler, chant, Joerg Kauffman, packhawaj,
Alain Chaléard, tabla, Max Greze, chi-kung.
Renseignements et inscriptions auprès
d’Yvan Trunzler :
[email protected]
Tél : 04.78.39.84.27 / 06.76.85.24.81
Date limite de vos envois
pour La Lettre d’Infos n° 66
30 mai 2007
Musiques Traditionnelles
Rhône-Alpes
Directeur de la publication
Christian MASSAULT
Rédacteur en chef
Robert CARO
Comité de rédaction
Péroline BARBET
Robert CARO
Yaël EPSTEIN
Jean Sébastien ESNAULT
Camille ESTEVEZ
Fanny LOGEAY
Ont participé à la rédaction de cette lettre
Camille COHEN
Murielle GEOFFROY
Eve GRIMBERT
Thomas LOOPUYT
Speranta RADULESCU
Patrick WILLIAMS
Photographies (tous droits réservés)
Benjamin VANDERLICK (dossier)
Jérémie LOGEAY (dossier & une)
Chargé de production
Robert CARO
Coordination de la rédaction
Jean Sébastien ESNAULT
Stratagème visuel
François GOYOT
Réalisation
Mathilde LECA
Imprimerie
Rotimpres
N° I.S.S.N. :
1166-861 X CMTRA
Tél. : 04 78 70 81 75
Fax : 04 78 70 81 85
[email protected]
http://www.cmtra.org
77, rue Magenta
69100 Villeurbanne
Lettre d’Informations n°65
avril/mai/juin 2007
Je m’abonne à
Musiquestraditionnelles RhôneAlpes et j’adhère au CMTRA
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ci-joint un chèque bancaire de 15 €
(adhésion associative : 45 €)
à l’ordre du CMTRA.
CMTRA
77, rue Magenta
69 100 Villeurbanne
Tél. : 04 78 70 81 75
fax : 04 78 70 81 85
[email protected]
www.cmtra.org
Robert CARO
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
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Glik,musiquearc-en-ciel
Nouvel album
Klezmer Fun Brunen Aroys
Nous on a un répertoire arc-en-ciel !
A l'occasion de la sortie de
son nouvel album « Klezmer
Fun Brunen Aroys »
(Klezmer* sorti du puits ) ,
le groupe Glik puise son
inspiration chez Isaac Leib
Peretz, auteur de théâtre
juif de langue Yiddish.
Ainsi, les musiciens de Glik
explorent diverses couleurs,
celles de la Roumanie,
l'Ukraine, l'Amérique.
Entretien avec David
Brossier (violon, accordéon)
et Pierre-Alexis Lavergne
(mandoline, trombone,
percussions, danse)
CMTRA : Peux-tu parler du badkhn*
d'I. L. Peretz et dire aussi pourquoi
il a inspiré Glik ?
Pierre-Alexis Lavergne : On a
d'abord cherché des idées de répertoire, des axes de travail puis on avait
envie de trouver un liant, pour donner
une structure, une forme à l'album.
David Lefèbvre (chanteur, bouzoukiste et cymbaliste du groupe) dans ses
recherches, a lu « La nuit sur le vieux
marché » de Peretz où l'on retrouve le
personnage du badkhn, l'animateur de
mariages. Ce dernier décide de bousculer l'ordre établi en provoquant l'arrivée, tant attendue, du messie. Pour
cette occasion, il invite sur la place du
marché toutes les figures disparues du
shtetl*. Les klezmorim* sortent
couvert d'algues du puit où ils étaient
tombés après une noce bien arrosée.
Qu'est ce qui, dans les répertoires
d'Ukraine, de Roumanie et d'Amérique vous a particulièrement
attirés ?
P-A. L : Ce n'est pas tant le répertoire
mais surtout la manière de l'interpréter,
de l'arranger que nous empruntons à
ces régions. Ce choix est motivé en
partie par les possibilités de l'instrumentarium dont nous disposons. Selon
les mélodies et les sources auquelles
nous nous référons, nous optons alors
pour un accompagnement façon roumaine, américaine ou jamaïcaine s'il le
faut... Nous possèdons également des
enregistrements d'ensembles juifs
polonais ou russes. Mais ces
orchestres, marqués par la musique
militaire, de par l'engagement de musiciens juifs dans l'armée, comptent plus
d'une dizaine d'instrumentistes et font
la part belle aux vents et cuivres : 2 ou
3 violons, flûte piccolo, 2 cornets, clarinettes, tuba, trombone, contrebasse,
tambour... Ils nous est donc plus difficile d'aborder ces sources.
David Brossier : On a travaillé sur les
répertoires qui avaient un peu cette
ambiguité entre la zone géographique
et la communauté juive. On a même
une chanson roumaine qui est un peu
limite (rires).
C'est un peu surprenant, à partir d'un
enregistrement qui s'appelle Oriental
Hora (la ronde orientale) de Solinski,
un violoniste juif du tout début du
20ème siècle. C'est une chanson très
connue en Roumanie et on retrouve
cette mélodie avec un autre rythme
dans un genre de musique roumaine
qui s'appelle « Muzica Làutàreascà »
qui est du sud de la Roumanie. Quand
on écoute la version juive c'est clairement juif, et la version roumaine est
clairement roumaine. On s'est dit qu'on
allait brouiller les pistes, on est un
groupe de Klezmer et on prend la version roumaine ! (rires)
Il y a longtemps eu un rejet de la
part de la communauté juive quant
au klezmer (le musicien juif)?
P-A. L : J'ai l'impression que c'est une
marginalisation séculaire. En relisant
les notes de Zev Feldman sur cette
question, nous découvrons les vieux apriori négatifs véhiculés au sein de la
communauté juive sur le compte du
klezmer. Le premier c'était qu'il a le
sens des affaires. C'est amusant de
constater que cela puisse être un
défaut. Il est bagarreur, porté sur la
boisson, irresponsable et franc séducteur. Eh oui ! Et pour toutes ces raisons
on l'appelle tsigane ! (rires)
On a besoin d'eux parce qu'il faut bien
danser pour vivre et qu'ils n'ont pas
leur pareil pour nous faire danser, mais
l'on ne marrierait pas nos filles avec
eux...
Le fait que les institutions juives se
servent du Klezmer comme icône
identitaire est assez récent.
tante... En revanche les klezmorim, à
l'est de l'Elbe, bénéficiaient du soutien
d'une large communauté.
D.B : Il y a toute une réflexion au sein
de Glik pour savoir comment on peut
voir la musique Klezmer de nos jours.
En fait, la musique a été reprise, il n'y
a pas longtemps, elle avait arrêté
d'évoluer depuis les années 1960. Parfois, on essaie d'imaginer ce que serait
la musique Klezmer en étant resté en
Roumanie. On a deux ou trois morceaux qui reflètent un peu ce côté là,
influencé par la musique urbaine traditionnelle et moderne de Roumanie
(Muzica Làutàreascà). Mais on essaie
de préserver un côté un peu ancien. On
va s'attacher à des enregistrements des
années 1910 en essayant de reproduire
ce son là, ce grain là, avec trois
accords. A la limite, on va reproduire
les pains de contrebasse ...
Les klezmorim animaient aussi les
fêtes d'autres communautés
religieuses, non ?
D.B : Je pense qu'il y a beaucoup de
correspondances entre les musiciens
juifs, tsiganes, roumains, je pense que
c'est pareil en Ukraine. Leur boulot
c'est d'être musicien, par conséquent il
faut qu'ils s'adaptent à ce qu'on leur
demande de faire et donc aux communautés qui les demandent. En Roumanie, à l'heure actuelle, ceux qui font le
plus de musique pour les mariages
sont les tsiganes. Autant pour la communauté tsigane, que roumaine ou
hongroise (quand ils sont en Transylvanie). Ils adaptent leurs répertoires
selon les communautés et les
demandes.
J'ai rencontré un vieux musicien tsigane qui jouait pour toutes les noces
juives parce qu'après la deuxième
guerre mondiale, il n'y avait plus de
musiciens juifs. Le seul qui connaissait
la musique juive c'était un tsigane,
manque de pot. Les juifs étaient un peu
réticents mais ils n'avaient pas le
choix. Je pense que c'était pareil pour
les Klezmorim de l'époque, être
demandé par les roumains d'à côté
pour son savoir faire.
P-A. L : A la fin du Moyen Âge en
Autriche, Allemagne et Bohème l'instrumentaliste juif professionnel c'était
le « Spielleute ». Il jouait principalement pour les chrétiens, faute de communauté juive suffisement impor-
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
Que nous réserve l'avenir ?
D.B : Nous travaillons actuellement à
l'élaboration d'un spectacle. Autant on
a un répertoire « multifacial, » autant
on a une façon « mutlifaciale » de voir
notre prestation. On travaille le côté
scénique de la chose. On apporte chacun des éléments pour faire des numéros. On prévoit des pirouettes, des jongleries. On ne sait pas encore trop,
mais on y réfléchit.
P-A. L : Entre autres réflexions scéniques, nous nous demandons comment rendre accessible le sens des
chansons et textes en yiddish dans une
ambiance un peu absurde qui nous
corresponde. Nous souhaitons également valoriser les potentiels extramusicaux présents dans l'effectif. Sylvestre, à la contrebasse, est également
comédien et peut, à ce titre, se permettre quelques transgressions musicales et nous plonger dans la culture
yiddish. Pour ma part, j'ai eu l'occasion
d'apprendre les danses klezmer auprès
de Zev Feldman et Mickael Alpert et
nous souhaiterions inclure à nos prestations un moment de danse.
Propos recueillis par E.G
Concerts :
18 mars à Appart
théâtre, St Etienne (42)
21 avril à Saint Pal de
Mont (42)
1er juin au festival de
l'Est en fête, St Victor sur
Loire (42)
2 juin à Dîners Jazz,
Juan les Pins (06)
3 juin à Nice
30 juin au festival
musique
Glossaire :
et
Carmaux (81)
Badkhn : poète traditionnellement associé aux
musiciens lors des mariages juifs pour animer avec
CD en vente à la
emphase et humour la partie rituelle.
Shtetl : Mot Yiddish désignant un village juif.
Boutique du CMTRA
Klezmer (pl. Klezmorim) : Musicien juif.
Pourim : Celle des fêtes juives qui donne lieu aux
manifestations les plus exhubérantes et pendant
Contact :
laquelle on se déguise.
www.glik.fr
[email protected]
Diffusion :
06 64 89 03 04
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danse,
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Artistes
LesSylvaines
Entretien avec Catherine
Faure
CMTRA : Votre dernier album est
sorti en 2002, quelle a été votre
activité depuis ?
Catherine Faure : La sortie de "Dans
mon jardin" a été marquée par le
départ inattendu d'une des Sylvaines,
ce qui a eu pour effet d'arrêter notre
activité. Puis en juin 2003, le contact
d'une maison de disque intéressée par
notre projet musical, L'Empreinte
Digitale à Marseille, nous a donné
envie de repartir. Janick Gilloz et moi
avons donc recherché une "nouvelle"
Sylvaine, qui est arrivée en la personne
de Raquel Ancion, violoncelliste.
Nous avons alors remonté un répertoire, mélange d'anciens et nouveaux
titres, et qui a été présenté en avril
2004 à Thou bout d'Chant (Lyon).
L'année qui a suivi a été marquée par
une création à l'Espace Louise Labbé
de St Symphorien d'Ozon, où nous
avons été accueillies en résidence, ce
qui nous a permis d'être mises en scène
par Brigitte Carle, en lumière par
Nicolas Charpail, et en son par Olivier
Sebillotte. Les Sylvaines ont obtenu le
prix du Festival des Oreilles en Pointe
(région stéphanoise) en novembre
2004, et le prix Musicopole des
auteurs au Tremplin de l'Isère en mars
2005. Nous avons alors eu envie de
réaliser un nouvel album avec ce
répertoire, et puis Raquel ne jouait pas
sur le premier CD, ce qui chagrinait les
spectateurs à la fin des concerts!
Comment avez vous travaillé sur
cet album ?
La plupart des titres ont été tournés sur
scène avant d'être enregistrés, et
quelque autres sont tout neufs, comme
par exemple Polska Son qui nous a été
écrite par Jean-Pierre Sarzier, ou Gambalotte le dernier instrumental des Sylvaines, composé par Janick et Raquel.
Nous avons enregistré au studio L'Art
Scène de Bourgoin car il dispose de
trois cabines nous permettant de jouer
ensemble et d'avoir les voix séparées
pour les mixs et les petites retouches.
C'est Pascal Cacouault, qui nous suit
depuis longtemps, qui a enregistré et
mixé cet album. On peut parler aussi
du livret qui contiendra une série de
photos noir et blanc, très beau travail
réalisé par Odette Ancion, et mis en
page par Thierry Sebillotte.
De quoi est composé votre répertoire sur cet album ? (compositions, reprises traditionnelles...)
Quelles sont les principales évolutions ?
Il y a essentiellement des compositions, et deux chansons traditionnelles.
Nous avons des chansons à trois voix
à capela, ou des chansons que nous
accompagnons nous-mêmes, puisque
Janick joue des clarinettes, congas et
autres percussions, Raquel du violoncelle, et moi de l'accordéon. Il y a aussi
des titres uniquement instrumentaux.
Les deux tiers des textes et musiques
sont des compos personnelles, plusieurs musiques sont de Janick et
Raquel, et si Vincent Cros nous a
offert un texte, Stéphane Milleret et
Jean-Pierre Sarzier nous ont écrit deux
musiques. On peut dire que nous
sommes encore plus dans la chanson
qu'avant.
Quelles sont les principales
influences du groupe ?
Je ne sais pas si on peut parler d'influences, mais en tous cas on aime
bien écouter, pêle-mêle: Claude Nougaro, André Minvielle, Les RoulezFillettes, San Severino, Renaud Garcia-Fons et Jean-Louis Matinier, Clarika, Camille, Manu Chao, M, Eddy
Mitchell, Souchon, Sting, Clapton, et
puis aussi la musique baroque, classique, Stravinsky, Debussy, et autres
aventures bien plus contemporaines,
John Cage, Steve Reich... De là à dire
qu’on retrouve tout ça dans Les Syl-
Giboulée
vaines, il y a un pas que je ne franchirai pas! Nous sommes dans la chanson, avec parfois quelques réminiscences de notre culture musique classique voire contemporaine, ça marque
ces choses là... Tiens, citons Michel
Kemper: “La veine des Sylvaines :
c’est une chanson à la main verte et
au corsage généreux qui va se nicher
en grande innocence entre folk et
baroque” (Le Progrès - nov 2004)
Une série de concert est prévue
pour le lancement de l'album ?
Une année consacrée à mon fils m'a un
peu éloignée des circuits de programmation déjà durs à atteindre, et comme
nous n'avons pour l'instant personne
pour le démarchage, cela fait que nous
n'avons pas encore fixé les dates de la
tournée internationale. La sortie officielle se fera très certainement à la rentrée cet automne, peut-être à Tout Bout
d’Chant, même si d'ici là nous aurons
des réponses plus concrètes pour des
festivals cet été. Quant aux souscripteurs, il recevront le CD dès qu’il aura
été pressé. Avis à ceux qui n'ont pas
encore souscrit!
Propos recueillis par C.E
Kordévan
Nathalie Berbaum :
violon, petites percussions
Les Sylvaines font partie de la Cie
Azalée à qui vous pouvez donc faire
parvenir vos souscriptions (17 ¤)
Cie Azalée
20, montée de la Rochette
38480 Le Pont de Beauvoisin
Contact :
Catherine Faure 06 11 14 63 18,
[email protected]
La Cie Azalée présente aussi
“Bourgeon”, un spectacle pour les
tout petits (3 mois à 5 ans) qui
évoque les sons et les matières
quand on est dans le ventre de sa
maman / une lecture de textes de
Christian Bobin “L’équilibriste et
autres textes”, avec chant et
accordéon / “Soie et mémoire de
soi” projet Culture à l’hôpital avec
les maisons de retraite de Tullins et
de Rives.
« Une idée de bleu »
Marie Mazille :
clarinettes, violon
Pierre Marinet : alto
Patrick Reboud :
accordéon, accordina
Claude Schirrer :
guitare, basse
Musiciens invités :
Maxime Bouchet
(contrebasse),
Philippe Delzant
(hautbois, cornemuse)
Scénographie :
Catherine Bechetoille
Mise en espace :
Philippe Pujol
Diffusion et traite-
Kordevan à l’occasion de
la sortie de leur album
« Une idée de bleu ».
ment sonore :
Pascal Cacouault
Dates à venir :
14 mars 2007
Clôture des Rencontres I
Concert à l’Hexagone en
acoustique
12 mai 2007
« Plein chant » : Gérard
Pierron, DJAL, Kordévan
et invités (création
2006)
Dans le cadre du Festival Barbara
Murielle Geoffroy : Parlez-nous de
l’histoire de Kordevan, de son
projet artistique et de ce nouvel
album.
Nathalie Berbaum : Le groupe a été
créé en 1996. « Une idée de bleu » est
le deuxième album que nous produisons.
A la création du groupe, on reprenait
des morceaux de musiques traditionnelles, on avait beaucoup d’admiration
pour des groupes comme « Dédale »,
« Obsession », « Aquartet », groupes
phares des « Musiques traditionnelles
de demain », du collectif Mustradem.
Des groupes comme « Dédale » ont
vraiment fait tomber les frontières
dans la façon de revisiter ces musiques
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
en y incorporant de l’improvisation,
une écriture contemporaine et en composant aujourd’hui des musiques sur
des formes traditionnelles. Nous nous
sommes inscrits dans ce sillage. On
puisait dans le répertoire traditionnel,
français surtout, Auvergne, Bretagne,
celte mais aussi arabo-andalou, yiddish etc.
Marie Mazille : on aurait pu faire du
bal, mais on s’est rendu compte qu’on
n’avait pas cette culture et pour être en
accord avec notre fantaisie (liberté
avec le rythme, avec la structure des
morceaux…), on a pris l’option
concert. Nos premières compositions
plaisaient alors on a continué dans
cette voie là. Dans les deux derniers
disques il n’y a que des compositions
de Claude Schirrer et de moi-même.
Les morceaux sont ensuite arrangés
collectivement, chacun compose sa
voix en fonction de son instrument.
N.B : Le répertoire d’une façon géné-
page 4
rale est très écrit, très arrangé, mais il
y a de l’improvisation dans quasiment
tous les morceaux.
Le deuxième album a été réalisé lors
d’une résidence de création au théâtre
de poche (maintenant appelé théâtre
de création) à Grenoble. Depuis longtemps beaucoup s’accordent à dire que
notre musique ressemble à de la
musique de film, sans film… L’idée de
proposer de l’image mêlée à notre
musique s’est imposée.
Nous avons travaillé à partir de peintures réalisées par des personnes
autistes, dans le cadre d’ateliers d’art
thérapie. Après une sélection de
quelques-unes, choix difficile en raison de leur grande qualité expressive,
nous les avons photographiées, puis
ces photos ont été animées avec talent
par le vidéaste Xavier Rivet. Nous
voulions des images abstraites, qui
laissent l’espace au public pour
construire son propre voyage au
milieu de tout ça. Je crois que le pari a
été réussi.
M.M : Ce qui caractérise aussi « Une
idée de bleu », c’est qu’il a vraiment
été fait dans un esprit électroacoustique : nous utilisons des pistes additionnelles, lancées en direct pendant le
spectacle. C’était le désir du groupe,
une étape dans notre travail. Ce fut
vraiment un travail d’équipe où l’on
quittait la simple notion de concert
pour atteindre une véritable dimension
de spectacle, grâce entre autre au travail de Catherine Bechetoille, Philippe
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
Pujol et Pascal Cacouault.
N.B : Le sujet de notre prochaine création : des morceaux choisis des « Poésies de A.O. Barnabooth » de Valéry
Larbaud, poète et auteur de la fin du
19ème, originaire de Vichy. Grand
bourgeois richissime, il a fait connaître
des auteurs en marge à son époque
(Gaston Couté, St John Perse, James
Joyce, Walt Whitman, Léon-Paul
Fargue, Louis Chadourne, Samuel
Butler…), traduit en français des
poètes étrangers, ce qui montre son
érudition. Ce sera un spectacle de
chanson avec la complicité de Gérard
Pierron. Et comme pour toute création,
nous sommes évidemment à la
recherche de financements pour mener
à bien ce projet qui nous tient à coeur.
Est-ce qu’aujourd’hui vous avez
encore un lien avec les musiques
traditionnelles ? De nouvelles rencontres ? De nouvelles découvertes
qui s’ouvrent pour l’avenir ?
Patrick Reboud : Pour moi on vit
cette aspiration et nos racines traditionnelles de la façon la plus ouverte
possible. Dans un monde en demande
de classification, notre musique inclassable pose problème. Conserver cette
appartenance à des racines traditionnelles,
c’est ce qui nous correspond le plus.
Accompagner un chanteur comme on
l’a fait dans la création « Plein chant »
avec DJAL et Gérard Pierron, est-ce
que ça ne relève pas d’une certaine
forme de tradition ? Christophe Sac-
chettini dit qu’« on cherche à faire une
musique traditionnelle décomplexée »,
moi j’aime bien cette idée. Je pense
que dans Kordévan on ne renonce pas
à ces racines même si on ne fait pas
une musique traditionnelle dans le
sens folklorique du terme. On garde
la racine quitte à l’ouvrir à l’improvisation, au jazz, à l’écriture classique ou
contemporaine et même à l’électroacoustique.
M.M : J’ai pour ma part une culture
très classique à la base et quand j’ai
découvert les groupes rhône-alpins qui
étaient dans une mouvance d’invention tout en étant dans les musiques
traditionnelles, ça m’a donné envie
d’aller à la découverte, de voir les
choses autrement. Mes voyages
(Maroc, Burkina Faso, Tchécoslovaquie …), mes lectures, mes rencontres
changent mes rapports à la musique au
fil des ans.
Quelque soient les problématiques de
temps, de finances, et d’un métier qui
est de plus en plus difficile, je sais que
j’aurai toujours autant de plaisir à
découvrir de nouvelles choses.
Et dans le projet « Valéry Larbaud », il
y aura une petite trace de tout ça, de
notre vécu, de nos rencontres… qui
transparaîtra.
Propos recueillis par Murielle Geoffroy
Contact
[email protected] - 06 77 06 69 61
www.kordevan.com
lettre 65
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L’ONCLE
Artistes
Cornemuses déambulatoires tous terrains
Rencontre avec Stéphane
Méjean, artiste-arrangeur
dans l’Orchestre National
de Cornemuses et Lyon et
Environs. Il nous présente
le projet de cette formation
d’amateurs qui font sonner
et résonner la cornemuse
du Centre, de places en
places…
CMTRA : Racontes-nous l’histoire
de ce drôle d’ONCLE ?
S.M : L’ONCLE, Orchestre National
de Cornemuses de Lyon et Environs,
c’est un ensemble constitué d’une
dizaine de joueurs de cornemuses, instruments qui proviennent du Centre
France, entre Berry et Bourbonnais.
A l’origine du projet, c’est Jean Blanchard qui, il y a une dizaine d’années,
a réuni des amateurs passionnés de cet
instrument. Depuis, l’ONCLE a pris
l’habitude de s’entourer d’un ou deux
professionnels. De mon côté, j’y interviens donc dans ce cadre et mon travail consiste à écrire des compositions
et des arrangements, à accompagner le
groupe dans la mise en place du répertoire. Il arrive également parfois que
l’on élargisse à d’autres professionnels, notamment Pierre-Vincent Fortunier (Toad, …). Et puis, l’ONCLE se
produit dans une seconde formule
artistique avec le Syndrome de l’Ardèche (cf. page…), groupe fameux
réunissant des musiciens professionnels.
Et alors, quels sont les répertoires
que les musiciens de l’ONCLE
divulguent à tout va sur la place
publique ?
En cohérence avec l’instrument principal utilisé, on joue essentiellement
des mélodies traditionnelles issues du
Centre France, des bourrées d’Auvergne par exemple et des morceaux
folk des années soixante-dix. On joue
également des morceaux que j’ai composés spécialement pour l’ensemble
ou des arrangements particuliers de
musiques « rhônalpines » telles que
des bourrées d’Ardèche, des mélodies
des Cévennes, une farandole du Vivarais,... On s’adonne également avec
joie à la reprise de quelques titres bien
connus dans le milieu trad’ et notamment « Dans les yeux de Marie » « Je
m’en vais à Bourges » composés par
Jean Blanchard ou le Papillon. Le
répertoire est donc finalement assez
hétéroclite !
Côté arrangements, mon travail
consiste à faire fonctionner le répertoire pour deux types de cornemuses :
la seize et la vingt-trois pouces, en Sol
et en Do donc, combinaison qui fonctionne le mieux dans l’ONCLE. On
s’efforce également d’aménager le
répertoire de façon à ce qu’il fonctionne également lorsque l’on joue
avec les musiciens du Syndrome.
Entretien avec Rémo pour
de la sortie de son album
solo « Mon Meilleur Profil »
CMTRA : Comment le projet Rémo
est-il né ?
Rémo : Après avoir sillonné les routes
de France et quelques dates à l'étranger avec Kaslane (plus de 200
concerts), j'ai donc décidé en janvier
2006 de monter un nouveau projet
sous mon prénom. J'avais envie de travailler sur un projet solo depuis très
longtemps, mais sans réellement en
trouver le courage ! J'ai donc choisi
de "passer le gué" en optant pour une
formule intermédiaire, sous mon prénom, mais en trio !
Comment avez-vous travaillé l'enregistrement de cet album ?
Là encore, j'ai choisi de travailler tout
seul. J'ai proposé des démos presque
Les musiciens qui vous suivent
dans tous vos concerts ont également participé à l’album ?
Après avoir donné les démos aux
musiciens, les titres "vivent" sur
Pas de confusion avec nos amis de
la grande cornemuse écossaise et à
leurs fameux kilts ?
Bien sûr, la question nous est souvent
posée : « Ha, vous n’avez pas de
kilts ? » … Nous, notre kilt, c’est la
queue de pie ! C’est tant mieux si les
gens découvrent qu’il y a aussi des
cornemuses en France ! Comme dans
bien des pays du monde d’ailleurs…
L’ONCLE est composé
de V.Di Napoli,
B.Petit, B.Riou,
F.Grand-Jacquet,
JM .Vernier,
M.Cascaro, P.Curt,
P.Goergler, R.Jeanin,
S.Tocquec,
PV.Fortunier,
Propos recueillis par JS.E
Y.Fauriat, L.Jothie,
S.Méjean.
Contacts :
ONCLE
Orchestre National de Cornemuses de Lyon et Environs
CD
Syndrôme de l’Ardèche
Pierre Goergler : 04 72 31 62 56
Stéphane Méjean : 04 75 07 00 76
en vente à la boutique
[email protected]
du CMTRA
www.oncle.org
Sur cette rencontre entre amateurs
et professionnels, comment cela
se passe-t-il ?
Très bien ! Certains amateurs préfèrent d’ailleurs bien souvent ne jouer
que dans la formule avec le Syndrome.
Lorsque les deux groupes sont réunis,
l’assise du Syndrome permet aux amateurs d’entendre l’harmonie, d’être
soutenu par une section rythmique, …
Du coup, cela créé une certaine stimulation qui emmène vraiment les
amateurs vers une musique un peu
plus aboutie même si le projet de
l’ONCLE, sans le Syndrome, tient
complètement son assistance !
Justement, comment le public
réagit ?
Le mieux du monde ! L’ONCLE se
produit pour tous types d’occasions,
Rémo
abouties de mes chansons à mes collègues guitariste et bassiste, ils ont mis
leur touche, en fait j'attends d'eux
qu'ils s'approprient les morceaux, chacun avec son expérience et sa culture.
Nous avons ensuite rôdé ces titres en
concert, et les avons enregistrés en
septembre-octobre directement chez
moi car j'ai installé un petit "home-studio" et nous sommes passés chacun
notre tour à la moulinette ! Mixage,
création graphique, recherche de subventions, puis recherche d'usine de
pressage, et en janvier 2007 nous
avions la galette. C'est pratiquement
du producteur au consommateur. Dans
tout cela le plus dur est pour moi d'endosser tour à tour toutes les casquettes,
auteur, compositeur, musicien, chanteur, producteur, "ingénieur" du son
studio, tourneur, manager... mais c'est
aussi ce qui me passionne, d'être à
toutes les étapes de la fabrication.
de la scène à la place du marché, du
mariage au comice agricole… ! L’aspect déambulatoire du projet apporte
une réelle proximité avec le public,
en général teintée d’une bonne dose de
convivialité. On joue avec et au milieu
du public et lorsqu’on est sur le marché, on se rend compte que le public
qui écoute n’est pas constitué d’habitués des salles de spectacles ou des
centres culturels, notamment les populations âgées qui écoutent parfois l’ensemble avec un certain « émerveillement. »
L’ONCLE jouera à la fête de l’Iris à
Oullins le 13 mai à 15h au parc Chabrière, puis le 21 juin avec le Syndrome aux Invites de Villeurbanne. Ce
type d’évènement, axé sur la notion de
fête et de rencontre, correspond étroitement à l’esprit et l’idée de cet
orchestre.
Entre bal folk et chanson rock
scène, et nous les améliorons
ensemble. Quelquefois, un titre sonne
bien en studio, mais sonne différemment sur scène, il faut parfois réajuster
le tir (changement de tempo, tessiture...) et inversement de la scène au
studio. Le résultat est donc plus ou
moins un travail collectif, certains
titres qui sonnent les plus "remplis et
complets" nous les avons bien souvent
enregistrés à deux, Manou et moi.
Vous utilisez de nombreux instruments (cornemuse, mandole, flûte,
accordéon, mandoline, guitare,
basse...) auxquels vous venez de
rajouter un sampleur. Pourquoi ce
choix ?
J'ai, dès le départ de cette aventure
"solo", imposé une configuration de
scène minimale (seulement deux
musiciens sur scène avec moi, Philippe aux guitares et choeurs, et
Manou à la basse et choeurs). J'ai aussi
voulu intégrer de nouveaux instruments (accordéon), des nouvelles
machines et technologies (sampler,
boîte à rythme, programmation...).
J'aime bien l'idée de mélanger des
choses qui ne vont pas forcément
ensemble (machines électroniques +
instruments traditionnels). Je pense
dans l'avenir rajouter d'autres instruments (vielle à roue notamment) et
développer plus l'apport de la musique
électronique et des machines. Concernant le nombre d'instruments dont je
me sert, je préfère utiliser le "vrai" instrument plutôt que, paradoxalement,
utiliser une machine qui en reproduirait le son joué par quelqu'un d'autre.
Pour la scène, l’idée d’utiliser un sampler s'est vite imposée car il me permet
soit de m'enregistrer en live, soit de
lancer des samples que j'ai enregistrer
au préalable, et donc démultiplier les
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
sonorités et les possibilités. Je sais, les
puristes diront : « c'est des machines
» d'un autre côté, je n'ai pas envie de
tomber dans la traditionnelle formation "bâteau" guitare+basse+batterie
d'inspiration musiques traditionnelles
comme le faisait très bien les Pogues,
les Garçons Bouchers ou la Mano
Négra il y a vingt ans. Ça à déjà été fait
et très bien fait !
Vos influences sont multiples, ne
pouvez-vous pas vous empêcher
d’explorer de nouveaux univers
musicaux ?
Là encore j'aime explorer de nouveaux
horizons, comme dans les instruments, les machines... je n'ai pas
d'apriori concernant tel ou tel style
musical, origine, instruments... Nous
avons d'ailleurs dans notre répertoire
un vieux reel Irlandais avec un rythmique reggae derrière ! La démarche
amènera peut-être les Rastas à s'ouvrir
à la musique irlandaise et inversement !
Je n'ai aucune frontière et je fonctionne
entièrement au coup de coeur.
Contacts :
REMO c/o Herbert
ROSSI
le bourg
42740-DOIZIEUX
Tél : 04 77 20 94 46
Port : 06 83 51 94 05
E-mail :
[email protected]
Web :
Propos recueillis par C.E.
page 5
http://remo.le.site.free.fr
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
lettre 65
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Page 6
Artistes
BebeyPrinceBissengo
Sur MySpace,
à écouter et à regarder
http://www.myspace.
com/bebeyprince
L’album Popsongo
Album disponible à la
vente au 6ème
Continent, Lyon
(7ème)
Bebey Prince Bissongo :
guitare, sanza, voix
Guillaume Antonicelli :
basse
Guillaume Lavergne :
claviers - voix
Renaud Burdin :
batterie, percussions voix
Thierry Beaucoup :
saxophone soprano,
ténor - voix
François Rigaldiès :
saxophone alto - voix
Ibrahim Kiénou :
percussions - voix
Contact :
Agence DelaLune
24 rue St Laurent 38000 Grenoble
Tél. 04 76 03 11 11
E-mail :
[email protected]
Entretien avec Bebey
Prince Bissengo à
l’occasion de la sortie de
son album Popsongo
CMTRA : Bebey bonjour, d’où
venez-vous ?
Je suis issu d'une famille de musiciens,
avec un père chanteur guitariste auteur
compositeur (Empereur Bissongo) qui
a marqué sa génération dans les années
70 et il continue d'être actif et productif. En plus de ce facteur, l'environnement de mon enfance était totalement
musical. J'ai grandi entre la fanfare
militaire, l'orchestre de mon père et les
sons des balafons, baras qui flirtaient
avec le vent la nuit tombée, provenant
de Bolomakoté (quartier mythique de
Bobo- Dioulasso pour ses percussions
et balafons). Un environnement favorable qui m'a fortement inspiré et forgé.
Lorsque je suis arrivé à Lyon, un de
mes objectifs était de faire découvrir
une autre facette de la musique de mon
pays, bien connu pour ses percussions,
ses balafons mais pas assez par la
musique moderne. Mais, j'ai toujours
aimé joué, faire des rencontres, partager des scènes, donc c'était nécessaire
de monter ce projet lyonnais. J'ai laissé
guider mon intuition pour réunir
autour de moi, des jeunes motivés, qui
ont vraiment envie de jouer, de découvrir, de réussir dans ce qu'ils font, de
partager des bons moments. Ce n'est
pas toujours évident de bien jouer ou
interpréter la musique de l'autre qu'on
ne connaît pas bien, mais ils se sont
accrochés. Et à force de bosser on fini
par la comprendre.
Comment est né votre projet artistique à Lyon ?
Au départ, pour que je commence il
me fallait trouver un bon percussionniste qui soit batteur, car ma musique
est rigoureuse sur le plan rythmique.
Guillaume Lavergne "Gritt" que j'ai
rencontré le premier qui est également
le clavier des Bawa m'a présenté Reno
Burdin (percussionniste- batteur)
Guillaume Antonicelli (basse) et Tristan Icor (cuivre). On a commencé à
bosser et depuis il y a eu Thierry
Beaucoup, François Rigaldiès
(cuivres) et Brahima Kiénou qui est un
frère burkinabé percussionniste danseur, résidant lui aussi à Lyon. Ce projet musical est une forme de contribution à la diversité culturelle à Lyon et
en France.
Ma musique est fortement inspirée des
rythmes traditionnels du Faso. De mon
père je ressens les fibres mossis, de ma
mère les cordes gourmantchés et de
Bobo- Dioulasso où je suis né, je tire
les influences bambaras. C'est donc
naturellement, que je chante dans ces
trois langues qui sont différentes
jusque dans la musique. En plus de
celà, je suis attiré par la musique des
autres ethnies comme les peulh, ou les
Bissas...
Dans la création, j'aime bien moderniser les anciens morceaux du patrimoine traditionnel, qui ne sont pas du
tout ou peu exploités par les musiciens
du pays. La calebasse, la sanza, le bendré, les tchèma (cloches mossi) le
lounga et le djembé sont les percussions qui interviennent dans ma
musique auprès des instruments
modernes.
Votre album Popsongo est sorti il y
a peu…
L'album Pogsongo a été enregistré à
Bruxelles en 2001 et il est le fruit d'une
belle amitié entre Jean Pierre Catoul
excellent violoniste disparu tragiquement à la fin de l'enregistrement, de
Marc Tasset un super ami bruxellois,
et moi-même. Tout a commencé
lorsque j'ai reçu un prix de la communauté française de belgique au Burkina
pour aller faire un stage de perfectionnement à la guitare jazz. Très vite je
suis devenu prof aux côtés de jazzmen
connus tels Stéphane Galland, Jean
Louis Rassinfosse ou Bo Van der
Werf. Des amitiés sont nées et peu de
temps après j'entrais en studio avec ma
section rythmique africaine, Boris et
Alain et le violon, les cuivres occidentaux dirigés par Fabrice Alleman.
C'était un rêve qui s'accomplissait,
enregistrer ce que j'avais envie d'entendre. Malheureusement, ce rêve s'est
brisé avec la disparition de Jean Pierre
Catoul, j'ai dû attendre quelques
années pour avoir l'envie de poursuivre la route... J'ai ensuite ajouté
trois titres simplement joués, puis c'est
seulement en novembre 2006 que le
disque est enfin sorti .
Les différents genres retrouvés dans
l'album sont le fruit de mon métissage
et de ma culture musicale. En plus du
traditionnel qui m'a été donné naturellement, par mon père, j'ai écouté
beaucoup de genres musicaux, du
blues au hard rock en passant par le
jazz ou la chanson française... J'ai
interprété des guitaristes tels Jimi Hendrix, Knopfler ou Benson, écouté
Miles, songer sur Fela... Donc, il n'est
pas étonnant qu'on sente plusieurs
épices dans ma "sauce" !
Vous venez d’achever une résidence
dans le cadre du projet Bizarre,
que cela vous a-t-il apporté ?
Cette semaine de résidence à Erik
Satie, organisée par l'Association
Bizarre nous a fait un bien énorme.
C'est d'abord retrouver le confort d'une
salle équipée en sons et lumières
comme cadre de travaille. C'est excellent! Cela a permis de bosser sur les
imperfections, les choeurs, la scène
mais aussi travailler avec deux techniciens sons qui ont apporté leur
touche au travail d'équipe.
Pendant cette résidence il m'arrivait de
dire aux copains " Et si c'était comme
cela tous les jours nos conditions de
travail? " Il est clair que travailler dans
de bonnes conditions offre de bons
rendements. Nous espérons que ce
n'est pas la dernière et qu'il y en aura
d'autres. Pour ma carrière il est important d'être rigoureux dans le travail,
donc pouvoir répéter dans des bonnes
salles, des théâtres fait progresser sans
aucun doute. J’en profite pour dire
merci à l'Association Bizarre pour
cette initiative.
ASSOCIATION BIZARRE !
La Ville de Vénissieux a pour projet
d’ouvrir un lieu dédié aux musiques
actuelles et aux cultures populaires et
urbaines, à l’échelle de l’agglomération
lyonnaise. « Bizarre ! » sera un lieu pour
la diffusion et surtout l’aide à la
création des formes artistiques issues
des cultures urbaines et populaires.
Dans l’attente de l’ouverture du lieu,
une préfiguration est animée par
l’association Bizarre, qui a pour but de
soutenir la réalisation du projet et
organiser des résidences de créations,
des répétitions montées et des concerts.
Bizarre est une association
d’associations, un collectif d’une dizaine
acteurs musicaux sur l’agglomération
lyonnaise regroupant Arty-Farty
(musiques électroniques, festival Nuits
Sonores), Scen’ art 2 rue (musiques afro
latines), Infrasons (scratch, rap, électro),
I.R.P.A (formations aux métiers du
spectacles), La Tribu Hérisson (collectifs
d’artistes musiques improvisées, jazz),
L’Original (culture Hip-hop, festival),
Médiatone (musiques actuelles,
producteur, organisateur de concerts),
MJC « Le Cadran » (musiques actuelles,
studio d’enregistrement), Caravelle
(musiques actuelles, producteur,
tourneur), CMTRA (musiques
traditionnelles, musiques du monde) et
la ville de Vénissieux
Propos recueillis par J-S.E.
Salangane
Prochains concerts
:
20 avril, Studio Club
Lyon 4èmr
26 mai, parc de
Gerland, 1ère partie
de Tisours
Contact :
[email protected]
[email protected]
Stéphane Gaze
88b route de Vienne
Entretien avec Stéphane
Gaze, Diego Meymarian et
Gandalf Goudard du
groupe Salangane, à
l’occasion de la sortie de
leur premier album
« Bardzour ».
69008 Lyon
CMTRA : Salangane existe depuis
2002, comment a-t-il évolué ?
Stéphane Gaze : Musicalement on va
http://salanganemus toujours dans la même direction, on
ic.free.fr part des chants créoles et du tambour
pour mettre des couleurs très différentes autour de ça. Mais la formation
a un peu changé.
Diego Meymarian : Baptiste
Romano, le percussionniste, est plutôt d’influence afro-cubaine, et le
saxophoniste Gandalf Goudard vient
du jazz. Depuis il y a Hélène Tremblay
au balafon, Raphaël Philibert, au sax et
06 72 83 39 34
Site web :
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
aux percussions, qui est antillais, et
Stéphane Gaze aux percussions
réunionnaises et au chant. Un peu tout
le monde chante, il y a des chœurs.
Parlez nous de votre album,
« Bardzour », qui sort mi-avril.
DM : L’album comprend douze titres,
il y a une belle part aux percussions et
à la voix. Tout est en créole avec
quelques petits passages en français…
SG : Je suis assez content du CD. C’est
vraiment ce que j’avais envie de réaliser, c’est-à-dire, partir de quelque
chose de très traditionnel, le chant et le
tambour, et d’emmener le saxophone
à parler sur du texte, trouver comment
il doit se placer rythmiquement, trouver la note qui sonne le mieux… Au
violon, c’est la même chose, trouver
l’ambiance qui correspond au texte.
Mais on voulait aussi laisser une part
de liberté, parce que le maloya est
quelque chose de très libre, il y a souvent une relation très forte entre ins-
page 6
trument, chant et chœur. C’est vivant.
Gandalf Goudard : On avait un peu
d’appréhension parce qu’on ne savait
pas comment faire sonner cette
musique. Là où on est contents c’est
qu’on a pas mal réussi à sonoriser les
percussions traditionnelles avec la
voix, ce qui est très dur…
SG : Je pense que cet album est assez
surprenant. Pour un premier, c’était un
beau challenge. Ce qui m’a marqué
dans la rencontre au niveau des tambours, c’était quand je jouais quelque
chose de créole, Baptiste prenait une
tournure afro-cubaine et il suffisait
d’enlever une frappe là et ça sonnait
très africain. C’est ça qui me plait dans
le tambour, ce retour à l’Afrique…
Qui oserait contredire que l’Afrique
c’est la base !
Et vos projets pour la suite…
DM : Le projet : ça va être de jouer ce
disque et de le vendre sur scène, c’est
pas mal de boulot déjà…
SG : Maintenant il y a le label Aza-id,
donc il y a des gens qui commencent
à entourer le projet… D’ailleurs : on
cherche un tourneur ! On se structure
aussi, on essaye d’être plus carré, dans
l’association, dans la recherche de
dates… On se professionnalise. Sinon
on aimerait bien aller défendre ce pro-
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
jet à la Réunion, et si ça se passe bien
être diffusé là-bas. Ça, ça tient à cœur
à tout le monde. Je pense que ça va
surprendre, dans quel sens je sais pas,
mais on a rarement vu tout ces instruments-là autour du maloya.
DM : On est déjà en train d’avancer par
rapport à l’album : avec Raphaël Philibert, qui est arrivé après, il y a une
dimension en plus dans les percussions.
GG : Et un deuxième sax par moments.
Avec le saxo soprano il y a une section
plus cuivrée dans les morceaux. L’évolution de l’album a été un aboutissement de ce qu’on faisait depuis 4 ans.
On garde ce qu’on a fait, mais on le fait
évoluer avec quelqu’un d’autre et on va
présenter de nouveaux morceaux.
Ca n’a pas été compliqué pour
Raphaël d’intégrer le groupe après 4
ans ?
GG : Arriver maintenant, c’est moins
difficile que d’arriver il y a deux ou
trois ans. Il y a une maturité musicale
chez tout le monde, on sait mieux
comment construire les choses.
SG : Le truc qui marche bien c’est qu’il
est antillais, donc par rapport à moi qui
vient de la Réunion… Ce sont des
DOM, avec cette Afrique-là déportée
dans le tambour… Les chants créoles
réunionnais et antillais sont proches.
Maloya
DM : Faire l’album, ça nous a permis
de recentrer et de prendre un peu de
recul. L’arrivée de Raphaël nous permet de continuer à faire évoluer les
morceaux enregistrés sur le disque.
GG : On essaye de garder l’état d’esprit
de la musique traditionnelle : c’est pas
une musique écrite, c’est quelque
chose qu’on essaye de faire évoluer
ensemble.
Propos recueillis par C.C.
AZA-ID:
Le label indépendant Aza-i.d.
production a été créé en juin 2002 sur
les pentes de Croix-Rousse à Lyon. Les
principaux objectifs du label sont le
suivi du processus de réalisation de CDs,
de la production à la distribution, sans
oublier la communication pour les
groupes qu'il produit.
Sans discrimination en ce qui concerne
le style musical des artistes, Aza-i.d.
productions accueille les artistes en tout
genre, afin d'encourager une diffusion
plurielle des artistes de la région
lyonnaise et notamment Salangane.
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Nouveauxprojetsartistiques
Epouvantail
Jabú
Bar de l’escale
Une aventure musicale à l'initiative
de Hal Collomb.
Chansons de mers et chansons de
ports... enveloppées dans quelques
verres et quelques anecdotes...
... il faut dire que le gaillard et ses
compagnons ont promené leurs chansons à travers tellement d'endroits, de
pays, de ports de mer ou de terre, de
bistrots en bistrots, de tavernes en
tavernes, de planches en planches, qu'
ils savent toujours ouvrir leur livre de
chansons à la bonne page...une façon
de faire vivre des personnages et des
atmosphères hautes en couleurs, ou
tendrement suggérées... pour naviguer,
il faut regarder dans la bonne direction,même par un vent de force 8.
Et tout laisse à penser que ce n'est pas
fini...
L’équipage :
Hal Collomb – chant et gritar.
Patrick Mathis – accordéon diatonique, banjo, guitare, chant.
Jonathan Mathis – accordéon chromatique, ukulele, chant.
Les chansons : Traditionnelles métissées de chansons d'auteurs ou populaires,chansons des îles, de voyages,
d’aventures, atmosphères de comptoirs, chansons tendres, épicées, poétiques, mélodrames populaires et
chansons de marins, tranches de vie,
… Bref, chansons du bar de l’escale...
La forme : En concert, salle ou petits
lieux, dans l’esprit de la convivialité
d’un bistrot, et devant toute assemblée prête à se laisser séduire par des
chansons de poésie, d’humour, de truculence et d’aventures
Initialement prévu pour être joué
acoustique, mais peut être sonorisé
suivant la jauge de public
Une heure quinze de répertoire, en une
ou plusieurs parties.
Contacts :
Hal collomb
Compagnie de l'épouvantail - la cour 26300 - chatuzange (04 75 47 44 55)
www.epouvantail.net
[email protected]
Quand la chanteuse napolitaine Federica Cammarota, passionnée de
musique brésilienne, rencontre trois
musiciens lyonnais de tous horizons,
on obtient le mélange explosif baptisé
Jabú.
S'appuyant sur un répertoire de traditionnels brésiliens (répertoire du
choro, sambas de Cartola, Paulinho da
viola, Marisa Monte) et de compositions originales, Jabú obtient un son
unique par l'utilisation de l'électronique, le traitement du son en temps
réel, et des emprunts aux musiques
improvisées... dans cette rencontre
entre univers antagonistes, on ne peut
s'empêcher de penser aux travaux du
brasilo-new yorkais Arto Lindsay. Un
souffle nouveau dans les musiques
brésiliennes qui ne manquera pas de
vous séduire !
Membres du groupe
Federica Cammarota :
Chant, Compositions
Thibault Florent :
Guitare 7 cordes, Arrangements
Marion Zulke :
Clarinette, Clarinette basse
Jules Dagnaud : Electronique
sites web :
www.myspace.fr/CircoJabu
contact :
0661630744 (Thibault Florent)
[email protected]
Adresse postale:
Thibault Florent
8 avenue Salvador Allende
69100 Villeurbanne
démo disponible sur site web et en CD
sur demande
Karminn
Lézieu MiClo
Musiques Imaginaires d’Europe
Acoustic Duo
Peut-on parler d'une musique « traditionnelle » européenne, alors que l'origine même du nom d'Europe est eurasien ?
Michel Boudet : « notre duo est né en
juillet 2005, suite à ma rencontre avec
Clôde Seychal, accordéoniste et chanteuse . Je suis tombé amoureux … de
sa musique, de ses chansons et du son
de son accordéon, et rapidement s’est
mis en place le duo, qui présente
aujourd’hui un panel de morceaux
irlandais, collectés souvent sur des CD
d’autres instrumentistes (violoniste
Kevin Burke, flûtiste Emer Mayock,
accordéoniste Sharon Shannon …), ou
au cours de stages ou de sessions
mémorables avec des irlandais pure
souche (Gavin Ralston, Joana O’Conor, Niall Callanan, Peter Brown,
Shane Mc Gowan, Martin Donohoe
…) et surtout de compositions personnelles, mélange d’instrumentaux souvent à danser et de chansons énergiques ou plus intimes.
L’exercice du duo est passionnant
parce qu’il oblige à innover pour les
arrangements, les alternances mélodie/accompagnement, les variations
rythmiques, les changements de couleurs, de tempéraments des morceaux,
sur nos deux instruments principaux,
la guitare et l’accordéon.
C’est plutôt Clôde qui écrit les textes
et chante et nous composons tous les
deux la musique que nous voulons
pétillante et intimiste à la fois, au service de chansons juste un soupçon
impertinentes ou drôles.
Notre projet est de faire un album
complet en 2008, avec non seulement
ma guitare et l’accordéon de Clôde,
mais aussi sa sanza, mon banjo et mon
bouzouki.
C’est à la recherche de cette identité
métissée, KARMINN se propose d'aller au-delà même des frontières du
vieux continent : le but du trio n'est pas
de procéder à un travail d'inventaire ni
à une restitution fidèle des différents
patrimoines musicaux européens.
Ce projet est né de l'envie d'apprivoiser ces musiques traditionnelles, de les
ressentir au plus profond de soi et d’en
saisir l’universalité.
Allier la mystique des légendes scandinaves et l'univers onirique irlandais
à la sensualité du monde ibérique, à
l'âme émotive des peuples slaves ou
aux rythmes endiablés des Balkans...
C'est un peu comme se faire rencontrer
une Bulgare, un Espagnol et un Corse.
Piano, violon, voix, bruitages électro
et percussions se sont alliés pour créer
un univers musical singulier, ponctué
d'improvisations et d'éclats de voix,
sur un fond fascinant de sonorités ethniques... Le répertoire sous influences
slave, celtique, tzigane, arabo-andalouse, scandinave, méditerranéenne...
est défendu par une démarche griffée
et créative visant à reconstituer pour le
spectateur/auditeur une musique traditionnelle imaginaire.
Une musique dans les tons KARMINN.
Conjunto Jacaré
Milena Jeliazkova, voix, tambourin
Tony Canton, violons samples, bodhran
Jean-Pierre Caporossi, piano, claviers,
machines, percussions
Contact scène : Clôde Seychal,
[email protected] / 06 84 23 46 82
(démo 4 titres disponible)
Contact :
Web : http://tonyc.free.fr/karminn
mail : [email protected]
Tél : 04.78.84.93.26 (Tony)
04.72.07.64.11 (Milena)
04.72.33.42.70 (Jean-Pierre)
Adresse : Tony Canton – 64, rue Paul
Verlaine – 69100 Villeurbanne (France)
En concert :
Le 13 avril 2007 à La Menuiserie, 77 rue
Jules Auffret, 93500 Pantin (01 48 40
56 53)
Le 2 juin 2007 à l’Absynthe, 22 rue Flesselles Lyon 1er (04 72 00 20 44)
Le 6 octobre 2007 au Don Carlo, 07
320 St Agrève (04 75 30 60 71)
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
Artistes
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Né de la rencontre de musiciens lyonnais passionnés par le Brésil, le
Conjunto Jacaré propose son interprétation des grands classiques du choro.
Genre musical souvent oublié en
Europe et pourtant très populaire au
pays du Christo Redentor, le choro est
au confluent des rythmes afro-brésiliens et des anciennes danses européennes. De la balade mélancolique
aux mélodies endiablées, le Conjunto
Jacaré navigue dans un vaste répertoire laissant toujours sa place à
l'improvisation.
Le Conjunto Jacaré compte également
dans son répertoire quelques sambas
qui ne manqueront pas de vous faire
décoller ... destination : le Brésil.
Membres du groupe :
Olivier Calvet : Guitare
Bruno Thivend : Guitare, Chant
Thibault Florent :
Cavaquinho, Guitare 7 cordes
Patricia Lamouche : Pandeiro
Max Di Napoli : Percussions
sites web :
cjacare.free.fr
www.tousenlive.com/cjacare
www.myspace.com/cjacare
contact :
[email protected]
0661630744 (Thibault Florent)
Adresse postale:
Thibault Florent
8 avenue Salvador Allende
69100 Villeurbanne
démo disponible sur site web et en CD
sur demande
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Evénement
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Bizz’Art
De la caravane Tchétchène à l’oasis drômoise …
L’Oasis :
du 21 Juin au 8 juillet
2007 : 21 jours de
chantier festif
à Bonlieu-sur-Roubion
Programmation
pressentie :
Jeudi 21 juin :
Ode à l’été et « faites
de la musique », scène
ouverte
Beltuner (tzigane
musette) et Warzim
(rock métissé)
Samedi 23 juin :
Fantazio (rock fantaziesk) et Mango Gadzi
(tzigano oriental flamenca)
Atelier flamenco et
steel drum en A-M
Samedi 30 juin :
Jaipur Maharajah
Brass Band (Fanfare du
Rajasthan) et La Mescla (tarantelle de
Napoli)
Ateliers de danses
Tarantelle en A-M :
Mercredi 4 juillet
atelier MASTER CLASS
par David KRAKAUER
(jazz d’impro)
Jeudi 5 juillet :
David Krakauer (muzik
klezmer – NY) et Balinaises Chalutations
(création Gamelans
Balinais et Collectif du
Grand Chahut)
Samedi 7 juillet :
Bonga (Angola) et
Maalem Baba Choulia
(Gnawa)
Atelier steel drum en
A-M
Dimanche 8 juillet :
Bizz’Art Orchestar
(Cabaret Equestre) et
Basiani (chants polyphoniques Géorgiens)
Entretien avec Anne Tô,
Antoine Cuche et Brigitte
Le Van
CMTRA : Commençons par parler
de Babel Caucase qui associe des
membres de la Bizz’art à d’autres
associations drômoises. Pourquoi
décider de sortir de votre Drôme
pour aller si loin, par la route, dans
le Caucase jusqu’en Tchétchénie, à
la rencontre d’artistes et musiciens
de ce pays en guerre ?
C’est une histoire qui a commencé en
juillet 2001 à l’initiative de Mylène
Sauloy, réalisatrice de documentaires
« touchée et accrochée » par la Tchétchénie depuis la première guerre en
95, qui a improvisé l’accueil d’une
troupe de 40 enfants danseurs de
Grozny dans un gymnase désaffecté à
Main d’œuvre, un squat artistique. Le
spectacle saisissant, impressionnant de
vitalité, de force et de fureur, de fierté
aussi a connu un succès incroyable et
a finit par deux représentation au
Théâtre du Soleil sous les ailes
d’Ariane Mnouchkine. Le lien était
fait, la chaîne de solidarité enclenchée
et jamais brisée depuis. Une association s’est créée, Marcho Doryila, salutation qui signifie en tchétchène « que
la liberté entre avec toi ». Marcho avec
Daymokh en fer de lance est là pour
nous rappeler la guerre et ses injustices
en Tchétchénie, la résistance, la
défense d’une culture menacée et aussi
l’espoir…
D’où l’idée d’une caravane pour le
Caucase qui part d’ici mi-avril …
Rapidement, l’idée que des artistes de
différentes régions de France aillent
revigorer cet espoir sur place, dans le
Caucase a germé et pris forme; un collectif d’une soixantaine de personnes,
des gens de spectacle, des intellectuels, des cuisiniers, des gens de chevaux, des cinéastes… compose une
caravane qui fera 5 étapes en Tchétchénie et Géorgie au printemps 2007.
C’est le projet Babel Caucase. La
Bizz’Art y est investie depuis le début,
avec une dizaine de ses membres. Elle
propose des ateliers d’arts plastiques
pour la création d’une œuvre collective, de cirque équestre pour renouer
avec une tradition un peu oubliée, des
rencontres culinaires. Sur ce projet,
elle est associée avec le Collectif
Drôme, c’est à dire la Cie Caméléon
(batucada de Crest) et la Cie Caramantran (les marionnettes géantes).
A votre retour, vous jetez l’ancre du
21 juin au 8 juillet en Drôme provençale à Bonlieu-sur-Roubion
pour un événement. A quoi va rassembler votre « campement »?
Au retour de Babel Caucase, c’est le
temps de L’Oasis : une halte créative
et ré-créative dans un lieu en pleine
nature entre ramière, clairière et
rivière. Un lieu investi par des « jardiniers de l’imaginaire » qui, un mois
durant, vont transformer ce campement de roulottes en grand navire
baroque et barré. L’Oasis est donc un
chantier festif jalonné de concerts où
le public est convié à différentes dates
pour mesurer l’avancement des travaux. La programmation est en cours.
Cette année, le thème retenu est celui
de l’eau, ou l’absence d’eau, sa préciosité.
Les évènements organisés par la
Bizz’Art ne sont pas comme les
autres, transversaux, polymorphes,
ils fédèrent un collectif d’amis, de
voisins, et d’artistes résidents en
Drôme qui tous s’investissent dans
la fête. Comment pensez-vous les
évènements « Bizz’Art » ?
Avant de penser les événements de la
Bizz’Art, nous les rêvons. Et quand
nous les concrétisons, nous essayons
de rationaliser au minimum pour garder cette folie, cette insouciance du
rêve. C’est ce qu’on pourrait appeler
l’esprit Bizz’Art. Lorsque celui-ci disparaît, on perd l’aspect créatif et on
tombe dans la consommation. La
richesse de ces événements vient aussi
du fait que nous sommes nombreux et
polyvalents, plasticiens, musiciens,
comédiens, acrobates, artistes, mais
aussi cuisiniers, maçons, éleveurs de
chevaux, agriculteurs…etc,
un
mélange épicé !!! L’espace est toujours ouvert à la création qui est, la
plupart du temps, collective. Ces dernières années, Oasis et Cabaret
Mobile, les événements phares de la
Bizz’Art ont encore renforcé cet esprit
particulier en instituant une appartenance à une tribu, le choix d’un art de
vivre : cela se manifeste par une
conscience aiguë de la nature et des
problèmes écologiques qui nous
menacent et tout ce qui en découle,
surconsommation, apologie de la
vitesse, pollution… A travers la fête, la
musique, les arts, l’Oasis se veut donc
un lieu de réflexion et d’expérimentation sur notre rapport à la nature, à
l’autre, à l’homme. Enfin, mettre de
l’art dans sa vie au quotidien et de la
vie dans son art… sinon pour un
monde meilleur, pour un monde moins
pire.
Comment s’inscrivent les concerts de
musiques traditionnelles et musique
du monde dans le festival ?
Chaque soirée a une thématique et est
soumise à une mise en scène : tous les
sens sont sollicités, l’odorat avec des
essences diverses, le goût avec les
saveurs culinaires, la vue avec la déco,
les brillances, les étoffes des costumes
de l’équipe, mais aussi du public qui se
prête de plus en plus au jeu, l’ouïe avec
les concerts bien évidemment, le toucher avec les œuvres plastiques (qui
sont ici plutôt faite de matières minérales, sculptures et autres…). Avec en
prime, le frisson des grosses ou des
petites surprises qui ne sont vues que
par quelques spectateurs, des moments
précieux d’intimité et d’exclusivité ;
un comédien qui dit un poème, une
diseuse de bonne aventure, un serveur
de bar vous déclame quelques vers de
Khalil Gibran…
Comme nous aimons les mélanges
surprenants, il n’est pas rare que nous
programmions deux groupes le même
soir qui a priori n’ont rien à voir
ensemble. Dans ces cas-là, l’un est
prétexte à faire découvrir l’autre au
public qui n’aurait jamais eu l’idée
d’aller le voir. Les musiques du monde
sont un vecteur de voyage et l’art de
les présenter à la Bizz’Art, un moyen
de faire découvrir une culture.
Propos recueillis par P.B.
Contacts :
La Bizz’Art Nomade,
La ferme des Dames 26 160 Salettes
Tel : 04 75 90 45 71
[email protected] / ww.bizzartnomade.com
Liberté-égalité-solidarité
Lyon au XIXème siècle
La sonographie
de l’exposition
“Liberté, égalité, solidarité” est conçue par le
CMTRA autour d’enre-
Entretien avec AnneCatherine Marin,
conservatrice en chef des
Archives Municipales de
Lyon et commissaire de
l’exposition « Liberté
Egalité Solidarités » qui
ouvrira ses portes le 25
avril prochain.
gistrements d’époque
et de réinterprétation
de chansons issues de
collectages.
Dates
de l’exposition
Du 25 avril 2007
au 6 janvier 2008
aux AML
Lyon 2ème
CMTRA : Pouvez-vous présenter le
cadre et le contenu de l’exposition ?
Anne-Catherine Marin : L’exposition des Archives municipales de la
ville de Lyon s’inscrit dans le cadre
de la manifestation générale « L’esprit
d’un siècle - Lyon 1800-1914 » initiée par l’élu à la culture, qui se déroulera à partir du mois d’avril. Elle
concerne les établissements municipaux, d’autres institutions culturelles
mais également des associations. Dans
ce cadre, nous avons choisi, à partir
d’une thématique qui représente bien
les Archives à mon sens, de réaliser
une exposition que nous avons intitulée : « Liberté, Egalité, Solidarités ».
Elle traite du contexte politique national et local de cette période, assez agité
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
puisque pas moins de huit régimes se
sont succédés jusqu’à l’avènement de
la 3ème République. Les changements
de régime sont le fait d’évènements
parisiens principalement, retransmis à
Lyon par le biais d’affiches placardées
au jour le jour, dont les Archives
conservent plusieurs milliers ; dans ce
contexte, nous avons choisi de développer trois thèmes particuliers autour
de la question sociale, selon l’expression du 19ème siècle.
Cela représente un sujet extrêmement
vaste et nous avons choisi de traiter
plutôt ce qui est du domaine de l’expérimentation sociale, de l’innovation,
des utopies dans la mesure où elles ont
conduit à des réalisations concrètes,
qu’il s’agisse d’initiatives privées ou
de politiques publiques. Nous développons plus particulièrement trois
thèmes, le travail, l’entraide et la
coopération et enfin l’éducation et la
formation professionnelle.
élitiste. De façon plus générale, il
s’agit de présenter le passé dans une
logique ouverte sur le présent. Il s’agit
donc de partir des questionnements du
XXIème siècle et de voir comment ces
questions-là qui étaient déjà à l’ordre
du jour dans les siècles passés, peuvent
être traitées dans un contexte différent.
Dans nos expositions, nous essayons
toujours de privilégier le lien entre
passé et présent. Par ailleurs, je considère que l’histoire politique et l’histoire sociale constituent des sujets très
intéressants, qui sont aujourd’hui
délaissés par la recherche universitaire. On traite beaucoup de l’histoire
des mentalités ou de celle des groupes
sociaux « minoritaires »–l’histoire des
femmes, des homosexuels- mais plus
de l’histoire sociale de façon globale.
Je trouve cela un peu dommage.
Chaque fois qu’il est possible de s’insérer dans ces thématiques-là, nous le
faisons avec grand plaisir.
parlent d’eux-mêmes, mais bien souvent l’archive n’est pas très visuelle
et prend toute sa signification quand
on la replace dans son contexte et
qu’on la croise avec d’autres documents. La scénographie devra effectivement restituer ce contexte-là mais de
manière un peu symbolique pour pouvoir mettre en valeur les documents,
afin de permettre au public de s’intéresser aux informations qu’ils contiennent. Dans ce cadre là, il y aussi le partenariat avec le CMTRA pour que le
son, la chanson, très présents dans ces
domaines-là, puissent illustrer également des documents qui pourraient
paraître figés. Autour les documents
« plats », écrits, il semble important
que des flashs sonores, des bustes ou
d’autres objets, donnent du relief à
l’exposition pour permettre à chacun
de constituer son parcours et d’appréhender de manière sensible les différences de chaque époque.
À travers votre inscription dans ce
type de manifestations, s’agit-il également de donner envie aux lyonnais
de découvrir autrement le monde des
archives et de comprendre que
l’histoire s’écrit au présent ?
Effectivement, c’est notre souci au fil
des sujets que nous traitons, l’ouverture de cette institution parfois jugée
De quelle manière avez-vous
choisi de mettre en représentation
ces documents pour qu’ils deviennent « parlant » pour nos contemporains ?
C’est tout le problème de donner à voir
des documents d’archives ! Certains
ont une charge émotionnelle forte ou
un aspect esthétique qui font qu’ils
Les Archives municipales possèdent-elles un fonds musical important ?
Nous avons la chance d’avoir un certain nombre de sources musicales.
Nous avons par exemple des chansons
imprimées et d’autres archives musicales écrites, aussi bien dans les fonds
publics que dans les fonds privés. His-
page 8
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
toriquement, à Lyon, il existait deux
théâtres municipaux, le Grand
Théâtre, qui est devenu l’Opéra et le
Théâtre des Célestins. On peut facilement imaginer les archives administratives de l’organisation des spectacles, mais il y a aussi toutes les partitions, manuscrites ou imprimées.
Nous avons également des archives
privées, en particulier celles de la
famille Luigini, qui a été un moment
directeur de l’orchestre de l’Opéra et
nous sommes en train de récupérer les
archives de la Schola Cantorum et
celles de la famille Witkowski. C’est
un fond extrêmement important et il a
pu se faire grâce à l’exposition que
nous avons réalisé sur ce personnage
qui est à l’origine de la Société des
Grands Concerts, devenue l’Orchestre
National de Lyon. Nous avons également d’autres éléments, comme le
fond de César Geoffrey, fondateur de
la chorale « A cœur joie ». Nos fonds
musicaux les plus anciens et les plus
prestigieux ont d’ailleurs été répertoriés dans un guide des ressources
musicales de Rhône-Alpes qui avait
été réalisé par Jérôme Dorival.
Propos recueillis par Y.E.
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Dossier
Lamusiquetsigane:
desmythesetdesréalités
La musique tsigane, comment en parler ? Est-elle la musique d’un peuple itinérant, les cheveux emplis du vent de la liberté ? L’expression d’une qualité innée, d’un don de naissance que certains « ont dans la peau » ? Une force enivrante, charnelle et fraternelle
permettant une communication au-delà des mots ? Un concept ethnologique ? Un label commercial ?...
En creusant cette expression par le biais de l’histoire et de l’ethnologie, on se rend rapidement compte que « la » vérité est, une fois de
plus, complexe, plurielle. Ce dossier n’a donc pas la prétention d’être un panorama exhaustif de ce qu’est – ou pas - la musique tsigane mais, à travers la contribution d’un ethnologue français, d’une ethnomusicologue roumaine et de différents acteurs du terrain
musical régional, l’idée est de trouver des pistes pour comprendre comment la musique tsigane a été véhiculée, sans cesse réinventée
au cours des siècles, et comment aujourd’hui encore elle est vécue et abordée de manière multiple.
(D’) ici et
(d’)ailleurs:
les Tsiganes
Patrick Williams, tsiganologue
français, rencontre depuis bon
nombre d’années des Tsiganes
de différents groupes : Calderaches de l’est parisien,
Manouches du Puy de Dôme,
musiciens de Hongrie… Chercheur au CNRS et enseignant
à Nanterre (entre autre), il
revient ici sur quelques caractéristiques culturelles tsiganes,
pour permettre de mieux s’y
retrouver : au-delà de la
musique, qui sont-ils ? que donnent-ils à voir ? qu’y voyonsnous ?...
CMTRA : Est-ce qu’on peut parler
de peuple tsigane ?
Patrick Williams : On ne peut pas
répondre s’il existe ou pas : il y a des
Tsiganes, au pluriel, qui existent. Je
crois que mettre en avant l’unité ou la
diversité, ça dépend du point de vue
qu’on adopte. Pour un historien, ça
serait peut-être l’unité, avec un destin
historique qui n’est pas commun à tous
mais des conditions qui sont à peu près
identiques pour les différentes communautés, où qu’elles soient. L’unité
on la trouve dans la relation aux
peuples installés : on rencontre les Tsiganes toujours dans le territoire de
quelqu’un d’autre, et c’est toujours
l’autre qui incarne la légitimité. Eux
sont regardés comme une présence
illégitime, comme des intrus. Pour un
ethnologue, c’est plutôt la diversité qui
sera mise en avant : les parcours des
communautés ont été différents, leurs
membres rencontrent et côtoient chacun à leur manière des populations différentes, avec qui ils ont des échanges
de tous ordres : alimentaires, économiques, culturels…
Si on prend les Tsiganes de Hongrie,
effectivement ils ont participé à l’histoire de ce territoire, ils ont subi des
influences culturelles, certains ne parlent plus que le hongrois ; mais en
même temps ils restent une communauté à part, qui participe selon des
modalités spécifiques à la vie de telle
ou telle région.
Aujourd’hui si vous allez aux puces de
Montreuil, vous voyez des gens que le
regard extérieur classifie comme Tsiganes, mais qui eux se croisent sans se
reconnaître. Si des femmes qui font la
manche devant la Gare du Nord (des
Tsiganes de Roumanie) vont acheter
des fripes à un Manouche qui a déballé
sur le marché, pour un regard extérieur
ils sont l’un et l’autre des Tsiganes.
Mais pour le Manouche, la femme qui
vient lui acheter ses fripes est une
femme immigrée qui vient du Moyen
Orient ou d’Europe orientale, et pour
cette femme rom, c’est un gadjo français qui vend sur les marchés. Ils ne
vont probablement pas se reconnaître
ni avoir le sentiment d’une identité
commune. Mais ça peut changer, ça
reste ouvert. Il y a ce jeu qui fait qu’en
certaines circonstances les individus
préfèrent mettre en avant ce qui les
rassemble, dans d’autres cas au
contraire ce qui les différencie.
Alors la notion de peuple tsigane, oui
elle existe si on considère le destin historique - mais c’est un regard extérieur
qui le considère ainsi -, et puis oui si on
regarde aujourd’hui ce qui peut apparaître comme une revendication de
reconnaissance politique par certaines
organisations tsiganes, surtout en
Europe de l’Est. Alors évidemment
pour être entendus par les autorités
politiques, ils se présentent comme un
peuple, le peuple tsigane, et ils cherchent les éléments qu’ils peuvent avoir
en commun pour dessiner les
contours de ce peuple : l’élément culturel mis en avant c’est en général la
langue ; l’élément historique c’est
l’origine indienne. Mais en fait il n’y a
pas de mémoire sur l’Inde ou de discours sur un passé indien dans les
communautés ; ceux qui en parlent ont
fait le détour par la science des non
Tsiganes, essentiellement la linguistique historique qui a apporté des
preuves scientifiques du fait que le
berceau des Tsiganes, Roms, Gitans,
etc. c’est le nord-ouest de l’Inde. Pour
se faire entendre des gouvernements
ou des instances internationales, il faut
qu’ils donnent d’eux cette image d’un
peuple… Alors, disons : peuple dispersé et qu’on rencontre toujours dans
le territoire d’un autre.
Même s’ils ne ressentent pas une
unité, y a-t-il tout de même des traits
distinctifs – ou c’est totale affabulation ?
Il y a des traits distinctifs, mais … Ce
qui est fascinant pour le regard extérieur et passionnant pour l’ethnologue,
c’est qu’il y a une créativité de chaque
communauté. On pourrait dire en simplifiant un peu que toutes les communautés tsiganes ont à affronter le même
problème : comment assurer une perpétuation – comment se transmettre
cette dimension communautaire de
génération en génération - dans une
situation de dispersion (aujourd’hui il
y a des Tsiganes sur les cinq continents), et d’immersion ? Comment
assurer une relative autonomie ?
Toutes ont à affronter cette question.
Et les réponses qu’elles trouvent sont
extrêmement diverses, il y a une véritable créativité culturelle.
C’est passionnant de voir, dans un
même territoire, comment des communautés très différentes s’y prennent.
Vous allez dans la banlieue Est de
Paris, vous avez des descendants de
Roms arrivés de Russie à la fin du
19ème qui voyageaient par le train
avec leurs tentes, et puis les vagues des
années 1960-70 de la Yougoslavie de
Tito, avec des changements de stratégies : avec les guerres en Serbie, en
Bosnie, le projet de retour a été abandonné. Depuis la chute de Ceausescu,
vous avez aussi des Roms de Roumanie qui sont arrivés, plus récemment
encore des Roms de Bulgarie, et puis
il y a des Manouches, des Gitans
Andalous, tous ces groupes présents
en France depuis des générations…
Certains vivent en maison, d’autres en
caravanes, vous avez des gens qui se
disent Voyageurs, qui ont fait des
métiers liés au cirque, d’autres qui
exercent différentes activités économiques… On a sous les yeux ces
« réponses » que j’évoquais à l’instant
et qui donnent lieu à des stratégies différentes pour un même objectif : se
maintenir en tant que communauté.
Et les musiques montrent bien ça : une
double face avec un côté différence, un
côté ressemblance. On voit bien ça
dans Latcho Drom : lors de la
séquence des musiciens tsiganes à
Istanbul, on peut dire : c’est de la
musique turque, jouée d’une certaine
manière. Ensuite une séquence en
Hongrie : c’est de la musique hongroise… A chaque fois on peut rapprocher ces expressions musicales tsiganes d’une expression locale. On
pourrait dire que quasiment toutes les
expressions musicales tsiganes sont
tsiganes et autre chose : musique tsigane hongroise, musique tsigane de
Roumanie, musique tsigane flamenco… Il y a toujours cette capacité à créer quelque chose de propre,
qui leur appartient en propre, mais
avec le matériau des autres. Et puis les
interprétations sont si fortes qu’elles se
cristallisent et deviennent des références. Cela devient l’équivalent de
quelque chose qui est composé, l’interprétation est véritablement créatrice. C’est ce qui se passe quasiment
dans toutes les traditions musicales tsiganes : les tsiganes locaux se sont
emparés de la musique autochtone.
Et pourquoi ces clichés sur Tsiganes
– nomades, voleurs… ?
Je crois que c’est plus prégnant pour
les Tsiganes que pour d’autres populations parce qu’il y a toujours ce besoin
de mettre une distance ; il y a aussi un
besoin de remplir ce vide, ce décalage
entre la norme sociale du pays où ils
sont et leurs manières de vivre. Ces
images-là rendent compte surtout du
regard des populations locales sur eux.
Le stéréotype des Tsiganes voleurs :
effectivement, il y en a qui sont
voleurs, qui sont très fiers de vous dire
qu’ils sont de grands voleurs (on ne dit
pas qu’on est un petit voleur !) parce
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
page 9
Dossier thématique
réalisé par Fanny Logeay
Photos : Benjamin VANDERLICK
et Jérémie LOGEAY
pages 9-10
entretien avec Patrick Williams,
tsiganologue français
page 10
à propos du festival Sixième Continent
pages 10-11
témoignages de musiciens
page 11
entretien avec Speranta Radulescu,
ethnomusicologue roumaine
page 12
à propos du festival des Nuits de la
roulotte
page 12
chroniques ciblées et références
que d’une certaine manière, le vol
c’est une activité où on prend à l’autre
et où on ne donne rien de soi. Mais ce
cliché c’est aussi une manière de
rendre compte du sentiment de dépossession que peut avoir la population
locale vis-à-vis de ces gens qui passent, qui s’emparent des traditions
locales, de récits, de costumes, qui
s’habillent pareil mais différemment… Ces stéréotypes, s’ils résistent,
c’est parce que d’une certaine manière
ils disent une vérité – pas la vérité des
Tsiganes, mais la vérité du regard que
les sociétés qui ont créé ces images
portent sur les communautés tsiganes.
Une espèce de sentiment de dépossession ou d’enfermement par rapport à
des gens qui sont là, leur présence
remplit l’espace, et puis hop ils ont disparu…
Tsigane sédentaire de Roumanie (Moldavie)
photo : Jérémie Logeay
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
lettre 65
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Dossier
Bidonville de La Soie, Vaulx en Velin, hiver 2007
suite de l’entretien
avec Patrick Williams
Le nomadisme… c’est aussi un cliché.
Si on regarde les pratiques, il y a des
tas de choses différentes sous ce terme.
Les Roms d’aujourd’hui d’Europe de
l’Est (qui ne sont pas très nombreux
mais qui ont une grande visibilité)
c’est une migration, pour certains avec
un projet d’installation, pour d’autres
c’est une stratégie économique avec
des allers-retours entre le pays d’origine et le(s) pays de migration. Et puis
il y a des gens qui font des travaux sur
les bâtiments l’hiver, l’été ils font la
tournée des plages et des marchés,
avec des circuits réguliers qu’ils reproduisent quasiment tous les ans. Il peut
aussi y avoir des déplacements en
caravane pour des motifs familiaux
(un malade, un décès, une noce, une
dispute…). Le terme de nomadisme
écrase des pratiques extrêmement différentes les unes des autres. C’est aussi
une manière pour les sociétés qui les
côtoient de se rassurer en disant :
« on les connaît, on a un discours sur
eux »… On le voit bien avec des catégories qui n’ont pas de pertinence mais
qui sont utilisées comme des catégories savantes par les politiques, les
associations, les municipalités qui
classent les populations tsiganes qui
sont dans leur territoire en « nomades
/sédentaires » ou « sédentaires / séden-
photo : Benjamin Vanderlick
tarisés » ou « semi-nomades »… Ca
donne l’illusion d’un savoir et d’une
maîtrise – c’est peut être pour cela que
ça continue.
Et le romantisme du nomade, de la
liberté, de celui qui ne connaît pas de
barrières dans ses déplacements dans
l’espace – aujourd’hui la réalité, c’est
que pour vivre en se déplaçant, c’est
plein d’obstacles administratifs, matériels, policiers, ce n’est pas du tout la
liberté….
Et ces représentations des Tsiganes
comme incarnant la musique, l’âme
slave… c’est quelque chose de
cyclique ?
Les premières manifestations de ce
romantisme-là commencent au 19ème
siècle avec les Expositions universelles dans les capitales européennes :
dans le pavillon d’Autriche-Hongrie,
ce sont des violonistes tsiganes hongrois qui sont venus jouer et ils ont
obtenu un succès considérable. Alors
ça a donné lieu à la vogue des cabarets
tsiganes avec les violonistes virtuoses,
les orchestres à gilet rouge et broderies
dorées, les dames de la haute société
qui se faisaient enlever par des violonistes tsiganes… L’Autriche-Hongrie
avait envoyé des musiciens tsiganes
parce que c’étaient eux qui jouaient de
la manière la plus brillante la musique
qui était la musique nationale. Or les
oreilles occidentales n’ont pas entendu
de la musique hongroise mais de la
musique tsigane. D’où cette querelle
de propriété qui dure jusqu’à aujourd’hui.
Et ce romantisme se renouvelle de
manière cyclique, avec les images qui
se colorent un peu différemment selon
les époques. Aujourd’hui on aime bien
tout ce qui paraît « authentique » ou
« ethnique », alors sur le haut du podium
ce sont les musiciens des
villages perdus, ceux qui paraissent
« primitifs », donc plus « authentiques ».
On trouve ça pour les musiques d’Europe centrale, mais on a aussi la même
chose pour le flamenco : on dit que le
chanteur qui ne se produit pas en
public, qui réserve son chant à la communauté, c’est lui qui incarne la vérité
du cante. Mais il arrive que celui qui
passe sur les grandes scènes internationales soit LE grand chanteur, qui
illustre tout à fait la manière appréciée dans la communauté d’interpréter
la musique.
Comment les nommer : Tsiganes ?
Roms ? Manouches ?...
C’est une question difficile parce qu’il
n’y a pas de terme qui à la fois désigne
la totalité et correspondent aux usages
internes.
« Tsigane » c’est clairement un nom
qui vient de l’extérieur. Ceux qu’on
désigne comme Tsiganes ne disent pas
« on est Tsiganes » mais « on est
Roms, on est Manouches, Sinti,
Gitanos… » - sauf si c’est pour renvoyer l’image qu’on a d’eux. Donc
déjà on est en décalage. En France
« Tsigane » a été adopté dans les textes
scientifiques parce que les historiens,
linguistes, sociologues, ne voulaient
pas employer les termes les plus usités
qui étaient bohémiens, romanichels,
gitans qui avaient une connotation
péjorative. En Europe centrale et
orientale, Rom est presque quasiment
partout employé par tous ceux désignés comme « Tsigane ». Et puis
« Tsigane » a un autre inconvénient :
dans ces pays-là il est extrêmement
péjoratif. Donc certains – notamment
les organisations politiques d’Europe
de l’Est – ont proposé d’employer
Rom. Mais pour les groupes d’Europe
occidentale ça ne va pas : en
manouche, rom ça veut dire
« l’homme, l’époux ». Les Gitans du
Sud de la France, c’est pareil, ça les
fait rigoler si vous leur dites qu’ils sont
des Roms, ils ont d’autres mots. En
Allemagne c’est problématique aussi,
ils ont fini par appeler l’organisation
qui les représente Roma und Sinti.
Et puis il y a des gens de groupes différents qui se disent parfois euxmêmes Roms, mais ne se reconnaissent pas mutuellement cette qualité de
rom. Quand on veut désigner la totalité, on est toujours en décalage avec la
vision de ceux qu’on désigne – ce qui
est quand même assez ennuyeux !
Alors chaque groupe se désigne par
son nom propre. Il arrive que l’on
demande « vous êtes qui ?- On est
nous » : l’essentiel est de pouvoir
reconnaître ceux qui sont dans le
« nous » et ceux qui n’y sont pas. Et ça,
ça fonctionne bien…
En France dans les textes administratifs on ne désigne pas les gens par leur
qualité ethnique : aujourd’hui, on parle
de gens du voyage. Un gros inconvénient, c’est que gens du voyage ne se
dit pas au singulier : l’individu n’existe
qu’en tant que membre de sa communauté. Et puis il y a des tas de « gens du
voyage » qui ne voyagent pas, sinon
pour les vacances, comme tout le
monde. Dans les années 60, il y avait
une autre expression administrative
bizarre : personnes d’origine nomade.
Qu’est-ce qui était nomade, la personne ou l’origine ?... Dans les documents des instances internationales,
aujourd’hui on parle de Rom, roma
and travellers.
Avec toutes ces appellations, c’est
comme une flèche qui dévierait au
moment d’atteindre sa cible. De cela,
les gens jouent aussi. Par exemple en
répondant différence quand on leur
parle identité, identité quand on leur
parle différence. C’est un jeu !
Et souvent les institutions sont totalement excédées par ça, parce qu’elles
n’arrivent pas à les faire rentrer dans
les cases…
6ème continent, “cultures rroms”
Contacts :
Entretien avec Mohamed Sidrine, directeur et programmateur du festival 6ème Continent quis’attache cette année à faire
découvrir des « cultures rroms ».
6e Continent
51, rue Saint Michel 69007 Lyon
04 37 28 98 71 /
06 73 10 19 74
www.sixiemecontinent.net
Festival Le Sixième
Continent
9ème édition : du 29
mai au 9 juin 2007
CMTRA : Quel est le thème du festival cette année ?
Mohamed Sidrine : Cette année pour
le festival on a choisi « les cultures
rroms » des pays de l’Est.
C’est un thème tellement vaste qu’on
a préféré se centrer géographiquement
sur la Macédoine, la Hongrie, la Bulgarie… On (re-)découvrira ces cultures rroms grâce à une programmation pluridisciplinaire : des expositions
d’arts plastiques, des projections de
films, des séances de contes, des
débats et des concerts.
Cette année, il y a une autre particularité, au-delà de la thématique des
Rroms, c’est que le festival est éclaté
dans différents lieux, autres que le
6ème Continent et le Parc de Gerland
: place Saint Louis, les berges du
Rhône, le quartier des Pavillons de
Gerland et une trentaine de lieux insolites à la Guillotière le 9 juin (bars,
salons de coiffure, hammam…) pour
accueillir différents concerts. Cet éclatement des lieux nous permet de sortir
de la grosse machine organisationnelle
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
de Gerland et de s’implanter mieux
dans le quartier, être plus près des
gens, avec des manifestations à une
échelle qui permette une rencontre
entre les artistes et les gens.
Et pourquoi les “Rroms” cette
année ?
C’est un sujet qui nous tient à cœur
mais qu’on reporte depuis plusieurs
années pour des raisons techniques.
C’est important pour nous de provoquer du débat, d’apporter des éclairages sur les cultures rroms au-delà
de la musique. -A ce propos d’ailleurs
il y a un ultimatum préfectoral sur le
bidonville de Vaulx en Velin pour la
fin du mois…- C’est important de
valoriser ces cultures qui sont très
riches mais qui restent stigmatisées
avec tous les clichés que l’on connaît.
On travaille notamment avec la Voix
des Rroms (collectif parisien d’intellectuels rroms), l’ARTAG (Association Régionale des Tsiganes et leurs
Amis Gadjé), l’Alpil, ARALIS…
Donc on a invité un bon nombre de
page 10
spécialistes de la question : Marcel
Courthiade, Patrick Williams, Claire
Auzias, Laurent Aubert (pour la partie musicale)… Ce dernier interviendra autour de deux questions : les raisons de cet engouement soudain pour
les musiques tsiganes des pays de
l’Est, d’une part et la musique comme
vecteur d’intégration, d’autre part.
Il y aura aussi probablement un sociologue qui parlera des recompositions
culturelles : comment, pour s’intégrer
dans une société, on revisite son patrimoine culturel, musical.
Et la programmation musicale ?
Elle va se dérouler autour de trois
grands axes : la diffusion, autour de
cette thématique rrom, avec des
groupes qui vont jouer au Parc de Gerland (Urs Karpatz, Kocani Orkestar,
Parno Gratzs, Malossol..) et des
concerts sur différentes places : Zaragraf (Nimes), No’Mad ? (Grenoble)...
Pour ce qui est de la création, on
impulse un projet, ElectRrom, dans
lequel jouent deux Rroms de Rouma-
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
nie (un accordéoniste et un contrebassiste) et Stani, DJ du Peuple de
l’Herbe, en résidence au 6ème Continent - d’où le nom.
Et puis le 9 juin, pour la clôture, on
coordonne l’organisation des concerts
« musiques du monde » (donc hors
thématique) dans trente lieux différents du quartier…
Il y aura aussi une conteuse, Armelle
Audigane, avec sa roulotte (!) et son
mari musicien, qui vont conter dans
les bibliothèques du quartier. Et puis il
y aura plusieurs expositions, notamment une proposée par la Voix des
Rroms, sur les Rroms célèbres (Elvis
Presley !! Youl Bruner…) ; et une
expo Arts plastiques, avant le festival,
du 9 au 19 mai dans les locaux de la
MAPRA, avec une soirée performance où six artistes plasticiens vont
réaliser chacun une toile en live sur le
thème des Rroms, du voyage, de la
mobilité… accompagnés par DJ
Schnaps (Genève) et DJ Olga (Bulgarie). Et ensuite l’expo viendra ici, au
6ème Continent, pour le festival !
Témoignages divers
de musiciens
Témoignages de différents
musiciens du coin ou de plus loin,
autour de la question : la
musique tsigane, c’est quoi ?
David Brossier
violoniste des groupes Musafiri et Glik
(entre autres), aficionados de
musiques roumaines en tous genres…
La question qui fâche… je dirais que
l’on peut parler de musique tsigane
pour la musique qui est demandée
principalement par la communauté
tsigane. Mais pour moi il s’agit plus de
styles de musique tsigane que de
répertoires. Par exemple, la « muzica
lautareasca » en Roumanie : c’est une
musique qui puise une partie de son
répertoire dans les danses roumaines
des campagnes de Roumanie, plus
particulièrement du sud et de
Moldavie. Mais cette musique s’est
« urbanisée », les ornements des
mélodies, l’harmonie, se sont
complexifiés, il y a toute une évolution
vers une musique plus virtuose,
improvisée. Ce style de musique est
pour moi tsigane, car il est demandé
dans les mariages tsiganes (et pas
roumains), mais pourtant, ce style de
musique n’est pas dépendant du
répertoire roumain.
En complément, je dirais aussi que ce
qui me semble ne pas être de la
musique tsigane : la musique jouée par
les Tsiganes (bien sûr hormis les styles
inclus ci-dessus), pour les autres
communautés en fait. C'est-à-dire que
les musiciens tsiganes jouent aussi
pour les Roumains, et que donc les
Roumains leur demandent de la
musique roumaine, et pas tsigane…
C'est-à-dire qu’il me semble plus
important de se demander « pour qui
est joué cette musique » que « qui joue
cette musique ».
Sébastien Felix
Manouche de Bresse et guitariste
virtuose du groupe Sinti Swing
La musique tsigane est basée sur la
grande musique classique (Bach
Paganini, etc.) ; c’est des formations
où l’on trouve violon, contrebasse,
cymbalum, du chant aussi. C’est une
musique avec des couleurs mélodiques
et un choix de notes dont seuls les
Tsiganes ont la recette ! Elle vient des
pays de l'est et dégage aussi un côté
festif. La musique tsigane n’est pas la
musique manouche, ce n’est pas non
plus la musique gitane ou flamenco :
comme pour les ethnies, tout cela est
très différent. Ca fait partie de ceux
qu’on appelle « les Gens du voyage ».
Souvent dans les concerts, les gens me
disent : « vous pouvez nous faire la
musique tsigane comme les Gypsy
Kings ? » mais ils confondent un peu
tout… Moi je ne suis pas tsigane, je
suis manouche. D’ailleurs quand
j’essaie de parler avec des Tsiganes de
Roumanie, c’est quasiment impossible !
C’est un peu comme quand des
Marocains et des Tunisiens essaient de
parler ensemble : à part quelques
mots, ils ne se comprennent pas.
Mais il faut dire quand même qu’on a
des caractéristiques communes avec
les Tsiganes (même si les modes de vie
ont beaucoup changé) : l’importance
de la famille, beaucoup de solidarité
et puis surtout, la musique. Et je pense
que, même si on perd certaines
habitudes de vie, la langue ou quoi, la
musique, on ne la perdra jamais - c’est
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Dossier
une question de gènes, quelque part.
Même si les Manouches, les Tsiganes,
les Gitans n’ont pas inventé la
musique, ils se sont tellement inspirés
de ce qui les entouraient qu’ils la
ressentent profondément, comme
personne d’autre. D’ailleurs on ne
peut pas tellement dire que c’est un
choix de faire telle ou telle musique :
c’est plutôt la musique qui nous
appelle à jouer.
Florentin Dragomir
violoniste franco-roumain des groupes
Manele, ciocolata…
Quand je suis arrivé en France, je ne
savais pas ce que ça voulait dire
« musique tsigane ». Les gens
attendaient que je joue des morceaux
hongrois (les csardas, les friss…), qui
sont en fait plutôt une musique
classique, écrite – mais qui représentent
ici en France la musique tsigane.
Maintenant j’essaie d’expliquer ça, dans
les concerts, mais les gens n’écoutent
pas forcément. Pour moi la musique
tsigane c’est plutôt autre chose : d’un
côté les manele, ces rythmes orientaux,
venus de Turquie, mais surtout les cintec
d-ascultare, les « chansons à écouter »
où le musicien va improviser des vers en
fonction de la situation. L’improvisation
c’est très caractéristique de la musique
tsigane, parce que les Tsiganes, quand
ils jouent une mélodie, très vite ils vont
broder autour, improviser. Et finalement
je crois que la musique tsigane peut
être toute musique jouée, quelque part,
c’est surtout une question
d’interprétation : chaque musicien,
Tsigane ou non, va s’exprimer à sa façon,
selon les couleurs dont il a envie – mais
ce qu’il faut, c’est y mettre de l’âme. Ce
n’est pas tout d’être bon technicien, il
faut savoir faire pleurer son instrument…
Costica Pantiru
Tsigane ursari de Roumanie, multi
instrumentiste, chef de la fanfare
Shukar, (entretien paru dans la Lettre
d’Info n° 54)
La musique de notre fanfare est une
musique diversifiée : nous jouons de la
musique traditionnelle, roumaine,
spécifique de la région moldave où
nous habitons. Mais on peut aussi jouer
de la musique de Transylvanie ou
d’Olténie, de quelque zone que ce soit
en Roumanie, de la musique d’influence
grecque, serbe, turque, klezmer... Dans
un sens nous sommes universels, nous
essayons de jouer tous les genres de
musique. (…) Mais nous jouons avant
tout de la musique pour les Tsiganes,
spécifique de la région de Zece Prajini.
Cette musique plus « tsigane », c’est
aussi une musique de fanfare et
d’influence moldave, mais plus
arrangée, avec un son moins accessible,
mieux préparé, plus harmonieux... Car
les Tsiganes sont une ethnie très
exigeante en ce qui concerne la
musique, surtout les Tsiganes musiciens,
ceux qui sont nés et ont grandi avec la
musique. Nous, nous ne dansons pas
avec les pieds, on sent surtout les
choses avec le coeur, on danse avec le
coeur... On ressent les choses
complètement différemment. C’est pour
ça qu’en Roumanie on sait que la
bonne musique est faite par les
Tsiganes. Les Roumains font eux aussi
de la bonne musique, mais ils sont bien
meilleurs lorsqu’il s’agit de construire
des maisons, par exemple. Mais nous
jouons pour les Tsiganes et les
Roumains, pour toutes les occasions :
où que ce soit, pour qui que ce soit,
pour quelque événement que ce soit,
nous jouons !
Tsiganes, musique et tradition, art et commerce
Speranta Radulescu est une ethnomusicologue roumaine : depuis longtemps elle parcourt la Roumanie et travaille avec
de nombreux groupes de musiciens de villes ou de villages ; elle exerce aussi son métier au Musée du Paysan Roumain de
Bucarest, où sont édités un certain nombre de disques de musique roumaine – et tsigane… Explications sur le panorama
musical en Europe de l’Est (particulièrement en Roumanie) et la présence des Tsiganes dans ces musiques.
CMTRA : Qu’est-ce que c’est « la
musique tsigane » ?
Speranta Radulescu : Tout d’abord,
je n’aime pas du tout utiliser ce mot au
singulier, parce qu’il n’y a pas une
musique tsigane : il y a des musiques
tsiganes locales, constituées autour de
certaines communautés professionnelles ou des groupes de tsiganes.
Ainsi en Roumanie, j’ai repéré
quelques musiques tsiganes différentes, où il y a une empreinte ethnique assez évidente : tout d’abord la
musique des musiciens professionnels
de Bucarest, du début du 20ème siècle,
qui était la musique des musiciens
professionnels pour eux-mêmes : la
« muzica lautareasca ». Et comme la
plupart des musiciens professionnels
étaient tsiganes, c’était une musique
tsigane pour les Tsiganes connaisseurs.
J’en ai repéré une autre, qui est la
musique d’une certaine région centrale
de la Transylvanie, qui a certaines
caractéristiques, des rythmes, des tournures mélodiques spécifiques. S’il y a
un mariage tsigane, les musiciens qui
se trouvent en tête du cortège jouent
cette musique pour que tout le monde
sache qu’il s’agit d’une noce tsigane
– et tout le monde le reconnaît :
Tsiganes et non Tsiganes.
Enfin j’en ai repéré une troisième dans
les milieux des Caldarari(1) . C’est une
musique où celui qui chante s’accompagne en frappant une sorte de tambour improvisé d’un tonneau, avec des
cuillers, des cailloux, avec le talon…,
une musique qui a une sonorité plutôt
« archaïque ». Ces Tsiganes prétendent
que leur musique est la vraie musique
tsigane. A leur manière, ils veulent
suggérer quelque chose : que c’est la
musique la plus ancienne.
De toute façon chaque communauté
tsigane qui dispose d’une musique à
elle est convaincue que sa musique est
la vraie musique tsigane.
D’où vient la confusion en Europe
de l’Ouest entre musique tsigane,
musique traditionnelle locale,
musique folklorique… ?
Cette confusion est savamment entretenue par de nombreux « commerciaux » de la musique – impresarios,
organisateurs de spectacle, producteurs de disques -, parce que le label
« tsigane » est un bon argument de
vente. Alors ils s’empressent de mettre
ce label sur n’importe quelle musique
qui vient de l’est, surtout de Roumanie. Quelques fois le label convient,
c’est vrai, mais le plus souvent ça ne
va pas. Et j’ai entendu des Roumains
comme des Tsiganes mécontents de
cette confusion… Mais de toute façon
ici on ne peut rien faire : c’est votre
affaire ! Ca tient aussi de l’ignorance :
les gens ignorent plus ou moins les
musiques de l’Est, ou ils les connaissent dans leur version folklorisée, et
alors ils s’imaginent que toute
musique venant de l’Est est de la
musique tsigane – c’est sur ça que
jouent les commerciaux de la musique.
Est-ce que du point de vue musical
on peut dire que les Tsiganes ont une
nécessité créatrice plus développée
que d’autres ethnies ?
Formulé comme ça, je deviens réticente : évidemment il y a un penchant,
mais je refuse les explications relevant
de la biologie. En pratiquant la
musique pendant des siècles – je ne
sais pas par quel accident, mais ils ont
commencé à le faire très tôt dans l’histoire -, ils sont devenus experts : on fait
ça en famille, dans les communautés,
on se transmet la chose, ça donne de la
compétence et ça développe l’imagination. Mais je ne veux pas parler d’un
penchant biologique pour la musique,
parce que je n’y crois pas et que je n’en
sais rien.
Pourquoi l’image tsigane est
généralement positive à l’Ouest
alors qu’à l’Est il y a une forte
discrimination ?
Ca tient à l’histoire culturelle de
chaque région de l’Europe. En Roumanie et dans les pays voisins il y a
eu beaucoup de Tsiganes à partir des
14ème et 15ème siècles : donc on
connaît la population, leur musique,
leurs coutumes, etc. Tandis qu’à
l’Ouest ils ont été moins nombreux. Et
l’imaginaire collectif, avec notamment
la littérature romantique, ont inventé
les Tsiganes vigoureux, enthousiastes,
près à commettre des gestes héroïques
: on a bâti une image du Tsigane
sublime, que les gens conservent
encore plus ou moins - et on ne peut
pas disloquer cette image… Tandis
que dans les pays de l’Est, où il y a eu
beaucoup plus de liens sociaux et culturels avec les Tsiganes, ils sont mieux
connus, ce qui explique notamment
qu’on ne fait pas la confusion entre
musique tsigane et n’importe quelle
autre musique.
Aussi, la confusion entre musique tsigane et musiques traditionnelles
locales vient du fait que beaucoup de
musiciens en Europe de l’Est et notamment en Roumanie sont Tsiganes – peutêtre 80% des musiciens professionnels
sont des Tsiganes. En Occident les
gens - qui ne connaissent pas les
mécanismes de fonctionnement de ces
musiques - s’imaginent que les Tsiganes ne jouent que de la musique tsigane, mais non ! Si c’est un professionnel il joue la musique de tout le
monde : la musique roumaine pour les
Roumains, la musique hongroise pour
les Hongrois… Il joue toutes les
musiques qui existent autour de lui
pour pouvoir gagner sa vie.
D’où vient le fait qu’il y a autant de
Tsiganes qui jouent de la musique
en Europe de l’Est ?
Il m’est difficile à dire, mais… voilà
les suppositions : en arrivant dans la
région, les Tsiganes sont devenus des
serfs des boyards (2) - certains faisaient
la cuisine, d’autres s’occupaient des
chevaux, d’autres faisaient de la
musique, etc. Ils jouaient la musique
qui était à la mode à l’époque. Et au
bout d’un moment les boyards ont
commencé à louer les services des serviteurs tsiganes aux bistrots, aux
auberges, là où ils pouvaient faire de la
musique pour tout le monde. Et graduellement les Tsiganes ont appris la
musique des Roumains, des Hongrois,
des Sachs, etc., et ils ont commencé à
jouer cette musique souvent paysanne.
Et au moment où ils ont été délivrés,
vers le milieu du 19ème siècle, au lieu
d’être entretenus et protégés par leurs
boyards en échange de leur musique,
ils se sont mis à la disposition des
communautés rurales pour faire leur
musique.
La situation dans les villes était différente : très tôt au cours de l’histoire, il
y a eu des Tsiganes qui appartenaient
aux princes des provinces et qui
étaient libres en échange d’impôts
assez importants. Et dès le 17ème
siècle, ils ont pu s’organiser en corporations professionnelles de musiciens
et gérer la distribution des musiciens
des villes. Et certains de ces très bons
musiciens tsiganes, libres, étaient
même bien riches, ils pouvaient recevoir de très gros pourboires en pièces
d’or, par exemple – et ils percevaient
en plus les taxes des membres des corporations ! Probablement les musiciens des villes jouaient de la musique
savante grecque, turque, peut-être
aussi occidentale à partir du 19ème. Et
puis ils ont fait des mélanges… Et certains sont rentrés dans les conservatoires au début du 20ème siècle, et ont
fait des carrières extraordinaires.
C’était des musiciens qui en soirée
donnaient des concerts à l’Athénée de
Bucarest, ensuite ils allaient jouer dans
les restaurants de luxe ; certains
avaient parfois des contrats en France
ou en Allemagne. C’est une catégorie
assez particulière de musiciens. Ils ont
même fait une musique nationale
roumaine, on leur doit beaucoup.
Et puis pendant la période communiste
il y a eu cette maudite folklorisation
qui les a obligés à rentrer dans le système de la musique folklorique officielle, festive, propagandiste, etc.,
sinon ils ne pouvaient pas faire carrière
et voyager. Cette musique était
contraignante et ils ne pouvaient pas
s’exprimer comme ils voulaient : dans
ces ensembles folkloriques ils étaient
obligés de ne jouer que de la musique
purement roumaine et aménagée
d’une manière assez infernale, assez
grotesque. Ils n’étaient pas libres de
jouer ce qu’ils voulaient, il y avait toujours un chef qui donnait les directives
générales, qui imposait certaines
pièces et surtout la façon de les jouer.
Bon, mais ceux qui ne voulaient pas
faire carrière, ceux-ci continuaient à
faire ce que leurs parents avaient fait :
ils étaient engagés par des paysans ou
des gens des faubourgs pour les fêtes
de mariage ou autres. Et ce sont eux
qui ont conservé la musique vivante.
Certaines fois ce sont les Tsiganes
qui connaissent mieux que
n’importe qui les musiques locales –
hongroises, roumaines…
Oui, c’est clair, parce que c’est eux
les professionnels depuis longtemps et
les gens comptent sur eux. Mais c’est
valable pour une bonne partie des coutumes traditionnelles locales. J’ai vu
des scènes pendant des fêtes de
mariage où les gens, ne connaissant
plus les séquences du rituel, ont
recours aux musiciens professionnels
– Tsiganes - qui ont le devoir de les
connaître, pour chaque village : ce
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
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geste on le fait après celui-là, etc. Et
j’ai entendu ça souvent des musiciens
de campagne : « les gens nous respectent, nous demandent conseil » Ils sont
aussi gardiens des coutumes locales,
c’est assez extraordinaire ! et c’est aussi
très important car c’est un vrai pouvoir,
de savoir bien faire les coutumes.
C’est un vrai plaisir de travailler avec
des musiciens tsiganes – ils sont vraiment sérieux : pour eux, avoir un engagement avec quelqu’un, écrit ou non,
c’est quelque chose qu’on respecte
par-dessus tout. On peut leur proposer des sommes extraordinaires pour
passer à la télé ou ailleurs, ils refusent
parce qu’ils ont promis à quelqu’un de
la campagne d’être présent à la fête
de mariage. C’est sacro-saint, un
contrat. Ils ont développé au cours des
siècles un sérieux professionnel qui est
formidable.
Vous parlez de Tsigane, pas de
Rom ?
Oui, je sais que les Tsiganes, les Roms,
surtout les chefs de leur parti, veulent
être appelés Roms. Mais les musiciens
– en Roumanie et aussi dans d’autres
pays - préfèrent être appelés Tsiganes,
peut-être parce qu’ils veulent être
considérés différemment des autres
Roms. Ils se considèrent supérieurs et d’une certaine manière ils le sont,
parce qu’en pratiquant ce métier ils ont
dû se socialiser, s’intégrer socialement… Alors ils veulent qu’on les
appelle Tsiganes, moi je le fais comme
ça. Evidemment les associations roms
n’acceptent pas, crient que ce n’est pas
possible, que c’est une façon d’exprimer des préjugés… Si les gens se
considèrent Tsiganes et se nomment
ainsi, pourquoi les appeler différemment pour être correct du point de vue
politique ?
(1) Caldarari : groupe de Tsiganes
chaudronniers – comme les Calderaches en France.
(2) Boyards : seigneurs de Roumanie,
grands propriétaires terriens
Speranta RADULESCU
Taifasuri despere muzica tiganeasca –
Chats about gypsy music
Ed. Paideaia, Bucarest, 2004
(résumé très complet sur 60 pages en
anglais)
Musée du Paysan Roumain :
www. muzeul taranului roman.ro
(pages en roumain et en anglais)
Les Tsiganes jouent musiques traditionnelles
locales, musiques folkloriques, musique tsigane…
photo : Alidor
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Dossier
Festival “autour de la culture tsigane”
Entretien avec Sébastien, président de l'Association des Nuits de la Roulotte et organisateur de la 5ème édition du
festival « Autour de la culture tsigane ».
tsigane en proposant une soirée
concert à la Traverse avec les groupes
Mango Gadzi et Debout sur le Zinc et
en montant aussi quelques petites activités autour de la culture tsigane. C'est
en assistant à cette première édition
que nous décidons avec trois amis de
reprendre le projet : nous avons été
charmés par une culture, la culture tsigane, et par un moyen de la diffuser.
Nous avons aussi été charmés par le
fait de jouer cette musique. Il a fallu
apprendre et cela n'a pas été facile…
CMTRA : Pourquoi avoir fait un
festival autour de la musique
tsigane ?
Sébastien : Pour resituer le contexte
de ce festival, les nuits de la Roulotte
sont à la base un projet étudiant de
l'IUT Gaco Musique de Chambéry qui
propose des horaires aménagés pour la
pratique instrumentale et le montage
de projets culturels. Ainsi Les Nuits de
la Roulotte sont nées sous l'impulsion
de trois étudiants passionnés de culture
Qu'est-ce que vous entendez par le
terme "musique tsigane "?
La musique tsigane a différents styles
- le flamenco (gitan), le swing
(manouche), le balkanique (rom)…chacun ayant ses particularités selon
les régions, les ethnies. On peut parler
là de musique traditionnelles. On
assiste aujourd'hui à une véritable évolution des musiques tsiganes avec des
métissages parfois insolites : on trouve
beaucoup d'electrotsigane, de rock,
voire de métal tsigane, j'attends avec
impatience des formations de dub ou
ragga tsigane, cela ne devrait pas tarder.
On a aussi du trad remanié avec des
groupes de swing où l'on va au-delà de
Django par exemple. Vous allez me
dire que l'on s'éloigne des musiques
tsiganes, pas du tout, dans ces groupes
de musiques "actuelles" on a un
mélange de « gadgés* » et de gens du
voyage très positif pour la fusion des
musiques ainsi que pour les rapports
entre les différentes communautés.
Y a-t-il des points particulièrement
positifs ou négatifs à proposer
cette thématique ?
Tout d'abord c'est une culture géniale
qui ne cesse de dévoiler de nouveaux
aspects : tous les ans je me dis, là on
a fait le tour ! Tous les ans, on
découvre de nouvelles choses, c'est
passionnant.
Deuxième grand point positif, c'est
une culture très populaire, et nous ne
manquons pas de public ! Ce n'est pas
négligeable ! Enfin, cela permet à des
gens méconnus voir méprisés de se
produire sur scène, ou tout simplement
d'être accueillis dans un endroit
convivial.
Point négatif, dans une ville comme
Chambéry, peut-être l'accueil des gens
du voyage, mais nous avons nos
propres terrains d'accueil.
Nous bénéficions d'une très bonne
image et il y a toujours des gens pour
nous aider en cas de problème. (nous
touchons du bois !!)
Qu'est-ce que les gens viennent
chercher dans un tel festival ?
Ils viennent faire la fête, découvrir des
groupes, des artistes et en général ils
ne sont pas déçus. La démarche du festival est de proposer un large choix de
spectacles parmi lesquels nous retrouvons des artistes connus (au niveau
national et international), des artistes
émergeants (régionaux) et des artistes
très peu connus voir amateurs
(locaux). L'idée étant de proposer à
chaque fois un spectacle de qualité.
Nous essayons aussi de proposer un
maximum de spectacles gratuits. Les
gens ont bien conscience que nous leur
offrons un moment de fête et c'est véritablement cela qu'ils viennent chercher.
Contacts
www.lesnuitsdelaroulotte.com
[email protected]
[email protected]
Sébastien : 06 81 87 80 23
* gadjo/gadje : pour les Tsiganes,
tout individu non tsigane.
Chroniques
ciblées
Un livre, un CD, un film qui valent le
détour - parmi tant d’autres…
Dire le chant, les Gitans
flamenco d’Andalousie –
Caterina Pasqualino
CNRS Editions, Paris, 1998.
Pas une note de musique et pourtant,
celle-ci est présente à chaque ligne. Pas
un terme technique et cependant,
l'analyse est bien là : elle montre, en
détail, comment les Gitans flamencos
créent leurs chants, les modifient, leur
accolent des paroles éphémères, les
poussent à bout de voix, jusqu'à - selon
une expression locale - s'en faire "saigner
les poumons". Dans Dire le chant,
Caterina Pasqualino réussit ce tour de
force qui consiste à faire vivre, avec les
seuls mots, une réalité musicale que
ceux-ci peinent habituellement à saisir.
Mais l'ouvrage ne traite pas seulement
de musique. A partir du chant, l'auteur y
dépeint la vie des Gitans de Jerez sous
un jour à la fois sensible et réaliste. Les
extraits d'entretien, les observations, les
anecdotes, servent à fonder des analyses
parfois très audacieuses et en tout cas
novatrices. Dire le chant est un chef
d'œuvre d'ethno(musico)logie et une
référence incontournable pour quiconque
s'intéresse à la culture gitane.
Victor Stoichita
Tony Weiss, Une figure du
jazz manouche en Auvergne,
AMTA 71330
Références
(non exhaustives) en vrac…
Bibliographie
Films
Henriette ASSEO, Les Tsiganes : une
destinée européenne, collection
Gallimard découverte
Emir Kusturica : Chat noir, chat blanc ;
Isabel FONSECA, Enterrez-moi debout,
l’odyssée des Tziganes, Ed.Albin Michel
Bernard LEBLON Le flamenco, Ed. Cité
de la musique / Actes sud, 1995
Speranta RADULESCU,
Taifasuri despere muzica tiganeasca –
Chats about gypsy music
Ed. Paideaia, Bucarest, 2004
Alain REGNIER, Tsigane, heureux si tu
es libre, UNESCO
Michael STEWART, Brothers in song
(ed. anglaise)
Patrick WILLIAMS, Les Tsiganes de
Hongrie et leur musique, Acte Sud / Cité
de la Musique
Patrick WILLIAMS, Django, ed.
Parenthèses
Patrick WILLIAMS, Nous on n’en parle
pas, les relations entre les vivants et les
morts chez les Manouches, Ed. Maison
des sciences de l’Homme.
Yan YOORS, J’ai vécu chez les Tsiganes,
Ed. Phoebus
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
Le temps des Gitans…
Tony Gatlif : Latcho Drom ; Swing ;
Vengo ; Gadjo Dilo…
Emil Lotianu, Les Tsiganes montent au
ciel, 1976, URSS.
Alexandre Petrovic, J’ai même
rencontré des Tziganes heureux, 1967,
Yougoslavie.
Jean Schmidt, Kriss Romani, 1962,
France
Sites internet
http://www.etudestsiganes.asso.fr/
Site de la revue Etudes tsiganes ;
l’association a son siège à Paris.
http://www.fnasat.asso.fr/
Observatoire national / Fédération
d’action sociale / Centre d’études et de
documentation / Centre de formation
http://lunamusica.free.fr/
Site portail, beaucoup de liens et
contacts en tous genres… (concerts,
expos, livres, associations…)
http://www.romanothan.ro/
Site de l’association roumaine
« Aven Amentza » (site en roumain et en
anglais) – galerie photo intéressante
http://perso.orange.fr/balval/
Notamment grosse bibliographie…
Ce dernier-né des atlas sonores édité par
l’AMTA est une petite merveille. Musique
et témoignages s’allient pour tracer en
quelques esquisses bien placées le
portrait sonore de cette grande figure du
jazz-manouche, habitant anonyme de
l’agglomération clermontoise.
Il y a tout d’abord le talent musical de ce
guitariste violoniste, de son jeu roots et
consistant, empreint d’une grande
sensibilité.
Il y aussi ces bribes de vies, celles de ce
Manouche chtimi d’Auvergne à la vie
fleuve, la vie roman, la vie nomade
transfigurée par la musique. Il y aussi
l’histoire du jazz et celle des musiques
d’Auvergne, leurs évolutions, leurs points
de jonction et de confrontation.
Un disque fortement recommandé pour
swinguer avec classe et rêver en mesure.
(disque chroniqué par Péronelle dans la
L.I. n°61)
Latcho Drom – Tony Gatlif,
1993, 1h40 - KG Production - Canal +
Partant du Rajasthan jusqu’en Espagne
pour suivre le fil des pérégrinations «
historiques » des Tsiganes, Tony Gatlif
propose dans son film entre fiction et
réalité, un voyage sensible et musical,
une rencontre de différentes ethnies :
Gitans du Rajasthan, Tsiganes de
Turquie, Roms de Hongrie, Lautari de
Roumanie, Manouches du Sud de la
France, Gitans d’Espagne... La simplicité
des images et l’exquise qualité des
musiciens est prenante, troublante,
envoûtante : la caméra nous prend par la
main et l’on part, à pied, en charrette, en
bateau, en cheval, en BMW, pour
découvrir et écouter les Musiciens du Nil,
les clarinettes d’Istanbul, le Taraf de
Haidouks au village, les palmas claquant
autour des grandes figures du chant
flamenca… La route dure 1h40 mais l’on
aimerait ne jamais arriver ! Si le propos
du réalisateur n’est pas de défendre des
individus mais « un peuple dans son
entier », il le fait ici par ce qu’il sait le
mieux faire : réunir d’excellents
musiciens, leur proposer avec tact une
séance musicale filmée (en respectant les
égos de chacun !) - et en faire profiter le
spectateur…
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Del’oralàl’écritetviceversa
Publication
Les catalogues Coirault
Vient de paraître !
Répertoire des chansons
françaises de tradition
orale Vol III : Religion,
crimes, divertissements.
Patrice Coilrault.
Ouvrage révisé et complété
par Georges Delarue,
Marlène Belly et Simone
Wallon.
Entretien avec Georges
Delarue.
CMTRA : Pouvez-vous nous présenter l’ouvrage; à quoi sert ce catalogue et à qui est-il destiné ?
Ce catalogue est destiné à tous ceux
qui souhaitent connaître notre patrimoine chansonnier et les différentes
versions publiées d’une même chanson appartenant au répertoire populaire ancien. Les chanteurs et fredonneurs de chants peuvent également
faire des recherches thématiques dans
le répertoire (trouver tous les chants où
il est question de l’arrivée du printemps par exemple) ou connaître
d’autres formulations d’un chant
qu’ils ont travaillé. Les musicologues
y chercheront les souvenirs que les airs
anciens ont pu laisser dans la tradition.
D’autres étudieront la manière dont
ont pu varier textes et mélodies ; ils
seront aidés en cela par l’indication
des « sources anciennes » c'est-à-dire
les données relatives aux traces de la
chanson dans des recueils des XVIe,
XVIIe, XVIIIe siècles, donc antérieurs
à la recherche folklorique.
Les catalogues Coirault :
des outils de travail et
de plaisir
Mercredi 7 mars. Je viens d’acheter
mon tome III du Catalogue CoiraultDelarue, paru depuis deux jours. Pour
moi, à la fois interprète,
collecteur/chercheur, et enseignante
de la chanson traditionnelle, les
Catalogues sont des outils
indispensables, outils de travail, mais
aussi outils de plaisir. Quand j’étais au
Musée ATP pour traiter l’inventaire des
collectages inédits, des visiteurs se
penchaient parfois sur moi d’un air
apitoyé, persuadés que je faisais là le
boulot le plus fastidieux du monde :
écouter toute la journée de vieux
chanteurs, identifier les chansons à
l’aide de gros bouquins remplis de
références… Moi j’avalais ça comme
des dragées, sans pouvoir m’arrêter. La
découverte, au début des années 70,
de l’extrême mobilité des paroles et des
musiques, a généré chez moi une
véritable fringale, toujours présente
aujourd’hui. J’ai commencé à annoter
de titres de chansons-types mes
recueils et mes collectes, celles que me
communiquaient les amis collecteurs,
et aussi les nombreux disques sortis
entre 1975 et 1985, en me servant du
Catalogue Laforte, puis du CoiraultDelarue. Rien ne vaut ce travail
d’identification, en partie automatique,
pour acquérir une connaissance intime
des textes et des musiques. Tous mes
bouquins et transcriptions sur la table,
je suis dans une espèce de fièvre, en
En sommes, ce répertoire est un instrument de travail analogue aux deux
catalogues dont on dispose pour les
contes (Aarne et Thompson et Delarue-Tenèze). Il s’efforce de dresser un
répertoire quasi exhaustif des chants
traditionnels recueillis dans les pays de
langue française et grâce à cette
exhaustivité, il permet également
d’établir une aire de répartition et de
diffusion de ces chants.
L’outil nécessite un certain entraînement au décryptage des signes,
pouvez-vous nous expliquer comment sont présentées les chansons,
et à quoi servent toutes ces références abrégées ?
Chaque chanson-type renvoie à un
numéro normalisé. A chacune nous
avons attribué un titre qui cherche à
évoquer le son contenu narratif, tout en
tenant compte de la rubrique thématique dans laquelle Coirault l’a rangée.
Bien évidemment, ce titre est arbitraire
car, dans l’usage courant, il varie d’un
chanteur à l’autre, d’une région à
quête d’un titre qui se dérobe, ou de
versions qui vont me fournir une
formulation plus frappante ou plus
poétique.
Là se situe la demande de l'interprète :
se constituer une version critique où ce
n’est pas l’accumulation des couplets
qui compte, mais le bonheur de
l’expression et la qualité de la mélodie,
cela sans inventer, juste en choisissant
parmi les trouvailles des milliers de
gens par qui sont passées les chansons.
Ainsi, dans “Le mari qu’on aime mieux
mort qu’en vie”, quand la femme qui
quitte son mari malade pour aller
chercher le prêtre, elle chante : “Je
partis au mois d’septembre, je revins au
mois d’avril”, c’est beaucoup plus drôle
- et plus cruel - que : “Je partis
l’dimanche au soir, je revins le
mercredi”. Un tel choix présente un
aspect volontariste auquel échappe
généralement l’interprète traditionnel,
encore qu’il lui arrive de modifier un
scénario (la même chanson-type peut
avoir une fin triste ou heureuse), ou de
rajouter un ou plusieurs couplets. Cette
option est permise à l’interprète, mais
évidemment pas au chercheur qui
publie une collecte ou une compilation.
On n’est plus dans la logique de
version critique d’un Doncieux, à la
recherche d’un “original” lointain qui
devait forcément comporter un
maximum de couplets pour être
complet.
Quand je transmets, en situation de
cours, de stage ou d’atelier, je donne
toujours, à côté d’un texte un tant soit
peu édité, ma source dans son
intégralité. Je fais aussi figurer, sous le
l’autre et il est souvent le fait du collecteur plutôt que du chanteur. Ainsi,
dans la rubrique « Relations sociales »,
vous trouvez la chanson « Le maître
jaloux du bouvier» et dans « Belles à
l’armée» vous verrez « La fille-soldat
reconnue grâce à sa chanson ».
Mais, à notre avis, un titre, si bien
choisi qu’il soit, ne peut suffire à
caractériser une chanson. Nous avons
donc établi un résumé qui vise à restituer le squelette verbal de la chanson.
Nous donnons également la coupe,
c’est à dire le nombre de pieds de
chaque vers et la manière dont se
répartissent les rimes (féminines/masculines). Identifier une chanson par sa
coupe peut paraître difficile mais c’est
le moyen le plus rapide pour y parvenir. Cette métrique est importante car
elle commande la structure de la mélodie et a beaucoup aidé à sa mémorisation par le chanteur. A une chansontype correspond une coupe, rarement
plusieurs. Par contre, plusieurs chansons-types peuvent avoir la même
coupe, ce qui a pu donner lieu parfois
à des interférences entre chansonstypes. Sans s’en rendre compte, la personne qui a entendu deux chansons
différentes pourra restituer un texte qui
combine l’une et l’autre. C’est un phénomène lié à l’oralité de la transmission. De ce fait, l’index des coupes
facilite la recherche des échanges et
interférences entre chansons et, surtout, il permet l’identification rapide
d’une chanson-type dès que l’on a
acquis ce réflexe.
Outre le dépouillement des recueils
anciens, Coirault renvoie à sa propre
collecte (Deux-Sèvres et Béarn) et
donne les références aux manuscrits
de Victor Smith (Velay-Forez, 18671876) et aux six volumes des « Poésies
populaires de la France » (enquête
Fortoul de 1852). Nous avons complété ces références par des ajouts de
versions recueillies par des collecteurs
contemporains comme, pour notre
région, Johannes Dufaud, Sylvette
Béraud-Williams, Jean-Noël Pelen…
Par contre, bien que nous l’ayons
envisagé dans un premier temps, nous
avons renoncé à tout renvoi aux documents audio-visuels (disques, cassettes, archives sonores).
Cette notion de chanson-type n’est
peut-être pas familière de nos lecteurs, pouvez-vous l’expliquer ?
Nous disons que deux chansons appartiennent à un même type si elles traitent du même sujet, si elles utilisent
des expressions comparables et surtout, si elles ont une même structure
de couplets. Par exemple pour la chanson « A la claire fontaine », plus répandue en France sous le titre « En revenant de noces », toutes les versions
font allusion à une belle qui se baigne
à la fontaine, s’essuie d’une feuille de
chêne, dialogue avec le rossignol et dit
« Mon ami m’a quittée pour un bouton
de rose que je lui ai refusé ». De plus,
toutes auront la même coupe. Bien sûr
rien n’est aussi simple dans la tradition orale, et pour une même chanson
nous avons souvent multiplié les renvois vers d’autres types voisins. Une
chanson peut appartenir à deux types
; encore une fois, tout classement est
arbitraire …
On dit souvent que les chansons
traditionnelles ne parlent que de
bluettes et d’amour mais votre
catalogue montre assez efficacement que les thèmes traités par les
répertoires populaires sont beaucoup plus variés…
Effectivement, le premier tome était
consacré à la poésie et à l’amour (la
séparation, les départs, les abandons
….) mais le deuxième recense les
chants liés plus directement liés à la
vie sociale et aux métiers (chants de
bergères, chant de mariage, de métiers,
chants liés à l’enfance, on y trouve
aussi tous les chants liés à des évènements politico-historiques ... etc).
Quels sont les thèmes couverts par
ce troisième tome au titre ambigu
« Religion, crimes, divertissements »,
qui achève cet inventaire ?
Il débute par les chants à caractère religieux: vie des saints, Passion, quêtes,
etc … Beaucoup de ces chansons ont
une volonté moralisatrice comme la
fille enlevée par le diable au sortir du
bal ; d’autres ont valeur satirique visà-vis des gens d’église. Puis viennent
celles relatives aux crimes (parricides,
infanticides, etc.). On trouve aussi
celles à caractère énumératif telles
les randonnées (La Perdriole, Biquette
n’veut pas sortir des choux, etc.). Arrivent enfin les chants de divertissement
qui, depuis les plaisirs de la table ou la
vie de l’ivrogne, abordent progressivement les thèmes érotiques.
Propos recueillis par P.B.
Où acheter cet ouvrage ?
Il est en vente au prix de 54 euros
(les deux premiers volumes sont encore
disponibles) au Service éditorial et commercial
de la Bibliothèque nationale de France
téléphone : 01 53 79 81 73 / 81 75
Mél. : [email protected]
Les 3 volumes du catalogue sont en
consultation au Centre de
documentation du CMTRA
titre incipit, les titres des Catalogues,
car il est toujours possible qu’un jour
ou l’autre, les participants veuillent
aller plus loin dans leur connaissance
des chansons. Je leur conseille aussi de
se méfier des dates. Les gens adorent
pouvoir dire : ça, ça date de 1575, ou
1720, ou 1810 ! alors que dans la
plupart des cas, ces dates ne reflètent
que l’époque où la chanson a été
consignée par écrit. N’empêche qu’il est
fascinant, au travers de versions
portant sur trois, quatre ou cinq siècles,
de constater et la mobilité, et la
permanence de certaines chansonstypes, tant dans leurs aspects musicaux
que textuels.
Mais ce qu’il y a de merveilleux, c’est
de se dire que même avec l’acquisition
de ce troisième et dernier tome du
catalogue Coirault, rien n’est fini, tout
reste ouvert. Des découvertes restent à
faire. Delarue nous dit lui-même qu’il a
dû renoncer à inclure les sources
sonores existant dans les collections
publiques ou privées, y compris celles
éditées sur disques et sur cassettes. Estil impensable d’envisager pour celles-ci
la poursuite du travail, via Internet par
exemple - avec un contrôle des sources
approprié - ainsi que me le suggérait
Conrad Laforte voilà plus de dix ans ?
Catherine Perrier
Chanteuse, collecteuse et chercheuse
spécialiste des répertoires francophones,
Catherine Perrier a contribué à
l’émergence du mouvement folk, initié
en 1969 avec la création du folk-club
Le Bourdon à Paris.
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Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Transmission
De génération en génération, de territoires en territoires, les musiques traditionnelles se transmettent par des canaux très divers : en famille ou entre
amis, au cours d'un bœuf ou d'une session, au détours d'un festival, d'un stage ou encore d'un atelier collectif du cadre associatif.
Si les structures publiques d'enseignement artistique (écoles de musiques agréées, municipales, conservatoires de région, …) se sont peu à peu emparées
de la question de l'enseignement des musiques actuelles, y compris les musiques traditionnelles et du monde, on peut regretter que celles-ci peinent à trouver leur place dans ces univers essentiels de la pratique artistique et de la transmission en France et que trop peu d'initiatives en leur faveur n'y soient
développées.
Nous profitons ici des projets développés par l'école de musique municipale de Saint Fons, l'EDMDA (07) et par Bruno Escafit pour mettre en lumière
quelques-uns des projets qui, à défaut d'une réelle politique de développement de l'enseignement des musiques traditionnelles, viennent placer ces esthétiques au cœur de la vie des élèves dans les structures publiques d'enseignement des pratiques artistiques et en dehors.
ANIRAÏ*
Entretien avec Stéphane
Méjean, artiste-musicien
et directeur musical du
Syndrome de l’Ardèche, en
résidence à l’EDMDA,
Ecole Départementale de
Musique et de Danse de
l’Ardèche. Au sein de cette
structure d’enseignement
artistique, Stéphane Méjean
s’invente passeur de
répertoires traditionnels
issus du territoire auprès
des élèves de cette école
dans le cadre d’un vaste
projet de création
«ANIRAÏ » qui fait voler en
éclats les cloisonnements
entre esthétiques.
* "Aniraï " en occitan " j'irai ",
extrait de "Aniraï veire ma mia "
"j'irai voir ma mie ", une chanson
ardéchoise !
CMTRA : Stéphane, tout au long de
l’année 2007, tu interviens à
l’EDMDA dans le cadre d’un projet de création autour des répertoires issus du territoire ardéchois.
Parle-nous de ce projet…
Quand le syndrôme s’invite à l’école…
SM. : Le projet s’inscrit tout d’abord
dans le cadre de l’Ecole Départementale de Musique et Danse de l’Ardèche, qui est structurée en antennes
dispersées sur tout le département
(Tournon, Saint Agrève, La
Voulte,Viviers …). Cette école est subventionnée par le conseil général de
l’Ardèche et les communes adhérentes
au syndicat mixte. Le projet d’établissement de cette structure d’enseignement des pratiques artistiques intègre
toutes les musiques, le versant classique bien évidemment mais aussi les
musiques actuelles, le jazz et les
musiques traditionnelles. Il intègre
également dans ses projets les structures musicales, les groupes de danse
et les scolaires des différentes
antennes.
Le projet en lui-même consiste, sur
l’année 2007, à sensibiliser les élèves
aux musiques traditionnelles de l’Ardèche, du Vivarais et des Cévennes en
les revisitant notamment par le filtre
du jazz, du classique ou des musiques
actuelles urbaines ou rock. Pour cela,
j’ai proposé aux différents protagonistes –enseignants, élèves et danseurs
- de travailler à partir de collectages de
chansons que j’ai effectués dans le
nord de l’Ardèche auprès d’informateurs et de porteurs de mémoires. Le
parti pris artistique est de révéler
l’étonnante modernité de ces mélodies
séculaires par une harmonisation, une
rythmique empruntée à la fois à la
musique classique française et postimpressionniste, et à un courant du
jazz développé par John Coltrane et
des musiciens d’aujourd’hui.
Le Syndrôme de l’Ardèche
Créé et dirigé par Stéphane Méjean à la fin de l'année
1998, "Le Syndrome de l'Ardèche" connaît un succès
croissant en France et à l’étranger. "le Syndrome de
L'Ardèche" propose une musique créative qui
s'inspire, rebondit sur les traditions musicales du
Vivarais des Cévennes et se mélange au jazz. Cette
année le répertoire se renouvelle et s’enrichit de
nombreuses chansons traditionnelles.
Le disque « Mastic Central » a obtenu 4 étoiles dans
le Monde de la Musique, et Les « Bravos » de
Tradmagazine .
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
page 14
Les répertoires qui nourrissent
cette création sont donc éminemment « trad » ?
Oui, c’est la base du projet. Ce sont
des répertoires de nos territoires, du
Vivarais, des Cévennes, des chansons
et des mélodies qui évoquent pour la
plupart la vie quotidienne et la vie
rurale. Nous travaillons notamment
sur des chansons que Mme Marie
Mourier m’a apprises lorsque je l’ai
sollicitée. Ce sont des chansons qu’elle
a apprises en gardant les chèvres à
l’époque et qui lui ont été transmis par
ses parents et sa famille.
Au début du projet, j’ai rencontré les
enseignants afin de leur proposer ces
répertoires. Je leur ai tout d’abord fait
écouter les versions brutes des collectages, en l’occurrence, Mme Mourier
qui chante, puis l’arrangement que j’ai
travaillé à partir du morceau original.
Les réticences de la première écoute se
sont vite dissipées lorsque les enseignants ont constaté quelle richesse on
pouvait extraire de ces répertoires, peu
faciles d’accès de prime abord. En fait,
on retrouve là la démarche essentielle
et le travail du musicien traditionnel :
comment, en pratique, peut-on puiser
dans des répertoires qui ont traversé
les générations et s’en emparer pour
créer un projet artistique résolument
contemporain ? De la source à la création, pourrait-on résumer synthétiquement.
Comment cela s’organise-t-il de
façon pratique ?
Du côté des élèves, je leur ai fourni dès
octobre la matière sonore et les arran-
Les membres du Syndrôme
I.Bazin
Chant, Accordéon Diatonique
PV. Fortunier
Cornemuse, Violon
D. Gente
Bugle,Chant
J. Kotchian
Tuba, Mandole,Chant
P. Sibille
Percussions
S. Méjean
Cornemuses, Saxophones,Chant
Direction Musicale
Contacts
Le Syndrome de L’Ardèche
2,rue Charles Forot
07300 Tournon France
Tél : 04 75 07 00 76
[email protected]
www.lesyndrome.fr
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
gements sur CD en pensant notamment à tous ceux qui ne sont pas lecteurs. Les instrumentistes ont également les retranscriptions et les notations. Depuis, ils travaillent avec leurs
enseignants respectifs sur cette
matière, ces arrangements et s’attachent à s’en emparer. Plusieurs
groupes ou ensembles se sont donc
constitués.
Un quatuor vocal classique travaille à
quatre voix une œuvre de Vincent
d’Indy conçue à partir d’une mélodie
traditionnelle ardéchoise tandis que le
secteur jazz, qui s’est structuré en bigband, travaille de son côté avec des
pupitres à quatre voix également. (un
grand merci à Pascal Torgue). Les
musiques actuelles et les cours de pratique vocale ne sont pas en reste et sont
également intégrés au projet, et bien
entendu le secteur des musiques traditionnelles qui, sous l’impulsion et
l’énergie de Joël Meiller (grand merci
aussi !) s’est emparé du répertoire. Le
projet concerne environ quatre-vingtdix participants, avec chanteurs, musiciens et danseurs. Le Syndrome de
l’Ardèche viendra ajouter sa pierre à
l’édifice avec un travail de répétition
et d’échange avec les amateurs pour le
concert final.
Même si le travail effectué dans l’année sera, certainement tout aussi
important que la production finale, ce
projet se concrétisera les 29 et 30 Septembre 2007 à Davézieux ( 07) avec
tous ces ensembles réunis dans un
spectacle aux multiples formats scéniques.
musiques en général, à inviter chacun
à considérer toutes les (autres)
musiques qui, en tant que telles, n’ont
ni plus, ni moins de valeur intrinsèque
les unes que les autres.
N’est-ce pas là un projet qui prend
tout son sens ?
En effet, on travaille sur le territoire où
les chansons et le répertoire que nous
jouons ont été collectés, en lien «
direct » avec les sources. Le tout, dans
un projet de transmission qui mêle
amateurs, enseignants et professionnels, qui s’étale sur un an et dans
lequel on tend vers la création… Oui,
ça prend tout son sens ! Et cela correspond bien, il me semble, à une
demande de plus en plus forte des
écoles et des enseignants dans la
mesure où ces projets contribuent à
donner du sens aux projets artistiques
développés et défendus par ces structures.
Propos recueillis par J-S. E.
Contacts EDMDA
En partenariat avec le Conseil Général de
l’Ardèche
Maison de Bésignolles
2,route des mines
07000 Privas
Tel. : 04 75 20 28 40
Le Syndrome de L’Ardèche
2,rue Charles Forot
En tant qu’artiste, que trouves-tu
dans ce type de projets ?
Essentiellement le plaisir et la satisfaction de faire découvrir ces
musiques. Cela permet de participer au
décloisonnement de la musique, des
07300 Tournon France
Tél : 04 75 07 00 76
[email protected]
www.lesyndrome.fr
Marie Mourier
Marie Mourier née Vallon le 7 Mars 1922 est originaire de Saint
Jeure d’Andaure ( Ardèche ).
Cette dame pleine d’humanité chante depuis son enfance un riche
répertoire transmis par ses parents :
« Ma mère et mon père chantaient » .
« Je chantais en gardant les bêtes »
Elle vit aujourd’hui au-dessus de Saint Félicien, chante quand
l’occasion se présente et écrit régulièrement en occitan et en français
dans le bulletin de l’office du tourisme de St Félicien.
lettre 65
26/03/07
22:47
Page 15
BrunoEscafit
Rencontre avec Bruno
Escafit, poly-instrumentiste
et diatonicien, il intervient
en tant qu’arrangeur
–orchestrateur dans
l’association Empi et
Riaume de Romans
CMTRA : Bruno, en quelques mots,
peux-tu te présenter ?
BE. : Je réside depuis treize ans dans le
sud de la Drôme près de Buis les
baronnies après avoir quitté la région
parisienne. J’y suis devenu musicien
professionnel lorsque j’ai décidé il y a
quelques années de changer de cap
professionnellement et de quitter mon
métier d’artisan dépanneur en matériel
électronique. J’ai alors suivi une formation professionnelle qui m’a permis
d’approfondir des domaines tels que
l’harmonie, le contrepoint, la composition, … J’ai eu plusieurs groupes et
notamment « Les Foulques » autour
d’un répertoire de musiques à danser
folk qui abordait des musiques et
chants des régions de France, du répertoire renaissance, mais aussi de l’irlandais comme de l'est-européen. Je
joue actuellement avec « les Ephémères », formation franco-belge avec
flûtes, violon, accordéon, guitare et
contrebasse.
Dès que je peux rencontrer d’autres
musiciens, je m’efforce des les associer à des projets. Ainsi, il y a quelques
mois, j’ai initié entre Drôme &Vaucluse « l’Atelier Renaissance » où
nous explorons les œuvres polyphoniques originales de maîtres compositeurs, tant en petite formation vocale
avec 1 chanteur par voix) qu’en instrumental. De façon générale, j’aborde
la musique en premier chef autour de
la pratique collective et sociale qu’elle
permet.
Ton parcours d’artiste t’amène à
intervenir régulièrement dans des
écoles, des associations et notamment Empi et Riaume…
En effet, cela fait plus de 10 ans que
je donne des cours d’accordéon diatonique dans des écoles de musique
associatives en sud-Drôme En 2004,
j’ai monté le stage « accompagnement
de chansons à l’accordéon diatonique
», qui en est à sa 7° édition, en RhôneAlpes mais aussi en Belgique. J’accompagne aussi des stages de danses
traditionnelles. Récemment j’ai été
embauché pour réaliser des interventions pendant une année dans l’association Empi et Riaume, située à
Romans dans la Drôme. Créée dans
les années trente et très centrée sur les
territoires du Dauphiné et du Vivarais,
l’association développe des projets de
représentation folklorique et de transmission, dans un cadre particulièrement intergénérationnel. Les adhérents
sont tous pétris des musiques du territoire et des pratiques qui les accompagnent. Ils en maîtrisent les tenants et
les aboutissants : les inflexions, les
ralentissements rythmiques, ce qu’il
faut pour faire une relance, … Le
répertoire est construit autour des
musiques d’Ardèche, solidement
ancrées dans la ruralité et celles du
Dauphiné, quelque peu plus « embourgeoisées », si je puis m’exprimer ainsi.
En quoi consiste ton travail ? Quel
est ton rôle dans ce type de projet ?
A partir de mes connaissances et ma
pratique d’arrangement, je tente de
trouver des résonances avec les pratiques de ces amateurs jeunes et
adultes en les emmenant vers des pratiques inconnues pour eux jusqu’ici.
Par exemple, je vais leur faire découvrir et leur faire chanter un bourdon
enrichi à 5 voix. Alors qu’ils n’en ont
jamais fait, ils comprennent très vite le
principe. Je les fais également travailler sur la nuance. Par delà les notes
de musiques et tous les signes imprimés, je pousse chacun à explorer sa
propre musicalité et c’est chacune de
ces personnalités typées qui donneront
une texture à l’ensemble. Un chanteur
est un musicien dont l’instrument est
la voix : Untel aura du coffre, tel autre
un beau timbre mais peu de puissance,
C’est à chacun de tirer le meilleur parti
de son instrument et à faire que l’ensemble lui fasse place à certains
moment. Un exemple sur un chant à
répondre : un soliste bien costaud
éventuellement avec un contre-chant
instrumental, puis un chœur qui
répond à l’unisson ou harmonisé, mais
en nuance piano, épaulé par une basse
qui peut venir d’une vielle, d’un accordéon. Une telle approche orchestrale
se distingue de la fusion des voix si
souvent recherchée dans les chorales.
On travaille sur les répertoires du Sud
de la région, de tradition tantôt provençale, ou de musiques du Dauphiné
jusqu’aux Hautes-Alpes. Le territoire
est évidemment très large et riche de
traditions sur l’Ardèche mais on va
aussi jusqu’au territoire des bourrées,
avec bon nombre de chansons …
Dans mon rôle d’intervenant, j’arrive
dans « un train en marche », de leur
côté, ils ont sélectionné des répertoires
issus, notamment, de leurs collectes. Je
retranscris le répertoire choisi, le joue
sur mes instruments (accordéon,
flûtes, chant, …), puis le réarrange.
Mon intervention en lien avec le chorégraphe Stanislas Wichniewsky, a
pour but une création chorégraphique,
à base de danses traditionnelles, d'où
l’aboutissement fin 2007 se matérialisera par des représentations sur scène.
Ce projet a obtenu le soutien du Ministère de la Culture.
Transmission
Qu’est-ce que tu penses que ton travail et ton intervention apportent
aux amateurs ?
Parfois, ces gens qui ont une longue
pratique ont le sentiment d’avoir fait le
« tour de leur histoire » et voudraient
bien aller plus loin, mais ne peuvent y
parvenir seuls. Il y a, à mon sens, chez
une partie des amateurs l’envie d’arriver à faire de la « bonne musique »,
comme ils peuvent l’entendre en spectacle ou sur des disques. Par exemple,
pour des ensembles réunissant chanteurs et instrumentistes, s’il est assez
simple de jouer ensemble, il est moins
évident de sortir de la répétition d'une
tourne avec le même équilibre entre
les différents pupitres; je tente de leur
faire prendre conscience de la profondeur de chaque morceau et des
ambiances et couleurs que l’on peut
générer grâce aux différentes voix. Le
travail d’enregistrement et d’écoute est
dans cette perspective un atout pour
prendre conscience, petit à petit, du
résultat sonore qui sera proposé aux
auditeurs. Quand ces musiciens réalisent la beauté de l'univers éphémère
crée grâce à leur contribution, grande
est alors ma satisfaction.
Discographie:
Musiques irlandaises &
celtes par « Un peu
frais pour la Session »
édition JMC Music
Chansons de Provence,
livre CD édition :
Bibliothèque Pédagogique de Nyons
Contacts
EMPI & RIAUME,
Parc Mitterrand
26100 ROMANS,
France
Tél: 04.75.02.30.52 Fax : 04 75 02 16 79
email : [email protected]
Web :
http://www.empi-etriaume.com
Bruno ESCAFIT
Le grand Pré
26170 EYGALIERS
Propos recueillis par J-S. E.
Tél : 04.75.28.02.09
Port : 06.61.24.29.17
Mail:
[email protected]
Web :
http://www.lezardsoleil.123.fr
TradàSaint-Fons!
Entretien croisé avec
Norbert Gelsumini,
directeur de l’EMA de
Saint Fons et MarieHélène Vuillermet, artiste
intervenante au sein de
cette structure.
CMTRA : Norbert, l’école de Saint
Fons a une « longue » tradition de
développement de projet en lien
avec les musiques traditionnelles,
peux tu nous faire un bref retour en
arrière sur ces différents projets ?
NG. : Oui, l’Ecole de Musique a toujours accueilli avec grand plaisir des
cours, stages ou ateliers du CMTRA.
Il est vrai que la proximité des 2 structures facilitait ces échanges. Cette
année encore, la cornemuse écossaise
de Jean-Michel Platen ou la guitare
flamenca de François Tramoy font
résonner les couloirs de l’Ecole.
Plus généralement, c’est dès l’année
2001 que des actions ont été mises en
route dans ce domaine à l’Ecole Municipale de Musique Agréée de SaintFons, en lien étroit avec la danse, l’aspect corporel et le mouvement. Un
projet triennal, soutenu par la DRAC,
« Danses renaissance, danses baroque
» a été élaboré avec les classes de
musique dites « anciennes » , avec des
partenaires artistiques comme Véronique Elouard, Naïk Raviart, ou l’ensemble Noema.
Une suite logique à ces actions s’est
alors imposée, pour aborder enfin les
danses traditionnelles et c’est en 2005
que l’Ecole de Musique décide de
concevoir un projet finalisé par un Bal
Folk. Les actions connexes à ce bal
sont alors centrées sur les stagiaires
instrumentistes, élèves de l’école de
Saint Fons et ceux d'autres communes.
L’aspect pédagogique est, dès le
départ, au centre de notre réflexion.
L'objet même du projet est d'appréhender le jeu pour la danse : connaître
les appuis, les élans, savoir les danser,
pour mieux apprendre à les jouer ... et
inversement !
Des stages sont organisés, avec des
thématiques bien précises qui nous
paraissent des points essentiels : Marc
Perrone et Marie-Odile Chantran
interviennent pour l’initiation aux
danses, la découverte du répertoire
traditionnel et des compositions, un
travail sur « l’art et la manière » de
jouer pour la danse, plus globalement
« la relation et l’influence de la
musique sur le mouvement. » Puis
Christian Oller et Véronique Valéry
prennent le relais pour l’apprentissage
du répertoire de manière orale et sensorielle, le travail d’improvisation, de
création sur les thèmes déjà connus,
la mise en situation de jeu avec la
danse par petits ensembles et travail
collectif sur les élans, les appuis, les
tempo, …
La présence d’artistes –musiciens
et/ou danseurs- au sein de la structure
d’enseignement nous semble tout à
fait primordiale et se révèle indispensable à une bonne conduite de ce type
de projet. A la suite de ces stages, est
arrivé le grand moment final, le bal,
la récompense avec tous les intervenants réunis, les stagiaires et le public
nombreux. Je garde un souvenir ému
de ce projet, de sa conception à sa réalisation, avec la complicité de Véronique Valery qui a su réunir des partenaires particulièrement attachants.
En 2006, nous avons renouvelé cette
opération. Le support Bal Folk, et le
travail qu’il nécessite en amont, nous
semble coller parfaitement avec cette
idée d’une Ecole de Musique « outil
socialisant. » Nous avons donc souhaité nous orienter davantage en direction des habitants de Saint-Fons, en
proposant des actions de sensibilisation au préalable pour les habitants de
la commune, en amont de ce projet,
qui met en avant une esthétique particulière mais surtout une grande convivialité et une place primordiale à la
rencontre !
Ainsi, des moments particuliers sont
privilégiés avec les habitants tout au
long de l’année, avec l’Espace Communal de Solidarité où nous rencontrons les habitants en journée sous la
forme de « Café-musique », avec les
Centres Sociaux pour une soirée folk,
ou encore en milieu scolaire dans les
écoles de la Ville avec D’accord Léon.
Nous accueillons enfin Rural Café, le
duo Christian Oller & Roger Lassalle
et Camino de Galicia pour le bal.
L’école reste cette année fidèle à
cette « tradition » de projets, d’accueil des artistes et de travail avec
les élèves. Pouvez-vous nous présenter le projet de 2007 ?
NG. : Cette année 2007 est en effet,
particulièrement riche en rencontres
avec des artistes de musiques et de
chants « traditionnels ». Christèle
Rifaux et le Chœur de Femmes de
l’Ecole de Musique accueillent 4
grandes dames venues de 4 régions et
de cultures différentes : Antonella
Talamonti, Helen Chadwick, Mariona
Sagarra et Soraya Mahdaoui pour une
création musicale a cappella « Les
Voix là » les 24 et 25 Mai 2007 au
théâtre Jean Marais. Sur le plan du bal
folk, par rapport aux années précédentes, nous nous situons sur un axe
fort « d’intercommunalité » . Je tiens à
souligner le gros travail de MarieHélène Vuillermet qui a su convaincre
chacune des écoles dans lesquelles elle
travaille, du bien-fondé et l’intérêt de
développer ce projet, et Véronique
Valéry toujours présente et attentive,
qui a pris en charge l’atelier Musiques
traditionnelles cette année à SaintFons.
Ces 2 professeurs, avec Laure Michel
et Noëlle Vadot, ont proposé une
conférence illustrée « Musiques des
pays de l’Est, de la Hongrie aux Balkans » de grande qualité, au sein des
structures partenaires. Parallèlement,
le projet de Rencontres des ateliers
intercommunaux de Musiques Traditionnelles a lieu toute l’année avec St
Fons, Meyzieu, Tassin-la Demi-Lune,
Feyzin, St Genis Laval .
MH.V: Notre « trad‘ band intercommunal » fort d’une cinquantaine
d’exécutants aborde la thématique
« musique de l’est et des Balkans, »
encouragé par la directrice de l’école
de Meyzieu, Marion Fourquier, elle
aussi passionnée de musiques traditionnelles. Conférences sur ces
thèmes, rapprochement avec les populations de l’est immigrées sur Meyzieu
et premier concert le 23 mars en collaboration avec le groupe Musafiri,
pour un concert à écouter, église St
Sébastien. Le second temps fort est
prévu le 5 mai, au hall des fêtes de
Saint-Fons avec cette fois-ci une première partie atelier et cours de formation musicale de Saint-Fons, et une
deuxième partie musique à danser
avec le groupe Folka Orange avec
quelques morceaux communs.
Les musiques traditionnelles prouvent
une nouvelle fois leur impact émotionnel, humain, sociologique : les
élèves en redemandent, des liens sont
crées sur les communes entre nous,
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
page 15
musiciens avides d’échanges et des
populations appréciant que leur culture soit sollicitée et si vivement
appréciée.
Que pensez-vous que ces projets
apportent spécifiquement à vos
élèves ?
MH.V : Il me semble qu’en premier
lieu, ces projets permettent la découverte d’horizons nouveaux, une ouverture d’esprit, un élargissement de ses
connaissances et une sensibilisation au
respect des autres et des cultures différentes. Et puis, cela créé une certaine
émulation des groupes plus aguerris
qui, éclairés par l’expérience et les
conseils des artistes invités, développent une écoute avertie et constructive.
Et en tant qu’artiste, MarieHélène, que retires-tu de ces expériences ?
MH.V : J’ai trouvé depuis 3 ans un bel
équilibre entre mes activités d’enseignante et d’interprète : je ne pourrai
concevoir l’un sans l’autre.
Recherches, créativité, enrichissement
de l’échange exigeant avec le public
alimentent la transmission aux élèves,
avec du coup une dose débordante
d’énergie et de passion du vécu. Ces
derniers voient leurs « profs » en situation d’interprètes, c’est du concret,
énergétique dynamisant et moteur. D’
ailleurs ces dernières années textes
officiels et concours mettent en avant
cette fonction essentielle de l’enseignant : sa pratique et son rayonnement
artistique.
Le but est atteint quand des groupes
autonomes d’élèves se forment, à la
recherche d’une identité propre, avides
de suivrent les traces de leurs aînés.
Dates
Bal 2007 de SaintFons, samedi 5 Mai au
Hall des Fêtes
20 h / Rencontres des
ateliers intercommunaux Musiques Traditionnelles
21 h / Bal Folk avec
FOLKA ORANGE . Animation du Bal G.Chuzel ( Chanterelle )
Contacts
Ecole Municipale de
Musique Agréée G.Laurent
19, Place Durel - 69
190 SAINT-FONS
Tel : 04 78 70 47 79 /
Fax : 04 78 67 34 85
Mail :
[email protected]
Propos recueillis par J-S. E.
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
lettre 65
26/03/07
Disques
22:47
Page 16
j’aimelagalette
ABNOBA NU
ROOTS
Vai Facile
Ils font partie de la nouvelle garde
italienne du Nord, ils ont grandi
dans la musique, à l’ombre du
Mont-Blanc,
ils
sont
polyinstrumentistes et jouent avec
une belle énergie. Influencés par les
Trouveurs Valdotens, ayant assimilé
l’héritage mustradémien, flirtant
avec les phrasés jazz et les
possibilités qu’offrent les nouvelles
technologies modernes, les jeunes
musiciens de Abnoba s’en donnent
à cœur joie et nous envoient avec ce
disque « Vai facile », une musique
rythmée, claire et bien balancée.
Du bon bal folk, qui mêle
habilement franches explosions de
musiques, ruptures et subtilités
rythmiques, entrelacs de sonorités
subtilement dosés et échappées plus
mélancoliques.
Avec
Vincent
Boniface, Simon Bottasso, Paolo
Dall’ara, Giovanni Zap Delfino,
Marco « Mammo » Inaudi, Pietro
Numico. A vous sur les parquets …
Felmay
KAMENKO
Crven
Kamenko c’est d’abord quatre musiciens aux parcours très différents :
accordéon, percussions, clarinettes et
tuba, qui explorent les musiques traditionnelles, classiques et contemporaines. Leur lecture expérimentale des
musiques traditionnelles de Macédoine, Bulgarie, Serbie, Albanie,
France, et de la musique Klezmer, crée
un univers unique, poétique et
empreint de folie. Leur premier
album, Crven (prononcer « tsevèrn »),
propose des titres de ces répertoires
traditionnels revisités, mais aussi des
« plages solo » qui permettent d’éclairer la personnalité propre à chacun des
musiciens et de créer une unité originale. Vladan et Dragan Mitrovic, les
accordéonistes du groupe tzigane de
Serbie Kal, enrichissent cet album par
leur participation à deux morceaux.
Ce quartet vous entraîne irrémédiablement dans un voyage onirique, vers
les musiques de l’Est. Leur premier
album se savoure et donne envie de
connaître la suite de l’histoire de
Kamenko…
TERRE-NEUVAS
Bernard Subert,
Marc Anthony,
Pierrick Lemou
« J’avais à peine 30 ans et c’était
mon 15ème grand départ » …
Ainsi s’ouvre Terre-Neuvas ; sur
les rêves de grands départs pour
l’outre-mer, pour les rives de
l’inconnu.
Case départ sur les quais de SaintMalot sous le hurlement des
mouettes et dans les cris des
marins échaudés par le départ «
Allons-nous en puisque l’on nous
engage .. ». Chants et instruments,
sons de mer et aventures
particulières se mêlent pour
raconter une seule grande histoire,
celle des hommes de la mer. Des
compositions, des improvisations,
mais aussi bien sûr, beaucoup de
chants de marins réinterprétés à
partir de collectages recueillis un
peu partout en France jusqu’au
Canada.
Ces
répertoires
passionnants rythmaient la vie sur
les bateaux ou aidaient les autres à
attendre leurs retours. Il y a des
chants des chants pour virer au
cabestan, des chants à curer les
rains (pour creuser des tranchées
dans le sel). Il y a tous ceux qui
étaient chantés dans les tavernes
des ports d’escales, et puis ceux
chantés par les femmes restées à
terre. Terre-neuvas les égrène un à
un, au fil d’un disque construit
comme un long voyage. On entend
les cordes grincer, on sent la
fatigue et l’excitation des hommes
sur le pont. « J’aime les marins qui
naviguent, j’aime les marins qui
naviguent au loin »…
Cinq planètes/ CP 07202
LA
SOUSTRACTION
DES FLEURS
Jean-François
Vrod
LO COR DE
LA PLANA
Tant deman
Il manque bien quelques pieds aux
chaises des chanteurs du Cor de la
Plana, qui introduisent la notion de
«
bancalité
»
(néologisme
théronnien) à leur « Tant Deman »,
disque consacré au répertoire à
danser, chanté en occitan. Bancales
et joyeuses, raffinées et puissantes,
groovy à souhait, provocantes,
parfois même à la limite du kitsh,
les chansons de Tant Deman vous
prennent
à
contre-pieds,
et
convoquent au grand bal tamurriata
italienne, fanfares clinquantes,
rythmes marocains, déhanchements
disco et boum boum dream&bass.
On s’étonne à peine de voir à quel
point tout cela épouse avec naturel
les répertoires occitans, Lo Cor de
la Plana n’y perd aucune aile et
gagne en maturité, audace, et
liberté. Plusieurs pièces de choix
méritent
quelques
lignes
particulières : Une réinterprétation
de Fanfarneta vous étreindra le cœur
d’émotion et vous fera sûrement
perler larme à votre oeil. La Vielha
vous arrachera les pieds du sol pour
vous porter tout droit sur les dancefloors. Idem pour la Noviota,
farandole endiablée, qui à force de
“laridoum”, entorses et ajouts
rythmiques, chants en envol libre,
risque de vous propulser vers des
drôles d’états non contrôlés. On ne
peut les décrire tous, chaque
morceau réserve ses surprises de
choix. On appelle ça polyphonies
trépidantes ? C’est plutôt bien
trouvé !
Buda Musique/ Cie du Lamparo
L’excellente collection « Signature »,
consacrée aux musiques transgenres,
fait une belle place à Jean-François
Vrod, violoniste de grand talent, infatigable passeur de musique, un des
seuls de cette génération à ne pas
s’être fait happer par le son « folk »,
pour s’être forgé dans la longueur le
sien, tout proche de celui des violoneux d’Auvergne avec lesquels il a
tant appris. Avec La Soustraction des
Fleurs, il puise sans ambages dans sa
longue fréquentation des répertoires
du Massif Central, pour nous offrir un
beau virage vers les musiques contemporaines. Accompagné par Frédéric
Aurier au violon et Sylvain Lemêtre
au zarb, Vrod nous invite à arpenter un
chemin qui se construit sous nos pieds,
dans le présent et le spontané, sur les
trames solides des violoneux. « Ce que
donne à entendre la tradition populaire
n’est pas qu’une collection de jolies
mélodies, c’est aussi tout le reste, des
timbres, des formes, des pré-textes, où
le son est d’abord l’affaire de celui qui
le joue ». On a rarement vu approche
plus juste. Le son des violons de la
Soustraction des fleurs est plein,
charnu, à la fois énergique et mélancolique. Les mélodies sont bien là,
mais plutôt comme des réminiscences,
comme des reflets incertains et fugitifs. On entend aussi « tout le reste »,
les craquements et les grincements, les
cris des hommes et les ombres des
forêts du Massif Central, les hésitations et les moments de fièvre musicale où la bourrée « tourne ». Il paraît
que sur scène, c’est tout aussi captivant. Découvrez à tout prix, ce violoniste, il est prêt à vous embarquer.
Signature-France Musique
En vente dans la Boutique, p17.
Publications
Lo resson de la pèira/ L’écho de la pierre
Volume 2 : Une année en
chansons pour les 6/10 ans
Modal/ Jean-Michel Lhubac,
Marie-José Fagès-Lhubac,
Josiane Ubaud avec le concours
de nombreux amis musiciens.
Ce livre est une jungle, une vrai mine, un terrain de jeu, un rêve
pour petits et grands.
Musicalement, autant le dire tout de suite, il est génial et évite avec
un talent inégalé les pièges de la mièvrerie enfantine. Sur un plan
plus pédagogique, il est redoutablement efficace et fourmille de
pistes pédagogiques et sonores. Enfin, et c’est aussi le coup de
force de ce travail, il n’arrête pas de donner du sens. À quoi bon
aujourd’hui transmettre des chants en occitan aux enfants ? Comment ces répertoires accompagnent l’enfant dans la découverte
de son corps, des autres, du monde qui l’entoure avec ses cycles,
ses ombres et ses mystères … Comment apprend-on dans la transmission orale ? Pourquoi réintroduire du sacré et du rituel dans le
quotidien … de nombreux articles et encarts autour des chants
documentent, mettent en contexte, interprètent, car les meilleurs
passeurs restent les parents et une grande partie de l’ouvrage leur
est consacrée.
Le premier volume était consacré aux chants de la petite enfance
et déclinait berceuses, rondes, incantations à caractère cosmique
(!), incantations aux animaux, comptines et chansons moqueuses,
mimologismes …. On trouvera dans celui-ci des chants liés à la
ritualité (chants de la Saint-Jean, chants de travail), aux saisons
ou au monde animal. Jean-Michel Lhubac, Marie-José Fagès-Lhubac ont convoqué pour faire vivre ces chansons une étonnante
bande; de Minvielle à Claude Sicre en passant par Céline Ricard
et Daniel Loddo, Rosina de Peira et tant d’autres … Au contact de
l’enfance, les répertoires traditionnels retrouvent une étonnante
légèreté, une créativité sans limite, une malice régénérant qui sonne
juste. C’est un travail d’une grande cohérence et intelligence, on
aimerait qu’il trouve tout l’écho qu’il mérite.
L’ouvrage est en vente auprès de la FAMDT : 38 Euros .
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
page 16
Musiques savantes, musiques
populaires
Les symboliques du sonores en
France 1200-1750
Luc Charles-Dominique
CNRS Editions – 28 euros
Les termes de « haut » et de « bas » appliqués à la musique n’ont
pas toujours évoqué la puissance sonore et les hauteurs des instruments. À l’époque médiévale puis à la Renaissance, ils renvoient à tout un ensemble d’éléments symboliques qui s’ancrent
dans des usages, dans une réalité sociale et tout un ensemble de discours dont nous avons perdu les clefs. De quoi étaient faites ces
représentations, comment se répartissaient-elles l’espace social,
comment les instruments étaient-ils crédités de valeurs positives
ou négatives par les théologues ? Luc Charles Dominique, poursuivant un travail initié il y a ving-cinq ans sur le personnage musical du ménétrier, est allé puiser dans les vieux grimoires, dans la
littérature médiévale, il a analysé les bas-reliefs des églises et les
gravures anciennes. Il y aurait donc une musique du « bas », appartenant à la sphère du religieux, dont les cordophones serait l’élément organologique et auquel seraient associées les notions de
résonances et d’harmonie, d’intériorité et de pureté. Le « Haut »
appartient aux aérophones, auquels se rattachent les notions de
monodie et du tout-volume. C’est le monde des musiques profanes,
volontiers perçues comme diaboliques et sorcières. Ce partage
symbolique de la musique, sur la base du clivage religieux/profane,
pensé à partir des catégories du haut et du bas, profile une opposition morale qui devient sociale et culturelle à la Renaissance,
pour conduire à la séparation dont nous percevons toujours les
effets aujourd’hui entre les musiques populaires et savantes.
« Le sonore est au cœur de la pensée symbolique » et cet ouvrage,
d’une grande érudition, tente de nous ouvrir à ses codes et secrets,
nous initier aux imaginaires de l’au-delà peuplés d’anges et de
démons, d’êtres étranges parfois maléfiques, qui tous avaient une
voix, et qui tous chantaient, criaient, pétaradaient ou éructaient,
se manifestant aux hommes à travers nombres d’instruments et
autres échos du monde sonore.
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
Petit Atlas
des musiques
du monde
Cité de la Musique-Mondomix
29,90 euros
Clair, documenté et ludique ce petit atlas est une véritable invitation au voyage. Construit autour de soixante-deux parcours traversant cent vingt-deux pays, il offre au lecteur un vaste aperçu des
diverses cultures qui peuplent la planète et de la richesse musicale propre à chacune d’elles. Facile et agréable à lire, il conviendra parfaitement aux néophytes. Les débats entre tradition et
modernité, « pureté » et « métissage », inhérents aux musiques du
monde, y sont abordés à travers la description simple des différents
styles musicaux, sans ambition musicologique ou historiciste. De
plus, des cartes, des portraits d’artistes, des descriptions d’instruments représentatifs, des sélections d’ouvrages discographiques et
bibliographiques ainsi que de très belles illustrations sont associés
à chaque parcours musical. Complet et esthétique, cet atlas réveille
notre curiosité et nous présente un monde musical merveilleux où
l’on se perd avec plaisir.
lettre 65
26/03/07
22:47
Page 17
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partie des répertoires chantés en français.
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voix aux intonations
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de folie qui puise aux sources des
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chant dans les Hautes-Alpes
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Vénissieux, Saint-Étienne,
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Une étude sur une tradition vocale d’aubades
dans les Alpes de Hautes-Provence
accompagnée d’un disque de collectage
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inhabituelles, contes, récits de
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réinterprétation.
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document de travail pour tous ceux qui aiment
chanter et pour ceux qui s’intéressent aux
traditions orales. Inclus : un CD de 44 chansons
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qui présente neuf articles de fonds sur
l’ethnologie du Sud-Est de la France. "Le récit
Cévenol" (Jean-Noël Pelen) "le juif errant"
(Alice Joisten), "Folkloristes et chansons en
Dauphinés et Vivarais" (Patrice Mazellier) …
Musiques profanes et festives
marocaines enregistrées à la maison.
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du Vercors
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programmation, voix) offrent un terrain de
jeu inouï à la cornemuse de Stéphane
Mauchant qui s’en donne à cœur joie.
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illustre la richesse et l'actualité des travaux
menés en ethnomusicologie en Rhône-Alpes.
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voyage au fil des divers métissages culturels
qui ont donné naissance à l’art flamenco...
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Le catalogue complet de la VPC est consultable sur le site web du CMTRA à l’adresse suivante :
http://www.cmtra.org, rubrique « la boutique » Catalogue papier sur simple demande, tel : 04 78 70 81 75 - fax : 04 78 70 81 85
Bon de commande à adresser à Péroline Barbet
Commande inférieure ou égale à 30 € : + 3 € de port et emballage / Commande entre 30 et 50 € : + 5 € de port et emballage / Commande supérieure à 50 € : + 8 € de port et emballage
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Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ci-joint un chèque bancaire de
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€, à l’ordre du CMTRA à envoyer au : CMTRA - 77 rue Magenta 69100 Villeurbanne - Tél. : 04 78 70 81 75 – Fax : 04 78 70 81 85
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
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Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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calendrier
Plus de dates et plus d’informations
sur les concerts, les ateliers et les
stages en vous connectant sur
www.cmtra.org
concerts, bals
Avril
Mardi 3 et Mercredi 4
Meylan (38) Concert et enregistrement «
Live » du duo Damiano/Sarzier à la Maison
de la Musique.
Rens : 04 76 18 54 00
[email protected]
www.stephane-damiano.fr
Mercredi 4
L’Isle d’Abeau (38) Concert Les Papas Rigolos à 15h30 à la salle de l’Isle
d’Abeau.(Avenue du Bourg)
Rens : 04 74 18 51 13 [email protected]
Lyon (69) Concert d’Antiquarks au Ninkasi
Kao.
Rens : 04 78 62 34 38
[email protected]
www.antiquarksduo.org
Jeudi 5
Lyon (69) Bœuf/Session musique du monde
avec le Collectif La Grande Métisse au
6ème Continent à 19h.
Rens : [email protected]
www.sixiemecontinent.net 04 37 28 98 71
Lyon (69) Concert d’Antiquarks à l’Amphithéâtre de l’Opéra lors du Festival « Les
projets Transversaux ».
Rens : 04 78 62 34 38
[email protected] w
ww.antiquarksduo.org
Vendredi 6
Arras sur Rhône (07) Concert spectacle « Au
chemin de Romans », cabaret de mode Traditionnelle
Rens : [email protected]
www.aloete.org 04 75 08 04 01
Samedi 7
Montpont En Bresse (71) Bal Folk animé par
Boréale organisé par La Grange Rouge à
La Chapelle
Rens : [email protected]
03 85 75 85 84
Lundi 9
Lyon 1er (69) Concert du Bus Rouge avec
Antiquarks à l’amphithéâtre de l’opéra à
20h.
Rens : 04 72 34 63 68 [email protected]
http://www.busrouge.com
Vendredi 13
Grenoble (69) Concert de No’Mad lors du
Festival Rootd’n Culture sur le campus de
Grenoble.
Rens : 06 08 51 06 86 [email protected]
www.no-mad.org
Cognin (73) Bal folk à la salle de la Forgerie, organisé par l’Amtrad.
Rens : http://amtrad.free.fr/
[email protected]
Privas (07) Nuit du Folk. Bal animé par le
Trio DCA, Trio Gérard Godon-RenaudGrimault, et l’Accord des muses, à la salle
Espace Ouvèze
Rens : 04 75 64 45 51 [email protected]
Sales (74) Bal avec Gigouillette à la salle des
Fêtes.
Rens : http://gigouillette.free.fr
04 50 22 15 97
Samedi 14
Cognin (73) Bal folk à la salle de la Forgerie,
animé par les groupes A suivre et Alf
O’Clock, organisé par l’Amtrad.
Rens : http://amtrad.free.fr/
[email protected]
Dimanche 15
Grenoble (38) Bal du printemps avec le Bal
à Bistan à la Chaufferie (98 rue Léon Jouhaux)
Rens : 04 38 37 40 20
[email protected] www.regie2c.com
Ornacieux (38) mini bal folk danses et
musique (scène ouverte) de 14 à 18 heures.
Chez Jacques au bistro d’Ornacieux.
Rens : Jacques 04 74 20 53 43
[email protected]
Mardi 17
Romans-sur-Isère (26) Concert de Renaud
Garcia-Fons et l’Orchestre de l’Ecole de
Musique et de Danse du Pays de Romans,
à 20h45 à la salle de Cordeliers.
Rens : 04 75 71 00 15
[email protected]
Mercredi 18
Lyon 7ème (69) Concert de Tinariwen (Mali)
au Ninkasi Kao (267 rue Marcel Merieux)
Rens : 04 72 76 89 00
http://www.ninkasi.fr/
[email protected]
Jeudi 19
Valence (26) Concert du Duo Dhafer Youssef / N’Guyen Lê à l’Auditorium, organisé
par Jazz Action Valence.
Rens : 04 75 78 50 86
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
www.jazzactionvalence.com
[email protected]
Lyon 7ème (69) Boeuf Musiques du Monde
ouvert à tous dès 19h au 6ème Continent.
Rens : [email protected]
www.sixiemecontinent.net 04 37 28 98 71
Villeurbanne (69) Concert de La Machette
(Fusion Afro-Péruvienne) dans le cadre du
Festival Ratatam au CCO Jean Pierre
Lachaize.
Rens : [email protected] http://
www.myspace.com/lamachete
04 78 93 41 44
Vendredi 20
Villard-Bonnot (38) Fête du Holi (fête Hindoue) organisé par les 38e Rugissant, à
l’Éspace Aragon (19 bis Bd Jules Ferry).
Rens : www.38rugissants.com
[email protected] 04 76 71 22 51
Echirolles (38) Bal folk avec Ensemaille à
la salle Robert Buisson Frange Verte.
Rens : http://ensemaille.free.fr
04 76 25 28 76
[email protected]
Romans-Sur-Isère (26) Concert de Barbara
Furtuna (Polyphonies Corses) à 20H45 à la
Salle de Cordeliers.
Rens : 04 75 71 00 15
[email protected]
L’Isle d’Abeau (38) Concert Salsa de Ramino
Calderon et les Percus du Millé Ramino
Calderon à la salle Le Millenium à 21h.
Rens : [email protected] 04.74.18.51.13
Annecy (74) Concert du Bruit de la Neige
(Slovénie) au Brise Glace.
Rens : [email protected]
www.le-brise-glace.com 04 50 33 65 10
Lyon 7ème (69) Concert de Bebey Prince
Bissongo au 6ème Continent.
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Lyon 9ème (69) Concert de Bayarbaatar
Davaasuren (Chants Polyphoniques Mongols) à 19h à la Médiathèque de Vaise.
Rens : 04 72 85 66 20
Samedi 21
La Tour-Du-Pin (38) Concert du Jardin
(Chanson Traditionnelle) des Mystères à la
salle Équinoxe.
Rens : 04 74 92 46 46 ou 04 74 97 32 26
Bourg-en-Bresse (01) Bal de Printemps
animé par Fred Sonnery Chalafolk à la
MJC (21A allée de Challes), organisé apr
Vielle&Danses
Rens : vielledanse.free.fr
[email protected] 04 74 37 76 87
Romans-Sur-Isère (26) Concert de Dobet
Gnahoré (Musique du Monde) au Théâtre
Jean Villard à 20h45.
Rens : 04 75 71 00 15
[email protected]
Chambéry (73) Concert de Garlic Bread
(Musique Irlandaise) à la salle Le Scarabée. Festival Traverses.
Rens : 04 79 33 06 95
[email protected]
www.garlicbread.org
Mornant (69) Concert de Méluz (Trad Folk
Celtique) à 19h à la salle Noël Dellorme,
organisé par Festizik et Cie.
Rens : [email protected]
www.festiziketcie.com
St Etienne (42) Bal Auvergnat animé par
Abribus, à la maison de quartier du Crêt de
Roch
Rens : 04 77 33 15 90
Lyon 7ème (69) Concert de Lucineh Hovanissian (chanson arménienne) au 6ème
Continent.
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Pont-En-Royans (38) Bal Folk animé par
Cire Tes Souliers, à 21h30 à la salle des
Fêtes, dans le cadre du carnaval de PontEn-Royans.
Rens : [email protected]
http://ciretessouliers.free.fr 04 76 36 42 20
La Tourette (42) Concert de Trotwood (Traditionnel Irlandais) à la salle des fêtes.
Rens : 04 77 50 14 15 [email protected]
[email protected] 04 72 00 20 44
Marcy l’Étoile (69) Spectacle de danses traditionnelles animé par La Tourbillante
(danses de France, Italie, Serbie…).
Rens : [email protected] http://
www.apam-marcy.com/pages/naissance.htm
04 78 35 77 11
Vaulx-en-Velin (69) Concert de Jiripoca
Band à la MJC.
Rens : http://jiripoca.free.fr 04 78 23 68 20
Lyon 7ème (69) Concert de Electro Gnawa
Project au 6ème Continent. Rencontre
entre DJ Stani et des Gnawa de Marrakech
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Lyon 3 (69) Concert de Mazalda à De
l’Autre Côté Du Pont.
Rens : [email protected]
http://delautrecotedupont.net
04 78 95 14 93
Pont de Vaux (01) Concert de Bodhi
(musique tsigane, indienne et arabe) au
Musée Chintreuil
Rens : [email protected]
03 85 51 45 75
Samedi 28
St Etienne (42) Concert-Spectacle de Al
Andalus (Flamenco) au Palais des Spectacles (Bd Jules Janin).
Rens : www.alandalus.fr
[email protected]
04 72 22 25 63
St Hilaire De La Côte (38) Concert de Prince
Bebey Bissongo à la Salle Polyvalente au
cours du Festival Couleurs d’Afrique.
Rens : [email protected]
www.comiteorodara.ht.st 08 70 43 08 81
Morzine (74) bal folk animé par Dynamith
Seythoux.
Rens : 04 74 92 46 46
Chabeuil (26) Concert de Le Fils De Soie
(spectacle folklorique) au centre culturel.
Rens : 04.75.59.20.34
[email protected]
http://cabeolumfolk.free.fr
Lyon 7ème (69) Concert de Afrika Combo
au 6ème Continent
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
St Etienne De St Geoirs (38) Bal Folk avec
Cire Tes Souliers à la salle des Fêtes à
20h45.
Rens : [email protected]
http://ciretessouliers.free.fr 04 76 36 42 20
Dimanche 29
Marcy l’Étoile (69) Spectacle de danses traditionnelles animé par La Tourbillante
(danses de France, Italie, Serbie…).
Rens : [email protected] http://
www.apam-marcy.com/pages/naissance.htm
04 78 35 77 11
Mai
Jeudi 3
Lyon 7ème (69) Bœuf Musique du Monde
organisé par le Collectif La Grande
Métisse au 6ème Continent, à 19h.
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Vendredi 4
St Julien en Genevois (74) Concert des Chemins de l’improvisation Jacqui Détraz, à
15h au gymnase du collège A.Rimbaud.
Rens : 04 50 35 08 48
[email protected]
Lyon 7ème (69) Le Bal à Bistan au 6ème
Continent.
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Sales (74) Bal avec Gigouillette à la salle des
Fêtes.
Rens : http://gigouillette.free.fr
04 50 22 15 97
Samedi 5
Mercredi 25
Décines (69) Concert d’Antiquarks dans le
cadre du Festival Digital Upercut au
Toboggan.
Rens : www.antiquarksduo.org
[email protected] 04 78 62 34 68
Jeudi 26
Lyon (69) Concert-Spectacle de Al Andalus
(Flamenco) à la Bourse du Travail à 20h30.
Rens : www.alandalus.fr
[email protected]
04 72 22 25 63
Vendredi 27
Bourg-Argental (42) Concert de Rémo au
Centre socio culturel de la Deome
Rens : http://remo.le.site.free.fr
[email protected]
Lyon 1er (69) Concert La Troupadour (chanson et musique de l’Est) à l’Absinthe (22
rue Flesselles).
Rens : http://troupadour.free.fr
page 18
Ce calendrier prend en compte, sur la foi des informations qui
nous parviennent, les événements concernant les musiques et
danses traditionnelles qui se déroulent en région Rhône-Alpes,
dans les départements et pays limitrophes.Nous apportons le plus
grand soin à la transcription de vos informations, mais nul n’est
à l’abri de l’erreur et de l’omission.
Chatillon sur Chalaronne (01) Bal Folk
animé par Chalafolk à la salle Bel Air.
Rens : M.Nottet Le puits vert
01900 Saint Trivier sur Moignans
Lyon 7ème (69) Concert de Ahinama (Descarga cubaine, salsa, mambo, rumba) au
6ème Continent.
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Jeudi 10
Villeurbanne (69) Matinée dansante organisé par le Groupe Artistique "C’est extra",
animée par Patrick Matyka DE "Haute
Tension", au Centre Culturel (234 cours
Émile Zola)
Rens : 04 27 89 54 79 / 06 23 07 03 65
[email protected]
Lyon 7ème (69) fConcert de Pic Pulses (Jazz
New Orleans) au 6ème Continent
Rens : 04 37 28 98 71
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
Vous voudrez bien nous faire parvenir
vos informations uniquement par courrier,
par fax ou par e-mail sur document séparé,
avec la mention :
Calendrier Lettre d’Information
avant le 30 mai 2007
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Lyon 2 (69) Concert de Bayarbaatar Davaasuren (musique traditionnelle mongole) à
l’Abbaye d’Ainay.
Rens : [email protected]
www.actionsmongolie.org
Jeudi 31
Lyon (69) Récital de Bayarbaatar Davaasuren suivi du lancement du CD « Chants
diphoniques mongols » au Musée des Moulages à 20h.
Rens : 04 78 28 69 10
Vendredi 11
Lyon 7ème (69) Concert de Ami & Al, Duo
Lyon-Sénégal, au 6ème Continent
Rens : 04 37 28 98 71
[email protected]
www.sixiemecontinent.net
Chabeuil (26) Concert du Collectif La Fourmilière regroupant Mango Gadzi, No’Mad
et Le Caramantran, au centre culturel.
Rens : 06 08 51 06 86
[email protected]
http://desfourmis.free.fr/
Juin
Samedi 12
Chalancon (07) Concert et Bal Rencontres
Musik Trad’ en Ardèche. Dés 19h conférence puis concert et bal avec Rural Café,
C.Oller et Trio Vocal Chlaramell’Oc
Rens : [email protected] ruralcafe.com
Lyon 1er (69) Concert de Lézieu MiClo
acoustic duo (musique Irlandaise) à L’Absynthe (22 rue Fleysselle).
Rens : [email protected] 04 72 00 20 44
St Jean de Bournay (38) Fest-noz animé par
Bernard LOFFET à la Salle Polyvalente
Claire Delage dés 20h30.
Rens : [email protected]
charamelle.assoc.free.fr 06 82 61 89 13
Rumilly (74) 15ème Nuit du Folk à la salle
des Fêtes avec Gigouillette.
Rens : http://gigouillette.free.fr
04 50 22 15 97
Eurre (26) 2ème Rencontre Musiques Traditionnelles en Val de Drôme, dans tout le
village. Concerts, ateliers, bœufs, Bal folk en
soirée.
Rens : 04 75 25 19 87 / 04 75 78 41 31
[email protected]
St Barthelemy de Beaupaire (38) Bal folk
animé par Cire Tes Souliers, à la salle polyvalente, organisé par La Confrérie du Parquet
Rens : [email protected]
04 76 36 42 20
Annonay (07) Bal des Couleurs, quatre
groupes animent le Bal (un Magrébin, un
turc, un Cambodgien et un Français) à la
MJC.
Rens : 04 75 32 40 80
[email protected]
Veyrannes Maclas (42) Bal Folk animé par
Rural Café Quartet (musiques régionales,
celtiques).
Rens : 04 75 45 03 65
[email protected]
ruralcafe.com
Décines (69) Concert de Malossol à 11h a
Centre Culture Le Toboggan
Rens : 04 72 93 30 10
[email protected]
www.mediatheque-decines.fr
St Marcellin (38) Concert de Djal durant le
festival Barbara.
Rens : [email protected]
http://www.saintmarcellin.fr/pages/01agenda/agenda.htm
Vendredi 18
Lyon 8ème (69) Concert de Mazalda à la
MJC Laënnec Mermoz.
Rens : 04 37 90 55 90
Samedi 19
St Gervais (74) Bal Folk organisé par et
animé par J’attendsveille et Trio SAJ à partir de 21h à l’Espace Mont Blanc.
Rens : 04 50 93 95 88
[email protected]
Chatonnay (38) Bal Folk animé par Compagnie Recourdas (danses du Dauphiné et
autres danses) et Cantarem (bal à la voix)
du Folk des Terres Froides.
Rens : 04 74 97 32 26 / 04 74 92 46 46
Riorges (42) Concert de Mazalda à le Fête
des fleurs.
Rens : http://www.riorges.fr 04 77 23 80 25
Dimanche 20
Ornacieux (38) mini bal folk danses et
musique (scène ouverte) de 14 à 18 heures.
Chez Jacques au bistro d’Ornacieux.
Rens : Jacques 04 74 20 53 43
[email protected]
Mardi 22
Sathonay Camp (69) Concert de Chants Traditionnels Mongols et de musique Médiéval à l’Eglise de Sathonay Camp.
Rens : 04 78 23 76 21
[email protected]
Jeudi 24
Passy (74) Bal Folk animé par J’attendsveille et Trio SAJ, organisé par J’attendsveille, à la salle Jean Pernot
Rens : [email protected]
La Mûre (38) Concert « Les Chants de L’Altaï » de Bernard Fort et Bayarbaatar et
Davaasuren au Théâtre de La Mûre à
20h30.
Rens : 04 76 30 96 03
Vendredi 25
Burdignes (07) Bal folk animé par le groupe
Rue de la Soif, organisé par la Maison dans
la Nature, à la salle des fêtes.
Rens : [email protected]
04 77 39 14 52
Samedi 26
Chomérac (07) Concert de Camino de Galicia durant le festival de Danses et Musiques
Traditionnelles en Ardèche de 18h à 19h.
Rens : 04 75 64 63 52
http://caminodegalicia.blogit.fr/
Dimanche 27
St Chamond (42) Concert de Dialekt (Protest Song Marocaine) au Parc Labesse.
Rens : 04 77 29 79 96 [email protected]
Vendredi 1
Grenoble (38) Master class de violon Tsignae avec Dragan Urlic violoniste du
groupe Loulou Djine, à la Chaufferie de
18h à 22h. Inscriptions obligatoires.
Rens : [email protected]
www.regie2c.com 04 38 37 40 20
Samedi 2
Dimanche 3
Ornacieux (38) Fest-Deiz avec Bernard Loffet,
dés 14h30.Chez Jacques au bistro d’Ornacieux
Rens : Jacques 04 74 20 53 43
[email protected]
Vendredi 8
Lyon (69) Concert de la Troupe Afrah
(musique traditionnelle du Magreb) au
Musée de St Romain en Gal.
Rens : [email protected]
www.cultures-solidaires.com
Lyon (69) Concert de No Mad ? sur les Berges
du Rhône lors du festival du 6ème Continent
Rens : www.no-mad.org
[email protected] 06 08 51 06 86
Samedi 9
Cognin(73) Bal des ateliers & la Compagnie
Recourdas à la salle de la Forgerie organisé
par l’Amtrad.
Rens : http://amtrad.free.fr/
[email protected]
Genas (69) Bal avec Cadavre Exquis (folk
néo trad) à l’Atrium.
Rens : [email protected]
http://www.ville-genas.fr 04 72 47 11 69
Jeudi 14
Valence (26) Scène ouverte aux ateliers de
la JAV, au programme, chants du monde,
ensemble Salsa, Big Band, en cloture de
Jazz Action Valence.
Rens : 04 75 78 50 86
[email protected]
www.jazzactionvalence.com
Vizille (38) Concert de la Troupe Afrah
(musique traditionnelle du Magreb) en
plein air au centre ville.
Rens : [email protected]
www.cultures-solidaires.com
Lundi 18
Valence (26) Soirée Africaine à l’auditorium, organisé par Jazz Action Valence.
Rens : 04 75 78 50 86
[email protected]
www.jazzactionvalence.com
Jeudi 21
Vals-Les-Bains (07) Bal Trad animé par Rural
Café, musiques régionales et celtiques.
Rens : [email protected]
ruralcafe.com 04 75 45 03 65
Grenoble (38) Concert de la Troupe Afrah
(musique traditionnelle du Magreb) en
plein air au centre ville (lieu à définir).
Rens : www.cultures-solidaires.com
[email protected]
Die (26) Concert avec AlexeÏ Aïgui associé aux
musiciens du Diois pour la Fête de la musique.
Rens : [email protected]
www.est-ouest.com 04 75 22 12 52
Vendredi 22
Villefranche-sur-Saône (69) Bal animé par
Lardons et P’tit Salé, organisé par l’office
culturel de Villefranche
Rens : 04 74 65 04 48
[email protected]
[email protected]
La Tour Du Pin (38) BAL organisé et animé
par les différents groupes du Folk des
Terres Froides, à la salle Equinoxe.
Rens : 04 74 92 46 46
Doizieux (42) Concert de musique irlandaise
avec WEASEL dans le cadre du Festival
La Pampille 2007, à la Grange Crozet.
Rens : [email protected]
http://lapampille.blogspot.com
04 77 20 91 45
lettre 65
26/03/07
22:47
Page 19
Dimanche 24
Doizieux (42) Apéro-concert et repas musical dansant animé par le groupe CHAMANE au Restaurant de la Croix du Collet (Doizieux) dans le cadre du Festival La
Pampille 2007.
Rens : [email protected]
http://lapampille.blogspot.com
04 77 20 91 45
Vendredi 29
Doizieux (42) Repas musical dansant animé
par Terre’n Airs dans le cadre du Festival
La Pampille 2007.
Rens : [email protected]
http://lapampille.blogspot.com
04 77 20 91 45
Fontaine (38) Concert de la Troupe Afrah
(musique traditionnelle du Magreb).
Rens : www.cultures-solidaires.com
[email protected]
Samedi 30
Annonay (07) BAL FOLK en plein air, gratuit,à partir de 21h animé par le groupe
"Rue de la Soif", quartier Chatinais.
Rens : [email protected] 06 89 58 10 69
Doizieux (42) Scène ouverte avec bal folk
gratuit en plein air, de 14h30 à 18h30.
Grand Bal Folk avec Cire tes Souliers et
Bois Sec à la Salle Polyvalente. Dans le
cadre du Festival La Pampille 2007.
Rens : [email protected]
http://lapampille.blogspot.com
04 77 20 91 45
Lyon 5ème (69) Concert de Garlic Bread
(Musiques Irlandaise) à St Just
Rens : [email protected] 04 72 32 16 33
Annemasse (74) Bal des montagnes avec
Rural Café Sixtet.
Rens : ruralcafe.com [email protected]
04 75 45 03 65
Lyon 7 (69) Bal à Bistan place St Louis ou
6ème Continent en cas de pluie.
Rens : www.sixiemecontinent.net
[email protected]
04 37 28 98 71
stages
Avril
Du Samedi 7 au Mardi 10
C h â t i l l o n - s u r - C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stage de
Tabla avec Pandit Shankar Ghosh. Deux
cours individuels par jour, au Centre Culturel
Rens : 04 74 55 68 93
http://anagath.free.fr [email protected]
Dimanche 8 et Lundi 9
L y o n ( 6 9 ) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice
Baille, niveau débutant. Lieu à définir.
Rens : 04 78 08 12 41
[email protected]
www.cie-vulcain.ouvaton.org
Mardi 10 et Mercredi 11
G r e n o b l e ( 3 8 ) Stage d’initiation à la flûte
de Pan avec Christian Auguste, organisé
par l ‘association Orféo, tous niveaux de
19h à 20h30, organisé par l’association
Orféo au pôle musical « La Saulaie ».
Rens : 04 76 01 94 71 /06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Du Mardi 10 au Vendredi 13
G r e n o b l e ( 3 8 ) Stage d’initiation aux percussions latines avec Willy Dugarte, organisé par l ‘association Orféo, de 19h à 21h,
tous niveaux, au pôle musical « La Saulaie »
Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Grenoble (38) Stage d’initiation aux danses
latines avec Gloria Carvajal, organisé par l
‘association Orféo, de 19h30 à 21h, tous
niveaux, au pôle musical « La Saulaie »
Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Jeudi 12
Grenoble (38) Stage d’initiation aux percussions orientales avec Slim Zrida de 19h à
21h, organisé par l’association Orféo au
pôle musical « La Saulaie ».
Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Du Jeudi 12 au Dimanche 15
Châtillon-sur-Chalaronne (01) Stage de
Tabla avec Pandit Shankar Ghosh. Deux
cours individuels par jour,au Centre Culturel.
Rens : 04 74 55 68 93
http://anagath.free.fr
[email protected]
Jeudi 12 et Vendredi 13
Valence (26) Stage de découverte des chants
indigènes, des musiques venues d’Afrique,
de l’influence des musiques européennes et
du Jazz. Destiné aux instrumentistes et aux
chanteurs, niveau confirmé. Animé par
Edouardo Lopes.
Rens : 04 75 78 50 86
[email protected]
www.jazzactionvalence.com
Vendredi 13
Grenoble (38) Stage d’initiation au Balafon
avec Nicolaï Snoek, de 19h30 à 21h30,
organisé par l’association Orféo au pôle
musical « La Saulaie ».
Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Samedi 14
Grenoble (38) Stage d’initiation aux Steel
Drums avec Jacques Cordier, tous niveaux
de 14h à 18h, organisé par l’association
Orféo à l’école Berlioz.
Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Grenoble (38) Stage d’initiation aux percussions africaines avec Patrick Senellart, de
10h à 13h, organisé par l’association Orféo
au pôle musical « La Saulaie ».
Rens : 04 76 01 94 71 / 06 85 41 45 36
[email protected]
www.orfeomm.com
Lyon 8ème (69) Stage de Sagats avec Ismaïl
Mesbah, organisé par l’association Maksoun, niveau débutant.
Rens : 06 67 05 10 53
[email protected]
Samedi 21
Couzon au Mont d’or (69) Stage d’accordéon diatonique avec P. Tron à l’école de
musique Le Rochon.
Rens : perso.orange.fr/LeRochon
[email protected]
Samedi 21 et Dimanche 22
Du Samedi 26 au Lundi 28
L y o n ( 6 9 ) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice
Baille, niveau débutant. Lieu à définir.
Rens : 04 78 08 12 41
[email protected]
www.cie-vulcain.ouvaton.org
Juin
Samedi 2 et Dimanche 3
S a i n t - P i e r r e d e C h a n d i e u ( 6 9 ) Stage de
Jazz Manouche avec l’école itinérante de
Jazz Manouche de Romane. Ouvert à tous
(sauf grands débutants).
Rens : [email protected]
www.stage-romane.com
S t J e a n d e B o u r n a y ( 3 8 ) Stage d’accordéon diatonique avec Bernard Loffet organisé par l’association Charamelle
Rens : 06 82 61 89 13
[email protected]
charamelle.assoc.free.fr
Lyon 8ème (69) Stage de Contredanses
Anglaises avec Yvon Guilcher, niveau
confirmé,organisé par l’association chanterelle
Rens : [email protected]
http://perso.orange.fr/chanterelle.lyon/
04 78 29 33 00
B r o n ( 6 9 ) Stage d’accordéon diatonique
avec Clôde Seychal, individuel et collectif.
Rens : 06 84 23 46 82 [email protected]
Dimanche 22
Hors région
La Tour-du-Pin (38) Stage de chant traditionnel, tous niveaux à la MJC animé par
Eliane Brocca.
Rens : 04 74 92 46 46 ou 04 74 97 32 26
Cognin (73) Stage de Bourrées d’Auvergnes
et de Danses Suédoises, animé par Véronique et Gaëlle Collombier, tous niveaux,
organisé par l’Amtrad
Rens : 04 79 28 22 39 / 06 21 94 24 75
[email protected]
http://amtrad.free.fr/
Vaulx-en-Velin (69) Stage de danse Afro
Contemporaine avec Yvon-Serge Bissadissi,
niveau confirmé, organisé par Rhonafrika.
Rens : [email protected]
http://www.rhonafrika.com
0673034021
Samedi 28
Lyon 8ème (69) Stage de Sagats avec Ismaïl
Mesbahi, tous niveaux, organisé par l’association Maksoum.
Rens : [email protected]
[email protected]
06 67 05 10 53
Seytroux(74) Stage de Rigodon avec Philippe Borne, tous niveaux.
Rens : [email protected]
04 50 79 64 88
Du Samedi 28 au Mardi 1er Mai
C h â t i l l o n - s u r - C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stage de
chant Khyal (chant classique de l’Inde du
Nord) de 9h à 18h, tous niveaux, au centre
culturel.
Rens : [email protected]
http://anagath.free.fr 04 74 55 68 93
Du Samedi 28 au Lundi 30
L y o n ( 6 9 ) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice
Baille, niveau débutant. Lieu à définir.
Rens : 04 78 08 12 41
[email protected]
www.cie-vulcain.ouvaton.org
@
ARTISTES &
ORGANISATEURS :
Référencez vos
projets, groupes,
cours et stages
en ligne sur
www.cmtra.org
Mai
Lundi 7
Chonas l’Amballan (38) Stage de Sanza,
Calebasse et petites Percussions avec
Jacques Mayoud, tous niveaux, organisé
par La Note Bleue.
Rens : 04 74 15 96 90
[email protected]
http://www.cooperation.net/jacques.mayoud
Lundi 7 et Mardi 8
Lyon (69) Stage de travail sur la polyphonie et l’improvisation vocale avec Béatrice
Baille, niveau débutant. Lieu à définir.
Rens : 04 78 08 12 41
[email protected]
www.cie-vulcain.ouvaton.org
Samedi 12 et Dimanche 13
St Sauveur (38) Stage de chants traditionnels (France, Italie, Espagne…), animé par
Eliane Brocca-Astori organisé par l’association Cursive.
Rens : 04 76 64 06 83
Lyon 9ème (69) Stage de chant diphonique
mongol avec Bayarbaatar Davaasuren au
Centre de la Voix.
Rens : [email protected]
www.centredelavoix.com
Dimanche 20
Cognin (73) Stage de Bourées d’Auvergne
& Danses suédoises animé par Véronique
& Gaëlle Collombier, tous niveaux, organisé par l’Amtrad.
Rens : [email protected]
http://amtrad.free.fr/
04 79 28 22 39 / 06 21 94 24 75
Les Bœufs libres
sont dans la ville !
Où, comment et avec qui sessionner tous
les soirs de la semaine dans Lyon ?
Le lundi :
- Musique irlandaise au Fleming’s, 2 rue
de la Loge 69005 Lyon, session hebdomadaire, accès libre
- Musique celtique au Wallace, 2 rue Octavio Mey, 69005 Lyon, session hebdomadaire (sauf s’il y a un match de foot important !), accès libre entre 21 h et 2 h du matin
(04 72 00 23 91)
- Bœuf Trad’ à L’Atmosphère, 9 montée
des Carmélites 69001 Lyon, les 2ème mercredis du mois,accès libre à pertir de 21h,(04
78 28 68 76, ou Le trad’ des rades 06 09 20 36
26)
- Session libre sur la Péniche Le Sirius,
Berges du Rhône Face au 2 quai Augagneur 69003 Lyon, session hebdomadaire,
accès libre entre 21 h et 2 h du matin (04
78 71 78 71)
Samedi 16 et Dimanche 17
Samedi 7 Avril
M a r s e i l l e ( 1 3 ) Stage de musique Orientale
avec l’association Le Samar Ellayali. Tous
niveaux, instruments et voix.
Rens : Abdessattar Jaziri
06 11 19 05 16
[email protected]
Du Mercredi 11 au Samedi 14 Avril
S e v e r a c L e C h a t e a u ( 1 2 ) Stage de vielle
(répertoire musique baroque) et de clavecin. Tous niveaux.
Rens : 06 18 96 64 42 et 04 68 61 21 79
[email protected]
http://lavielle.site.voila.fr
Samedi 14 et Dimanche 15 Avril
V i l l e n e u v e d ’ A s c q ( 5 9 ) Stage de Vielle à
Roue avec Gilles Chabenat, tous niveaux,
organisé par Cric Crac Compagnie à la
fèrme Saint Sauveur.
Rens : 03 20 05 37 24
[email protected]
http://criccrac.compagnie.free.fr
Le mardi :
- Bœuf musiques du désert, à la mosaïque
Tropicale, 9 rue du Jardin des Plantes 69001
Lyon, fréquence aléatoire, accès libre entre
21h et 1h du matin, seule condition : la
bonne humeur, (04 72 98 85 33)
- Session libre au Phoebus, 22 rue Pouteau
69001 Lyon, session hebdomadaire, accès
libre entre 22h et 1h30, (06 09 94 40 35)
- Musique Centre-France, surtout auvergnate, au Johnny’s kitchen, 48 rue Saint
Georges 69005 Lyon,session hebdomadaire,
accès libre entre 21h30 et 1h, (04 78 37 94 13)
Le mercredi :
- Session libre au K-Barré, 34 rue Raulin
69007 Lyon, tous les mercredi sauf le dernier du mois, accès libre entre 20h30 et
22h30, percussions et cuivre à éviter à cause
du voisinage sensible, (04 72 71 44 40)
Le jeudi :
- Jazz manouche au Furib’Art, 12 rue
Sergent Blandan 69001 Lyon, session
hebdomadaire, accès libre entre 21h et 1h,
(04 72 00 26 41)
- Musique irlandaise au Johnny’s kitchen,
48 rue Saint Georges 69005 Lyon, session
hebdomadaire, accès libre entre 21h30 et
1h, (04 78 37 94 13)
- Bœuf du monde au 6ème Continent, 51
rue Saint-Michel 69007 Lyon, tous les 1er
et 3ème jeudis du mois, accès libre entre
19h et 21h, (04 34 28 98 71)
Relâche le vendredi et le samedi…
Le dimanche :
- Brunch musical, musique irlandaise (ou
autre !) au Johnny’s kitchen, 48 rue Saint
Georges 69005 Lyon, session hebdomadaire, accès libre à partir de 14h, (04 78 37
94 13)- Assauts de chant (tout répertoire)
au Dahu des Pentes 5 rue Burdeau 69001
Lyon, les 4ème dimanches du mois, accès
libre à partir de 19h, (04 78 28 68 76, ou Le
trad’ des rades 06 09 20 36 26)
Samedi 21 Avril
S t G e r m a i n L a v a l ( 7 7 ) Stage d’accordéon
diatonique à la salle de la Mairie, animé par
Philippe Delagrange, organisé par l’association Aixtrad.
Rens : Brigitte Petrini
04 77 65 20 59 [email protected]
Samedi 28 et Dimanche 29 Avril
R o c h e j e a n ( 2 5 ) Stage culturel de danse,
chant et musiques traditionnelles (accordéon, chant, violon, danses du sud-ouest…)
organisé par l’assocaition Not’ambulle.
Rens : 03.81.49.95.02 03.81.49.93.62
[email protected]
Du Dimanche 29 Avril au Jeudi 3 Mai
V i l l e n e u v e d ’ A s c q ( 5 9 ) Stage de fabrication et d’initiation aux instruments à
hanches labiales avec Michel Godard ;
Thierry Madiot et Serge Durin.
Rens : 06 75 25 32 24
www.univ-lille3.fr/cfmi [email protected]
Dimanche 29 Avril
Rochejean (25) Stage et concert de « Chet
Nuneta ». De la Mongolie au Mexique en
passant par l’Europe et L’Afrique, quatre
chanteuses et un percussioniste vous invitent à un voyage délirant, passionné et poétique.
Rens : [email protected] 06 29 43 80 28
Toulouse (31) Stage de Bourrée à trois
temps avec Eric et Didier Champion,
niveau confirmé, organisé par le Conservatoire Occitan de Toulouse.
Rens : [email protected]
http://www.conservatoire-occitan.org
05 34 51 28 38
Samedi 5 Mai
La Grande Rouge (71) Stage de chant du
monde et de percussions corporelles de 14h
à 18h animé par les Enchantetues.
Rens : [email protected]
03 85 75 85 81
Jeudi 17 Mai
St Quentin La Poterie (30) Stage d’introduction aux musiques d’Europe de l’Est en
accordéon chromatique avec Christophe
Rohr.
Rens : [email protected]
www.officeculturel.com 04 66 22 74 38
Jeudi 17 et Vendredi 18 Mai
St Quentin La Poterie (30) Stage de découverte d’accordéon chromatique avec Kristel de Rio.
Rens : [email protected]
www.officeculturel.com 04 66 22 74 38
Bruailles (71) Stage de Flûte Bansuri animé
par Pandit Hariprasad Chaurasia, tous
niveaux.
Rens : [email protected]
http://anagath.free.fr 04 74 55 68 93
Samedi 26 et Dimanche 27 Mai
Toulouse (31) Stage de Vielle à Roue animé
par Dominique Regef, organisé par le
Conservatoire Occitan de Toulouse, tous
Niveaux.
Rens : [email protected]
http://www.conservatoire-occitan.org
05 34 51 28 38
Numéro soixante cinq [Printemps 2007]
page 19
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
lettre 65
26/03/07
22:47
Page 20
Rissala,unMessage
Adel Salameh,
instrumentiste de talent, et
Naziha Azzouz,
chanteuse, poursuivent
leur longue exploration des
musiques du monde arabe
autour d’un dialogue entre
Maghreb, Proche et
Moyen-Orient, chanté avec
une inspiration toute
personnelle
CMTRA : Comment ont été réunis
les 5 musiciens de ce dernier
album, « Rissala »?
Au début, je commence par composer,
c’est un travail assez long, qui
demande beaucoup de concentration
et d’inspiration. Ensuite, je réfléchis à
quels musiciens-instrumentistes je
vais faire appel afin d’apporter cette
couleur particulière qui va éclairer
l’album.
Dans « Rissala », j’ai privilégié le
chant et l’interprétation de Naziha,
dont je connais très bien le timbre de
voix. Plus particulièrement et concernant la partie instrumentale, j’ai
d’abord pensé au violon, de Mohamed
Zeftari (marocain), un ami avec qui on
a déjà enregistré notre avant-dernier
album « HAFLA ». Pour la partie rythmique, j’ai amené, notre ami Adel
Shams El Din, (égyptien) qui est un
maître dans l’art de « jouer » le Riqq,
(petit tambourin à cymbalettes) car la
composition de Rissala demande
beaucoup de travail, puis j’ai invité le
jeune et talentueux Ali Mnejja (tunisien) qui joue de l’accordéon. Cet instrument semble, à priori et dans la
musique arabe, parfois agressif. J’ai
donc voulu tirer de cet instrument les
parties les plus sensibles, les plus
douces et les plus mélodiques. Cette
touche particulière, procure une nou-
velle dimension harmonique au
disque, et c’est finalement le Oud,
mon instrument, qui assure les parties
plus rythmiques et mélodiques. Tous
ces musiciens, originaires du Maghreb
ou du Moyen-Orient, résident et travaillent en France.
Cet album a été réalisé en hommage au
grand compositeur Egyptien, Mohamed Abdel Wahab, qui m’a énormément influencé dans ma carrière de
compositeur et d’interprète.
Tu parles de la musique arabe au
singulier, pourtant c’est une
musique qui recouvre un large ter-
Lutherieorientale
Rencontre avec Vincent
Bruyère qui nous explique
son activité de luthier
oriental et son projet
d’atelier.
CMTRA : Vincent, comment es-tu
arrivé à la lutherie ?
J’ai toujours aimé la musique. Mon
grand père maternel jouait du violon,
fabriquait des objets en bois, tandis
que mon grand-père paternel était
charron : les ingrédients, le bois et la
musique, étaient donc présents dans
mon subconscient pour m’orienter
vers la lutherie. Malheureusement je
suis le 8ème d’une famille de 9
enfants, avec une mère divorcée ; peu
de moyen à vrai dire, donc je n’ai pu
faire ni le conservatoire ni l’apprentissage du violon par d’autres formations. Au moment de me dire que j’aimerais faire de la lutherie (cela a du
m’être soufflé), pour intégrer Mirecourt en 74 c’était assez difficile, il fal-
lait avoir fait le conservatoire et payer
très cher. Ensuite, du fait que jusqu’à
aujourd’hui on a privilégié le travail
intellectuel au travail manuel, j’ai fait
des études longues : bio, ergonomie et
au final je n’ai pas trouvé d’emploi
dans ces domaines et j’ai atterri laborantin dans des lycées, métier que j’ai
exercé pendant 10 ans. Il y a 2 ans, je
me suis dit qu’il n’y avait pas de raison
que je ne fasse pas ce que j’avais envie
de faire et par ailleurs, j’avais aussi
rencontré un ami musicien, qui s’était
exercé à la lutherie ; cela a sans nul
doute réveillé des choses. Je fais de la
guitare depuis l’âge de 8 ans, et depuis
2000, je fais également du chant, de
la derbouka et du oud. Bref je me suis
mis plus sérieusement à la musique,
chose nécessaire pour la lutherie. De
ce côté là, ma famille m’a toujours
encouragé en m’assurant que j’avais
une bonne oreille. Et puis il y a eu un
stage où j’ai pu construire ma première
guitare.
Quels instruments veux tu
construire ou restaurer ?
J’ai commencé par faire des guitares
parce que j’en joue depuis longtemps,
d’abord sur des guitares folk mais le
son ne me plaisait pas ; j’ai eu ensuite
une guitare classique et je jouais dans
le style espagnol, Amérique du Sud.
Dans cette recherche du son je suis
arrivé au oud qui laisse aussi plus de
liberté que la guitare. Je pense donc
plus à construire des ouds mais étant
ritoire, de l’Algérie, en passant par
la Palestine jusqu’en ExtrêmeOrient. Y’a t-il une unité dans cette
diversité d’expression que tu revendiques ?
La musique arabe est comme une
plante, elle a beaucoup de fleurs. Si tu
prends les musiques syriennes ou
égyptiennes, elles sont très proches car
elles sont issues de la même racine,
elles sont singulières, mais très
proches dans l’esprit, chacune avec
son caractère.
Pour nous, moyen-orientaux, c’est difficile de jouer la musique d’Afrique du
Nord car elle n’utilise pas les mêmes
gammes ni les mêmes rythmiques.
Mais dans le sens inverse, ça marche
mieux. L’explication est toute simple,
c’est que, grâce à l’exportation de la
musique Egyptienne par les medias, le
Maghreb a pu bénéficier musicalement de cette aubaine et l’a intégrée
dans sa pratique musicale.
Peux-tu nous dire quelque chose de
ton parcours musical?
J’ai quitté la Palestine à l’âge de 16 ans
par nécessité, afin d’étudier, et d’assouvir ma passion pour la musique.
Mon périple m’a d’abord conduit à
l’Université de Jordanie, suivi par un
départ à Bagdad où j’ai appris à perfectionner mon jeu du Oud avec le
grand Maître Munir Bachir, pour
ensuite se terminer en Europe afin de
faire carrière, me produire sur scène,
rencontrer d’autres artistes et réaliser
des albums.... J’ai travaillé sur différents projets musicaux qui ont beaucoup enrichi mon répertoire, exemple
: avec des artistes Indiens, Espagnols,
Jazz, et avec l’orchestre classique,
(New ensemble), à Amsterdam.
Ma musique m’a permis de faire le
tour du monde, grâce à elle, j’ai tissé
un lien très fort avec mon public. Cette
relation me permet d’être encore plus
créatif, plus inspiré, tout ce dont un
artiste a besoin pour continuer à composer et pour offrir à son public le
meilleur de soi-même.
La musique, c’est comme une plante,
il faut tout d’abord planter la graine,
puis l’arroser, et attendre que la floraison apparaisse.
Rissala
« Rissala », le titre de l’album,
qu’est ce que ça veut dire en
français ?
Ca veut dire « Message »…
Dates
Propos recueillis par P.B. et R.C.
au 4 Août 2007
La lutherie traditionnelle orientale
se fait dans un certain contexte, une
philosophie, une émotion…
Compte tu visiter des luthiers
arabes, turcs ou maghrébins ?
Oui, pour moi la prochaine étape est le
voyage où que ce soit d’ailleurs, en
France ou à l’étranger, c’est fondamental pour le son, le savoir-faire…
J’ai déjà une connaissance du désert
tunisien mais on verra où le vent me
portera.
Tu as construit un oud, c’est ton
premier. Il est tout jeune et a déjà
un bon timbre. T’es tu servi d’un
modèle ?
J’ai acheté une méthode faite par un
américain. Cette méthode se base sur
le relevé d’un oud construit en 1910
par un des luthiers de la famille Nahat
(Syrie). Pour moi, la grosse partie a été
de faire la caisse car j’ai travaillé sans
moule mais finalement on arrive à un
résultat probant avec de la patience.
Les proportions sont celles de l’original mis à part un petit changement sur
la place du chevalet. Pour les bois, j’ai
utilisé de l’érable, de l’acajou de
macassar et du cèdre rouge pour la
table. Pour les suivants, je vais changer certaines choses, une à une, dans le
but d’affiner le résultat, en fonction
des retours que j’ai, et de ma propre
analyse.
Ce que l’on constate souvent dans
les oud anciens, c’est à la fois la
qualité et la variété du timbre de
l’instrument, ce qui inspire beaucoup le musicien. Penses-tu qu’il
est intéressant de faire de la
recherche sur la lutherie ancienne ?
Oui, cela m’intéresse car je ne suis pas
pour une uniformisation du son mais
au contraire, pour reconnaître que tel
oud de tel pays « parle » de telle façon
et tel autre articule sur tel plan…etc.
Le plus difficile est de comprendre
comment a été construit l’instrument,
l’esprit de sa conception, les
secrets…Je pense qu’un instrument
doit venir des tripes, comme pour un
enfantement : je trouve que le oud, de
part sa forme et sa sonorité, d’une sensibilité chaleureusement maternelle,
féminine, se prête particulièrement à
l’expression poétique.
Tu as le choix, à priori, entre une
lutherie moderne scientifique et
une lutherie traditionnelle qui
reconnaît le rationnel mais dont
le geste est surtout guidé par
l’inspiration. Laquelle te parle le
plus ?
C’est difficile de ne pas prendre les
mesures mais franchement, je serais
Naziha Azzouz &Adel
Salameh
Enja records HW
Contacts :
Athos Productions
et Adel Salameh
04 72 37 92 93
06 30 29 92 44
www. adelsalameh.com
[email protected]
en Rhône-Alpes :
du 15 Juin
« Les Mille et Une
Nuits » Biennale du
fort de Bron
Erable, acajou et cèdre rouge…
curieux, je reste ouvert : j’ai d’ailleurs
déjà restauré un violon et on me propose une vielle à roue. Pour l’instant je
cherche à m’installer, ce qui ne saurait tarder, dans un vrai atelier sur les
pentes de le Croix Rousse ou dans le
quartier de la Guillotière.
Oud
plus dans l’inspiration, ça s’impose
pour moi ! J’ai étudié plusieurs thèses
modernes qui traitaient de la propagation du son et honnêtement il n’y en a
aucune qui tranche sur la question.
C’est, je pense, au fil du temps, l’intuition des luthiers, le besoin des
musiciens qui a conduit aux résultats
que nous connaissons. On a des robots
capables de faire des instruments «
parfaits », à l’identique, mais je suis
résolument contre cette perfection. La
perfection est certainement plus dans
la différence et dans la singularité de
chaque instrument. Ca fait deux ans
que j’ai appris la lutherie, j’ai appris
beaucoup mais en même temps je
considère que je ne sais rien. En même
temps avant de « passer à l’acte » les
choses bouillaient en moi depuis longtemps. Peut être que je fais comme le
luthier Torres qui était charpentier et
qui est venu tardivement à la lutherie,
pour notre bonheur…
Propos recueillis par T.L.
Contacts
Vincent Bruyère
04 72 82 94 85
ou au 06 73 86 53 79