PRéCIEUX SAVOIR-fAIRE DéBOUTONNER LA

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PRéCIEUX SAVOIR-fAIRE DéBOUTONNER LA
Garmentor (Manufacturing, 6V12). Savyon (Fabrics, 5N28).
mercredi
LE QUOTIDIEn du 11 février 2015
précieux
savoir-faire
On les transmet, on les redécouvre,
on les transcende, dans les ateliers
et dans les allées P. 6
Déboutonner
lamode
L’exposition aux Arts Décoratifs revisite
l’histoire du bouton P. 7
YARNS
Voir les
développements
inédits de fils et
fibres pour la
saison AW1617.
le forum Yarns. Hall 5
FABRICS
Assister au
séminaire de
l’équipe Mode
Première Vision.
11h. Hall 6,
salle 611, mezzanine
LEATHER
Discuter sur
les hybridations
du cuir avec
les Compagnons
du Devoir. À 15h30.
Club VIP, Hall 3
DESIGNS
ACCESSORIES
MANUFACTURING
Hall 5, allées V-X
Forum Display, Hall 4
Manufacturing, Hall 6
Goûter au
cocktail vitaminé
des dessinateurs,
sur le forum
Designs.
Découvrir
les tendances
des marchés
chaussure
et maroquinerie.
Admirer
les innovations et
savoir-faire de
fabrication du vestiaire
masculin. Forum
27
ateliers présentent leurs savoir-faire
exclusifs sur Maison d’Exceptions.
Hall 6. Sur accréditation.
Le projet
comON
Le Manifesto de Première Vision
donne le ton. L’Atelier Amelot et quatre
écoles exposantes de Première Vision
Designs déclinent sur tee-shirt les motifs
que leur inspire l’affiche de la saison.
Designs, Hall 5, allée Z
Enbref
Le projet comON Creativity Sharing
met en contact les jeunes talents
sortis des écoles de design
italiennes avec l’industrie textile.
Pour apporter un regard neuf et un
regain d’innovation. Les plus beaux
résultats sont exposés cette session.
Fabrics, Hall 5, allée 5B, près de
l’interpassage avec accessories
Giuliano Russo, Russo di Casandrino
« Les effets de grain sont souvent
obtenus par impression. Nous
préférons appliquer des finissages
sur le cuir. La graine moyenne
est toujours d’actualité. Mais la
nouveauté cette saison, c’est la
recherche d’un grain très fin,
presque imperceptible, comme une
pointe d’aiguille, pour un effet très
luxe, comme sur cet échantillon
Florence, en veau entier de France, à
la main souple. C’est techniquement
difficile à faire. » Leather, 3E81-3F82
2
Yoshiaki Hasei, Kanda
« Le crêpe anime d’un frisson léger
nos tissus contrecollés, travaillés
les plus fins possibles tant chez
l’homme que chez la femme.
Comme par exemple ce polyester
laine doublé, en ton sur ton, ultra
léger et chic. » Fabrics, 6N19
Sabrina Ricciarini, Ricciarini Tessile
« Le crêpe se travaille cette saison
dans de très nombreux poids et
matières. Cette recherche d’un grain
répond à une exigence de fluidité
matérielle, dans un esprit raffinéchic (souvenir des années 1950)
ou rustique-élégant. Nous allons
des armures crêpes classiques aux
contrecollés aux grains fins et mains
épaisses, déclinables en version
bi-stretch. Pour cette saison, nous
proposons aussi des cotons et des
lins tissés avec du fil crêpe, pour un
trait nerveux, mouvant, sophistiqué
mais confortable. » Fabrics, 6K16-6L13
Mantero Seta (Fabrics 5H11)
Un grain est arrivé, tout en
finesse. Mais comment fait-il
pour être si sophistiqué?
Les fils coupés viennent troubler les textiles trop sages
et mouvementer les surfaces dans une joyeuse anarchie
Dutel Création (Fabrics, 5G4-5H3)
a racheté les dernières machines
françaises pour le découpage
et rasage. D’abord pour garder
un savoir-faire. Mais aussi parce
que le coupé-rasé, c’est dans l’air…
Mantero Seta (Fabrics, 5H11)
confirme. Eux ont travaillé les fils
coupés francs, par exemple sur une
base de taffetas avec un ruban nylon
et une cordelette viscose légèrement
brillante pour un effet ébouriffé « poil
de singe » ou dans un esprit ethnique.
Chez Dutel se remarquent des petits
papillons effet papier sur un coton
mélangé polyester-polyamide. Ou des
franges multicolores au long du tissu,
jaillissant de façon aléatoire. Les fils
se coupent aussi chez Angelo Valera
(Accessories, 4F15) qui propose
pour la première fois une double
frange en fils flottants sur un ruban
polyester soit polyester-coton, en
ton sur ton ou en chiné.
printemps été 16
Visiteguidée
EdwardCRUTCHLEY
Le consultant en design textile pour le luxe
et directeur de création de sa société éponyme
partage ses premières découvertes.
Côté lin, j’ai trouvé de
vraies propositions
novatrices, qui vont nous
permettre de le travailler
comme un matériau
très contemporain,
particulièrement avec
ces doubles faces
allégées qui transforment
la perception des tissus
au naturel. outer & Over,
fabrics, hall 6
Cette rondeur m’inspire
beaucoup pour l’été
prochain. J’apprécie sa
tenue et son toucher un
peu sec. En draperie
mohair, en mélange
soyeux, en contrecollé, elle
joue fort bien l’ambiguïté
masculin/féminin, efface
les frontières entre été et
hiver. J’aime aussi leurs
couleurs. Là encore, il y a
de la dualité, entre des
teintes profondes et
lumineuses, des nuances
riches et légères.
Le Forum, fabrics, hall 6
Vigoureux
Le fil vigoureux est un ruban
de fibres d’abord imprimé puis filé.
La taille des zones imprimées varie,
certaines portions restent blanches,
ce qui donne un fil aux nuances
contrastées, un effet proche
du chiné mais plus vibrant.
Yarns, Hall 5
Des dessins
à la main, très
chic parisien.
Printland (Fabrics, 5F41)
choisit régulièrement les
motifs romantiques d’Adélaïde
D’Andigné (Designs, 5U41),
micro motifs végétaux ou
animaux au charme presque
désuet, pour ses collections
0-2 ans. Ils se sont rencontrés
sur Première Vision il y a 5 ans.
Depuis, une collaboration au
coup de cœur suit son cours.
Moins de chimie, plus d’énergie verte
Électro-galvanisation, colorisation chimique,
pelliculage…, les technologies entrant en jeu dans
la fabrication d’accessoires métalliques sont très
consommatrices en ressources (eau, énergie)
et en composants chimiques, et génèrent de
nombreux déchets. Persuadé qu’une approche
plus écologique est possible, Prym Fashion
Italia (Accessories, 4D33-4E32) regroupe les idées,
les procédés et les savoir-faire plus durables
sous l’acronyme L.I.F.E.TM (Low Impact Finish
Ensemble). Utexbel (Fabrics, 6G24-6H27) joue les
économies d’énergie (- 25% en 3 ans) et cherche
aussi à s’éloigner de la pétrochimie, en proposant
des cotons bio (et équitables) ou des fibres en
polyester recyclé. Tandis que chez Conceria Conti
(Leather, 3D82), le chrome free, c’est déjà du
passé. Aujourd’hui, c’est « metal free » dans le
tannage et la finition. Il suffit de le demander.
La botanique
de la maille
La maille rectiligne s’est
composée un inventaire
naturaliste imaginaire pour
les silhouettes du printemps
été 16. Les formes et les
textures des fleurs inspirent
les jeux de points et les
volumes des vêtements. Les
tops, les jupes, les robes
se déclinent en coroles
délicates, en éclosions
luxuriantes.
Knitwear Solutions, hall 6 sud
3
Les derniÈrEs NOUVEAUTÉS textiles
de l’été 16, PHOTOGRAPHIÉES EN DIRECT
de Première Vision Paris,
sont à découvrir en ligne.
Avec lEs informations
pratiques nécessaires.
PremiEreVision.Com / printemps été 16 / tissus.
Enbref
Une certaine fantaisie aborde
le printemps été 16 incognito
30 minutes de charge pour 10 minutes de visibilité. C’est
ce que propose le finissage « glow in the dark » de Paltex
(Fabrics, 6F18). Cette impression réservée aux polyester et
nylon s’affiche dans le noir après une exposition suffisante
à la lumière. À découvrir : leur contrecollé vert/marron,
très chasse et tradition, dissimulant un lit de feuilles.
Les vestes casual-chic de Bizden Giyim (Manufacturing,
6V13) dissimulent avec coquetterie leurs fantaisies, en
jouant de doublures orientalistes. Chez Cotonificio Albini,
(Fabrics, 6G4-6H3), une image peut en cacher une autre.
De minuscules motifs en fils coupés sur des fils à fils ou
des Vichy classiques, des micro dessins déliés instillent
un brin de dandysme sur leurs chemises élégantes.
une conférence pour avoir Les bonnes sources
La hausse des matières premières
favorables pour les vers à soie. »
Le Maroc et la Tunisie, pays très
et la flambée des prix en Chine
représentés à Première Vision
ont chamboulé les habitudes et
Manufacturing, affrontent la
bousculé la cartographie du textile
concurrence asiatique du Vietnam
mondial. « L’étude exclusive que
et du Cambodge en particulier.
nous présentons fait le point sur les
« Fort de sa place de partenaire
alternatives de sourcing pour les
“le plus proche”, le textile marocain
acheteurs européeens et américains,
a été le 5e plus important fournisseur
avec par exemple la Macédoine et la
de l’Europe en 2014, rappelle
Moldavie, explique Ulyana Sukach,
Mohamed Tazi, directeur général
chef de projet de la Fédération
de l’Association marocaine
de la maille et de lingerie. Il est
des industries du textile et
intéressant aussi de parler de la
de l’habillement. Nous allons
Grèce, qui propose une qualité de
chercher à encore densifier le tissu
coton incroyable, aux fibres longues,
industriel, à réorienter les marques
ainsi que des soies, avec une filière
pour la réappropriation du marché
complètement intégrée et des
domestique et leur exportation
conditions environnementales très
à moyen terme à l’international.
Le textile est redevenu un enjeu
pour tout le pays. »
Cotonificio Albini (Fabrics, 6G4-6H3)
Conférence Sourcing confidentiel,
mercredi 11, à 14h. Manufacturing,
Club VIP, hall 6. Accès libre.
Visiteguidée
edwardcrutchley (suite)
Ici, dans les tissus performants, on voit
l’évolution des assemblages, avec des
nouveautés parfaitement élaborées. Ces
mèches fantaisies, imprimées et contrecollées
sur l’envers donnent un résultat frais et léger.
C’est une bonne piste pour injecter de la
fantaisie dans un vêtement très sobre, très
clean. Tech Focus, fabrics, hall 6
J’aime l’idée de la veste légère. Les
intérieurs non doublés laissent la
possibilité d’utiliser des tissus assez
matériels, presque lourds pour
un vêtement d’été. Ces détails de
finitions intérieures me permettent
d‘estimer les savoir-faire et les
capacités des confectionneurs.
Forum Manufacturing, hall 6
4
352
spécialistes du beachwear/swimwear
à découvrir dans les allées.
Leur liste complète est disponible
sur l’app Première Vision Paris.
printemps été 16
best
01 La touche rustique
Les coton-lin arrivent en 2e position,
et le lin juste après. Preuve que l’homme
de l’été 16 affiche un brin de rusticité.
Mais rien de grossier surtout. Les fibres
végétales s’insèrent dans les draperies
raffinées, dans les chemises élégantes,
dans les mailles fines. Les effets
de flamme sont là, mais en toute
discrétion. Les grains sont palpables
mais délicats. Les visuels sont
minutieusement brouillés. En casual
toutefois, les acheteurs s’autorisent
des bâchettes un peu plus marquées
et des poids plus costauds.
02
Soktas (Fabrics 6B2 6C1)
Cerrus Tessile (Fabrics 6C8 6D7)
01
Tessitura Monti (Fabrics 6G2 6H1)
Tessimax Lanificio (Fabrics 6M10 6M9)
02 La chemise aérée
Elle est fraiche, la chemise ! Finement
ajourée, enrichie de détails de gaze,
l’univers du shirting se libère de tout
carcan. Et apprivoise au passage une
transparence au masculin.
03
04
Que cherchent donc
les acheteurs de
l’homme ? Premières
pistes hier dans
les allées, à travers
les enquêtes de
Première Vision fabrics.
L’homme se regarde
seulement de près
Tout ce qui est petit est séduisant
cette saison sur le marché
masculin. Les minuscules fils
à fils, les micro-dobbies et
les carreaux miniaturisés font
l’unanimité en chemise. La
draperie n’est pas en reste, avec
le succès incontesté des caviars,
des œils de perdrix, et de tous
les petits dessins qu’ont pu
inventer les tisseurs pour l’été 16.
L’imprimé à échelle réduite gagne
une place notable, nul ne résistant
à son humour tout en retenue.
C’est une démarche assez
nouvelle, qui s’ouvre à une fantaisie
différente, plus confidentielle,
parfois assez audacieuse (quand
on s’approche).
03 Un lavé chic
Casual et naturel : ce sont les mots
les plus cités hier dans les allées.
Une attitude nouvelle chez l’homme,
qui traduit une envie de porté plus
décontracté et ne renie en rien
l’élégance. Les finissages lavés dominent
les demandes, dans un esprit de léger
vécu, autant en pièce de dessus qu’en
chemise.
04 Des unis, mais…
Des unis, certes, mais pas seulement.
Mais ces monochromes doivent avoir
une histoire secrète. À ce jeu-là, les
structurés sont les grands vainqueurs,
toutes catégories confondues. Sont
plébiscités les nids d’abeilles et piqués,
en version maille ou chaîne et trame, les
façonnés et jacquards presque invisibles,
les rayures par armures et aussi les
seersuckers et les effets 3D.
05 Souplesse au masculin
C’est l’outsider de la saison. Les
acheteurs sont sensibles à une certaine
fluidité. Ils recherchent de la douceur,
dans les mélanges Lyocell® et bambou
par exemple. Ils s’arrêtent sur les
surfaces lisses et les luisances un peu
soyeuses.
Pecci / Expe (Fabrics 5L33)
the
05
87
pointsdevue
sur l’homme de l’été 16
récoltés chez les tisseurs
5
6
paroles
Le liégeage est une
technique qui permet
de faire remonter
le grain de certaines
peaux comme la chèvre,
le cerf ou le buffle. On peut
travailler manuellement,
sur des petites surfaces
de peau pour la reliure par
exemple. Une approche
mécanique est plus adaptée
pour la maroquinerie
et la chaussure. Deux
gros cylindres de liège
compressent alors la peau
sans l’écraser. Pour le luxe,
nous privilégions le liégeage
manuel qui donne un grain
plus rond.»
Des savoir-faire se
perpétuent, d’autres se
réinventent. Dans chacun
d’eux il y a quelque chose
d’extra-ordinaire.
Michel Chasseignaux, Mégisserie Jullien
(Leather, 3G42)
Martin Leuthold,
Jakob Schlaepfer
(Fabrics, 5L6-5M5)
J’ai envie de vous dire que rien n’est
impossible. Si j’ai une idée, si je sens que c’est dans
l’air du temps, je demande à un ingénieur de mettre
au point une nouvelle machine. Ça ne marche pas
toujours du premier coup mais on finit par y arriver.
Cette fois-ci, nous avons pu tisser des rubans dans
la même matière que les paillettes. Nous présentons
aussi un film plastique imprimé, découpé au laser
en vaguelettes, cousu sur un mélange de fils en
soie et lurex. Tout m’inspire : l’artisanat, mon jardin,
nos archives ou encore un enfant qui joue avec des
élastiques multicolores. J’ai fait un tissu qui comporte
17 000 de ces mini-élastiques multicolores au m2. »
Nous développons des
mailles rectilignes
extra fines. Nous
avons d’ailleurs été les
premiers à présenter une
maille intarsia en jauge et
aiguilles 18. Nous tricotons
sur cette machine un fil
de cachemire-soie très
délicat. Cette maille d’une
grande finesse est aussi
plus serrée et plus fermée.
En coton, nous présentons
un tricotage croisé assez
épais réalisé grâce à un
fil de 15 microns. Là, la
grande densité du tricotage
associée à l’extrême finesse
du fil donne un toucher
étonnant : souple, doux,
presque mousseux alors
qu’il n’y aucun traitement. »
Roberto D’Agata, Bruno
Atelier (Knitwear
6
Solutions, 6KW123)
Nos boutons et bijoux
en porcelaine émaillée
sont confectionnés à la main
et chaque moule est unique.
Nous travaillons en estampage
(forgeage en 3 coups) et avec
au minimum deux cuissons.
Les couleurs sont innombrables,
ce sont celles de la faïence... »
Yann Pétillault, Ypac (Accessories, 4H42)
J’ai développé une
nouvelle technique de
marqueterie et de collage
de plumes sur textile.
Je récupère des plumes
de canard, de paon, d’oie
que j’applique sur un
organza en motifs placés ou
en all over. »
Janaïna Milheiro (Maison
d’Exceptions, Hall 6)
Nous perpétuons les anciennes
techniques du tissage vénitien.
Nous utilisons une base de matières
naturelles que nous mélangeons
éventuellement pour aboutir à des
produits résolument contemporains. »
Ilario Tartaglia (Maison d’Exceptions, Hall 6)
printemps été 16
« Fort de la richesse historique et
des développements innovants de ses
exposants, Première Vision Accessories
propose une sélection de pièces
vintage ou innovantes dans l’espace
événementiel du hall 4, allée H. »
Céline Bertrand, Commissaire
Première Vision Accessories
« Première Vision Paris est mécène
de l’exposition Déboutonner la mode.
Parce que c’est aussi la richesse de
notre patrimoine qui porte l’innovation
des fabricants d’aujourd’hui, tisseurs,
confectionneurs, tanneurs, filateurs
et autres métiers de la mode. »
Philippe Pasquet, Président du Directoire
Première Vision
Encore plus de boutons précieux ou innovants
sur Première Vision Accessories, en complément de
l’exposition du musée des Arts décoratifs à Paris.
C’estàvous
cebouton?
Boutons : © les Arts Décoratifs, Jean Tholance. Photo Shocking Elsa Schiaparelli © DR
Déboutonnons
donclamode
Drôle de destin que celui de
ce si petit accessoire qu’est
le bouton.
Il a pris place, l’air de rien, dans l’histoire du vêtement comme dans nos
souvenirs quotidiens. Il est pourtant
étonnant d’avoir encore aujourd’hui
sur nos vêtements des boutons, ce
système un peu archaïque et agaçant
de fermeture. Il faut dire que depuis
longtemps, artistes et stylistes s’en
sont emparés. « Il est souvent ce qui
reste quand le vêtement a disparu.
Seul élément en dur, il est la colonne
vertébrale de la robe ou du manteau »,
raconte Véronique Belloir, conser-
première vision
mécène de
l’exposition
vatrice en charge de l’exposition
Déboutonner la mode, qui dévoile
une collection unique de plus de
3 000 pièces et d’une centaine de
vêtements de grands couturiers.
Longtemps réservé au vestiaire masculin, le bouton doit ses conquêtes
féminines à l’arrivée de la robe-redingote, fin xviiie. Mais ce n’est qu’en
1950 qu’on ose mentionner l’idée,
dans la presse, qu’une femme
« se déboutonne » ! Au siècle des Lumières, les boutons surdimensionnés sont un support de communication. On y parle de Buffon comme de
la lutte contre l’esclavage, en petits
tableaux pour lesquels passementiers, brodeurs, verriers, orfèvres ou
céramistes rivalisaient d’ingéniosité.
Depuis Poiret, le bouton a appris à
jouer des contrastes et des courbes,
soulignant une hanche ou un décol-
leté. Balenciaga, Chanel, Dior, tous
ont utilisé les boutons pour appuyer
des lignes, pour achever un équilibre parfait ou pour porter un esprit
maison. Le bouton sert finalement
rarement à fermer un habit. Son
vrai rôle est d’attirer les regards et
de sublimer une coupe, en sachant
rester discret, souvent en ton sur
ton. Signe d’importance, Yves Saint
Laurent les plaçait dès la toile à
patron, Christian Dior leur consacrait des pages dans ses dossiers
de collection. En revanche, il est
rarement convoqué sur les tenues
du soir, trop en concurrence avec
l’incontournable bijou.
« Cette exposition met en lumière des
artistes discrets qui se sont consacrés
au bouton, comme Henri Hamm, verrier des années 1920 célèbre pour ses
flacons de parfum, ou Lucien Weingott,
Il y a la boîte à boutons de nos
grand-mères. Ceux qu’on boutonne
à l’envers, dimanche avec lundi. Et
cette règle incongrue au temps des
zips et des Velcro® : boutonnage à
droite pour les hommes ou à gauche
pour les femmes. Seul le caban se
boutonne indifféremment d’un côté
ou de l’autre, car cela dépend… du
sens du vent. Parfois, le bouton est
signe identitaire. Les initiés font
savoir que leur chemise est faite sur
mesure en laissant ouvert le dernier
bouton de leurs manches. Il se fait
discretement romantique au Japon,
lors de la remise des diplômes,
les garçons ont pris l’habitude de
donner le deuxième bouton de leur
veste d’uniforme (celui près du
cœur) à une jeune fille.
raconte Véronique Belloir. Celui-ci,
dans sa cuisine, collectait graines
et petits riens et les sertissait de résine, pour des petits chefs-d’œuvre
d’art modeste qui se retrouvent sur
un deux-pièces en lainage brun de
Balenciaga. Comme lui, peintres,
décorateurs, sculpteurs, de Sonia
Delaunay à Giacometti, ils sont nombreux à avoir exprimé leur art dans
un simple petit bouton.
Exposition Déboutonner la mode.
Du 10 février au 19 juillet. Musée des
Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris 1
7
être
CREATIFET
COMMERCIAL
Maurizio de Luca, directeur commercial et créatif
chez Italven Pelli, Première Vision
Leather (3E59-3F360) et son 24h alligator.
Mon bureau
est au milieu
de la tannerie
familiale créée
par mon grandpère dans les
années 1980.
J’ai deux missions : l’une
commerciale (80%),
l’autre créative (20 %).
Ma formation artistique,
en peinture, sculpture et
dessin, m’aide beaucoup
quand, pour les collections,
je fais des recherches avec
les techniciens sur le rendu
des peaux, les finissages,
les couleurs… Le reste, je
l’ai appris en commençant
au bas de l’échelle, sous
la direction de mon père.
Il m’a donné les clés de ce
métier, appris à comprendre
les clients. Aujourd’hui,
je négocie les contrats, je
supervise les ventes, je
contrôle notre réseau de
représentants en Espagne
et à Milan. En interne, je
maintiens des échanges
constant avec le service
achat et la production.
Autant pour connaître les
temps d’expédition que
pour recueillir des avis sur
mes nouvelles idées (je
ne suis pas chimiste). Je
voyage énormément, je suis
tout le temps en train de
fouiller à droite à gauche
pour trouver de nouvelles
idées. C’est un métier pour
extraverti. Il faut aussi
avoir une bonne capacité
de dialogue et comprendre
les exigences des clients
pour les transformer en
nouveaux produits. Nous
sommes la dernière
tannerie indépendante de
peaux exotiques (crocodile,
autruche, lézard) en Europe
et la première importatrice
de flancs de crocodiles en
provenance du Venezuela.
Quand on touche mes
peaux, j’espère que l’on
ressent l’émotion, les
histoires qu’il y a derrière,
pas juste un sentiment sur
la brillance ou l’opacité.
être
Je suis la
femme de tous
les tissus.
Je les connais, je les
cherche, je les teste,
je les négocie depuis
15 ans. Cela demande
une bonne connaissance
technique, évidemment.
C’est une passion que je
dois conjuguer avec les
concertations clients,
le suivi des étapes de
production... J’ai un diplôme
en ingénierie textile.
Nous avons monté LTM
Garments il y a dix ans avec
trois anciens collègues et
nous sommes aujourd’hui
parmi les leaders de
fabricants de vêtements
en Europe. La préproduction est un métier
de « solutionneur », avec
de bonnes compétences
8
RESPONSABLE
PRe-PRODUCTION
Laima Ingileikiene responsable de la pré-production et directrice
des approvisionnements chez LTM Garments, Première Vision
Manufacturing (6X33) et un cintre, symbole de sa mission.
de communication. Il faut
accepter d’être multitâches. Et être déterminé,
perspicace, passionné. La
fabrication, c’est le lien
entre des idées, des tissus,
des coupes, des pièces
séparées et le produit
final. Sans fabrication, la
mode resterait une belle
idée. Comme partout,
tout s’accélère. Le plus
nouveau, c’est la demande
de nos clients de visiter les
usines de confection, pour
s’assurer des conditions de
travail des employés. Ça me
semble bien. Et ce qui est
formidable, c’est la fidélité
des clients, quand l’un
d’entre eux nous dit : « vous
êtes une partie de notre
entreprise ». Le genre de
petite phrase qui réchauffe.
Directeur de la publication : Philippe Pasquet/Première Vision : 59, quai Rambaud, 69285 Lyon Cedex 02 - Tél. : 33 (0)4 72 60 65 00 e-mail : [email protected]
Fabrication : Totemis - © Photos : Stéphane Kossmann, François Durand, Richard Bord, Taneka, Carole Desheulles, DR
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