John Zorn ou l¹abolition des frontières entre musiques savantes et

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John Zorn ou l¹abolition des frontières entre musiques savantes et
John Zorn ou l’abolition des frontières entre musiques savantes et actuelles
François-Xavier Féron
CNRS-Labri (UMR 5800)
Rares sont les artistes qui parviennent à s’illustrer aussi bien dans le domaine de la musique
dite « savante », de tradition écrite, que dans celui des musiques dites « actuelles » regroupant
des genres aussi différents que le jazz, le rock, la chanson… et leurs multiples ramifications.
La production de John Zorn est en cela tout à fait remarquable. Partant de l’exploration de
cette grande variété de pratiques musicales – sans se soucier, dit-il, des attentes de son
public – Zorn repousse sans cesse les frontières de l’art pour construire une œuvre radicale et
profondément originale, comprenant moult versants (classique, électronique, jazz,
improvisation libre, punk, hardcore, easy listening…). Il n’est pas question ici de chercher à
cataloguer les œuvres de Zorn, entreprise qui s’avèrerait aussi inutile qu’impossible, mais
plutôt de proposer un réseau de connections entre elles en tenant compte des sources
d’inspiration, du matériau musical et des techniques compositionnelles qui les caractérisent.
Nous soulignerons ainsi l’aspect hybride de sa production (mêlant écriture « savante » et
improvisation) en nous concentrant sur quelques uns de ses récents projets : l’opéra en trois
actes Astronome (2006) écrit pour le trio explosif et résolument rock formé de Joey Baron
(batterie), Trevor Dunn (basse) et Mike Patton (Voix) ; sa série d’œuvres dites « mystiques »
portée par le Gnostic trio formé de Carol Emanuel (harpe), Bill Frisell (guitare) et Kenny
Wollesen (vibraphone) ; ses dernières œuvres de musique de chambre qui peuvent être
accompagnées ad libitum par une rythmique comme dans Ceremonial Magic (2011) pour
violon, Ouroboros (2014) pour deux violoncelles ou les œuvres qui figurent dans l’un de ses
derniers albums, In The Hall Of Mirrors (2014) où la partie de piano interprétée par Stephen
Gosling est entièrement écrite alors que Tyshawn Sorey (batterie) et Greg Cohen
(contrebasse) improvisent librement par dessus.
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François-Xavier Féron est titulaire d’un master en acoustique musicale (Paris VI-IRCAM) et
d’un doctorat en musicologie (Paris IV). Après avoir enseigné à l’université de Nantes, il a
travaillé successivement, en tant que chargé de recherche, au CIRMMT (Université McGill)
et dans l’équipe Analyse des Pratiques Musicales à l’IRCAM (Paris). En 2013, il intègre le
CNRS, poursuivant ses recherches autour de la dialectique Musique/Acoustique au sein du
LaBRI (UMR 5800, Talence).
[email protected]

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